Bon j'explique le jeu de mot du titre car étant de la génération vieux con, je crains qu'il ne soit pas apprécié à sa juste valeur par la génération montante, faisant allusion à une personne décédée et oubliée de la mémoire des Hommes : Roger Couderc, un journaliste sportif spécialisé en rugby, qui a quand même sévi à Stade 2, ce qui ne nous vieillit pas trop, puisque l'émission existe toujours. Certains affirment qu'il était tellement vieux qu'il avait été marié à Simone Signoret qu'on appelait "La veuve Couderc" pour cette raison, mais ce sont des méchants jaloux du beau corps des sportifs

En fait, Couderc est un nom très courant du centre de la France, car dans ces contrées reculées où la culture a du mal a se faufiler, c'est ainsi qu'on appelle une de ces inventions géniales de paysan, bien gambergée, pratique et économe d'énergie et d'effort. Ha c'est pas un de nos énarques qui aurait imaginé le couderc ? Bien trop efficace, le couderc ! Ça marche tout seul, c'est un peu le mouvement perpétuel qui n'existe pas, paraît-il, que moi qui n'étais pas scolaire pour un sou, je dis que c'est la Vie, tout simplement, le mouvement perpétuel !

J'ai jamais vu la Vie se mettre en grève ou en arrêt maladie, et pourtant je la quitte pas des yeux.

Le couderc, en fait, j'accélère un chouia car votre impatience est palpable, ho mais ho, on est pas payé aux pièces, sur Blogborygmes, on prend son temps, on le fait même durer, par plaisir, et puis si je vous raconte pas l'histoire du couderc cette fois, et ben ça sera le mois prochain, on va pas se prendre la tête entre les mains pour une bêtise pareille ?

D'un autre côté, j'ai rien d'autre de prévu, alors ?

Donc le couderc, mais j'aurais déjà fini si vous ne m'interrompiez pas tout le temps, c'est un verger, mais ce n'est pas qu'un verger, il est accoté à la ferme, ce qui est bien pratique pour qu'on ne te vole pas tes fruits, et puis un verger, il faut le désherber pour éviter la concurrence avec les mauvaises herbes, alors ben on le clôture avec du grillage à poules et on lâche de la volaille dedans, et qu'est-ce qu'elle fait la volaille, et bien elle mange l'herbe, elle mange la vermine, elle mange les œufs de mouches, et les fruits véreux qui tombent, et qu'est-ce qu'il lui faut d'autre, au verger, et bien oui : de l'engrais, et les fientes des poules, c'est-y pas bon pour les arbres ? En pratique, on lâche dans le couderc tous les animaux dont on dispose, les cochons, le cheval, la vache... Il est facile de les rentrer le soir puisque les portes du poulailler, du cochonnier, etc, donnent directement dans le couderc. Il est connu que les bêtes ne mangent pas leurs "refus", c'est à dire l'herbe qui a poussé sous leurs propres excréments, par contre ils ne rechignent pas à bouffer les refus des autres espèces, ce qui fait qu'avec pleins d'animaux différents élevés ensemble, il n'y a pas de refus...

Le couderc, c'est l'intelligence pré-énarchique, d'avant le haut fonctionnaire borné bruxellois européen, c'est l'exact contre-pied de la spécialisation, du recours aux traitements onéreux, aux engrais chimiques qui engraissent surtout les actionnaires des multinationales qui les commercialisent. Un exemple : les insectes piqueurs, prédateurs, vecteurs de maladie qui obligent l'arboriculteur "moderne" à des 20, 30, 40 traitements annuels, le propriétaire d'un couderc bien mené n'en entend pas parler. Où ces insectes hibernent-ils ? Au pied des arbres, la plupart n'étant pas très équipés pour les grandes distances, et au pied des arbres, qui les attend de patte ferme ? Les Jimmy Hen-dricks de la gratte, l'œil aux aguets et l'appétit féroce !

Vous l'avez compris, je rêve d'un couderc depuis longtemps. Le billet d'Ophise et celui (maladroit) qu'il m'a inspiré, ont peut-être été déclencheurs. Comme il reste encore quelques jours pour pouvoir planter des "racines nues", j'ai filé chez mon pépiniériste et je lui ai pris figuiers, pêchers, jujubiers, abricotiers, cerisiers, pruniers et les ai mis en terre et arrosés dans la foulée, car le racine nue sèche assez vite. Me rappelant la galère que ça avait été pour protéger nos amandiers des lapins, j'ai frappé un grand coup d'entrée. C'est pas qu'il nous reste trop de lapins avec les maladies qu'ils attrapent, mais un seul peut faire beaucoup de dégâts. Il me restait des drains d'un vieux chantier (tuyaux de PVC de 100, fendus latéralement), je les ai coupés en morceaux de 60 cm de long, et les ai enfilés sur les arbres (de simples tiges, à cet âge...). Je suis tranquille pour un moment.

Il reste plus qu'à mettre en chantier la clôture à poules, et leur maison.

Vivement la retraite !