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mercredi 22 mai 2013

AndiamoGood luck (la suite par BLUTCH)

Préambule : Il y a quelques temps, Blutch m'a fait parvenir une suite à l'histoire que je vous avais contée ici même. L'ayant trouvé fort savoureuse j'ai pensé en accord avec les "Boss" qu'on pourrait la publier.... Voilà c'est fait.



- Non, Francis, on reste là. Ces Messieurs-Dames veulent du gibier, pas des bêtes d’abattoir. Ça ne va pas les intéresser de nous flinguer à bout portant. Ils veulent des sensations fortes, il y a moyen de leur en donner. On va être descendu, c’est certain. Comment pourraient-ils nous remettre dans la nature après ça. Ils auront leurs sensations fortes, mais ce sera selon mes règles du jeu. Messieurs-Dames, on va partir depuis le centre du parc, de façon à ce que vous non plus ne puissiez avoir une assistance, OK ? Maintenant qu’on est loin de tout, je veux au minimum une heure d’avance sur vous, OK ?

Se saisissant d’un fusil par surprise, Aline pose ses conditions :

- Soit, alors pour être certain d’avoir ce laps de temps, je vais démonter vos fusils. Vous êtes chasseurs, vous devriez savoir les remonter, non ? Alors où est le problème ? Francis, tiens le flingue s’il y en a un qui bouge tu tires. Bon, là, j’ai eu peu mélangé les pièces pour mettre un peu plus d’ambiance. Et pour les sensations fortes, je garde le dixième flingue. Un d’entre-vous va aussi caner aujourd’hui. Avouez qu’ainsi, ça met plus de suspens. Ceux qui en réchapperont ne pourront plus se passer de ce petit plus qui fait le sel de la mort… Francis, tu vides leurs sacs, tu bousilles les ravitaillements et les boissons, sauf deux rations qu’on embarque. Maintenant, Messieurs-Dames, que la chasse commence…. Si d’aventure vous envisagez de réclamer de l’assistance technique, vous risquez de trouver ce flingue en face de vous, alors vous vous démerdez en mode survie.

Aline et Francis sont partis d’un pas souple et rapide en direction de la partie haute de l’île.

- Putain, t’y va pas de main morte, mais tant qu’à faire, on aurait pu quitter le parc… Non, là, je crois que j’ai dit une connerie... On pourra jamais repartir de l’île, c’est ça ? Mais je ne sais pas si c’est vraiment mieux que la situation initiale. On a un flingue avec une balle, mais ils en ont encore neuf…

- Ouais, mais neuf flingues non-violents. Les axes des percuteurs sont là. Ils peuvent se douter qu’on va les attendre vers la porte s’ils y retournent, donc ils vont se démerder pour bricoler. Ça risque d’être long… Les mémères n’ont pas forcément les aiguilles à tricoter du bon diamètre. Tu sais qu’on va devoir en tuer un max… tous, ça serait génial, mais faut pas rêver ! En attendant, on prépare un piège.

- Aline, fais comme moi, enlève tes fringues.

- Tu crois que c’est le moment pour la bagatelle ?

- T’as vu les panneaux de signalisation qu’on a sur le dos ? Orange fluo, il ne manque plus que de dessiner la cible… A loilpé et badigeon de boue pour faire couleur locale. J’ai vu un arbre impec, j’y accroche mes fringues et un bâton pour faire croire que je suis en position de tir. J’ai fait de la déco de théâtre, ça devrait faire illusion. Mais explique-moi ce putain de pari que tu as fait.

- Soit : mon père est complètement ravagé du citron, Il était militaire de carrière dans les commandos. Ses dimanches de perm. On les passait à faire du biribi dans les bois. Sa fierté était de pouvoir démonter et remonter son flingue les yeux bandés, alors je t’explique pas les maniements d’armes le soir à la veillée pendant que je rêvais de pouvoir jouer avec mes barbies… Un ravagé pire qu’un beauf ricain. Ça m’a fait acquérir quelques compétences particulières, même si ça va pas nous sauver la mise pour autant, on va tout de même pouvoir s’amuser la moindre. Crever d’accord, puisqu’il semble que ce soit l’heure, mais pas comme des perdreaux d’élevage. Dans l’arène, le taureau a des cornes, même si ce n’est pas souvent lui qui gagne…

Aline se cache dans la faille d’un rocher à proximité de l’arbre où Francis a accroché son mannequin. Avec une liane, il peut l’agiter ou faire tomber une pierre pour attirer l’attention.

Après deux heures d’attente, une femme arrive, attentive, regardant partout. Elle a vu le tireur, elle épaule son fusil et se fait éclater la tête par un vigoureux gourdin. Francis la déshabille rapidement et cache son corps sous des fourrés. Il récupère la balle du fusil en admirant le bricolage sur le percuteur avec une épingle à cheveu.

Le temps pour Aline de s’habiller et des bruits de voix se font entendre. Ils sont deux, marchant de conserve. La femme n’a pas de fusil.

Sans la chute d’une pierre, Ils n’auraient pas vu le tireur embusqué dans son arbre.

Tournant le dos à Aline, l’homme épaule et - PAN ! - sa tête éclate. La femme a juste le temps d’apercevoir un homme de cromagnon nu comme un ver qui lui éclate la tête d’un moulinet avec son gourdin. Il prend les habits de la femme qui sont plus dans son gabarit et il cache aussi son corps. Il laisse l’homme là, bien visible.

- Donne-moi son flingue, que je lui remette l’axe d’origine du percuteur, on sera ainsi armés les deux. Leurs bricolages à la con leur donnait une chance sur dix de toucher l’amorce. On n’a pas grand risque avec leurs pétoires.

Ce premier tir d’Aline avait recentré les recherches dans ce petit secteur. Le premier arrivé, voyant l’homme à terre et la tronche éclatée avait juste eu le temps de dire à mi-voix :

- Bien content que ce ne soit pas moi, maintenant qu’ils ont tiré leur cartouche, la chasse va changer de style.

Un coup de feu a ponctué sa phrase.

A la tombée de la nuit, Aline et Francis en étaient à cinq partout. Plus de chasseurs et encore cinq balles de rab.

- Les dix petits nègres d’Agatha… Je n’imaginais pas la chose possible, notre cote remonte, il ne reste plus qu’une formalité : quitter l’île.

Leur chapeau enfoncé sur la tête, ils ont été résolument vers la porte cadenassée. Au coup de sonnette, un loufiat est venu leur ouvrir, croyant à l’arrivée de deux chasseurs.

- Les autres sont déjà arrivés ? Le directeur est encore là ? Mais qui reste-t-il donc ici ?

- Le directeur est au bureau, Monsieur Dangleau est déjà reparti car il ne pensait pas que la chasse serait si longue. Il reste encore le personnel de l’hôtel et moi. C’est prévu que je vous ramène avec le bateau dès que les autres seront là.

- Les clefs du bateau sont où ? Discute pas, y a personne qui ressortira de cet enclos, ils sont morts et toi aussi, tiens….

Dans son bureau, le directeur s’est un peu fait prié avant de se montrer coopératif. Une balle dans le genou lui a fait retrouver la combinaison du coffre où il y avait 500 000 dollars, prix de la chasse pour ces 10 hôtes de marque…. Une magnifique navaja incrustée de nacre qui traînait là en guise de coupe-papier se retrouva entre les côtes du directeur de l’hôtel.

- Putain, ça fait du bien de se poser. Sur ce rafiot, j’ai une chanson de Philippe Lavil qui me trotte en tête, t’es pour ?

Deux mois plus tard, au deuxième droite du 16 boulevard Haussmann, un quinquagénaire finit de se vider de son sang, victime de 52 coups de couteau, tous mortels… Une liste de 50 « disparus sans laisser de traces » est en évidence sur le bureau. La feuille est coupée, comme si on avait voulu enlever deux noms.

Ça fait maintenant trois plombes que le commissaire Julien Dugland tourne et retourne les paperasses étalées sur le bureau. L’identité judiciaire est repartie et il est perplexe.

Merde, il aurait fait quoi, beau-papa, avec ça ?

mardi 14 mai 2013

AndiamoGood luck

Francis a répondu à la petite annonce parue dans le très sérieux journal « les Echos » :

Recrutons homme jeune, célibataire (25-35 ans), trilingue : Anglais, Allemand, Français, très bonne présentation, pour accueillir personnes de haut rang.

Lieu de travail Pacifique sud.

De son côté, Aline a lu une annonce similaire dans ce même journal. Bien entendu, il s’agissait de recruter une jeune femme célibataire, sur les mêmes critères.

Ce matin d’avril, un mardi pour être précis, ils sont une cinquantaine, hommes et femmes, à se présenter à l’adresse indiquée. Une grande pièce nue, sans photos ni quoi que ce soit sur les murs et, bizarrement,… aucun siège !

Ils sont là, qui dansant d’un pied sur l’autre, qui arpentant la pièce en d’interminables aller-retour, ou encore d’autres sont appuyés au mur, ne retenant plus leurs bâillements. Certains ont même engagé la conversation et s’esclaffent bruyamment.

Une bonne heure s’est écoulée quand soudain la porte du fond s’ouvre. Un homme, la cinquantaine, apparaît et, du bout du doigt, désigne cinq filles et cinq garçons :

- Vous, suivez-moi… Les autres vous pouvez partir.

A peine « les autres » ont-ils commencé à élever la voix, un claquement sec : la porte se referme.

Un par un, ils ont été reçus par Monsieur Dangleau, un interrogatoire digne d’un commissariat sous l’occupation !

- On vous écrira, a-t-on dit à chacun.

Huit jours plus tard, Francis et Aline ont reçu une convocation. La lettre à en-tête portait le nom suivant : PACIFIC GUN CLUB.

Prière de vous présenter le 17 avril à neuf heures précises, 16 Boulevard Haussmann, deuxième étage, porte droite.

A huit heures cinquante, Francis se présente au 16 du boulevard du baron Haussmann. Une volée de noms à droite avec, face à chaque étiquette, un petit bouton. Francis repère celui de la PACIFIC GUN CLUB et sonne.

Un déclic : la porte s’ouvre. Négligeant l’ascenseur, Francis avale les deux étages en un temps record. A droite, la porte est entrebâillée, il entre. Aline est déjà là, elle lui sourit timidement. Il lui rend son sourire, puis s’assied deux sièges plus loin.

Le même Monsieur Dangleau les a fait pénétrer dans son bureau, ils sont là, Francis et Aline, chacun debout, un peu décontenancés.

- Asseyez-vous, a prié Monsieur Dangleau. Autant que vous fassiez connaissance tout de suite, car vous serez appelés à travailler ensemble. Voilà : il s’agit de réceptionner et d’accompagner des « V .I.P ». Le décor ? Une île paradisiaque comme on dit dans les brochures !

Il accompagne cette remarque d’un petit sourire ayant pour effet de détendre l’atmosphère.

- La durée de votre contrat est de un mois. Le salaire : 5000 € pour le mois, tous frais payés. Je pense qu’il est inutile de vous préciser que j’attends de vous le plus grand professionnalisme.

- Bien entendu, ont répondu en chœur Aline et Francis.

Un sourire éclaire la face de nos deux postulants, on serait content à moins quand à vingt-cinq ans on vous propose un job pareil.

Consultant sa montre, Monsieur Dangleau ajoute :

- Nous sommes mercredi. Samedi, vous embarquerez au Bourget, un jet privé vous emmènera. Soyez à l’accueil à 9 heures 30 précises. En attendant, voici une petite avance.

Et il tend à chacun une enveloppe.

Samedi 9 heures, Aline arrive la première, elle est un peu en avance. Dix minutes plus tard, elle aperçoit Francis descendant du bus en provenance de la porte de la Chapelle.

- Bonjour Aline, je peux vous appeler Aline ?

- Bien sûr Francis, on peut même se tutoyer !

- D’accord ! Nous sommes un peu en avance, je vous… Je t’offre un café ?

- Avec plaisir.

Le temps de traverser la route de Flandres, ils sont debout au comptoir savourant un bon café.

- Tu parles d’un coup de pot, décrocher un job pareil, surtout en ce moment !

- Tu as raison, répond Aline, c’est incroyable.

- Dis voir Aline, tu fais du sport sans aucun doute, vue ton allure sportive…

- Oui, course à pied : fond et demi-fond, et toi ?

- Pareil ! Course à pied, mais plutôt 100 et 200 mètres. Bon, c’est pas le tout, mais quand faut y aller…

- Faut y aller ! termine Aline.

A neuf heures trente précises, Monsieur Dangleau se présente à l’accueil et les prie de monter dans sa Velsatis, puis les conduit après avoir montré son laisser-passer au pied de la passerelle du Falcon 7 X, un tri-réacteur Dassault capable de couvrir de très longues distances sans escales.

Après une escale à Buenos Aires, le Falcon a repris son vol, direction : le paradis !

Aline et Francis, se sont approchés des hublots lorsque l’appareil a amorcé sa descente. Un atoll avec son lagon vert émeraude, une île volcanique, comme dans les films « nanan, et tartine de miel » !

La piste apparaît, elle semble minuscule, le pilote est un « as », il pose l’appareil comme une fleur : « un kiss landing » comme on dit dans le jargon aéronautique.

Un peu fatigués par le long voyage nos deux jeunes gens débarquent, accueillis par un petit bonhomme au sourire jovial qui les conduit aussitôt à l’hôtel caché dans la verdure.

Grand luxe, l’hôtel ! A peine installés dans leur chambre respective et après une douche rapide, ils se sont allongés et… rideau !

Quelques heures plus tard, ils se sont retrouvés dans le grand hall, le directeur les y attendait.

- Bien reposés ?

- Oui, merci, ont répondu les nouveaux arrivants, que devons-nous faire ?

- Le groupe arrivera demain matin, vous serez là pour les accueillir, une dizaine de personnes en tout. Il y aura six hommes et quatre femmes, Anglais et Allemands, je sais que ça ne vous pose aucun problèmes, vous maîtrisez ces deux langues parfaitement. En attendant, promenez vous, imprégnez vous des lieux, vous pouvez même profiter du lagon ou de la piscine, évitez la pleine mer because les requins, et je ne dis pas ça pour vous effrayer, ils sont bien réels !

Aline et Francis sont partis explorer leur nouvel environnement. L’île est largement plus grande qu’ils ne le pensaient, six kilomètres de long environ pour trois de large. Après dix minutes de marche, ils se retrouvent face à un très haut grillage aux mailles très résistantes, en longeant cette clôture ils découvrent une porte fermée par une serrure, dite de sécurité.

De retour à l’hôtel, tous deux interrogent le directeur.

- C’est quoi cette clôture que nous avons aperçue ?

- Ah oui ! C’est une sorte d’enclos, une réserve naturelle, extrêmement protégée. Et justement votre travail consistera à accompagner le groupe, afin qu’il puisse examiner la flore protégée de cette île. Il s’agit de savants venus du monde entier. Dans cette mini réserve vivent également une espèce endémique de lézard extrêmement rare et typique, qui a évolué ici à l’abri de prédateurs, sans compter la flore extrêmement riche et variée, que l’on trouve exclusivement à cet endroit.

Le lendemain, après un copieux petit déjeuner, ils sont allés accueillir les arrivants sur le petit aérodrome. Dix personnes : six hommes, quatre femmes, leurs bagages ont été débarqués avec le plus grand soin dans le 4x4 et convoyés jusqu’à l’hôtel. Pour les passagers le minibus a parfaitement rempli son office.

Une journée pour faire connaissance avec les clients, des citoyens américains, anglais et allemands, repas quatre étoiles et tout le monde au lit !

Le lendemain, Aline et Francis sont à pied d’œuvre. Ils ont revêtu des tenues décontractées, à la demande du directeur : short et polo, mini short pour Aline cela va de soi.

Tout le groupe est dans le hall, chacun des clients porte un sac en bandoulière. En colonne, Francis et Aline ouvrent la marche, arrivé devant la porte de l’enclos, le directeur a sorti une clé, ouvert la porte, tout le monde est entré, puis étant resté à l’extérieur, il a refermé l’icelle.

Alors posément, calmement, les dix « savants » ont posé leur sac à terre, en ont sorti un fusil, armé la culasse, puis le plus âgé s’est adressé aux deux jeunes gens :

– Vous êtes le gibier, nous sommes les chasseurs. Bons princes, nous vous laissons dix minutes avant de vous traquer, nous n’avons qu’une seule cartouche par fusil, et point de lunettes de visée… GOOD LUCK !