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Résultats de votre recherche de légende.

vendredi 5 avril 2019

Saoul-FifreVernet-les-bains

Un jour, suite à la publication d'un billet sur mon arbre fétiche, l'olivier, l'un des quatre commentateurs - hé non, les affaires ne marchaient pas fort, en ces époques éloignées - m'écrivit ceci :

Cher Saoul-Fifre,

Je fais partie d’une grappe d’éveillés sans prétention qui édite, tous les trimestres depuis 7 ans, un petit journal (8 pages, ça va pas jusqu’au bout du monde…) destiné à sensibiliser les citoyens de notre mégalopole de 1500 âmes à la richesse et la fragilité de leur patrimoine arboré.
Le prochain numéro sera consacré à l’Oliver, arbre légendaire s’il en est, et je souhaiterais pouvoir diffuser le texte savoureux, et tellement d’actualité, que tu as écrit le 16 juin 2005 sur cet arbre mythique : « L’Oliver, Arbre de Paix ».
Mais pour cela il me faut 2 autorisations :
1/ Que tu m’autorises d’abord de le publier (tu peux découvrir notre petite association, loi 1901, sur notre site www.villagearboretum.fr ; rien de bien méchant).
2/ Que tu me permettes, et c’est plus délicat, de ne pas mentionner : « ton Pisseur tout Saignant ». Non pas que je sois une grenouille assidue des bénitiers, il y a même quelques temps qu’on ne marche plus du même côté de la rue avec le Très, Très, Très Haut… mais cette formule, que je respecte, me met un peu mal à l’aise et j’ai l’impression qu’elle ne colle pas avec ton texte jubilatoire et décalé (mais probablement n’ai-je pas compris ?)

J’espère que tu diras oui deux fois (ou que tu m’expliqueras).
Réponse avant le 5 décembre, si tu veux…

Sincèrement Roger Capela

Je lui donnai mon accord et me retrouvai publié dans une vraie revue papier "Le petit journal du Village arboretum". Roger en était le dessinateur ultra talentueux, ses dessins hyper réalistes d'arbres étaient somptueux et les textes les accompagnant, passionnants. Du coup, un jour que nous passions dans les PO, Margotte et moi, nous fîmes le pèlerinage à Vernet, ville natale du chanteur Cali.

Roger était très sympa, l'arboretum associatif superbe, la bourgade charmante et les sources chaudes du coin sulfureuses à souhait. Le petit resto conseillé par Roger, délicieux, et le camping paysan-réserve naturelle, pas prise de tête et quasiment gratuit. Vernet, allez-y en confiance. Pas loin vous avez la forteresse de Villefranche-de-Conflent (montée sportive) et à ses pieds, la gare de départ du Train Jaune dont je vous ai déjà entretenu jadis. Le billet qui avait tapé dans l'œil de ce brave Roger, le voici :

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samedi 31 mars 2018

AndiamoLes ourses (grandes ou petites).

La référence à ces constellations, c'est pour faire plaisir aux astrologues !

Mais là n'est pas le propos, j'ai appris cette semaine après avoir allumé mon brave poste de T.S.F , en acajou verni ( 7 couches comme les canots Riva), avec lequel il faut être patient, le temps que les lampes chauffent, un bon vieux poste qui a connu : Saint Granier, Geneviève Tabouis, Georges Briquet, Jean Nohain, Jeanne Sourza et Raymond Souplex alias Carmen et La Hurlette (sur le banc) sans oublier, Marcel Fort, et Zappy Max ! (et tout ça de mémoire).

Après cette petite digression, j'ai appris disais-je que l'on allait relâcher des ourses dans les Pyrénées

Ah la la ça n'a pas fini de faire gueuler les bergers ! Fini le bon fromage de brebis ! Ossau Iraty... Entre les loups alpins, et les ours pyrénéens, les gaspards de Paris (un par habitant) les poux de vos mômes, et les morbacks de vos maîtresses Messieurs, qu'est ce qu'on est emmerdés avec les bestioles !

J'avais il y a très longtemps déjà évoqué le problème à l'aide de deux ch'tiots crobards... Que voilou, que voilà ! On notera la finesse, la délicatesse, ainsi que l'allusion à peine marquée à des pratiques zoophiles que je réprouve entièrement. Pine d'ours ? Ne serait ce qu'une légende ?

(Ch'tiots crobards Andiamo)

mercredi 12 juillet 2017

BlutchSérie Fausse

Sérifos entra dans l’histoire avec la légende de Persée.

Sérifos est un caillou dans la mer Egée. Personne n’en connaîtrait l’existence si Françoise ne s’y était pas échouée sur ses plages, comme sa (peut-être) lointaine ancêtre, Danaé… Heu, oui, c’est certain, mais comme ce n’est pas le bon siècle, si nous reprenions depuis le début :

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dimanche 7 août 2016

BlutchLes enquêtes de l'inspecteur Hippolyte Tayze -5

La Trilogie Kennedy 2.

Deuxième rapport d'Hippolyte Tayze à la Commissaire Genveut.

JF Kennedy, maintenant. Un bon point de départ d'acquis, il ne s'est pas suicidé par la 3e main... C'est que le John s'en maniait des problèmes et des casseroles aux fesses...

1° Papa Kennedy était de mèche avec la mafia ricaine. Il leur a demandé des sous pour faire élire son fils, et ils ont accepté bien volontiers.

2° le FBI était un état dans l'état, mais un petit peu au dessus, si tu vois le topo. Depuis la création du poste en 1924, Edgar Hoover a dirigé ce service. Il avait alors 29 ans. C'est la mort, à 77 ans qui l'a obligé a démissionner. Entre deux, il menait les politocards par le bout du nez. Il savait tout sur tout l'Edgar. Petite précision, la TV nous donne une image du FBI un peu déformée. Certes, c'est la police fédérale, mais c'est aussi le renseignement et la sûreté intérieure. C'est un peu comme la PJ, la gendarmerie et la DCRI qui aurait fusionné. Alors lorsque les politocards parlent de centraliser les renseignements et la sureté de l'état, ça me donne comme un arrière goût de "Geheime Staatspolizei" (en français: Police secrète d'Etat)...



Mc Cartyste convaincu, Hoover voyait le spectre coco partout. Il fichait tout ceux qui croisaient sa vie, une sorte de Pasqua yankee, si tu vois le genre. Avec ça, il était homosexuel et homophobe... vas comprendre. Avec ses petites fiches, il tenait toute la classe politique par les couilles (ce qui ne devait pas lui déplaire au vu de ses inclinaisons sexuelles...). Lorsqu'à la maternelle JFK avait piqué deux bombons à sa voisine, c'était dans ses fiches. Donc Hoover savait d'où venait le pognon de la campagne présidentielle de JFK.

En 1960, Hoover avait 65 ans, donc l'âge de passer la main, ce que Bob tenta de faire, sans succès. Faut dire aussi que lorsque tu tiens quelqu'un par les couilles, faut pas le lâcher, a moins de pouvoir courir très très vite.

A peine en poste, JFK nomme son frangin comme ministre de la justice. Et voit-y pas que le cong, il ne trouve rien de mieux que de foncer dans le lard des mafiosi ... A cette époque, la mafia est toute puissante. Le Padrini ne craignaient pas de s'afficher ouvertement avec des stars ( Frank Sinatra entre autres). C'était tendance de s'afficher avec des mauvais garçons. Dire qu'ils l'ont trouvé mauvaise tient de la litotte.

Parce qu'avoir la mafia, le FBI sur le dos ne suffisait pas à leur appétit, les Kennedy s'étaient attaqués à un bien gros morceau: la CIA. Tu vises un peu les demeurés, pouvoir imaginer que le FBI et la CIA puissent être sous contrôle... Faut arrêter de rêver, même au pays de Disney ça se peut pas. A la fin de la guerre, les USA ont recruté 1500 scientifiques nazis auxquels ils ont donné une nouvelle vie et un nouveau boulot. Enfin, pour le boulot, c'était pas tout à fait nouveau, puisqu'ils s'occupaient encore de guerre chimique et bactériologique. L'affaire dite "du pain maudit" de Pont Saint-Esprit est une de leurs expériences, bien innocente, puisqu'elle ne fit que 5 morts.

En version courte: https://www.youtube.com/watch?v=r2HANcfaRfM

Pour la version longue: https://www.youtube.com/watch?v=ybv4JkN92rw

Guerre froide oblige, il fallait mettre au point des armes chimiques et bactériologiques. Pour la CIA, "on ne peut pas rester à la traîne des soviétiques..." dans les faits, les russkofs n'ont pas fait le quart des recherches et expériences des Ricains.... Mais ça, on l'a su après la chute du régime.

Cerise sur le gâteau, Kennedy hérite d'un bâton merdeux. 1er janvier 1959 Castro Renverse le régime de Batista et change radicalement la destinée de Cuba. Jusqu'alors, l'île était le bordel de la Floride. Pas d'autres perspectives pour les cubaines que putes ou servantes. Pour les mecs loufiats dans les hôtels ou loufiats dans les casinos … 90% d’analphabétisme. Castro nationalise les biens américains. Eisenhower décrète un embargo total contre l'île et prépare un débarquement d'exilés cubains et de GI dans la Baie des Cochons, afin de rétablir la saine dictature pro-ricaine de Batista. Lorsque Kennedy entre à la Maison Blanche, le 20 janvier 61, tout est prêt, il ne manque que le feu vert présidentiel. L'armée presse JFK de donner l'autorisation, et celui-ci décide de faire confiance à son illustre prédécesseur. Le débarquement à lieu entre les 17 et 19 avril 61 et c'est un échec monstrueux. Il y a deux mille hommes qui débarquent, avec en face d'eux toute l'armée de Castro. Ben oui, avec les Ricains, il y a toujours un os, un imprévu, un truc qui ne peut pas arriver à une si grande nation portée par un idéal si élevé (comme la liberté de faire chier le monde entier). Des fuites dans la presse laissaient présager un débarquement à Cuba, ce qui avait permis à Castro d'envoyer de faux exilés aux renseignements.

Ce fut néanmoins un énorme carnage, en particulier du aux avions US, peint aux couleurs de l'armée cubaine (en violation de la convention de Genève, mais ce n'était pas la première fois que les Ricains l'utilisaient en PQ (ni la dernière d'ailleurs)) , qui ont attaqué les bases militaires cubaines dès le 15 avril. L'échec fut total pour les USA et déboucha sur la crise des missiles soviétiques à Cuba, mais c'est encore une autre histoire...

https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9barquement_de_la_baie_des_Cochons

Petit aparté: le boycott US de Cuba a été imposé à tous les pays du globe. Il n'y a que 3 pays qui ne se sont pas couchés devant l'Oncle Sam: l'URSS, le Canada et la Suisse. Le matamore franchouillard avait fait comme les autres: Yes man... et tu me diras quand je peux relever la tête....

Bref, les Kennedy ne manquaient pas de personnes pas spécialement bien disposées à leur égard. Pour John, ça s'est vraiment gâté lorsque "les autres" se sont rendu compte que ce n'était pas qu'un effet d'annonce et que Bob lançait effectivement le grand nettoyage.

Alors qui derrière Oswald?

La mafia?

Le FBI de Edgar Hoover?

La CIA ?

L'armée US?

Castro ou les Russkofs?

Oui, parce qu'Oswald ne pouvait pas être tout seul. Techniquement, il y avait un impact de trop entre le premier et le dernier coup pour qu'ils proviennent tous de la même arme (qui n'était pas à réarmement automatique.)

Bon allez, un petit cours sur les armes: Je passe sur l'escopette corse, disqualifiée hors de l'île. L'arquebuse aussi. En bas de gamme, tu as le fusil de chasse, deux coups, deux gâchettes et il faut recharger. Ensuite, tu as le type Winchester ou fusil à pompe. Tu as un geste à faire pour réarmer. Un levier pour la winchester et un manchon coulissant pour le fusil à pompe. Ce sont en fait parmi les armes les plus précises, mais pas spécialement rapides. Après seulement, tu as les armes semi automatiques. Le réarmement se fait par le recul de la culasse lors du coup de feu. "semi-automatique" car tu dois presser sur la gâchette autant de fois que tu veux envoyer de projectiles. Le recul de la culasse fait perdre un peu de force et de précision à la balle, mais réduit énormément le recul de l'arme. Après, c'est le fusil automatique, la mitraillette ou la kalach' qui arrosent, mais sans aucune précision.

Donc Oswald avait une arme à réarmement manuel et impossible de tirer 4 coups en 2 secondes et demi (de mémoire). Oswald était donc un lampiste qui ne devait pas pouvoir dire combien de fois il a tiré. Un patron de claque, Jack Ruby, s'est chargé de le faire taire, mais pas de procès non plus dans son cas, un cancer bien venu avait réglé son compte. Je ne mettrais pas ma main au feu que la mafia n'était pas partie prenante dans l'assassinat de Kennedy, mais elle n'a pas pu le faire sans la participation du FBI ou de la CIA.

Non mais imagine: Tu es dans un commissariat où des flics viennent d'amener l'assassin du Président, et tu as toute une faune de badauds qui se pressent les uns contre les autres, contre Oswald et son escorte. Si les flics ont permis cette gabegie, c'est qu'il fallait que l'assassin d'Oswald puisse le flinguer à bout portant. Si les flics avaient été clairs, ils se seraient plutôt méfiés d'une tentative d'évasion avec d'éventuels complices dans l'assistance. Donc soit c'étaient des crétins finis, soit du personnel zélé obéissant aux ordres... C'est facile de faire la différence, dans le deuxième cas, il n'y a aucune sanction...

Tu vois, c'est comme pour le "suicide" de Beregovoy. Un flic assermenté laisse traîner sa pétoire dans une tire qui n'est pas fermée à clef, et ça n'étonne personne, pas de sanction, pas de remontrance, rien. Par contre, même avec une fenêtre ouverte, si tu laisses ton clébard dans la bagnole, bonjour le procès. Pourtant merde, même sans surveillance, il ne va pas se refroidir en piquant ton flingue dans la boîte à gants... Bref, les bourrins ne sont pas blanc-bleu dans l'assassinat d'Oswald (ni dans le cas de Bérégovoy d'ailleurs...). Faut dire aussi que des flics blanc-bleu au States.... faut bien chercher.

L'armée US? Kennedy avait eu maille à partir avec l'EM général à propos de missiles nucléaires soviétiques qui attaquaient les USA par le détroit de Béring. Les échos radars étaient formels, une nuée de missiles étaient en route pour les USA et il fallait réagir dans la seconde.



Question de Kennedy: Peut-on les stopper avec nos missiles?

- Non, mais il faut réagir.

-Alors tout le monde en alerte et je déciderai après le premier impact, car s'il y a une chance sur un million que vos radars se trompent, je ne veux pas prendre l'initiative d'une guerre nucléaire. Faut croire que le Dr Mabuse était en congé ce jour là...

Humiliation de l'EM, les "missiles" soviétiques étaient une pluie de grosses météorites... Et pourtant on sait qu'il me faut pas humilier un militaire....

Pour l'anecdote, un même cas c'était produit côté URSS. C'était l'armée qui avait temporisé pour être bien certains que... A quoi peut tenir la survie de l'humanité...



Castro ou les Russkofs? Certainement pas car dans ce cas nous aurions eu droit à tous les détails, nom, grade et matricule de tous les protagonistes.

L'assassinat de Kennedy est bien une histoire Américano-américaine dont les tenants et aboutissants ne sortent pas des arcanes du pouvoir.

Bref, JFK a été dessoudé par le pouvoir US et c'est pourquoi il n'y aura jamais de déclassification de documents dans cette affaire. D'ailleurs, existe-t-il encore des documents la dessus, parce que les 13 témoins oculaires de cet assassinat sont tous morts de façon bizarre dans les mois qui ont suivi. Et là, j'en reviens à l'assassinat de Marilyn; JFK lui avait certainement parlé de ses soucis avec la CIA et le FBI. Des petites choses, peut-être pas bien méchantes, mais que Marilyn avait notées dans son carnet rouge. Ca peut être mortel un petit carnet rouge...

La thèse du suicide de Marilyn ne tenant plus vraiment la route, avec l'absence de barbituriques dans l'estomac, on nous sert une autre fable: Marilyn qui détient des secrets sur les Kennedy et Bob qui commandite le psy pour lui faire une injection mortelle et récupérer le petit carnet rouge.... C'est aussi con que d'envisager un assassinat politique pour sauvegarder des secrets d'alcôve chez les Grimaldi...

Pour la petite histoire, c'est en 72 qu' Hoover a calanché, ce qui n'a pas impliqué un changement radical des méthodes du FBI. C'est en 2000, à la fin de son deuxième mandat, que Bill Clinton a officiellement fait des excuses à la nations pour les expériences de guerre chimique faites par la CIA sur le sol et sur des américains, sans que le pouvoir politique ait été ne serait-ce qu'averti de la chose.

A Bob, maintenant. Pas besoin de te faire un 3e rapport, je serai bref.

Dans la famille, Bob, c'est l'idéaliste. Coeur-pur dirait ma tante... C'est qu'il avait une haute idée du pouvoir, nettement plus claire que son frangin.

Lorsqu'en 68, il décide de se lancer dans la course à la Maison Blanche, fort de l'aura glanée sur le cercueil de John, il est quasi certain de gagner contre l'avocat véreux et alcoolique Nixon. Et Bob a des idées pour le peuple américain. Plus, hélas pour lui, que pour la Phynance américaine. Il fit un discours très, très remarqué le 18 mars 1968:

"Notre PIB prend en compte dans ses calculs la pollution de l'air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les verrous spéciaux que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de sequoias ainsi que l'abandon de notre merveilleuse nature à un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il tient compte du napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il tient compte de la fabrication du fusil Whitmann et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants. En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaité de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie, ni la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l'intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse et notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut d'être vécue." (Merci à Fakir et François Ruffin de m'avoir fait découvrir ce credo politique, et ça me ferait pas chier qu'il soit repris, bien que...)

80 jours après cette déclaration il rejoignait son frangin dans la légende américaine. Et Nixon pouvait cuver ses cuites sur le tapis du bureau ovale.

C'est pas possible non plus de laisser dire des choses pareilles... C'est que moi, Monsieur, j'ai des actions Carlyle, Dassault, Lagardère et Kalachnikov à faire fructifier... Et Goldmann-Sachs, hein ... Heureusement que Barroso s'est dévoué pour leur donner un petit coup de main ...C'est que maintenant, le Monsieur a du temps libre, il peut aller tirer les dividendes de sa gestion de la crise grecque... Pour Hippo Tayze, Blutch.

jeudi 17 mars 2016

BlutchLes enquêtes d’Hippolyte Tayze-4

Prélude à l’appétit d’un fauve

Note à l’inspecteur Hippolyte Tayze.

Il semblerait que ton enquête sur l’affaire de Caluire et Cuire déplaise assez fortement dans les hautes instances politiques. L’atmosphère vire à la tornade car ça renaude sec et il y a un vent de tempête sur les cimes de l’état. Je te joins le courriel reçu de l’Elysée : « Commissaire, le Président ne doute pas du sérieux de votre bureau d’enquêtes sur les falsifications historiques, mais dans le cas de l’affaire dite de Caluire et Cuire, votre inspecteur a prit des libertés inadmissibles avec le travail des historiens. Vous voudrez bien recadrer votre inspecteur et cette enquête car nous ne pouvons admettre que le père de la 5e République soit ainsi traîné dans la boue. »

Cl. G. porte-parole du Président

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jeudi 11 février 2016

BlutchMes poètes de légende, tome 5

Le Bel Hubert

J’ai menacé Saoul Fifre il y a peu de lui asséner de la poésie agricole et je mets toujours mes menaces à exécution….



C’est un poète garagiste de la campagne jurassienne (la vraie, celle du canton du Jura) et accessoirement fou de deuch. Son champ d’inspiration c’est précisément la vie des champs et ce qui va avec.

Là encore, peu de choix sur le ouèbe, mais peut-être assez pour vous donner envie d’en savoir plus, c’est tout le mal que je souhaite à son chiffre d’affaires…

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mardi 12 janvier 2016

BlutchMes poètes de légende, 4e opus.

Denis Wetterwald

Celui-là ne vient pas de chez moi, mais je crois qu’il n’est pas mieux connu pour autant. En fait, il vient de nulle part, il n’a pas d’âge ni de passé en dehors de ses productions artistiques. Plus extrémiste que Brassens dans la discrétion, il n’a même pas écrit les « Trompettes de la renommée », par peur de donner des indications sur sa vie privée…

Auteur-compositeur-interprète, il a débuté sa carrière dans des tours de chants en cabarets et théâtres de poche.

C’est un fils spirituel de Queneau et Boby Lapointe… Ouais, je sens comme un doute planer, disons alors que si Zazie avait fauté avec Boby, ça aurait donné un type comme ça.

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vendredi 24 juillet 2015

celestineMes étoiles

Mon amour des étoiles est un secret de Polichinelle. Du moins pour ceux qui suivent mes pérégrinations bloguesques de l’autre côté de la toile. Chez moi, là-bas. Ou pour ceux (souvent les mêmes mais pas que) qui connaissent mes petites « funambulles », ces longues filles rêveuses qui traînent leur flemme sous les constellations. Et qui me ressemblent tellement…

Mon obstination à lever le nez vers la voûte enchantée pourra paraître un peu obsessionnelle. Et un rien déconnectée du monde réel. C’est à se demander si, tel E.T., le célèbre et sympathique avorton tout ridé qui fit les beaux soirs des années 80, je ne me sens pas un peu quelque part une extra-terrestre, par moments…

Et pourtant, je vous assure que l’on se sent terriblement ancré sur terre quand on porte les yeux vers l’infini et au-delà. Sans doute parce que l’on mesure sa propre insignifiance et la nécessité absolue de préserver notre bout de caillou et la vie qui s'y développe.

C’est beau, les étoiles. Croyez moi (ou pas), par des ciels comme ici, en ce moment (je suis à la montagne) on éprouve un petit orgasme intellectuel à se perdre chaque soir dans la Voie Lactée. Pourquoi petit, d’ailleurs? C’est de la balle, c’est de la jouissance à l’état pur, ce scintillement si vivant, ces connivences graphiques que les Grecs et les Arabes se sont appliqués à désigner de noms chatoyants qui font rêver… Deneb, Altaïr et Vega, ça ne vous fait pas grave rêver ? C’est mieux qu’un ticket pour la grande roue de la foire du Trône, cette affaire-là et c’est entièrement gratis. Antarès, Betelgeuse, Aldebaran, Cassiopée…quels noms prestigieux ! des héros fortiches, des reines déchues, des monstres mythologiques surgissent de la nuit et vous enveloppent de leur légende. Un bestiaire étrange, ourses, cygne, aigle, lièvre, chiens, serpent, dragon, et dont les plus connus sont ceux que vous consultez distraitement le matin, en buvant le café : bélier, taureau, lion, poissons, scorpion, bizarres bestioles prémonitoires égarées dans un monde trop pragmatique…l’horoscope, c’est la poésie du réveil.

Le ciel, la nuit, c’est le théâtre des mille et une nuits, la divine Comédie, le songe d’une nuit d’été. Un festival d’émotion concentrée.

Après cette mise en abîme céleste, cette contemplation muette des vertiges sidéraux, il devient évident que les frénésies de pouvoir et les violences haineuses de ce bas monde, orchestrées par les agités du bocal qui le gouvernent, ressemblent fort aux mouvements désordonnés d’amibes dans un tube à essai, ou de mouches à merde sur une bouse fraîche. Vu d'en haut, un ballet dérisoire et idiot.

¸¸.•*¨*• ☆

mercredi 27 mai 2015

BlutchKerviel le retour

C’est reparti pour un tour : hélas pour la Société Générale, le procès Kerviel n’est pas clos.

Rappel des faits : Jérôme Kerviel, trader à la Société Générale est accusé d’avoir fait perdre 5 milliards d’Euros à sa banque. Pourtant, au 31 décembre 2007, le bilan Kerviel était de + 1,5 milliard au profit de la SG. Il faisait gagner tellement de fric à sa banque que sa hiérarchie laissait faire, malgré 44 alertes données par la bourse le concernant. Tant qu’il gagnait, ça ne posait aucun problème éthique ou moral à ses chefs. La banque ne savait pas... Faudrait tout de même voir pour arrêter de déconner. 44 fois en 2007 la bourse averti la SG que Kerviel prend des risques insensés et en janvier 2008 elle ne sait pas!

Décidément, les cons ça ose tout. Il est impossible qu’elle ait pu ne pas être au courant de la totalité des activités de Kerviel.

Mais un mauvais jour de 2008, la machine à faire du fric s’enraye et les positions prises par Kerviel se cassent la gueule.

Version Bouton, PDG de la SG : Jérôme Kerviel a, seul et à l’insu de la banque. Il a engagé 50 milliards d’euros dans des positions dangereuses, mettant en péril la Société Générale. En découvrant le désastre, elle a dû se défaire rapidement et discrètement de ces engagements, perdant dans cette opération 5 milliards d’Euros.

Lors de l’instruction, les enquêteurs se sont faits assister... par la banque pour trouver des témoignages. La SG a produit un enregistrement de Kerviel, fait à son insu, qui a été caviardé pour correspondre à la version Bouton de l’affaire. Manque entre autre dans cet enregistrement une phrase dite par Kerviel à son chef direct: "Arrête de déconner, tu savais tout de mes opérations." Bon, on peut comprendre que la banque n'ait pas eu envie de confier cette invective à la police, peut être parce que "déconner" ne correspond pas à un vocabulaire bancaire, vas savoir...

Dans les faits : J’ai toujours douté que la direction de la banque puisse ignorer quoi que ce soit des agissements de Kerviel. L’enquête relancée par la plainte de Kerviel contre la SG pour faux et usage de faux tend déjà à le démontrer. Sept ans après, des langues se délient et la commandante de police Nathalie Le Roy qui avait été chargée de l’enquête financière initiale fait un mea culpa complet en admettant s’être trompée et avoir été trompée en se basant sur les seuls témoins fournis par Bouton. C’est assez rare et courageux pour le saluer avec respect.

Chose étrange : les 5 milliards de pertes de la SG n’ont été expertisés par personne. Kerviel a été condamné dans un premier temps à rembourser cette somme sans que quiconque vérifie le bien fondé des prétentions de la SG. Vous avez dit bizarre mon cousin…

Cette perte gigantesque avait été compensée en partie par une réduction d'environ 2 milliards d’impôts, octroyés par Christine Lagarde. Merci qui ?

Problème : Kerviel admet 100 millions de pertes. Qui croire ? Toujours est-il que la version Bouton d’avoir du vendre en une semaine les 50 milliards de prise de risques de Kerviel ne tient pas la route.

Explications : Une grosse journée pour la bourse, c’est 5 milliards de transactions. Liquider ces 50 milliards sur une semaine (six jours) aurait fait passer, six jours de suite, le volume de transactions quotidien à 13 milliards. Or le gendarme de la bourse diligente une enquête dès qu’un investisseur bouscule le train-train boursier et pour un pareil séisme il n’en aurait rien été. C'est vrai ce qu'il disait Adolf que les mensonges les plus gros sont les plus faciles à croire.

Conclusion : si ces 50 milliards ont existé, ils n’ont pas été liquidés à travers le circuit boursier, mais entre initiés. Ce qui pourrait expliquer l’omerta et certaines prises de positions des politocards aux manettes du pouvoir à l’époque. Un rabais de 10% entre amis, ça semble correct, non ?

Autre explication possible : 2008, rappelez-vous, c’est la crise des Subprimes. Ces merdes américaines qui ont été vendues à prix d’or aux couillons de banquiers européens. Kerviel était peut-être une bonne excuse pour Bouton de devoir étaler 5 milliards de pertes supplémentaires dans ces achats à la con (il en avait admis 2).

L’incohérence de l’affaire, la partialité de la Justice qui n’a pas aussi instruit à décharge, ni enquêté sur la situation de la banque, l’aveuglement de toute la chaîne judiciaire à ne jamais mettre en doute les assertions de Bouton pourraient faire penser à des esprits mal tournés qu’il puisse y avoir eu des participations au culte (ou au cul Te ) pour les œuvres de charités de certains politichiens.

Mais sur la foi des serments sur l’honneur que les enveloppes en papier kraft sont une légende, vous pensez bien que je n’en crois rien du tout. D’abord, a-t-on déjà vu un politicien avoir un compte en banque non déclaré ?

Même Balkany que, les yeux dans les yeux, il jure que c’est à l’insu de son bon droit qu’on lui a fourgué 5 millions de commissions pour une transaction minière en Afrique, une villa à Saint-Martin et une autre à Marrakech. C’est bien la preuve, non ?

Quoi qu’il en soit, Bouton and Co ont voulu faire payer un lampiste pour couvrir leurs salop... heu conneries, mais ils ne sont pas tombés sur le bon. A-t-on idée aussi d’aller emmerder pareillement un Breton ?

Le procès Kerviel aurait pu être légitime si tout le système des traders avait été sur le banc des accusés... Il n'en a hélas pas été question, pourtant, lorsque des trader font doubler le prix des denrées de base, ils condamnent à la famine et à la mort ceux qui, dans le Tiers-Monde consacre 60 à 80% de leurs revenus pour la bouffe. En agissant ainsi, ils sont de fait des assassins.

J’espère, maintenant que Kerviel a compris qu’il faisait un boulot de merde, que la SG soit condamnée à lui verser des dommages et intérêts et qu'elle récupère dans la foulée les 32 millions d'euros qu'elle a thésaurisé pour financer la retraite imméritée de Bouton.

Blutch

mardi 2 décembre 2014

BlutchMes poètes de légendes [3ème acte - Spécial Noël]

Acte 1 : c'est par ici !

Acte 2 : c’est par !


La fin de l’année approche à grands pas et je sens monter en vous une angoisse grandissante. A fin novembre déjà c’était d’ailleurs plus (+) qu'une angoisse. Maintenant c'est déjà une terreur si manifeste qu’elle transpire à travers tous les pores de vos commentaires.

Ça se résume en quelques mots qui se conjuguent en mode majeur :

« Putain comment vais-je m’organiser pour réussir ces merdes de fêtes de fin d’année. »

Alors autant commencer par le début : Une fête c’est quoi ?
Comment peut-on aborder « les fêtes » ?
C'est là qu'intervient toute la poésie vaudoise de François Silvant (qui malgré son prénom n’en est pas moins un Lausannois pure souche) :



Les fêtes sont trop souvent synonymes de cadeaux et là, ça peut rapidement devenir un bâton merdeux si on n’est pas organisé. Car autant le dire pendant qu'on peut encore le faire, les cadeaux coûtent la peau du cul. Chacun mérite le plus beau, le plus cher aussi (c'est du moins l'avis de l'intéressé).

Tu invites.... alors tu as déjà le prix de la dinde et les petits légumes, le sapin et les boules (ben oui, obligé de les changer le beauf les avait trouvées nulles à chier l'année dernière). C'est mathématique, les invités boivent deux fois plus que ce qu'ils ont apporté, alors tu finances la moitié de la gonflée du beauf, qui pour cette raison se croit obligé de te la restituer sur ta moquette neuve. Alors si en plus on te fait chier pour tes petits cadeaux à cinq euros...

Donc il faut un argumentaire pour faire face à ces ingratitudes :



Noël, ça va encore pour y échapper car il y a deux solutions qui pour être diamétralement opposées, bien que partant de la même option de base, n’en arrivent pas moins au même point final. Le seul qui soit intéressant par ces temps de marasme généralisé :

Petit A : (je sais que c’est con de dire petit A en le mettant en majuscule, mais il faudra faire avec) Noël est une fête religieuse. C’est le petit Jésus qui est né, il est le seul à pouvoir légitimement recevoir des cadeaux, donc allez vous faire voir ailleurs…

Petit B : (même remarque que pour petit A) : Noël est une fête religieuse et je n’en ai rien à branler des Églises, donc allez vous faire voir ailleurs.

Si pour les cadeaux c’est rapidement et péremptoirement résolu, il n’en va pas de même pour les agapes, car il faut s’entendre sur une date qui convienne à tout le monde. C’est là que ça se complique sérieusement.

Pour résoudre ce problème, je vous propose aussi la méthode François Silvant.

Je vous la livre sans jouer à cache mystère car on ne peut pas être gros-niqueur chez Blogbo sans être pris d’une empathie furieuse pour ses congénères de tous bords et de tous poils, bien qu’avec une mention spéciale pour ces dames :



Vous voilà parés. Vous avez calé une date la plus proche possible de la fin de l’année en tenant compte des desiderata de chacun. Mais il y en a toujours au moins un qui ne connaît pas votre nouvelle adresse. Ça pourrait rapidement se compliquer sans le secours de Denise Pahud...



Peut-être faut-il aussi réviser quelque peu l’éducation de ces chères têtes blondes afin qu’elles fasse bonne figure dans la famille… qu’elles ne nous foutent pas la honte intégrale devant Tati Mimi qui n’a pas encore rédigé son testament.



L’approche des fêtes provoque quelques dégâts collatéraux difficiles à éviter sans passer pour un grossier mufle.

On échappe assez facilement aux marmites de l’armée du Salut en évitant les portes principales des supermarchés, ou à la rigueur en passant une bordée à son mouflet au moment adéquat.

Sans progéniture à disposition, on peut aussi essayer le faux-pas qui nous fait bousculer la guitariste de service et se confondre en excuses au lieu de décramponner son crapaud pour alimenter la marmite.

On peut aussi tenter la séduction ("t'as d'belles châsses, tu sais" semble toujours avoir la cote...) et lui demander le Gorille, le Mécréant ou Putain de toi, mais là, les chances de réussites ne sont pas énormes (à moins de tomber sur le bal costumé des dirlettes de l'E.N.).

Par contre, c’est plus problématique avec les visites à domicile. C’est tout de même fou le nombre de gens qui veulent notre salut malgré nous!

Alors si par malheur vous attendiez l’épicier avec votre commande de Champomy et que vous tombez sur un VRP de la foi, pensez très fort à François… (pas le pape, ni le normal, oui un comique aussi, mais celui qui est sérieux dans son boulot)



Il y a toujours des esprits chagrins ... lucides qui, malgré les bons conseils de François Silvant, ne supportent pas les fêtes de famille. Il leur reste l’ultime solution d’aller se réfugier au bistrot :



En tenant compte du délai incompressible nécessaire pour dessaouler et rapatrier les neurones rescapés, à partir du 3 janvier vous passerez obligatoirement par la phase récupération. Là encore Blogborygmes veille sur vous et se met en quatre pour vous retaper.



Bonnes fêtes, santé et conservation.

Blutch

lundi 14 juillet 2014

AndiamoNew York... New York

FRANK SINATRA...The voice, quelle voix en effet ! Frank Sinatra vous savez qu'il vécut avec Ava Gardner ? Elle fût surnommée "le plus bel animal du monde" ! Inoubliable dans "MOGAMBO" avec Clark Gable, et surtout dans la comtesse aux pieds nus de Joseph Mankiewicz sorti en 1954, qu'elle était belle Ava Gardner !

J'ai un jour entendu, je crois que c'était aux grosses têtes, l'anecdote suivante : Une amie proche de Ava Gardner, lui demande ce qu'elle faisait avec Sinatra, ce nabot d'un mètre soixante pour cinquante cinq kilos.

Elle répondit : " cinquante cinq kilos peut-être, mais dans les cinquante cinq kilos, il y a cinquante kilos de bite" ! C'est dire la réputation du Monsieur !

Un ch'tiot crobard du plus bel animal du monde ?

Chanteur, comédien, je me souviens de Frank Sinatra, dans le film de Fred Zinnemann sorti en 1953, : "Tant qu'il y aura des hommes" Avec bien sûr la belle Deborah Kerr et Brut Lancastré ! On se souvient de la pelle d'anthologie qu'ils se roulent sur la plage, tous deux chahutés par les vagues. J'avais 14 ans, l'âge des premières gauldos chouravées au paternel afin de jouer à "l'homme", Frank Sinatra y tenait le rôle de Angelo Maggio.

Et puis bien sûr "l'homme au bras d'or" de Otto Preminger en 1955, j'avais 16 ans j'écoutais Bill Haley et Paul Anka, l'âge des premiers bisous humides ! Frank Sinatra tenait le rôle d'un junkie, tricheur de poker.

New York sans gratte ciel c'est Paris sans le Pont des Arts, sans l'île Saint Louis, sans la Place Saint André des Arts, ou sans la place des Vosges !

Un petit hommage aux Indiens Mohawks, une tribu du nord des Etats-Unis, qui furent les bâtisseurs des gratte ciel... Ils ne craignaient pas le vertige dit la légende, je pense plutôt qu'ils craignaient de crever de faim, alors il fallait bien bosser sans filets, afin de se payer un steak "dans le filet" !

(ch'tiots crobards Andiamo)

mercredi 18 juin 2014

BlutchAvis de dérupée, deuxième époque: la Révélation

Selon le Big-Boss (pas beaucoup), il vaut mieux faire un nouveau billet que de repétasser l’ancien. Dont Acte. Andy, tu peux retourner sur ta chaise longue….

La traduction :

Avis de dérupée dérapage, glissade incontrôlée J’avais menacé Mimik de le faire… Et bien c’est fait ! En faisant les à fonds les grands nettoyages dans le chenit bordel du cagnard de la remise, j’ai retrouvé une épéclée quantité de mots vaudois que je voulais pas mettre au ruclon en décharge, alors je vous les livre gratos. Mais en fait, c’est pas de ça que je veux causer, même si Bottoflens Village qui n’existe que dans l’imaginaire des Vaudois, mais tellement fort que j’ai du vérifier si oui ou non… ressemble au bouryon nombril du monde, je veux vous causer de pau-ésie.

Selon des avis circonstanciés, il semblerait que, selon la police, la fable de Lafontaine « le corbeau et le renard » soit dans les 10 poèmes les plus célèbres de la langue française. Selon les manifestants, elle serait détrônée par l’Internationale et Bella Ciao*, qui passent aussi largement avant les vers bellicistes de Rouget de l’Isle.

Cette célébrité fait un de ces chnabre Bruit, boucan, tapage dans les chaumines, elle est presque aussi importante que celle de la meuglante chanson, en version vachère à Clo-clo (Comme d’habitude), mais reste, néanmoins très nettement moins bon pour la crousille tirelire des héritiers du buveur d’eau.

Fort de ces constats, je me dis que tant qu’à aller foutimasser farfouiller, rechercher dans ce fourbi chenit, bordel, autant aller voir ce qu’ils ont déjà bracaillé fabriqué (de plus ou moins bonne façon, mais plutôt moins). Pour l’Internationale, j’ai rien dégoté trouvé, sauf une citation de « l’Internationale néo-libérale » de Marianne, mais le bout que j’ai zieuté regardé, c’était de la nioniotte. De la coffia…Oups, de la mauvaise qualité Pour la Marseillaise, la seule que je puisse reluquer c’est celle de Ferré. Ecoute voir voir plus loin que c’est pas de la bedoume Femme niaise, stupide cette modà-là Dame de bonne prestance. :

Toutes tentatives dérobatoires devenant vaines, je me suis donc rué sur le rimaillage de Jean-Jean et j’y ai trouvé quelques perles. Vous me connaissez…. Moi, si un tiolu un gaillard pas forcément futé a boratté foutimassé pour moi, je ne vais pas bringuer faire une embrouille pour lui laisser la place. D’autant plus que ces bofiauds tobets… rhem simplets n’ont même pas signé leur batoillage… Bavardage, par extension leurs écrits

J’ai déjà espliqué que les vaudois ont l’âme pauétique. Mais si tu as été bercé trop près du mur Sans explication, l’expression s’est bien exportée ou que tu as besoin de te secouer la comprenette, regarde voir Il ne s’agit pas là d’un pléonasme, puisque le Vaudois n’a aucun problème à t’interpeller en te disant « écoute-voir » ou « Goûte-voir ça » Ben oui, les Belges ont des problèmes entre savoir et pouvoir et pour les Vaudois, c’est l’usage du verbe voir qui est parfois incompréhensible mes poètes de légendes-1.

Un Vaudois à la plume fleurie (comme seul sait le faire le Pays de Vaud, et de bien belle façon) n’a pas tant ouatassé Hésiter, ne pas prendre parti que ça et entre une envolée lyrique sur les Diablerets et un pastiche sarcastique sur ces Pique-Meurons voleurs de mûres de Genevois, il a pondu une version vaudoise de c’t’histoire.

  • Wouais, ben pour Bella Ciao, c’est pas parce que c’est en italien que ça compte pas et que même si les Ritals sont tous passés par Marseille et qu’il leur en est resté un petit rien dans le sens de la dismisura, ça vaut quand même.…

Comme que comme De toutes façons y a rien à faire la potte la gueule, c’est bien mon droit de caresser mio Cugino dans le sens du poil…. Et puis, tout le bien que ça me fait d’écouter Bella Ciao ne nuit à personne… Surtout que je suis partageur… Et que la youtzeuse chanteuse n'est pas une feignole femme, meuf, mais pris de façon péjorative.

Sur le commentaire à Susucre :

Si tu as l'acouet L’envie, l’allant, l’énergie pour barjaquer converser, vas y, chenoille! Pandoure.. Euh chenapan, en version unisexe et sympathique pas besoin de faire la bringue, tu y foutimasses sans frouiller tricher, personne ne t'allongera une agnafe gifle si tu bèdes rater, louper, ne pas réussir. Gros becs Bisous

Le Bof avait rouscailler qu’il aurait voulu la version à Germaine... Une version germanique du croasseux :

Le corbeau et le renard (version suisse allemande)

Herrn Korback sur l'apfelbaum perché,
tenait dans son bekre un schapzikre.
Herrn Renard, par l'gschtank alléché,
lui dit d'un petit air lustikre:
" Ah Grützi wohl, Herrn Doktor Korbo
Que vous êtes sehrcholi et wunderschön also
Donner wett, si chez vous chanter la youtz,
Comme le plumage il est also gut,
Vous êtes le Führer des Vögels d'Oberland.
Aussitôt, le Korbo, quand ces mots il hécoute,
pour faire le Männerchor tout seul,
oubliant sa fromzique,
ouvre toute grande son gueule.
Le renard tient le stückr' et dit:
"Pauvre Staufifre, apprends que le flatteur,
pour vivre sur le dos des Dummkopf, il connaître un truc;
Cette leçon vaut bien un petit Schapzikre-Stükr.
Le Korbac fut viel beaucoup surpris;
mais comme il était Pernois, il n'a pas encore compris.

Explicatif :
apfelbaum – pommier
schabziger – fromage de Glaris auprès duquel le vieux Lille passe pour du mascarpone.
Staufifre – suisse allemand (synonyme : Bourbine, schteupeutz.
Les Bernois ont la réputation d’être lent à la comprenette…

dimanche 8 juin 2014

BlutchAvis de dérupée incontrôlée

J’avais menacé Mimik de le faire… Et bien c’est fait !

En faisant les à fonds dans le chenit du cagnard, j’ai retrouvé une épéclée de mots vaudois que je voulais pas mettre au ruclon, alors je vous les livre gratos.

Mais en fait, c’est pas de ça que je veux causer, même si Bottoflens ressemble au bouryon du monde, je veux vous causer de pau-é-sie.

Selon des avis circonstanciés, il semblerait que, selon la police, la fable de La Fontaine « le corbeau et le renard » soit dans les dix poèmes les plus célèbres de la langue française. Selon les manifestants, elle serait détrônée par l’Internationale et Bella Ciao*, qui passent aussi largement avant les vers bellicistes de Rouget de l’Isle.

Cette célébrité fait un de ces chnabre dans les chaumines, elle est presque aussi importante que celle de la meuglante à Clo-clo (Comme d’habitude), mais reste, néanmoins très nettement moins bon pour la crousille des héritiers du buveur d’eau.

Fort de ces constats, je me dis que tant qu’à aller foutimasser dans ce fourbi, autant aller voir ce qu’ils ont déjà bracaillé.

Pour l’Internationale, j’ai rien dégoté, sauf une citation de « l’Internationale néo-libérale » de Marianne, mais le bout que j’ai zieuté, c’était de la nioniotte.

Pour la Marseillaise, la seule que je puisse reluquer c’est celle de Ferré. Ecoute voir que c’est pas de la bedoume cette modà-là. :



Toutes tentatives dérobatoires devenant vaines, je me suis donc rué sur le rimaillage de Jean-Jean et j’y ai trouvé quelques perles.

Vous me connaissez…. si un tiolu a boratté pour moi, je ne vais pas bringuer pour lui laisser la place. D’autant plus que ces bofiauds n’ont même pas signé leur batoillage…



La version sociale …

Le cornard et le rebeau

Le corbeau sur un arbre perché
Ne foutait rien de la journée.
Le lapin voyant le corbeau,
L'interpella et lui dit aussitôt :
- Moi aussi, comme toi, puis je m'asseoir
Et ne rien foutre du matin jusqu'au soir ?
Le corbeau lui répondit de sa branche :
- Bien sûr, ami à la queue blanche,
Dans l'herbe verte tu peux te coucher
Et ainsi de la vie profiter.
Blanc lapin s'assit alors par terre,
Et sous l'arbre resta à ne rien faire,
Tant et si bien qu'un renard affamé,
Voyant ainsi le lapin somnoler,
S'approcha du rongeur en silence,
Et d'une bouchée en fit sa pitance

Moralité :

Pour rester assis à ne rien branler
Il vaut mieux être très haut placé.



En mode argotique…

Cave et le Vachard (Jeannot de Château-Lapompe)

Un Cave, bien planqué, kif un mac,
Bouffait en lousdé un calendos
Le gonze Vachard, sentant schlinguer l'matos,
Essaye de l'avoir à l'arnaque
"Hé ! ça boume Boss Lavedu,
T'es vraiment maous ! Et t'en jettes un jus !
Sans charrier, si ta goualante
Est aussi bath que tes fringues
Roule les mécaniques, t'es l'caïd du bastringue."
Esgourdant, fleur de nave se sent pus pisser ;
Et pour pousser sa goualante
Il desserre ses ratiches, laisse tomber l'calendo.
Le Vachard s'le morgane, et bonnit : "Mon poteau,
J' t'affranchis "si t'encaisse des salades
Tu te retrouves en deux coups les gros en calcif
Avec ton fromgi bouffé par le faisan
Qui t'l'a fait au boniment "
Le branque, allant au cri sur le ruban,
Renaude, fumasse, qu'on l'baiserait plus, bécif.



J’ai déjà espliqué que les vaudois ont l’âme pauétique. Mais si tu as été bercé trop près du mur ou que tu as besoin de te secouer la comprenette, regarde voir mes poètes de légendes.

Un Vaudois à la plume fleurie (comme seul sait le faire le Pays de Vaud, et de bien belle façon) n’a pas tant ouatassé que ça et entre une envolée lyrique sur les Diablerets et un pastiche sarcastique sur ces Pique-Meurons de Genevois, il a pondu une version vaudoise de c’t’histoire.


L'ami corbeau et l'ami renard

C't ami Corbeau, sur un arbre ganguillé
Tenait à plein bec une tomme.
C't ami Renard, le tarin chatouillé
Lui tint ce discours à la gomme :
Hé! salut c't ami Corbeau,
T'es rude joli, t'es même fin beau !
Crénom de sort, si ta batoille
Vaut ce plumage qui pendoille,
T'es le tofin des forêts du Jorat.
A ces mots, le Corbeau qui trouve ça estra
Ouvre tout grand son four
Et lâche ses dix-heures.
Le renard chipe la tomme et dit :
Pauvre niolu, méfie-toi toujours des lulus
Qu'ont la langue bien pendue.
Cette leçon vaut bien une fondue !
Le Corbeau dépité, conclut :
Ch'us tondu, j'ai perdu, plus jamais je s'rai eu !



Si y en a des qui n'ont rien compris, j'offre un service de traduction par commentaires différés...

Blutch.



Wouais, ben pour Bella Ciao, c’est pas parce que c’est en italien que ça compte pas et que même si les Ritals sont tous passés par Marseille et qu’il leur en est resté un petit rien dans le sens de la dismisura, ça vaut quand même.

Comme que comme y a rien à faire la potte, c’est bien mon droit de caresser mio Cugino dans le sens du poil…. Et puis, tout le bien que ça me fait d’écouter Bella Ciao ne nuit à personne…

Surtout que je suis partageur… Et que la youtzeuse n'est pas une feignole.


Comme promis, vous aurez la traduction après le prochain passage du doyen.

lundi 12 mai 2014

BlutchDu temps ou j'étais bouèbe

Putain, ça m'inquiète, depuis quelques temps, je me mets souvent à faire de la marche arrière.

Un des chintoques de service disait que l'expérience est une lampe que l'on a dans le dos pour éclairer le chemin parcouru... J'ai comme l'impression que je vais devoir envisager des phares à longue-portée...


Ma famille n’a jamais milité dans quoi que ce soit, mais les informations coulaient naturellement. Ma mère avait cette sagesse naturelle qui lui faisait chercher ailleurs ce que la propagan…Rheum !  

L’information officielle voulait se faire passer comme vérité toute nue et virginale. Il faut dire qu’elle avait une confiance assez limitée dans le monde politique, peut-être depuis qu’elle avait entendu « sur le poste » le conseiller fédéral (ministre) Pillet-Golaz dire, lors d’un banquet pantagruélique, que l’ouvrier peut dîner avec une tranche de pain et un cervelas (charcuterie infâme surnommée la raclure de plot). Il avait beaucoup fait, ce jour-là, pour assurer sa non-réélection à la législature suivante.

Je ne sais pas comment elle faisait, mais durant la guerre 36-45, elle savait ce que tout le monde voulait ignorer. Elle savait pour la déportation des juifs, elle savait qu’ils n’en reviendraient pas. Elle savait que les « erreurs » de bombardements alliés (sur la Suisse) étaient des mises en garde pour ne pas (trop) collaborer avec le Reich.

Elle a gardé très longtemps ce recul avec l’actualité et ses fils en ont hérité.

A la maison, on écoutait Sottens.  Sottens : Petit village vaudois sans histoire, hormis que c’est là que Radio-Lausanne avait établi son antenne et que les radios étaient alors identifiées par le nom de l’émetteur.

Donc sur Sottens, nous avions le droit d’écouter quelques émissions, malgré l’heure tardive (pour l’époque !). Parmi elles l’incontournable "Enigmes et aventures" le lundi soir avec le commissaire Gallois, le détective Durtal et son aide à tout faire, Picoche. Une sorte de Chauguise en trio, d’avant mio Cugino.
Un petit coup de nostalgie à partager ...

Alors que Radio-Paris en était encore à : « Bonsoir chers zôditeurs » avec la bouche en cul de poule pour le dire… Heu oui, ça, c’était après 45, parce que je vais vous parler de 1943 comme le début d’une radio différente : espiègle, râleuse, moqueuse, revendicatrice. Et dans ce temps-là sur Radio-Paris, c’était encore : Guten Abend liebe Hörer que la valletaille à Pétain ânonnait dans le poste. Donc en 1943 Radio-Lausanne ouvre son micro à l’humoriste et pamphlétaire Jack Rollan pour ses « Bonjour ». C’est lui qui dénoncera le coup du cervelas de Pillet-Golaz. Terreur des magouilleurs et des politocards véreux (pléonasme), il était bien souvent l’ultime recours des petites gens écrasés par des procédures malhonnêtes.

A l’époque des ballets roses en France, la Suisse avait aussi connu ce genre de divertissement pour grandes personnes. Comme il était convenu dans la presse d’en parler le moins possible, Jack Rollan ne manquait pas une occasion d’assurer le suivi de l’enquête. Les protagonistes de l’affaire avaient pu ainsi passer à côté d’une amnésie judiciaire… 

Comme on l’a vu avec Coluche et ses restos, il faut toujours des gugusses pour faire les travaux sérieux, c’est lui qui fonda la Chaîne-du-Bonheur en 1946 avec un autre animateur de la Radio. Le concept était nouveau,  les besoins étaient énormes. Durant des années, c’était une émission hebdomadaire d’appels de fonds, d’informations et de divertissements.  Les Téléthon, Sidaction et consort ont repris le système…(le compteur de pognon, les objectifs à heures fixes, les fiches de promesses lues à l’antenne, la surenchère des entreprises, tout était déjà inventé en 1946…) Actuellement, elle fonctionne sur des événements ciblés.  

Trublion de la morale, le parcours médiatique de Jack Rollan fut (forcément) chaotique. La radio veut le contrôler, il part et fonde son journal « le Bonjour de Jack Rollan » (bien sûr). Pour vous situer le journal, c’était un peu comme un Canard enchaîné qui se serait marié avec l’Os à moelle.

Les médias et lui, c’était je te haime. Je pars – reviens… mais oui - mais non… jamais pour toujours.

Touche-à-tout, il a eu un cirque, il a monté des spectacles seul ou avec toute une troupe. Il a eu aussi de nombreuses occasions de faire faillite  avec ses productions. Il collabora longtemps avec le quotidien genevois « la Suisse », jusqu’au jour où le Cardinal Daniélou eut la bonne idée de passer l’arme à gauche en escaladant le Mont de Vénus d’une prostipute…

Le papier (introuvable) était drôle, mais le red en chef l’avait trouvé raide d’ironiser sur l’ecclésiastique macchabée. Le billet fut censuré, Jack est parti.

Quelques liens en cascades


Cet homme, connu du monde entier de la Suisse romande est parti sur la pointe des pieds.

Il tire sa révérence un jour de mai 2007, après une ultime consigne à ses amis :
«Je ne veux ni église, ni cathédrale, ni télévision, presse ou radio; je veux le Léman et surtout pas de faux-culs, ni d'emmerdeurs. Alors ne parlez pas de ma mort avant l'adieu final.»

Dans sa vie, il a tout fait et fait de tout : photo, journalisme, musique, chanson, mise en scène, comédie musicale, conférences, tout jvoudis ! Finalement, j’aurais pu aussi le caser parmi mes poètes de légende…

mercredi 22 janvier 2014

BlutchMes poètes de légende [1]

J’ai déjà eu l’occasion de vous faire découvrir un petit bout de ce grand poète vaudois qu’est Jean Villard Gilles (voir "Ma baie des Anges à moi").

Il est né au bords du Léman, à la toute fin du 19e siècle, ce qui lui a fait traverser la boucherie de 14-18, la crise de 29, l’entre-deux guerres, la folie nazie et les trente glorieuses.

De quoi alimenter sa fécondité littéraire, son âme de poète, sa tendresse, son goût pour les belles formules et son esprit anar. Bref, un Vaudois parfait. Parce que si le vaudois est débonnaire, plus prompt à lever son verre que prendre les armes, il ne faut pas lui en raconter tout de même…

Donc pour ce qui est de soigner les chaud-froid en politique, il faisait plutôt confiance à thermolactyl que dans les politocards de sévices.

Il aurait pu être révolté, rouspéteur, mauvais coucheur ou gueulard, voire même, qui sait, mauvaise tête ; mais il avait du génie, alors il est devenu poète, anticonformiste et libre penseur. Ses armes étaient son esprit, sa gentillesse et son humour.

Il a très vite développé le théorème que pour être reconnu chez soi, il vaut mieux décarrer ailleurs. Il a donc pris ses cliques, ses claques et son clic-clac pour s’expatrier dans l’arrière-banlieue de son Montreux natal : Paris.

Il y a ouvert un petit boui-boui du nom de "chez Gilles" (ben tiens, question pub, y a pas à se gêner non plus…). Entre les chansons dont il avait commis paroles et musique, qu’il interprétait avec son complice Julien (inaugurant ainsi un style nouveau qui fut abondamment repris depuis), il recevait quelques autres rimailleurs, dont l’Abbé Brel, avant qu’il ne vire sa cuti, sa guitare et sa soutane.

Ne voulant pas divertir les boches, il s’était tiré de Pantruche à leur arrivée pour s’établir à la capitale, la vraie, celle du Pays de Vaud : Lausanne.

Il y fonda (sans Jane) le Coup de Soleil. Nostalgie des petites femmes de Pigalle ou défection de Julien ? Le duo est devenu Edith et Gilles. Les cousins des Bourbines[1] évaporés de l'hexagone, il réinvesti Paname. Edith partie voir ailleurs si le bon Dieu y était, il s’associe avec Albert Urfer dans un nouveau tandem. Il quitte Paris en 1975, juste avant de raccrocher les gants à 81 ans et d’égrainer, depuis Saint-Saphorin, les quelques deux mille couchers de soleil sur le Léman qui le sépare alors de la grande envolée.

Je vous disais donc, sans le moindre chauvinisme, que les Vaudois sont de riches natures, pétris d’auto-dérision. Ne disent-ils pas : « Y en a point comme nous », ajoutant pour les sceptiques : « … s’il y en a, y en a pas beaucoup. »

Quelques étapes marquantes en chansons :



Dollars

1932 : La grande crise s’estompe à peine qu’il a déjà tout compris de la grande arnaque du dollar sur le monde. Son esprit anar se rebelle, il martèle sa musique pour mieux enfoncer ses paroles dans la tête des gens, mais il est trop en avance, hélas ! Le mythe de Crésus délocalisé en Amérique par les sirènes d’Hollywood était trop fort…

Trois ans après la grande crise, le texte était visionnaire, comme le sont les authentiques poètes.


De l´autre côté de l´Atlantique
Dans la fabuleuse Amérique
Brillait d´un éclat fantastique
Le dollar
Il f´sait rêver les gueux en loques
Les marchands d´soupe et les loufoques
Dont le cerveau bat la breloque
Le dollar
Et par milliers, d´la vieille Europe
Quittant sa ferme ou son échoppe
Ou les bas quartiers interlopes
On part, ayant vendu jusqu´à sa ch´mise
On met l´cap sur la terre promise
Pour voir le dieu dans son église
Le dieu Dollar !

Mais déjà dans la brume
Du matin blafard
Ce soleil qui s´allume
C´est un gros dollar !
Il éclaire le monde
De son feu criard
Et les hommes à la ronde
L´adorent sans retard

On ne perd pas l´nord, vous pensez,
Juste le temps de s´élancer
De s´installer, d´ensemencer
Ça part !
On joue, on gagne, on perd, on triche
Pétrole, chaussettes, terrains en friche
Tout s´achète, tout s´vend, on d´vient riche
Dollar !

On met des vieux pneus en conserve
Et même, afin que rien n´se perde,
On fait d´l´alcool avec d´la merde
Dollar !
Jusqu´au bon Dieu qu´on mobilise
Et qu´on débite dans chaque église
Aux enchères comme une marchandise
A coups d´dollars !

Mais sur la ville ardente
Dans le ciel blafard
Cette figure démente
C´est le dieu Dollar !
Pas besoin de réclame
Pas besoin d´efforts
Il gagne toutes les âmes
Parce qu´il est en or

Autos, phonos, radios, machines,
Trucs chimiques pour faire la cuisine
Chaque maison est une usine
Standard
A l´aube dans une Ford de série
On va vendre son épicerie
Et l´soir on retrouve sa chérie
Standard
Alors on fait tourner des disques
On s´abrutit sans danger puisque
On est assuré contre tous risques
Veinard !
La vie qui tourne comme une roue
Vous éclabousse et vous secoue
Il aime vous rouler dans la boue
Le dieu Dollar

Quand la nuit sur la ville
Pose son manteau noir
Dans le ciel immobile
Veille le dieu Dollar
Il hante tous les rêves
Des fous d´ici-bas
Et quand le jour se lève
Il est encor là !

On d´vient marteau, dans leur folie
Les hommes n´ont plus qu´une seule envie
Un suprême désir dans la vie :
De l´or !
S´ils s´écoutaient, par tout le monde
On en sèmerait à la ronde
Au fond de la terre profonde
Encor !
On en nourrirait sans relâche
Les chèvres, les brebis, même les vaches
Afin qu´au lieu de lait elles crachent
De l´or !
De l´or partout, de l´or liquide
De l´or en gaz, de l´or solide
Plein les cerveaux et plein les bides
Encor ! Encor !

Mais sous un ciel de cendre
Vous verrez un soir
Le dieu Dollar descendre
Du haut d´son perchoir
Et devant ses machines
Sans comprendre encor
L´homme crever de famine
Sous des montagnes d´or !


Que le dollar se change en €uros selon les régions du monde n’y change fondamentalement rien à la conclusion.



Les trois cloches (1940)

Piaf s’empare de cette chanson et en fait un tube mondial, mais qui laissera son auteur dans une discrétion qui sied parfaitement à son caractère vaudois. Beaucoup encore croient que le texte est de Piaf.



Le bonheur (1948)

Toute la tendresse de Gilles est contenue dans cette hymne au bonheur. Ça s’écoute sans commentaires...



Nos colonels (1958)

Gilles le pamphlétaire pacifiste n’aimait pas beaucoup l’esprit militaire. Pour situer le contexte particulier, les Suisses d’alors étaient soldats jusqu’à 60 ans, temporairement délivrés de leurs obligations militaires. Pour rester imprégnés de leur mission, il devait faire chaque année une piqûre de rappel variant entre un et 21 jours. Les colonels dirigeaient alors une armée de un million d’hommes mobilisables en 24 heures…

La Suisse n’ayant pas de général en temps de paix, l’iconographie guerrière s’est tout naturellement portée sur ses colonels, fiers descendants de Guillaume Tell et plus emblématiques que les généraux français, puisqu’à eux seuls, ils ont maintenu en respect le 3ème Reich tout entier.

Comment ça que c’est douteux ? Que je déconne ? Que je ne suis pas objectif ? C’est rien que de la jalousie parce que la Suisse a résisté à l'envahisseur venu de Germanie. T'imagines pas à quel point Sardou a fait rigoler les Suisses avec ses Ricains à la noix... D'accord que la grosse majorité des Suisses parlent le schleu, mais c'est d'origine, le petit moustachu n'y est pour rien du tout !

T’as pas un colonel suisse qui te dira que c’est pas à cause de leurs bras noueux qu’Hitler n’a pas osé, pas un, alors c’est bien la preuve…

Michel Bühler et Sarcloret font revivre le duo d’origine, le fou-rire en plus…



Les bonnes (date inconnue et enregistrements inexistants sur la toile)

Un petit côté social et sarcastique aussi, ce vaudois débonnaire n’était pas moins provocateur… Mais si finement que la bourgeoisie ne lui en n’a jamais vraiment voulu. Était-elle seulement consciente de l’ironie de Gilles pour elle ?


Les bonnes
On n’en voit plus, c’est une espèce
Qui disparaît très rapidement
Même les Bretonnes, même les négresses
Certainement chère Madame Durand
Ces filles on les a toutes pourries
C’est elles maintenant qui font la loi
Pensez, la nôtre était nourrie
Et logée plus trente francs par mois
Aussi il n’ faut pas qu’on s’étonne
On a tout fait pour les gâter
On était trop bon pour les bonnes
Vraiment, c’est à vous dégoûter
Moi qui suis faite pour être patronne
Et déployer d’ l’autorité
Hé bien quand j’ sonne
Il n’ vient personne
Il n’y a plus d’ bonnes
Quelle société !!

Pensez, chez moi j’en ai eu seize
J’ leur faisais un petit nid douillet
Un lit, une table, une lampe, deux chaises
Ça donnait sur les cabinets
Évidemment ça manquait d’ vue
On n’y voyait jamais l’ soleil
Mais la nuit c’est chose superflue
Surtout avec un bon sommeil
Et quand le réveil carillonne
Au point du jour, joyeusement
Sachant que le soleil rayonne
Dedans dans tout l’appartement
On se lave et l’on se savonne
Avec plus d’ zèle, évidemment
Le soleil luit, le gaz ronronne
Mais y’a plus d’ bonnes
Sombre moment !!

Leur travail, laissez-moi rire
Vider les pots, ranger les lits
Faire la vaisselle, frotter et cuire
Passer les cuivres au trifoli
Trois fois par jour servir à table
Faire chaque matin une pièce à fond
Les courses, un travail agréable
Repasser le linge de maison
Trois fois rien, avec ça gloutonnes
Même qu’on s’ privait souvent ma foi
Pour qu’il reste du gigot breton
Ou la carcasse d’un poulet froid
Avec ça, on était trop bonne
Un jour de liberté par mois
Pour s’en aller faire les luronnes !
Ben, y’a plus d’ bonnes
Pourquoi, pourquoi ?

On les menait en promenade
Le dimanche ; on en prenait soin
Allant si elles tombaient malades
Jusqu’à quérir le médecin
Mais quand la moustache en bataille
Nos maris les serraient d’ trop près
Alors on surveillait leur taille
Ça n’ ratait pas, quelqu’s mois après
On renvoyait la jeune personne
En la tançant sévèrement
C’était notre devoir de patronne
Nos maris n’ pouvaient décemment
Être les pères des enfants d’ nos bonnes
C’est tout d’ même un vrai soulagement
D’ ne plus voir ces ventres qui ballonnent
Comme y’a plus d’ bonnes
Y’a plus d’enfant !

Ça devait finir dans la débauche
Selon la loi du moindre effort
Tout ça c’est la faute à la gauche
Aux soviets, à Blum et consorts
J’en ai reçu une cet automne
Qui m’a dit d’un air insolent
Bonne à tout faire, moi j’ suis pas bonne
Elle est partie en m’engueulant
La morale, je vous l’abandonne
La base du régime bourgeois
Son piédestal, c’était la bonne
Sans elle, tout s’effondre à la fois
L’office, le salon, la couronne
L’ordre, l’autorité, la loi
Y’a plus de Bon Dieu,
Y’a plus personne
Quand y’a plus d’ bonnes
Y’a plus d’ bourgeois !



Les Vaudois

Le Vaudois est à l’image de la Venoge :

« Tranquille et pas bien décidé.
Il tient le juste milieu, il dit :
«Qui ne peut ne peut !»
Mais il n’en fait qu’à son idée… »

L'autodérision est l’art de se foutre gentiment de soi pour éviter de devoir casser la gueule à ceux qui le feraient sans saveur. Cyrano ne me donnera pas tort…

Dans cet art, Gilles était un maître.

Variétés - 31.12.1962 - Réalisateur: Paul Siegriest - 03'45''
Ce document a été sauvegardé grâce au soutien de Memoriav




Il a écrit tant de perles dans sa vie que le choix était difficile. En fait, c’est la disponibilité des archives qui en a décidé ainsi. Il a célébré le Front populaire, chanté le 14 juillet, les noms de chez-nous, les chorales, les Suisses allemands, les Tessinois, l’exotisme vaudois en se mettant à la place d’une senhora brésilienne amoureuse d’un paysan vaudois, etc.

Toutes les choses sérieuses n’étaient que dérision et les choses « dérisoires » avaient toute sa tendresse.

Comme blogbo ne rime pas avec buveurs d’eau, je vous… je nous offre une tournée générale avec la Gonflée et la complicité de Bühler et Sarcloret…

Santé et conservation !

Notes

[1] Suisses allemands

jeudi 19 septembre 2013

Tant-BourrinMes disques de légende [4] : Les Enfants terribles - "C'est la vie"

Il y a longtemps que je brûlais d'envie de graver leur nom au frontispice de mes disques de légende - dès le premier billet, en fait - mais j'avais dû reculer jusque-là : si peu d'informations disponibles sur eux (biographies réduites au strict minimum, peu de photos, absence des sites de musique en ligne...) quand j'aurais voulu en dire tant. A croire que la trace qu'ils ont laissée est inversement proportionnelle à l'immensité de leur talent, eux qui brûlèrent dans le ciel de la chanson française comme une météorite incandescente.

Eux : les Enfants terribles.

Ce billet est aussi l'histoire d'un rendez-vous long mais inexorable. Il faudrait trente ans avant que je découvre vraiment leur premier album, après sa réédition en CD. L'album dont il est question aujourd'hui. L'un des plus beaux de la chanson française.


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dimanche 18 août 2013

celestineMa baie des anges

Il ne vous aura pas échappé que je ne sais rien refuser aux tenanciers de ce blog protéiforme (j’aime bien ce mot, ça fait toujours bien dans une conversation, essayez, vous verrez. Ca en jette. ) Bref, après la Baie de Somme de l’Ancêtre (vous noterez la majuscule déférente) on me somme d’écrire ma Baie des Anges. Je m’exécute avec d’autant meilleure grâce que ce n’est quand même pas une corvée.

Mes origines en patchwork me font balancer comme un métronome entre deux fougues : Italienne du côté de ma mère et Irlandaise du côté d’un copain à mon père. (Meuh nooon, papa, je plaisanteuh ! )

Bref cette double tare fait que j’ai la tête près du bonnet (phrygien), toujours prompte à m’enflammer au propre comme au figuré, un tempérament de feu, à côté duquel les éruptions du Vésuve ne sont que des pétards mouillés un quatorze juillet pluvieux sur la plage de Malo-Bray-Dunes.

Ce grand préambule (de savon) pour vous esspliquer pourquoi on peut avoir comme ma moman des ancêtres italiens, de l’époque où Nice et la Savoie n’avaient pas encore été l’objet du Traité de Turin, tout en étant une Niçoise pur jus. Elle pratique encore couramment le Nissart, et parle avec ce délicieux accent remis au goût du jour par Mado la Niçoise, et qui n’a rien à voir avec les autres accents du sud. J’ai grandi en croyant que ses expressions étaient comprises par tous, du nord au sud de l’hexagone. Comme par exemple « j’en ai une fourre ! » qui signifie « je suis fatiguée, j’en ai plein le dos ». Ou encore « Celle-là de ficanasse ! » pour parler d’une qui se mêle des affaires des autres. Ou pour parler d’un type pas riche, « celui-là, il a pas quatre sous pour faire baler un gari » ce qui peut se traduire littéralement par il n’a pas d’argent pour faire danser un rat…

Je vous laisse imaginer mes premiers dialogues avec les copines en arrivant à l’école communale dans la ville de garnison où je suis née, grâce aux aléas de la vie d’artiste de mon père…. Forte des enseignements de ma mère, sur le quai de Rauba Capeu, par exemple, je n’ai jamais fait l’erreur que font les « estrangers » en le traduisant par « robes et chapeaux ». En réalité, le vent y est si fort qu’il vole le chapeau.

Ma mère me racontait aussi l’histoire de cet Anglais qui demandait à un Niçois « Do you speak English ? » et qui répondait « Noun, you aspeto lou tram » ce qui voulait dire, non, moi, j’attends le tram. Tram qui refait son apparition après avoir été supprimé…souvent hommes varient ! Segure que vaï ! D’ailleurs, ma mère connaît tellement d’histoires, parfois je me dis que je devrais les écrire avant qu’elle s’en aille.

Nice est comme une jolie femme, son collier de perle brille le long de la Promenade des Anglais, elle semble un peu prétentieuse sous ses beaux atours, mais elle recèle des trésors bien cachés à ceux qui savent lui parler gentiment. J’y ai connu d’insouciantes vacances sur les gros galets ronds de la grève, bercée par le parfum du mimosa de la bataille de fleurs, au Carnaval. J’aime encore me balader Rue de France et arpenter le Boulevard Carabacel où mon père et ma mère se sont connus, d’après la légende…

Dépassez donc le stade du Japonais moyen, qui va rester des heures sur la place Masséna, la Prom et l’Avenue de la Gare devenue Jean Médecin (A Nice, pour qui vos tétons ? pour mes deux seins, ha ha, la vieille blague qui circulait au moment des élections !) et laissez-vous embarquer dans le vieux Nice, où, si vous évitez les restaurants –pièges-à-touristes du Cours Saleya, vous pourrez déguster à des adresses un peu secrètes les fameuses spécialités niçoises.

La vraie salade, avec les olives de Nice, toutes petites, et marron clair, le vrai Pan Bagna,(sans concombre !) les beignets de fleurs de courge, ou de fleurs d’acacia, la pissaladière, la ratatouille et l’inénarrable socca, sorte de galette de pois chiche qui se déguste grillée comme un péché avec un verre de rosé. Et puis, les panisses, les gnocchi, les ravioli, les cannelloni maison et surtout, les petits farcis. Tomates, courgettes rondes, aubergines, poivrons, pommes de terre. Tout se farcit à Nice. Bref, rien que d’y penser j’en pleure tellement c’est bon.

Pour digérer vous pouviez aller faire un tour aux Arènes et jardins de Cimiez pour écouter un concert de Jazz. Je parle à l’imparfait, car hélas, ce lieu magique, vestige gallo-romain qui donnait à la musique une poésie étrange a cessé d’exister, au nom de la sacro-sainte « rentabilité », sous prétexte de la non moins sacro-sainte « sécurité » on ne sait jamais, c’est vrai qu’on n’est pas à l’abri d’une fracture du coccyx sur les vieilles pierres deux fois millénaires… En 2010, ce fut un dernier concert bien nostalgique, entaché par cet arrêt de mort prononcé par la Mairie.

La Mairie…ciel, je ne sais pas si j’en parle ! Les vieux Niçois, eux, (mais il n’y en a plus guère) pleurent de voir leur ville devenir la proie des ambitieux, des snobs parvenus et des promoteurs et, n’ayons pas peur des mots, mais ayons peur des maux, de la voir glisser peu à peu vers le bord extrême où il vaut mieux être riche, blanc et en bonne santé que pauvre noir et malade. Chiotti et Estrozizi ont bien compris le truc ; ils se servent de la splendeur de la Baie pour servir leurs appétits démesurés de pouvoir. Nice, tremplin à ministres…A sinistres, oui !

Et pourtant, dans mon cœur, Nice restera Nissa la Bella, éternellement. C’est une ville qui me rend belle. J’y suis bien, elle s’accorde à mon teint et à mes yeux. Et souvent, écrivis-je un jour, je me prends à rêver de Nice, ma ville phare, mon étape, mon escale depuis toujours. Nice de mon enfance, son collier de perles, ses eaux turquoises, son marché aux fleurs. On est à une ville comme à ses souvenirs, attaché à jamais par des liens invisibles et puissants. Et on y revient par intermittence jusqu'à ce qu'un jour, enfin, on décide de s'y retirer pour son dernier face à face avec la vie. Je sais que mon chemin me ramènera vers ses ruelles, son ciel anglais, son air doux et humide, quand, dans quelques décennies, l'appel des bateaux du vieux port et des flâneries dans le Vieux Nice s'imposera comme une évidence. Alors je reprendrai mon voyage au pays de Nucera, interrompu durant la parenthèse enchantée qu' aura été toute ma vie. Et je partagerai mes jours entre la mer et la montagne, entre la plage et les sommets, la côte et l'arrière-pays, faisant du délicieux contraste de cette région une façon unique de ne jamais s'ennuyer.

mardi 25 juin 2013

Tant-BourrinMes disques de légende [3] : Pearls before swine - "The use of ashes"

1970. Un album d'allure bien austère arrive dans les bacs des disquaires (métier ancien, aujourd'hui disparu). Une pochette violette, avec au milieu un reproduction d'une tapisserie du XVème siècle : "La chasse à la Licorne". En haut, en lettre blanche : "Pearls before swine". Au-dessus de l'image, en lettres noires : "The use of ashes". Difficile de faire moins vendeur.

Et pourtant...


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jeudi 2 mai 2013

Tant-BourrinMes disques de légende [2] : David McNeil - "David McNeil"

1972. J'ai dix ans. Attention, là, c'est du sérieux, on attaque les souvenirs musicaux d'enfance, ceux d'un temps où la plasticité des oreilles, du cerveau, du cœur, rend les émotions indélébiles quand le four des années en fait durcir l'argile.

Un jour, un de mes frères aînés rentra à la maison avec un nouveau 33 tours qu'il venait d'acheter. Je n'y prêtai pas trop attention sur le coup : la musique était alors le cadet de mes soucis. Est-ce dès la première écoute que j'ai soudain été captivé ? Je dois avouer que je ne m'en souviens plus trop, peut-être la chose s'est-elle imposée progressivement, comme une perfusion subtile dans mes veines. Quel est le morceau qui a le premier attiré mon attention ? Là aussi, c'est le flou : l'histoire de Cynthia et du centaure ? Celle du capitaine fou qui largue ses bombes H sur une ville ? Celle des deux mille deux-cents cigarettes fumées ? Mystère.

Toujours est-il que ce disque allait vite devenir pour moi essentiel : quarante ans d'écoute et toujours la même émotion aujourd'hui.

Tout d'abord, il y avait cette pochette qui me fascinait.


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vendredi 8 mars 2013

Tant-BourrinMes disques de légende [1] : Catchers - "Mute"

L'exercice est périlleux, je le sais, qui consiste à faire du prosélytisme musical, à vouloir partager ses coups de coeur. Mes co-blogueurs vont bâiller d'ennui, la plupart des lecteurs zapperont, n'ayant pas plus d'une minute à consacrer à la lecture d'un billet; Mais tant pis, dussé-je bloguer dans le vide, j'ai décidé de présenter, de-ci de-là quelques-uns des albums qui me sont le plus chers, ceux qui brillent au firmament de mon Panthéon personnel, à tout jamais...

1994. La Britpop déverse son écume sur la plage de nos oreilles, avec son lot de perles (les Boo Radleys, PJ Harvey, Martin Newell...) et d'huîtres frelatées (Oasis). De l'autre côté de l'Atlantique, le catterpillar du grunge, qui dévastait tout sur son passage, voit son moteur caler avec la mort au parfum de plomb de Kurt Cobain.

Et puis, soudain, surgis de nulle part, il y eut les Catchers.

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lundi 19 septembre 2011

Tant-BourrinLa très aventureuse vie du Chevalier de Tant-Bourrin et de son écuyer Saoul-Fifre (Chapitre XVIII)

(lecture préalable des chroniques précédentes conseillée)

Où le Chevalier de Tant-Bourrin avance masqué

XIIIème siècle après Jésus-Christ - Quelque part dans le Royaume de France

L'étrange équipage cheminait cahin-caha, tout empoussiéré de volutes terreuses que le pas de leurs montures arrachait au chemin sec et caillouteux, sous les dards puissants d'un soleil médiéval.

En tête, l'écuyer Saoul-Fifre somnolait comme un bébé, bercé par les zigs et les zags de sa bourrique miteuse. Enfin, pour être plus précis, comme un bébé qui aurait ingurgité une bonne douzaine de pintes de mauvaise vinasse. Autour de sa face rubiconde et joviale, les mouches vrombissantes lui faisait une aura mordorée.

Derrière, loin derrière, le Chevalier de Tant-Bourrin, l’œil inquiet d'un lapin pris dans la lumière des torches, le col de son armure déstructurée relevé, la visière de son heaume-melon baissée, la tête entrée dans les épaules pour mieux se camoufler, laissait à son écuyer le soin d'ouvrir la route, par crainte de croiser le moindre gueux hilare, suite à sa dernière aventure. Son aura de gloire semblait définitivement en berne.

Soudain, Hippobert Canasson de Tant-Bourrin, pensif depuis un bon moment, sembla pris d'une soudaine résolution, fit stopper net sa monture et dit :

- Cela suffisoit ! Les miennes aventures s'arrestoient icy-mesme !

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jeudi 17 mars 2011

AndiamoLa comtoise

François Barroz, bien campé sur ses jambes musclées de montagnard endurci par les années de dur labeur, scrute l’horizon. Il voit monter derrière le pic de la Belle étoile de gros cumulonimbus annonciateurs d’orages, et ici, dans cette vallée du haut Bréda, ça n’est pas bon signe.

Dans le massif de Belledonne, quand l’orage éclate, ça ne fait pas semblant !

Les blés sont mûrs, songe-t-il, je devais moissonner demain avec Etienne, qui sera là avec son mulet… Cet orage va tout foutre en l’air ! Alors, lentement, il lève les bras vers le ciel, après s’être assuré que personne ne passait sur le chemin caillouteux en contrebas.

Ses yeux se révulsent, puis il marmonne une étrange litanie. Un éclair zèbre le ciel au dessus de « Roche noire », puis, lentement, comme aspirés par eux-mêmes, les nuages menaçants se résorbent et disparaissent tout à fait.

Un petit sourire satisfait au coin des lèvres, François rentre chez lui.

En ce début du vingtième siècle, le mobilier est modeste : une grande table, deux bancs, un bahut surmonté d’une crédence dans laquelle sont rangés la vaisselle et quelques ustensiles. Dans le fond de la pièce, une porte donnant sur la chambre, chichement meublée elle aussi.

Seul « luxe », près de la grande cheminée constamment alimentée, trône une horloge : une comtoise.

Ses flancs, en bois de châtaignier, sont généreux comme ceux d’une paysanne ayant mis au monde plusieurs enfants.

Elle est couronnée comme on dit, c'est-à-dire que le sommet n’est pas plat, mais comporte un chapiteau. La sculpture qui l’orne représente un bouc, cornes torsadées comme il se doit, et les pattes antérieures descendent de chaque coté de l’horloge.

Les lourds contrepoids, eux, sont en fonte, ils représentent une pomme de pin, et le joli balancier en bronze oscille au rythme des secondes qu’il égrène.

Ce qui surprend, c’est le silence ! Aucun tic-tac n’accompagne la danse régulière du disque doré.

Cette horloge ne varie pas d’une seconde, se plaît à dire François. L’horloger qui l’a fabriquée, voici plus d’un siècle, a eu les yeux crevés… afin qu’il ne puisse en faire une semblable. Cette horloge a appartenu aux Ducs de Savoie, ajoute-t-il avec un petit sourire narquois !

Bien sûr, aujourd’hui, on dirait : « encore une légende urbaine » ! La plupart des belles horloges présentes dans les grandes villes rapportent toutes la même légende !

Dans ce village blotti dans la vallée qui domine Allevard, on apprécie beaucoup François, un grand gaillard, costaud, toujours prêt à rendre service, souriant, et vaillant comme un mulet !

A son arrivée ici, il y a maintenant une quinzaine d’années, on se méfiait un peu.

Pensez donc ! Un bel homme dans la force de l’âge… Célibataire !

Quelques jeunes filles hardies avaient bien tenté de le séduire, lors des fêtes des moissons, ou de la Saint-Jean. Peine perdue ! Il dansait bien un peu, histoire de ne pas les vexer, mais il préférait s’attabler avec quelques bûcherons, ou paysans comme lui, et discuter de cette république qui décidément n’allait pas très fort, en éclusant quelques chopines d’un blanc de pays, fort âcre et piquant à souhait !

Quand, passant sur le chemin qui longeait sa maison, il apercevait un homme rentrant des champs situés plus haut, il ne manquait jamais de l’inviter à venir prendre un « canon ».

Une étrange impression de malaise saisissait l’invité dès qu’il entrait dans la grande pièce, et tout d’abord cette grande comtoise qui n’émettait aucun tic-tac !

C’est de la très grande précision, expliquait-il, les rouages sont si finement usinés qu’ils ne font aucun bruit, ce qui ne l’empêche nullement de bien fonctionner.

En effet, quand l’œil s’attardait un peu, on remarquait que la grande aiguille sautait d’un coup sur la minute suivante…. L’horloge fonctionnait parfaitement !

Un joli matin de mai, nul ne vit François. C’était un dimanche et, chaque dimanche matin à la sortie de la messe, François rappliquait dans l’unique café du village, s’attablait, alors en compagnie de Joseph, de Pierre, de Félix ou autre, il commandait une bouteille de vin bouché, c’était toujours lui qui régalait.

- Bah ! J’n’ai point d’bonne femme qui m’bouffe mes sous, alors j’peux ben vous en faire profiter, disait-il immanquablement !

On riait de bon cœur, puis on trinquait à la bonne santé.

Donc ce dimanche-là : point de François !

On s’interroge ; on s’inquiète ; on se met en route pour son logis.

La grande pièce est meublée, rien n’y manque, le balancier de la belle comtoise oscille comme à son habitude… Dans le silence.

Les jours ont passés, François n’est jamais reparu. Les gendarmes sont « montés » depuis Allevard, ils ont interrogé les habitants, nul n’a su dire ce que François était devenu.

L’enquête a conclu à un accident.

- Bah ! Il aura voulu aller taquiner la truite, aura glissé, puis se sera noyé dans le Bréda !

Le Bréda c’est le torrent qui descend la vallée à laquelle il a donné son nom, puis va se jeter dans l’Isère, à proximité de Pontcharra, dans la riante vallée du Grésivaudan. Cette généreuse vallée circule entre les massifs de Belledonne, Chartreuse et Vercors.

Certes la mairie n’est pas bien grande, a déclaré Antoine Ruaz le maire, mais ce serait bien de récupérer l’horloge, puisque ça fait maintenant deux ans que François a disparu, ainsi elle servirait à tout le monde ! Et puis, si par hasard un héritier se présentait, on la lui rendrait !

Cette proposition fit l’unanimité. Sans perdre de temps, deux hommes forts de la commune partirent chercher la comtoise.

Ils la soulevèrent, encouragés en cela par quelques curieux venus assister au spectacle.

Bien que personne ne s’en occupât depuis deux ans, elle fonctionnait toujours !

Charles et Félix soulèvent à grand peine la belle horloge, puis la portent comme on le ferait pour un cercueil. Charles descend le perron à reculons… Soudain son pied manque une marche, il titube, perd pied, part à la renverse, n’a que le temps de s’agripper à la rambarde pour ne pas s’affaler !

La comtoise choit lourdement, le bois éclate, le balancier se décroche, émet un bruit cristallin en heurtant une marche, le boîtier contenant le mécanisme s’ouvre…

Il est vide ! Aucun rouage, aucun ressort, nulle trace de pivots ou d’axes… Rien !


Mars deux mille onze, tout en haut d’une tour de la Défense, François Barroz, P.D.G de la « Time box corporation Ltd. » regarde Paris qui s’embrase dans le couchant, un spectacle qui l’enchante, et dont il ne se lasse pas.

Dans son dos, une pendule « design », comme on dit aujourd’hui, affiche l’heure d’une manière très « digitale ». Au-dessus, juste au-dessus, une tête de bouc très stylisée, en inox brossé du plus bel effet….




Marie de cabardouche avait publié, il y a un petit moment, un billet relatif aux comtoises. Ce billet m’a inspiré cette petite histoire.

jeudi 27 janvier 2011

Mam'zelle KesskadieYATVLP

Tout commence quand on fête ses 50 ans. N'essayez pas d'y échapper, les conjoints, amis, font des surprises partys pour être certains que vous allez fêter ça. Les mécréants. Ça continue avec des pertes de mémoire. Des lunettes de lecture. Des questions style : "avez-vous votre carte de rabais de l'âge d'or ?" On recommence à trouver les petits bébés intéressants, surtout qu'on ne peut plus en avoir. Notre fille nous demande de ne pas sortir à tel bar et tel bistrot, parce qu'elle y va. De toute façon, on pourrait pas y aller, parce que fiston est parti avec notre auto. On est cassée comme lorsqu'on était étudiant au Cegep parce que nos enfants sont étudiants au Cegep, et ce n'est plus seulement que nos boucles d'oreilles qui disparaissent des tiroirs, mais aussi les condoms. Bof, de toute façon, ça nous tente moins qu'avant.

Bref, arrive le moment pénible, mais auquel on s'habitue, de la visite médicale. Les questions changent aussi avec le temps. Notre principale préoccupation n'est plus ce qui se passe en bas du nombril, mais en plus bas : nos genoux font mal, y a des orteils qui ne rentrent plus dans les souliers. Et v'là tit pas que des tests s'ajoutent :

La mammographie.

Chanceuse que je suis, cette année, il a oublié les tites bouteilles pour le dépistage du cancer du colon dont je vous épargne la procédure.

LA MAMMOGRAPHIE : cours d'introduction aux procédures avec histoire de cas, la mienne.

Gardons en tête, ici, que ce que les hommes remarquent en premier chez moi c'est :
1. si je ne suis pas visible et qu'ils ne sont pas sourds, mon rire.
2. si je suis visible, ce n'est pas mes yeux, mais le triple D qui s'ajoute au descriptif de ma pointure du soutif. Les lettres devraient être: YATVLP. je vous laisse compléter l'acronyme.

Le test débute le matin par les précautions à prendre : pas de déodorant, pas de poudre, pas de parfum. La journée va être longue pour mes collègues, mon rendez-vous est à 15:00. Et innocente comme je le suis, j'ai un dîner de copines ergo. j'aurais donc dû réserver dans un resto végétarien qui sent l'encens ou dans une pataterie, question de masquer les odeurs ! Mais non : au St-Hubert. On va être six.

Simonac.

Une chose à la fois : ce qu'on va mettre pour la journée mémorable. Je prends quelque chose qui ne me fera pas trop suer. Non, pas de robes, mais une jupe, on n'oublie pas qu'on va enlever le haut. Tiens, il y a longtemps que j'ai pas mis cette jolie petite blouse blanche.

Pertes de mémoire, vous dis-je, je m'en vais manger au resto : St-Hubert, sauce, blouse blanche, YATVLP.

J'arrive donc plus tôt pour m'assurer d'une table décente. J'ai bien fait, elle veut squezeer six femmes matures autour d'une table qui sans être minuscule, nous permettrait d'apprécier l'épilation faciale de chacune sans mettre de lunettes de lecture. On se souvient que si je ne suis pas à jeun pour le test, j'ai omis une partie de la routine matinale qui maintient les liens sociaux j'ai nommé : le déodorant. Vous en doutez ? Ciel, vous n'avez pas eu d'ados rébarbatifs à la douche assis à côté de vous dans l'auto par une belle journée chaude récemment ? Eh bien, sachez que j'ai failli ne plus en avoir, une chance que sa porte était barrée, il a échappé à l'expulsion.

Donc, St-Hub, blouse blanche, déo zéro, et cinq copines, dont la nouvelle ergo qui se joint à l'équipe. Précaution première : la bavette. N'écoutant que mon orgueil, je déploie élégamment mon châle sur le devant de ma personne, c'est fou ce qu'il fait frais dans un St-Hub ! Tout le monde travaille, on n'a que une heure pour manger, donc pas trop le temps d'empester, tout va bien.

Deuxième étape : la mammographie. Se rendre à l'hôpital à temps. Difficile d'oublier, je ne pense qu'à ça. Je trouve un stationnement, je me rends au troisième étage. Zut, pas de mammographie. Un service de dialyse je crois, la physiothérapie et l'ergothérapie. Étant ergothérapeute de profession, je supplie le ciel en l'interpellant, crisse ! Pourvu que personne que je connais ne me sente, je veux dire, me voie !

Doutes, suspicions et inquiétudes dévorantes : auquel des deux hôpitaux de notre belle région, hôpitaux qui portent le même nom pour ne pas faire de chicanes entre les médecins et créer un sentiment d'appartenance aux deux endroits pour le personnel médical et pour confondre la population, auquel des deux services, m'interrogeais-je dans le doute et la sueur dont l'aisselle non préservée me titstaillait la narine et la préoccupation, devais-je présenter mon YATVLP ?

Un long moment de solitude, il me reste cinq minutes pour éclaircir le malentendu, faire 15 minutes de route, 15 minutes de stationnement si je me suis méprise, le tout , dans la joie, la bonne humeur et sans déo.

La dame aux renseignement, après un long moment où elle tourna le dos à ma personne, se retourna, je ne sais si c'est pour s'enquérir de la provenance de l'effluve douteuse ou pour reprendre son devoir, déploie sa science en m'indiquant que c'est au deuxième étage. Heureuse femme qui est derrière sa vitre, se protège des voleurs de sacoche, des virus de grippe et des odeurs de la clientèle.

Arrivons donc aux faits et au deuxième étage. Moment de suspense. Je tends ma feuille, tremblante et à bout de bras à la secrétaire en espérant que je suis à la bonne place. Mais oui ! Tout n'est pas perdu !

Joie de courte durée, le temps de suivre les tites flèches blanches sur le plancher qui m'amène à une porte fermée, mais avec une pancarte qui donne la marche à suivre.

1. Déposer la requête dans la boîte ici présente. tchek.

2. Se déshabiller. on va attendre un peu pour le tchek.

3. Mettre la jaquette ouverture dans le dos. (Heu... je suis bien au service de mammographie. Me semble qu'ils prennent la radio par en avant ???) On va attendre pour le tchek pour celui-là aussi, j'cré ben.

4. Si ce n'est pas déjà fait, enlever toute trace de poudre, de déodorant ou de parfum à l'aide de débarbouillets fournies dans la salle de jaquettes. bon, ils ne disent pas de traces de sueur, mais je ne veux pas avoir la mort par suffocation de la technicienne sur la conscience, pour ne pas dire, sur la poitrine, je vais tchéquer là aussi. Par contre, avoir su, simonac, je ne me serais pas privée ainsi que mon entourage, du confort moderne toute la journée !

5. Revenir s'assoir et remplir le formulaire. Pas de problèmes, on va faire ça.

Salle de déshabillage, jaquettes, je choisis la jolie mauve. Petite salle de déshabillage, on size fit all, et c'est pas mon size fit all. Mais bon, on fait avec. Petite jaquette mauve.. oups ! Ne prenez pas la tite jaquette mauve, ni fushia. Elles deviennent transparentes au lavage, et ciel qu'elles sont lavées souvent ! Donc, je rajoute jaquette bleue standard par dessus, et je sors pour remplir le questionnaire. Tchek.

Une page de; Avez-vous ... écrit avec des caractères aussi grands et gros que ceux des bouteille de pilules. NOTE À L'ADMINISTRATION DE L'HÔPITAL: Les mammmographies s' adressent principalement aux femmes qui portent des lunettes de lecture et qui ont des pertes de mémoire, qui vous dit qu'elles ont pensé les mettre dans leurs sacoches après avoir lu un menu de ST -Hub? han bon, une chance que j'en ai trois paires, j'en ai trouvé une.

Ensuite, on attend, dans l'angoisse et en jaquette bleue.

La technicienne apparait et dit notre nom. Ici, on a le choix de faire semblant que c'est pas à notre personne qu'elle s'adresse et que nous sommes assises en jaquette par hasard et pour lire un roman, on peut faire semblant de chercher nos lunettes dans la sacoche (penser à les enlever de dessus de notre tête avant) ou dire: Bbbbbbon jour.

Soyons brave et qu'on en finisse.

Première étape: enlever la jaquette. Me semblait aussi que par en arrière....

Deuxième étape: Elle prends deux petits cercles autocollants, verts, du genre que l'on mets autour des trous de feuille de cartable pour ne pas que la feuille se déchire sur l'anneau et nous les tends.

Malheureuse, non! ce n'est pas pour mettre sur votre feuille de questions que vous lui avez tendues. c'est pour les mettre sur vos mamelons, question que le radiologiste sache où ils se trouvent sur la radio.

Un long moment de solitude pendant que la technicienne lit votre questionnaire, et que vous attendez debout, en jupe, torse nu, avec les mamelons décorés en verts. Avez-vous déjà eu peur de la caméra cachée ?

Vient le moment fatidique de l'examen. Imaginez une tablette en stainless steel, hauteur de la poitrine. La technicienne va essayer de faire fitter votre tablette sur la tablette.

Première étape. Levez le bras en l'air, l'autre comme ça. Ensuite, elle s'empare d'un sein à la fois et l'installe. En la voyant soulever ma masse, j'eus la pensée : j'espère qu'elle a eu son PDSB (programme de déplacements sécuritaires, bref, de déplacer les poids pesants). Il s'agit également de coller le plus la tablette avec notre corps, de tourner notre tête à l'est, de regarder au nord, de placer nos pieds vers le sud (j'exagère, mais je vous jure, c'est l'impression qu'on a). Voilààaàaàaàaàaàaà. Et elle fait descendre le presse-toton. Ici, plusieurs légendes urbaines circulent. du moins, je croyais que c'était des légendes.... mais c'est vrai qu'ils squeezent l'appendice en espérant en faire une galette. je pense que c'est une procédure subventionnée par les chirurgiens esthétiques, question de recruter de la clientèle post tests. Par contre, ça ne fait pas mal. le plus dur, c'est de ne pas rire en pensant à vos copines qui sont moins nanties que vous et qui vont se faire étirer la petite chose sans avoir rien à étirer.

Et oups, indications de ne pas respirer, on prend la radio.

Quand elle a donné la dernière instruction, j'étais déjà en hyperventilation. Heureusement que la presse à toton me tenait solidement debout, je me serais écroulée.

Et on recommence pour l'autre côté. et on remets ça pour en faire une en angle. Et on finalise avec l'autre côté en angle.

C'est tout!

Vraiment pas de quoi en faire un plat, encore moins, un paragraphe de dissertation. :-)

À la prochaine!

P.S. : YATVLP c'est l'acronyme de Y AS TU VU LA PAIRE ? Et ça se dit quand on me paye un café! loll

mardi 9 novembre 2010

AndiamoDéfoulez-vous !

Vous souvenez vous Mesdames et Messieurs des dessins d’ASLAN, qui paraissaient dans :

le magazine de l’homme moderne ?

Comment Messieurs ?

Vous n’avez jamais regardé les créatures qui figuraient en double page dans des tenues minimalistes ?

Ouais, vous l’achetiez pour les articles politiques qui y figuraient… Bien sûr, tas de faux culs ! Quand j’ai fait ces ch’tiots crobards, mon épouse est arrivée derrière moi et a déclaré :

- KESTUFOUS ?
- Je travaille…
- Devant des femmes à poil ?
- Ben oui, j’essaye de les dessiner.
- C’est pour Blogbo ?
- EH OUI !
- Bon courage !... Tu ne fais pas un métier facile.
- Je sais…. Soupir !

Faut-il que je vous aime, Mesdames, pour vous dessiner sans cesse, même si je vous égratigne un peu, mais c’est pour mieux vous consoler ensuite.

Sous chaque dessin, j’ai écrit une petite légende, comme Aslan le faisait (en toute modestie, n'ayant ni son talent, ni sa maestria). Je vous propose d’en écrire d’autres, et là je compte sur vous, afin que l’on se marre un peu (beaucoup).

Je vous fais confiance, sachant que vous avez l’esprit suffisamment tordu pour cela !



1) Les femmes qui s'en balancent ne s'en foutent pas forcément.



2) J'ai parcouru vos romans d'un derrière distrait.



3) Entre ici, Jean Moulin !



4) Se déculotter, ça n'est pas toujours manquer d'audace.



5) Le plus intéressant quand on étudie le Q.I chez une femme : ça n'est pas le i .



6) L'une de mes préférées : quand la poitrine est menue... Les mains sont plus près du coeur.



7) Et bien sûr le corollaire de la précédente : abondance de biens ne nuit pas.

mardi 10 août 2010

Tant-BourrinCroisez-vous les méninges ! (7)

Au plus fort de la torpeur estivale, alors que l'encéphalogramme de la blogosphère confine à une belle droite horizontale, je ne me sentais pas de vous pondre un billet sur l'apport de la phénoménologie heideggérienne à la théorie quantique de l'électromagnétisme, car je pressens que les neurones des rares lecteurs encore présents devant leur écran doivent avoir la tonicité d'un lombric gavé de Lexomil.

Ne pouvant toutefois renoncer totalement au mien sacerdoce qui consiste maintenir votre maigre reste d'intelligence hors de l'eau, je vous ai mitonné une petite blogbogrille de mots croisés. Et comme je vous soupçonne en sus d'être cossards et défaitistes, j'y suis allé mollo au niveau de la difficulté : vous devriez donc éviter le claquage de synapse.

Voilà la grille en question. Histoire de laisser tout le monde jouer, merci de ne pas donner vos réponse dans les commentaires, mais de me les envoyer par mail à blogborygmes(at)club.fr, en remplaçant (at) par un bel arobase (je précise pour les mal comprenants). Les bonnes réponses vaudront à leurs auteurs la gloire et l'admiration de tous...

Et pour éviter que quelques blondes ou quelques soûlauds parmi notre lectorat n'écrivent au stylo-feutre sur leur écran, voilà un beau fichier pdf avec la grille et les définitions prêtes à l'impression. Elle est pas belle, la vie ?

Allez, hop, c'est parti !





Horizontalement :

  1. Qui s’y frotte s’hippique !
  2. Fit une tant-bourrinade – A la tête d’Israël – Pleine de bonnes résolutions
  3. A tendance à faire l’œuf – Comme un lundi, mais en pleine révolution
  4. Permet de filer à l’essai – A tendance à faire des crânes d’œufs – Point de chute embêtant
  5. En ménage à trois
  6. Un morceau de légende – Bande, mais tout en finesse
  7. C’est d’un comme un !
  8. Elle finit au poste en Italie – A donc l’herbette
  9. Grands déballages

Verticalement :

  1. Des potes à Tant-Bourrin ?
  2. Sa pluralité est semble-t-il problématique
  3. Saine mais dans un sale état – Il peut facilement devenir gonflant
  4. Tourne à Hollywood
  5. Avant propos – Grecque prise par derrière
  6. Revers à revers - Enfile
  7. Tel un pipiduc
  8. Il se traite à la baguette
  9. Un sacré type – Hasard, vous avez dit hasard ?
  10. Avec elle, l’apathie n’est pas en danger
  11. Enfilées chaque nuit et abandonnées au petit matin

lundi 8 février 2010

AndiamoAm stram gram

Petit, plutôt chétif, les cheveux en bataille, pas plus con que la moyenne, pas plus malin non plus, Lulu détestait les jeux brutaux tels que le foot, la balle au prisonnier ou les bagarres, même "pour rire"…

Lulu préférait raconter les films qu’il n’avait pas vus, quelques photos en noir et blanc placardées sur la façade de ses cinémas de quartier, bien à l’abri dans leurs cadres fermés par une vitre.

Il rêvait devant les Jane Russel, Joan Crawford et autres Maureen O’Hara, ou Cyd Charriss et ses jambes interminables.

Il n’était pas le souffre-douleur de ses copains, loin de là, mais on ne le choisissait jamais pour être l’équipier lorsque se disputait une partie de gendarmes et de voleurs.

Alors, dans la cour de récré, il se calait dans un coin du perron menant aux classes et racontait à un copain aussi freluquet que lui le dernier film avec Lana Turner. L’autre l’écoutait, les yeux écarquillés, la bouche béante, admiratif de celui qui chaque semaine allait au cinoche !

Mensonge, bien sûr ! Il y allait parfois, mais pas aussi souvent qu’il voulait bien le raconter.

Celui qui l’agaçait le plus dans cette petite cour d’école de banlieue, avec ses platanes bien rangés comme à la parade, c’était Riton, le fils du bijoutier : un crâneur, comme on disait à l’époque. Aujourd’hui, on dirait : un bouffon !

Toujours un beau tablier noir avec un petit liseré bleu marquant le col, un joli cartable en cuir, impeccable, il n’allait pas chaque fin d’année chez le bouif pour se faire raccommoder. Non, un neuf à chaque rentrée des classes, et puis des bonbecs plein les glaudes, ça agaçait profondément Lulu.

Un matin, à la récré de dix heures, il se retrouva dans le coin près du préau en compagnie de Riton. Tous deux avaient été attirés par un petit morceau de papier jeté à terre. En s’approchant, ils virent que c’était une image : elle représentait Buffalo Bill chassant les bisons. Cette image faisait partie d’une collection que l’on se procurait en achetant des tablettes de chocolat "Delespaul Havez", une marque aujourd’hui disparue…

- Je l’ai vu en prem', s’écria Lulu.

- Non, c’est moi, répliqua Riton.

- On va pas s’ bagarrer pour une image, on va la jouer à la comptine, proposa Lulu.

- Ouais, acquiesça Riton.

Mais au lieu de la sempiternelle :

Une vache qui pisse dans un tonneau
C’est rigolo
Mais c’est salaud !

... Lulu, en fin stratège, proposa l’am stram gram, en prenant soin de commencer par lui : il savait d’expérience que lorsqu’ on est deux, le GRAM final tombait sur l’adversaire.

- Le dernier touché est éliminé, avait-il pris la précaution d’annoncer.

- D’ac’, avait rétorqué le nanti.

- Am stram gram
Pic et pic et colégram
Bour et bour et ratatam
Am stram gram.

A peine le doigt posé sur Riton, le GRAM prononcé, ce dernier dans un petit nuage bleuté disparût ! Volatilisé, désintégré, ventilé…

Lulu était là, planté dans le coin du perron, interloqué, il connaissait des rapides à la course à pied... Mais là !

Alors il se baissa, ramassa l’image, l’enfouit dans sa poche au moment où Monsieur le directeur sifflait la fin de la récré.

On l’a cherché, le fils du bijoutier ! Au début, on a cru à une fugue, même à un enlèvement par des Bohémiens, les légendes avaient la peau dure à cette époque, mais rien. Les flics sont venus enquêter, jamais on a interrogé Lulu. Personne ne l’avait vu coincé entre le perron et le préau en compagnie de Riton. Et puis, avec son air candide, nul ne l’aurait imaginé perpétrant un mauvais coup. Pas comme ce Camille ou ce Bébert, des durs, les terreurs de la cour de récré, on les a cuisiné le rouquin et le tondu… En vain.

Les parents ont beaucoup pleuré, le temps a passé, mais Lulu gardait enfoui, au creux de son estomac, le petit nuage bleuté.

A douze ans, il était au cours complémentaire - on ne parlait pas de collège alors -, en cinquième, une scolarité normale, sans éclats, piano, piano…

Ma che va piano va sano… Comme le disait son Rital de Papa. Les profs étaient plutôt sympas, à l’exception de cet enfoiré de "Néron". C’est ainsi qu’ils surnommaient le prof de maths, à cause d’un pébron de la taille d’une grosse fraise, fruit d’une longue et patiente métamorphose due au Beaujolpif dont il était friand !

Un beau matin, Néron, suite à un cours magistral sur les propriétés géométriques des parallélépipèdes rectangles, s’adressant à Lulu, lui demanda :

- Un quadrilatère qui a ses diagonales ayant le MÊME milieu est un…

- Euh… balbutia Lulu, la tête baissée sous le regard de Néron.

- C’est un parallélo… commença l’imposant prof, tandis que sa lourde main s’abaissait pour une pichenette sur le sommet du crâne ignorant de Lulu.

Dans un réflexe de protection, Lulu mis sa main sur sa tête tandis qu’il finissait le mot amorcé par Néron.

- GRAMME ! lâcha-t-il au moment où la lourde main touchait la sienne.

PFFTTT ! Un petit nuage bleuté et Néron disparut… Volatilisé, désintégré, ventilé…

Immédiatement, Lulu songea à Riton. Merde, ça recommençait ! Et là, toute la classe avait vu le prodige, le miracle.

Un immense fou rire agita la très sérieuse cinquième B, attirant "Bobosse", le prof de Français, qui donnait son cours dans la classe adjacente.

- Mais où est Monsieur Trouilland ? Vous avez Mathématiques à cette heure ?

- Ben, on sait pas, répondirent en chœur les angelots.

Une enquête fut menée et n’aboutit pas, bien sûr. De ce jour, les enfants regardèrent Lulu différemment : mi-crainte, mi-respect. Un mec capable de faire disparaître cent soixante-dix livres de barback bien fraîche, comme ça d’un coup, c’était louche… très louche.

Alors la vie a continué de couler tranquille pour Lulu, études arrêtées à la cinquième, puis une école de comptabilité. Un C.A.P. au bout de trois ans, pas glorieux, pas foireux non plus, le lot de beaucoup de jeunes de l’époque. Au boulot à dix-sept ans, juste assez d’argent pour une Vespa d’occasion, et quelques billets pour la gambille du samedi soir, et même parfois une soupe à l’oignon aux halles… La fête Elisabeth !

Ce bureau tristounet dans une boîte d’Aubervilliers, de grandes fenêtres grillagées, un chef de service qui fumaient des Boyards dégueulasses. Il rallumait ses clopes à longueur de journée et venait donner ses ordres sous le pif de Lulu. Il y a des matins où il lui aurait gerbé dans les bacchantes, tant le remugle lui soulevait le cœur.

Un lundi matin, encore fatigué par son week-end passé à gambiller, Lulu arrive au bureau. Le blaireau (c’est le surnom qu’il donnait à son chefaillon) se pointe, l’œil mauvais, le "boyard" humide à force d’être machouillé.

- Vous avez vu vot’boulot ? C’est quoi cette organisation ?

- Organigramme, rectifia Lulu en posant sa main sur l’avant-bras de son chef…

Petite fumée bleue et PFFFTTTT… plus de blaireau. Volatilisé, désintégré, ventilé…

Ils étaient seuls dans la pièce à ce moment-là, pas de témoins.

Encore une fois, une enquête qui se termina en eau de boudin. Il faut dire que se décarcasser pour retrouver un vieux garçon de cinquante-huit balais, fumant des boyards, n’avait rien d’excitant.

Lulu commençait sérieusement à croire en son super pouvoir, il s’en amusait même, car il avait testé sur une de ses petites amies, à l’occasion d’un jeu en dernière page d’un magazine : des mots étaient "emmêlés", il fallait en retrouver le bon sens.

- C’est quoi ce truc ? avait questionné Nicole.

- Une anaGRAMME, avait répondu Lulu en lui souriant, et en posant sa main sur son épaule.

Rien ne s’était produit, il en avait conclu que le phénomène ne se produisait qu’avec les gens qu’il détestait, cela le rassura.

Un dimanche matin, Lulu, la quarantaine, marié, deux enfants, garçon et fille, respectivement douze et huit ans, va faire son marché. Un mot aimable à son fruitier, un petit sourire à la crémière, et enfin la file d’attente devant l’étal du boucher. La mine renfrognée, Lulu attend.

Il observe son boucher, un gros rougeaud adipeux, qui lui coupe toujours des morceaux beaucoup plus gros que la quantité demandée.

- Alors, qu’est-ce que je lui sers au p’tit Monsieur ?

- Un rosbeef d’une livre, s’il vous plaît.

- Et ce sera TOUT ? interroge le louchébèm' avec un petit air de dédain.

- Ben oui…

La viande enveloppée dans son papier, le boucher la pose sans délicatesse sur la balance :

- Y’a six cent soixante-dix grammes… J’fais c’que j’peux hein ?

- Ouais, en attendant, c’est moi qui paye les GRAMMES supplémentaires, répond Lulu, en touchant la main qui lui tend le paquet…

Petite fumée bleue et PFFFTTT….Volatilisé, désintégré, ventilé…

La bouchère hurle, elle a tout vu, ses gros nichons ballottent tandis qu’elle se précipite là où était son boucher de mari trois secondes plus tôt.

- Qu’essse que vous lui avez fait à mon Maurice ? Hein ?

- Mais rien, je ne sais pas, il était là et puis PFFFTTT plus rien, vous avez vu n’est-ce pas ?

- Oui, j’ai vu et j’comprends pas.

Comme d’hab… L’enquête n’a pas aboutie.

Après avoir testé au cours des mois suivants, et toujours avec succès, les programmes, diagrammes, hologrammes et autres électrocardiogrammes, il s’était débarrassé d’un grand nombre de connards qui pourrissaient sa vie.

Un soir, un ultime audiogramme envoya ad patres une harangère qui l’avait vertement invectivé, à cause d’une bousculade dont il n’était pas responsable, et qui lui hurlait dans l’oreille des injures dignes d’une Madame Angot. Il lui avait saisi le bras en lui conseillant d’aller se soumettre à un audiogramme.

Petite fumée bleue et PFFFTTT… Volatilisée, désintégrée, ventilée…

Rentré chez lui, le sourire aux lèvres, heureux de son dernier "exploit", après avoir embrassé son épouse, il se rend dans la chambre de sa fillette, petit bisou, puis direction la chambre de Christian son fils.

Ce dernier, sagement installé devant son bureau, le "BLED" ouvert devant lui, peine laborieusement sur un exercice de grammaire.

- Alors garçon, ça va ?

- Ah non, pas du tout ! répond-il en posant sa main sur la main de son père. Fait ièch' le Deblè avec ses exercices de reGRAM' !

Petite fumée bleue et PFFFTTT…. Lulu : volatilisé, désintégré, ventilé…





Pour Françoise (et les autres), ce petit rajout suite à ton commentaire...

(ch'tiot crobard Andiamo pour blogbo)

lundi 18 janvier 2010

Saoul-FifreLes vieux papillons

Je n'ai pas eu d'Alphonse Bonnafé parmi mes profs. Bonnafé, prof de Français de Brassens au Lycée Paul Valéry de Sète, le poussa, l'encouragea à écrire, à monter à Paris. Il lui conseilla la rigueur - il fut écouté ! - et l'étude des poètes.

Mes rapports avec mes profs de français ou de philo furent neutres. Mes notes étaient correctes mais je ne supportais pas que l'on cherche ainsi des poux dans la tête des grands auteurs, qu'on leur décortique le processus de création au risque d'en déflorer la magie.

Je tenais à conserver ma relation d'admiration pure, pétrie du plaisir de la lecture, de la découverte ébahie des grands poètes, être en contact direct avec leur génie, sans passer par l'analyse académique.

Les auteurs qu'on me forçait d'apprendre, je les regardais avec suspicion. J'ai ainsi repoussé de plusieurs années ma découverte de Boris Vian car "il était au programme". Une fois dépassé ce blocage, je me suis avalé goulument et avec délectation son intégrale.

J'ai fait par contre de nombreuses découvertes grâce à Brassens. René Fallet, bien sûr, dont j'ai tout lu, jusqu'à la dernière note de bas de page. Et puis tous les poètes que Brassens a mis en musique, manière de nous dire : "Vous dites que mes petites chansons vous plaisent, mais écoutez-moi ça si c'est pas du lourd ?".

Et en vrai modeste, pour que l'hommage rendu soit imparable, il réservait ses plus belles mélodies à ses "invités". Ses mises en musiques de poèmes font partie des chansons de lui que je préfère : les petits bijoux de Paul Fort (La marine , Comme hier, Le petit cheval , Si le bon dieu l'avait voulu...), Victor Hugo (La légende de la nonne...), Lamartine (Pensée des morts), Villon (La ballade des dames du temps jadis), Antoine Pol et son sidérant Les passantes (j'ai mis la belle version de Cabrel, comme le pauvre Francis a été étrillé ici même pour son malencontreux "gare au gorille, gare"), si sensible, si prenant, et puis ... et puis ...

... Jean Richepin, avec ses "Philistins" qui m'ont fait jubiler, et, vers la fin, un peu comme une guigne sur un Forêt Noire, je crois que c'est dans le 12ième album, son incomparable Oiseaux de passage, plaidoyer enthousiaste pour l'anarchisme contre la bourgeoisie, pour la liberté contre la servitude, métaphore revigorante des sauvages planant au dessus des contingences quotidiennes et banales dans lesquelles se vautrent les "domestiques".

Appâté par un si bel extrait, j'ai acheté sa "Chanson des gueux", à Richepin, un chouette recueil qui nous chante les gueux de Paris itou les gueux des champs.

Et j'ai la faiblesse, moi nul en musique, de vouloir imiter le Maître et si un texte me plait, d'y plaquer dessus une poignée de notes de musique. Il faut absolument que je me corrige. Cette histoire de "vieux" papillons m'a fait sourire car leur vie est bien brève, seulement quelques heures, c'est pas bien de se moquer des papillons.

Allez, une chanson de plus pour la Calunette, de la part de son inconséquent parrain.

Poème de Jean Richepin

Musique de Saoulfifre

Un mois s'ensauve, un autre arrive.
Le temps court comme un lévrier.
Déjà le roux genévrier
A grisé la première grive.
Bon soleil, laissez-vous prier,
Faites l'aumône !
Donnez pour un sou de rayons.
Faites l'aumône
A deux pauvres vieux papillons.

La poudre d'or qui nous décore
N'a pas perdu toutes couleurs,
Et malgré l'averse et ses pleurs
Nous aimerions à faire encore
Un petit tour parmi les fleurs.
Faites l'aumône !
Donnez pour un sou de rayons.
Faites l'aumône
A deux pauvres vieux papillons.

Qu'un bout de soleil aiguillonne
Et chauffe notre corps tremblant,
On verra le papillon blanc
Baiser sa blanche papillonne,
Papillonner papillolant.
Faites l'aumône !
Donnez pour un sou de rayons.
Faites l'aumône
A deux pauvres vieux papillons.

Mais, hélas ! les vents ironiques
Emportent notre aile en lambeaux.
Ah ! du moins, loin des escarbots,
Ô violettes véroniques,
Servez à nos coeurs de tombeaux.
Faites l'aumône !
Gardez-nous des vers, des grillons.
Faites l'aumône
A deux pauvres vieux papillons.

samedi 19 décembre 2009

Tant-BourrinBrouillon de culture (6)

Après les premiers numéros (le 1, le 2, le 3, le 4 et le 5), il semble que vous n'êtes pas rassasiés et que vous en demandez encore.

Comme je ne sais pas résister à mes chers lecteurs et lectrices et que je sais que votre niveau culturel frise le néant et a cruellement besoin d'être élevé, voici donc un nouveau numéro de "Brouillon de culture", le billet qui fait briller les neurones !

Un "Brouillon de culture" aujourd'hui consacré aux séries de légende qui ont marqué l'histoire de la télévision...





Starsky et Hulk

Cette série mythique met en scène deux policiers californiens. L'un, Starsky, a grandi dans les rues de New-York et est très extraverti alors que son acolyte, Hulk, est généralement plus réservé, sauf quand il se met vraiment en colère.

Au cours des différents épisodes de la série, ils résolvent toutes les affaires qui leur sont confiées avec des méthodes peu conventionnelles et plutôt musclées. Ainsi, quand il s'agit de soutirer des aveux à un suspect, Starsky a-t-il l'habitude de glisser à l'oreille de Hulk que ledit suspect l'a traité de gros vilain, ce qui a pour effet de rendre Hulk vert de rage et lui donne l'énergie nécessaire pour la conduite de l'interrogatoire.

Malheureusement, leurs aventures s'achèvent quand Hulk est renvoyé de la police après qu'il lui ait été reproché d'avoir détérioré 214 uniformes au cours des six mois précédents.





Ma saucière bien aimée

Cette série culte était censée raconter sur plusieurs saisons la passion fétichiste d'un pervers, nommé Jean-Pierre, pour une saucière en porcelaine.

La série dut toutefois être réduite à un seul épisode après que Jean-Pierre, en voulant se gratter le nez, eût laissé choir la saucière vedette qui se brisa en mille morceaux. Craignant le courroux du réalisateur, l'acteur principal disparut immédiatement comme par magie, mettant définitivement fin au projet...





Julie l'escarre

Cette série phare entame sa quarante-troisième saison avec toujours autant de succès. Julie l'escarre, une femme commissaire de police essayait, lors des premières saisons, de concilier son métier stressant et sa vie de famille. Les années passant, les personnages et le cadre général ont peu à peu évolué : la plupart des enquêtes se déroulent désormais dans l'enceinte de la maison de retraite "les glaïeuls" où réside Julie. Elle y résoud toutes sortes d'affaires ténébreuses : vol de dentiers, contrefaçons de couches Confiance, traffic de camomille, etc.

La durée des épisodes a toutefois due être allongée à trois heures, les déplacements de Julie l'escarre n'étant plus aussi rapides qu'autrefois depuis qu'elle course les malfrats avec son déambulateur.





Zozo

Le jeune Don Sarko de la Vulga mène une double vie : anodine la plupart du temps sous sa vraie identité, mais héroïque quand il devient Zozo, l'injusticier masqué. Avec l'aide de son fidèle serviteur Fillono, que l'on n'entend jamais parler car Don Sarko le tient éloigné des micros, Zozo n'a de cesse d'aller combattre la justice sociale partout où il en reste quelques traces, en signant des textes de loi iniques d'un Z qui veut dire Zozo. A noter la présence dans la série d'un personnage grotesque, principale adversaire de Zozo : la sergente Ségo la Garcia, qui échoue dans toutes ses tentatives pour niquer Zozo.

samedi 27 juin 2009

AndiamoMauvaises blagues

Il y a des jours comme ça on l'on se sent non pas orphelin, car ces deux personnages étaient bien plus jeunes que moi, alors je vais dire amputé.

Le premier: une bête de scène, un musicien exceptionnel, une originalité, un style n'appartenant qu'à lui.

La seconde, avait enchanté mes années soixante-dix, blonde flamboyante, sourire lumineux, et gaulée comme une princesse de légende !

J'ai désiré entre deux billets me recueillir un petit instant, j'ai gribouillé ces deux portraits, je n'ai pas eu trop le temps de m' y attarder, de peaufiner, mais bon, l'intention y est, et n'est-ce pas ce qui compte ?

Tout d'abord, place à la musique.



C'est un bien mauvais thriller que tu nous a fait là !



Tu sais Madame : aujourd'hui tu n'es pas drôle du tout, mais alors pas du tout.

Dessins Andiamo pour Blogbo.

Samedi 27 / 06 /09 :

P-S : ce matin je rajoute ceci :

Ne pensez pas que je cautionne l'homme Michael Jackson, je rends simplement hommage au musicien... Qu'on se le dise !

mardi 23 juin 2009

AndiamoLes gardiens de l'Iroise

Une petite musique pour accompagner...



L’Iroise, un bien joli nom, ça ressemble un peu à turquoise, cette jolie pierre précieuse bleue.

L’Iroise, c’est la mer qui borde le Finistère, là où finit la terre à la pointe ouest de la Bretagne… BREIZH en breton, une langue rude et belle à l’image des femmes et des hommes qui la peuplent.

La pierre, les rochers, les récifs parsèment cette mer, d’un bleu profond, sans cesse en mouvement, belle et dangereuse à la fois, comme les femmes des légendes Bretonnes. Ces côtes sont si redoutables que les marins les plus expérimentés, les plus aguerris, s’en méfient bien plus que de la peste ! Certains lieux portent des noms engageants, ainsi : la baie des trépassés…

Au XIXème siècle, l’état Français entreprit de construire des phares, afin de sécuriser au mieux ces endroits meurtriers. Imaginez les tempêtes effroyables, les courants violents, les vents que rien n’arrêtent et qui viennent terminer leur course sur ces côtes déchiquetées, mais combien magnifiques.

La tâche ne fut pas aisée, plusieurs années étaient nécessaires à l’érection d’un seul phare, les conditions météo particulièrement difficiles. Il aura fallu des bâtisseurs courageux et ô combien téméraires pour mener à bien pareilles entreprises.

Un petit hommage (on ne fait pas QUE dans la gaudriole cheu nous ) ! C’est bien la moindre chose qu’on leur doit.

Alors j’ai illustré du mieux que j’ai pu quelques uns de ces "bastions", de ces gardiens infatigables, hommage aussi aux hommes qui veillaient sans cesse sur leur fonctionnement, vivant en reclus pendant deux semaines minimum. Il est arrivé au cours de tempête mémorables, que certains gardiens soient restés plus de trente jours, se rationnant au maximum pour survivre, mais chaque nuit la lanterne s’allumait, le devoir jusqu’au bout !

Mis en place en 1806, le service des phares et balises est chargé de l’entretien des "gardiens" de nos côtes. Les employés de ce service distinguaient deux sortes de phares :

- Les paradis : les phares construits à terre.

- Les enfers : ceux construits en pleine mer.


Tout d’abord un ch’tiot crobard de l’endroit, afin de mieux situer l’emplacement de ces petits chefs d’œuvre, eh oui ! Car bâtir dans de telles conditions n’aura pas été une partie de plaisir.



LE FOUR :

LE FOUR : un enfer.

Phare donjon, bâti au large de la presqu’île de Saint-Laurent, sur la commune de Prospoder, il balise le chenal du FOUR, passage entre la MANCHE et la MER D’IROISE, un endroit où les courants sont particulièrement violents.

Les conditions d’accostage au moment de la relève, tous les quinze jours, étaient extrêmement dangereuses. Ainsi, en décembre 1978, cette manœuvre coûta la vie à deux hommes.

En septembre 1993, après AR-MEN, LA JUMENT, et LES PIERRES NOIRES, il était automatisé.



LA JUMENT :

LA JUMENT : un enfer.

Erigé entre 1904 et 1911 sur le récif d’AR GAZEC (la jument en breton), ce phare a été rendu célèbre grâce au film de Philippe Lioret "L’équipier", avec Sandrine Bonnaire, Philippe Torreton, et Grégori Derangère, excellent film au demeurant qui donne un aperçu de ce qu’était la vie "à bord" d’un phare de pleine mer.

Le phare de la jument fut construit grâce au legs de Charles Eugène Potron, à la suite du naufrage du Drummond Castle en 1896, un paquebot Anglais.

Ce naufrage coûta la vie à 297 personnes, on ne recueillit que trois survivants !



LES PIERRES NOIRES :

LES PIERRES NOIRES : un enfer.

Situé à la pointe St Mathieu, sur la commune du Conquet, construit entre 1867 et 1871, en pleine mer.

Jakez Riou, dernier gardien dira au micro de France Inter en 1992

- Aujourd’hui, mon phare a le cœur sec, c’est comme si on lui avait mis un cœur artificiel, quand j’ai fermé la porte, je n’ai pas honte de le dire… J’ai chialé !



AR-MEN :

AR-MEN… La pierre en breton, construit entre 1867 et1881, c’est sans aucun doute le plus mythique et le plus éprouvant, surnommé : l’enfer des enfers ! Par les employés des phares et balises.

Au cours des violentes tempêtes fréquentes dans cet endroit, les coups de boutoir des éléments déchaînés faisaient trembler la bâtisse, décrochant tout ce qui était suspendu !

Les conditions étaient si effroyables qu’il n’était pas rare que les gardiens restent plus de quinze jours en garde de la bâtisse, tant les conditions d’accostage étaient périlleuses.

Situé sur la zone de récifs qui s’étend sur 13 miles à l’ouest de l’île de Sein, zone excessivement dangereuse, près de la BAIE DES TREPASSES, engageante appellation n’est-ce-pas ?

Pas moins de quatorze années ont été nécessaires à son édification tant les conditions étaient difficiles.



LA VIEILLE :

LA VIEILLE : un enfer.

Il y a un peu plus d'un an, j'avais raconté une petite histoire, dont l'action se déroulait dans ce phare ô combien mythique : la vieille

Ce phare fut construit entre : 1882 et 1887, de forme carrée, le haut de la tour crénelé, sa silhouette est reconnaissable entre mille.

Assis sur le rocher de GORLEBELLA (la roche la plus éloignée en breton) un enfer aussi bien sûr !

Avant-dernier phare Français a avoir été automatisé, les gardiens en place refusèrent le relève en 1995 en signe de protestation.

cht'iots crobards : Andiamo, pour Blogbo.

dimanche 22 février 2009

Mam'zelle KesskadieMa mère, prise II

Le samedi matin a, depuis toujours, été le matin où j'ai voulu dormir. Adolescente, ma mère entrait dans ma chambre avec la balayeuse en marche, me signifiant à 9.30 que ma grasse matinée était terminée.

Quelques années plus tard, samedi matin est mon matin de clavardage, de niaisage, de rien pantoute de travail en âge. J'ai enfin le contrôle de mon horaire, crois-je à tort.

Donc, je m'assied, mon café au lait et mon ordi et ma copine en ligne. Bon, elle est au téléphone et Jean-François (9 ans) vient squatter mes genoux, mais, un matin de St-Valentin, n'est-ce pas, on ne fafine pas sur l'âge ni sur le genre d'amour. Ma tranquillité reviendra ben assez vite quand il sera ado. Je veux dire, après qu'il sera ado. Je veux dire quand je serai au centre d'accueil et que ses enfants seront grands.

Horreur, les chiennes jappent. Non pas que le bruit me dérange, mais ici, elles font office de sonnette. Quelqu'un vient. À cette heure, ce sont de mauvaises nouvelles. Eh oui, c'est ma mère qui toute en forme et guillerette, vient emprunter l'escabeau.

Tant qu'à faire, elle note aussi que le store qu'elle m'a acheté pour ma fenêtre de salon est trop petit pour la fenêtre

J'ai une fenêtre énorme, du temps que la conservation d'énergie n'était pas ni dans le vocabulaire ni dans l'esprit de personne. Or, l'été, en plein soleil, ma fenêtre combat le climatiseur et gagne. Comme j'ai pas un sou pour acheter un store convenable à cette grandeur, je mets une couverte. Ça tombe bien, l'été, j'ai des couvertures qui ne servent pas.

Ma mère, par contre, trouve qu'à mon âge raisonnable, le look fenestration étudiante, style drapeau du Québec comme rideau, est dépassé. Elle a acheté, sans m'en parler, un store de porte-patio, l'a amené chez nous et a dit : tu demanderas à Olivier (mon aîné, 20 ans) de te l'installer dans le temps des fêtes. Elle avait pensé à tout, la chère femme. Sauf au fait qu'Olivier n'installe jamais rien, qu'il ne demeure pas ici, et que j'haguis les stores verticaux. Elle rajoute, tu lui demanderas qu'il ouvre comme ça en me désignant de gauche à droite ou vice-versa, j'ai pas remarqué, j'étais occupée à cramper un sourire et à régurgiter un "Merci, comme c'est gentil".

Ça tombe bien, il y a un 15% de rabais chez Rona, aujourd'hui seulement ! Je pourrais mettre mon escabeau dans mon gros truck, arrêter chez Rona prendre un autre store. Mon café est fait, je n'ai qu'à le mettre dans un thermos. Mais je peux prendre le temps d'aller mettre un pantalon. Merci ma maman chérie.

Ma mère va m'enterrer, j'en suis certaine. Oubliez mon précédent courriel.

Ma maman chérie arrive avant moi chez Rona, se stationne dans un stationnement pour handicapés (mon père a une vignette) et trottine allègrement vers le magasin pendant que je tourne en rond avec mon estifie de gros truck pour trouver un stationnement dans lequel je vais pouvoir entrer ET sortir. Finalement, je la rejoins et nous entrons, ma mère qui trottine et moi qui traîne mon spleen.

Bon, j'ai toujours pensé que les quincailleries étaient des lieux privilégiés pour rencontrer un homme charmant. Et bien, voici une autre légende urbaine. Premièrement, à cette heure, j'avais le choix entre des personnes âgées du style de ma mère, ou à des jeunes pères avec leur fillette qui les avait aussi levés de bonne heure. De toute façon, allez donc chercher l'âme sœur, à 9.30 le matin de la St-Valentin, pas peignée PIS avec votre mère.

Soupir.

Par contre, j'ai eu le temps de raconter à ma mère, que la veille, mon fils en retirant son instrument de musique du siège arrière du truck avait fait tombé ma sacoche hors de l'auto. Il l'a remis sur le siège, sans le porte-monnaie. Quoi, il peut pas tout faire à son âge (16 ans), non?

Alors, je n'ai plus de porte-monnaie en état de fonctionner, parce que lorsqu'un gentil monsieur (style bedaine et jogging) m'a rendue la chose trouvée sur le trottoir, les coutures de la dite chose étaient rompues (il ne manquait pas d'argent parce qu'il n'y en avait pas).

Donc, ma mère dans un autre de ses élans de générosité m'offre le porte-cartes de mon frère décédé. Mon frère a toujours été notre idole. Il était têtu et généreux comme pas un, on l'a toujours adoré, Elle va me chercher l'objet en me le tendant. Il y avait encore un petit mot écrit de la main de mon frérot dedans. Elle me dit : c'est ton cadeau de St-Valentin.

On avait un peu les larmes aux yeux toutes les deux.

Pis, en embarquant dans le truck, le CD qui jouait, c'est les grands succès de Simon Garfunkel. et la toune part : When youuuuuuuuu really feeling down, when tears are in your eyes, I will confort youuuuuuuuuuuuuu

I'm on your side, ohhhhhh when darknest coommmmmmmmmmmee

C'est comme si mon frérot me chantait qu'il était là avec moi, dans les temps que je trouve difficiles.

Fait que oui, j'ai ben braillé.

C'est une fête ben émotive, han, la St-Valentin ?

M'a dire comme ma mère : une chance qu'on s'a.

vendredi 29 février 2008

BofMontréal

J'aime pas les villes, c'est physique. Ça pique les yeux, ça sent bizarre, les villes c'est plein de gens dedans, et les gens j'en vois trop, alors souvent, j'ai du mal.

Ou plutôt si, j'adore les villes, mais pas y vivre, y passer en coup de vent, visiter son histoire, y chercher l'idée que je m'en étais faite, ne pas la trouver, découvrir autre chose, et rencontrer des humains.

Et y a des villes dont tu tombes amoureux, sitôt tes pieds posés sur son bitume, ça m'est arrivé, une fois.

Où je vis, il fait chaud, même l'hiver. Aujourd'hui, à 5h ce matin, il faisait 10°C, et 17°C l'après-midi, un climat tropical, je vous dis, pour une fin février. Cuit à point tout au long de l'année, quand je pars, je cherche la fraîcheur, me parlez pas des Seychelles, mais une virée sur la banquise, j'en rêve.



Parfois, chez British airways, tu as du bol, et ton voyage classe éco se termine dans un fauteuil première classe, c'est cool, tu manges dans de la porcelaine, champagne et petits fours, t'en oublierais presque ton jean et tes baskets tellement confortables, quoiqu'un un peu décatis.

Mais parfois chez British airways t'as pas de bol, et tu arrives à Dorval, aéroport de Montréal, Québec, Canada, avec juste la moitié des bagages. C'est gênant, vu qu'à Nice au départ il faisait quasiment 20°C, t'as laissé la grosse veste dans la valise bleue, celle ou y avait la trousse de toilette, celle qui stagne quelque part aux environs de Londres.

C'est gênant du fait qu'il fait -20°C, là, en sortant de l'aéroport. Tu voulais la fraîcheur, tu débarques dans un congélateur. Direction Jean Coutu, y racheter une brosse à dent, un shampoing douche, un peigne. Vu notre réputation de réfractaire à la savonnette, surtout pas donner prise à cette légende urbaine. Dire vous, s'entendre dire tu, trouver ça agréable.



Trouver le gîte du passant réservé, se faire encore tutoyer, trouver ça de plus en plus sympa. Premier repas dehors, à peine arrivé, déjà placé, la carte, un sourire, un grand verre d'eau en prime. Vite servi et bien servi. T'es définitivement plus en France. Demander l'addition, faire un savant calcul pour payer le service, arrondir au-dessus pour la réputation nationale, et même ainsi trouver ça plus qu'honnête.

Rentrer se coucher de bonne heure, vu que ton horloge interne, elle dit que t'es déjà au milieu de la nuit, que demain tu veux être en forme pour accueillir ta valise bleue, découvrir l'autochtone, son biotope, et le smoked meat de chez Schwartz.


A demain donc...

samedi 28 avril 2007

Saoul-FifrePrémonition

...Soyez les immortels, faites ! Broyez les êtres,
Achevez ce vain tas de vivants palpitants,
Régnez ! Quand vous aurez, encore un peu de temps,
Ensanglanté le ciel que la lumière azure,
Quand vous aurez, vainqueurs, comblé votre mesure,
C'est bien, tout sera dit, vous serez remplacés
Par ce noir Dieu final que l'homme appelle Assez !
Car Delphe et Pise sont comme des chars qui roulent,
Et les choses qu'on crut éternelles s'écroulent
Avant qu'on ait le temps de compter jusqu'à vingt .

Victor Hugo

extrait du "Satyre" dans "La Légende des siècles"

Et écrit bien longtemps avant le drame des Twins Towers...

vendredi 13 avril 2007

Saoul-FifreLe Dedans et le Dehors

Il s'agit d'un concept inventé par Lanza del Vasto, et en usage au sein de la Communauté de l'Arche. Le Dedans de quelqu'un, c'est sa personnalité intérieure, ce qu'il a dans le ventre, ce qu'il croit, ses valeurs... Son Dehors, c'est son look, son apparence. Selon Lanza, il convient que le Dehors soit l'expression du Dedans, qu'à une force de caractère corresponde une tenue impeccable.

À une soirée autour du feu, où Lanza nous avait régalé de sa "Légende de Saint Christophe", long poème déclamé et rythmé au tambourin, une jeune stagiaire s'avança au centre du cercle et nous dit un poème de son cru qui parlait des liens passionnés qui l'unissaient au barbu stigmatisé. À la fin, un des Compagnons de l'Arche se pencha vers un de ses collègues et lui murmura : "Son dedans vaut mieux que son dehors", et je me fis in petto la réflexion que tous les goûts étaient dans la nature, et que cela était bel et bon, car ainsi tout le monde avait une chance de trouver chaussure à son vié.

Moi, la petite brunette poétesse, je la trouvais bien gironde avec son jean moulant et son tee-shirt laissant deviner ses œufs d'autruche au plat. Son Dehors, j'y serais bien rentré dedans, mais je préférais qu'elle me laisse en dehors de son Dedans, ne me sentant pas de taille devant la grosse épine charismatique du qui a cru s'y fier.

Mon dehors, je ne crains pas de le dire, je m'en suis toujours désintéressé. Jusqu'à l'adolescence, ma mère ayant la haute main sur mon aspect extérieur, j'arborais un look classique, simple mais digne : chemise, pull ras de cou, pantalon à pli, et elle m'envoyait à rythme fixe me faire raccourcir les tifs chez un professionnel du ciseau. Ce jour là, j'avais environ 14/15 ans et je bavais devant la vitrine d'Au Vieux Campeur, à Bordeaux, dans l'uniforme sus-décrit. Pour ceux qui ne connaissent pas, le trottoir ne fait pas plus de 40 centimètres, devant le Vieux Campeur. Arrive en face de moi un prolo, l'archétype, le prolo-mannequin de base, la gapette vissée sur le crâne, petit, rond, voûté, toute la fatigue du monde sur le visage, et, cerise sur le gâteau, tenant à la main un tout petit sac de sport, du genre qui se ferme en tirant sur une ficelle qui coulisse dans des œillets, qui devait contenir sa gamelle de midi.

Le trottoir étant trop étroit, la politesse eut voulu que j'en descende pour laisser le "haut du pavé" à plus âgé que moi, oui, je n'ai pas reçu une éducation de racaille, moaaa, mais il fut plus rapide, sauta dans la rue, et en me croisant m'asséna un coup moral d'une force extraordinaire. Sans élever la voix, sans agressivité, d'un ton plutôt plein de regret, de déception, il me lança distinctement : "Fils de bourgeois".

Et il fila sans se retourner.

Je trouve qu'il est bon que quelqu'un d'extérieur vous renvoie votre image ainsi. Sur le moment, j'ai été knocked out : j'étais fils de paysan récemment débarqué à la ville, ma veuve de mère faisait des ménages pour nous nourrir, je ne me voyais pas trop dans la peau d'un bourge ? J'étais hyper vexé, en plus, car nous avions "Les bourgeois" de Brel dans nos vinyles, et je me retrouvais associé à ces notaires ridicules ! Mais ce gars a eu, sans le savoir, une influence énorme sur mon avenir. J'ai entamé une réflexion sur le paraître et l'embourgeoisement. Compris que ce n'était pas une question d'argent mais plutôt de sclérose intellectuelle, de posture méprisante, d'acceptation de l'existence de classes. Autant dire tout de suite que je n'ai pas adopté l'attitude de mon prolo déclencheur de prise de conscience. Mais mon premier boulot a été l'usine, j'ai connu le paiement au rendement, le travail a la chaîne, et, moi qui ne connaissais pas les ouvriers, je me suis régalé. J'étais plus à l'aise à beugler des chansons à boire avec eux dans un bal popu qu'à un apéritif dînatoire pincé entre cadres supérieurs grignotant les 2/3 canapés par convive, pas plus, car ils viennent du traiteur le plus cher de la ville...

Bien plus tard, j'ai connu un peu la même expérience. J'aime les vêtements en coton, agréables à porter, et on m'avait donné une chemisette kaki que j'avais adoptée et que je portais quasi en permanence. Elle avait des poches de poitrine, c'était pratique. J'habitais en Ariège à la grand époque où les hippies l'avaient envahie et y vivaient dans des tipis, des huttes gauloises ou les premières maisons solaires et un soir, pour un anniversaire, je fus invité dans une communauté voisine. Plutôt timide, je regarde plus que je ne parle, et cette attitude réservée, sans doute interprétée comme une critique de leur mode de vie, fit qu'une des nanas s'en prit à ma chemise, qu'elle qualifia de "militaire", et qui voulait que je l'enlève, et tout... Pour l'insoumis au service national que j'étais, ça fout un choc, aussi, mais surtout de voir de soi-disant libertaires voulant m'empêcher de porter ce que je veux !

Je n'ai vraiment pas de succès, et dans tous les milieux, avec ma façon de m'habiller.

mardi 10 avril 2007

Saoul-FifreTempus fugit

Le temps s'enfuit, le pleutre. Drôle d'expression. De quoi, de qui peut bien avoir peur le temps ?

De ne pas avoir le temps ?
De la vitesse, qui pourrait le raccourcir, selon Einstein ?
De se faire remonter par une machine ?
Que l'on colporte des légendes sur ses siècles ?
Que les couleurs du passé "passent" au soleil et tournent sépia ?
Que le magazine Actuel soit mort de trop d'anachronisme ?
De ce chien grondant après son kros nosse ?

De tous ces fugitifs fugaces et fébriles qui le talonnent sans se douter une seconde que le temps ne se rattrape pas.

Non, le temps ne craint rien. Ni de se faire dépasser, ni de se faire étaler d'un croche-pied dans la poussière, son pas est sûr, solide, et toutes nos petites agitations zélées, nos fougues, nos soi-disant urgences, ne lui tirent qu'un demi-sourire ironique.

Ce temps qui fuyait comme du sable sec et fin, de doigts écartés, n'était que la métaphore de ma propre fuite, faisant suite et corps à celle de mes parents. Nous avons fui la ferme trop isolée pour le village, le village pour la ville, la ville pour le village, le village pour le bâteau, un continent pour un autre, qu'on nous disait le nôtre, mais que nous n'avions jamais vu, de mémoire d'ancêtres, et où personne ne nous a reconnu.

Nous avons fui la mort, tout en sachant pertinemment qu'on ne lui échappe pas, que, sans hâter le pas, elle ramène son épaule à votre épaule et que son calme vous gagne, à jamais.

Peu importait. La mort ne s'attend pas bras ballants. Tant que je me sentais bouillonner d'un peu de vie, je filais dans mes nuages, me cacher au delà de l'horizon, derrière la courbure de la terre. Mes démons à mes trousses, j'avais beau les prendre à contre-pied, m'en ébrouer, ils me serraient en ricanant, m'obligeant à repartir, précipiter l'allure, sans reprendre haleine...

Je faisais tout avec brusquerie, dans la boulimie. Avec l'impatience d'arriver au bout du tunnel avant que le train ne te roule dessus, de préférence ? Je mordais dans le présent sans retenue, je courrais en tous sens, quadrillant les possibles, avec en tous lieux ces formes haineuses du passé qui s'agrippaient à mes paupières et me criaient :

- "Cours, cours, devant est autre chose, devant est différent, pédale de toutes tes forces : le pire est déjà advenu."

Et puis les battements de mon cœur, rythmés par le tempo furioso de mes pas, me firent m'accrocher à ce rocher.

Et j'y appris patiemment que le temps pouvait être immobile.

Enfin : presque immobile...

lundi 13 novembre 2006

ManouViolence. Vukovar (Bernard Hreglich)

(C'est BYBY qui a demandé )

insulte
coup
humiliation
pendaison
mépris
indifférence
médisance
cris
explosion
blessure
viol
haine
meurtre
guerre
torture
sang
famine
froid
maladie
mouches
pauvreté
vermine
puanteur
exécution
douleur
pleurs
gifle (à un faible. Car gifle à un Old-Black, on appelle ça découverte ou suicide)

Et aussi toute la petite violence quotidienne :

Le réfrigérateur vide
La sac à linge sale plein
Le chauffe-eau en panne
Les WC sans papier
Le train bondé
Le petit orteil dans le pied du lit
L’absence de chaussettes dans l’armoire
La portière de la voiture se fermant sur la main
Le spaghetti coincé dans la trachée
L’eau brûlante sur le pied
Le réveil qui sonne


VUKOVAR

Pour Jean-Claude Renard

En sentinelle avec tes griefs, tes chevaux endormis,
Ton corps maigre sous la tenue réglementaire,
La plaine à tes yeux devient indicible ;
Un monstrueux terrain de chasse obscur, inopportun ;
Pauvre exilé ayant perdu ses légendes et l’espoir de fuir
Ce paysage de lacs et de pièges ;
Tu n’es plus
Qu’un pantin revêtu des couleurs militaires, avec le casque
Et le fusil, qui demeure selon l’humeur du temps
Aussi droit que possible, cherchant dans l’obscurité
Celui qui viendra te trancher la gorge, jeune homme
Comme toi mais plus vif et couvert de boue.

Avant la mort tu songes aux femmes qui pleureront,
Qui oublieront après cinq sacrificielles
Le nom de ton père qui mourut sous la neige
Monténégrine, et le tien ; tu porteras
Un grand nombre de coups pour défendre Vukovar
Avant de rejoindre cet exil où abondent les merveilles,
Mais nulle jeune fille pour répondre au chant de la fauvette.

Bernard Hreglich


Evidemment, je me dois de transmettre cette chaîne : Tee Bee (le chevaleresque), Michou (qui s'en fout), Bake (la toulousaine)

mercredi 8 novembre 2006

Saoul-FifreNotre dard de pas mis

Je pense être tombé dans la M.H.U.B. en cours moyen 1ère année. Comment, vous ne connaissez pas la M.H.U.B. La Marmite Hugolienne Universelle Bouillonnante ? Pffff... Enfin, vous aurez appris quelque chose aujourd'hui, c'est déjà ça ?

Je revois ces poèmes éparpillés un peu au hasard dans notre livre de "Lectures", au milieu de dictées potentielles, extraites de romans de Grands Auteurs. La censure régnait. Ça sentait la purge à pleins naseaux, le texte tailladé, réécrit par de hauts fonctionnaires certains d'être les caryatides nationales de la morale, protecteurs des jeunes oreilles et des jeunes yeux innocents.

Ô, que je hais ces versions raccourcies, guillotinées, expurgées, intelligibilisées à la mesure des cerveaux enfantins réputés perméables et dénués d'esprit critique ! Que je hais le Reader Digest, ces petites saynètes sorties de leur contexte, et le mépris sous-jacent pour l'auteur libre et sa pensée fine, riche, complexe, que l'on retrouve déchiquetée et amoindrie. Aïe, lire des textes de la bibliothèque verte et se retrouver ensuite confronté à la flamboyance géniale des versions intégrales ? J'ai eu ce choc avec l'Île mystérieuse, de Verne, Le comte de Monte-Cristo, de Dumas et Les Misérables, de Hugo. Ça secoue.

Même les poèmes. Evidemment, ils ne les réécrivaient pas, ces résidus de l'Ecole Normale en auraient été incapables, mais ils passaient à la trappe des strophes entières.

Mon livre de "Lectures", je le lisais en entier dans le mois qui suivait la rentrée, en commençant par les poésies. Et là, y avait pas photo : c'était le Grand Victor le meilleur. Hin hin, les autres, les Verhaeren, les Ronsard, les Delafontaine, on voyait bien qu'ils s'essoufflaient derrière la comète, en ramant avec leurs petits bras, les lourdauds... Cette année, on avait eu droit à Océano Nox . La claque ! À l'époque, on apprenait par cœur, avec le cœur, et c'était facile car c'était beau. Ça avait traversé les siècles, ce n'était pas des vers à la mapipoune tonton larimette, imposés par la copine du ministre...

"Puis votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli."

"Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encor de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur!"

"O flots! Que vous savez de lugubres histoires!
Flots profonds redoutés des mères à genoux!
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous!"

Chapeau. Et tout ça en signant des autographes génétiques aux bonnes. Avoir un enfant du Grand Homme ? Ça devait se bousculer au portillon... Ha, vous appelez ça un portillon, vous ?

Pour les cadeaux d'anniversaire, de Noël, ce n'était pas compliqué de me faire plaisir : un livre, et j'étais le plus joyeux des bambins. Mon frère aîné m'offrit un jour "La Légende des Siècles", une belle édition sur papier bible avec des encres du maîtres. Waw ! Je continuai à explorer le Grand Œuvre et Notre Dame de Paris eut une influence énorme sur moi. Esmeralda, qui d'ailleurs aurait préféré s'appeler Goton et s'appelait en réalité Agnès, n'est pas trop maligne : elle est émue par l'apparence avantageuse du beau Phœbus qui est l'archétype du gros con. Mais elle est charismatique et permet à Hugo de faire une analyse fascinante des motivations des hommes qui gravitent autour de sa beauté fatale.

Quasimodo est le pur de la bande. Son Amour pour Esmeralda le transcende et le transforme en héros généreux. Il en oublie ses intérêts, son obéissance à son maître, il est l'Amour absolu et quand sa bohémienne finit torturée, pendue par la faute de Frollo, il tue celui-ci, qu'il vénérait pourtant. Quasimodo, c'est la locomotive de l'Amour, rien ne l'arrête, ni sa laideur, ni le fait qu'elle en soit dégoûtée, ni aucune contingence, ni la Mort. Il retrouvera le corps de sa dulcinée dans les caves de Montfaucon, l'enlacera et se laissera dépérir ainsi...

Claude Frollo est le méchant. Son Amour, peut-être encore plus passionné que celui de Quasimodo, est égoïste. Pour lui, l'affaire est claire : si il n'arrive pas à la sauter, personne d'autre ne l'aura. Et comme la petite sait ce qu'elle veut (son beau Phœbus), c'est ce qui se passe. Le prêtre poignarde Phœbus juste avant que Phœbus ne fasse revenir Esmeralda à la casserole avec un peu de beurre (ne vous inquiétez pas : Phœbus n'en meurt pas, se mariera avec une autre conne et aura beaucoup d'enfants. Cet Hugo, quand même, quel conteur !) et puis il dénonce la sorcière à l'Inquisition. Tout du putain de moine, quoi. Bon, Quasimodo le jette du haut des tours de Notre Dame. Ça c'est fait. Il ne l'emportera pas en Enfer. Guerre à son âme.

Il y a aussi Pierre Gringoire. Comme Quasimodo, dont Esmeralda a eu pitié en lui donnant à boire sur le pilori, elle sauve Gringoire de la mort en acceptant de se marier avec lui selon la Loi de la Cour des Miracles. Mariage blanc, bien entendu. Elle fait ça car elle est bonne fille et qu'elle a bon cœur. Gringoire ne cracherait pas sur une petite concrétisation vite fait sur le coin de la paillasse, mais l'altruisme d'Esmeralda ne va pas jusque là, elle a des idées précises sur le mari idéal : un homme a le casque en tête, l'épée au poing et des éperons d'or aux talons ! (je vous l'ai dit, elle est gentille mais un peu concon). Gringoire aussi. Tout poète, tragédien, intellectuel qu'il est, c'est un homme-enfant épris de gloire, qui livrera sa fausse femme à Frollo, sans rien comprendre à la situation...

Et puis il y a un autre personnage féminin dans le livre, omniprésent, c'est Notre Dame de Paris elle-même, masse imposante et impressionnante autour de qui tout tourne. Elle donne asile, elle recueille, mais elle abrite aussi des donneurs de question pas vraiment tendres. Les siècles passent et elle contemple toutes les turpitudes et les atrocités commises dans la capitale, avec son sourire contraint de mater dolorosa pas vraiment concernée.

Victor Hugo est un créateur de mythes éternels, à l'instar d'Homère ou de Shakespeare, alors évidemment, il est repris, pillé et quelquefois réduit en charpie, massacré. Il n'aurait pas fallu que je croise un américain à la sortie du "Bossu de Notre Dame", le dessin animé de Walt Disney S.A., le célèbre gang de cambrioleurs. Hugo même pas cité au générique, Phœbus le flic priapique et ripoux, qui devient le héros, et le curé qui se transforme en juge pour ne pas choquer les puissants lobbies religieux américains !!! Ha les fuckings salauds !

Quasimodo del Paris, de Patrick Timsit, tout dérisionneux qu'il était, respectait à la perfection la thématique hugolienne.

Et la comédie musicale, mon dieu, je ne l'ai pas vue, mais la chanson Belle me parait cadrer assez bien les personnages. Et si vous trouvez que je suis trop gentil, vous pouvez aller savourer une satire ici

dimanche 29 octobre 2006

Tant-BourrinMa petite méprise...

J'ai entendu tout à l'heure une publicité sur une radio dite périphérique, comme on disait au siècle dernier. Bien fait pour ma gueule, me rétorquerez-vous, je n'ai qu'à ne jamais laisser traîner l'aiguille de mon poste à galène du côté de ces fréquences-là. Pas faux. Mais ce n'est pas le sujet.

Cette pub, disais-je donc, est une publicité à destination des PMI pour un établissement bancaire. Et, l'inventivité des publicitaires étant ce qu'elle est, c'est-à-dire un marais stagnant aux remugles souvent nauséabonds, le spot était illustré par les deux premiers vers de la chanson de Bashung "ma petite entreprise". Un morceau qu'on nous ressort par ailleurs ad nauseam à toutes les sauces dès qu'il s'agit de parler des PME/PMI, tant dans la pub que dans le domaine de l'info, les journalistes TV étant pourvus d'autant d'originalité décoiffante que les publicitaires.

Ouais, super ! Bashung, chantre de l'esprit d'entreprise, ça le fait !

A part que non.

Parce qu'après les deux premiers vers de la chanson, il y en a d'autres. Et quand on sait lire entre les lignes, on comprend vite que la petite entreprise qu'évoque Bashung... hem... ne concerne pas vraiment le monde du travail !

     (...)
     Et mes doigts de palper
     Palper là cet épiderme
     Qui fait que je me dresse
     (...)

Bashung est d'ailleurs très clair à ce sujet dans une interview données à RFI : "Pour le mec de la chanson, la dernière entreprise qui peut exister, c'est son amour pour cette femme. Il vit son amour comme un mec qui pointe, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il travaille dans cette entreprise amoureuse, il va se plaindre d'avoir des vacances parce qu'alors il ne peut pas aimer".

Evidemment, la chose était trop subtile pour être perçue par des publicitaires à l'esprit bovin pour qui, hors le premier degré, point de salut.




Un autre cas de malentendu intéressant : la chanson "born in the USA" de Bruce Springsteen. Perçue unanimement comme un hymne à l'Amérique triomphante, aux US über alles. Vous êtes-vous déjà penchés sur les paroles ? Non ? Eh bien, allons-y, alors (traduction approximative)...

     Né dans un bled paumé
     J'ai pris mon premier coup quand j'ai heurté le sol
     Tu finis comme un chien qui a été trop battu
     A passer la moitié de ta vie à te planquer

     Né aux USA
     Je suis né aux USA
     Je suis né aux USA
     Né aux USA

     Après m'être fait choper dans une rixe dans mon bled
     Ils m'ont collé un fusil dans les mains
     Et ils m'ont envoyé dans un pays lointain
     Pour aller tuer des jaunes

     Né aux USA
     Je suis né aux USA
     Je suis né aux USA
     Je suis né aux USA
     Né aux USA

     De retour chez moi, à la raffinerie,
     Le chef du personnel m'a dit "Fiston, si ça dépendait que de moi..."
     Je suis allé voir le responsable des vétérans
     Il m'a dit "fiston, tu ne comprends donc pas ?"

     J'avais un frère à Khe Sahn qui combattait les Viet Cong
     Ils sont encore là, lui a disparu
     Il aimait une femme à Saigon
     J'ai une photo de lui dans ses bras

     A l'ombre du pénitencier
     Près des torchères de la raffinerie
     Ça fait dix ans que je rôde sur la route
     Nulle part où fuir, nulle part où aller

     Né aux USA
     Je suis né aux USA
     Né aux USA
     Je suis un vieux ringard aux USA

     Né aux USA
     Né aux USA
     Né aux USA
     Je suis un vieux qui s'en balance aux USA

Voilà, les choses sont claires : il n'est pas question ici de chanson clamant la fierté d'être Américain, il s'agit au contraire d'un portrait au vitriol d'une Amérique qui envoie ses gamins au casse-pipe et les accueille ensuite en parias (il faut dire que le Viet-Nam était la première guerre jamais perdues par les USA).

Une méprise liée aux trois seuls mots du refrain captés par les non-anglophones.

Une méprise tellement forte que Ronald Reagan voulut utiliser la chanson comme hymne de campagne en 1984, au grand dam de Springsteen qui s'y opposa immédiatement.

Comme quoi, même certains anglophones n'y ont rien entravé !




Allez, une dernière méprise, très connue : "le temps des cerises", chanson dans laquelle beaucoup voient une vibrante oeuvre militante.

Sauf que non.

Le texte de la chanson a été écrit en 1864 par Jean-Baptiste Clément, qui vivotait chichement en essayant de placer ses créations, et a été mis en musique plus tard par Antoine Renard en échange d'une pelisse (c'est dire si le show-business a évolué depuis !). La chanson a alors connu un joli petit succès qui a fait qu'elle sera chantée sur les barricades pendant la Commune, sept ans plus tard. Chantée simplement parce que c'est un air populaire qui plaît, rien de plus, tout comme "la Madelon" sera chantée par les Poilus de 14-18.

En fait, la chanson n'est rien d'autre qu'une gentille bluette innocente, il suffit d'en lire les paroles...

     Quand nous en serons au temps des cerises
     Et gai rossignol et merle moqueur
     Seront tous en fête
     Les belles auront la folie en tête
     Et les amoureux du soleil au coeur
     Quand nous chanterons le temps des cerises
     Sifflera bien mieux le merle moqueur

     Mais il est bien court le temps des cerises
     Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
     Des pendants d'oreilles
     Cerises d'amour aux robes pareilles
     Tombant sous la feuille en gouttes de sang
     Mais il est bien court le temps des cerises
     Pendants de corail qu'on cueille en rêvant

     Quand vous en serez au temps des cerises
     Si vous avez peur des chagrins d'amour
     Évitez les belles
     Moi qui ne crains pas les peines cruelles
     Je ne vivrai pas sans souffrir un jour
     Quand vous en serez au temps des cerises
     Vous aurez aussi des chagrins d'amour

     J'aimerai toujours le temps des cerises
     C'est de ce temps-là que je garde au coeur
     Une plaie ouverte
     Et Dame Fortune, en m'étant offerte
     Ne saura jamais calmer ma douleur
     J'aimerai toujours le temps des cerises
     Et le souvenir que je garde au coeur

Ce n'est qu'après la Commune que certains exégètes se mirent à voir dans ces paroles un hommage vibrant au désespoir des combattants, en se référant notamment aux "gouttes de sang" du second couplet. Thèse renforcée par le fait que Jean-Baptiste Clément, de retour d'exil, dédia sa chanson à une infirmière morte pendant la Commune.

Mais, qu'on le veuille ou non, la chanson a été écrite AVANT les événements sanglants de 1871.

Il n'en demeure pas point que c'est une belle chanson et une belle légende à laquelle j'en envie de continuer à croire malgré tout.




Voilà, c'est tout pour ce coup-ci. La prochaine fois, je vous montrerai que "j'ai besoin d'amour", la chanson de Lorie, cache en fait une violente diatribe antilibérale et altermondialiste. En attendant, brossez-vous les dents et au dodo !

vendredi 13 octobre 2006

Tant-BourrinLe stylo

Odilon Bellefeuille rêvait de postérité mais n'arrivait même pas à conquérir un vague renom de son vivant. C'était pourtant l'époque de la prophétie warholienne, cette triste période de l'histoire de l'humanité où le premier trou du cul venu pouvait devenir une idole rien qu'en se grattant le nez devant une caméra.

Mais voilà, Odilon Bellefeuille rêvait de mieux, de bien mieux : il avait de hautes ambitions culturelles et brûlait du désir inextinguible d'entrer au Panthéon de la littérature française. Hélas, malgré tous ses efforts, malgré toute la flamme qu'il y mettait, ses manuscrits lui étaient invariablement retournés par les éditeurs. "Pas assez ceci", "trop cela", "manque de qualités littéraires", les prétextes à ces refus étaient nombreux. Odilon n'y voyait pourtant qu'un manque de lucidité de la part de vieux barbons qui ne comprenaient décidément rien à son talent et en conçut une certaine amertume.

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dimanche 2 avril 2006

Tant-BourrinDeux doigts d'ingéniosité

Je repassais en revue, il y a quelques jours, les quelques 30000 photos que nous avons prises de Tant-Bourriquet au cours de ses 29 mois d'existence extra-utérine (je vous fais donc grâce, dans le décompte, des 1200 clichés d'échographie).

Et je me disais, les regardant, à quel point ça progresse vite, ces petites choses-là.

Oui, parce que je ne vous ai pas dit, mais Tant-Bourriquet, actuellement, est capable d'extraire de tête des racines carrées d'un nombre à douze chiffres et de déclamer par coeur la "légende des siècles" de Victor Hugo.

Enfin, presque...

Disons que, pour être plus précis, il sait dire "papa", "maman", "gatô", "encore", "au revoir" et "tisuisse" et que, évidemment, ça limite les possibilités en matière de rimes. Mais sans cela, nul doute qu'il versifierait à tire-larigot si son vocabulaire le lui permettait dès à présent.

Mais reprenons le fil... Ça progresse vite, disais-je donc, et deux photos, prises à moins de trois mois d'écart, en témoignent...

Voici la première. Tant-Bourriquet avait deux mois et demi. Et que faisait-il pour appeler ses parents quand il avait faim, hein ? Et bien, comme un bébé ordinaire, il pleurait à s'en faire péter les poumons !

Jusque-là, rien de bien extraordinaire, me direz-vous.

Eh bien, regardez donc la photo suivante. Tant-Bourriquet y a cinq mois. Et grâce à sa courbe d'apprentissage aux allures d'exponentielle, il a entre temps trouvé un moyen simple et élégant pour signaler à ses parents qu'il a faim : IL LES SIFFLE !!!

C'est pas pour me vanter de m'enorgueillir que c'est mon bibou à moi, mais punaise, qu'est-ce que j'en suis fier !

mercredi 22 février 2006

Saoul-FifreLe romancier

Pour nos 10 ans de mariage, un couple d'amis "de mon côté", sachant que j'aimais les vieilles choses, m'a offert un adorable Romancier, très beau, qui m'a donné beaucoup de plaisir. Je sens un frémissement de la foule, et des murmures, là-bas sur la gauche, dans le coin des anti-esclagistes, mais je vous jure qu'ils n'ont pas lieu d'être. Le propriétaire initial de ce "Romancier" ne lui donnait pas le même sens que vous. Son Romancier est un carnet de format A5, à la couverture cartonnée et joliment relié. Ses feuillets étaient vierges, sans carreaux, et il y fut écrit sur la page de garde, dans une police bigrement bizzaroïde, sans doute de son cru :

ROMANCIER
DU
SIEUR LESTANG

Le dit Sieur Lestang y ayant copié à la plume, jour après jour, les paroles des "romances" qui lui plaisaient ou qu'il avait l'habitude de fredonner, et dont il trouvait pratique de conserver le texte à portée d'œil. La calligraphie en est classique, telle que toute personne un peu éduquée la pratiquait à cette époque, mais les enluminures qui décorent chaque texte dénotent un sens esthétique certain. Le bougre avait un bon coup de crayon de couleur.

Chose qui m'a fait tiquer dès l'abord : aucun auteur n'est cité. Ce monsieur Lestang serait-il poète à ses heures, et ces "romances" seraient-elles ses œuvres ? Certaines inélégances, des naïvetés, un lyrisme outrancier dans la facture me l'ont fait croire au début, jusqu'à ce que j'identifie formellement un des textes : "La légende de la nonne", du grand Hugo. Une romance, assurément, mais que venait faire cette belle histoire racontée de main de maître, au milieu de ce fatras d'envolées patriotiques, de bouts-rimés gnangnans, et de cantilènes bien-pensantes ? Car si les dessins prouvent une application sympathique et non dénuée de talent, les textes, remplis de poncifs et de sentiments à l'eau de rose, sont clairement datés "14-18" !

Une certitude, néanmoins : Lestang, l'ami des poètes, a eu une note déplorable, en dictée, à son certificat d'études !

Fleur des champs, brune moissonneuse
aimait le fils d'un laboureur.
Par malheur, la pauvre glaneuse
n'avait à donner que son cœur.
Elle pleurait. Un jour, le père
lui dit : "Fauche ce pré pour moi.
Si dans trois jours, il est par terre,
dans trois jours, mon fils est à toi !"

Refrain
Le doux récit que je vous chante
est un simple récit de cœur,
ou une histoire bien touchante
que m'apprit un moissonneur.

En l'écoutant, la pauvre fille,
crut mourir de joie et d'Amour.
À l'instant, prenant sa faucille,
elle travaille nuit et jour,
prête à défaillir à l'ouvrage,
elle priait avec ferveur.
Dans la prière, du courage,
la prière donne du cœur.

Sur ses pas, une marguerite
jette des regards attendris.
Il faut tomber, pauvre petite,
car mon bonheur est à ce prix.
Prête à tomber, la fleur naissante
jette des regards si touchants
qu'elle fit pleurer l'innocente
comme une simple fleur des champs.

Le troisième jour dans la plaine,
parait le riche laboureur.
La pauvre fille, pâle, hors d'haleine,
ses yeux respirent le bonheur.
"Je t'ai trompé, dit-il, ma fille,
mais pour toi, voilà dix écus...

Et le soir, sous la faucille,
Expirait une fleur de plus.

mercredi 21 septembre 2005

Saoul-FifrePutains de mouettes

L'agriculture ne rapportant guère (sauf exceptions), je suis devenu pluriactif, comme beaucoup de mes collègues. En début d'année, je fais le vitrier, et à la fin, paysan. Mais comme mon épouse adore la bonne odeur de l'humus et déteste l'odeur dégueu du mastic, ma sexualité est, elle aussi pluriactive : au printemps, je m'astique, et à l'automne, je la bourre... Bon, je sors. Non, finalement, je reste. C'était juste pour vous dire que c'est l'automne, que je laboure, que ma chienne Jade suit mon tracteur et qu'elle peut pas piffrer les mouettes :

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jeudi 16 juin 2005

Saoul-FifreL'olivier, arbre de paix

Quand l'Ethernet, ton Dieu, ton Pisseur tout Saignant, ton Yahvé Quà, s'aperçut que l'Homme n'était pas bon (il avait goûté à sa côtelette), il envoya sur terre un réchauffement de la planète pas piqué des vers. Ce fut un peu comme le naufrage du Titanic, mais filmé à l'envers : les icebergs commencèrent à fondre (et aussi les 2 calottes glaciaires), le niveau des mers à monter et pour s'en sortir, il fallait vraiment prendre le bateau. Mais à l'époque, point de bateaux et seul Noé Lardo Di caprio fut prévenu par Yahvé Kapa et eut le temps d'en construire un pour lui, pour sa copine (une fille de bourges) et pour tous les animaux de la ferme car il était éleveur. L'eau recouvrit tout. Les passagers du vaisseau Terre, en train de se noyer, regrettaient amèrement d'avoir laissé leurs ruminants péter leur méthane, et frappaient aux hublots de l'Arche pour qu'on les prenne en stop, mais ça n'aurait pas été prudent car la ligne de flottaison était déjà bien sous l'eau. Quand tous les méchants eurent été tués, Yahvé Komuntruc envoya le Mistral pour sécher la Terre. Tous les jours, Noé lâchait un pigeon voyageur pour essayer de retrouver ses collègues éleveurs et tenter de remonter une amicale colombophile digne de ce nom. Un beau jour, la quille de l'Arche racla le fond et un pigeon revint avec un rameau d'olivier dans son bec. Noé et Noette étaient seuls : enfin LA PAIX !

De le boue et encore de la boue : tout portait à croire qu'ils avaient atterri dans le Loir-et-Cher. Yahvé Trodo sépara la boue du dessus de la boue d'en dessous mais ça ne régla en rien le problème. Par contre la bouture d'olivier prit racine impeccablement : Noé n'avait pas que la tige, de verte... Il fit plein d'enfants à sa Noette, mais au décès du dernier vivant, les héritiers se foutirent sur la gueule pour le partage de l'entreprise familiale florissante de bains de boue thérapeutiques "Les atours de Bab-el-oued". Yahvé Léboul leur passa un savon, leur fit perdre la mémoire et inventa un nouveau concept : le brouillage de communication. Ils utilisaient les mêmes mots mais chacun leur donnait un sens différent. Yahvé Vrémenléboul excommunia et exila tout autour de la Terre les fils et les filles de Noé et Noette. Toutes les guerres vinrent de cette absence d'échanges : personne ne cherche à savoir quel sens l'autre met derrière ses mots et préfère rester persuadé que sa traduction est la meilleure et la plus fine. Mais Yahvé Oubliédètcon, avant de les bannir, leur a glissé dans la poche un symbole d'Espoir : une bouture d'olivier, bien racinée.

Car la branche de l'olivier est souple, forte et diplomate, pour plier sans casser sous le souffle du maître des vents.
Son bois est dense, ses veines aux riches dessins nous racontent des légendes.
Il est sobre, patient, prudent. Sa matte racinaire, gorgée d'humide et de réserves comme les bosses du chameau, lui permet de prendre avec philosophie les violences climatiques.
Ses feuilles et ses fruits sont d'une amertume extrême, tout comme la Vérité dont nous parle Francisco de Quevedo dans son poème "Es amarga la verdad".
Mais si on y porte la pierre en confiance, l'huile qui en coule a la douceur de la récompense due au courage.
Elle a le fruité naturel de qui ose se regarder sans masque.
Elle a le calme de l'arbre millénaire qui a su puiser dans ses racines assez de vivant pour se remettre en question à chaque gel intérieur.
Elle délie la chaleur dans les silences assourdissants.

Elle entonne le Chant de Paix de l'Olivier...