21 septembre 2005 :

Je viens de lire cette dépêche d'agence au sujet d'un nouveau concept d'émission de télé-réalité aux Pays-Bas, toujours plus vil, toujours plus trash, repoussant sans cesse plus loin la frontière du mauvais goût : un animateur va en effet s'enfiler toutes sortes de drogues en direct sous l'oeil des caméras et des télé-voyeurs.

Mais comme, sur Blogborygmes, nous n'avons peur de rien, pas même du vulgaire et de l'indécent, cela fait immédiatement tilt dans ma tête : une petite ampoule allumée apparaît subitement au-dessus de ma tête. Je tiens un bon concept, je vais faire du blog-réalité en me calquant sur le même principe ! Je n'ai plus qu'à me procurer une quantité de drogue suffisante, et d'ici quelques jours, je rédigerai mes billets sous l'emprise de stupéfiants et l'oeil de mes lecteurs (beau zeugme, isn't it ?)...


22 septembre 2005 :

J'ai beau chercher sur Gogol avec tous les mots clés imaginables, héroïne, cocaïne, crack, ectasy, morphine, mescaline, j'ai du mal à trouver en vente libre les substances qui me permettront de concrétiser mon concept. Déçu, que je suis. Très déçu.


23 septembre 2005 :

Euréka ! En utilisant tous les termes trouvés dans mon dictionnaire des synonymes, j'ai fini par trouvé le bon, le sésame qui m'a grand ouvert les portes des emplettes opiacées. Et en plus, à un prix tellement bas qu'il frise le ridicule. Pour le coup, j'en commande cinquante kilos : à ce prix-là, pourquoi se priver ? Mieux vaut en avoir trop que pas assez pour mener à bien mon expérimentation de blog-réalité ! J'attends la livraison (sous pli discret) avec impatience !


27 septembre 2005 :

Le colis est arrivé aujourd'hui, mais la déception est énorme. Je pensais recevoir 50 kg de cocaïne, j'ai reçu en fait 50 kg de haricots secs. Je commençais à hurler comme un putois, à vouloir faire appel aux associations de consommateurs pour faire mordre la poussière à ce vendeur indélicat, quand Tant-Bourrine m'a fait remarquer que, d'une part, vu l'objet de ce que j'espérais recevoir, il n'était peut-être pas judicieux de passer par les voies judiciaires, et que, d'autre part, le produit livré semblait bien correspondre à ce qui était précisé sur le bon de commande.

- Comment ça ? Mais j'ai commandé de la coco, moi...
- Mon pauvre ami, ça doit faire au bas mot trois quarts de siècle que plus personne n'emploie cette expression pour parler de la cocaïne ! Toi et ton foutu dico ! Résultat : tu as commandé 50 kg de cocos... Des fayots, quoi !
- Heu... tu crois ?... heu... il est possible en effet que je n'ai pas accordé toute l'attention nécessaire au fait qu'il y ait marqué "vieilli" entre parenthèses dans le dico des synonymes... La peste soit de ma bouillante impulsivité !


29 septembre 2005 :

Après deux journées passées à ruminer ma déception, j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes et de mener malgré tout l'expérience à son terme. Après tout, mon concept aura au moins le mérite de l'originalité, et on ne pourra pas me reprocher d'avoir juste transposé à la blogosphère un concept télévisuel. Je vais donc ingérer les cocos sous l'oeil de mon fidèle lectorat.


30 septembre 2005 :

Bon. Je commence à me demander si mon idée était si bonne que ça. Je me suis déjà enfilé 14 kg de fayots depuis hier et force m'est d'admettre que la chose commence à être pesante. Très pesante même. En plus, je me demande si le concept d'un blogueur bouffant 50 kg de fayots en live présente, finalement, le moindre intérêt. Maintenant que j'ai commencé, je vais continuer mais, la prochaine fois, j'y réfléchirai à deux fois avant de me lancer dans le blog-réalité.


1er octobre 2005 :

Je vais vous livrer une découverte que je suis en train de faire : les fayots n'ouvrent absolument pas les portes de la perception et ne plongent ceux qui les mangent, même en quantités pharaoniques, dans aucune sorte d'état de conscience modifiée. En revanche, l'état intestinal est, lui, profondément modifié. J'ai l'impression d'avoir un zeppelin dans les boyaux. Punaise, encore 17 kg de fayots à bouffer...


2 octobre 2005 :

Je n'en peux plus, je dois avoir l'air d'un Bibendum souffrant d'aérophagie aiguë. Tant-Bourrine a fini par partir chez sa mère, prétextant que l'atmosphère devenait irrespirable, au sens propre comme au sens figuré. Cette expérience est un fiasco, ce concept est un Waterloo : je n'en tirerai même pas de quoi faire un billet potable. Je finis mon dernier fait-tout de fayots en guise de petit déj', histoire de dire qu'au moins, je suis allé au bout du truc, et après, je m'en grille une petite, histoire de faire passer ce putain de goût de fayots que j'ai dans la bouche...


Dimanche 2 octobre 2005, 08h16

Un appartement ravagé par une explosion

BOURRINVILLE (AFP) - Un appartement du centre-ville de Bourrinville a été entièrement ravagé ce matin par une violente explosion, peut-être due au gaz. L'explosion, qui s'est produite peu après 7h30 au cinquième étage, a causé d'immenses dégâts matériels, nécessitant l'évacuation de l'ensemble des occupants de l'immeuble. Le bilan humain n'est pas connu à l'heure actuelle et les recherches se poursuivent dans les décombres pour détecter d'éventuelles victimes sous les gravats.

Les services techniques de Gaz de France, sans préjuger des résultats de l'enquête à venir, ont d'ores et déjà fait savoir que leur énergie n'est vraisemblablement pas à l'origine du sinistre, l'immeuble n'étant pas alimenté en gaz naturel. Les services de police se perdent donc en conjectures sur les causes du drame.