Les 3 petites cochonnes

Il était une fois, dans une cité bien craignos de la banlieue nord, la cité Lénine pour ne pas la nommer, il était une fois disais-je trois jolies filles qui répondaient au doux prénoms de : Pipeaute, Grougnotte et Culotte.

Ces trois jeunes filles aussi douces que belles occupaient des postes bien pénibles. Pipeaute était « ripeuse », c'est-à-dire qu’elle aidait au déchargement des camions à « Garonor », Grougnotte était « hôtesse de caisse » dans une grande enseigne « AUCHCLERCROISEMENT » pour ne pas la nommer, et enfin Culotte était apprentie coiffeuse chez Louis Jean VIDDA !

Il n’y a pas de honte à exercer de telles professions, mais enfin elles se rendaient bien compte qu’elles s’échinaient pour des clopinettes !

Un soir, alors qu’elles regardaient un programme insipide à la téloche du genre : « Navarro j’écoute », Pipeaute, la plus jeune, eût une idée…

- Putain, qu’est-ce que j’en ai marre de m’user les gants à décharger les bahuts ! Tant qu’à décharger quelque chose, autant que ça me rapporte !

- D’accord avec toi sœurette, déclarèrent en cœur ses deux frangines, puis elles croisèrent leurs mains en guise de pacte.

Dès le lendemain, Pipeaute alla au marché aux puces de Saint-Ouen et s’acheta une tenue « de combat » : micro-jupe en vinyle de huit centimètres, bas résilles, bottes cuissardes en vrai faux cuir à talons de douze centimètres, et perruque « afro » rousse.

Puis elle alla pratiquer des furtifs de portes cochères, dans le quartier du Sentier, rue d’Aboukir, dans le très populaire IIème arrondissement. Mais les habituées du coin ne la virent pas d’un bon œil, et vu qu’elle leur chourait tous leurs michetons, rapport à son panorama pas dégueu, elles se mirent à trois ou quatre pour lui flanquer une rouste !

Un peu en loques, elle se réfugia chez Grougnotte la sœur cadette. Celle-ci un peu plus avisée s’était acheté un camion-caravane (camping-car pour les Français) et officiait sur les boulevards des Maréchaux à la porte Dorée (pour les puristes, c’est aussi la porte Picpus, à l’angle du Boulevard Soult et de l’Avenue Daumesnil).

Elles se relayaient gentiment, un coup (si j’ose dire) pour toi, un coup pour moi. Jusqu’au jour ou une bande de malfaisants, des Yougos, leur tombèrent sur le râble et leur flanquèrent une avoinée auprès de laquelle les sévices de la rue d’Aboukir faisaient figure de gourmandises.

Abandonnant leur camion-caravane, elles se réfugièrent chez leur sœur aînée Culotte. Cette dernière, un peu plus au parfum des techniques de marketing modernes, officiait à domicile.

Pour ce faire, elle avait mis en place un site en ligne : « www.mignardises.com ». Elle s’était bien aperçue, qu’un petit « CLIC » pouvait largement valoir un grand CLAQUE !

Bien sûr les michetons faisaient quasiment la queue (si j’ose dire) afin de partager les faveurs ô combien avisées de la belle. Son site était au bord de la saturation et elle ne pouvait pratiquement plus fournir. D’ailleurs le potard du coin lui faisait des prix de gros sur les capotes ! C’est dire… Si j’étais un tant soit peu vulgaire, je dirais qu’elle fumait du centre d’accueil !

Alors elle eût une idée géniale.

- Dites voir sœurettes, si on s’associaient ?

- Excellente idée, répondirent en cœur Pipeaute et Grougnotte, mais il faudrait que l’on change de raison sociale et que nous trouvions un nom plus convenable à notre officine.

Après bien des consultations et hésitations, le choix fût porté sur : Madame Claude

Pourquoi me direz-vous ? Et bien ceci en l’honneur de la capitale mondiale de la pipe : Saint-Claude !