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mercredi 14 janvier 2015

celestineLa bande des quatre

Chers Dieux
(Ne vous méprenez pas, ce n’est qu’une formule de politesse)

Chers Dieux, donc, disais-je, laissez-moi vous poser une question subsidiaire et néanmoins pertinente, qui me taquine gravement la coloquinte depuis pas mal de temps. Pour ne pas dire d’ailleurs depuis toujours, depuis que l’on m’obligea un beau matin à aller user mes culottes Petit Bateau au catéchisme, et que l'on essaya de me fourrer dans la susdite courge l’idée saugrenue que vous n’étiez qu’Amour.

Amour mon cul, oui.

Donc cette question qui me brûle les lèvres et celle de mes sémillants lecteurs et trices, c’est : « Mais qu’est-ce que vous branlez, bordel ? ! ? ! ? »

Non mais c’est vrai à la fin ! Qu’est-ce que vous foutez, là-haut, toute la sainte journée à regarder d’un œil torve s’étriper vos ouailles, vos sbires, vos diacres, vos moines, vos fous et vos émissaires depuis des millénaires ? Vous jouez à la belote coinchée ? au tric-trac ? ou bien vous faites des mots fléchés ? Ou encore vous vous tripotez la nouille en reluquant la photo de Choron coincé entre les cuisses d'une nymphette, dans un vieux numéro d’Hara Kiri un peu moisi, datant d’avant l’interdiction de publier, suite à un certain bal tragique à Colonglisse les deux Zobis...

Vous n’entendez pas comme un léger bruit ? Il ne vous parvient pas comme une infime rumeur au fond des esgourdes, comme quoi qu’il y aurait comme un schisme au royaume d’en bas ? Un truc qui tourne pas rond. Des gens dont à propos desquels on dit qu’ils se réclament de vous, pour pouvoir s’adonner aux pires exactions ?

Quoi qu’il en soit, on ne m’ôtera pas de l’idée que vous n’en avez strictement rien à secouer de ce qui se passe ici-bas, dans cette vallée de l’arme. Je parie que dans votre claque cinq étoiles pour divinités séniles, vous n’avez même pas un smartphone potable, histoire de vous envoyer des hashtags ou des mails pour vous tenir au jus des derniers buzz sur le net. C’est quand même bizarre qu’en étant prétendument omnipotents, on ait surtout l’impression que vous soyez complètement impotents…

Nonobstant, en toute logique, vous qui Pouvez tout, vous ne devriez pas rester les bras ballants. Enfin quoi, un peu de cojones, caramba ! qu’est-ce que vous attendez pour intervenir ? Vous qui n'êtes qu'Amour ? Non ?

Bon, d’accord, toi Dieu, et toi Jehotruc, (ou Yahvchose, enfin Geronimo Cohen) vous êtes vraiment croulants, vous deux, si ça se trouve vous avez les portugaises ensablées, et la sono cassée. Depuis le temps que vous vous faites passer la brosse à reluire sur le petit jesus, sans rien foutre, par vos adorateurs, vous êtes devenus mous du genou, vous pouvez plus arquer, vous devez être clafis de rhumatismes et d’arthrose galopante.

Toi Bouddha, tu te contentes de compter tes followers par milliards en faisant du gras sur ton sofa, astiqué par une déesse à dix bras à défaut de celle à cent bouches…T’es pas hargneux, t’es plutôt non-violent, mais tu laisses faire…Tu pourrais -y dire, toi, aux autres, qu'ils se gourrent grave.

Quant à toi Allah, le grand, le miséricordieux, je sais bien que t’en as marre de vider les corbeilles à papier ou de faire le mort au bridge, mais tu ferais bien de surveiller un peu ton prophète, il n’a que treize siècles, le galopin, et il est en train de nous faire sa crise d’ado, je ne vous dis pas. M’est avis que l’eau de rose, ça va pas suffire pour soigner ses boutons d’acné. Ça tourne doucettement au furoncle surinfecté, c’t’affaire…

En attendant, je vous ferai dire que j’ai vraiment pas envie de faire les frais de votre inconséquence et de votre gâtisme avancé. Parce que moi, je fais partie d’un groupe à part, qui n’a jamais eu très bonne presse (si j’ose dire en ce moment). Celui des ceusses qui n’ont pas besoin de vous. Non, c'est vrai, sans façon, on se débrouille, allez. Les athées, on nous appelle.

Les plus frileux se disent agnostiques, ils ne veulent pas se mouiller. Des fois que quand même, au final, il y aurait une infime portion de (mal)chance que vous existiez. Moi je me dis athée, et fière de l’être. Ça ne m’empêche pas d’aimer mon semblable et de respecter mon différent. On a de la moralité, quand même, faut pas croire qu’en croyant pas à vous, on croie à rien.

On croit au pinard, à la musique, aux étoiles, à l’amour, longtemps, souvent et même tout le temps. On croit aux fleurs et aux oiseaux. On croit à nos livres sulfureux et nos chansons subversives. On croit au plaisir d’être ensemble. A la Liberté, surtout. A la Vie. Aux amis.

Au bonheur, tout de suite et sur terre, et pas dans deux mille ans au jugement dernier. On n'est pas méchant. On veut juste avoir la paix.

Bref, contrairement à vous, qui nous avez soi-disant créés à votre image pour ensuite vous contre-foutre de ce que nous sommes devenus, nous croyons à Nous.

A la vie à la mort.



A Charlie et à quelques autres…

dimanche 7 décembre 2014

AndiamoMétamorphose

Il y a des rencontres qui vous transforment, qui vous changent ra-di-ca-le-ment !

Ainsi votre serviteur : quand j'ai croisé BLOGBORYGMES un matin d'automne c'était en octobre 2007... Il y a plus de 7 ans ! j'étais un peu plus frais ou un peu moins rance (rayer la mention inutile), l'esprit affûté comme un coupe-chou Sheffield ! Certes sept ans plus tard il est moins frais le garenne, je roule ma caisse comme ça, mais bon même à la foire aux antiquouilles de mes deux caires je ne vaux plus un coup de ratafia au Guinness des consommables ! Alors pour faire marrer quelqu'un que je connais bien, je dirai : "c'est comme ça" !

Pour les textes, je deviens un peu secos, mais bon je ne suis pas le seul ! N'est-ce pas Saoul-Fifre et Tant-Bourrin ? Les BOSS ! Les pères fondateurs, deux références, deux pointures, que sont-ils devenus ? L'un bichonne t-il son vieux tracteur à coup de Ripolin? L'autre s'est il sacrifié sur l'autel de la WI WI afin de rester au contact de Tant Bourriquet ?

Nul ne le saura jamais, never, nada, niente...

Je divague, je me répands, je me repends, là n'est pas mon propos, ce que je voulais dire c'est que Blogbo change radicalement et systématiquement ceux qui le rencontre. J'en veux pour exemple :



Sœur Marie des Angoisses avant qu'elle ne tombât sur un billet Blogborysmique.

Sœur Marie des Angoisses après sa rencontre avec BLOGBORYGMES..

Deouis on l'appelle "LA VENTOUSE", allez savoir pourquoi ?

(ch'tiots crobards Andiamo)

lundi 17 novembre 2014

BlutchBlutch, s’il te plaît, dessine-moi une démocratie ! (phase quatre de la trilogie)

Pour les parties précédentes, c’est par , et là itou...


Les Suisses décident, ils votent, c’est bien joli tout ça, mais comment votent-ils (et non pour qui vos tétons) ?
Il faut savoir que le droit de vote est personnel et intransmissible. Le vote par procuration est expressément interdit.

- Ouais, mais si t’es pas là le jour du vote….

- Je n’en fous comme de l’an quarante, puisque j’ai 3 à 5 semaines pour voter.

- ...

Les citoyens reçoivent par la poste le matériel de vote.
Pour illustrer le propos, le 30 novembre il y aura trois initiatives constitutionnelles à voter.

A) L’interdiction des forfaits fiscaux pour les riches étrangers.

B) Halte à la surpopulation étrangère (je vous ai déjà dit que les Suisses sont aussi cons que tous les autres…).

C) Sauver l’or de la Suisse.


Le matos :


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1- L’enveloppe à double usage dans laquelle il y a :

2- La carte de vote à usage unique

3- L’enveloppe de vote

4- Le bulletin de vote (ou les listes électorales)

5- Une brochure (40 pages dans ce cas précis)

6- Une mise en garde des erreurs à ne pas commettre.


5- La brochure :

- Elle donne l’article de loi à voter.
- La situation légale actuelle et les changements que ça amènerait.
- Le point de vue des autorités.
- Les arguments des auteurs de l’initiative.
Après avoir ingurgité les divers argumentaires et au besoin vérifié sur Internet les consignes de vote des différents partis, on remplit….

4- Le bulletin de vote. NB : il faut être capable de faire des croix pour exercer ses droits civiques. Et on l’enfourne dans l’enveloppe de vote (3) qui sera collée.

2- La carte de vote à usage unique doit être remplie et signée.



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Elle sera remise dans l’enveloppe (1) avec l’adresse de la commune bien visible.
L’enveloppe de vote rejoindra la carte de vote pour lui faire des papouilles dans le dos.

L’enveloppe 1, dûment scellée et affranchie rejoindra son bureau de vote par la grâce des PTT.
Le jour du vote, l’enveloppe 1 est décachetée, la carte de vote contrôlée et si le votant n’a pas entre temps été privé de ses droits civiques, ni ravalé son extrait de naissance, l’enveloppe de vote (toujours scellée) finira son périple dans l’urne. Elle sera dépouillée en même temps que celles des autres votants qui eux se seront gelé les miches (un 30 novembre j’t’explique un peu…) pour aller arpenter en personne le bureau de vote.

L’initiative Constitutionnelle :
Avec le Référendum, les citoyens peuvent dire non à une loi. Avec l’Initiative, ils peuvent imposer une loi dont les autorités ne voudraient pas.

Un exemple :
La première initiative qui fut acceptée par le peuple en 1893.
Lancée par la SPA, elle visait à interdire l’abattage d’animaux sans les avoir étourdis au préalable.
Elle visait les rites d’abattage qui saignaient à blanc des animaux conscients. La SPA réclamait un étourdissement de la bête afin qu’elle en souffre moins.

Les partisans de la viande kascher avaient renaudé sec pour défendre leurs pratiques ancestrales. Toutes fois, pour que celles-ci restent légales, elles sont pratiquées sur des animaux inconscients. la Torah doit, depuis lors, accepter que l’animal ne se sente pas mourir.
Par la suite, les musulmans ont du aussi se plier à cette loi et elle ne fait, depuis lors, l’objet d’aucune contestation. Le peuple a majoritairement voté pour cette loi, la cause est entendue et tous marchandages de son application sont impossibles.
Vox populi, vox dei (comme un copain un peu snob à Caton l’ancien le disait en latin pour monter sa culture.)

La seule façon de supprimer cette obligation d’étourdissement serait de repasser par un vote populaire et avec le racisme ambiant, ça ne serait pas gagné d’avance….
Donc il n’y a ni Juifs, ni Musulmans dans les rues de Suisse pour réclamer la libre pratique de leurs rites barbares, parce qu'ils savent que ça ne servirait à RIEN.

Comment peut-on initiativer en Suisse ?

Si tu as une idée lumineuse pour une nouvelle loi, tu te fais un brouillon que tu soumets à la Chancellerie fédérale qui avalisera ou non la forme juridique de l’initiative. Il ne s’agit pas là de censure, mais de respect de la forme légale et de sa conformité avec la constitution.
Fort de l’aval des juristes, tu passes à la collecte des signatures. Il te faudra en récolter 100'000 en 18 mois pour qu’elle soit acceptée. Chaque signature sera vérifiée par le contrôle des habitants de chaque commune.
Après validation des signatures, le parlement va en débattre. Il pourra l’accepter, la refuser ou proposer un contre-projet.
Ensuite, c’est le peuple qui décide, à la double majorité, puisqu’il s’agit de modifier la constitution.
Il faut en effet une majorité de votants sur le décompte fédéral, mais il faut aussi une majorité de cantons acceptants dans chaque décompte cantonal. Pour cette deuxième majorité, un canton de 50'000 habitants pèse autant que Zurich avec 1,4 millions.
Dans l’esprit du législateur, il s’agit de garder une cohérence sur l’ensemble du territoire ; éviter les clivages ville-campagne.

Juste pour le plaisir du taux de fréquentation :

Une photo du Conseil National en session (Le Nouvelliste)


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Si plus de la moitié des Conseillers sont absents, aucun vote ne peut avoir lieu.

J'ai écrit ce triptyque à quatre faces (tu as déjà entendu parler d'un quadriptyque, toi?) pour tenter de monter qu'il est possible de faire mieux que ce que Charlot nous a légué comme régime politique et pour ce qui concerne les droits des citoyens. Ce qui ne veut absolument pas dire que les Suisses savent s'en servir à bon escient. La plus belle bagnole du monde ne te mènera nulle part si tu ne sais pas la conduire.

La 4ème République qui fut renversée par le coup d’État de Charlot était beaucoup plus démocratique que ce qui en a suivi. Son principal défaut tenait dans le fait que le gouvernement n'était pas élu pour toute la législature. Il pouvait donc être renversé à tous moments, rendant la France ingouvernable. C'est sur ce point que de Gaulle a agit pour la renverser. Mais globalement, la France y a beaucoup perdu. Mitterrand a voulu réintroduire la proportionnelle à l'assemblée nationale. En bonne logique, le Pen y fut élu et ce fut considéré comme une honte. D'où un rétropédalage dès la législature suivante...
Mais n'est-ce pas une honte de voir un parti rassemblant 30% des votes exprimés détenir une majorité absolue au parlement?

Blutch

jeudi 6 novembre 2014

BlutchBlutch, s’il te plaît, dessine-moi une démocratie ! (phase trois)

Pour les ceusses qui ont loupé les premières strophes, c’est par que ça commence, avec une escale bien méritée ici
Et pour les autres qui pourraient trouver l'article longuet, il peut se lire en plusieurs épisodes.

Note de bas de page dans le préambule :
Cette fois, il faudra repasser pour des photos. Le seul truc marrant que j’ai trouvé est un article de la Tribune de Lausanne, qui est à l’opposé de ce que les pisse-copies de la presse française en avait rapporté.


Troisième époque

Nous en étions restés aux élus et à la représentation proportionnelle.
Oui, je sais, en France ça fait tache. « Proportionnelle » ressemble à un gros mot, un truc machiavélique. D’aucuns disent une autoroute pour les fascistes.
En quoi la « Liberté », « l’Égalité » et la « Fraternité » peuvent-elles autoriser qui que ce soit à museler les 16% de Français qui votent FN…
Le scandale ne serait pas de voir 16% de députés FN. Il est dans le fait que les partis sensément démocratiques ne donnent pas d’espoirs au peuple au point de voir 16% des électeurs séduits par le racisme et la xénophobie.
Ceci dit, je ne vois pas de programme politique ni de fonctionnement foncièrement différent entre le FN et l’UMP. Il en faut du self-contrôle pour ne pas aller zigouiller la Morano lorsqu’elle dit (et venant d’elle, c’est sans humour, même à la con) qu’un député doit obéir aux vœux du président. C’est drôle, mais dans ce cas, je peine à entendre le mot « président ». Ça résonne dans ma tête comme « Duce », « Caudillo » ou « Führer ».
Quant aux socialistes…. Au vu de leurs dernières prouesses faut aimer la beaufitude franchouillarde…. Alors s’il fallait émettre des critères moraux, il y a bien peu d’élus qui le resteraient… Entre Collard et Valls, je ne vois pas plus de différences qu’entre Marine Copé et Jean-François le Pen.

La particularité suisse est que le vrai patron, le seul qui puisse dire « JE VEUX », c’est le peuple. Les élus sont des larbins, et plus tu montes dans les rangs, et plus ce sont des larbins.
J’explique :
Les élus dans les législatifs sont là pour pondre des lois qui correspondent à la volonté du peuple.
Les exécutifs, comme leur nom l’indique, sont là pour exécuter les ordres reçus et non pour les donner.
Dans les communes, ces élus élisent le Maire et son équipe.
Dans les cantons (= départements), ils élisent le Conseil d’état. (C'est parfois un vote au suffrage universel)
Sur le plan national, ils élisent le Conseil fédéral (sept ministres).
Ces élus-là sont les larbins des assemblées législatives dont ils sont issus.
Le Président de la Suisse est un des 7 ministres, il est élu pour une année afin de faire plaisir aux Présidents étrangers qui se croient importants sous la tonne de chaînes et de médailles diverses dont ils se sont affublés.

Le décalage est magistral lorsqu’un Napoléon de pacotille rencontre un ancien président de la confédération.

En lisant les comptes rendus du Point et de la Tribune de Lausanne, j’ai furieusement eu l’impression qu’ils ne parlaient pas du même événement. Le garde-à-vous des folliculaires du Point (et je me suis épargné le Figaro) est impressionnant de fauxcuserie.
Le Malfaisant s’est ramassé une gifle par Adolf Ogi en voulant donner une leçon de démocratie à la Suisse, le con...

Il s’est fait moucher comme un sale gamin.
Ce que les médias français (excepté Médiapart) n’ont pas eu les couilles de relater.

Revenons à nos moutons.

L’année du Président de la Suisse commence en décembre deux ans avant son sacre…
Tout se joue lorsqu’il faut choisir le vice-président. Une fois nommé à ce poste, le prochain mois de décembre qui lui tombe dessus le verra automatiquement élu président. Ce mois sera le plus important, puisqu’il va passer de fêtes en consécrations diverses et variées afin de lui rendre les honneurs qui lui sont du. C’est un peu comme des funérailles, mais avec la possibilité de trinquer avec le mort.
Durant l’année de son règne, il va non seulement devoir faire son boulot de ministre, mais en plus inaugurer des chrysanthèmes jusqu’à plus soif… A chaque visite d’État, c’est lui qui se colle la corvée de G.O. de la politique suisse. Inutile de dire que dès le mois de mars, il ne pense plus qu’à Noël et la joie de refiler la patate chaude au suivant...
Donc, à l’inverse de la France, la Suisse garde ses ministres pour toute la législature et plus si affinités, mais elle change de président comme de chemise.

Malgré (ou à cause) de toutes ses différences, la Suisse est un pays qui fonctionne bien (disons bien moins mal que la France…). La TVA est à 8% et le taux de chômage est en recul, à 3 (trois) %.

Donc je résume :
Tout en haut de la pyramide du pouvoir, il y a : Le peuple
En dessous, les assemblées législatives.
En dessous encore : les organes exécutifs (Maires, Conseils d’Etat, Conseil fédéral (ministres))
Le Président de la Suisse étant le porte-parole du Conseil fédéral, on peut estimer qu’il est à son service…

Dans un pays où une ministre est limogée pour avoir osé réclamer du fric pour faire son boulot, j’admets que ça parait complètement surréaliste. Mais il y a pire dans le meilleur….

Si tu imagines qu’en Suisse n’importe quel illuminé peut arriver avec un papier maculé de graffitis en disant aux dépités : « Eh oh les serpillières, il faut voter ça fissa fissa », tu raccroches illico et tu vas commencer en douceur par une première leçon de démocratie chez les ayatollahs. Le politocard qui fait ça en Suisse déclenche une crise générale d’hilarité. Et faire rire un banquier, ce n’est pas gagné d’avance….

Je commence par la fin pour vous expliquer le pourquoi du comment de la procédure.
Toute loi votée en Suisse, qu’elle soit communale, cantonale ou fédérale est soumise au référendum facultatif. Oui, en Suisse, c’est le peuple qui décide d’un référendum, pas Haroun el Poussah, ni Iznogoud qui peut aller faire la Valls ailleurs et à l’envers.

Donc pour tenter d’éviter de se ramasser une pliée électorale à chaque fois (ce n’est pas que le ridicule tue en politique (t’imagines l’hécatombe qu’il y aurait en France….)), on consulte avant. Tiens, là aussi, je sens comme du mou dans les rotules si tu compares aux "consultations" élyséennes...
Je l’ai déjà dit, les Suisses savent compter et la votation d’un référendum coûte plusieurs millions (en francs suisses, donc pratiquement autant d’Euros), alors on évite si c’est possible.

Pour ça, il y a un processus bien rôdé :
S’il apparaît à un ministre qu’il faut une loi sur la couleur des boutons de braguette dans la fonction publique (Eh, rigole pas, j’ai vu en France des lois encore plus con que ça… et je n’ose même pas évoquer celles des USA), la question de son opportunité va être posée aux deux chambres du parlement fédéral, qui peut refuser d’entrer en matière, prétextant qu’il faut tout de même un espace de liberté pour les fonctionnaires. Auquel cas, la loi ne se fera pas.

S’ils décident que ce sera une liberté surveillée, les juristes vont prioritairement regarder si par le plus grand des hasards, il n’y a pas déjà une loi sur ce sujet. Si oui, elle sera mise en regard de ce que voudrait le ministre et s’il accepte de laisser tomber au vu de la différence infime de couleur que ça amènerait. Tout ça en tenant compte des frais engendrés par les cousettes qui seraient réquisitionnées pour le remplacement des boutons.

Imaginons la totale : La loi se fera…… enfin, c'est seulement peut-être parce que là, il faut la préparer.

1° Les juristes vont établir un projet de loi qui sera une base de travail. Ce projet doit inclure toutes les lois qui devraient être modifiées ou abrogées pour que le droit reste cohérent. (Tu parles de coups de balais à faire dans les lois françaises…. Au premier déblaiement, il faudra y aller au tracto-pelle !)

2° Ce projet va être présenté, en procédure de consultations, à toutes les associations qui seraient concernées, les syndicats, les groupes de députés de chaque chambre, les responsables des administrations, les églises et les partis politiques.

3° Chaque groupe va faire des remarques en stipulant ce qui voudrait et ce qu’il ne pourrait pas admettre.

4° Le projet repart au Conseil fédéral et son troupeau de juristes. Ils vont remodeler le projet pour éviter des refus catégoriques.

5° Retour dans la procédure de consultations.
On peut avoir là un problème de veto opposé.
Imagine que le syndicat des fonctionnaires gays exige des boutons roses et que la conférence des Évêques de Suisse s’y oppose fermement. Y a comme un problème... Chaque groupe pouvant lancer un référendum. Alors on va tenter de raisonner chaque partie, expliquer aux Évêques qu’avec le rabat de tissu, on ne voit presque pas les boutons, on va aussi demander aux fonctionnaires gays s’ils ne pourraient pas se contenter d’avoir des slips roses et de garder les boutons de braguette anthracites. Bref, ça va marchander ferme.

6° Après avoir gommé les plus grosses divergences, le projet va au Conseil national (l’Assemblée nationale). Et là, les députés vont remodeler le projet à leur convenance, en tentant de ne pas provoquer de veto. Admettons qu’ils ont admis que le premier bouton peut être rose, mais pas les autres (oui, le compromis helvétique est une institution sacrée, même s’il n’a rien à voir avec des fiançailles).

7° Lorsqu’ils sont parvenus à voter un texte (il faut parfois des années), ce texte passe au Conseil des États (le Sénat, mais, chose bizarre, il est élu par le peuple à raison de deux conseillers par canton).
Si d’aventure ce conseil décide de ne pas autoriser ce bouton rose, le texte repart au Conseil national, et ce jusqu’à ce que les deux Conseils soient d’accords sur le même texte, à la virgule près. Là encore, ça peut prendre des années. Admettons alors qu’ils arrivent à la conclusion que le bouton rose est tolérable, mais après demande écrite motivée.
Le vote de cette loi inclus toute les modifications ou abrogations nécessaires dans la législation en vigueur. Impossible donc, après le vote, de trouver un article qui stipule que les boutons de braguette des fonctionnaires doivent être gris, noir ou bleu.

8° Ce texte, voté par les deux chambres, va entrer dans le délai référendaire de trois mois.
Chaque habitant de la Suisse peut lancer un référendum. Il faut être au bénéfice de ses droits civiques pour le signer.

9° Mettons dans le cas d’espèce que la ligue des droits de l’homme trouve discriminatoire de devoir demander l’autorisation d’avoir un bouton rose à sa braguette. Elle rédige un référendum, dans des termes juridiques qui seront avalisés par le service juridique fédéral. La collecte des signatures peut alors commencer.

10° Si dans ce laps de temps 50 000 Suisses ont signé le référendum, il y aura un vote populaire à la majorité des votes exprimés.

11° Les autorités concernées doivent éditer une brochure explicative avec les textes de lois touchés, le point de vue des autorités et celui des référendaires. (Ce dernier texte est soumis à approbation par les référendaires, il ne peut donc pas être tendancieux).

12° Si le peuple dit non, la loi est enterrée et personne ne va démissionner. Le gouvernement ne sera pas renversé pour autant (je vous rappelle qu’il est élu par le parlement pour une législature complète). Et le Président de la Confédération continuera sereinement à inaugurer des chrysanthèmes…

13° Si le ministre insiste pour avoir son règlement sur les boutons de braguette, il reformera une demande une bonne dizaine d’années plus tard en tenant compte du vote sanction du peuple et en cherchant un autre compromis. Mais comme la durée moyenne de fonction au Conseil Fédéral est de 12 ans, il y a peu de risques de récidive.

En Suisse, il y a des lois qui ont mis 50 ans avant d’être adoptées. Ce fut long, mais ce fut l’expression de la volonté populaire.
Il ne faut pas imaginer que les lobbys restent de marbre, mais si en France il suffit de corrompre quelques personnages influents, en Suisse, il faut tromper plus de la moitié des électeurs. Ils y arrivent parfois bien sûr, et même trop souvent à mon goût… :-).
Exemple avec le refus d’une caisse maladie unique en Suisse.
La lenteur est la principale caractéristique de la politique suisse.
Même si ce sont les ritals qui disent : Chi va piano va sano e chi va sano va lontano…*
(Les mauvaises langues rajoutent : ma non arriva mai** :-D)

* Qui va doucement va sainement et qui va sainement va longtemps. ** Mais n’arrive jamais.

Cette procédure implique de facto que ce sont les citoyens suisses qui votent leurs impôts.
L’impôt sur le revenu, qui est progressif, est la recette fiscale la plus importante.
La TVA est à 8% pour le taux plein. Avec ça, les comptes de la Suisse sont moins pires que ceux de la France. Peut-être est-ce aussi dû au taux de chômage de 3%...
La prospérité de la Suisse et son niveau de vie élevé ne sont pas (quoi que puisse prétendre tous les Sarkopen de la planète) handicapés par le taux de 23,8% de population étrangère en Suisse (selon l’administration fédérale), soit quatre fois plus qu’en France avec ses 5,8% (selon l’INSEE).

Le peuple doit voter très bientôt sur l’abolition des forfaits fiscaux octroyés aux 5600 étrangers qui se sont établis en Suisse pour échapper au fisc. Charles Aznavour tire déjà la gueule (comme une épéclée de sportifs français) et Schumacher le fera dès qu’il retouchera terre, eux qui ont largement abusé de ce système immonde.

Pour la prochaine : l’initiative constitutionnelle, le référendum obligatoire et la façon de voter des Suisses.

Blutch

mercredi 22 octobre 2014

BlutchBlutch, s’il te plaît, dessine-moi une démocratie ! (phase deux)

Pour les retardataires, la phase 1 se trouve ici.


Deuxième époque

Pour remettre les choses dans leur contexte, en 1291 :

- Les Templiers remballent leurs cartons de Saint-Jean d'Acre, vaincus par des bachi-bouzouks qui ne comprenaient pas l'utilité de transférer en occident l'argent et les trésors dont ils ne faisaient rien et qui rendaient de si grands services à Philippe le Bel.

- Deux décennies plus tard, Phiphi IV, qui ne tenait pas son surnom de sa grandeur d'âme, fait massacrer ses créanciers pour solde de tous compte.

- Les femmes de la noblesse peuvent, encore pour deux siècles, gérer leur propre patrimoine.

- Les curetons intégristes doivent encore attendre 250 ans avant le triomphe de l'obscurantisme crétin.

- Ceux qui deviendront les Suisses ne sont, à conditions sociales identiques, ni plus futés, ni plus instruits que la moyenne de leurs contemporains. Tout au plus sont-ils moins manipulables par un clergé qui peine à grimper à pédibus dans les montagnes escarpées.



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Si tu envisages d'aller sermonner le curé dans les hauts de la commune de Bagnes, c’en est un sacré ; d'autant plus que c'est hasardeux de vouloir se désaltérer au Fendant.

Il faut donc voir la participation politique des habitants comme un phénomène progressif et sans s'illusionner sur les taux de participation non plus. Les habitants de chaque hameau devaient déjà s'organiser entre eux pour entretenir les chemins et les sources. Tous les chemins menant ailleurs, ils ont du aussi le faire par village, par vallée, puis par groupe de vallées. Ce qui est remarquable c'est que les élites n'ont pas pu ou voulu (tracer la mention inutile) spolier le pouvoir du peuple.

Nous en étions donc restés en 1291 et à ces trois cantons (Uri, Schwyz et Unterwald) qui formèrent la Suisse primitive autour du lac des quatre cantons.

Bien justement, le quatrième ne va pas tarder à rappliquer. En 1332, Luzern (qui n’a rien à voir avec l’herbe à vache) se radine : « Salut les potes, il parait qu’on s’éclate un max par chez vous, que le bailli Gessler s’est fait la malle à cause de Guillaume Tell et que même c’est notre héros préféré…. On peut entrer ? »

Le physionomiste a du lui trouver une bonne tête car ce fut le premier lac entièrement suisse. Tu sais ce que c’est, plus il y a de monde, plus on rit, et plus ça attire des nouveaux.
Avant même que les Habsbourg reconnaisse la supériorité des Waldstättens sur ce qui deviendra bien plus tard la race ariano-autrichienne, ils se retrouvent à huit à taper sur tout ce qui bouge autour d’eux et faire ripaille avec l’argent de la dîme aux Habsbourg qu’ils ne paient plus…
Les soldats suisses étaient si réputés (et les débouchés économiques en Suisse si minces) qu’il y avait des mercenaires suisses dans toutes les armées. Dans le même temps, la Suisse guerroyait pour son compte un peu partout autour de ses frontières, volant, entre-autres, le Pays de Vaud au Comte de Savoie qui fut obligé de quitter son fief de Chillon.



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La transhumance estivale vers le sud les avait amenés à porter la bonne parole rheum... à annexer des territoires en Italie du nord, avec de jolis succès.
Puis ce fut le clash, énorme, gigantesque, grotesque même :

Marignan…

François 1er, alliés aux Vénitiens, envoie ses mercenaires suisses combattre les armées du même bois, de son côté il résista héroïquement à une furieuse envie de gloire posthume en se coltant directement avec les brutes helvètes. En bon stratège, il s'était occupé de l'intendance pour l'état-major et des relations avec la presse. (Ce qui me fait penser qu'en 40 de Gaulle devait bien connaître cette période historique...)
Marignan ne fut pas la victoire de François 1er, mais la défaite de la Suisse contre des Suisses. Bref, une guerre fratricide. Donc pas de quoi se hausser le col par dessus la fraise...
Il restera donc à François 1er la gloire d'avoir rapporté la Joconde en France, dans les valises de son créateur. Et pour les Suisses, une interdiction du mercenariat à l'exception de la garde papale et de celle du roi de France. (Pour cette dernière, la prise de Versailles par la révolution marqua son point d'orgue, puisqu'elle y fut massacrée jusqu'au dernier soldat plutôt que de se rendre.)

Ces digressions historiques étant là pour expliquer que tant et aussi longtemps que les cantons suisses restaient de petites unités, on pouvait continuer d’aller sur la place pour voter, le bras droit levé et la main gauche sur le pommeau de l’épée. Comme ce ne fut plus toujours le cas, il fallut de nouvelles solutions.

Des petits malins décidèrent qu’on pourrait élire un représentant pour tout un groupe de votants. Mais méfiants, les citoyens ont rétorqué que c’est bien beau c’t’histoire, mais comment je fais si tu ne votes pas ce que tu as dit que tu ferais et que je suis pas content ? Je prends mon épée et je te coupe en deux ? (Je te rappelle qu’on en était resté aux fiers soldats invincibles (sauf par eux-mêmes)).
Déjà à l’époque la Suisse était un pays de compromis (que ne ferait-on pour sauver son intégrité corporelle). Il fut donc décidé que si une loi ne convenait pas à la population, celle-ci pourrait s’y opposer dans une votation populaire. Ainsi est née l'idée de référendum.
Oui, parce qu’en Suisse, « référendum » ça ne veut pas dire « plébiscite ».
Ce n’est pas non plus le gouvernement qui décide qu’il y aura un référendum, car ça n’a aucun sens et aucun effet réel sur la vie politique, hormis de vexer à mort le vacher de la France ( Ben oui, n'avait-il pas dit « Tous des veaux?...)
Dans cette perspective et dans le royaume électif de la France post-gaullienne, le sort final du référendum sur le traité européen est une gifle cinglante pour le mot démocratie et une insulte faite au peuple.
Ben tu vois, l’ex-fier-guerrier-suisse n’admettrait jamais qu’un politocard se foute pareillement de sa gueule... Et il ne le pourrait pas.

La naissance particulière de cette nation fait que son organisation politique est inverse à la France. En Suisse, le chef suprême est le citoyen et l’unité politique est la Commune. Par soucis d’efficacité et de cohérence, elle délègue une partie de son pouvoir aux cantons, qui eux, en délèguent aussi une partie à la Confédération pour les mêmes raisons.

Si, par exemple, tu prends l’école :



Cliquez sur l'image pour l'agrandir


Physiquement, rien ne peut distinguer un collège suisse d'un français, et pourtant, rien n'est pareil.

Elle est communale jusqu’au bout du pupitre. C’est la commune qui paie ses instituteurs. Par soucis de cohérence, elle a délégué à son canton l’organisation des programmes scolaires, mais c’est la commission scolaire communale qui les avalise, qui choisit le matériel scolaire, qui choisit et engage son personnel et qui décide des dates des vacances. (Actuellement une pure formalité, puisqu’elles sont coordonnées sur le plan cantonal.)

Les programmes scolaires sont toujours cantonaux, même si la conférence des chefs de l'instruction publique tente de les harmoniser. Organisée ainsi, l’école publique n’est pas un enjeu politique possible (et j’en connais beaucoup qui aimeraient bien voir ça en France….).

- La commission scolaire, c’est quoi ça ?
- Bonne question, merci de l’avoir posée comme disait l’autre.

La commission scolaire primaire (par exemple) gère la ou les écoles des cinq premiers degrés (autre particularité de l'école suisse, elle est évolutive jusque dans la numérotation des degrés qui commence par le commencement. Un élève de première commence sa scolarité au lieu de la terminer.. difficile à croire, hein!).
Elle est élue par le législatif communal et elle est formée d’adultes quelles que soient leurs nationalités. C’est elle qui gère l’école et qui engage les instits.
Voila pourquoi, en Suisse, l’école ne peut pas être l’otage de la politique. Même le maire ne peut aller à l’encontre de la commission scolaire…

L’élaboration d’une loi est chose complexe en Suisse et fera l’objet d’un prochain billet, car il faut peut-être commencer par la représentativité des élus….
Dans ses péchés de jeunesse, la Suisse est aussi passée par le scrutin majoritaire. Il en reste encore des traces. Progressivement, des citoyens ont pris conscience qu’il y avait un os. Un problème mathématique.

Faut dire que les Suisses savent compter….
Quelle est la légitimité d’un élu au scrutin majoritaire dans un pays qui a 20% de population étrangère, dont seuls les hommes adultes (env. 35% de la population) votent avec une abstention de 50% et que le mieux placé des élus n’obtient que 40 % des voix ?

Toutes les réponses sont permises si elles se situent entre « Inexistante » et « Nulle à chier ».

Traduite dans les chiffres, ça donne : 100 x 0,8 x 0,35 x 0,5 x 0,4 = 5,6% Avec le vote de femmes, un peu moins de 12%.

Comment faire pour augmenter cette représentativité ?

1° le vote des étrangers. Ce droit est acquis dans pas mal de cantons et de communes, mais il concerne les scrutins locaux, cette disposition n'est donc pas uniforme, car elle dépend du taux d’arriération des populations indigènes.

2° Le vote des femmes, acquis tardivement par des votations populaires faites dans la douleur, parce que l’ex-fier-guerrier helvète est assez long à la détente…. En plus que de Gaulle n'ayant jamais eu droit au Chapitre en Suisse, les femmes n'eurent pas le droit de vote pour couper les ailes du PCF...

3° Certains cantons avaient introduits le vote obligatoire. Largement abandonné depuis, puisque la perception des amendes coûtait plus cher que les recettes. (Ben oui, je t’ai dit que les Suisses savent compter…)

4° Avec le scrutin à la proportionnelle intégrale. Un parti qui obtient 30% des votes exprimés obtient 30% des sièges, point à la ligne. Hormis dans quelques cantons ultraconservateurs, aucun parti ne peut gouverner seul.

Par soucis de ne pas déconnecter les politiciens de la vie civile, communes, cantons ou confédération, aucun élu d’un quelconque législatif ne peut être professionnel. Seuls les exécutifs peuvent l'être.

Ce qui nous amènera à étudier la culture du compromis avec l’élaboration d’une loi.


A suivre.

vendredi 17 octobre 2014

Tant-BourrinCes petits détails qui pourrissent des chefs-d'œuvre

Il en faut parfois bien peu pour gâcher une œuvre : un infime grain de sable peut suffire à gripper les rouages de l'émotion et à faire descendre de quelques degrés le plaisir ressenti. Un mauvais coup de pinceau du peintre qui, sous un certain éclairage, donne à penser que le sublime modèle avait une verrue sur le nez, et l'on ne voit plus que cela sur la toile, qui occulte la beauté d'ensemble du tableau.

Il en va hélas de même dans les chansons : j'en ai fait à maintes reprises la douloureuse expérience. Oui, douloureuse, car il a suffi que je remarque un jour un détail insignifiant dans des chansons que j'adorais pour me les rendre quasiment insupportables : quoi que je fasse, je n'entends désormais plus que ce détail.

Je vais ici vous en donner trois exemples...

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mercredi 10 septembre 2014

BlutchBlutch, s'il te plait, dessine-moi une démocratie

Avertissement:
Ne vas pas croire que je puisse être chauvin de quelque façon que ce soit. Le multiculturalisme développe un esprit critique plus ravageur, parce que mieux renseigné.
Je ne vais certainement pas te parler des tares des Suisses: leur égoïsme, leur esprit de clocher, leur peur de l'inconnu et de l'étranger, leur avarisme, leur jalousie parce que ce sont les valeurs humaines les mieux partagées dans le monde. Si tu veux savoir comment sont faits les Suisses, tu regardes ton voisin, tu lui enlèves son béret basque, son ticket de PMU, sa baguette de pain et tu as un Suisse, ou peu s'en faut. Ah si, une chose encore, à l'apéro, tu remplaces le Ricard par un ballon de blanc ou une chope de bière. Et il ne te dira pas "Mais que fait le gouvernement", parce qu'il sait qu'il ne décide de rien par lui-même.
Ce Sidi, je sens toujours une vague d'incompréhension réciproque lorsqu'on parle du droit des citoyens. Alors, depuis le temps qu'on me demande de le faire, je vais te dessiner une Démocratie à la suisse.


Première époque

Bon, là tu vas me faire ramer pour t’expliquer ça. T'imagines un peu le fossé que tu devras franchir pour te nettoyer la tête de tout le fatras d'idées à la con sur ce simple mot... Tu vas me pourrir la vie en gardant en mémoire les pratiques de la raie publique gaulliste.
Ce serait tellement plus simple si tu avais brusquement une crise d’amnésie avant d'aborder le sujet.
Démocratie est un mot à sens multiples qui est généralement défini dans un pays par la pratique des gouvernants qui sont censés être sensés, mais dont les propos n'ont souvent pas d'autre sens que le sens de ceux qui le paient, et ça n'a aucun sens commun (ni dessus, ni dessous (merci Monsieur Raymond)).

Alors, première étape : Démocratie n’est pas un gargarisme pour politocards, quoi que tu puisses en penser en écoutant leurs discours.
C’est bien intégré ?

Un peu d'histoire : je devrais commencer par la Grèce qui est, parait-il, la plus vieille démocratie du monde, mais ça reste à démontrer, car il n'est pas prouvé que les hommes du Neandertal étaient menés par un chef de meute ayant pris le pouvoir en tapant sur la tête des autres. Ils pouvaient tout aussi bien avoir choisi leur chef, le tirer au sort ou fonctionner de façon libertaire, sans chef... Donc, ne préjugeons de rien.
D'autre part, il parait qu'en Grèce, ce n’était pas le pied rapport aux métèques qui n’étaient pas concernés par le droit de vote et même que les femmes étaient aussi dans la catégorie métèques. Et puis la démocratie grecque a pris quantité de sales coups dans son histoire. Pour mémoire, les derniers en date sont :
- 1967 avec la dictature des colonels (tu ne peux pas faire confiance à des militaires, même s'ils ont deux étoiles au képi (que celui qui a dit "surtout" se dénonce...))
- Le coup d'état par les phynanciers et leurs trois larbins: le FMI, la banque européenne et le conseil de l'Europe.

Pour les femmes, il faudra en faire une abstraction si on veut parler de démocratie, parce que ça ne va pas remonter très loin si on prend ce paramètre en considération… Alors on fait comme si en considérant que l’homme est seul maître à bord après Dieu…. Et sa femme.
Pour les métèques, c'est pareil, sauf qu'à bord ou pas, il restent dans la constante de n'avoir pas droit au Chapitre...

La plus vieille démocratie ininterrompue date de sept siècles.
Son histoire commence dans des contrées inhospitalières des Alpes, au nord du massif du Gothard. Un truc du genre Monts des Carpates, mais en plus haut et sans Dracula.
Charlemagne bouffait les pissenlits par la racine depuis quatre siècles. Une grosse partie de l’Europe était sous la botte des Habsbourg, Présidents autoproclamés du Saint-empire-romain-germanique (déjà à l’époque le curé était mieux coté à l’argus que le péquenot moyen), lorsque trois croquants…. fiers montagnards décidèrent qu’ils en avaient marre de payer des impôts à un seigneur qui n’était même pas foutu de venir les voir et de taper le carton avec eux.
Donc nos trois gaillards, Arnold le mec pâle , Wa-te-faire-foutre et Werner Chauffard (historiquement connu - mais non recensés sur face de bouc - sous leurs pseudos: Arnold de Melchtal, Walter Fürst et Werner Stauffacher) décidèrent que trop c’est trop et que les baillis méritaient juste un pied au cul pour les téléporter sur Vienne. Cette Suisse primitive manquant singulièrement de banques pour être crédible, ils s'appelèrent donc les Waldstätten.


Ils décidèrent, ce 1er août 1291, que si un se trouve dans la merde, les autres viendraient à son secours.
Tu vas rire, mais ce traité d’assistance a eu plus de chance que le franco-polonais d’avant 36…

Par contre, Rodolphe de Habs’ a très mal supporté le serment qu'ils firent sur la prairie du Grütli, puisqu’il est mort peu après (mais rien ne prouve que ce soit un dégât collatéral).
Ils ont aussi décidé que y avait marre d’avoir des chefs et qu’ils n’allaient pas remplacer les baillis par des petits dictateurs locaux. Que d’or et d’argent (merci Béru) ils allaient demander leur avis aux cochons de payeurs… aux habitants concernés.
Donc voilà nos trois lascars embringués dans une rébellion « vite » mâtée par le clampin qui a remplacé Rodolphe. Heu oui, mâtée, c’est du moins ce qu’il espérait parce que la réalité est parfois rude à avaler, et pour ce qui est de vite, je te laisse juge…. Pour te donner une vague idée de la situation : tu imagines une rébellion dans la Principauté d’Andorre, et que voulant la mâter, la France se ramasse trois pliées de suite, réparties sur 97 ans.
C’est donc ce qu’ont vécu les Habsbourg avec Morgarten en 1315, Sempach en 1386 et Näfels en 1388. Après cette dernière bataille les Autrichiens jetèrent l’éponge avant d’admettre qu’il y a un accroc indélébile à leur territoire.

Dans la foulée de cette rébellion, nos trois gugusses ont aboli le servage, déclarant tous les hommes libres et égaux. Tu vois que tes révolutionnaires français n’ont rien inventé…
Première abolition de l’esclavage dans le monde : 1291.
Je me rappelle encore de la tête des gars au bistrot à Altorf quand les trois zigs leur ont dit qu'ils allaient sur le pré, là-bas, signer un pacte d'assistance mutuel...
Y avait, pour sûrs, les enthousiastes, mais aussi les pisse-froids qui renaudaient que ce sont des fous, des illuminés, des provocateurs, des suicidaires; et même, injure suprême, des utopistes qui allaient se casser la gueule vite fait...

Mais Guillaume Tell venait de le prouver, le fier paysan des Alpes, aux bras noueux et aux mollets hypertrophiés n'a pas peur d'un bailli, fut-il autrichien.



« Donner wetter * Ich werde ihm zeigen, wer ist Guillaume ** »
avait-il dit en réarmant son arbalète après avoir transpercé la pomme.

C'est ainsi que les Waldstätten ont donc décidé de renvoyer le bailli Hermann Gessler au château de Hofburg pour y faire les grands nettoyages avant l'arrivée de Sissy.

Mais que ce passait-il donc dans cet embryon de Suisse. Avec un grand nombre d’illettrés, tu n’as pas de bulletins de vote possibles, d’autant moins que Gutenberg va encore procrastiner 150 ans avant d’inventer l’imprimerie, ce faignant !
Donc le plus simple est de convoquer tout le monde sur la place du village pour une Landsgemeinde.

Comment ça marche ?

Comme ça :

Non, ce n'est pas la foire au bestiaux de Trifouilli les Ânes, pas plus qu'un concert live de Johnny. Tu viens d'assister à une réunion politique. Une sorte de Conseil des Ministres où le Président est remplacé par le peuple. Tu as tout le monde sur la place, avec, il y a peu encore, l’épée à la ceinture pour bien montrer qu'ils sont des hommes libres (oui, je sais, les femmes, c’est bien plus tard…) Les Conseillers d’État expliquent la chose à voter, ceux qui le veulent s’expriment, on remanie le texte si nécessaire et ceux qui sont pour lèvent la main droite. On compte les mains et le tour est joué. C’est le peuple qui a décidé. Les lobbyistes n’ayant pas le droit de porter l’épée, ils ne pouvaient pas entrer sur la place pour aller tenir la main des votants… Ils se sont bien rattrapés depuis avec les dépités…
Ça marchait bien parce que les cantons étaient peu peuplés (cette coutume est encore utilisée à Glaris et Appenzell Rhodes-intérieures).
C’est de cette organisation qu’est née l’idée de la démocratie directe***.
Mais comme je vais aborder un concept totalement abstrait pour un Français pure souche, je te laisse le temps de la réflexion pour ingurgiter ce qui précède…

Blutch


* traduction littérale : temps de tonnerre
** je vais lui montrer qui c'est Raoul
*** Un indice: ça ressemble à une démocratie participative, mais pas pour de rire.

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