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lundi 11 juin 2007

Saoul-FifreChargé de mission

Notre amie Catherine sort de chez nous et m'a mis sur le dos un boulot. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous après moi, à vouloir que je bosse plus, pour rien gagner de plus, en l'occurrence ? Car elle a bien évoqué la possibilité d'un paiement "en nature", mais en dépréciant tellement l'éventuel retour sur investissement (pré-retraite, ménopause, sécheresse installée, jouissance poussive...) que le bénévolat pur semblait préférable.

Voilà l'affaire : elle est enseignante et envisage de reprendre les études et de travailler sur une thèse autour des variolithes, sa passion. Haha, les variolithes ! Ou variolites. Je me rappelle la réaction épatée de Tant-Bourrin, qui en tapant le mot dans ses méta-moteurs de recherche, avait fait chou blanc, et m'avait fortement pressé de satisfaire sa curiosité. On sentait le gars choqué qu'on ne trouve pas de tout à la Samaritaine ni sur internet. Son Credo dans l'omniscience du Web sauvage-sauvage en prenait un sacré coup, dorénavant, la méfiance s'imposerait a priori, des pans entiers de la connaissance humaine échappaient donc à l'emprise poisseuse de la toile ?

Autant vous dire tout de suite que ce temps de pionniers est révolu et que si vous tapez "variolite", vous allez passer votre après-midi à décortiquer des liens. Il y en a des anciens, le célèbre Buffon connaissait ces pierres, et les serpentines également. Une bonne partie des liens sont strictement géologiques, mais certains évoquent l'utilisation magique, médicale, protectrice de ces cailloux.

Car c'est une thèse de sociologie que Catherine prépare. Avec sa Kangoo et son carnet d'adresse volumineux, elle écume la France et l'Etranger profonds en privilégiant les endroits où les traditions sont encore vivaces, les associations, les bals folkloriques, et, tout en guinchant la Bourrée ou la Sardane avec un grand sourire, elle essaie d'extorquer leurs secrets aux vieux. Si ils ont des variolites, contre quelles affections étaient-elles utilisées, y avait-il un mode de préparation particulier, où les ont-ils trouvées...

Voici une très minime partie de la collection de Catherine :

Ces pierres au look animal si fascinant sont une constante de la vie de nos campagnes. Elles ont été troquées, fait l'objet de commerce, de trafic, certains les accumulent, et on retrouve à leur mort des sacs remplis... Le must est bien sûr de les avoir soi-même découvertes, ramassées, de préférence selon un mode opératoire magique précis tel que c'est la pierre elle-même qui se donne un maître, qui se laisse posséder...

La source, la principale maternité des variolites et des serpentines se trouve au Chenaillet, au Sud de Montgenèvre . C'est là qu'elles sont nées, c'est de là qu'elles ont été arrachées, crachées par les mouvements tectoniques, roulées, polies par la Durance à une époque où celle-ci avait un rôle majeur et gigantesque dans ces Alpes du Sud. On peut donc trouver ces magnifiques galets un peu partout dans notre région, et même en Corse, surtout aux endroits anciennement recouverts par la grande mer tertiaire. Mais une fois ramassées, leur voyage initiatique pouvait commencer : on les exportait, le carnet de commande des colporteurs avait les dents du fond qui baignaient, c'était l'offre qui traînait les pieds. Selon leur forme, leur "signature", l'utilisation pouvait en être différente. Les serpentines étaient destinées à soigner les morsures de serpents. On les faisait tremper dans l'eau et la pierre donnait ses vertus à l'eau, et l'eau combattait le venin. Dûment chapitré, abreuvé de prières, le mordu revenait sur le lieu du crime constater que le pouvoir de mort de la vipère avait trouvé son maître devant le pouvoir de vie d'un caillou.

Les variolites tiraient leur nom de leur peau marbrée, tachée, recouverte de plaques, de grosseurs... C'était la "peira picota", qui guérissait de la picote, de la clavelée des moutons, de la variole des vaches. Autant dire que l'Institut Pasteur n'aurait pas apprécié cette concurrence déloyale bien longtemps. On l'enterrait en préventif sous le seuil des étables et des maisons, on la perçait pour l'utiliser comme battant dans la cloche du Ménaïré, l'animal chef du troupeau, qui ouvre la marche... Et on l'utilisait aussi comme pierre de pouvoir, savamment et avec constance rechargée de force prières, de sacrifices dédiés et d'attentions quotidiennes.

Alors voilà : comme il parait que je connais de vieux ploucs piémontais, je suis chargé de leur tirer les vers du nez, de leur sortir de la mémoire, avec doigté et sens psychologique, les secrets ancestraux, les recettes enfouies de cette médecine minérale si usitée il n'y a guère. Et puisque j'ai programmé un voyage dans mon Algérie natale cette automne, ne pourrais-je pas également mener mon enquête chez les herboristes à moitié sorciers, sur les marchés des douars où le règne minéral, ghassoul, henné à la pierre d'alun, a toute sa place ?

Me voilà missionnaire ethnologique, à c'tt' heure ! Si je veux une de ces pierres précieuses auxquelles Catherine semble attacher plus de valeur qu'à la prunelle de ses yeux, j'ai bien peur d'être obligé d'en passer par là.

Mais je sais que ce sera sa plus minable, sa plus riquiqui, sa moins efficace...

vendredi 8 juin 2007

Saoul-FifreQu'importe la longueur, pourvu qu'on ait la liesse

Oui, il parait que ya recrue des sens de déformations génitales et autres micro pénis dus aux pesticides, ainsi que des cancers, des maladies des gênées raies sentent chez les agriculteurs ou les personnes exposées aux nombreux traitements chimiques sur fruitiers ou vignes.

Bon, moi je ne traite pas, j'ai pas de pulvérisateur ni d'atomiseur, je me suis toujours méfié de ces saloperies, et même quand j'étais ouvrier agricole chez un maraîcher, un jour il a voulu m'envoyer empoisonner le ver du poireau, je lui ai dit fermement que je faisais tout mais pas ça, et il est allé embaucher au noir un voisin moins regardant sur sa santé...

Maintenant, le sujet du micro pénis semble vraiment beaucoup préoccuper la population en général et Manou en particulier, vu l'abondance de forums qui verbalisent là-dessus. Bon, c'est un peu dans la tête, je trouve. Perso, je ne connais pas la taille du zob des gens que je fréquente, je n'ai pas à la connaître, c'est de l'ordre de l'intime. Reste le problème du couple, et là, les solutions ne manquent pas. Pourquoi rester enfermé dans une bulle u-nique-ment phallique ? Il y a les doigts, la langue, les ongles, les massages, et pourquoi ne pas se laisser gagner par le sexe à piles, additionné d'un doigt de tendresse ? Enfin, ils feraient mieux de se lécher l'assiette que de se prendre la tête...

Je sais pas pourquoi j'ai dérapé sur ce terrain glissant, en fait, si, je le sais, c'est parce que vous adorez quand ça patine, quand ça dévie, quand ça chavire, quand ça culbute patatras dans le bien gras et je suis votre esclave, nous le savons (de Marseille)...

En fait, je voulais lancer un petit jeu, vous adorez jouer, n'est-ce pas, vous ne sortirez donc jamais de l'enfance, les caisses de la sécu sont vides et vous refusez de travailler plus et de cotiser moins, vous n'êtes pas sérieux, quand même ? Un petit jeu, donc, mais ce n'est pas moi qui l'ai inventé. Qui ? Ben, toujours le même, l'empereur pas manchot de la risette, le pince-avec-rire, le plus hydrophobe des hydropathes...

Le 21 Décembre 1901, Alphonse le Grand, Alphonse Allais le lanceur d'idées farfelues en rafales proposait à ses lecteurs du Sourire un concours de distiques d'alexandrins, l'un le plus court possible, l'autre le plus long possible, et rimant ensemble...

"Ce petit travail, assurait-il, à la fois d'idéal et de mosaïque, vous servira d'excellente gymnastique cérébrale, et vous empêchera, pendant que vous vous y livrerez, de penser à mal..."

Gros succès. 996 candidats affluèrent et le vainqueur avait pondu ceci :

De 97 à 99
Maints chouans gouailleurs baffraient chaude andouille et froid bœuf !!

Impressionnant, mais pas tant que ça, si on écrit les chiffres en lettres. Allez, un autre qui n'a pas triché, lui :

Chouette endroit mieux qu'ailleurs ! Temps meilleurs qu'aujourd'hui !
Oaxaca ! Joël y a réobéi !

Allez, un petit (écrit par un anonyme contemporain) pour Ophise et Pousse-Manette :

Maints christs blonds aux doigts gourds flanquaient trois grands chœurs fiers
SNCF, RATP ou RER

Il a bien fallu que je m'y risque également, pour montrer l'exemple, mais je vous préviens : l'exercice est difficile, soyez indulgents !

La généalogie a su coopérer
Sans renfrognements d'ours, semblables aux chœurs des laies

Une autre ? Non, j'ai pas honte !

Dodécagone ami, aloès idéal
Gaies sciences n'auraient point meilleur accueil qu'aux halles.

D'accord, ça ne veux rien dire. Mais et alors ? C'est de la poésie obscure, absconse et ouverte à l'onirisme le plus surréaliste. Qu'est-ce que vous avez contre les poètes maudits ? On va voir si vous faites plus clair, allez, c'est à vous !

vendredi 1 juin 2007

Saoul-FifreLa vierge froide

Fatigue des yeux, sans doute, je lis nettement moins qu'à ma période boulimique où je me torchais mes 5 livres par semaine, gros ou petits, régulier comme un métronome. Je lis des journaux, mais je n'achète plus de romans neufs. Je rends visite à l'occasion au curé UMP (la totale, quoi) qui tient une petite boutique très bien achalandée en bouquins d'occases, mais j'attends surtout qu'on m'en prête ou mieux, qu'on m'en offre.

Ça m'évite d'avoir à faire un choix, et je pense qu'on n'offre pas n'importe quoi à n'importe qui, qu'il y a toujours le regard de l'autre, un message subliminal derrière le cadeau. Qu'un cadeau est révélateur a minima de la personnalité du généreux donateur, et souvent aussi, dans le meilleur des cas, celui où il arrive à s'abstraire partiellement de ses propres goûts, de l'opinion qu'il porte sur le donataire.

Chaque don est bien sûr un cas particulier, toujours est-il que j'ai été ravi du recueil de Nouvelles que m'a fait découvrir Calune :

J'ai mis un peu de temps à mettre la main dessus car ma belle-mère me l'avait confisqué, et puis mon fils, et puis bon, c'est mon cadeau, alors j'ai poussé mon cri de guerre, et j'ai pu commencer.

Ces "racontars" se passent sur la côte Nord-Est du Groenland, mais leur drôlerie pourrait être d'origine Grolandaise. En gros, c'est la vie des chasseurs de fourrure-piégeurs dans cette contrée bizarre qui ne connaît que 2 saisons : un long jour et une longue nuit de 6 mois chacun. Il y a des petits ports et puis des cabanes éloignées les unes des autres car au centre de leur territoire de chasse. Et dans ces cabanes, 2 piégeurs qui vivent ensemble, un ancien et son apprenti. C'est l'habitude, la tradition. Il semblerait que la vie soit plus facile à 2 que seul pour supporter le froid et surtout l'absence de lumière.

Dans des conditions spartiates et solitaires, la vie se rétrécit aux fondamentaux, mais garde toute son ampleur

Le soleil. Cet astre auquel nous sommes liés par un lien très fort, qui rythme nos jours, qui nous barbouille les yeux de vert, en faisant joyeusement ronfler la photosynthèse, et bien cette étoile s'éteint ! Il faut avoir emmagasiné pendant l'été une sacrée dose d'énergie, avoir le cœur brûlant, avoir l'optimisme chevillé, pour supporter sa défection et garder la foi en son retour ! Certains n'y arrivent pas, tel ce coq apprivoisé qui voit réduit à néant le rôle attribué à lui et ses congénères de toute éternité : saluer, rendre hommage au retour quotidien de Mercure sur son char. Il ne survivra pas à son inutilité lue dans la nuit boréale. La meilleure façon de tuer un coq...

Les femmes. Il n'y en a pas. Et quand on est jeune, et sanguin, et caverneux, le problème est raide à solutionner. Il faut attendre le vent du Sud-Est, et courir droit vers lui le sguègue à l'air, jusqu'à ce que l'image même de la femme s'évapore, s'amenuise dans les pensées... Mais elle revient toujours. Et prend une place d'autant plus importante qu'elle est loin dans le temps et l'espace. Dans ces lieux de solitude, le fin conteur, le diseur de merveilleux a un pouvoir magique sur ses compagnons. Par la force créative de ses mots, en leur parlant d'une lointaine "fiancée" qui soi-disant l'attend, il arrive à la faire exister dans leur imagination, jusqu'à entamer à leur demande une négociation tendant à lui faire "abandonner" ses droits sur elle ! Le droit de parler de cette fille fictive comme si elle était réellement sa fiancée, coûtera une fortune au vainqueur des enchères.

Je ne connais pas de métaphore plus puissante de l'importance vitale de l'Art, de l'écriture ou de la parole, dans notre vie. L'image, le rêve, ont même valeur, ou plus, sans doute, que la chose réelle. D'ailleurs, la vraie Emma n'existe pas. La vierge froide, si.

La mer. Hé oui, c'est sea, sex and sun, ce livre. La mer qui devient une étendue gelée et le compagnon chinois qui plonge pour comprendre comment les phoques arrivent à respirer sous la glace. L'alcool est bon et chaleureux pour le chasseur. L'alcool ne gèle pas, lui. Il n'en reste plus, va falloir songer à re-distiller. La mer par où arrive le bateau 2 fois par an, la relève, les provisions, les nouvelles de la civilisation, et qui repart chargé de fourrures.

Le bateau qui leur amène ce coup ci le trouble-fête le plus inutile qui soit : un lieutenant officiellement chargé de les former, de les discipliner et de les motiver contre l'Ennemi. Quel Ennemi ? Ben, l'Ennemi, quoi ? Ils veulent bien être gentils un moment, mais faudrait voir à leur causer correct. Ce sont des chasseurs du Grand Nord, des durs, et ce sont finalement eux qui mettront au pas le gringalet. Avec doigté.

Ce livre parle de toutes les choses importantes, de la mort, de l'amitié, du respect. De ces visites si indispensables à la survie, car si rares, de la nécessité acceptée de saouler l'autre de paroles et d'en écouter autant en échange, et de toutes ces petites folies ordinaires, obligatoires dans un pays aussi rude, et aussi des gros pétages de cable comme la sombre histoire d'Oscar le cochon que Calune aurait bien vu, j'en suis sûr, comme compagne pour Julie.

Très joli livre, vraiment, au style simple et allusif, comme j'aime, laissant la part belle à l'imagination du lecteur, qui n'est pas une moule, non mais ? Y a t-il un style nordique, qui parle avec finesse de sentiments profonds, vrais, naturels ? J'ai adoré "Faim" de Knut Hamsun, le prix Nobel norvégien, et aussi, plus proches de nous, les livres d'Arto Paasilinna le lapon : "le lièvre de Vatanen", etc... et bien sûr l'incontournable Selma Lagerlöf.

Au fait, Calune : merci !

vendredi 4 mai 2007

Saoul-FifreAller à Louyat

D'aucuns d'entre vous sont persuadés que Bof, comme signe un de nos gros niqueurs les plus assidus, est un pseudo.

Voir , , , , , et ici pour la chronique de ses photos, jeux de mots, mails et autres objets créatificiels sortis sans forceps de son crâne tintinomorphe.

Et bien non. Foin de camouflage inutile, et honte aux anxieux, peureux et autres inquiets qui éprouvent ce besoin de l'anonymat, Môssieur Bof ne mange pas de cette flaugnarde à la châtaigne là.

Il signait d'ailleurs au début de son nom complet, Bof E.T.C., ses marins et pas reines l'ayant porté sur les fonts baptismaux sous les prénoms de Elzéard, Théotope, Calixte...

Nous aurions continué à croire pendant longtemps que Bof etc... était son nom de guerre, n'auraient été la pugnacité et la détermination de notre reporter-photographe, Mademoiselle Calune, qui a retrouvé le caveau familial de sa famille d'origine, dans le cimetière limougeaud, sis au quartier Louyat, d'où le titre !

Oui, Blogborygmes envoie des reporters un peu partout sur la planète, vous croyez peut-être qu'on se tape tout le boulot ? Epictete étant resté bredouille sur ce dossier, malgré une expérience pluridécennale et un professionnalisme que personne ne lui niera, Calune a accepté de reprendre la patate chaude et a ramené le scoop à l'arraché ! Encore bravo !

Je le sens je le sais, que le premier commentateur va me dire "Heu, ton billet, là, bof...?", hé ben c'est raté, elle est pour moi, vous avez plus qu'à chercher autre chose, Na !

mardi 1 mai 2007

Saoul-FifreYeaaaah you Guys

Back from Limoges-city-by-the-Vienne ! J'espère que vous avez bien travaillé pendant mes congés et que vos patrons et patronnes ont eu tout lieu d'être ravis de vos prestations. L'inverse m'attristerait infiniment et vous baisseriez de quelques degrés dans mon estime. Déjà que vous avez voté avec vos pieds au 1er tour, vous avez intérêt à vous ressaisir pour le 2ième. Je vois déjà se profiler pour nous un monde où la moitié des citoyens sera en vacances forcées, nourrie aux croquettes pour chiens, et l'autre occupée à jouer en Bourse, en grattant des actions pour découvrir leur valeur...

Oui je suis revenu triste, démotivé, je vous prie de m'en excuser.

Le spectacle créé par la nouvelle situation est affligeant.

Le miel attire les mouches, les traîtres adorent baiser du Judas et les français se faire troncher par des tricheurs.

Super Menteur est mort et incinéré, mais il a pris la précaution de repérer, de former et de nous léguer son fils bien aimé, un clone à son image, sans plus de scrupules, ce même Brutus qui le poignardera dans le dos.

Tout commence en 1975, où Chirac lui "offre" son premier discours à Nice, devant les jeunes du parti. Première manip du jeune loup par le vieux renard : Sarko prépare les esprits à la trahison-maîtresse qui interviendra au célèbre second tour de l'élection présidentielle de 81, où une bonne partie de l'électorat RPR votera Mitterand, pour assouvir la haine personnelle de Chirac envers Giscard.

En 83, Sarko souffle la Mairie de Neuilly sous le nez de Pasqua, qui est pourtant son mentor en politique et témoin à son premier mariage. Pas de sentiments, chacun pour soi, et cet échec de Pasqua arrange aussi Chirac. On sent là sa patte de vieux pro.

92. Sarko ayant porte, table et ligne ouverte chez les Chirac, il assoit encore sa position dans la famille en se glissant dans le lit de Claude Chirac, la fifille au popa, qui approuve cette idylle, les yeux tout humides d'émotion paternelle. Quel beau couple !

95. Mais les arguments de Claude ne pèsent rien devant les analyses pointues du petit Nicolas. Il mise tout sur Balladur, confiant dans les sondages qui le donnent gagnant, mais les guignols de Canal +, Plantu et son Louis XV en chaise à porteur ainsi qu'un Chichi en grand forme sur la dernière ligne droite eurent raison de la tentative de putsch.

Ensuite il se trahit lui-même, en venant demander pardon, en s'allongeant, en s'aplatissant devant son vainqueur. "Appuie sur la tête de celui qui te lèche les pieds, de peur qu'il ne te morde". Je ne sais si Chirac connaissait ce conseil, mais l'âge se faisait sentir dans les neurones, car il retendit son dos pour se faire battre, se faire piquer son UMP chérie et se faire débaucher un par un tous ses soutiens.

Il eut beau ruer, se débattre, il finit par se laisser gentiment pousser vers la retraite, reconnaissant de facto qu'en matière de traîtrise, son domaine d'excellence, l'élève avait dépassé le maître.

À l'approche de la victoire, le troupeau des ralliés, souvent raillés, se densifie.

Mais le Lucky Luke du retournement de veste et le Nijinski du grand écart idéologique, c'est quand même le camarade Eric Besson. Entre ça et ceci , il s'est passé 3 petits mois. Démission, rembauche par la concurrence, famille à nourrir, the show must go on. Bon prince, l'autre va lui trouver une place de traducteur...

Ben oui : "Traittore, traduttore..."

lundi 16 avril 2007

Saoul-FifreMaja Neskovic

Nous n'avons toujours pas la télé, mais des bienfaiteurs de l'humanité s'appliquent à envoyer à Dailymotion ou Youtube des images qui leur ont plu. C'est comme ça que j'ai connu "Arrêt sur images". Et Maja.

Si vous ne connaissez pas, vous avez la dénonciation de mensonges , vous avez la mesure de l'intérêt des différentes chaînes en fonction des sujets , ou bien la mise en évidence, a minima, de l'incompétence , la légèreté, pour ne pas dire moins, de la vérification des sources ou un reportage bidon et puis ma préférée, mais c'est subjectif : la difficulté à agir concrètement contre les dérives du football

Je suis sous son charme. Cette fille s'amuse, c'est palpable à l'écran. Elle est libre, elle est à cent lieues des lèche-boules carriéristes et brandit bien haut l'honneur de la profession de journaliste. Ado, journaliste a été un des métiers que j'ai envisagé de faire. J'avais même la possibilité de me faire pistonner, mais j'ai vite compris que leur style et leurs idées intéressaient leur rédacteur en chef dans la mesure où ils ne remettaient pas en question le système ni les intérêts des annonceurs. Restait la presse libre, sans publicité, Le Canard, Charlie-Hebdo, Que Choisir, on a vite fait le tour et les places sont rares. De toutes façons, je ne voulais pas me spécialiser.

Et puis il y a ces îlots de fraîcheur au milieu du système. Je ne connais pas France 5, mais j'imagine qu'ils vivent de la pub ? Tant que l'émission de Daniel Schneidermann fera de l'audience, lui et ses reporters pourront continuer de faire grincer des dents. Avec cette épée de Damoclès suspendue au dessus de leur contrat, qui leur donne cet air réveillé, fier, brillant, car ils ne se bousculent pas pour aller à la soupe et se contentent de nous parler des faits, cachés, occultés par les images floues que l'on nous tend.

Ces décryptages iconoclastes me ravissent, ces mises au point, ces retours vers le passé, à la recherche des contradictions si révélatrices de la duplicité de nos politiques, c'est de la belle ouvrage !

Les caméras sont partout, selon la main qui les tient, elles nous bourrent le mou, ne nous montrent que le bon côté, mais si l'on change l'angle d'attaque, si on filme les instants "off", ceux où la garde est baissée, où la maîtrise de soi craque, le spectateur, qui n'est pas l'imbécile heureux que tous les médias semblent persuadés qu'il est, se met à comprendre les évidences. Il suffit de les lui montrer.

vous avez tout un Arrêt sur images. Bon, si vous voulez Maja, il faut attendre un peu la fin de l'émission, c'est toujours comme ça que ça se passe, Maja, c'est un peu l'apothéose de l'émission. Et celui qui a dit "...de l'émission de sperme", il sort, on est correct avec Maja, s'il vous plaît ?

Les autres intervenants attitrés, Perrine Dutreil, David Abiker, Sébastien Bohler etc... sont également passionnants, mais la star, rayonnante, époustouflante, c'est Maja.

Mais certains préfèrent quand même Ioulia Kapoustina et je crois deviner leurs raisons profondes.

mardi 10 avril 2007

Saoul-FifreTempus fugit

Le temps s'enfuit, le pleutre. Drôle d'expression. De quoi, de qui peut bien avoir peur le temps ?

De ne pas avoir le temps ?
De la vitesse, qui pourrait le raccourcir, selon Einstein ?
De se faire remonter par une machine ?
Que l'on colporte des légendes sur ses siècles ?
Que les couleurs du passé "passent" au soleil et tournent sépia ?
Que le magazine Actuel soit mort de trop d'anachronisme ?
De ce chien grondant après son kros nosse ?

De tous ces fugitifs fugaces et fébriles qui le talonnent sans se douter une seconde que le temps ne se rattrape pas.

Non, le temps ne craint rien. Ni de se faire dépasser, ni de se faire étaler d'un croche-pied dans la poussière, son pas est sûr, solide, et toutes nos petites agitations zélées, nos fougues, nos soi-disant urgences, ne lui tirent qu'un demi-sourire ironique.

Ce temps qui fuyait comme du sable sec et fin, de doigts écartés, n'était que la métaphore de ma propre fuite, faisant suite et corps à celle de mes parents. Nous avons fui la ferme trop isolée pour le village, le village pour la ville, la ville pour le village, le village pour le bâteau, un continent pour un autre, qu'on nous disait le nôtre, mais que nous n'avions jamais vu, de mémoire d'ancêtres, et où personne ne nous a reconnu.

Nous avons fui la mort, tout en sachant pertinemment qu'on ne lui échappe pas, que, sans hâter le pas, elle ramène son épaule à votre épaule et que son calme vous gagne, à jamais.

Peu importait. La mort ne s'attend pas bras ballants. Tant que je me sentais bouillonner d'un peu de vie, je filais dans mes nuages, me cacher au delà de l'horizon, derrière la courbure de la terre. Mes démons à mes trousses, j'avais beau les prendre à contre-pied, m'en ébrouer, ils me serraient en ricanant, m'obligeant à repartir, précipiter l'allure, sans reprendre haleine...

Je faisais tout avec brusquerie, dans la boulimie. Avec l'impatience d'arriver au bout du tunnel avant que le train ne te roule dessus, de préférence ? Je mordais dans le présent sans retenue, je courrais en tous sens, quadrillant les possibles, avec en tous lieux ces formes haineuses du passé qui s'agrippaient à mes paupières et me criaient :

- "Cours, cours, devant est autre chose, devant est différent, pédale de toutes tes forces : le pire est déjà advenu."

Et puis les battements de mon cœur, rythmés par le tempo furioso de mes pas, me firent m'accrocher à ce rocher.

Et j'y appris patiemment que le temps pouvait être immobile.

Enfin : presque immobile...

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