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jeudi 6 mars 2008

Saoul-FifreChanson française mon cul

On ricane des universitaires. On dit que, sortis de leurs parties de jambes en l'air avec les secrétaires, ils n'en fichent pas une rame, on se gausse... Bon , les secrétaires ne s'en plaignent pas, c'est déjà un point positif, alors ne voyons pas toujours le mauvais côté des choses !

Toujours est-il que l'autre jour, je suis tombé par hasard sur un article d'une revue universitaire qui m'a fait bien plaisir, et je ne résiste pas à l'envie de vous en faire profiter. Le postulat est simple : tous nos grands interprètes, compositeurs, auteurs, nous viennent de l'étranger. Tout se passe comme si la chanson était le médium idéal pour exprimer son arrachement au sol natal. La souffrance qui en résulte serait particulièrement créatiogène, sans parler des souvenirs joyeux issus de la terre-mère dont on ressent l'expression nécessaire pour évacuer ce blues de l'abandon.

Bon. Les rares "bons français" qui ne sont pas sur cette liste sont partis également de leur Landerno initial pour se retrouver paumés dans la mégalopole incontournable à tous les artistes potentiels. Vous pourrez vous amuser à les énumérer.

Voici toujours le résultat simplifié du boulot phénoménal de ce monsieur Yves Borowice (un nom pas d'ici, encore), mais je vous incite à lire tout le .PDF .

ITALIE

Salvatore Adamo, Akhenaton (de IAM), Amiati, Tina Arena, Raymond Asso (?, p), Claude Barzotti, Bénabar, Jean Bertola (?), Henri Betti (c), Frida Boccara, Guy Bontempelli, Georges Brassens, Carla Bruni, Francis Cabrel, Calogero, Maria Candido, Patricia Carli, Fred Chichin (c, des Rita Mitsouko), Christophe, Richard Cocciante (c), Pia Colombo, Henri Crolla (c), Dalida, Elsa, Giani Esposito, Lara Fabian, Léo Ferré, Nino Ferrer, Claude François, Frédéric François, Helno (des Négresses Vertes), Emile et Vincent Isola (?, p), Rina Ketty, Lino Leonardi (c), Louiguy (c), Mama Béa Tekielski, Jeanne Mas, Fred Mella (des Compagnons de la Chanson), Yves Montand, Monique Morelli (?), Claude Nougaro, Herbert Pagani, Patrice et Mario, Serge Reggiani, Dick Rivers, Sanseverino, Vincent Scotto, Hélène Ségara, Francesca Solleville, Tatou (des Massilia Sound System), Caterina Valente...

ESPAGNE

Manu Chao, Marc Chevalier (p), Leny Escudero, Nilda Fernández, Julio Iglesias, René-Louis Lafforgue, Gloria Lasso, Louiguy (c), Luis Mariano, Marie-José, Jeanne Mas, Raquel Meller, Nina Morato (?), Joseph Oller (p), José Padilla (c), Pierre Rapsat, Michel Rivgauche (a), Etienne Roda-Gil (a), Olivia Ruiz, Georges Ulmer, Serge Utgé-Royo, Caterina Valente...

PORTUGAL

Linda de Suza, Kool Shen (de NTM), Lio, Marie Myriam, Helena Noguerra, Catherine Ribeiro...

GRÈCE

Georges Garvarentz (c), Georges Guétary, François Hadji-Lazaro (des Garçons Bouchers et de Pigalle), Léo Missir (c, p), Nana Mouskouri, Georges Moustaki, Pierre Papadiamandis (c), Nikos Papatakis (p), Demis Roussos, Pierre Saka (a), Théo Sarapo, Nicola Sirkis (d’Indochine), Yani Spanos (c)...

MONACO

Léo Ferré

ROYAUME-UNI

Richard Anthony, Boris Bergman (a), Jane Birkin, Petula Clark, Nilson Fysher (p), Harry Fragson, Maxime Le Forestier, Mireille, Jeanne Moreau, Jehan Rictus...

PAYS-BAS

Dick Annegarn, Dave, Géo Koger (?, a), Félix Marten, Anne Vanderlove, Ophélie Winter...

BELGIQUE

Salvatore Adamo, Arno, Claude Barzotti, Julos Beaucarne, Plastic Bertrand, André Bialek, Jeff Bodart, Jacques Brel, Elyane Célis, Annie Cordy, Pierre Degeyter (c), Giani Esposito, Lara Fabian, Frédéric François, Yvonne George, Johnny Hallyday, Jacques Higelin, Esther Lekain, Lio, Paul Louka, Philippe Lafontaine, Marceau (c), Maurane, Helena Noguerra, Pierre Rapsat, Axelle Red, Régine, Django Reinhardt (c), Eric Robrecht (c), Claude Semal, Nicola Sirkis (d’Indochine)...

ALLEMAGNE

Eva Busch, Jacques Canetti (p), Norbert Glanzberg (c), Patricia Kaas, Joseph Kosma (c), Jean Lenoir ( ?, a, c), Rolf Marbot (p, c), Léo Marjane, Félix Marten, Frédérik Mey, Marianne Oswald, Yvan Rebroff...

AUTRICHE

Fred Freed (c), Emile Jaque-Dalcroze (a, c), Henri Himmel (c, p)...

SUISSE

Pascal Auberson, Michel Bühler, Henri Christiné (a, c, p), Henri Dès, Pierre Dudan, Stephan Eicher, Gilles-Jean Villard, Johnny Hess, Emile Jaque-Dalcroze (a, c), Patrick Juvet, Sarcloret, Michel Simon, Michel Vaucaire (a)...

DANEMARK

Joëlle Mogensen (d’Il Était Une Fois), Georges Ulmer

SUÈDE

Fred Chichin (c, des Rita Mitsouko)

POLOGNE

Michel Berger (?), André Bialek, Mike Brant, Marie Dubas, Norbert Glanzberg (c), Jean-Jacques Goldman, Maria Krysinska (c), Mama Béa Tekielski, Mireille, Montéhus (?), Lucien Morisse (p), Marianne Oswald, M. Pokora, Anna Prucnal, Régine, Catherine Ringer (des Rita Mitsouko), Mort Shuman, Rika Zaraï...

ROUMANIE

Henri Garat, Mitty Goldin (p), Joël Holmès, Renée Lebas, Léon Raiter (c, p), Alexandre Siniavine (c), Emil Stern (c), Pierre Vassiliu...

HONGRIE

Clarika, Joe Dassin, Pierre Grosz (a), Michel Jonasz, Joseph Kosma (c)...

BULGARIE

Jacques Canetti (p), Sylvie Vartan...

LETTONIE

Francis Lemarque

RUSSIE / EX URSS

Barbara, Cyrus Bassiak (Rezvani, a), Boris Bergman (a), Agnès Capri, Carlos, Sacha Distel, Pierre Dudan, Michel Emer (a, c), Enzo Enzo, Jean Ferrat, Marc Fontenoy (a, c), Serge Gainsbourg, Marc Heyral (c), Jacques Lanzmann (a), David McNeil, Anna Marly (c), Armand Mestral, Léo Poll (c, p), Michel Polnareff, Yvan Rebroff, Alexandre Siniavine (c), Wal-Berg (c , p), Rika Zaraï...

ÉGYPTE

Richard Anthony, Guy Béart, Reda Caire, Louis Chedid, Dalida, Claude François, Georges Guétary, -M-, Georges Moustaki, Demis Roussos...

TURQUIE

Richard Anthony, Pierre Barouh (a, p), Sacha Distel, Nilson Fysher (p), Paul Misraki (c), Dario Moreno, Pierre Papadiamandis (c), Ray Ventura (c, p), WalBerg (c, p)...

LIBAN

Bob Azzam, Guy Béart, Louis Chedid, K-Maro, Francis Lalanne, -M-, Gabriel Yacoub (de Malicorne)...

SYRIE

Joëlle Mogensen (d’Il Était Une Fois)

CHYPRE

Diam’s

ISRAÊL

Mike Brant, Nourith, Rika Zaraï...

IRAN

Cyrus Bassiak (Rezvani, a)

ARMÉNIE

Coco Aslan, Charles Aznavour, Patrick Fiori, Danyel Gérard, Jacques Hélian, Hélène Ségara, Henri Tachan...

ALGÉRIE

EUROPÉENS

Jack Arel (c, p), Louis Bertignac, Patrick Bruel, Eugénie Buffet, Carlès (a), Etienne Daho, Dickson, Dufleuve, Liane Foly, Imhotep (c, d’IAM), Emile et Vincent Isola (p), Enrico Macias, Marie-José, Eddy Marnay (a), Jean-Pax Méfret, Polaire, Pierre Ribert (p), Georges Tabet, François Valéry, Varel, Christian Vebel (a)...

ARABES / KABYLES

Djamel Allam, Hakim et Mustapha Amokrane (de Zebda), Chimène Badi, Rachid Bahri, Alain Bashung (?), Amel Bent, Lili Boniche, Cheb Mami, Magyd Cherfi (de Zebda), Dikès, Faudel, Freeman (d’IAM), Juliette, K-mel (d’Alliance Etnhik), Karim Kacel, Khaled, Mouloudji, Nâdiya, Ridan, Rim’k (de 113), Rachid Taha... Je rajoute Isabelle Adjani et Idir ?

MAROC

EUROPÉENS

Frida Boccara, Alain de Ricou (p), Sapho, Alain Souchon...

ARABES / BERBÈRES

Amel Bent, Wallen...

TUNISIE

EUROPÉENS

Dany Brillant, Famille Marouani (p)...

ARABES

Amina, Lââm...

BÉNIN

Angélique Kidjo

CAMEROUN

Antoine, Francis Bebey, Manu Dibango (c, p), Ménélik, Yannick Noah, Princess Erika...

CAP VERT

Stomy Bugsy

CONGO

Abd al Malik, Passi, Zao...

CÔTE D'IVOIRE

Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly, John William...

GABON

Pierre Akendengue

MADAGASCAR

Antoine, Faf Larage, Shurik’n (d’IAM)

MALI

Salif Keïta, Mokobe (de 113), Christian Olivier (des Têtes Raides)...

RWANDA

Corneille

SÉNÉGAL

Disiz La Peste, Youssou N’Dour, Tété...

TCHAD

MC Solaar

QUÉBEC / CANADA

Aglaé, Beau Dommage, Isabelle Boulay, Robert Charlebois, Corneille, Richard Desjardins, Céline Dion, Diane Dufresne, Lara Fabian, Mylène Farmer, JeanPierre Ferland, Louise Forestier, Garou, Pauline Julien, Plume Latraverse, Daniel Lavoie, Félix Leclerc, Lynda Lemay, Claude Léveillée, Raymond Lévesque, Luc Plamondon (a), Ginette Reno, Michel Rivard (c), Natasha Saint-Pier, Fabienne Thibault, Gilles Vigneault, Roch Voisine...

ETATS-UNIS

Joséphine Baker, Eddie Constantine, Joe Dassin, Frank Gérald (a), Nancy Holloway, John Littleton, Long Chris (a), David McNeil, Joëlle Mogensen (d’Il Était Une Fois), Teri Moïse, William Sheller, Mort Shuman...

GUADELOUPE

AP (de 113), Julien Clerc, Doc Gynéco, Laurent Voulzy, Zouk Machine (Joëlle Ursull, Christiane Obydol, Dominique Zorobabel)...

MARTINIQUE

Jocelyne Béroard (de Kassav), La Compagnie Créole, Philippe Lavil, Malavoi, Dédé Saint-Prix, Joey Starr (de NTM), Stellio (c, p), Tété...

GUYANE

Henri Salvador

HAÎTI

Manno Charlemagne, Teri Moïse

MEXIQUE

Dario Moreno

PÉROU / ARGENTINE

Francis Lopez (c)

BRÉSIL

Danyel Gérard, Philippe-Gérard (c)...

URUGUAY

Francis Lalanne, Elli Medeiros

COLOMBIE

Yuri Buenaventura

VIETNAM

Eric Charden, Richard Cocciante (c), Chantal Goya...

INDONÉSIE

Anggun

LA RÉUNION

Faf Larage, Gérald de Palmas, Évariste Parny, Shurik’n (d’IAM), Tonton David...

NOUVELLE-CALÉDONIE

Francis Carco (a)

AUSTRALIE

Tina Arena

NOUVELLE-ZÉLANDE

Graeme Allwright

Et comme j'entre-aperçois gros comme une maison que Tant-Bourrin est en train de me concocter un commentaire vachard comme quoi je continue à faire rédiger mes billets par d'autres, que je n'ai rien perdu des habitudes esclavagistes de mes ancêtres, en quelque sorte, je me suis fait une douce violence et me suis fendu d'un pastiche sur le sujet et sur la musique du "Métèque".

Toi content, bwana ?



Avec vos gueules de métèques
De différents, de plutôt tchèques
Et vos cheveux vous poursuivant
Avec vos yeux où était gravé
L'espoir d'un jour y arriver,
De vous hisser au firmament
Avec vos mains d'ensorceleurs
Sur un piano, vos doigts joueurs
Qui ont troussé tant de quatrains
Avec vos bouches aux cris nus
Où nous vous avons reconnu
Quand de talents nous eûmes faim.

Avec vos gueules de métèques
De pèlerins, d'à peu près grecs
En exode, en fuite, immigrants
Vous êt's dans le collimateur
De nos énarques prédateurs
Des minus qui se croient géants
Un Hortefeux de l'après-guerre
Voyant Kosma à la frontière
L'a laissé venir de Hongrie
C'est bien mais ce con de douanier,
Du mêm' pays a fait rentrer
Le père du petit Sarkozy.

Cachez vos gueules de métèques
Vos yeux seront plus jamais secs
Avec l'immigration choisie.
La loi se martiale et elle s'arme,
Se cache, peureuse et se ferme
La porte derrièr' Sarkozy.
Ce dont il a bénéficié
Il le refuse à des foyers
Autrement méritants que lui.
Que va devenir la chanson ?
Se retrouver en caleçon
Sans ces immigrés de génie ?

lundi 17 décembre 2007

Saoul-FifreOn a marché sur la dune

Entre madre (la mère en espagnol) et mar (la mer dans la même langue), il y a un D et un E de différence. En français, il n'y a qu'un E, en latin, qu'un T. Quand ma mère a perdu les eaux, ce jour là, il se trouve que je me baignais dedans, et zwib, je suis tombé sur une terre. Je ne me rappelle pas qu'on m'ait demandé mon avis, d'ailleurs je crois que l'usage est de ne point s'enquérir des désidératas des nouveaux-nés. Certains ont essayé, sans jamais obtenir de réponse clairement articulée.

Les faits bruts, immalléables, me sont tombés sur la gueule, et il a fallu que je fasse avec : je suis né à Tlemcen, dans une famille de colons, début 1956. Fin 55, des fellaghas (résistants) ont attaqué la ferme. Ma mère, qui me portait, a eu la trouille de sa vie. Elle l'a partagée avec moi, et je l'ai faite mienne durant de nombreuses années. J'émerge de notre peur petit à petit. C'est un travail de longue haleine. Dans la famille, tout le monde a morflé, chacun à sa manière, de ce déchirement du départ.

Et puis, plus de 40 ans plus tard, le simple fait de discuter d'un "retour" familial à Tlemcen a réavivé les plaies. Ça a somatisé sec dans la tribu.

Ma sœur aînée ne s'est pas sentie d'y aller, en tout cas pas avec sa fratrie. Elle flairait le piège.

Le corps de la 2ième a carrément pété un fusible. Tout était décidé, elle avait préparé le voyage de sa famille à elle avec beaucoup de rigueur et de soin, comme elle sait faire, et puis plouf, elle a attrapé une maladie de ouf : un virus qui s'est attaqué à sa myéline et qui l'a mise raplapla comme une carpette !

La 3ième était partante itou, mais on la sentait qui serrait les fesses. Le hasard a fait que son avion était en grève et qu'elle n'a pas pu en prendre un autre. Bon, ses 20 ans de psychanalyse sont peut-être un terreau prédisposant, toujours est-il qu'elle est tombée dans une dépression sévère dont elle a du mal à se sortir.

Nous les 3 garçons, on y est allés, d'accord, mais ça nous a bien secoués quand même.

Alors y en a qui me disent : "On aimerait bien la suite de tes aventures en Algérie ?" comme qui dirait "C'était chaud, le Club, cette année ?".

Ben c'est pas si facile que çà à écrire, si vous voyez ce que je veux dire ? Le seul truc vrai et important, dans cette affaire, et qui nous a noué les tripes d'émotion, là-bas, en permanence, c'est que nous appartenons de cœur à cette terre.

Et ce soir j'ai juste envie de vous la montrer dans sa nudité, vierge de présence humaine.

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vendredi 7 décembre 2007

Saoul-FifreDame Nature

Au moins aussi énervé que Pascal , je n'ai eu cependant aucun mal à trouver mon titre.

Pascal est un garçon plein de sensibilité, à la culture multiforme, avec un goût avéré pour les constructions intellectuelles, les logiques imparables. C'est un touche-à-tout passionnant. Il a longtemps été en pole position dans notre blogroll, mais comme nous n'aimons pas les longues listes obèses, et que son blog tourne rond et n'a nul besoin de notre publicité, son lien a sauté au bénéfice de nouvelles découvertes.

S’il y a bien une chose dont je suis certain, c’est que nous sommes le fruit le plus souvent involontaire d’un plaisir éphémère, que nous vivons par le hasard de quelques réactions chimiques, et qu’un jour ça s’arrête. C’est de la bête mécanique. Une sombre histoire d’interactions aléatoires entre des nuages électroniques d’atomes. Point final.

Je suis entièrement d'accord avec Pascal. Point final, oui ! Mais Pascal ne s'arrête pas là, il s'énerve contre la machine de la Vie, il la juge, il la conchie, il nous fait partager sa haine (ou sa peur ?) de la Nature.

C'est totalement injuste et insensé

Lui, le scientifique rationnel (Le problème est que la logique reste tout de même la seule chose qui s'est avérée opérationnelle pour comprendre le monde jusqu'à présent, et ce dans absolument tous les autres domaines), il s'insurge contre l'arbitraire, le hasard des lois naturelles, ce sont elles, hou les vilaines, qui font mourir Fred Chichin dans la souffrance à 53 ans et Papon paisiblement à 96 ans !

Dans les commentaires, il est tout à fait d'accord avec Artef@ct qui stigmatise la tyrannie de la Nature et la loi de la jungle inégalitaire...

Mon dieu, que d'agressivité envers cette pauvre Nature qui ne leur a rien fait ! Enfin, j'en sais rien ? Quand on était mômes, on disait : "Toi, t'as pas été gâté par la Nature !". Une explication à ce qui ressemble bien à de la rancune est peut-être à chercher de ce côté ?

Il est aussi marrant que le billet tourne vite à une engueulo contre un mec appelé "Dieu", alors que Pascal, comme moi, n'envisage pas la possibilité de ne serait-ce que l'hypothèse de son existence ? Alors pourquoi cette colère tonnant dans le vide, ces brillantes démonstrations appliquées au moulinage de l'air ? Il y a belle lurette que j'ai rangé le divin barbu dans le tiroir des vieilles lunes ridicules, et je n'éprouve du coup bien sûr plus le besoin de lui reprocher quoi que ce soit. Tout en respectant infiniment les individus et leurs croyances, sauf quand elles viennent grignoter ma propre liberté.

Pendant des milliards d'années. La Nature a fait tourner la Terre, tant bien que mal. Elle y a fait éclore la Vie, elle s'est adaptée, en faisant disparaître des lignées complète de nuls, des espèces entières qui n'avaient rien à foutre à cet instant et à cet endroit. Hypothèse exemplaire et probable : un gros astéroïde percute la terre de façon à ce que l'axe des pôles bascule. Les grands sauriens se retrouvent dans les glaces ou dans le désert sans rien à croûter. Dans la famille dinosaure, je voudrais le père ? Il n'est plus là. La mère ? Non plus. En fait il n'y en a plus un seul. Dommage.

J'emploie des mots comme "dommage" "bien" "mal" "nuls", mais l'Homme et son orgueil de prédicateur de sauvages, de dompteur de fauves, qui veut la Nature à sa botte, qui veut l'exploiter, la racler jusqu'à l'os, au nom de sa Civilisation adorant le Veau d'Or, n'est pas encore apparu. L'espèce humaine, c'est une virgule de merde sur le carrelage immaculé de l'Univers éternel. Et à la vitesse supersonique où il a réussi à polluer la Terre, à modifier son climat, à inventer des armes capables de la détruire entièrement plusieurs fois, je dirais pour faire ma Cassandre que l'Homme est vraiment une minuscule virgule merdique et qu'un bon coup d'éponge de Dame Nature ne va pas tarder à l'effacer, lui et son Etat de Culture, s'il ne se ressaisit pas et n'apprend pas, justement, à respecter un peu plus la Nature, à la connaître et à découvrir sa force de proposition.

Est-ce que la Nature va réussir à s'affranchir de la tyrannie de l'Homme ? Voici la question à poser, et non l'inverse ! Les abeilles sont en train de crever, comme sont morts les papillons multicolores de mon enfance, assassinés par les poisons des traitements. Le coupable, ce n'est pas le Colonel Nature, dans la bibliothèque, avec un couteau ! C'est bien cet Homme civilisé, cultivé, désireux de créer les conditions d’un plus grand bien-être matériel ou intellectuel. Cinq beaux fruits par jour, sans taches disgracieuses ni piqûres d'insectes, comme les exigent parait-il les consommateurs. Mais si les abeilles disparaissent, plus de pollinisation des fleurs, plus de fruits.

Descendez au tombeau tous les musiciens géniaux que vous voulez, mais rendez-nous les abeilles. Préférez les produits bios, impitoyablement non-traités.

Et arrêtez de critiquer la Grande Zoé, spirale de la Vie qui est là de toute éternité et qui perdurera itou, sans nous, sans faire la morale à personne, sans nous prendre la tête avec du sens et sans promulguer de lois. Elle plane impassible au dessus de nos égoïsmes nombrilistes, de nos mesquines trouilles à l'idée d'être incorporés sans sommations au Grand Cycle.

Les vers raffolent des gens indispensables.

C'est le dessert du lombric.

vendredi 23 novembre 2007

Tant-BourrinKill Kiki !

Dressons le tableau : vous aimez le calme et le silence. Mais voilà, la sérénité à laquelle vous aspirez légitimement, le soir, lorsque vous regagnez votre domicile, est troublée par des jappements horripilants : ceux de l'affreux caniche de votre voisin qui aboie (le caniche, pas le voisin) à la moindre occasion. Le voisin en question reste insensible à vos récriminations, affirmant que son Kiki aboie très peu et que vous devez ne pas aimer les animaux pour ne pas supporter de si infimes nuisances.

Pour le coup, vous êtes à bout de nerfs. Vous rêvez d'étriper Kiki et son maître pour retrouver votre chère quiétude. Mais de là à passer à l'acte... Vous hésitez. Et surtout, vous ne savez pas comment vous y prendre.

Rassurez-vous, Blogbo est là. Nous allons vous proposer quelques méthodes pour faire taire l'affreux clébard, avec une analyse des avantages et inconvénients de chacune d'entre elle. Vous n'aurez plus que l'embarras du choix...

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lundi 19 novembre 2007

Saoul-FifreEpanouie comme Mort en Algérie

- "Note, Rabia : mon bateau arrive demain à 13 heures à Oran. Il faut vraiment que Ahmed et votre copain douanier y soient pour me faire passer vu que les ordis à mon avis, j'ai pas le droit de les importer ?"

- "Inch' Allah..."

- "Et puis le lendemain, c'est mon frère, ses enfants et les miens qui atterrissent à la Sénia à 17 heures..."

- "Inch' Allah..."

- "Bon là j'aurai la voiture vide et il suffira de louer un taxi un peu grand et ça ira..."

- "Inch' Allah...". Rabia répétait sa litanie "Si Dieu veut" pour m'expliquer poliment "Mais qui es-tu, pour connaître l'avenir, nous sommes des marionnettes entre les mains du Très-Haut, Gloire à lui, tu seras là où tu dis s'il le veut bien."

Et le plus beau, c'est que nous en avons eu une preuve éclatante. Non, personne n'est mort, mais ma sœur devait arriver par l'avion Paris-Alger. Ils lui ont fait enregistrer ses bagages et au moment de l'embarquement, lui ont dit "qu'en raison d'un arrêt de travail d'une certaine catégorie de personnel, le vol était annulé !"

Mektoub. Va-z-y va-z-y, fais des projets, si Allah y veut pas que t'ailles en Algérie, t'iras pas. Et ne chiale pas : cet avion y devait s'écraser, t'as eu du pot qu'y ait eu grève !

Le rapport à la mort en Algérie est un peu déstabilisant pour un Européen habitué au "tout sécuritaire". Et puis on s'y fait assez vite. La manière de conduire...

En France, sur une 4 voies, chacun reste sur sa file. Là non : si tu veux doubler, tu demandes le passage en klaxonnant. C'est rigolo alors tu prends vite le pli. Aux ronds-points, le code est le même que chez nous, mais personne ne le respecte, celui qui a le plus gros culot passe. Sur les 2 voies, par contre, elles sont assez larges pour pouvoir doubler dans n'importe quelles conditions, virages, haut de côte, un coup de klaxon magique et les 2 voitures s'écartent et te laissent passer. Ou pas. Il y a quand même beaucoup de tôles froissées. Ou alors elles sont particulièrement susceptibles.

Je me souviens aussi de ces grappes de jeunes accrochées au flanc de la falaise qui fait face au port d'Oran. Sur des escarpements leur permettant juste de s'asseoir sur le rocher, les pieds dans le vide, un faux mouvement et ils se retrouvent écrasés 80 mètres plus bas, ils passent l'après-midi à regarder passagers et véhicules monter dans le "bateau pour la France". Cette absence de vertige me semblait teintée de désespoir.

Et puis ya "les terros". La mort qui rode et qui peut frapper n'importe quand. Les filles kidnappées et emmenées dans la montagne pour "servir" après un simulacre de mariage. Les bergers égorgés pour l'exemple, pour apprendre le silence aux autres. Le peuple sent revenir les sombres années 90, malgré les gages donnés aux barbus : la 3ième plus grande mosquée du monde arabe promise à Alger, un premier ministre choisi parmi les leurs, une politique de pardon pour tous ceux qui déposent les armes...

Mais c'est considéré comme insuffisant : C'est bien Bouteflika qui était la cible du groupe Al-Qaeda au Maghreb, ce 6 septembre 2007 à Batna.

Attentat qui a donné 22 fois la mort et fait plus de 100 blessés.

Mais le raïs revient le jour suivant

dimanche 23 septembre 2007

Tant-BourrinFaites passer l'émotion !

Nombreux sont les blogueurs amateurs qui m'ont un jour demandé : "Monsieur Tant-Bourrin, j'essaye de faire des podcasts, mais il n'y a rien à faire, à chaque fois que je m'écoute, c'est chiant comme la mort. Comment faites-vous donc, Maître, pour faire passer autant d'émotion lorsque vous parlez ou chantez sur votre blog ?"

Etant las de répéter sans cesse la même chose à tous ces jeunes blancs-becs inexpérimentés, je vais vous livrer ici une bonne fois pour toute le B-A BA de la transmission d'émotion, illustré par deux exemples.

Tout d'abord, le choix des textes. Primordial. Vous aurez beau avoir fait l'Actors Studio, vous aurez du mal à rendre palpitante la lecture d'un billet du genre : "G été ché Kevin tou ta leur. Il é cool. On a écouter de la muzic et pui on a jouer à la playstation. C mon meyeur cop1 ! lol !"

Non, non, soyez plus ambitieux : ciselez vos textes, visez haut, ou alors puisez dans les classiques de la littérature française. C'est ce que j'ai fait pour les deux exemples de ce billets : j'ai retenu deux oeuvres inégalées et inégalables, deux purs chefs-d'oeuvres du patromoine mondial, à savoir "le Cid" de Corneille et "le pipi de Trotro" de Bénédicte Guettier (que j'ai piqué pour l'occasion à Tant-Bourriquet). Mon choix s'est porté sur ces deux merveilles afin d'illustrer deux types d'émotions à faire passer dans un podcast : le côté dramatique avec "le Cid", le côté gai et enjoué avec "le pipi de Trotro". Une fois vos textes -de qualité- bien écrits ou sélectionnés, la moitié du travail est faite !

La seconde moitié va consister à en faire la lecture en mettant un maximum d'intonations, de conviction, de force dans votre voix. Pour cela, faites le vide dans votre tête cinq minutes (pour certains, ça ne réclamera aucun effort !), puis essayez de vous mettre dans le bon état d'esprit pour vivre intensément ce que vous allez lire.

Pour "le Cid" par exemple, j'ai intensément pensé à ma taxe d'habitation, à ma voiture à amener chez le garagiste, à ma belle-mère, à mon cor au pied, etc. A la fin de cette introspection, j'étais en larmes et prêt à faire pleurer également l'auditeur en transportant des brouettés de désespoir dans ma voix.

Pour "le pipi de Trotro", en revanche, j'ai essayé de visualiser des choses beaucoup plus légères et amusantes : une bonne mousse au chocolat, un match du PSG ou encore la tête du Souf' le jour où il a pris un laxatif en croyant prendre un sirop pour sa toux. Et, vu la nature du texte, il faut surtout se mettre dans la position de celui qui va s'adresser à des petits enfants naïfs et innocents (un peu comme Sarkozy quand il cause aux Français dans le poste de télé).

Reste la lecture à proprement parler, mais là, vous êtes déjà dans les bonnes conditions psychologiques pour casser la baraque et faire passer des kilotonnes d'émotion. En l'occurrence, deux trucs à ne pas oublier : les vibratos dans la voix pour "le Cid", la voix qui module beaucoup dans les aigus pour "le pipi de Trotro".

A ce stade, c'est déjà parfait : votre podcast va faire un malheur.

Vous pouvez en rester là. Mais comme je suis un puriste, j'ai toujours tendance à faire mieux que la parfection en ajoutant en sus la magic touch finale : un accompagnement musical choisi avec goût. Bien évidemment, le choix du fond sonore doit être en rapport avec la tonalité du billet. Dans le cas de nos deux exemples, j'ai choisi "l'Adagio" d'Albinoni pour magnifier "le Cid", et "Yaketi sax", le générique du Benny Hill show, pour donner une touche encore plus enlevée au "pipi de Trotro".

Mais bon, à l'heure où j'écris, il se fait tard. Je vais donc laisser mes consignes à l'ingénieur du son de Blogbo pour qu'il me trouve ces musiques, fasse le mixage sur mes deux podcasts et les mette en ligne à la suite de ce billet (eh oui, sur Blogborygmes, compte tenu de notre volume d'activité, on a engagé un ingénieur du son !). Et hop, le tour est joué ! Méditez bien ces deux exemples pour vos prochains podcasts !

Merci qui ?

Merci Blogborygmes !


Tant-Bourrin - Le pipi de Trotro



(Téléchargeable directement ici)


Tant-Bourrin - Le Cid



(Téléchargeable directement ici)





Edit du 23/09/2007 :

Je viens d'écouter les deux podcasts ci-dessus mixés et mis en ligne cette nuit par notre ingénieur du son.

Je vous informe que Blogborygmes est à la recherche d'un nouvel ingénieur du son, sérieux, appliqué et surtout très ordonné. Envoyez votre CV à Blogborygmes Inc. Ltd - 1 rue Canasson - 99000 Bourrinville.

dimanche 16 septembre 2007

Saoul-FifreHou les cormes !

J'ai repéré cet arbre en crapahutant dans la colline. J'en ai compté 4. Ils sont élégants, ils forment leur ombelle florale en avril mais je n'avais jamais réussi à voir leurs fruits, arrachés par le mistral ou grignotés verts par ces cons d'oiseaux voraces et pressés. Mais ce qui me fascinait, c'était l'endroit où ils avaient poussé. Des endroits durs, sur des pentes rocheuses, dans des fourrés où ils avaient dû subir la concurrence du chêne Kermès, qui n'a rien d'un tendre dans son rôle de colonisateur du sol pauvre. Ils étaient là, fiers, dominant la garrigue. Ils avaient réussi à sortir la tête au dessus de la strate arbustive et se gorgeaient à présent de soleil. Ils étaient pris dans des buissons tellement inextricables qu'il n'était pas question de s'en approcher pour une identification plus poussée, surtout en l'absence de fruits. J'hésitais donc entre 3 espèces approchantes.

Quand nous avons décidé de construire la maison, je ne voulais pas toucher aux terres agricoles et je cherchais plutôt un coin "quillé", en hauteur, pour ne jamais me retrouver les pieds dans l'eau. C'est pas qu'il pleuve beaucoup ici, mais il peut pleuvoir fort en peu de temps. J'ai repéré un gros rocher couvert d'une végétation luxuriante où je n'avais jamais mis les pieds. Une vraie jungle qui ne servait à rien et dont nous étions obligé de faire le tour. C'était l'occasion d'aller voir le coup d'œil qu'il y avait de cette butte. Expédition à travers des chênes Kermès de 2 m, hauteur exceptionnelle. On sentait qu'on les avait laissé pousser tranquilles. Après beaucoup d'efforts à la scie et au croissant, j'arrive effectivement dans un endroit dominant, avec une belle vue sur le château , qui conviendrait bien, à mon avis. Avis qui fut partagé assez vite par Margotte, que j'allai chercher. Nous avions déjà dessiné les plans, et je piquetai approximativement l'emplacement futur. Quatre grands pins d'Alep allaient devoir être abattus et je mis en route la tronçonneuse. "Hop hop, les enfants, vous me rangez toutes ces bûches au bord du morceau, on les rentrera quand la barraque sera construite"

Et quand le tracto-pelle vint pour dégager le sol et creuser les fondations, je lui recommandai avec insistance de ne pas toucher aux autres arbres. Et je vis mon arbre mythique se faire désembroussailler et apparaître, bien dégagé derrière les oreilles, alors qu'enfoui, il était méconnaissable. J'avais choisi cet endroit un peu au hasard et je me retrouvais avec mon arbre fétiche, tenace, sobre et classieux, juste au bout de la terrasse !

Alors, j'ai entamé des recherches et j'ai éliminé les possibilités jusqu'à apprendre que mon chéri s'appelait Sorbus Domestica et qu'il ne fallait pas le confondre avec son cousin le Sorbier des oiseleurs, que son petit nom français était le Cormier , et que son fruit, la Corme, était comestible (donc distillable) pour peu qu'on la consomme blette, bien mûre, pour éviter un petit goût astringent. Ben, j'ai goûté : c'est délicieux !

J'ai appris aussi que cet arbre était en voie de disparition, alors du coup, je m'en vais en semer tout partout, il m'a l'air tout à fait adapté à la région. Son bois est un des plus dense qui soit (de l'ordre du buis ou du chêne vert) et il pousse très droit, très haut, s'il est isolé. On s'en sert pour faire les manches d'outils et les règles d'écoliers !

J'ai bien dû me prendre des coups de règle en cormier sur les doigts dans ma jeunesse, mais voyez : je lui en veux même pas.

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