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vendredi 9 décembre 2011

Scout toujours17 juin 1815, la journée qui fit changer le monde

17 juin 1815, les cent jours : Napoléon vient de remonter sur le trône et doit affronter une nouvelle coalition (1) financée par les Anglais : les "Tories" (2) ont juré notre perte. L’Angleterre a payé aux autres puissances vingt guinées par homme mobilisé contre la France.

Le plan de l'empereur est de s'attaquer d'abord à ses ennemis les plus décidés, à savoir les Anglais et les Prussiens stationnés en Belgique. Son but est de séparer ses deux adversaires et de les battre l'un après l'autre : d'abord les Prussiens, et les Anglais ensuite. L'armée Prussienne, il vient de la battre le 16 juin, la première partie du plan est donc réalisée. Sur notre gauche, à 12 kilomètres de distance, les Anglais font face à Ney qui a reçu l'ordre de les attaquer ce matin-même, si toutefois Wellington (3) commet l'erreur de rester face à lui. L'armée Anglaise sera alors immanquablement écrasée, prise entre celle de Ney et celle de Napoléon.

Il est 6 heures du matin, l'empereur anxieux, a beau prêter l'oreille, aucun bruit de canon ne s'entend sur sa gauche. Pour lui, si Ney n'attaque pas, c'est signe que Wellington s'est déjà replié : l'anglais est trop prudent pour rester dans une position aussi périlleuse ; il aura probablement évacué le champ de bataille dans la nuit. Une reconnaissance est envoyée du côté de Ney afin d'en avoir le cœur net. Pour le moment, tout indique que nos ennemis fuient vers deux directions opposées : les Prussiens vers l'est et les Anglais vers le nord, ils semblent définitivement séparés et ne pourront plus se rejoindre, le plan marche mieux que prévu. Croyant avoir tout son temps, Napoléon donne des ordres pour passer son armée en revue. Une violente crise d'hémorroïdes l'ayant terrassé pendant toute la nuit, il choisit de visiter le champ de bataille en voiture et déambule de poste en poste, réprimandant les uns, félicitant les autres. Le champ de bataille est couvert de morts : le combat de la veille a été une abominable boucherie, les hommes se sont entre-égorgés comme s'ils avaient nourri une véritable haine personnelle les uns vis à vis des autres (4) et la voiture impériale a du mal à se frayer un chemin entre les cadavres.

Soudain, vers 10 heures 30, coup de théâtre ! La reconnaissance envoyée du côté de Ney est de retour : "L'armée Anglaise est restée sur place, face à Ney, et cet imbécile ne les a pas attaqués !" L'empereur réalise soudain l'occasion qu'il a perdue : si notre armée était partie dès l'aurore, elle serait déjà sur place en train d'écraser Wellington saisi entre nos deux armées. A présent, plus question de passer l'armée en revue, "Sus aux Anglais !" Il n'est peut être pas trop tard, avec un peu de chance, si Ney exécute ses ordres et attaque l'arrière-garde Anglaise, Wellington devra se retourner pour faire face, et on arrivera juste à temps pour le battre !

Napoléon laisse Grouchy (5) s'occuper des Prussiens et s'élance à la tête du reste de son armée en direction des Anglais. Il faut faire vite, Wellington est peut-être encore là ! On n'entend toujours pas le canon de Ney, mais bon sang, que fait-il ? L'ordre d'attaque a dû lui parvenir au plus tard à 10 Heures...

On se presse sur la route, la cavalerie galope en tête. Vers midi, Napoléon réitère à Ney l'ordre d'attaquer et fonce vers les anglais avec ses hussards, mais arrivé sur place, seule la cavalerie Anglaise est encore là. Tout le reste de l'armée Anglaise a déjà fui vers le nord. La retraite a commencé vers 10H30. Au diable les hémorroïdes, l'empereur quitte sa voiture, enfourche sa jument et galope à la tête de ses escadrons de service, vite, vite, on a peut être encore le temps de les coincer. Ney arrive enfin et se fait vivement réprimander de n'avoir pas attaqué : par sa faute, l'armée Anglaise est en train de nous échapper. Un violent orage éclate. Galopant dans la boue, les cavaliers Français poursuivent leurs adversaires l'épée dans les reins : ils sont si proches des Anglais que ces derniers peuvent entendre leurs rires et leurs insultes. La poursuite se prolonge jusqu'à la position de Mont Saint-Jean où l'armée anglaise s'est retranchée. Il est déjà 18 heures. A présent il est bien trop tard pour attaquer : il ne reste que trois petites heures de jour, ce qui n'est même pas suffisant pour rassembler nos troupes. L'armée Anglaise vient de nous échapper. La mort dans l'âme, l'empereur replie sa longue-vue et se résigne à remettre son attaque au lendemain. Notre dernière chance de vaincre la coalition vient de s'envoler.

Demain, ça sera Waterloo : les héros de la Révolution et leurs fils succomberont sous les coups répétés des deux armées alliées réunies. La France, terre d'agriculteurs et pays des Lumières, perdra à jamais sa première place et sera définitivement reléguée au rang de puissance secondaire. L’Angleterre de son côté accèdera au premier rang mondial et y restera près d'un siècle et demi. Son Empire colonial s'étendra et le capitalisme anglo-saxon (6) s'établira sans limite sur les 3/4 de la planète, une page de l'Histoire est tournée...

(1) : Cette septième coalition qui masquait mal ses intentions allait bientôt devenir la "Sainte Alliance", ligue des rois contre les peuples (il y était prévu une assistance mutuelle entre les monarques, visant à maintenir l'ordre établi et à mater toute velléité révolutionnaire en Europe, sous prétexte de paix, elle incarnait la Réaction).

(2) : Le Parlement Anglais comprenait deux partis : les Whigh qui étaient pro-Français et qui considéraient que cette guerre engagée contre la France était la plus injuste qui puisse être menée contre un pays, et les Tories qui méprisaient le peuple et qui avaient en horreur notre révolution et ses idées, ainsi que Bonaparte dont le plus grand tort était en fait de n'être pas monarque de sang.

(3) : Wellington était le général en chef Anglais (il était Tory bien évidemment).

(4) : Le peuple Allemand était le seul à approuver cette guerre car il nourrissait une véritable rage vengeresse contre la France qui l'avait humilié huit ans auparavant. Tous les autres pays belligérants n'aspiraient qu'à la paix, mais comme on le sait,en matière de guerre, il n'a jamais été de tradition de consulter le peuple, des évènements plus récents nous l'ont tristement confirmé...

(5) : Grouchy, nouvellement nommé maréchal de France, commandait environ le tiers de notre armée, Ney commandait un autre tiers, et le reste était sous les ordres direct de Napoléon.

(6) : Le capitalisme est bien né en Angleterre et non pas aux États-Unis, contrairement aux idées reçues.

mercredi 7 septembre 2011

Tant-BourrinComment aider un co-blogueur à surmonter une panne d'inspiration

Imaginons (cas totalement fictif, toute ressemblance avec une situation existante ou ayant existé ne saurait être que fortuite) que vous soyez un blogueur jeune, beau, intelligent et talentueux et que, dans un accès de faiblesse coupable, vous ayez accepté de dispenser vos fulgurances géniales sur un blog écrit à plusieurs mains.

Imaginons encore (hypothèse tout aussi improbable que la précédente) que, parmi les multiples mains en question, se trouvent deux grosses paluches velues, couvertes de terre, de glaise et de morve mêlées.

Imaginons toujours (mais où vais-je donc chercher tout ça ?) que ces pognes quasi-animales soient emmanchées sur des bras d'allure simiesque au bout desquels se trouve un individu fruste et rural, originaire d'Outre-Périphérique.

Imaginons encore et toujours (dreamland est proche) que le bouseux mal dégrossi en question qui, bon an, mal an, éructait quelques grognements sous forme de billets sur le blog, ne poste plus rien depuis deux mois, prétextant une panne d'inspiration.

Imaginons pour finir (je le répète, tout cela est absolument fictif) que vous en ayez marre de vous taper le boulot tout seul (aidé, il est vrai, par un individu du énième âge, carburant visiblement à la coke) et que vous vouliez remotiver le bouseux susnommé, dont les initiales pourraient (exemple totalement aléatoire) être SF.

Vous y êtes ? Bon, alors, maintenant que le tableau est dressé, que faire ?

Les 0,3 lecteurs qui se sentent concernés par ce cas de figure particulièrement fréquent n'ont qu'une chose à faire : suivre le guide, pour une petite revue des méthodes envisageables !



Méthode de l'apitoiement

Procédure :

Malgré son allure semi-animale et ses manières qui ne le sont pas moins, votre co-blogueur a sûrement un cœur que l'on peut attendrir. Pourquoi ne pas profiter de cette faiblesse en essayant de l'apitoyer sur votre sort ? Pour cela, rien de plus simple : écrivez-lui (si tant est que vous ayez acquis la certitude qu'il sait à peu près lire) une lettre déchirante dans laquelle vous lui expliquez que ce blog est toute votre vie mais que vous n'en pouvez plus d'en supporter seul la charge, que votre santé se dégrade, que vous allez mettre fin à vos jours si personne ne vient à votre rescousse, le tout accompagné d'une photo de vous laissant découvrir votre face ravagée par la souffrance. Pour cela, une petite astuce : faites-vous photographier pendant l'écoute du dernier disque de Lady Gaga, vingt secondes sont généralement suffisantes pour devenir la douleur incarnée. En toute logique, votre co-blogueur devrait fondre instantanément à la lecture de votre courrier et se remettre illico à la tâche.

Avantages :

Méthode utilisable à distance, aucun déplacement nécessaire.
Méthode faisant appel aux quelques traces d'humanité présentes dans l'âme de votre co-blogueur.
Récupération possible du CD de Lady Gaga pour faire un joli dessous de verre.

Inconvénients :

Risque de retrouver votre photo largement étalée dans les médias sociaux assortie de commentaires peu flatteurs.
Risque non négligeable de sous-estimation du sadisme de votre co-blogueur et de renforcement de sa volonté de ne plus écrire.



Méthode du chantage

Procédure :

Votre co-blogueur a sûrement une vague forme de respect pour les croulants anciens et un peu de commisération pour ses co-blogueurs : si ce n'est pas le cas envers vous (voir méthode de l'apitoiement), ça le sera sûrement pour un autre de vos co-blogueurs passablement blet âgé. Faites une descente chez votre co-blogueur du énième âge, armé d'un fusil à pompe. Prenez-le en otage et en photo, le canon appliqué sur sa tempe. Envoyez la photo à votre co-blogueur bouseux, assortie du commentaire suivant : "si tu n'écris pas rapidos un billet sur le blog, je flingue le vieux"... Logiquement, effrayé à la perspective d'avoir un mort sur la conscience, il devrait s'atteler immédiatement à la tâche.

Avantages :

Méthode un peu musclée donnant à vivre le frisson de l'aventure.
Valorisation de votre ego en montrant à vos co-blogueurs qui est le chef.

Inconvénients :

Nécessite l'achat d'une arme à feu.
Risque de sous-évaluation de l'insensibilité de votre co-blogueur bouseux.
Risque de réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 30 ans.



Méthode de la torture physique

Procédure :

Les méthodes à distance ont-elles échoué ? Qu'à cela ne tienne : passez à l'action et faite une descente au-delà du Périph', dans cette zone sale et malodorante que d'aucuns appelle la campagne et où réside votre co-blogueur. Profitez d'une de ses nombreuses siestes avinées pour le ligoter solidement. Vous allez maintenant pouvoir passer aux choses sérieuses : une petite séance de torture jusqu'à ce qu'il promette de se remettre à l'ouvrage. Pour cela, c'est simple : enfournez-lui un entonnoir dans la bouche et déversez-y une à une la centaine de bouteilles de Champomy que vous aurez pris soin d'emmener avec vous. Logiquement, l'aversion des co-blogueurs bouseux aux boissons délicates est telle qu'il devrait demander grâce assez rapidement.

Avantages :

Résultat obtenu en direct live.
Spectacle réjouissant de la face de votre co-blogueur, qui devrait passer par un joli assortiment de couleurs successives.

Inconvénients :

Obligation de gâcher quelques bouteilles d'un nectar divin.
Déplacement nécessaire dans une région glauque et mal famée, avec des risques de mauvaises rencontres.
Risque de projections de vomi susceptibles de tâcher votre beau costume de chez Dior.



Méthode chirurgicale

Procédure :

Le blocage mental de votre co-blogueur glaiseux trouve assurément son origine quelque part dans le magma gluant qui lui tient lieu de cervelle. Pourquoi dans ces conditions ne pas s'attaquer directement à la source du problème en procédant vous-même à une trépanation ? Ouvrez la boîte crânienne, tranchez au scalpel ce qui semble passablement bloquant (au feeling), un peu de mastic pour refermer le trou, et le tour est joué ! Vous voilà en présence d'un nouveau co-blogueur plein d'allant qui va vous torcher au moins trois billets par jour et vous permettre ainsi de goûter un repos bien mérité...

Avantages :

Résultats immédiats.
Peu de traces extérieures visibles compte tenu de la tignasse abondante de votre co-blogueur.
Possibilité de ne pas reboucher le trou avec du mastic et d'y mettre un bouquet de fleurs, histoire d'agrémenter un peu le crâne de votre co-blogueur.

Inconvénients :

Nécessite de faire au préalable une dizaine d'années d'études de médecine.
Nécessite également une certaine aptitude au bricolage pour manier convenablement la perceuse à percussion.
Risque de transformer votre co-blogueur en psychopathe sanguinaire en cas de coup de scalpel mal ajusté.



Méthode à l'insu de son plein gré

Procédure :

Vous préférez la jouez profil bas et ne pas faire de vagues ? Pas de problème : il existe une méthode adaptée ! Louez les services de quelques détectives privés avec pour mission de récupérer discrètement le moindre écrit de votre bouseux de co-blogueur. Il ne vous restera qu'à transcrire la chose par écrit, et hop, quelques billets à refourguer à vos crétins de lecteurs !

Avantages :

Méthode douce.
Conservation de rapports cordiaux avec votre co-blogueur (mais est-ce vraiment un avantage ?)
Possibilité de récupérer un grand nombre de billets.

Inconvénients :

Tarifs élevés des détectives privés.
Qualité littéraire douteuse des billets récupérés.
Risque important de perte des derniers lecteurs après la publication de 14 listes de courses, de 18 post-its divers, de 93 pages d'éphéméride, d'une lettre d'adhésion à la FNSEA, d'un bulletin de réabonnement à "France-Labours", de 27 grilles de mots croisés à moitié remplies du magazine en question et de 31 feuilles de papier-toilette usagées (collectées par les détectives dans un excès de zèle).



Méthode forte

Procédure :

Toutes les méthodes ont échoué ? Très bien ! Fi des méthodes trop sophistiquées : allez droit à l'essentiel et utilisez la force brute, même s'il vous en coûte (car vous êtes un être fin et cultivé) ! Faites une descente chez le bouseux co-bloguant et allez lui casser la gueule pour lui apprendre les bonnes manières. Ça devrait le ramener à un peu plus de zèle dans l'écriture...

Avantages :

Un bon défoulement.
Résultat immédiat.

Inconvénients :

Risque de trous de fourche dans votre beau costume de chez Dior.
Risque de déchirures à coups de faux dans votre beau pantalon de chez Dior.
Risque de morsures de chien sur vos belles chaussures Berluti.
Risque de chevrotines dans des parties sensibles de votre anatomie.
Risque d'épandage de lisier sur votre cuir chevelu.
Risque de moissonnage-battage.
Risque d'écrasement dans un pressoir à huile.
Risque de sulfatage de gueule.
Risque de servir de repas à une dizaine de porcs.
Risque de mort violente.



Voilà ! Selon toute vraisemblance, une fois testées toutes ces méthodes, votre problèmes devrait être résolu. Définitivement.

Merci qui ?

Merci Blogborygmes !

lundi 4 juillet 2011

Saoul-FifreMessage de Doudou

Salut les amis,

Ici Jean-Marc, Doudou pour les intimes.
Vous ne le savez pas forcément, mais il m'arrive d'écrire, un peu.
Pour le bouquin que je commence, j'aimerais que vous m'aidiez un peu en répondant à cette question. Très sérieusement.
"Si demain il y avait une révolution, quelle serait pour vous la chose la plus importante à réaliser ?" (politiquement, socialement...) Je vous accorde deux réponses, un peu étayées si possible.
Bien entendu, si je vais au bout de cette écriture, vous serez les premiers informés...
Merci de faire passer le message à vos amis, j'ai besoin d'un maximum de réponses et d'informations !

A bientôt

Quand j'ai reçu cet appel au secours de Doudou, mon sang n'a fait qu'un tour : crise d'écriture ou non, mon ami avait besoin d'aide, je me devais de répondre présent.

Bon vu mon état de fatigue, je n'ai étudié qu'une réponse mais elle en vaut largement deux.

Pour faire une bonne révolution, il suffit d'envoyer au diable le pouvoir et tous les pouvoireux.

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samedi 11 juin 2011

Mam'zelle KesskadieVoyage en Abitibi I

Note aux lecteurs, lectrices européens : je précise que l’Abitibi est au nord du Québec et que j’y ai grandi dans une ville qui s’appelle Amos. Pour aller en Abitibi, il faut passer â travers ce qu’on appelle une réserve faunique : Le parc LaVérendrye. Donc, environ une heure et demie où il n’y a que de la forêt. Il y a des haltes routières, c’est très beau, mais assez long. Faut apprécier. Je vous ferai un reportage la prochaine fois que j’irai.

On n'arrête pas le progrès, évidement, quand il y a progrès. Qu'est-ce que le progrès ? Je pense qu'on identifie le progrès au changement, quand les choses prennent de l'ampleur.

Ce qui fait que je n'ai jamais compris que le fait de prendre du poids n'était pas un progrès.

Trêve de sémantique et soyons sympathiques, que je vous raconte mon voyage impromptu en Abitibi.

Tout le monde le sait : mon docteur, mes amies, mes collègues, mes enfants, ma thérapeute, je suis une éternelle déprimée. Enfin, une longtemps déprimée, et ça parait une éternité. Mauvaise nouvelle, à un moment donné, les nouvelles étant toujours mauvaises, on va dire que c'est un pléonasme, comme de monter en haut, ben, j'ai empiré, la chose étant possible surprenament comme le fait que j'engraisse encore.

Donc, je dois évaluer un client à Maniwaki. En chemin vers cette destination nordique, vl'à tit pas que je me dis : mais tant qu'à faire, allons rendre visite à mon frère qui habite Amos ! je suis presque rendue ! (une heure et demie, Gatineau-Amos, quatre heures Maniwaki-Amos. Ne répéter à personne ce que je viens d'écrire, surtout que sur le coup, je me croyais dur comme fer) (Vous comprenez ici pourquoi, avec de telles illusions, je suis encore grosse et déprimée).

Téléphone à mon frère qui se demande vraiment, est-ce que tu vas vraiment venir dormir ce soir ? (autre illusionné, sa soeur a encore un peu de jugement).

Moi : Oui.

Autre perte d'illusion dans l'univers.

Après le travail, je réfléchis. Pas que je ne réfléchis pas au travail, mais c'est habituel. En dehors du travail, quand je pense et que je raisonne, c'est à noter. Donc, je note que j'ai réféchi au fait que je n'avais pas 1. de bobettes de rechange, 2. de brosse à dent, 3. de déodorant, 4. de brosse à cheveux, 5. accessoirement, j'ai aussi 4 enfants qui reviennent vendredi soir et qui seront sous mes soins, disons, dans ma maison. n'exagérons pas mon degré d'aptitudes parentales par les temps qui courent.

Items 1 à 4, réglés facile au centre d'achat. J'ai quand même insulté une caissière de la Caisse Desjardins qui ne voulait pas changer le chèque de mon client, même si mon client avait un compte à cette dite caisse, parce que moi, je n'avais pas de compte. Peu importe l'argumentation, la cheffe des caissières et la caissière offraient un bloc de refus et d'écoute de deux enfants de quatre enfants qui ne veulent pas aller se coucher après l'Halloween, bourrés de sucre, énervés. Bon. Alors, je leur dis que je vais aller le déposer à la Banque Scotia et je pourrai retirer l'argent immédiatement. Je n'avais pas fini ma phrase que la caissière en chef a émis dédaigneusement : c'est ça, allez-y à la Banque Scotia, son faciès traduisant : allez donc chier.

Au revoir que je lui ai répondu avec le faciès qui lui répondait la même chose.

Départ : oups, faux départ. Avant de traverser le parc La Vérendrye, x kilomètres de long sans voir un chat (normal, y a pas de chats dans le parc, juste des orignaux et cie), je veux faire le plein d'essence.

Vous savez qu'en Abitibi, il y a un coin qu'on appelle Val d'Or, pour La Vallée de l'Or, vu qu'il y a une mine d'or ? Eh bien, les villages précédents ont décidé de prendre part au butin et remplir le réservoir et à vider mon compte de banque. J'aurais dû préciser que je voulais de l'essence catégorie Or, et non pas de l'essence en or peut-être ? M'enfin. À moins de faire siphonner mon réservoir d'essence par le gars. Je passe l'événement sous silence et sur ma carte de crédit.

Me voici donc en Abitibi ! yé !

Il n'y a rien comme de revenir à sa place d'origine pour se sentir redevenir soi-même ! Bon, disons que c'est le printemps, que les arbres fleurissent, que ça sent bon les bourgeons, que les rivières dégèlent et par la même occasion, ben, je fais pareil et j'éclate en sanglots, toutes les larmes que je pouvais ramasser.

Dieu que c'est bon de refaire contact avec ses racines !

Bon, bon, en parlant du Bon Dieu, et en Lui parlant, disons que nous avions le temps de converser, c'est long traverser le parc La Vérendrye. Je lui demande un signe, j'aimerais voir un orignal. Bon, après quelques milles, (non, quand je traverse le parc, je redeviens ado, quand j'étais ado/enfant, la distance était en milles), j'ai une petite intuition que plutôt que de demander un signe, je devrais me mettre à l'écoute de ce que le Bon Dieu aurait à me dire.

Ici, je dois vous dire que je suis entièrement d'accord avec le fait que Dieu soit représenté au masculin. En tout cas, au point de vue de la communication.

De un : si tu lui dis parle-moi, il va te demander : de quoi veux-tu qu'on parle ?

De deux : quand il parle, c'est plus souvent qu'autrement obscur.

De trois : il ne parle pas beaucoup, il envoie des signes. Genre du mari qui ne voit pas pourquoi il dirait à sa femme qu'il l'aime étant donné qu'il lui a acheté un beau cadeau à Noël.

De quatre : le trois-quart du temps, Le Bon Dieu ne voit vraiment pas de problèmes là où je vois un drame.

De cinq : quand Il délègue, Il ne va jamais voir comment le travail se fait. Il fait confiance. Ex : Il a délégué le soin de la terre aux humains. Il a confiance. Moi, je vois un drame, Lui ?

De six : quand Il a un message à dire aux enfants, Il aime ben passer par la mère. Qui c'est qui se tape les apparitions aux humains ? La Vierge Marie.

Et que dit-elle ?

Vous êtes mieux de vous repentir parce qu'attends que ton père (disons le fils) revienne, ça va aller mal !

De sept : Il se sert de l'aîné pour faire un exemple. La crucifixion, ça vous dis quelque chose ?

De huit : quand il dit qu'Il pardonne, non seulement Il pardonne, mais Il oublie. Essayez-pas de lui rappeler que votre ex a fait des niaiseries, si votre ex a passé à la confesse (ou tout autre truc du genre), Il ne sait pas de quoi vous parlez.

Faudrait ben que j'ai dix arguments comme les dix commandements, ça ferait bien. Cherchons encore...

Peuh ! Tiens ! À l'ouvrage charmants lecteurs et lectrices ! Pourquoi Dieu serait-Il plus homme que femme ? On note ici le ton humoristique, n'est-ce pas ?

Allez, deuxième degré tout le monde. Et je vais vous écrire la suite du voyage après. Dont... une rencontre sur le chemin..... héhéhéhéhé

Non. Pas un orignal.

Soupiiiiiiirrrrrrrrrrrrr Que le Ciel vous vienne en aide...

Ah, j'ai le...

Et de neuf : Il a fait le monde sans faire un plan auparavant et Il est heureux de son travail. Quand le travail va mal, Il se demande qui a ben pu toucher à son oeuvre. Ex: veux-tu ben me dire pourquoi le Pôle Nord fond si vite ? Non, mais qui c'est qui a trituré le code génétique des tomates ? Ben ça parle au yable. Pourquoi les humains donnent des céréales à manger aux boeufs plutôt que de les donner à ceux qui meurent de faim ?

Vierge Marie lui répond : Parce que tu n'as pas laissé d'instructions claires comment marchait ton invention.

Le Bon Dieu : ben voyons, c'est clair ! ils ont rien qu'à voir que leur façon de faire marche pas ! Pourquoi j'irais leur dire ?

Vierge Marie : soupirrrrrrrr......

Que les Saints du Ciel me viennent en aide, pense-t-elle.

mardi 26 avril 2011

Saoul-FifreLe roi des cons

Des jours et des jours que je suis dans la préparation de mes semis de printemps, particulièrement dévoreurs d'hectares cette année. Et que je te broie les mauvaises herbes, et que je te les détruis par des passages croisés de "disques", un deux trois passages, plus un dernier avec la herse, pour bien affiner le lit de semence, afin que la graine se trouve si bien à son aise dans son petit nid moelleux qu'elle va y germer à vitesse grand V, si bien sûr le Grand Aygadier est d'humeur à relever la martelière retenant les eaux du ciel. Ça en fait des va-et-vients, du gasoil brulé et ensuite il faut atteler le semoir, bien le régler pour que la graine soit déposée à la bonne profondeur, ni trop ni trop peu, puis le rouleau pour bien rappuyer...

Et si par malheur il pleut avant que tout le processus soit bien fini, et ben il faut recommencer.

Je suis donc là, sur mon char d'Avto, un peu angoissé par les incertitudes de mon activité, plus dictées par le hasard que par des lois physiques gravées dans le bronze de toute éternité et, tout en restant concentré sur la rectitude de mes passages, je me laisse aller à jeter régulièrement un coup d'œil autour de moi pour voir où en est la concurrence.

Ben oui quoi : la concurrence. Car la Nature elle aussi est en pleine action primesautière. Le Printemps est sa saison "sexe" et en ce moment, elle ne pense qu'à "ça", je vous le garantis. L'accouplement "charnel" entre fleurs mâles et femelles n'étant pas raisonnablement envisageable chez les végétaux, il est plus juste de parler de masturbation intensive du côté des garçons et d'attente active voire attractive du côté des filles, toutes corolles ouvertes et pistils tendus dans l'espoir d'une caresse du vent ou de la visite d'un insecte pollinisateur, l'un ou l'autre porteur du petit cadeau tant attendu.

La production de pollen est à son maximum et quand yen a plus yen a encore, ai-je envie de dire. Quand mon tuyau d'échappement accroche en bout de raie une branche de cyprès un peu trop longue, c'est un véritable essaim jaune vif qui me tombe dessus et m'enveloppe. Et tout en regrettant que mon tracteur n'ait pas de cabine, je remercie la providence de ne pas m'avoir voulu allergique.

Quand le vent s'en mêle, ce sont de vastes nuages épais que l'arbre libère et chaque grain de pollen s'envole gaiement vers son destin, sa fleur-sœur aléatoire, en chantant va où le vent te mène d'Angelo le speedé.

Mais par calme plat, c'est à de véritables éjaculations que l'on peut assister : l'arbre crache son sperme, il le pulse, le fait jaillir comme si un tuyau de compresseur pneumatique était caché dans la branche ! Comme chez le concombre d'âne, capable d'éjecter ses graines à plus d'un mètre, l'existence d'une "pression interne" chez des végétaux ne laisse pas que de m'épater.

En levant le nez, je peux assister à une autre armada conquérante, celle de mes adversaires, de mes concurrents directs. Sans aucune pudeur, sous mon propre nez, l'Empire des Mauvaises Herbes contre-attaque. Leurs graines ailées, vaisseaux aux formes bizarroïdes, sillonnent le ciel à différentes vitesses et directions selon les caprices du vent car les coucheries dont j'ai parlé tout à l'heure, c'est bien joli, mais il convient maintenant que la graine, fruit de ces torrides fécondations, trouve le logement adéquat où élire domicile. Prises en stop par le vent, l'eau, les vêtements (ces petits cônes-velcro si irritants sur vos lainages) ou carrément après un passage par l'intestin d'un oiseau ou autre animal sauvage, ces graines feront tout pour s'éloigner de leur géniteur et coloniser le plus vaste territoire.

Technique remplie d'aléas divers certes, mais la quantité de pollen initiale est tellement gigantesque et le nombre de semence en résultant si élevé qu'un peu de gaspillage, de destruction, de ratages ne nuit en rien à l'efficacité du système naturel.

Et c'est comme ça qu'en s'en remettant au hasard, aux éléments naturels, sans gasoil, sans travail, sans inquiétude, sans argent, à la je-m'en-foutiste, quoi, la Nature arrive à semer de rouges champs de coquelicots, bien réguliers, du travail de pro, vraiment, si beaux qu'un jour un peintre du dimanche se prenant pour Van Gogh a posé son chevalet devant, pour l'immortaliser.

La honte.

Je suis vraiment le roi des cons de me compliquer la vie comme ça !

Alors que ce serait si simple et rémunérateur de me lancer dans la récolte du pavot ?

lundi 31 janvier 2011

Saoul-FifreL'auto trop fit

Oui l'auto en fit trop, nous dirons-nous quand nous vivrons enfin dans la société solaire, gratuite et jubilatoire que Reiser appelait de ses vœux.

L'autotrophie, c'est le cadeau que fit au monde le Père Noël et dont nous avons profité, sans le comprendre et sans nous poser de questions, pendant des siècles.

Trophos, en grec, la nourriture : qui se nourrit tout seul, comme un grand, de l'air du temps, sans exploiter, sans polluer, en toute indépendance. Autorenouvelable, il est bien là, le mouvement perpétuel auquel ne croient pas les spécieux, qui se propage sans problème depuis la nuit des temps et qui continuerait itou presque ad vitam aeternam s'il n'y avait l'intervention de l'Homme, toujours aussi godiche et vicelard. Car il a suffi que les scientifiques commencent à comprendre comment fonctionnait le phénomène, au XVIII et XIX ièmes siècles, pour qu'ils veuillent faire les malins et imiter la Nature, au lieu de rendre un culte à ces arbres si doués, comme faisaient les Celtes.

L'autotrophie, c'est, pour simplifier, ce que savent faire tous les végétaux, gratuitement. Grâce à leurs pigments chlorophylliens, ils captent la lumière, puis ils sniffent du gaz carbonique, pompent quelques minéraux dans la terre et fabriquent avec :

- De la biomasse, c'est à dire des légumes, des fruits, tous les végétaux, des médicaments, des herbes de Provence, des isolants, des tissus, des fleurs, des instruments de musique, des colorants...

- De l'oxygène (on en a pas : on meurt)

Je signale quand même aux abrutis qui nous gouvernent que tous les ingrédients cités sont gratuits et inépuisables. Dans le cas du gaz carbonique, je me suis laissé dire que l'on en avait de trop, raison de plus de développer la filière végétale. Quand aux minéraux nécessaires, toutes les plantes secrètent des acides qui savent décomposer la roche-mère et se fournir en potasse et en phosphates, entre autres.

Reste le problème de l'azote. Une terre pauvre en azote va se couvrir naturellement de légumineuses, plantes sachant fixer l'azote de l'air. À la mort de ces plantes, elles restitueront cet azote aux autres plantes. Et toutes les bêtes du Bon dieu mangeant ces végétaux, Humains compris, ont pris la bonne habitude, depuis toujours, de faire un caca riche en azote qui devrait revenir, en bonne logique, à ses anciens propriétaires. La boucle est bouclée. Les chinois ne s'embarrassent pas de ces scrupules mais nous pourrions réserver le compost de caca humain aux cultures pour animaux (maïs, colza, foin...) et le fumier de nos amis bovins, ovins, gallinacés etc... à notre usage (jardins, vergers, céréales...)

La preuve que cela marche à la perfection c'est l'arbre dans sa forêt. Le forestier ne s'en occupe pas. Point d'engrais, chimique ou bio, de traitements fongicides, de désherbants et autres insecticides.

De l'eau, de la terre, de l'air et de la lumière, et roule ma poule ! Ya plus qu'à récolter les chênes ou les sapins majestueux :

- Les gros troncs bien droits, sans nœuds, pour les meubles, les charpentes, et tout le reste, qui était en bois et qui est maintenant en plastoc.

- Les petites branches, les troncs tordus, pour le chauffage. On entend souvent : le chauffage au bois, c'est contraignant. C'est désormais faux pour les maisons individuelles ou les immeubles, à condition d'avoir prévu le silo à copeaux dans les plans initiaux. Le système se régule tout seul comme une bête chaudière à fuel ou à gaz.

Quand mon alcoolique anonyme, Tant-Bourrin, répète à tout bout de champ que l'énergie est trop bon marché, il parle du nucléaire et du pétrole, qui n'intègrent pas leur coût de démantèlement et de retombées écologiques. L'usine solaire, Photosynthez Incorporated Company travaille gratuitement, sans grèves, sans fatigue, sans marges injustes, sans pressurer le tiers-monde. Au contraire, elle est plus rentable dans les zones tropicales, à condition de maitriser le facteur eau.

Elle demande bien sûr de la main d'œuvre ou de la mécanisation, ne soyons pas contre le progrès. Mais pas de forages couteux, de recherches minières, de corruption. Vous savez combien ça coûte un dictateur ?

L'agriculture peut être utilisée pour corriger les excès actuels. Quand j'entends parler d'eutrophisation des lacs à cause des lessives à la potasse, je me dis : chouette ! Ya qu'à la récupérer, c'est de l'engrais ! Quand en Bretagne ils se plaignent du développement des algues à cause des résidus azotés des porcheries, je leur dis que les goëmoniers ont toujours ramassé les algues sur les plages. Et ils les revendaient très cher comme engrais ! Et là, ils pourraient même se faire subventionner par les zinzins (les investisseurs institutionnels) ! Dans la Nature, rien ne se perd, tout se transforme, il faut juste être là au bon moment pour récupérer la bonne molécule.

Il faut vraiment se débarrasser du système capitaliste, ya pas photo ! Ce qui est gratuit et décentralisé ne les intéresse pas ! Ils mettront toutes leurs forces dans la bataille pour que nous n'allions pas dans cette direction ! Comment voulez-vous qu'ils mettent un compteur sur le soleil ! Ils préfèrent exploiter jusqu'à la lie un produit que nous savons bientôt épuisé sur lequel ils peuvent prendre des marges ou des taxes énormes, sans aucune pensée ni respect pour les générations futures.

Plus le pétrole sera dur à extraire, rare et donc cher, plus ils gagneront d'argent.

Achetez une voiture électrique et rechargez-la au soleil, même en roulant !

Sinon, une découverte me semble intéressante, celle du Professeur Hideki Koyanaka. Si Procrastin est dans les parages, j'aimerais bien qu'il nous donne son avis autorisé. Le lien est en anglais et je n'ai pas tout saisi. Il s'agirait d'une photosynthèse artificielle dix fois plus efficace que la naturelle, qui déboucherait sur la fabrication de sucres et d'éthanol.

Alléchant, non, et ceci grâce à du dioxyde de manganèse, un produit pas hors de prix ? Vous croyez vraiment que les pétroliers vont laisser faire ces braves chercheurs ?

Si ce n'est pas un fake.

lundi 3 janvier 2011

Saoul-FifreÀ consommer glacé

Ce matin les arbres agitaient dans le ciel, avec une violence pathétique, leurs bras nus, secs et décharnés.

Le mistral pendant la nuit avait de nouveau lancé ses hordes réfrigérantes et leur haleine glacée à l'assaut de notre pauvre Provence. Et ne discutaillez pas, nordistes incrédules ! J'entends d'ici votre sourde et jalouse rébellion. Du haut de vos grands chevaux à la crinière enneigée ou verglacée, vous vous croyez dépositaire du froid lui-même, sous l'hypocrite prétexte que votre villégiature se trouve au septentrion du parallèle passant par Égletons. Mais vous êtes donc des barbares ? Aucune curiosité d'ordre géographique n'a jamais obtenu de visa pour pénétrer votre esprit ? Le Mistral, vous le saurez dorénavant, ne s'imagine pas plus qu'il ne se théorise. Il se vit, il se souffre, il se subit sans échappatoire possible. Le Mistral se saisit de chaque frigorie disponible et ne se contente pas de vous mettre en présence, précautionneusement, comme le font vos sympathiques zéphirs intermittents. Il vous fouaille les viscères avec, profondément, avec sadisme. Il vous congèle le cœur, vous bloque la respiration, vous fige la moelle, vous transforme votre dernière engelure généralisée en un doux et poétique souvenir.

Oui le Mistral en hiver en Provence c'est la cryogénisation gratuite et obligatoire.

Mais au cours des différentes glaciations que cette plus ou moins riante contrée a connue, l'Homo Çapince a eu le temps de bien se geler les glaouis, d'envisager diverses parades et d'évoluer progressivement vers l'Homo Sapiens, sage humain tel que nous le sommes devenus aujourd'hui. Car l'humain et l'humaine ont avant toute chose une âme de chercheur. Ils sont observateurs, ils aiment faire des expériences. Ils ont par exemple très rapidement découvert le principe de la fermentation, bien avant la cuisson ou la position du missionnaire. Il leur a suffi de simplement goûter les fruits tombés à terre, à moitié pourris, et d'en arriver, par un processus cognitif itératif incluant les concepts de causalité séquentielle, à la constatation d'un effet euphorique induit proche du "Hébélà chsais pas c'que j'ai".

Les diverses recherches autour du "liquide qui fait rire", ainsi qu'on appela cette nouvelle molécule, se poursuivirent sans presque discontinuer. Les béta-testeurs du nouveau produit, que, soit dit entre nous l'on n'avait aucun mal à recruter, s'aperçurent au cours de leurs divers essais qu'il ne se solidifiait pas au froid, comme les autres liquides. C'est le chasseur de mamouths Boooff qui, le premier, retrouva gelé son pot de jus de pruneau fermenté, qu'il avait oublié dehors. Il jeta le glaçon en grognant de colère mais lécha le fond du pot avec un plaisir évident, tout en fourrageant dans ses parties sexuelles. L'anti-gel absolu à usage humain venait d'être inventé et révolutionna cette période de notre histoire où nos ancêtres ne connaissaient pas encore le régulateur de température avec sonde thermique extérieure. On prit l'habitude préventive, dans les périodes gélives, d'en mélanger à l'eau de boisson dans des proportions suffisantes et de s'en imbiber abondamment l'intérieur du corps, dans un but exclusivement sanitaire de résistance au froid. Le sang circulant plus vite, réchauffait les extrémités et, cerise sur l'auroch, la morsure du froid semblait de toute façon moins féroce sous ce léger anesthésique.

On vit aussi que cela brulait à la perfection. On en arrosa les plats pour les faire flamber. On découvrit ensuite que même Boooff, le gars le plus vilain de la tribu, devenait joli garçon aux yeux des filles qui avaient goûté à ces liqueurs, et l'espoir renaquit dans les cœurs esseulés. Parallèlement, la horde développa des techniques de chasse plus industrielles contre les palombes et les autres volatiles qui leur volaient les fruits avant complète maturité et teneur maximum en sucre. L'idée de l'agriculture s'instillait lentement mais sûrement dans les cerveaux embrumés au cours des longues soirées d'hiver bien arrosées. Le travail de la terre est difficile, éreintant mais les esprits et les corps s'y plient volontiers quand ils en connaissent à l'avance la finalité joyeuse. La viticulture, l'arboriculture fruitière mais également celle des céréales, du houblon, de la betterave à sucre, tous les produits procurant en fait ces sucres lents que le manant n'aura de cesse de transformer en sucres rapides, bien plus festifs.

Le monde de la glèbe se structurait, trouvait ses marques, son but : lutter contre les météores glaciaux comme ce fichu Mistral nous emmenant gerçures et gélivures, certes, lutter contre la froidure, oui, mais surtout contre la froideur des rapports humains.

Et quoi de mieux que se mettre une bonne murge pour que s'effondrent les tabous, se disloquent les résistances, se relativisent les conflits, tombent les inhibitions et s'annihilent les contraires ?

Et avec modération, bien entendu. Vous l'aviez deviné, c'était sous-entendu, cela va de soi même si personne n'y croit une seconde.

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