Coucou, Chutney !
Par Saoul-Fifre, vendredi 20 janvier 2006 à 01:04 :: La vraie vie :: #221 :: rss
Je ne vous ai jamais parlé de Track. Je ne vous ai jamais non plus parlé de traque, ni de trac, ni de trackball, ni de trackback, ha si : j'ai jamais compris à quoi ça servait, un trackback, il me semble plus poli de laisser un commentaire sur le billet en question, avec un lien qui renvoie à son propre article qui parle du billet en question. Mais j'ai peut-être pas tout saisi. De toute façon la question n'est pas là. Track est notre lama. Lama-track, vous avez saisi l'astuce ? Allez-y, lâchez vous, je ne vois aucun inconvénient à ce que vous disiez que c'est nul, comme blague : c'est mon fils aîné qui l'a trouvée. Bon, son père s'appelant Nif (vous avez saisi l'ast...), c'était quand même assez facile à trouver, la manif, la matraque, bof... Allez, c'est tout de même sympa, on va tous rigoler un bon coup, ça va lui faire plaisir ! Sa mère s'appelait Nonégra, on voit tout de suite de quel genre d'élevage chelou ils sortent, ces bestiaux-là q:^)
Vous avez raison, l'origine est pas claire : ils sont nés dans la ferme de Guy Gilbert, le curé des loubards. L'alliance de la fourche et du goupillon, vous voyez le style ? Gilbert emmène transhumer ses loubards dans les préalpes. Il est entendu que pour recadrer quelqu'un, lui confier un animal est très efficace. Un animal, c'est un être vivant. S'en occuper donne à la fois de la force à ses propres racines instinctives, et un but, un rôle, une responsabilité. Un animal peut sauver quelqu'un.
Track est un enfant de lamas éducateurs de rues. Il est super sympa. Enfin, il faut pas l'embêter. Quand je suis allé le chercher chez nos amis, ils ont rameuté tous les costauds qu'ils connaissaient, on l'a coincé en force dans une haie de cyprès, on lui a mis un licol, et on l'a presque porté dans mon fourgon. Tout le monde en avait marre, la capture avait été assez éprouvante pour les ravisseurs, l'un d'entre eux a même fait un malaise cardiaque grave (authentique) le lendemain. J'ai donc dit : "C'est bon, on se débrouillera tout seuls pour le sortir". Au revoir et merci. Et je pars avec le Track, en liberté dans le fourgon. Pas content, le Track. Il a jamais voyagé, et si ça ne tenait qu'à lui, il ne voyagera plus jamais. Il serait mieux assis, dans les virages, mais il veut savoir où on va. Il approche sa tête de celle du chauffeur et le chauffeur, c'est moi. Je connais mes Tintin en amérique du sud par cœur et je sais donc que ces bêtes mordent, crachent et n'aiment pas qu'on leur fasse des grimaces. Je me mets donc à lui parler d'une voix douce, lui jure que je ne suis pas le capitaine Haddock, même si je sens le whisky, et que je compte l'emmener dans un paradis où tout le monde va l'aimer à la folie. Quand je sens chez lui des velléités agressives, je donne des coups de volant de droite et de gauche, pour le déstabiliser. Les gens qui me suivent klaxonnent, mais ces neuneus ignorent que je suis titulaire d'un permis spécial transport de lama.
L'arrivée fut rock'n roll. Je recule le fourgon vers l'entrée du parc, ouverte par Margotte, et là, je regrette un truc, tout d'un coup. Tant que la fine équipe de rugbymen tenait Track, on aurait quand même pu en profiter pour lui enlever complètement le licol ? Là, il pendouille, il risque de se coincer quelque part, enfin de provoquer un accident, il faut lui enlever. J'entrouvre doucement la porte arrière, et, pendant que je tiens la corde et la porte, pour qu'il ne s'échappe pas, Margotte défait la bride. La bête est rien moins que tout sauf contente. Elle ne supportera pas que la séance de toute à l'heure recommence. À peine la lanière défaite, tout va très vite. Se sentant libre, il se jette contre la porte, je me mets sur le côté, mais Margotte qui est pile dans son axe tombe en arrière, et Track lui saute dessus. Tout s'est passé si rapidement qu'on a pas trop compris ce qui s'est passé, mais rien de grave... Sur le moment, on ne le savait pas : l'œil de Margotte a grossi instantanément, et j'ai appris ce jour là qu'un œil pouvait grossir autant. Enfin : l'espace entre la bouche et le sourcil de droite. Et dans les jours qui ont suivi, qu'il pouvait passer par autant de jolies couleurs, différentes et successives. Donc, je prends le temps de fermer la barrière, pour éviter une catastrophe supplémentaire, et nous partons aux urgences, où on nous confirmera qu'il n'y a RIEN d'atteint. Juste impressionnant. Nous aurons juste également à gérer les regards méprisants, dubitatifs ou suspicieux à mon encontre, et ceux plein de commisération vers Margotte.
Aujourd'hui, tout est oublié, tout est pardonné. Track est un garçon adorable, il vient nous manger dans la main, il est très bien éduqué : il ne crache jamais, n'a jamais mordu et n'a pas l'air d'avoir envie de nous quitter. Dans les livres, ils disent que les lamas, sans prendre d'élan, peuvent sauter à pieds joints une hauteur de 1 m 50. Nous étions un peu inquiets car c'est la hauteur du grillage de son très grand parc de 2 hectares. Et ben, il sauterait même pas un tabouret.
C'est une bête fascinante. Il a une démarche suprêmement élégante, le menton toujours à l'horizontale, comme une diva, et une tête très mobile, qui suit tous les mouvements des gens, des autres bêtes, avec beaucoup de vivacité et d'intérêt. Alors que chèvres et moutons ont des comportements de zombies blasés (un peu moins les chèvres), lui est d'une curiosité rare. Son poste de surveillance est l'endroit le plus élevé du parc. De là, il a la vue sur les alpilles, au loin, sur le château de C., sur le plateau de V. Tout ce qu'embrasse son regard est à lui, et le roi n'est pas de sa famille. Il fait partie de ces bêtes évoluées qui, comme les humains, enfin vous, je sais pas, mais moi, oui, font caca toujours au même endroit. Chiens et chats, je pense qu'il faut les dresser pour qu'ils y arrivent. Naturellement, instinctivement, tout simplement parce qu'ils trouvent ça plus propre, je ne vois que le cochon et le lama, pour faire ça. Julie se retient et attend qu'on la sorte, pour faire ses besoins. Quand on lui ouvre, le matin, elle trotte le plus rapidement qu'elle peut, en grognant, et va poser sa crotte dans son petit coin. Tout comme nous. Enfin, vous, je sais pas.
Track, on l'a embauché sur casting pour jouer le rôle du débroussailleur. Et ben, il s'intéresse pas trop aux épineux. Encore un mythe qui s'effondre. Peut-être quand il aura plus que ça à grignoter pour se désennuyer ?
Certains d'entre vous, je le sais, je vous connais aussi bien que si je vous avais fait, auraient préféré que je mette sur le blog une photo de Margotte avec son œil au beurre noir gros comme un œuf de canard, au lieu de celle de track.
Et ben vous pouvez vous mettre le doigt dans l'œil. Ou, par dérogation spéciale, pour celles et ceux qui préfèrent, dans le cul.
Commentaires
1. Le vendredi 20 janvier 2006 à 02:38, par procrastin
2. Le vendredi 20 janvier 2006 à 06:41, par matthieu
3. Le vendredi 20 janvier 2006 à 07:57, par Tant-Bourrin
4. Le vendredi 20 janvier 2006 à 09:24, par mamascha
5. Le vendredi 20 janvier 2006 à 10:16, par manou
6. Le vendredi 20 janvier 2006 à 10:35, par Byalpel
7. Le vendredi 20 janvier 2006 à 11:52, par Anne
8. Le vendredi 20 janvier 2006 à 13:07, par Saoulfifre
9. Le vendredi 20 janvier 2006 à 14:01, par Pascal
10. Le vendredi 20 janvier 2006 à 15:22, par Saoulfifre
11. Le vendredi 20 janvier 2006 à 18:58, par Chutney
12. Le vendredi 20 janvier 2006 à 20:50, par Bof...etc
13. Le vendredi 20 janvier 2006 à 21:13, par twig
14. Le vendredi 20 janvier 2006 à 21:41, par Tonton Z
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