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samedi 28 juin 2008

Tant-BourrinSlow motion

Un immense sourire sur le visage radieux d'un gamin de cinq ans, les yeux tournés vers l'objectif et vers son père caché derrière et dont la joie de vivre crevait les années évanouies. Et dessus, une fine couche de poussière et de crasse mêlées, pollution des villes et du temps qui passe.

Radegond Crépignard, qui connaissait pourtant cette photo par coeur, sentit cette fois-ci comme une saignée d'émotion lui couler au fond de la gorge. Ce gamin, sur la photo, c'était lui quarante ans plus tôt. Son photographe de père était mort une dizaine d'années plus tard. Et voici qu'il revenait pour la première fois dans la maison familiale depuis qu'il avait enterré sa mère, trois mois auparavant.

Tout dans la maison lui avait paru silencieux et lugubre, l'espace des pièces semblait empli d'une morne désespérance qui amplifiait les échos des joies et des douleurs passées dans son crâne. Et puis ses yeux étaient tombés sur la photo, dans son cadre de bois défraîchi, accrochée au même clou, sur le mur du salon, depuis des décennies.

Et les larmes lui étaient venus subitement, lui qui ne pleurait plus depuis si longtemps.

Le film des ans en accéléré. Quinze ans de rires et de jeux entre un père et une mère aimants. Mais même le magnétisme des aimants ne résiste pas aux métastases : fondu enchaîné sur le visage blême et émacié de son père, dans la lueur blafarde du funérarium, et sur le bras de sa mère, en larmes, passé sur son épaule adolescente. Un nouveau couple, un nouveau noyau, une fusion cardiaque pour trouver la force de repartir de l'avant. Et le mercurochrome des mois qui passent. La vie malgré tout, les études, le premier job, le premier amour sérieux, la première rupture. Et puis, le bon, le vrai, le "c'est pour la vie". Et puis, non, finalement, nouvelle rupture, nouvel échec. Et les bras maternels toujours accueillants pour consoler les peines. Et le film qui s'emballe : des années semblables à des secondes. Des jours passés à la photocopieuse. Et soudain, la pellicule se rompt en même temps que le coeur de sa mère.

Radegond émergea de ses pensées et accommoda de nouveau son regard sur la photo en noir et blanc, sur cet enfant rieur et sur le jardin fleuri à l'arrière-plan. Il se souvenait parfaitement du jour d'été où elle avait été prise. La vie lui paraissait alors immense et ses parents des rocs inamovibles.

Mais disparus les rocs, disparues les fleurs du jardin, à l'abandon depuis des mois, disparu le sourire sur sa face déjà ridée. Disparu tout. Il n'avait plus que cette maison, dont il avait hérité, et des souvenirs pour compagnie. Il alla se coucher, tâchant de se convaincre qu'avec le temps, il s'habituerait au silence.

Le lendemain, repassant devant la photo, il discerna comme une petite tâche sombre sur l'arrière-plan. Radegond fut surpris, car il n'avait rien remarqué la veille. Un défaut sur la photo ? Une tâche de moisissure ? Non, cela semblait réellement faire partie du décor, là-bas, au fond du jardin, un peu flou, bien sûr, puisque la focale avait été réglée sur son visage. Radegond en fut un peu contrarié, car il tenait énormément à cette photo, mais il avait tant à penser qu'il oublia bien vite ce détail.

Le jour suivant, il eut un sursaut alors qu'il passait de nouveau devant le cadre au mur du salon : la tâche sombre avait légèrement grossi. Oui, pas de doute : elle faisait bien quatre ou cinq millimètres de diamètre. Il voulut en avoir le coeur net, dépoussiéra le cadre, le démonta pour en sortir la photo. La pulpe de ses doigts, passée à la surface, fut formelle : il ne sentait rien, aucune granulosité différente, tout était lisse, la tâche faisait bien parti intégrante de la photo.

Autant dire que la curiosité de Radegond fut piquée au vif, il ne se passa plus une heure sans que son regard ne vint se porter de nouveau sur la photo, pour guetter toute évolution de l'étrange phénomène.

La tâche grossissait peu à peu, il en était sûr : il avait tracé des repères sur le verre. Son expansion était lente, imperceptible à l'oeil nu, mais bien réelle. C'était surtout le matin, au réveil, que celle-ci était flagrante.

Au bout de quelques jours, la forme de la tâche sembla se préciser : son contour, de plus en plus net, était anguleux, à peu près rectangulaire. On eût juré qu'il s'agissait d'un objet arrivant du fond du jardin et s'approchant peu à peu du premier plan.

Radegond ressentit un malaise profond : outre cette tâche, il avait le sentiment qu'autre chose avait changé sur la photo. Oui, pour la connaître par coeur, il avait la quasi-certitude que son visage d'enfant avait imperceptiblement changé d'expression, ses yeux ne suivaient plus tout à fait le même axe que sur la photographie d'origine, la commissure de ses lèvres était légèrement retombée. Il lui semblait également que le visage s'était très légèrement tourné vers la droite du cadre.

La photo bougeait ! Insensiblement, à un rythme quasi végétal, mais il n'y avait plus aucun doute, elle bougeait !

Radegond ressentit comme un vertige, comme si un gouffre s'était brutalement ouvert sous ses pieds.

Autant dire que ses pensées, durant les jours qui suivirent, eurent du mal à s'écarter de la photographie : il revenait sans cesse devant le mur du salon, guettant toute trace d'évolution, se relevait même parfois la nuit.

La forme avait fini par révéler son secret : ses contours étaient maintenant parfaitement nets, elle paraissait beaucoup plus proche, il s'agissait indubitablement d'un poids lourd.

Que pouvait bien faire là un poids lourd, à surgir ainsi du fond du jardin ? Le film paraissait totalement surréaliste. Son visage enfantin avait désormais dans le vieux cadre une toute autre expression : le sourire s'était presque entièrement effacé et le visage était maintenant de trois quarts, comme s'il était en train de se tourner vers l'endroit d'où surgissait le camion.

Le temps qui passa encore ne fit que confirmer ce que Radegond pressentait avec grand malaise : le poids lourd sur la photo s'approchait, s'approchait, et l'enfant - ou plutôt lui enfant - se retournait pour découvrir ce qui semblait foncer droit sur lui.

Radegond ne savait que penser de tout cela : cette scène, qui se déroulait jour après jour devant ses yeux n'avait jamais eu lieu. Il frissonna. Son esprit ne se posait plus la question du "pourquoi" mais juste celle du "comment cela va-t-il finir".

La réponse ne fit que se préciser jour après jour : mal.

Mal, car le camion finit par occuper tout l'arrière-plan de la photo, occultant les fleurs du jardin. Un arrière-plan qui n'en était plus un, d'ailleurs : le camion paraissait désormais extrêmement proche de l'enfant, dont la tête était maintenant entièrement tournée vers celui-ci. A vue de nez, il ne devait plus rester qu'une dizaine de mètres entre la masse de fer. Le Radegond enfantin de la photo semblait hurler d'effroi. Le choc était inévitable.

Il fallut une semaine encore pour que la calendre du poids lourd s'approche jusqu'à paraître toucher le gamin. Il scruta des heures durant la photo, essayant de discerner quelque forme de mouvement, comme quand, enfant, il avait un jour essayé, en vain, de discerner la croissance d'une plante verte de sa mère. Epuisé, il se coucha, une boule d'angoisse dans l'estomac. Quel spectacle trouverait-il à son réveil dans le vieux cadre ?

Mais il n'y eut pas de lendemain.


- Joli pavillon en meulière, un bon potentiel de vente. Je vais affiner le chiffrage, mais je pense que vous pouvez en demander environ 150000 euros. Bon, évidemment, ça aurait mérité d'être rafraîchi un peu... Vous pensez faire débarasser les meubles bientôt ?
- Oui, oui, dès jeudi prochain. Là, vous pensez, avec tous les papiers qu'il a fallu régler pour la succession de ma pauvre tante, je n'ai pas eu le temps de m'en occuper jusque-là. Ce sont les gens d'Emmaüs qui vont venir.
- Parfait. Si vous en êtes d'accord, nous pourrons le mettre en vente dès vendredi, pour peu que vous passiez jeudi soir nous remettre un jeu de clés pour les visites.
- Je peux vous en laisser un tout de suite, ça ne pose aucun problème !
- Très bien. Si vous le permettez, je vais juste y mettre un porte-clé et y marquer votre nom, histoire de ne pas me tromper. Vous pouvez m'épeler ?
- Oui, bien sûr : Crépignard, C, R, E accent aigu, P, I, G, N, A, R, D... C'est le même nom que celui de ma pauvre tante : elle était l'épouse du frère de mon père.
- Cré... pi... gnard, voilà, c'est noté. Ça devrait se vendre sans problème en quelques semaines, ce genre de produit est très recherché. Votre tante vous a laissé un beau cadeau après sa mort. Je suppose qu'elle n'avait pas d'enfant, puisque vous êtes son héritière ?
- Non... Enfin, si, elle en avait eu un. Vous voyez cet enfant, là, sur la photo, dans le cadre, qui sourit dans le jardin ? C'était son fils, mon cousin donc, mais il est mort quelque temps après que cette photo a été prise. Ma tante en a été folle de chagrin et n'a jamais pu avoir d'autre enfant ensuite. Et puis mon oncle est décédé lui aussi une dizaine d'années plus tard, le pauvre.
- Très jolie photo ! Votre cousin était un bien bel enfant. Pauvre gamin, c'est quand même triste...
- Oui, renversé par un poids lourd, tué sur le coup... Enfin, bon, tout ça s'est passé il y a quarante ans, c'est une vieille histoire maintenant... Mais, c'est vrai que la photo est belle, je la garderai peut-être en souvenir...

jeudi 26 juin 2008

Saoul-FifrePréférer Prévert

Allez, un petit zinzin de rien du tout sur un grand poème de Jacques Prévert. J'ai découvert ce grand bonhomme grâce à l'éducation nationale également. Pour faire le portrait d'un oiseau m'avait laissé sur le cul. C'était dingue comme ça foutait la banane, ça faisait exploser les limites, ça nous donnait les autorisations de transgresser.

C'était décomplexifiant au possible. N'importe qui (croyions-nous) pouvait être poète. Prévert c'était ça : il voulait rendre la poésie au peuple et il a réussi son coup, le bougre ! Il nous a fracturé les portes du cénacle élitiste, il a arraché les barbelés du ghetto, nous n'avons eu qu'à nous engouffrer dans la brèche de son verbe libre.

Bon, ça SEMBLAIT simple. Il nous a fallu déchanter.

Voili voilou c'est pour occuper calune et guérir sa calunette alitée.

Oui je soigne les écrouelles, également.

Le tendre et dangereux
visage de l'amour
m'est apparu un soir
après un trop long jour
C'était peut-être un archer
avec son arc
ou bien un musicien
avec sa harpe
Je ne sais plus
Je ne sais rien
Tout ce que je sais
c'est qu'il m'a blessé
peut-être avec une flèche
peut-être avec une chanson
Tout ce que je sais
c'est qu'il m'a blessé
blessé au cœur
et pour toujours
Brûlante trop brûlante
blessure de l'amour.

Jacques Prévert

lundi 23 juin 2008

AndiamoRapa Nui

Rapa Nui (la grande lointaine), Mata Ki Te Rangi (les yeux tournés vers les étoiles) ou encore Te Peto O Te Henua (le nombril du monde) sont les noms Pascuans de l'île de Pâques.

Imaginez ce caillou de 117 km², un triangle de 23 km de base, et 11 km environ de haut, pas plus.

Terre perdue au milieu de l'océan Pacifique, à 3700 km des côtes du Chili (auquel elle appartient) et à 4000 km de Tahiti, un îlot battu en permanence par les vents, deux plages seulement, pour le reste, des falaises, quelques moutons et des chevaux sauvages se disputent l'herbe rare.

Peu d'arbres, quelques palmiers, dans ce qu'on appelle "des jardins", creux abrités du vent, ce vent qui après des milliers de kilomètres sans obstacles, vient se fracasser sur cette terre du bout du monde, cet îlot de nulle part.

C'est bien sûr une île volcanique, trois volcans, dont l'un, le Rano-Raraku, qui a servi pour tailler les Moaïs, ces grandes statues faites de lave et de sang, celui des Pascuans.

Parfois regroupées sur de grands socles de pierre appelés "Ahus", toutes ont le regard tourné vers l'intérieur de l'île.

Ces Moaïs sont là pour protéger, pour veiller sur ces survivants, venus sans doute des archipels polynésiens, à bord de grandes pirogues à double balancier.

Ils ont plus que survécus, puisque l'île a compté jusqu'à vingt mille habitants ! Elle était fertile, comme toutes les îles volcaniques, et comptait beaucoup plus d'arbres, et peut-être même des forêts !

Que s'est-il passé ? Est-ce qu'il fallu abattre beaucoup d'arbres, afin de pouvoir acheminer les statues de plus en plus colossales ? L'une d'elles, inachevée, et présente sur les flancs du Rano-Raraku (éteint aujourd'hui), prête à être détachée, mesure dix-huit mètres et pèse deux cents tonnes !

On dénombre pas moins de 887 statues, dont 288 ont été transportées.

Le plus imposant Moaï érigé mesure près de dix mètres et pèse soixante-quinze tonnes !

Quels moyens devrait-on employer aujourd'hui pour transporter pareille masse, sur des kilomètres, puis l'ériger ? Les Rapa-Nui l'ont fait !

En 1831, sous Charles X, il aura fallu un mois et demi à des Français pour faire parcourir les quatre cents mètres qui séparaient Louxor du bateau devant rapporter l'obélisque à Paris.

Cet obélisque, il est vrai, pèse deux cent trente tonnes, mais enfin, les moyens n'étaient pas les mêmes, et que dire des techniques ? Sûrement beaucoup plus sophistiquées elles aussi.

Enfin ces isolés ont mis au point une écriture appelée "Rongo-Rongo" qui donne encore pas mal de fil à retordre à nos plus éminents linguistes et décrypteurs de tout poils !

Et puis, sans savoir pourquoi, cette très brillante civilisation, s'est achevée, les Moaïs ont été jetés à terre, d'autres quasiment terminés, sont restés accrochés aux pentes du volcan, beaucoup enfin, en cours d'acheminement, sont restés face regardant le ciel : Mata Ki Te Rangi... Les yeux tournés vers les étoiles, l'eau de pluie stagnant dans leurs orbites, le ciel s'y reflétant, leur donne vie.

Certaines études récentes privilégient la thèse de deux années de sécheresse consécutives, pour étayer cette hypothèse : les courbes de croissance de restes d'arbres, retrouvés sur place.

On imagine la famine, certains diraient "disette", le mot est plus gai (Gilbert Cesbron), on parle même de cannibalisme ! Les conflits, les révoltes, ce travail inhumain requit par les religieux, à savoir la fabrication, l'acheminement, et enfin l'érection de ces statues de plus en plus colossales, au fur et à mesure des années qui passent.

Rapa-Nui n'est-elle pas une projection, un avertissement en miniature, de ce que pourrait devenir notre planète ?

Rien qu'un tout petit gravier paumé dans l'immensité de l'univers, parmi des milliards de galaxies, comptant elles-mêmes des milliards de systêmes solaires !

Un magnifique vaisseau spatial, avec l'air, l'eau, la lumière, la bouffe, tout ceci se renouvelle, se recycle, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, merci Monsieur Lavoisier !

Seulement, seulement... Petit hic, un tout petit ennui, une broutille, le grand Barbu, n'a pas prévu les éboueurs ! On ne peut pas tirer la chasse non plus ! Et à force de faire grossir notre tas d'excréments de toutes sortes, notre bonne vieille planète a envie de dégueuler... Mais où ?

Où répendra-t-elle sa gerbe magnifique ? Avec, en vrac, nos boutanches plastiques, nos déchets radios z'actifs, nos pesticouilles, nos OGM, nos gaz z'à effet de serre, nos partiCULes, émanant de nos moteurs z'à combustion interne.

Et enfin, quand nous déciderons-nous à boucher le trou du cul des vaches et des bouffeurs de cassoulet, tripous, choux, Andalous, et autres engendreurs de flatulences intempestives, qui nous méthanisent notre belle atmosphère... Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai .....

Une solution qui en séduirait plus d'un, serait la "TERRAFORMATION" de la planète Mars, afin de la rendre habitable pour les Terriens, les plus fortunés bien sûr, ou alors pour les heureux bénéficiaires d'un jeu télévisé "gagnez votre voyage Terre-Mars, aller".

J'avais déjà essayé dans un précédent billet : "ma p'tite école", de vous faire gagner un voyage "Terre-Lune aller", les gagnants n'ont jamais retiré leur lot... Comme quoi !

Et puis sur la planète Mars, une belle boule toute neuve, on pourrait recommencer nos conneries : plastisation, atomisation, merdarisation, etc. La liste n'est pas exhaustive, vous pouvez la compléter : à l'aide d'un feutre écrivez sur votre écran tout ce que vous souhaitez ajouter, je laisse un espace à cet effet.














Voilà j'espère avoir laissé suffisamment de place !

Un peu pessimiste... Non beaucoup, mais c'est mon droit.



Un AHU :


Et puis un autre, crayonné vite fait, je n'ai pas résisté !

    Dessins Andiamo

samedi 21 juin 2008

ManouThe Gimmick Method



Il me semble avoir déjà évoqué ce livre sur Blogborygmes. Cette fois-ci j'ai voulu faire une liste des phrases dont on peut trouver les traductions dans The Gimmick method - débutants - (édition de 1977) et qui servent tant dans la vie courante (ce qui n'est pas toujours le cas des méthodes d'apprentissage de l'anglais ) :

- Où sont vos mains ? Sur mes jambes.
- Mon patron n'est pas un flic non plus.
- Je suis en train de me déshabiller. Et vous ?
- Nous sommes en train de manger, mais ces trucs sont mauvais.
- L'homme qui est en train de boire à cette table est un salaud.
- Est-ce que tu te bats souvent avec ton mec ?
- Il est beau mais bête.
- Nous ne dormirons pas ensemble cette nuit ... Je plaisante bien sûr !
- Est-ce que vous iriez voir avec lui ce film dégueulasse ?
- Je partirai avec toi bien que tu sois une salope !
- Ce mec ennuyeux viendra manger à la maison dans une semaine de toute façon.
- Même si j'étudie l'anglais pendant 20 ans, je n'y comprendrai rien.
- Heureusement que j'ai de l'argent pour envoyer ma belle-mère à la campagne.
- Tu devrais avoir un violon d'Ingres moins moche.
- J'ai lu ce roman qui parle d'une fille paresseuse comme vous.
- Je te dis que tu n'es pas obligé de m'aimer.
- S'il portait les mêmes vêtements, je le reconnaîtrai sans doute.
- Etiez-vous en train de tricher pendant que le prof ne ragardait pas ?
- Avez-vous déjà battu votre chien ?
- J'en ai ras le bol de ces grèves!
- Tu n'étais pas obligé de m'épouser.
- Arrête de râler.
- Le meurtrier a vachement couru.
- A mon idée, il est si borné qu'il ne peut comprendre.
- Je t'ai dit qu'il avait toujours été une bonne poire.
- Je n'en ai rien à foutre.
- Ferme-la! ça fait deux heures que tu parles.
- Tu m'emmerdes!
- Pendant que tu étais en voyage, je baisais ta femme.
- Tu es très con.

A vous de jouer. Les réponses seront fournies la semaine prochaine. Je peux déjà vous indiquer que couilles se traduit par balls et que bite se dit cock. Hélas, je ne crois pas que cette méthode soit encore éditée.

jeudi 19 juin 2008

Tant-BourrinLe blogbodico (7)

Malgré le tome 1, le tome 2, le tome 3, le tome 4, le tome 5 et le tome 6, vous trouvez que le Blogbodico n'est pas encore assez épais pour vous assommer ?

Qu'à cela ne tienne ! Voici le tome 7, je finirai bien par vous avoir à l'usure ! La bataille dico-tomique ne fait que commencer !




Calot-réfugier : (v.t.) Recouvrir son crâne d'une petite coiffure souple pour éviter d'avoir à trop penser et éviter ainsi une surchauffe des neurones. Calot-refugier induit une certaine uniformisation de la pensée.


Catapléonasme : (n.m.) Emploi simultané de deux termes ayant le même sens, dont les conséquences peuvent être particulièrement fâcheuses pour son auteur. En 2034, Tant-Bourrin fut hué lors de son discours de réception à l'Académie française pour y avoir utilisé l'expression "sale bouseux" : un sacré catapléonasme qui fit monter la moutarde au nez des Immortels !


Cheminet : (n.f.) Foyer dans lequel on fait du feu pour y faire cuire des félins. Ça fume dans ma cheminet et ma chatte est brûlante : ramène-z-y donc ton gros tisonnier !


Commissaire-briseur : (n.m.) Fonctionnaire de police dont la présence récurrente dans des séries télévisuelles finit par provoquer une légère lassitude. Navarro ou Moulin sont des parfaits exemples de commissaires-briseurs.


Cordonnier bancaire : (n.m.) Savetier défitivement corrompu par le financier, à l'opposé de celui de la fable de La Fontaine. Et quand le cordonnier bancaire mourut, on grava "R.I.B." sur sa tombe.


Génépique : (n.f.) Science ayant pour objet l'étude des dégâts chromosomiques causés par un abus de liqueurs. La résistance de Saoul-Fifre aux alcools forts constitue un mystère que même les dernières avancées de la génépique n'ont pu expliquer.


Gin-écologique : (adj.) Relatif à une liqueur à base de grains et de baies de genévrier issu de l'agriculture biologique. Depuis qu'il s'est engagé dans une expérience gin-écologique, il boit comme un trou, le con !


Hanchevêtrement : (n.f.) Activités sexuelles collectives et simultanées. Partouse. L'autre jour, j'ai assisté à un hanchevêtrement entre anorexiques : on aurait juré une partie de mikado !


Ipodermique : (adj.) Relatif à un état de dépendance à un baladeur numérique de marque Apple. - Docteur, mon baladeur, je ne peux plus m'en passer, c'est ipodermique. - Je ne vois qu'une solution pour vous tirer d'affaire : l'ipod-succion !


Kaléendoscope : (n.m.) Appareil optique garni de plusieurs miroirs servant à explorer une cavité interne du corps tout en produisant de jolis dessins mobiles et variés. Quelle féérie que ce kaléendoscope ! Sous ses yeux émerveillés, boyaux et excrêments se reflétaient à l'infini pour composer une magnifique rosace merdoyante.


Lobautomobiliser : (v.t.) Rendre dépendant aux bagnoles par des procédés de manipulation mentale tels que la publicité. Le Roger, il avait un petit vélo dans la tête mais, depuis qu'il s'est fait lobautomobiliser, il regarde "Auto-Moto" et lit "Tuning magazine".


Plaque show-fente : (n.f.) Somme de 10000 Francs (environ 1500 euros) versée à une personne féminine en échange d'une exhibition sexuelle. Tiens, voilà une plaque show-fente, je veux te voir à poêle !


Raie-introduction : (n.f.) Sodomie. La raie-introduction de l'ours dans les Pyrénées est une activité nettement plus dangereuse que celle des chèvres dans la Légion.


Water-Cosette : (n.f.) Jeune servante soumise aux tâches les plus ingrates telles que ramener quotidienne de l'eau de la fontaine du village. Moi, en ce moment, on me fait bosser comme une vraie water-Cosette, un vrai boulot de merde !

mardi 17 juin 2008

Saoul-FifreUne bonne laitue à chaque repas

Avec les pluies qu'on a eu (j'habite pas loin de lorent ), pour une fois, on ne manque pas d'eau en colline. Et moi qui suis un garçon propre, je suis aux anges.

Pas comme freefounette qui considère que prendre une douche tous les jours c'est trop q;)

Alors bien sûr, j'ai mouillé une luzerne et puis mon foin je l'ai rentré légèrement trop mûr, c'est de la paille, quoi, mais ce n'est pas moi qui le mange, en principe, donc.

Par contre, notre colline est toute verte, ah l'eau n'a pas été le facteur limitant, cette année, les mauvaises herbes en profitent à donf, et que je m'étale, et que je me pavane, que je me cambre pour bien faire ressortir mes bourgeons pigeonnants qui évolueront très vite en larges feuilles opulentes, luisantes, appétissantes, heureuses de pousser libres sous le soleil qui s'est remis à briller.

Oui car le Mistral s'est levé ce matin bien décidé à chasser de son vaste territoire ces nuages envahisseurs qui se sont installés vraiment comme chez eux dans notre joli mois de mai. Non mais quel culot !

Et qui dit Mistral dit sèche-cheveux pour tignasse de géant, dit plantes cramées sur pied, dit biomasse combustible, danger de feu, pompiers morts pour la Provence au combat, angoisse, mauvais souvenirs ...

Alors j'ai téléphoné au voisin berger pour lui "louer" ses 2 ânesses, animaux censés être si peu regardants sur leur nourriture qu'ils se jettent sur les chardons. Des débroussailleurs sérieux, à l'éthique professionnelle. Mon voisin arrive, voit les magnifiques plants de 2 mètres de haut, poussés drus en moins de 3 semaines et me dit : "Ah oui, on en donne aux brebis pour leur faire pisser le lait."



Il me laisse les bêtes et repart. Je suis certes rassuré par son avis autorisé, mais ma curiosité est la plus forte, et aussi mon sens des responsabilités, et je me lance dans une recherche botanique en feuilletant les différentes "Flores" qui alourdissent mes rayonnages. Margotte, qui a l'œil encore plus vert que le mien, n'en déplaise à Calune, a de suite reconnu une laitue. Hé, ses feuilles enserrent à moitié la tige, il s'agit bien de la laitue vireuse , ou laitue sauvage.



Hé bé, si ce qu'ils disent sur ce site est vrai, on va avoir du spectacle de cirque gratuit dans les jours qui viennent q:-D

dimanche 15 juin 2008

AndiamoLa terrine

Un autre Mau... Maurice !

Non, Fred, ça suffit, regarde dans quel état qu't'es ! Tu tiens plus d'bout, si on t'ramasse dans c't'état-là, c'est moi qui vais trinquer, enfin, si j'ose dire.

Maurice sourit, content de son bon mot, involontaire toutefois.

Allez, Mau... Maurice, rien qu'un p'tit, pour la route !

Maurice passe la main sous le zinc, puis en sort une bouteille de gros rouge, un p'tit bleu, juste bon à déboucher les cagouinsses, il faut avoir tué père et mère pour avaler une daube pareille ! Mais, en ces temps de restrictions, tout fait gosier.

Ah ! J'te jure, balbutie Fred, y'en a marre des doryphores, vivement que les vert-de-gris se cassent, font chier les frisés !

Ferme ta gueule, tu veux nous faire enchrister ? Les murs ont des oreilles.

Et pis tiens, Maurice, tu maries ta fille dans une dizaine de jours ? Et ben, c'est quoi t'est-ce que tu vas leur filer à grailler à tes invités, hein ? Des clopinettes ou des to... topinambours, c'est tout !

Le rade de Maurice, porte encore sur le haut de la devanture l'inscription : "Chez Maurice et Lucette".

Avec Lucette, ils avaient acheté ce bistrot en 1934. Ils s'étaient connus une vingtaine d'années plus tôt, lui bossait dans une charcuterie industrielle à Aubervilliers, elle dactylo dans la même boîte. En 1914, Maurice mobilisé, la fleur au fusil... La grande guerre.

La grande guerre, il était au "chemin des Dames"... Boches, on ne passe pas, c'était leur devise !

Tu parles, 180 000 morts ! Une poignée seulement était revenue, Maurice en était, il avait eu de la chance...

De la chance ? Deux doigts arrachés par un schrapnel, un éclat près d'une lombaire, inopérable, avaient déclarés les toubibs, c'est cet éclat qui lui avait permis de ne pas être déclaré "mutilé volontaire" ! Mutilé volontaire, bande de salauds, combien avaient été fusillés, pour l'exemple ! Et puis, et puis ces nuits sans sommeil, les obus qui lui pètent encore dans la tête.

Le gentil mariage en 1919, la dactylo et le charcutier, une petite Marie, née en 1921.

Enfin, l'incroyable chance : la toute nouvelle "Loterie Nationale", Monsieur Bonhour, l'heureux premier gagnant, en 1933, un coiffeur, alors pourquoi pas nous ?

Quelques mois plus tard, eux, Maurice et Lucette, pas le gros lot, non, mais tout de même : 150 000 Francs, en 1934 une grosse somme, de quoi dire adieu à l'usine.

Ce petit rade à Bobigny, entre usines et voie ferrée, le bonheur, la chance... Enfin.

Et puis Lucette est morte, bouffée par le crabe, Maurice seul, avec sa petite Marie, rebelote la guerre, plus jamais ça ! La der des ders ! MON CUL OUI !

Fred parti, Maurice à l'aide d'une longue perche, armée d'un crochet métallique, tire le lourd rideau en tôle ondulée, le couinement réveillerait un mort, puis le perco éteint, il y a bien longtemps que la vieille marmite n'a pas vu de "vrai café" ! Il monte au premier, pousse la porte de la chambre désormais vide, Marie dort dans la pièce à coté, il se déshabille et se couche.

Lucette est là, ne le quitte pas, les obus non plus, ça en fait du monde, dans sa tête. S'ajoute la noce pour sa fillette, rien à bouffer, on trouve bien quelques kilos de patates au marché noir, mais pour la viande et les charcutailles...

C'est carrément marcher sur la Lune, un nuage noir supplémentaire, il faut pourtant que Marie ait "SA NOCE", et un mariage sans bon repas...

Maurice a fini tout de même par sombrer dans le sommeil, sans rêves pour une fois. Réveillé de bonne heure, il prépare un "vrai café", à la chaussette, un petit paquet, échangé contre un litre de gnôle. Quand sa fillette descendra tout à l'heure, elle aura une tasse de café. Il l'imagine, savourant sa tasse, un sourire éclaire son visage.

Bonjour P'pa.

Bonjour Marie, tiens je t'ai préparé du VRAI café !

Waouh ! Comment t'as fait ?

Oh tu sais, avec le bistrot, j'ai de la défense.

Alors pour le repas, t'as une idée ?

Oui, oui, ne t'inquiète pas, tout est réglé !

Bon j'y vais ! Gros bisou à son Papa, et Marie part au boulot, un poste de secrétaire dans une petite imprimerie de Pantin, un coup de bus 151, et le tour est joué.

Le rade est un lieu de passage obligé, coincé entre la route et la passerelle du chemin de fer, des usines et des petites boîtes de travaux à façon alentour. Le petit monde ouvrier vient s'en jeter un p'tit dernier, avant d'aller "au chagrin".

Le troquet marche bien, malgré les restrictions, le patron a de la famille du coté d'Avallon, pour le pif pas de problèmes, pour la gnôle non plus, le pastis ? Un ersatz "maison", fabriqué à partir d'extraits d'anis, que l'on se procure chez le pharmacien (jusque vers 1960 c'était vrai), quant à l'alcool, c'est le cousin qui fournit.

La journée passe, semblable aux autres, le coup de feu de midi et de dix-huit heures, quand les besogneux sortent de leur usine, les p'tites Côtes du Rhône, qui viennent en droite ligne de l'Yonne ! Pur produit de la vinification familiale, mais bon, après avoir respiré la poussière de fonte derrière leur tour ou leur fraiseuse, le gosier n'est pas trop affûté !

Marie rentre, il est dix-neuf heures.

T'es en retard ma puce, que t'est-il arrivé ?

Je suis passée voir tante Suzanne, ma robe n'est pas prête ! Elle ne s'en sort pas, je suis allée à La Courneuve, il va falloir qu'elle reprenne les manches, jamais, jamais, ma robe ne sera prête à temps, elle éclate en sanglots, Papa prend sa fille dans ses bras.

Ecoute Marie, ne rentre pas demain, va chez ma soeur, ainsi tu seras sur place, elle pourra terminer ta jolie robe, avec le plus joli mannequin du monde à portée de main !

Oui, mais je ne verrai pas Michel !

T'auras toute la vie pour le voir, ton Michel !

Michel, un gentil p'tit gars, ajusteur, dans une petite boîte près du rade, il a connu Marie en venant boire son p'tit jus du matin.

Il a échappé au S.T.O. (service travail obligatoire, instauré par les Allemands durant l'occupation, tous les hommes valides étaient embarqués en Allemagne, pour participer à l'effort de guerre du troisième Reich)

En effet Michel est soutien de famille, son père a perdu ses deux jambes à Verdun et sa mère sombre chaque jour un peu plus dans l'inconscience... La maladie d'Alzheimer a-t-on diagnostiqué. De plus, à la maison, il y a encore un petit frère âgé de treize ans.

Vingt et une heures, Fred le dernier client, est là, agrippé au zinc, aujourd'hui il a bu plus qu'à son habitude, c'est vendredi, jour de paye, alors il faut arroser ça !

Tout ça, Mau... Maurissse c'est la faute de c'putain d'front pop... populaire, y voulaient s'venger, pardi ! Putains d'Chleus ! Tiens, encore un qu' les Boches n'auront pas, et hop, il se bascule un nouveau guindale !

Maurice a tiré le rideau de fer, plus de grincements, la graisse badigeonnée dans l'après-midi sans doute.

Fred, les deux mains appuyées au bar, les pieds reposant sur la trappe de bois qui ferme l'accès à la cave. Comme à son habitude, avant de partir, l'ivrogne va soulager sa vessie dans le chiotte à la Turc, situé dans la cour, le dernier verre est là, qui l'attend.

A peine a-t-il franchi la porte qui donne accès à la cour que Maurice sort de son comptoir et ouvre la trappe, puis il éteint la moitié des pauvres ampoules éclairant le bistrot et en démonte encore une ou deux, le rade est plongé quasiment dans le noir. Fred revient, il s'est pissé dessus, il titube, mais reste suffisamment conscient pour se diriger, d'un pas hésitant, vers son godet de rouge. Il ne voit pas le trou béant. Soudain, ses bras font des moulinets, il pousse un cri, puis le bruit sourd du corps s'écrasant deux mètres plus bas.

On a bien bu, les cousins avaient apporté le matériel ! Bien mangé aussi, dans la salle du bistrot paternel, pour être une belle noce, ce fut une belle noce !

Etaient présents, une cinquantaine d'invités, on a servi des rôtis, du porc a spécifié Maurice, des rillettes aussi ! On en avait oublié le goût, et du bon pâté.

Il y avait même LA pièce montée, le copain boulanger avait fourni, mais donnant, donnant, en échange : un litre de pastis, et deux de gnôle, plus l'invitation au mariage, à chacun sa démerde, en ces temps difficiles.

Ah ce Maurice quel démerdard ! En période de restrictions tout de même !

Lundi matin, Robert, comme à son habitude, a commandé un "casse-croûte".

Tiens, ça fait un moment qu'on a pas vu Fred...

Ouais, a répondu Maurice, en plongeant son couteau dans la terrine de pâté.


Dessin Andiamo

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