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lundi 31 janvier 2011

Saoul-FifreL'auto trop fit

Oui l'auto en fit trop, nous dirons-nous quand nous vivrons enfin dans la société solaire, gratuite et jubilatoire que Reiser appelait de ses vœux.

L'autotrophie, c'est le cadeau que fit au monde le Père Noël et dont nous avons profité, sans le comprendre et sans nous poser de questions, pendant des siècles.

Trophos, en grec, la nourriture : qui se nourrit tout seul, comme un grand, de l'air du temps, sans exploiter, sans polluer, en toute indépendance. Autorenouvelable, il est bien là, le mouvement perpétuel auquel ne croient pas les spécieux, qui se propage sans problème depuis la nuit des temps et qui continuerait itou presque ad vitam aeternam s'il n'y avait l'intervention de l'Homme, toujours aussi godiche et vicelard. Car il a suffi que les scientifiques commencent à comprendre comment fonctionnait le phénomène, au XVIII et XIX ièmes siècles, pour qu'ils veuillent faire les malins et imiter la Nature, au lieu de rendre un culte à ces arbres si doués, comme faisaient les Celtes.

L'autotrophie, c'est, pour simplifier, ce que savent faire tous les végétaux, gratuitement. Grâce à leurs pigments chlorophylliens, ils captent la lumière, puis ils sniffent du gaz carbonique, pompent quelques minéraux dans la terre et fabriquent avec :

- De la biomasse, c'est à dire des légumes, des fruits, tous les végétaux, des médicaments, des herbes de Provence, des isolants, des tissus, des fleurs, des instruments de musique, des colorants...

- De l'oxygène (on en a pas : on meurt)

Je signale quand même aux abrutis qui nous gouvernent que tous les ingrédients cités sont gratuits et inépuisables. Dans le cas du gaz carbonique, je me suis laissé dire que l'on en avait de trop, raison de plus de développer la filière végétale. Quand aux minéraux nécessaires, toutes les plantes secrètent des acides qui savent décomposer la roche-mère et se fournir en potasse et en phosphates, entre autres.

Reste le problème de l'azote. Une terre pauvre en azote va se couvrir naturellement de légumineuses, plantes sachant fixer l'azote de l'air. À la mort de ces plantes, elles restitueront cet azote aux autres plantes. Et toutes les bêtes du Bon dieu mangeant ces végétaux, Humains compris, ont pris la bonne habitude, depuis toujours, de faire un caca riche en azote qui devrait revenir, en bonne logique, à ses anciens propriétaires. La boucle est bouclée. Les chinois ne s'embarrassent pas de ces scrupules mais nous pourrions réserver le compost de caca humain aux cultures pour animaux (maïs, colza, foin...) et le fumier de nos amis bovins, ovins, gallinacés etc... à notre usage (jardins, vergers, céréales...)

La preuve que cela marche à la perfection c'est l'arbre dans sa forêt. Le forestier ne s'en occupe pas. Point d'engrais, chimique ou bio, de traitements fongicides, de désherbants et autres insecticides.

De l'eau, de la terre, de l'air et de la lumière, et roule ma poule ! Ya plus qu'à récolter les chênes ou les sapins majestueux :

- Les gros troncs bien droits, sans nœuds, pour les meubles, les charpentes, et tout le reste, qui était en bois et qui est maintenant en plastoc.

- Les petites branches, les troncs tordus, pour le chauffage. On entend souvent : le chauffage au bois, c'est contraignant. C'est désormais faux pour les maisons individuelles ou les immeubles, à condition d'avoir prévu le silo à copeaux dans les plans initiaux. Le système se régule tout seul comme une bête chaudière à fuel ou à gaz.

Quand mon alcoolique anonyme, Tant-Bourrin, répète à tout bout de champ que l'énergie est trop bon marché, il parle du nucléaire et du pétrole, qui n'intègrent pas leur coût de démantèlement et de retombées écologiques. L'usine solaire, Photosynthez Incorporated Company travaille gratuitement, sans grèves, sans fatigue, sans marges injustes, sans pressurer le tiers-monde. Au contraire, elle est plus rentable dans les zones tropicales, à condition de maitriser le facteur eau.

Elle demande bien sûr de la main d'œuvre ou de la mécanisation, ne soyons pas contre le progrès. Mais pas de forages couteux, de recherches minières, de corruption. Vous savez combien ça coûte un dictateur ?

L'agriculture peut être utilisée pour corriger les excès actuels. Quand j'entends parler d'eutrophisation des lacs à cause des lessives à la potasse, je me dis : chouette ! Ya qu'à la récupérer, c'est de l'engrais ! Quand en Bretagne ils se plaignent du développement des algues à cause des résidus azotés des porcheries, je leur dis que les goëmoniers ont toujours ramassé les algues sur les plages. Et ils les revendaient très cher comme engrais ! Et là, ils pourraient même se faire subventionner par les zinzins (les investisseurs institutionnels) ! Dans la Nature, rien ne se perd, tout se transforme, il faut juste être là au bon moment pour récupérer la bonne molécule.

Il faut vraiment se débarrasser du système capitaliste, ya pas photo ! Ce qui est gratuit et décentralisé ne les intéresse pas ! Ils mettront toutes leurs forces dans la bataille pour que nous n'allions pas dans cette direction ! Comment voulez-vous qu'ils mettent un compteur sur le soleil ! Ils préfèrent exploiter jusqu'à la lie un produit que nous savons bientôt épuisé sur lequel ils peuvent prendre des marges ou des taxes énormes, sans aucune pensée ni respect pour les générations futures.

Plus le pétrole sera dur à extraire, rare et donc cher, plus ils gagneront d'argent.

Achetez une voiture électrique et rechargez-la au soleil, même en roulant !

Sinon, une découverte me semble intéressante, celle du Professeur Hideki Koyanaka. Si Procrastin est dans les parages, j'aimerais bien qu'il nous donne son avis autorisé. Le lien est en anglais et je n'ai pas tout saisi. Il s'agirait d'une photosynthèse artificielle dix fois plus efficace que la naturelle, qui déboucherait sur la fabrication de sucres et d'éthanol.

Alléchant, non, et ceci grâce à du dioxyde de manganèse, un produit pas hors de prix ? Vous croyez vraiment que les pétroliers vont laisser faire ces braves chercheurs ?

Si ce n'est pas un fake.

jeudi 27 janvier 2011

Mam'zelle KesskadieYATVLP

Tout commence quand on fête ses 50 ans. N'essayez pas d'y échapper, les conjoints, amis, font des surprises partys pour être certains que vous allez fêter ça. Les mécréants. Ça continue avec des pertes de mémoire. Des lunettes de lecture. Des questions style : "avez-vous votre carte de rabais de l'âge d'or ?" On recommence à trouver les petits bébés intéressants, surtout qu'on ne peut plus en avoir. Notre fille nous demande de ne pas sortir à tel bar et tel bistrot, parce qu'elle y va. De toute façon, on pourrait pas y aller, parce que fiston est parti avec notre auto. On est cassée comme lorsqu'on était étudiant au Cegep parce que nos enfants sont étudiants au Cegep, et ce n'est plus seulement que nos boucles d'oreilles qui disparaissent des tiroirs, mais aussi les condoms. Bof, de toute façon, ça nous tente moins qu'avant.

Bref, arrive le moment pénible, mais auquel on s'habitue, de la visite médicale. Les questions changent aussi avec le temps. Notre principale préoccupation n'est plus ce qui se passe en bas du nombril, mais en plus bas : nos genoux font mal, y a des orteils qui ne rentrent plus dans les souliers. Et v'là tit pas que des tests s'ajoutent :

La mammographie.

Chanceuse que je suis, cette année, il a oublié les tites bouteilles pour le dépistage du cancer du colon dont je vous épargne la procédure.

LA MAMMOGRAPHIE : cours d'introduction aux procédures avec histoire de cas, la mienne.

Gardons en tête, ici, que ce que les hommes remarquent en premier chez moi c'est :
1. si je ne suis pas visible et qu'ils ne sont pas sourds, mon rire.
2. si je suis visible, ce n'est pas mes yeux, mais le triple D qui s'ajoute au descriptif de ma pointure du soutif. Les lettres devraient être: YATVLP. je vous laisse compléter l'acronyme.

Le test débute le matin par les précautions à prendre : pas de déodorant, pas de poudre, pas de parfum. La journée va être longue pour mes collègues, mon rendez-vous est à 15:00. Et innocente comme je le suis, j'ai un dîner de copines ergo. j'aurais donc dû réserver dans un resto végétarien qui sent l'encens ou dans une pataterie, question de masquer les odeurs ! Mais non : au St-Hubert. On va être six.

Simonac.

Une chose à la fois : ce qu'on va mettre pour la journée mémorable. Je prends quelque chose qui ne me fera pas trop suer. Non, pas de robes, mais une jupe, on n'oublie pas qu'on va enlever le haut. Tiens, il y a longtemps que j'ai pas mis cette jolie petite blouse blanche.

Pertes de mémoire, vous dis-je, je m'en vais manger au resto : St-Hubert, sauce, blouse blanche, YATVLP.

J'arrive donc plus tôt pour m'assurer d'une table décente. J'ai bien fait, elle veut squezeer six femmes matures autour d'une table qui sans être minuscule, nous permettrait d'apprécier l'épilation faciale de chacune sans mettre de lunettes de lecture. On se souvient que si je ne suis pas à jeun pour le test, j'ai omis une partie de la routine matinale qui maintient les liens sociaux j'ai nommé : le déodorant. Vous en doutez ? Ciel, vous n'avez pas eu d'ados rébarbatifs à la douche assis à côté de vous dans l'auto par une belle journée chaude récemment ? Eh bien, sachez que j'ai failli ne plus en avoir, une chance que sa porte était barrée, il a échappé à l'expulsion.

Donc, St-Hub, blouse blanche, déo zéro, et cinq copines, dont la nouvelle ergo qui se joint à l'équipe. Précaution première : la bavette. N'écoutant que mon orgueil, je déploie élégamment mon châle sur le devant de ma personne, c'est fou ce qu'il fait frais dans un St-Hub ! Tout le monde travaille, on n'a que une heure pour manger, donc pas trop le temps d'empester, tout va bien.

Deuxième étape : la mammographie. Se rendre à l'hôpital à temps. Difficile d'oublier, je ne pense qu'à ça. Je trouve un stationnement, je me rends au troisième étage. Zut, pas de mammographie. Un service de dialyse je crois, la physiothérapie et l'ergothérapie. Étant ergothérapeute de profession, je supplie le ciel en l'interpellant, crisse ! Pourvu que personne que je connais ne me sente, je veux dire, me voie !

Doutes, suspicions et inquiétudes dévorantes : auquel des deux hôpitaux de notre belle région, hôpitaux qui portent le même nom pour ne pas faire de chicanes entre les médecins et créer un sentiment d'appartenance aux deux endroits pour le personnel médical et pour confondre la population, auquel des deux services, m'interrogeais-je dans le doute et la sueur dont l'aisselle non préservée me titstaillait la narine et la préoccupation, devais-je présenter mon YATVLP ?

Un long moment de solitude, il me reste cinq minutes pour éclaircir le malentendu, faire 15 minutes de route, 15 minutes de stationnement si je me suis méprise, le tout , dans la joie, la bonne humeur et sans déo.

La dame aux renseignement, après un long moment où elle tourna le dos à ma personne, se retourna, je ne sais si c'est pour s'enquérir de la provenance de l'effluve douteuse ou pour reprendre son devoir, déploie sa science en m'indiquant que c'est au deuxième étage. Heureuse femme qui est derrière sa vitre, se protège des voleurs de sacoche, des virus de grippe et des odeurs de la clientèle.

Arrivons donc aux faits et au deuxième étage. Moment de suspense. Je tends ma feuille, tremblante et à bout de bras à la secrétaire en espérant que je suis à la bonne place. Mais oui ! Tout n'est pas perdu !

Joie de courte durée, le temps de suivre les tites flèches blanches sur le plancher qui m'amène à une porte fermée, mais avec une pancarte qui donne la marche à suivre.

1. Déposer la requête dans la boîte ici présente. tchek.

2. Se déshabiller. on va attendre un peu pour le tchek.

3. Mettre la jaquette ouverture dans le dos. (Heu... je suis bien au service de mammographie. Me semble qu'ils prennent la radio par en avant ???) On va attendre pour le tchek pour celui-là aussi, j'cré ben.

4. Si ce n'est pas déjà fait, enlever toute trace de poudre, de déodorant ou de parfum à l'aide de débarbouillets fournies dans la salle de jaquettes. bon, ils ne disent pas de traces de sueur, mais je ne veux pas avoir la mort par suffocation de la technicienne sur la conscience, pour ne pas dire, sur la poitrine, je vais tchéquer là aussi. Par contre, avoir su, simonac, je ne me serais pas privée ainsi que mon entourage, du confort moderne toute la journée !

5. Revenir s'assoir et remplir le formulaire. Pas de problèmes, on va faire ça.

Salle de déshabillage, jaquettes, je choisis la jolie mauve. Petite salle de déshabillage, on size fit all, et c'est pas mon size fit all. Mais bon, on fait avec. Petite jaquette mauve.. oups ! Ne prenez pas la tite jaquette mauve, ni fushia. Elles deviennent transparentes au lavage, et ciel qu'elles sont lavées souvent ! Donc, je rajoute jaquette bleue standard par dessus, et je sors pour remplir le questionnaire. Tchek.

Une page de; Avez-vous ... écrit avec des caractères aussi grands et gros que ceux des bouteille de pilules. NOTE À L'ADMINISTRATION DE L'HÔPITAL: Les mammmographies s' adressent principalement aux femmes qui portent des lunettes de lecture et qui ont des pertes de mémoire, qui vous dit qu'elles ont pensé les mettre dans leurs sacoches après avoir lu un menu de ST -Hub? han bon, une chance que j'en ai trois paires, j'en ai trouvé une.

Ensuite, on attend, dans l'angoisse et en jaquette bleue.

La technicienne apparait et dit notre nom. Ici, on a le choix de faire semblant que c'est pas à notre personne qu'elle s'adresse et que nous sommes assises en jaquette par hasard et pour lire un roman, on peut faire semblant de chercher nos lunettes dans la sacoche (penser à les enlever de dessus de notre tête avant) ou dire: Bbbbbbon jour.

Soyons brave et qu'on en finisse.

Première étape: enlever la jaquette. Me semblait aussi que par en arrière....

Deuxième étape: Elle prends deux petits cercles autocollants, verts, du genre que l'on mets autour des trous de feuille de cartable pour ne pas que la feuille se déchire sur l'anneau et nous les tends.

Malheureuse, non! ce n'est pas pour mettre sur votre feuille de questions que vous lui avez tendues. c'est pour les mettre sur vos mamelons, question que le radiologiste sache où ils se trouvent sur la radio.

Un long moment de solitude pendant que la technicienne lit votre questionnaire, et que vous attendez debout, en jupe, torse nu, avec les mamelons décorés en verts. Avez-vous déjà eu peur de la caméra cachée ?

Vient le moment fatidique de l'examen. Imaginez une tablette en stainless steel, hauteur de la poitrine. La technicienne va essayer de faire fitter votre tablette sur la tablette.

Première étape. Levez le bras en l'air, l'autre comme ça. Ensuite, elle s'empare d'un sein à la fois et l'installe. En la voyant soulever ma masse, j'eus la pensée : j'espère qu'elle a eu son PDSB (programme de déplacements sécuritaires, bref, de déplacer les poids pesants). Il s'agit également de coller le plus la tablette avec notre corps, de tourner notre tête à l'est, de regarder au nord, de placer nos pieds vers le sud (j'exagère, mais je vous jure, c'est l'impression qu'on a). Voilààaàaàaàaàaàaà. Et elle fait descendre le presse-toton. Ici, plusieurs légendes urbaines circulent. du moins, je croyais que c'était des légendes.... mais c'est vrai qu'ils squeezent l'appendice en espérant en faire une galette. je pense que c'est une procédure subventionnée par les chirurgiens esthétiques, question de recruter de la clientèle post tests. Par contre, ça ne fait pas mal. le plus dur, c'est de ne pas rire en pensant à vos copines qui sont moins nanties que vous et qui vont se faire étirer la petite chose sans avoir rien à étirer.

Et oups, indications de ne pas respirer, on prend la radio.

Quand elle a donné la dernière instruction, j'étais déjà en hyperventilation. Heureusement que la presse à toton me tenait solidement debout, je me serais écroulée.

Et on recommence pour l'autre côté. et on remets ça pour en faire une en angle. Et on finalise avec l'autre côté en angle.

C'est tout!

Vraiment pas de quoi en faire un plat, encore moins, un paragraphe de dissertation. :-)

À la prochaine!

P.S. : YATVLP c'est l'acronyme de Y AS TU VU LA PAIRE ? Et ça se dit quand on me paye un café! loll

dimanche 23 janvier 2011

Tant-BourrinLa très aventureuse vie du Chevalier de Tant-Bourrin et de son écuyer Saoul-Fifre (Chapitre XVI)

(lecture préalable des chroniques précédentes conseillée)

Où le Chevalier de Tant-Bourrin fait une concession

XIIIème siècle après Jésus-Christ - Quelque part dans le Royaume de France

L'étrange équipage cheminait, piteux et grelottant, sous la pluie glacée d'un rude hiver médiéval.

En tête, le Chevalier de Tant-Bourrin, l'œil terne, perdu dans de folles pensées, les épaules affaissées, arborant une face longue de trois coudées, chevauchait dans le tintement métallique de son armure déstructurée, l'aura plus en berne que jamais.

Derrière, bien loin derrière, son écuyer Saoul-Fifre, dont l'aura de mouches semblait à son apogée, s'escrimait péniblement à tirer derrière lui tout son bardas ainsi que le petit nécessaire de voyage du Chevalier.

Couvert de sueur et de gouttes de pluie mêlées, il haletait, rageait, ahanait, soupirait, au bord de l'apoplexie. Il faut dire que le nécessaire de voyage d'un Chevalier, en ces rudes temps moyenâgeux, pesait son poids, ne serait-ce que parce qu'il comprenait - entre autres ! - une enclume pour les petits travaux de raccommodage sur les armures. Et si Saoul-Fifre en était réduit à jouer les bêtes de trait au lieu de se laisser, comme à son habitude, mollement porter par sa vieille bourrique miteuse, c'est que ladite bourrique n'était plus : elle avait fini par succomber, victime d'une crise cardiaque, sous l'ardeur des assauts du Chevalier.

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mercredi 19 janvier 2011

AndiamoLe pousseur (Chauguise revient)

Clémence Marchaleau, son petit chapeau grenat posé sur sa tête toute blanche, son grand sac noir, bien trop grand pour elle, pendu à son bras…

« Mais c’est fou, tout le fourbi que tu peux trimballer ! », lui a déjà reproché Jeannette sa grande sœur, à qui elle va rendre justement visite aujourd’hui.

A treize heures ce vendredi, elle a soigneusement fermé la porte en chêne verni de son petit appartement du 6 de la rue Béranger, dans le 3ème arrondissement de Paris, puis s’est dirigée vers la station « République », afin d’emprunter la ligne de métro numéro onze, en direction de la mairie des Lilas.

Oh ! Un petit voyage : six stations pour atteindre « Télégraphe », ensuite un peu de marche à pied, la rue de Romainville où habite sa sœur est toute proche.

Elle aime bien se rendre chez sa sœur car elle a LA TÉLÉ ! Son mari décédé voici trois ans avait une bonne situation. Pensez donc, il était responsable des achats au rayon « voilages » de la Samaritaine !

Clémence regarde les grandes affiches multicolores qui ornent les quais : la vache dessinée par Savignac pour « Monsavon » ; les frères Ripolin, à la queue leu-leu, l’un écrivant dans le dos de l’autre ; et bien sûr le livreur de chez Nicolas, casquette à l’est, tablier vert, avec ses kils de treize degrés de déménageur plein les pognes.

Tout à l’heure dans le tunnel, défileront : DUBO, DUBON, DUBONNET…

Elle s’est levée en entendant arriver la vieille rame Sprague-Thomson. Il faut dire qu’elle n’est pas discrète : les bogies font un foin dans les virages !

Clémence s’est approchée du quai, à distance respectueuse. Déjà elle aperçoit la voiture de tête, d’un vert pisseux. Aux commandes : le machiniste, casquette à visière négligemment rejetée en arrière.

Soudain, la vieille dame est brusquement poussée en avant. Un hurlement épouvantable, ses bras font des moulinets, le sac choit lourdement. Mouchoir, poudrier, miroir, petit carnet à couverture de moleskine, s’éparpillent sur le quai bitumé.

Le machiniste a aussitôt actionné le frein, un réflexe au centième de seconde…

Trop tard ! Le corps a roulé sous la voiture de tête. Un horrible craquement. Le cri perçant d’une des rares voyageuses présentes.


Chauguise, le célèbre commissaire Chauguise, a été appelé. Clémence est la cinquième victime de celui que toute la presse appelle : « le pousseur ».

La station a été fermée, le corps de la vieille Dame est allongé sur l’un des bancs de bois qui la jalonnent. Par pudeur, l’un des flics en képi a étalé sa pèlerine sur le corps sans vie.

- Le salaud ! C’est déjà la cinquième. Que des vieilles femmes… Quel courage ! Une ordure capable de s’attaquer à pareilles victimes ! Il manque de couilles, si tu veux mon avis, Dugland.

Crafougnard, dit « Dugland », jeune inspecteur, c’est un peu le protégé de Chauguise, mais il ne le lui montre pas.

- Manquerait plus que j’te borde ! lui a-t-il un jour balancé, alors qu’il se plaignait d’un gros rhume qui l’empêchait de respirer !

Il est là planté devant l’immense carte représentant le plan du métro parisien.

- Vous avez vu, patron ? Il opère toujours à République ! C’est un malin, car depuis ces stations, et quel que soit le niveau, on a accès à tout un tas de correspondances. Ligne 3 : Pont de Levallois - Porte des Lilas. Ligne 9 : Mairie de Montreuil- Pont de sèvres. Ligne 11 : Mairie des Lil..

- Bon, ça suffit, Dugland ! Tu ne vas pas me réciter le plan « Taride » de long en large ! J’chu pô né à Boue sur Vase non plus… Non mais !

Chauguise a interrogé les rares témoins. En ces années cinquante, guère de monde dans le métro aux heures creuses !

Ils ont aperçu une vague silhouette, celle d’un homme grand, pardessus gris ou noir selon les témoins, genre « loden », serré à la taille par une ceinture du même tissu, ou pas de ceinture, un feutre noir sur la tête, ou un béret. Pour les lunettes, les avis divergent également : deux témoins ont vu des lunettes, trois n’en ont pas vues !

- Comme d’hab', grommelle Chauguise, pour les uns il est grand, pour d’autres petit ! Bientôt, y’en a un qui va me sortir qu’il portait un short ! En attendant, la mémé, maintenant qu’elle est passée sous les bogies, elle ne les soufflera plus !

- Quoi donc, patron ?

- Ben, ses bougies pardi !

Et il se fend d’un large sourire, content de sa connerie.

- Oh, patron ! bredouille Crafougnard.

- Allez môme, on y va ! Tiens, v’la la chiave, tu vas nous driver jusqu’au 36.


Crafougnard gare la quinze dans la cour pavée du quai des orfèvres, puis suit son patron jusqu’au troisième.

- Tous les inspecteurs dans mon casino (c’est ainsi qu’il nomme son bureau)… Et fissa ! gueule Chauguise au passage.

Chauguise est là, debout, il jette un regard sur la dizaine de gars présents.

- Bon ! Faudrait le piéger, ce connard. J’ai une petite idée : on va déguiser l’un de vous en « vieille dame » et monter une planque. On finira bien par le coincer, ce fumelard !

Son regard se porte sur Crafougnard...

- Ah non ! Pas moi, patron, je suis trop jeune, je ne serais pas crédible ! Et puis matez la tête de vos inspecteurs : le plus vieux, c’est Charly, et il n’a que trente-huit ans ! Par contre vous…

- Quoi ? Tu voudrais que ce soit MOI qui m’y colle ? Dis que je fais vioc pendant qu’tu y’es !

Charly se lève alors :

- Sans vouloir vous vexer Boss, Crafougnard n’a pas tort : celui qui ferait une vieille dame plausible, c’est vous !

- Putain, c’est une cabale ! Un coup monté ! Mais bon, vous n’avez pas tort, allez ! Je m’y collerai.

Toute la salle applaudit.

- Bon, bon, ça va ! Allez, au boulot ! On se mettra en planque dès lundi.


Lundi, treize heures. Chauguise, affublé d’une perruque blanche, une robe noire à col Claudine, un sac à main vernis et un manteau en lapin authentique, avance en direction de la traction avant, au volant de laquelle Crafougnard l’attend.

Bien qu’il ne porte que des chaussures à petits talons, notre commissaire se tord les pattes pratiquement à chaque pas ! Crafougnard derrière le volant se mord les lèvres afin de ne pas se marrer puis, voyant son supérieur entrer dans la caisse en écartant les jambes, il éclate de rire.

- Si tu t’fous encore de ma gueule, Dugland, j’te fous aux archives jusqu’à perpète ! Verstehen ?

Crafougnard ne moufte pas, les yeux rivés sur la route, il n’ose regarder le commissaire de peur d’éclater de rire.

- Remarque, j’te comprends môme : j’suis plutôt croquignolet, sapé façon rombière !

Boulevard Beaumarchais, puis le boulevard du Temple. Crafougnard gare la pompe place de la République, juste devant « la toile d’avion ». En ces années, aucun problème pour trouver une placarde, les zones bleues n’existaient même pas !

Escorté par Crafougnard et Charly, Chauguise s’engouffre dans le métro. Afin de passer vraiment inaperçus, ils tendent même leurs tickets au poinçonneur, stoïque dans sa petite guérite.

La longue attente commence… A chaque arrivée d’une rame, la « vieille dame » s’approche du quai.

Quatre jours se sont écoulés. Ce vendredi ressemble aux jours précédents. Le poinçonneur, un peu intrigué par le manège, a été mis au courant bien sûr.

- Si tu la ramènes, toi, le tringlo, a déclaré Chauguise en lui soufflant dans les narines, j'te fais bouffer ta poinçonneuse ! Capito ?

- Oui, oui, Inspecteur !

- COMMISSAIRE, s’il te plaît !

Un peu las, machinalement, le commissaire s’est levé à l’approche d’une rame qu’il a entendu venir. Lentement, il s’est rapproché, comme le ferait n’importe quel usager.

Alors que la voiture de tête entre dans la station, il se sent violemment poussé. Il résiste, se retourne, mais « le pousseur » semble costaud, et surtout Chauguise a été surpris !

Il va pour être précipité sous la rame, il peut apercevoir le machiniste horrifié. Soudain, la pression cesse, c’est alors qu’il voit son « pousseur » étalé par terre. Debout à coté de lui, Crafougnard se frotte le poing droit.

- La vache ! Je lui en ai collé une bonne à c’t’enfoiré !

- Merci, môme, merci, déclare Chauguise en prenant Julien dans ses bras. Tu m’as sauvé la vie !

Aidé de Charly, Julien a relevé l’individu qui commence à récupérer. Son bada a volé à quelques pas de là, une longue chevelure brune lui couvre en partie le visage. Chauguise a écarté les cheveux, découvrant la tête de son agresseur.

- Bon Dieu, c’est une gonzesse !

La femme lève des yeux enamourés vers Chauguise :

- Célestine Piedboeuf commissaire, c'est un honneur d’être arrêtée par vous !


(Chtiot crobard Andiamo)

samedi 15 janvier 2011

Saoul-FifreLa honte à la fugure

Tunis. Aout 80. Titine et moi mangeons notre assiette de couscous dans un boui-boui de la vieille ville. En fait je ne l'ai jamais appelée Titine, je déteste donner des surnoms, on m'en a tellement affublé dans ma jeunesse, mais bon. Le restant du resto est désert, à part un autre couple, beaux, beaux comme seuls savent l'être des arabes, et un peu plus âgés que nous. Nous nous rapprochons et entamons la conversation. Ils sont de Lyon et rentrent en vacances au bled pour quelque temps. Titine est née à Bordj el amri, un village pas trop éloigné du leur, et ils nous proposent sans façons de nous embarquer avec eux. Un regard échangé avec Titine et nous disons oui. Nous passons sans regrets prendre nos sacs à l'hôtel pourri conseillé par le Guide du routard pour son tarif très abordable. Nous prenons le bus avec eux jusqu'au "village des bouchers". Devant chaque boutique à toit plat de la rue principale sont suspendues des carcasses en plein soleil, auxquelles des nuées de mouches font de l'ombre. Spectacle apte s'il en est à conforter un végétarien dans ses choix.

Un gars arrive dans sa belle 404 Pigeot à plateau. Il a un grand sourire, il est en train de faire construire une énième boucherie dans le village. Il engueule le maçon pour le principe, juste pour que tout le monde sache qui est le patron. Le maçon rigole : quelle que soit sa vitesse, il ne touchera rien de plus que le forfait convenu. Nous sautons sur le plateau et commence le secouage. Le seul membre de la famille qui possède un véhicule veut nous montrer comme ses amortisseurs sont robustes. Il roule à fond sur des pistes innommables, change brusquement de direction. On dirait qu'il cherche à nous envoyer en l'air avec ses ruades mais nous nous agrippons aux ridelles. Un nuage de poussière enveloppe la voiture qui saute en zig-zags de piste en piste à travers le djebbel. Cela fait bien une heure que nous sommes partis, je regarde avec un peu d'inquiétude derrière nous, je n'ai vu aucune maison, aucun point de repère, je serais bien en peine de retrouver mon chemin.

Nous arrivons enfin, au bout d'une éternité, dans un endroit magnifique et sauvage. La ferme est au flanc d'une colline, les bâtiments de pisé en forme de U tournent le dos au vents dominants. Le silence est absolu après la cacophonie du voyage et le coucher de soleil rougeoyant ajoute à la solennité de l'instant.

On nous présente au patriarche, un chibani enturbanné qui nous vrille en profondeur son regard noir et bienveillant, un rien moqueur à mon endroit, il faut dire que j'ai une coiffure affro du plus ridicule effet, je m'en aperçois brusquement à cet instant. On nous amène dans une salle où tout le monde s'assoit sur ses talons donc nous aussi. On nous passe un plat garni de quelques poignées d'eau. Aïe. Dans un coin si paumé d'un pays aussi sec, l'eau est une denrée rare, de l'ordre du symbole. Je me rends compte avec terreur que je ne sais rien de leurs traditions. Visiblement, ils veulent nous faire honneur en nous tendant l'eau propre en premier. On préfèrerait de loin qu'ils nous montrent comment faire, nous n'aurions plus qu'à les imiter ? Je leur demande avec insistance de commencer. Ils croient à un effet de politesse et se récrient : l'hôte doit faire ses ablutions le premier. Et merde. Je trempe un doigt dans la bassine et esquisse un rapide signe de croix totalement inepte en ces lieux, qui commence par la bouche, passe par les oreilles et finit sur mes sandales. Et je passe le bébé à Titine, guère moins empotée que moi. Nous touchons le fond, personne n'a compris mais tout le monde respecte cette toilette de chat qui souhaite se débarrasser des poussières du chemin.

Nous ressortons dehors pour la cérémonie du thé à la menthe. Jamais je n'ai goûté un tel breuvage. Une sorte de liqueur forte, dense, brûlante. Je sais comment éviter les brûlures, c'est la même technique que pour déguster les grands crus : on glouglougloute en mélangeant de l'air au thé qui s'en trouve de suite refroidi, ce qui permet de le boire presque cul-sec. Le verre aussitôt redéposé sur le plateau, on me le re-remplit à ras bord. Je suis tellement émerveillé par ce breuvage épatant que je mets plusieurs verres à me rendre compte de leur manège. Attends attends, me dis-je, car il m'arrive de me parler in-petto, mais ce que tu es en train de faire est totalement impoli, espèce de brutos mal dégrossi ! Oui mais comment faire ? Ils me resservent mon verre à peine fini ? Et ben, vous me croirez si vous voulez, j'ai trouvé tout seul la solution : il faut laisser un peu de thé au fond du verre. Ça ne veut pas dire "Elle est dégueu ta bibine", comme en France, mais bien "Je suis déjà au Paradis, comment pourrais-je me sentir mieux ?".

Puis nous mangeons avec les doigts, à même le plat commun. Le patriarche pousse les meilleurs morceaux vers nous. À part le couple qui nous a invités, personne ne parle français. Tout passe par le regard, les gestes, les sourires. Puis tout le monde se lève pour aller au lit. Nous nous alignons, hommes et femmes dans une pièce minuscule, sur des nattes. Nous, nous avons nos duvets issus de la recherche spatiale, eux, leurs couvertures de laine tondue cardée filée tissée à la main, aux motifs hérités d'une tradition millénaire.

Le lendemain, le rêve et la réalité refusionnent pour nous convaincre que ce lieu à l'écart des impatiences du siècle existe bel et bien. Ils ont décidé de nous faire un cadeau. Nous remontons sur le plateau de la 404 mais cette fois-ci la piste est quasi inexistante, nous roulons directement sur le rocher, nous quittons vraiment le monde dit civilisé et, sur une crête la voiture s'arrête et nous découvrons à nos pieds une ville. Morte, en ruines, mais tous les éléments de son ancienne magnificence sont là : colonnes rainurées avec leur chapiteau brisé, un grand amphithéâtre où nous gambadons de gradins en gradins, un temple, des thermes, des canaux, des constructions d'époques diverses. La boucle continue de se dérouler : d'arabe, nos hôtes ont essentiellement la langue. C'est la richesse génétique des peuples du pourtour méditerranéen, c'est ce mélange qui en fait la beauté. Djurdjura, Tyr, Corinthe (anagramme de "chieront", petite parenthèse, d'où l'effet laxatif du raisin, fermez la parenthèse), Alexandrie, Byzance, Rome, puis à nouveau Constantinople, Médine, Cordoue puis encore l'Istambul des Ottomans, sans oublier Paris via Marseille.

Mais loin des revanches, nous sommes ici chez les gardiens de l'éternité. Ils vivent et mangent comme le faisaient les bergers du Livre, de mouton, de blé, de fruits et d'huile d'olive.

Au moment du départ, le patriarche tiendra à me réparer mes sandales de skaï qui partent en lambeaux, avec de petits clous. Nous avions tout reçu et nous n'avions rien à donner. Je leur laissai un miroir de voyage, du shampoing, un sac de toilette mais comme nous voyagions vraiment légers, rien d'autre. Ils refusaient l'argent, bien sûr. Je les ai photographiés, et leur mechta aussi. De retour en France, je devais leur envoyer les tirages et j'ai toujours remis au lendemain. Aujourd'hui, ces photos, je ne les ai pas. A pus photos, a pus leur adresse et a pus Titine.

Restent le remords et l'image dégradée que nous avons dû laisser, de petits francaouis sans parole ni reconnaissance. Et la honte d'avoir imaginé le pire, prise d'otage, viol (Titine, surtout) lors de notre périple brinqueballant vers l'inconnu, alors que nous roulions vers la générosité.

Mais reste aussi tout ce qu'ils m'ont appris en une journée, dont je garde le souvenir précieux et que j'essaye de transmettre à qui veut bien.

mardi 11 janvier 2011

Tant-BourrinLes billets, ça se trouve pas sous le sabot d'un bourrin

Il faisait beau ce dimanche. Recevoir la douce chaleur de ces quelques rayons après trois mois de pluie et de neige ininterrompus a envoyé mon esprit vagabonder du côté de l'été et j'ai commencé à rechercher un gite digne de ce nom pour les vacances.

Petite masure sympathique sur la Côte d'Azur

Mouais... passable ! Et avec tout ça en tête, vous auriez voulu que je vous écrive un billet digne de ce nom ?


La saison des prix littéraires est passée et, malgré cela, vous auriez voulu que je vous écrive un billet digne de ce nom ?


En allant acheter ma baguette à la boulangerie du coin l'autre jour, je suis tombé nez à nez avec Eric Charden.

Eric Charden au siècle dernier

Heu... non, Eric Charden (ma boulangerie n'est pas située dans une faille spatio-temporelle !)...

Eric Charden tel que je l'ai vu

Et vous auriez voulu, avec une telle charge émotionnelle (presque aussi forte que celle du jour où j'ai croisé Jacques Ballutin), que je vous écrive un billet digne de ce nom ?


J'ai encore la crève, le nez qui coule, la voix toute éraillée et, dans cet état, vous auriez voulu que je vous écrive un billet digne de ce nom ?


Je me rends compte que j'ai vécu plus de 25 millions de minutes et, avec un tel fardeau, vous auriez voulu que je vous écrive un billet digne de ce nom ?


Avec tous les jeux de société que Tant-Bourriquet a reçu pour Noël, de "Chaud l'éléphant" à "Gla-gla le pingouin" en passant par "Qui l'a vu ?", je n'ai plus un instant à moi. Et vous auriez voulu, dans ces conditions, que je vous écrive un billet digne de ce nom ?


Au cours de mes pérégrinations internautiques, je suis tombé sur cette chanson, que je ne connaissais pas, de Gérard Lenorman.

Je réalise que la carrière du "petit prince de la chanson française" aurait pu avoir une toute autre dimension s'il avait laissé plus souvent tomber ses rôles de gentil dauphin pour celui de violeur psychotique. Et après avoir découvert ça, vous auriez voulu que je vous écrive un billet digne de ce nom ?


La touche "L" de mon clavier est presque entièrement effacée. C'est étrange, car ce n'est pas la lettre la plus utilisée dans la langue française. Et avec une ettre en moins, vous auriez vouu que je vous écrive un biet digne de ce nom ?


Johnny Hallyday s'apprête à sortir un nouvel album. Et vous auriez voulu, au risque de lui faire de l'ombre, que je vous écrive un billet digne de ce nom ?


Après plus de cinq ans de blogage intensif et 463 billets de haute tenue, j'ai les neurones aussi carbonisés que s'ils avaient subi une douzaine d'heures de pyrolyse dans un four, et vous auriez voulu, avec un encéphalogramme plat, que je vous écrive un billet digne de ce nom ?


Hein ? Comment ? Oui, vous auriez voulu ?

Ah ben zut, c'est ballot, ça ! J'ai rien préparé !

vendredi 7 janvier 2011

AndiamoAndalous, bijoux, tripous

Tout d'abord : j'ai planté mon ordi !

Un vilain virus m'a tout infesté. Je ne peux plus ouvrir mes documents. Pourtant je vous avais préparé une ou deux bluettes bien romantiques !

Alors je suis allé puiser dans un vieux (très vieux) billet écrit par T-B et sur lequel j'avais laissé un commentaire.

Copié-collé, retour dans l'interface Blogbo, petites retouches et voilà !




J'ai fait la connaissance des tripous il y a fort longtemps !

J'étais en vacances pour quelques jours en Auvergne, invité par une tante... Mais non une vraie tante, je vous vois venir ! La soeur de ma mère !

Etaient également présents : sa fille âgée de dix-sept ans et un cousin à peine plus âgé. A l'époque j'affichais vingt-cinq balais au compteur.

Un soir, comme nous rentrions après une virée, je pousse la porte de la cuisine, et alors... L'indicible, l'horreur, la pestilence, bonjour la fragrance !

Je m'inquiète : kestufècuire? M'enquièrès-je.

- Des tripous, me répond la joviale.

- Des quoi ?

- Des T.R.I.P.O.U.S., mijotés spécialement à l'intention de ton oncle par un ami.

Un ami ? Ah la vache ! S'ils n'avaient pas été copains, qu'est-ce qu'il lui aurait concocté le vachard !

Je pense que le tonton lui avait fait une vacherie au poteau, genre j'te chourre ta gonzesse, un croc aux pattes bien dégueu. Il avait la rancune tenace le revanchard !

Lui refiler une charogne pareille : c'était pas chrétien !

On passe à table, le cordon bleu nous apporte la caisse du chat ! Et commence à servir les portions.

D'autor la cousine décline :

- Pas question que j'bouffe de la merde !

Le cousin sournois prétexte une gerbe imminente, consécutive à un trop plein de glaces aux fraises. Tu parles ! Le pingre, il n'aurait jamais allongé un fifrelin pour casquer un cornet, même à une boule ! M'enfin!

Il n'en restait qu'un : ma pomme ! Invité j'étais : je ne pouvais pas refuser ! Pas correct, déplacé, incongru. Ah putain ! Fallait y passer.

Je suis plutôt du genre morfale, un vrai tout-à-l'égout, j'bouffe de tout, au moins je goûte, pas chochote sur la tortore. Mais là : se taper une couche-culotte genre celle du matin (les ceusses qu'ont des chiarres comprendront), jamais j'avais fait.

J'attaque : narines fermées, apnée grande profondeur, j'enfourne, je mâche.

Ah saloperie ! J'étais en train de bouffer la baballe du chien ! J'avais une solide mâchoire, de bonnes chailles, mais trop c'est trop ! Je n'en pouvais plus ! Et la Marie-Besnard qui me guettait, attendant une reconnaissance, un satisfecit, un MMMMMHH j'en redemande ! Moi, la tronche tordue, j'moufte pas.

Fayot sans doute, cireur de pompes : jamais !

Je pensais à la rue Loriston : ils n'avaient jamais testé les tripous, les raffinés des aveux spontanés, les princes du hammam, les accros de la baignoire, les adorateurs de la gégène ! Sinon ils les auraient ajoutés à leur panoplie!

Tu imagines : le mec à table, en fond sonore un disque de Balavoine, posé devant lui, une bonne assiette de tripous, et enfin en guise de dessert : la lecture intégrale du discours de Malraux lors de l'entrée au Panthéon des cendres de Jean Moulin !

Sûr, au bout d'un quart d'heure, il t'avoue le meurtre d'Henri IV, la prise de la Bastille, les attentats du onze septembre, et même l'attaque de Pearl Harbor !

J'attaquais la seconde bouchée, quand tout à coup : le flash ! L'éclair de lucidité, le soir j'avais rencard avec une petite ligotée la veille, dans une boîte de Saint-Nectaire.

Je vous arrête tout de suite : ça n'est pas parce qu'elle était de Saint-Nectaire, que son clapoir refoulait le claquos, Hein ?

Ah la vache ! La pelle assassine, que j'allais lui rouler, l'haleine de cow-boy, la gamelle putride, j'pouvais pas lui faire ça ! Les tripous allaient me casser la cabane, sûr.

Elle va me j'ter, pensais-je ! Me larguer ! Elle va me demander si j'ai bouffé mes chaussettes avant de venir !

Lâchement j'ai battu en retraite, mis les pouces, déposé les armes...

Aveyronnaises, Aveyronnais : je connais un peu votre région, elle est magnifique il est vrai, mais de grâce : NO TRIPOUS... ADISHATZ !

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