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vendredi 26 mai 2017

BlutchLa vie de château

Il y a des maisons au destin particulier. Le Château de Goutelas est de celles-ci.

En 1558, Jean Papon, alors lieutenant général au baillage de Forez transforme l’antique maison forte de Goutelas en une demeure renaissance. « Ce "Grand juge de Forez", qui participe à la culture et aux idées de son temps, inscrit de façon durable son idéal humaniste dans le plan en H, les devises et les décors de sa demeure. »

Honoré d’Urfé (1567-1625) lui succède. Il s’est surtout illustré en écrivant L’Astrée, roman lyrique de plus de 5’000 pages, en partie autobiographique et qui a pour décor principal le château de Goutelas. Dans ce roman, Jean Papon est le Druide Adamas.

Dès l’origine donc, cette demeure est placée sous le signe de la culture, des lettres, de l’humanisme et aussi un peu de mysticisme.

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mardi 16 mai 2017

AndiamoChauguise et la bignole.

Quand Chauguise le célèbre commissaire du 36, entra dans la loge de la bignole du 12 de la rue des Petites Ecuries, dans le X ièmle arrondissement, elle était justement en train de se curer les écuries. Assise à califourchon sur une chaise sans âge, dont le cannage follement épris d'indépendance pendouillait lamentablement entre les énormes jambons qui lui servaient de cuisses. Ses gros doigts boudinés fourrageaient consciencieusement dans chacune de ses narines.

- Arrête ta perquisition, tu vas t'arracher une gobille, lâcha laconiquement le commissaire devant ce tableau affligeant.

Un chapelet dans une main, la concierge priait en vain depuis matines, implorant le ciel, à grands coups de "Pater Nestor" et autres "Lavez Maria" comme elle disait, une supplique, toujours la même litanie : "Mon Dieu faites que ce soye pas mon Célestin"...

Ses cheveux gras lui collaient aux joues, le merlan du coin lui avait fait une teinte pour la rajeunir : "Flavie Flament" avait il déclaré, je pense qu'il avait dit flavescent, mais à force de lichtronner, sûr que la bignole n'avait plus les portugaises en face des tympans, et entravait lapuche !

- Dites voir Sissi impératrice, (un vrai cinéphile notre commissaire préféré) demanda Chauguise s'adressant à elle, au juste, c'est pourquoi le coup de biniou que vous nous avez adressé tout à l'heure ?

- C'est rapport à mon Célestin, y z'ont monté un collège avec des locataires, et tous les après midi y s'réunissent au troisième depuis qu'il est à la retraite des chemins d'fer, y poussent la goualante jusqu'à pas d'heure, ça en fait un raffut, d'autant qui y'a de plus en plus de monde, qui vient dans c'te collège.

- Célestin ? C'est qui ce quidam d'abord ?

- C'est pas un quidam M'sieur le commissaire, il est tout c'qui y'a de plus Français mon Célestin, c'est mon époux.

- Hè la belle Andalouse, votre Célestin, ce serait pas plutôt une sorte de chorège qu'il aurait mis sur pied ?

- Qu'est ce j'en sais moi mon commissaire ? Le fait est qu'à six plombes du mat' j'ai entendu un de ces bruit ! Comme une chute M'sieur l'commissaire, j'vous jure... Alors depuis je prie pour que ce soye pas mon Célestin qu'ait fait une mauvaise culbute... Moi j'ose pas y aller vous m'comprenez ?

- Merde tout ce raffut pour ça ? Nan mais dis voir la mère Tape autour, tu t' figures qu'on a que ça à foutre au 36 ? S'occuper des culbutes d'un mari un peu trop porté sur le bigorneau ?

La bignole se remet à chialer de plus belle !

- Elle va faire radocher tout l'quartier c'te conne ! Puis se tournant vers son jeune adjoint Julien Crafougnard :

- Toi Dugland grimpe au troisième, et fais toi ouvrir la lourde, verstehen ?

- Jawohl commissaire !

- Fous toi d'ma tronche en plus.

En moins de temps qu'il en faut à un manouche pour te faire les glaudes, Crafougnard est devant la lourde du troisième gauche.

- Police... Ouvrez !

La porte s’entrebâille, et là devant un Crafougnard interloqué, une vingtaine de mecs et de gisquettes complètement à poil !

Crafougnard redescend sourire aux lèvres, pousse la lourde de la loge, puis sur un ton goguenard dit en regardant Chauguise droit dans les yeux : Ils sont en train de répéter la chanson de Bézu : "à la queue leu leu " !

dimanche 14 mai 2017

AndiamoPassation de pouvoir(s)

Je te prie de m'excuser mon bon Bof, actualité oblige, j'ai juste jeté un œil sur le Cirque dont la représentation a pour cadre l'Elysée, et j'ai gerbé mon bon Bof, le Roi est mort, vive le Roi !

Un billet entre deux, vite fait, histoire de se détendre...

Personnellement je me suis bien marré ! Quelle campagne ! Encore une fois tous les pronostiqueurs se sont fourrés le doigt dans le fion jusqu'au coude !

Et cerise sur le gâteau, pour la finale on nous a joué Œdipe roi ! L'une a tué son père, l'autre a épousé sa Maman, elle est pas belle la vie ?

C'est aujourd'hui Dimanche, Pingouin premier va refiler les codes nucléaires à son fiston spirituel, ça m'a inspiré un ch'tiot crobard vite fait sur le zinc.

A Diù siatz, comme dit un que je connais bien !

Je viens d'ajouter cette vidéo, la première version a bien 55 ans ! Et elle toujours d'actualité ! Vous avez dit changement ?

(ch'tiot crobard Andiamo)

jeudi 11 mai 2017

BofLady Laie...

Le 27 avril 2017 après la naissance de notre Seigneur, après un lever du jour gelé, il a neigé! Oh, bien sûr, je devrais dire neigeoté, mais putain, tu parles d'un printemps. Je me suis rappelé, la dernière fois qu'il a neigé un peu sérieusement.

Je descendais du Puy Peyradoux, doucement pour pas me planter dans le décor, certes très beau, mais à base de granit casseur de tôle et de chrétiens.

A ma gauche, loin en contrebas, les eaux glacées de l'étang n'osaient pas bouger, transies de froid.

A ma droite, la pente enneigée montait jusqu'à la forêt sombre des grands sapins.

Devant moi, des marcassins qui traversaient peinardement, pas du tout génés par la neige.

Coup de frein, et coup de bol, je réussis à m'arrêter sans en taper un et en restant sur le goudron couvert de neige. Je descendis de voiture pour vérifier qu'il n'y avait pas de blessés et morigéner les imprudents.

C'est à ce moment qu'elle me parla, la maman, sans doute inquiète du retard de ses petits. Oui, Andy, tu entends bien: elle me parla, moi qui étais à peine à deux grammes...

- Mais, Lady Laie, tu parles? Et cette voix aérienne, elle te vient d'où, hein Lady Laie, elle te vient d'où, cette douce musique?

- Elle me vient que, grâce à tes fabuleux réflexes, ma portée est intacte.

- Oui, Lady Laie, mais tu devrais quand même mieux les surveiller, tes petits, Lady Laie.

- Je fais comme je peux, tu comprends, mon Fernand, c'est pas un petit, alors il y en a beaucoup à chaque fois qu'il s'occupe de moi, le brigand!

- Il est balèze ton Fernand, dis donc, Lady Laie. Il faudrait qu'on se rencontre qu'on est presque voisins, hein, Lady Laie?

Je vis qu'elle s'agaçait ma nouvelle rencontre, mais je ne comprenais pas pourquoi. J'aidais un de ses petits à grimper le talus en rigolant de sa maladresse.

- Eh, Lady Laie, il est moins leste que ton Fernand, çui-ci, on dirait!

Ce fut d'une voix glaciale elle-aussi, maintenant, qu'elle me dit:

- Arrête de jouer ton Groscolas, ça suffit. Mais tu as laissé mes petits intacts, alors je vais te récompenser. Prends quelques uns de mes poils, ceux autour de ma troisième tétine à gauche en partant de la hure. Ils sont très doux et en plus, ils ont des pouvoirs terribles.

Je m'apprétais à m'exécuter, m'allongeai sur son dos, cherchant délicatement l'endroit. Sa voix était devenue moins glaciale, soudainement.

- Dépêche toi, imbécile, si mon Fernand arrive, il pourrait se demander...

- Mais, Lady Laie, je veux bien ma récompense, mais si je te fais mal, hein, Lady...heu, copine, si je te fais mal?

Je me décidai à arracher quelques poils, elle me dit de les mélanger à du tabac et de fumer le tout. Rentré à l'abri, je suivis ses instructions, trois jours d'un état comateux suivirent. Lady Laie? Lady Leurre, plutôt.

- Restez où vous êtes, toi, Fernand et tout le reste de la tribu.

Et voilà que je fredonne " Elise et moi ".

Tu trouves ça normal, toi, Andy?

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samedi 6 mai 2017

BlutchPetit billet express de circonstance

Juste pour le plaisir...

lundi 1 mai 2017

BlutchUne vie de chien

Girobus : En voilà un qui n’a pas usurpé son blase…

C’était un clébard comme on ne peut plus en faire . Bâtard de souche Bouvier appenzellois, il n’acceptait aucune contrainte, aucune restriction à sa liberté de mouvement, et pourtant... ce n’était pas mon chien.

Déjà petit il se fit une belle réputation de mauvais coucheur lorsque sa maîtresse voulu le caser chez-elle pour faire sa virée en ville. Quelle ne fut pas sa surprise de voir Girobus rappliquer à la terrasse du troquet où elle s’appliquait à refaire le monde.

Au retour dans ses pénates, elle comprit la chose et sa douleur : Girobus avait bouffé le bas de la porte en chêne (SVP) pour se barrer par le trou. Forte de cette expérience, la patronne à Girobus choisit prudemment de le laisser libre de ses mouvements.

La vie de ce chien fut ainsi émaillée de petites aventures particulières. Puisqu’il fit deux fois l’objet d’un article dans les journaux locaux, je les reproduis ici :

Impartial, le 5 mai 1987

Girobus le chien de la marge

Il y a les petits roquets mondains, l’espèce canine de concours ou de performances. Les gardiens ou les cabots. Et puis, il y a Girobus, le chien barjo, cleptomane et clochard. Girobus fait du stop (mais il est prudent), il va à l’apéro et prend le bus tout seul. Tellement assimilé à l’humain qu’il l’a imité. Cessons tout mystère, Girobus est devenu le personnage de la vieille ville de N. Si vous le saluez, vous êtes du coin…

Girobus a tout d’abord été gagné comme lot dans une foire. Déposé à la SPA, il a été recueilli par celle qui partagea sa vie. D’emblée le chien fit des siennes.

« Tout petit, il piquait des crises d’épilepsie, raconte sa patronne, __et ne supportait pas de rester enfermé. Il a démoli plus d’une porte pour fuguer. Il hurlait. Combien de fois je l’ai retrouvé au poste de police, à la SPA. Amendes pour vagabondages, blâmes, regards inquisiteurs des voisins et des « amis des bêtes ». Girobus m’a fait passer pour une irresponsable. Mais je savais que c’était sa nature, et qu’il ne vivrait pas autrement que sans laisse. » __ Petit apparté : Routinier des arrestations gendarmistiques, Girobus apprit à feinter les gabelous et, dès lors, ne fut plus jamais trainé au poste de police…

Girobus donc entamé sa vie de chien sans laisse au vu et au su de tout le monde. On a commencé à le repérer dans les trams et les bus, où il faisait des courses incessantes pour dire bonjour aux patents de sa propriétaire. Mêmes navettes épisodiques de V. en ville quand il n’y descend pas à pied, par la route des gorges.

La vieille ville reste son lieu privilégié, son quartier-général. Pistée chez les commerçants et les restaurateurs, où le chien s’assure des repas de Mardi-Gras. Chapardeur aussi : croquant son butin sur un coin de verdure.

Autre habitude : l’apéro. Son ex-patron l’y emmenait chaque jour sur le coup de midi. Depuis, dès que les cloches sonnent, Girobus, où qu’il soit, devient fou. L’heure c’est l’heure et il galope au bistrot. Mais le chien n’a pas que des amis, parce qu’il lève la patte sur les robes exposées devant les boutiques, ou ne paie pas ses courses en bus. Habitant V., il a son pied à terre en ville, chez une de ses fans. Il exaspère au plus au point quelques agents de police, d’autant plus qu’il ne s’affiche jamais avec ses maîtres.

Que penser d’un tel personnage ? Quel rapports les habitués du quartier entretiennent avec ce chien ?

Chiens à visages humains

Chat et chien ont gagné depuis longtemps leur certificat d’humanité, commente M.O.Gonzeth, ethnologue, Ils ont leurs médecins, leur psychiatre, leur hôtel, leur cimetière, leurs bijoux pour les plus aisés d’entre eux. Chiens de luxe ou chiens aportifs, végétariens ou carnivores, ils sont ce que leurs maîtres désirent qu’ils soient. Girobus n’échappe pas à la règle : c’est le chien de la marge, le hors norme : il s’est singularisé tout petit déjà. C’est l’emblème d’une communauté qui se sent à part, qui cultive la différence.

Dans la vieille ville, on retrouve un esprit de village : on aime se reconnaître et se saluer. Connaître Girobus, c’est intégrer cet esprit. Girobus, c’est une manière d’humaniser la ville.

Mieux encore, on laisse faire à Girobus ce qu’on admettrait pas qu’un autre chien fasse sans réprimande. Son impertinence fait rire. Lever la patte sur un sac à commissions, renifler une chienne en laisse. Il casse le jeu de l’ordre. On le gâte de mille particularités. Tua F. qui loge souvent Girobus, repère fréquemment des gens en train de lui acheter des pâtés de viande, Girobue est reconnu comme le fétiche d’une manière d’être, d’un mode de vie de plus en plus difficile à maintenir.

Girobus a été mis sur un pied d’égalité, pour ne pas dire d’humanité. Humanité dont le privilège suprême sera de choisir sa mort, selon sa maîtresse. Girobus a maintenant 15 ans, il souffre d’asthme. Mais je suis sûre que quand ça n’ira vraiment plus, il se laissera probablement mourir. C.Ry

Le samedi 15 juin 1991, à 9h15, Girobus traversait le miroir.

5 jours après, L’Express titrait sur ses manchettes* :

  • Affichette en format A2 servant d’accroche pour le journal

Avec un aticle en pages intérieures.

V. / le plus indépendant des chiens du canton est mort.

Il est libre Girobus.

Ne le cherchez plus : il est mort. Finis les petits billets glissés dans son collier, finies les balades en bus ou en tram, finie la tournée des bistrots de la vieille ville de N. Girobus est mort. Le plus indépendant des chiens du canton a rendu son état civil de bâtard mâtiné d’appenzellois samedi : une attaque, une chute dans l’escalier pentu de son port d’attache de V, la piqûre. Ce malin aura mis 17 ans tout juste pour ronger le seul lien qu’il ait jamais eu, avec la vie, et trouver l’absolue liberté d’une interminable virée dans les souvenirs de ceux qui l’ont aimé.

Est ce d’avoir commencé sa vie comme lot dans une foire que Girobus a tiré son intarissable soif de liberté ? Quand sa maîtresse a fondu pour lui dans un refuge de la SPA, il avait trois mois et demi et, déjà, un seul rêve : sortir seul, fût-ce au prix de ronger une porte en chêne.

- Au début, il m’a vraiment fait passé pour une irresponsable, mais j’avais compris que c’était un chien qui voulait vivre libre, sans laisse ! J’ai du payer pas mal d’amendes pour vagabondage et puis la police locale a fini par le tolérer : il ne nuisait à rien, ni à personne.

Girobus habitait alors N. ses premières errances, anarchiques se muèrent très vite en un circuit gastronomique aux étapes multiples : le café du Cerf, son lieu de prédilection, le Marché, la droguerie où l’attendait un biscuit, la boucherie Margot et la chevaline, le café du Cardinal… il entrait, choisissait une chaise libre, s’y asseyait….

Tendre avec les autres animaux – n’avait-il pas une nuit réveillé sa patronne avec, entre les dents, un chaton qui réclamait son biberon ? - Intelligent – il a réussi, entre autres, à empêcher un bébé de dégringoler une rampe d’escalier – Girobus a rendu sa dernière visite en ville il y a trois ans.

- Il restait de plus en plus longtemps en ville et se reposait dans la cave d’un ami avant de remonter. Un jour, il a croisé un couple d’ami de V. et les a suivis jusqu’au parking. Le couple prit l’ascenseur et retrouva Girobus assis derrière leur voiture. Il n’est jamais redescendu.

Il avait un penchant pour les poubelles de V. et sa patronne faisait la tournée du village tous les mercredis matin pour réparer les dégâts.

- Girobus n’aura essuyé que deux plaintes au procureur dans toute sa vie de chien libre : les deux déposées coup sur coup par le gendarme du lieu qui pourtant le connaissait bien. (Deux PV annulés par le juge avec un grand sourire pour ce cabot exceptionnel.)

Mais Girobus n’en a cure, les hommes, que son mode de vie faisait rêver, l’on déjà érigé en mythe. Mi.M

N'allez surtout pas dire que je ne me suis pas foulé en recopiant ces articles de presse car c'est pluss ardu que de les écrire soi-même...

Blutch, témoin d'une vie de chien