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mercredi 30 juin 2010

Tant-BourrinChoeur d'école

Cela faisait plusieurs semaines déjà que Tant-Bourriquet répétait. Un long travail initié en classe qui se poursuivait à la maison, où il nous chantait, non sans fierté, les chansons apprises pour le spectacle. Des chansons aux paroles compliquées et aux mélodies subtiles, loin des gentilles alouettes ou des petits navires, signées par des noms illustres : Bach, Rameau, Grieg…

Et vint la grande soirée, celle du spectacle, dans un grand auditorium. Car il s’agissait bien de cela : monter tout un spectacle, en collaboration avec le Conservatoire de la ville, pour initier les enfants des écoles aux joies de la musique. Et en même temps, j’imagine, c’était une bonne occasion d’offrir aux jeunes élèves musiciens du Conservatoire un vrai concert devant près de 200 personnes, car inutile de préciser que tous les parents des élèves choristes des cinq classes concernées étaient là, nous les premiers.

Imaginez plutôt : un vrai petit orchestre, moyenne d’âge comprise entre douze et quinze ans, et un chœur de plus de cent enfants, moyenne d’âge autour de sept ans…

Inutile de préciser qu’à l’écoute du résultat de toutes ces semaines de labeur, je bichai comme un pou et que Tant-Bourrine pouai comme une biche !

En voici un extrait, d'une piètre qualité d'enregistrement hélas, la direction du Conservatoire ayant étrangement refusé que j'installe dans la salle ma console d'enregistrement de trois tonnes et que je place un microphone devant Tant-Bourriquet.


La chanson de Solwejg

(Edvard Grieg)


Téléchargeable directement ici



C'est-y pas mimi tout plein ? Moi, je fonds d'amour... Que c'est beau, la fraîcheur et l'innocence !

Bon, à part ça, si un producteur est intéressé, qu'il m'envoie sa proposition de contrat directement par mail. Je prends 10%.

dimanche 27 juin 2010

Saoul-FifreNiolon

C'est une calanque de la chaine de l'Estaque, sur la commune du Rove, avé la vue dégagée sur toute la baie de Marseille. Va-z-y, répète cette phrase avec l'accent du Midi et tu commenceras à entendre grincer les cigales. Ô peuchère, qu'on est déjà le 26 juin et qu'elles n'ont même pas encore commencé à se racler la gorge et faire leurs vocalises. Tu verrais ça, toi, qu'il ait trop pleuvu cet hiver et qu'elles se soient toutes noyées ? Ça serait un coup à faire fuir les touristes ! Que c'est fragile, un touriste ! Pas de cigales, pas d'encouragement du commerce local. Pas de soleil, on retourne à Corbeil !

Nous, on s'en passerait bien, des cigales. Les cigales, c'est un peu comme si t'écoutais ta radio bloquée sur une fréquence linéaire, monotone, sans surprises, triste, conforme, uniforme... Oui, t'as raison, un peu comme une France-Inter rêvée par les duettistes Rudolf Hees et Philippe Pétain. Et leur sarco-trafiquant.

L'État, mon actionnaire, comme ils disent dans leur jargon baveux, ces limaces. Et le peuple, vos auditeurs, vous y pensez quelquefois ? On s'assoie dessus, on les tronche, aussi fort qu'on nous a tronché, aussi profond qu'on s'est laissé troncher. Transmets, corromps, projette, fais aux autres ce qu'on t'a fait, venge-toi. Et n'oublie pas que tu as fait tout ça pour avoir le pouvoir, et que le pouvoir, tu l'as.

Alors, de quoi te plains-tu ? Ben c'est à dire que ça ne ressemble pas trop à mes rêves de petit garçon ? Ah bé c'est qu'on peut pas tout avoir dans la vie, mon petit !

Finalement et tout bien réfléchi, je préfère les cigales.

Et puis Niolon, c'est adossé au massif, et avec le viaduc du chemin de fer qui fait barrage, tu sens pas le Mistral, même s'il boufe comme le soufflet de forge du diable. Et pis même en plein cagnard, tu as toujours la fraicheur de la mer. Oui car l'eau s'évapore et en s'évaporant, elle crée du froid, c'est le principe de la gargoulette de ma mère suspendue à une branche du poivrier. En gros, quand il fait chaud, la terre emmagasine de la chaleur et la mer, du froid. Donc à Niolon, sans Mistral et sans températures à te faire te dessécher sur place, tu peux supporter stoïquement le métronome rouillé des cigales.

C'est pourtant pas l'huile d'olive qui leur manque, dans le quartier.

Je te sens intéressé, tout à coup. Comment est-ce que l'on ferait-on si je voudrasse y aller, te dis-tu ?

Le mieux : tu prends le bus 36 sur la Canebière et tu descends à l'Estaque-port. Tu m'entends : tu descends pas à l'Estaque-plage, tu descends à l'Estaque-port ! Tu montes sur ton pointu et tu suis la côte jusqu'à Niolon. Là, tu te gâves. Tu te gâves les yeux de toute cette lumière qui fait reluire la mer et qui chauffe les rochers à blanc. Tu te gâves les narines d'iode, de sueur d'écailles et de poison d'oursin, à la saison. Ça sent tellement le large, le bouquet garni et le Guédiguian que tu resteras fidélisé le long de cette côte, scotché à vie, avec un désir comac d'y revenir le plus souvent possible.

Tu n'as peut-être pas de pointu, ni même d'anneau à l'Estaque, mesquin que tu es ? Alorsse il te reste une chance de faire le riche à peu de frais. Prends un ticket à la gare Saint-Charles sur cette ligne mythique, "Le petit train de la côte bleue", qui a coûté 20 millions de francs-or au début du siècle et au contribuable français. Ou, si nous sommes en été, monte sans payer dans un des wagons pleins de racailles des quartiers Nord qui vont se baigner sur les rares plages. Le contrôleur te laissera tranquille.

Tu peux choisir ta destination parmi ces noms qui ont fait briller tant de prunelles : plage Napoléon, La Couronne, Sausset-les-pins, Carry-le-Rouet, La Redonne-Ensuès, Le Rove....

...mais suis mon conseil et descends à Niolon.

jeudi 24 juin 2010

AndiamoUn bel endroit

Paris, gare de Lyon : 9H15… Aix, TGV : 11H45… Sans commentaires !

En moins de trois heures, on change d’univers. Départ sous la grisaille, une arrivée en fanfare sous le grand mistral qui nous a débarbouillé le ciel.

Et notre bon Saoul-Fifre qui nous accueille, catogan au vent, comme Crin Blanc, le cheval camarguais !

Départ en fourgon pas mortuaire, mauvaises langues ! Un peu plus tard, nous découvrons le mas bâti sur un petit coteau, devancé par une terrasse couverte d’une jolie vigne. Une immense table prête à accueillir de nombreux convives, de part et d'autre de nombreuses chaises : on devine la maison « ouverte » !

Sur le seuil, Margotte est là, tresses au vent, décidément quel mistral ! Un large sourire, embrassades, ma femme qui est très réservée habituellement déclare : on se tutoie ?

- Oui, bien sûr, répondent en chœur nos hôtes.

Je pense que la famille a été vaccinée avec un flacon de « bonne humeur », sinon comment justifier la jovialité de leurs enfants ?

Tout le rez-de chaussée n’est qu’une immense pièce ! Où trône un magnifique poêle Flamand blanc, orné de quelques jolis motifs.

Nous sommes alanguis sur le canapé, anisette en main (origines obligent !). Puis le couscous « façon la Maman » avec une pointe de cannelle… Dé li cious !

Je ne vous ai pas dit ? Dans un des coins de la pièce, il a mis (pour m’impressionner) des étagères remplies de bouquins, il y en a plus d’un millier assurément. Renseignements pris, il les a acheté au mètre ! Mais oui, pour m’ en foutre plein la tronche, tu penses comme je suis resté scotché, un mec qui a échappé à deux guerres !

L’après-midi, visite aux biquettes, puis aux chevaux, dont un pur sang Arabe d’une beauté…. Une encolure très fine, les antérieurs droits comme des « I », la robe « truitée » magnifique.

Un peu plus loin, deux ânes gris, des provençaux, comme dans la chanson d’Hugues Aufray. Et enfin : le lama ! Je ne l’ai pas vu glavioter ! Lui pas fâché, lui pas faire ainsi !

Le soir, quelques amis sont venus, viticulteurs tous les deux ! Goûte mon vin, goûte celui-là, et tiens encore un autre… Je tâte, je fais rouler le nectar dans ma bouche, encore une lichette, et le dernier avant d’aller s’coucher… AH ! C’est autre chose que le champomy !

Ses potes : des personnages dignes d’un bon Pagnol !

Le gros chien qui sommeille, habitué qu’il est aux longues veillées. On sent le vieux sage, il observe, se secoue la tête, puis pépère referme les yeux et roupille !

Les étoiles brillent très fort lorsque nous allons nous coucher, la tronche un peu étoilée, mais point de volant donc : vos gueules les mouettes, j’veux rien entendre !

Le lendemain, visite au village voisin haut perché, d’où l’on domine toute la vallée verdoyante… Merci Monsieur Craponne !

Encore une belle journée, puis le départ ! Mon épouse et moi sous le charme d’un tel accueil… Merci Margotte, merci Saoul-Fifre et les enfants !

lundi 21 juin 2010

Tant-BourrinBrouillon de culture (9)

Huit numéros de "Brouillon de culture" (visionnables ici : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8) ont fait de notre chronique le mètre-étalon de bon goût et du vrai chic parisien.

Alors ne mollissons pas et attaquons derechef un nouveau numéro, consacré aujourd'hui aux séries télévisées...

Voici donc quelques chefs-d'oeuvre télévisuels que j'ai sélectionnés spécialement pour vous dans ma vidéothèque que même l'INA jalouse... Savourez et nourrissez vos esprits malingres !





Les Brigades du chibre

Les Brigades du chibre est une des plus grandes séries télévisées françaises, que tout homme de goût se doit d'avoir vu au moins une fois dans sa vie.

Au début du XXe siècle, une brigade de police motorisée, dirigée par le commissaire divisionnaire Fève, est créée afin de traiter, avec des méthodes plus modernes que celles utilisées jusque-là, les affaires de moeurs, qui se multiplient alors.

Constituée par le Commissaire Saint-Valentin et les inspecteurs Terrouston et Pulagnôle, la brigade se distingue vite par ses méthodes peu orthodoxes. Ceux-ci sont en effet aussi portés sur la chose que la faune interlope à laquelle ils ont affaire, et leur statut de policier leur ouvre bien des portes et bien des alcôves. La main toujours à portée de leur braguette, prêts à dégainer leur arme fatale, ils acquièrent vite une grande renommée et leur équipe se voit surnommée "la brigade du chibre".

Ils exerceront leur activité jusqu'à l'âge de la retraite, à 40 ans, la pénibilité de leur travail ayant été reconnue par le Ministère de l'Intérieur.





Les petits oiseaux se cachent pour pourrir

Cette série commence lorsque le père Ralph de Brisefalsard est muté en Nouvelle-Galles-du-Sud où il fait la connaissance de Mary Carson-Cuayer, une riche éleveuse de moutons. Cette-ci tombe très vite folle amoureuse du séduisant prêtre et le poursuit de ses assiduités. Mais celui-ci se contrefout de cette vieillarde semi-croulante et n'a d'yeux que pour Meggie, la nièce de celle-ci, dont il finit par tomber follement amoureux.

Ralph de Brisefalsard est tiraillé entre sa passion et sa foi. Il repart au Vatican, puis, des années plus tard, revient en Australie pour découvrir que sa passion est toujours brûlante. Après bien des péripéties, bien des atermoiements, Ralph et Meggie cèdent à leur pulsion et vivent une folle nuit d'amour. Mais malgré le bonheur intense qu'il a éprouvé avec elle, il ne veut pas quitter l'Église et dit adieu à Meggie.

Quelques jours plus tard, Ralph commence à sentir une vive douleur dans l'entrejambe : cette salope de Meggie lui a refilé la chtouille. Sa passion pour elle devient subitement moins brûlante que son bas-ventre...





Au nom de l'aloi

Cette série mythique raconte les aventures de Josh Capello, chasseur de fautes d'orthographe dans le Far West, armé d'une Winchester à crosse et canon sciés. Animant à l'occasion des soirées littéraires et ludiques dans les saloons, baptisées les "Josh de vingt heures", il ponctue ses interventions d'un "de bon aloi" en cas de bonne réponse, et d'une balle entre les deux yeux en cas de mauvaise réponse.

Ayant de plus en plus de mal à trouver des candidats désireux de participer à ses "Josh de vingt heures", il se retira dans son ranch et fit fortune avec son élevage de nourrains.

vendredi 18 juin 2010

Saoul-FifreVibrant hommage

Le grand-père de Margotte était chiffonnier, ferrailleur, enfin, récupérateur de peaux , de laine, de métaux divers, de tout ce dont on se débarrasse mais qui, regroupé, trié, nettoyé, finit par avoir de la valeur. Dans le cas du susdit pépé, son affaire de retraitement durable marcha si bien qu'il put assez rapidement en faire travailler d'autres à sa place puis prendre sa retraite à un âge qui aurait mis un Fillon ou une Parisot dans une fureur noire.

Cet exemple familial proche a marqué Margotte du noble sceau de la poubelle utile. Et moi également, par jeu d'alliance, par osmose, par contamination, belle-filiation, que sais-je, mais le mal m'a frappé moins profondément qu'elle, soyons honnêtes et reconnaissons-le. Nous partons par exemple la famille au complet dans le fourgon plein comme un œuf. Ben, elle poussera à intervalles réguliers de petits cris aigus intempestifs car elle aura vu un "encombrant" au bord de la route. Hiiiiii un clic-clac, freine !! Aaaaahhh là, un buffet en formica, arrête-toi !

Bien sûr, je me garde d'obtempérer. Un instant déboussolé par l'expression souffrante de son manque, je reprends la maitrise de mon véhicule et poursuis notre route.

Toujours est-il que notre réputation est faite dans le canton et que plein d'amis, mais aussi beaucoup d'ennemis, viennent déposer des cartons chez nous plutôt que de les porter directement aux bordilles ou dans les conteneurs de récupe. Le dernier en date, un ami de mon fils, m'a déposé d'autorité 5 cagettes de "livres" pourraves au milieu du salon en me disant : "Tu jetteras ce qui ne te plait pas". Tri effectué, la moitié de gardable seulement !

Mais au milieu de ce fatras poussiéreux, je ne ratai pas un prospectus des années cinquante, qui, sous couvert d'informations sur la consommation électrique de divers engins, listait exhaustivement tous les gadgets qu'il était possible de brancher chez soi. La Fée Electricité venait de toucher de sa baguette magique la moindre masure dans les campagnes, et il convenait de faire consommer du jus à tout ce brave monde.

Quand mon œil abasourdi, si vous me permettez cette audace sémantique, se posa en bas de ce feuillet :

Oui vous avez bien lu : ils essayent d'appâter la ménagère de moins de cinquante ans, ma mère, quoi, à l'époque, en lui garantissant qu'un vibro-masseur ne con-somme pas plus de 60 watts !

Là, elle peut con-templer le modèle de luxe, tout inox. Le fil de branchement permet de récupérer l'engin in extrémis, au cas où...

Et là, elle dispose d'un dessin explicatif, d'une espèce de mise en situation, d'un mode d'emploi sommaire d'où il appert clairement que cet intéressant appareil a un effet décontractant et procure la banane à ses usagères.

Tout ce qu'on peut trouver et apprendre, dans une poubelle ? ! ? !

mardi 15 juin 2010

AndiamoAu poêle !

Par ce beau dimanche de juin de l’an de disgrâce 1915, la grande guerre fait rage depuis près d’un an.

Petit, grande barbe soigneusement entretenue, chapeau melon dissimulant une calvitie naissante, canne à pommeau d’argent, portant beau comme on disait à l’époque, monsieur Henri se promène dans les allées du marché aux puces.

Toutes les conversations ne traitent que de la guerre.

- Les nôtres ont repris une position aux boches.

- Oui, on les aura ! Notre canon de « 75 » est bien le meilleur, sans compter l’excellence des fusils « Lebel » ! Et ce Maréchal Joffre… Quelle poigne ! Un meneur d’hommes assurément !

- Ah ! Ça oui, pardi !

Monsieur Henri, âgé de quarante cinq ans, avait échappé à la conscription, de justesse ! Bah, soupirait-il, il y a suffisamment de jeunes, et puis tout sera terminé dans quelques semaines... Tout au plus !

Il aimait tout particulièrement flâner au marché Biron, délaissant un peu Vernaison, Malik ou bien le marché Paul Bert. Le doux parfum de la cire, dont les antiquaires faisaient un large usage en étalant consciencieusement la jolie pâte aux teintes de miel sur les meubles chargés d’histoire, provenant de ventes plus ou moins licites.

Cette odeur si caractéristique lui rappelait sa chère Maman, répondant au doux prénom de Flore. C'est elle qui entretenait amoureusement leur petit appartement parisien, quand ses travaux de couture à domicile lui en laissaient le temps.

Parfois, sa main se pose sur un bureau « dos d’âne » ou une jolie commode « Régence », il en caresse la marqueterie, s’imprégnant les doigts du doux parfum de la cire, puis, discrètement faisant semblant de lisser sa moustache, il hume alors ses doigts imprégnés de l’effluve, porteuse de doux souvenirs.

Alors qu’il vient de rouvrir les yeux après avoir respiré la merveilleuse fragrance, arrivant face à lui, une femme de belle allure. Grande, large chapeau noir avec voilette, la longue robe, de percale noire elle aussi, laisse juste apparaitre la pointe de ses bottines de chevreau, marque d’un bottier de qualité.

Feignant de regarder ailleurs, Monsieur Henri la bouscule légèrement. Sursautant, il se confond en excuses, retirant son melon, se pliant en courbettes, toutes plus obséquieuses les unes que les autres.

- Chère Madame, acceptez mes excuses, quel distrait je fais ! Je ne vous ai pas blessée au moins ?

- Non… Non Monsieur, tout va bien je vous assure…

- Permettez que je me présente : Henri Frémyet, agent de change.

- Thérèse Laborde-Line, veuve.

- Oh ! Je suis navré et sincèrement désolé, et croyez bien que je ne vous dis pas cela par pure convention, car je suis veuf également !

- Deux malheurs se sont croisés… Un peu brutalement, ajoute-t-elle en souriant.

- Permettez-moi, chère Madame, et ceci en tout bien tout honneur, de vous offrir un rafraîchissement.

- Je ne sais si je puis accepter.

- Acceptez, je vous en prie.

Ils sont là, attablés dans ce petit bistrot de la rue des rosiers, lui devant un bock, elle s’est fait servir un thé.

- Il faut boire une boisson chaude lorsqu’il fait chaud, j’ai appris cela de mes voyages en Afrique du nord. Mon mari m’y emmenait souvent lorsqu’il voyageait pour affaires.

- Que faisait-il ?

- De l’import-export… Une très grosse situation vous savez : à sa mort, il m’a laissé de quoi vivre très confortablement jusqu’à la fin de mes jours.

- Ah ! Le saint homme, ajoute Henri en hochant la tête.

- Oh ! Mon Dieu ! Dix-huit heures trente déjà, il faut que je rentre, le temps passe si vite…

- Permettez, Madame, que je vous raccompagne.

- J’habite avenue Henri Martin, à l’autre bout de Paris !

- Qu’à cela ne tienne, nous prendrons un fiacre, je ne vous laisse pas seule, d’autant qu’il faut tout de même emprunter une partie de la zone (1) avant d’entrer dans Paris, où nous trouverons aisément un « sapin » (2)

- Vous êtes très prévenant ,cher Monsieur, et c’est avec joie que j’accepte.

- Tout le plaisir est pour moi !

Le fiacre les a déposés devant l’immeuble très cossu de style hausmannien. En galant homme, Henri a ouvert la porte le premier, et a obligeamment aidé la Dame à descendre. Levant un peu la jambe afin de poser le pied sur le trottoir, elle a laissé entrevoir sa cheville gainée du chevreau de ses bottines. La jolie courbe que forme la cambrure du pied menu trouble visiblement Henri, lui donnant toutes les audaces.

- Et si nous nous revoyions ? Nous promener de nouveau au marché Biron me ravirait.

- Est-ce bien raisonnable ?

- Sans doute !

- Bon, alors, disons dimanche prochain ici même : à quatorze heures.

- Merci, merci, très chère.

Ils se sont vus et revus. Tant par ses prévenances que par ses bonnes manières, Henri a réussi à devenir l’amant de la très belle, et bien en chair Thérèse Laborde-Line, veuve de son état.

En fin diplomate, Monsieur Henri a réussi à obtenir procuration de tous les comptes et obligations de l’accorte veuve du roi de l’import-export.

Un joli dimanche de septembre, l’arrière-saison étant particulièrement clémente en cette terrible année de combats, Monsieur Henri propose à Thérèse de passer une fin de semaine avec lui dans sa maison de campagne, une « villégiature » comme on les désignait alors, située près de Rambouillet.

- Ah ! Enfin, je vais connaître ce petit nid d’amour dont vous me rebattez les oreilles constamment, cher Henri !

- Oui, ma douce, vous verrez comme nous serons bien ! Vous, moi, et les petits oiseaux.

- J’ai l’impression que le beau merle, c’est vous, conclut-elle en riant de bon cœur.

Ce beau dimanche, Henri et Thérèse se retrouvèrent à neuf heures précises sous la grande horloge de la gare du mont Parnasse.

Les locomotives ayant été endommagées ou réquisitionnées pour l’effort de guerre, c’est une antique et poussive « Tigerli » qui emmènera le convoi très réduit, faible puissance oblige, jusqu’à Rambouillet.

Ces machines servant habituellement aux manœuvres, il ne faudra pas s’attendre à battre des records. Mais qu’importe : à la guerre, comme à la guerre, a dit si gentiment la jolie Thérèse.

Brinqueballés sur d’inconfortables banquettes de moleskine, nos deux amants arrivent enfin à Rambouillet. De là, on emprunte un fiacre jusqu’à Gambais, lieu où réside Monsieur Henri.

Une modeste demeure, un peu à l’écart, l’immense forêt à deux pas, un réveil au chant des oiseaux a promis l’aimable Monsieur Henri.

Près de toucher au but, Henri a un peu accéléré le pas, il précède largement Thérèse qui souffle un peu, n’étant pas habituée à pareils efforts.

- Attendez-moi, mon ami, vous courez littéralement !

- Mais c’est pour vous ouvrir le portail, très chère… Prenez votre temps !

Quand Thérèse arrive enfin, les joues rouges et le souffle court, Henri est planté devant la boîte à lettres, la masquant totalement. Et sur laquelle on pourrait lire sur un petit bristol format carte de visite, dans un petit espace protégé par une vitre le mettant à l’abri des intempéries :

Madame et Monsieur Henri Landru, en caractères gothiques du plus bel effet.




Pour les perdreaux de l’année :

(1) La zone était un genre de no man’s land situé entre les « barrières de Paris » et les faubourgs, un endroit où il ne faisait pas bon traîner ! Ça a donné "zoniard" : individu peu recommandable, et "zoner" : traîner à l'affût d'un mauvais coup.

(2) Sapin : nom familier donné aux fiacres.

J'ajoute : je m'absente du 16 juin au 17 juin, je répondrai à vos commentaires (si vous m'en laissez) la semaine prochaine... Merci.

samedi 12 juin 2010

Tant-BourrinChat - rat - deux (7)

Cela fait bien longtemps (trois ans) que je n'ai pas mis à l'épreuve vos neurones avec quelques petites charades de ma composition qui, par le passé, ont déchaîné les passions, surtout dans le lectorat féminin. Eh bien, réjouissez-vous, car je vous en ai concocté une nouvelle salve...

(Choeur du lectorat féminin) Aaaaaaaaaaaah !...

... consacrée, cette fois, au football !

(Choeur du lectorat féminin) Oooooooooooh !...

Bin, oui, quoi, la Coupe du Monde a commencé, il faut se mettre au diapason de l'actualité, non ? :~)

Petit rappel préalable : tous les coups sont non seulement permis mais même conseillés, tout particulièrement les à-peu-près infâmes qui sous-tendent ces charades ! Ils vous suffit, pour vous en convaincre, d'aller vérifier la chose dans les séries précédentes , , , , et itou. Inutile en revanche de vous ruer sur Gogol pour chercher les solutions, ces charades sont sorties tout droit de la calebasse qui me tient lieu de crâne !

Comme je ne vais pas passer des journées entières devant mon écran à surveiller ma boîte mail, je vous invite à proposer vos réponses directement dans les commentaires et à vous entraider. Si vous n'arrivez à bout de cette série-là, les éventuelles réponses non trouvées seront dispensées à une date non fixée, selon mon bon vouloir.

Voilà, maintenant, c'est à vous de jouer !



Charade n°1

Mon premier est l'ancienne championne de natation Manaudou le jour de son mariage
Mon tout est un footballeur français célèbre, d'hier ou d'aujourd'hui



Charade n°2

Mon premier est l'exhortation, adressée à un perroquet, à fatiguer l'écrivaine Gavalda par son verbiage incessant
Mon tout est un footballeur français célèbre, d'hier ou d'aujourd'hui



Charade n°3

Mon premier est l'ordre d'endommager un enregistrement vinyle de Thelonious Monk tout en conservant une démarche martiale
Mon tout est un footballeur français célèbre, d'hier ou d'aujourd'hui



Charade n°4

Mon premier est le cri de ralliement, net et sans entraves, des Berruyers à leur région
Mon tout est un footballeur français célèbre, d'hier ou d'aujourd'hui



Charade n°5

Mon premier est ce que l'on dit en rappelant que la Sainte-Vierge à accouché d'un si adorable et si précieux enfant
Mon tout est un footballeur français célèbre, d'hier ou d'aujourd'hui



Charade n°6

Mon premier est la constatation que sans un minimum de rangement, c'est le bordel
Mon tout est un footballeur français célèbre, d'hier ou d'aujourd'hui



Charade n°7

Mon premier est une exclamation pleine de jubilation émise par un détective privé qui réalise la chance qu'il a de faire une filature du fils Delon
Mon tout est un footballeur français célèbre, d'hier ou d'aujourd'hui



Charade n°8

Mon premier est ce que l'on répond à quelqu'un qui affirme que la mauvaise bibine ne tord pas les boyaux alors que l'on est convaincu du contraire
Mon tout est un footballeur français célèbre, d'hier ou d'aujourd'hui



Charade n°9

Mon premier est le premier tube d'un chanteur ibérique, interprété tristement par un chanteur dépressif
Mon tout est un footballeur français célèbre, d'hier ou d'aujourd'hui



Charade n°10

Mon premier est ce que dit un Pied-Noir pour exprimer le fait que, quand on est d'un naturel hilare, il faut se laisser aller à l'hilarité
Mon tout est un footballeur français célèbre, d'hier ou d'aujourd'hui



Charade n°11

Mon premier est la constatation qu'il ne peut y avoir d'érection quand rien ne dépasse
Mon tout est un footballeur français célèbre, d'hier ou d'aujourd'hui



Charade n°12

Mon premier est l'affirmation selon laquelle il était écrit que le Directeur de France Inter se mettrait en ménage avec un con
Mon tout est un footballeur français célèbre, d'hier ou d'aujourd'hui

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