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vendredi 31 août 2007

Saoul-FifreLes perdrix noires

Matin et soir, les perdreaux viennent se dessoiffer à mon abreuvoir siphoïde, coude à coude avec les gallines.

La basse-cour est une communauté de bonne composition : ce n'est qu'intra-muros que ces Capoulets et Montaigus à plumes passent leurs journées en luttes intestines, en mini-révolutions, en guerres pichrocholines pour des motifs aussi futiles qu'un peu de rab de grain ou qu'une aubade trop poussée. Avec les esstrangés, palombes, faisans et autres oiseaux sauvages, ils sont d'une rare bravitude. Les deux mondes parallèles se côtoient sans jalousie. Nul n'envisage la moindre petite parade sexuelle avec ces compatriotes par trop exotiques, faisant pourtant partie de la même vaste famille aviaire. Nul ne leur pleure égoïstement les quelques grains oubliés de la dernière distribution. Pas de méfiance ni de revendications potentales envers ces cousins éloignés. Partageurs du même territoire, mais trop différents, la conscience politique ne s'applique plus.

Comme chez les humains dénués d'imagination.

Comme chez mes copains ploucs, par exemple, qui sont capables des pires crasses entre eux, pour acheter un hectare convoité ou parce que le voisin arrive à tirer quelques centimes supplémentaires sur le prix de son foin... La jalousie est un sport de proximité. Elle jette tous ses feux entre presqu'égaux, entre situations comparables. Mais un jour où je citais devant un de mes incultes cultivateurs le salaire mensuel de quelques capitaines d'industrie, qu'un journal venait de publier, cet hébété ne m'a tout simplement PAS CRU ! Les nouvelles fraîches, il les obtenait en discutant le bout de gras en bout de raie de labour, ou au bord d'un canal d'arrosage, mais le journal, hein ?

Enfin : oui, il en faut pour allumer le feu...

Je crois savoir pourquoi mes poules acceptent si facilement, sans sourciller, que des sauvages viennent boire leur eau et manger leur pain. Il s'agit tout simplement de rapports de force. Ces oiseaux de passage sont amenés par un vent de liberté. Leurs yeux brillent de la fierté de gagner leur croûte au quotidien, de dormir sous la pluie, de connaître le gel, de dominer leur territoire à la virtuosité de leurs ailes. Ma volaille domestiquée sent aussi que cette vie à la dure fait que le conflit ne tournerait pas à leur avantage.

Une tourterelle n'est pas du tout l'oiseau de paix symbole des amoureux qui roucoulent. Elle est capable de crever les yeux de son frère pour garder la possession d'un beau nid bien placé, mais si une autre espèce ose s'attaquer à un individu de l'espèce pigeon, fut-il un rapace, la communauté entière prend son vol et fait une démonstration de force solidaire jusqu'à ce que le trouble-fête aille voir ailleurs si ils y sont.

Les êtres humains aussi ont cette tendance à être doux aux puissants, à rejoindre la majorité pour se sentir moins seul. D'où l'importance des sondages. Si je vote pour celui qui est en tête, j'ai plus de chance de gagner et moins de risque de passer pour un con. Là aussi : carence d'imagination. Voter pour ses idées, pour un autre monde ? Encore faudrait-il avoir des idées, et d'autres projets que celui d'être homogène avec le troupeau ?

La conscience politique du con égoïste, l'analyse de situation, l'expression d'opinions générales, se fait sentir d'abord au niveau local, voire intime : comment me dégotter une prime que mon voisin de bureau n'aura pas, comment me draguer une petite mignonne sans que ma femme me rende la pareille, sourire au Maire en lui glissant son enveloppe, adapter son discours à l'interlocuteur... et puis en deuxième lieu, envers les faibles. L'injustice de la disparité des revenus et de l'énormité de certains salaires fera charitablement cligner l'œil du con, mais il réservera sa violence verbale pour fustiger la classe inférieure. Il a réussi à trouver plus malheureux que lui, plus attaqué, plus pauvre, plus marginal, c'est l'hallali ! Le coupable, c'est l'immigré qu'est même pas français, c'est ce feignant de chômeur, c'est cette salope de mère célibataire qui truste les allocations !

Ho non, c'est pas le gars qui spécule sur le prix du Dollar avec l'argent qu'il s'est contenté de recueillir dans une succession, c'est pas celui dont le gagne-pain est de vendre ces machins qui arrachent les jambes des enfants en explosant, non plus le banquier qui rachète un titre de gauche pour que la Pensée Unique accouche sur le papier d'un Discours Unique bien consensuel !

Je marche le plus silencieusement possible, mais dès que mon nez dépasse au coin du bâtiment, mes perdreaux, l'œil et l'oreille toujours aux aguets, s'envolent d'un seul mouvement vers la colline, dans un grand frou-frou de plumes agitées. Mes poules lèvent un œil et le bec, étonnées de ce départ précipité.

Quelles mouches ont donc piqué ces fougueux perdreaux ? N'étaient-ils pas bien, à l'ombre, à boire un coup avec nous ? Et là, c'est juste le patron qui venait nous nourrir ?

Laissez béton, la volaille, vous pouvez pas comprendre : ils préfèrent crever de faim et de soif que de perdre leur liberté. Ils ont filé s'enivrer d'essences d'herbes de garrigue. Ils sont là-haut. Déjà vous n'êtes plus pour eux que des points insignifiants.

jeudi 30 août 2007

ManouLE GLANDOR MUSARD






Comme son nom ne l’indique pas, le glandor est un petit récipient de forme octogonale utilisé dans la péninsule ibérique au début du 4 e siècle avant Jésus-Christ. L’activité favorite du glandor consiste à éviter toute utilisation qui pourrait être faite de ses capacités d’ustensile. Pour cela, il dispose d’une étonnante propension à la liquéfaction au moindre contact avec un corps étranger. Aucun exemplaire de cet objet n’a encore été trouvé. Ceci explique peut-être cela.

Cui-cui.

mercredi 29 août 2007

Tant-BourrinProduits dérivés (2)

Travaillant depuis des mois d'arrache-pied dans le cadre de notre politique de diversification, les laboratoires Blogbo sont fiers de vous annoncer aujourd'hui la sortie d'une toute nouvelle gamme de produits dérivés Blogborygmes™.

Mais attention, pas n'importe quels produits dérivés ! Foin de la pacotille habituelle, porte-clés, magnets ou stylos à deux balles que l'on cherche habituellement à vous refourguer !

Non, il s'agit ici de produits issus de nos recherches, les plus sérieuses qui soient, dans le domaine médical. Et là où les plus grands laboratoires pharmaceutiques du monde entier sont à la peine, les laboratoires Blogbo ont réussi : nos produits, particulièrement innovants, sont d'une efficacité parfaite pour lutter contre les plus terribles fléaux des temps modernes en termes de santé publique.

Examinons dans le détail les trois produits que vous trouverez dès aujourd'hui chez tous les bons pharmaciens...



Tabafeuque


"Quoi ? De simples patchs anti-tabac ?", direz-vous. Oui, mais pas n'importe quels patchs, car ceux-ci ont une efficacité garantie à 100%, sous réserve que le mode d'emploi soit scrupuleusement respecté (voir plus bas).

Fruits de longues années de recherche, les patchs Tabafeuque utilisent les propriétés médicinales étonnantes de l'excipient QSP, dont la diffusion sous-cutanée, via le patch, ôte instantanément à l'utilisateur toute envie de fumer. Des millions d'euros de vies sauvées en perspectives grâce aux laboratoires Blogbo !



Calorifeuque


Nous ne sommes pas peu fiers de vous annoncer que, contrairement aux grandes multinationales pharmaceutiques qui en rêvent depuis longtemps mais échouent lamentablement, nous avons réussi à mettre au point le premier médicament anti-obésité.

Calorifeuque est en effet un patch révolutionnaire dont l'application permet une perte de poids très rapide et sans effort, sous réserve que le mode d'emploi soit scrupuleusement respecté (voir plus bas).

Sans aller jusqu'à révéler notre secret de fabrication (soigneusement breveté, il va de soi), nous pouvons vous indiquer que le principe actif essentiel diffusé dans l'organisme par Calorifeuque est du H2O déshydraté, dont les vertus remarquables en matière de combustion des réserves graisseuses de l'organisme étaient jusque-là passées inaperçues aux yeux de chercheurs moins aguerris que les nôtres.

Grâce à Calorifeuque, bientôt la taille mannequin pour tous !



Blablafeuque


N'ayons pas peur des mots : Blablafeuque est un produit totalement révolutionnaire et sans égal !

En effet, il s'attaque à un des pires maux qui soit, à savoir la logorrhée ou, si vous préférez, la diarrhée verbale. Vos proches sont au bord du suicide à cause de votre flux incessant de propos oiseux et inintéressants ? Votre incapacité à vous taire plus de cinq secondes ruine votre vie en vous poussant à révéler des énormités sur votre propre compte sans même y prêter attention ?

Alors Blablafeuque est fait pour vous : un patch, et l'affaire est réglée, sous réserve que le mode d'emploi soit scrupuleusement respecté (voir plus bas). Grâce à son principe actif à base d'on ne sait pas trop quoi parce que l'étiquette du flacon s'était détachée, Blablafeuque viendra à votre secours, et votre logorrhée ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir !



Mode d'emploi

L'ensemble des patchs de la gamme des Laboratoires Blogbo doivent être utilisés en respectant scrupuleusement le mode opératoire suivant.

1. Déchirer délicatement l'emballage du patch

2. Décoller les deux bouts de papier blancs

3. Appliquer le patch sur la bouche, conformément à la photo ci-dessous


Le patch doit être conservé en l'état durant toute la durée du traitement. Ne jamais essayer de le décoller sous peine de réduire à néant son efficacité.

Les durées conseillées de traitement sont :

     Tabafeuque : 6 mois, pour un sevrage tabagique complet

     Calorifeuque : un mois par dizaine de kilos à perdre

     Blablafeuque : traitement permanent


Si vous respectez scrupuleusement le mode d'emploi, les résultats sont garantis ou remboursés !

Merci qui ?

Merci Blogborygmes !

mardi 28 août 2007

Saoul-FifreL'Enfer du Jeu

Nathalie la sérieuse, Nathalie l'amie fidèle, l'épouse modèle, la maman attentionnée, c'est marrant comme un blog peut colporter des réputations usurpées, et c'est hallucinant surtout de voir avec quelle naïveté nous avons tous mordu dans ce portrait angélique et sommes tous tombés dans ce panneau en trompe-l'œil !

La réalité est bien autre.

Dès son plus jeune âge, Nathalie et son jeune frère furent obligés de suivre leurs parents dans l'exercice de leur vice, de les accompagner régulièrement dans le sanctuaire de l'âpreté, la ville du Mont-Dore et son Casino maudit. Alors, bien sûr, pour camoufler leurs tendances perverses, l'alibi était facile à trouver : "Nous allons faire prendre les Eaux à la petite", disaient-ils aux voisins. "Celles du Mont-Dore, mais également celles de sa voisine La Bourboule (au Casino tout aussi réputé, bien entendu) sont souveraines dans son cas", a prescrit le Docteur...

Et voici d'indignes crapules reconverties en un tournemain en couple aimant, attentif et ne reculant devant aucun sacrifice financier quand il s'agit de la santé de ses chéris.

Plusieurs fois par an, ces irresponsables revenaient là se vautrer dans le stupre, attirés comme par un aimant. Leurs enfants les voyaient rentrer dans cet endroit au luxe clinquant et tapageur et ne les retrouvaient que le soir, les yeux brillants, surexcités, ou bien l'humeur fracassante, selon que la chance leur avait ou non souri. Dans ce dernier cas, les petits savaient que les claques et les coups pleuvraient sur eux sans aucune logique et ils se serraient dans un coin l'un contre l'autre, pour se faire oublier.

Livrés à eux-mêmes durant la journée, ils côtoyaient les "curistes" dont la conversation tournait exclusivement autour de leurs supposés gains et de leurs martingales "infaillibles".

L'esprit d'un enfant est malléable. Il aime ses parents malgré tous leurs défauts et croit qu'il n'y a pas de meilleur choix possible que ceux qu'ils ont fait. Et Nathalie, tout naturellement, dès le lendemain de son anniversaire de majorité, jour où on lui permit l'accès à ce temple de l'argent "facile", rassembla ses économies et y entra avec curiosité.

Ce qui devait arriver arriva : elle tomba vite accro à cette ambiance malsaine et factice, à ces lumières multicolores simulant la gaieté, à cette adrénaline se déchargeant par à-coups dans ses veines dans l'attente de cette "carte si délirante qu'elle n'aura plus jamais besoin d'une autre", que chantait Léonard Cohen...

Quand sur son blog elle nous avoua passer ses congés en Auvergne, je lui envoyai un mail pour lui proposer de nous rencontrer, puisque ma smala et moi étions du côté de Limoges (aucun Casino d'aucune sorte à Limoges, je tiens à le souligner). Nous aurions pu nous rencontrer à mi-chemin, par exemple à Viam, patrie du phénomène littéraire Richard Millet ? "Non non, nous sommes au Mont-Dore et si ça ne te fait rien, je n'aimerais pas avoir à m'en éloigner...", me répondit-elle en invoquant de soi-disant et diplomatiques "malaises dans les virages", comme si les chemins limousins étaient sinusoïdaux ? Bon, qu'à cela ne tienne, nous emmènerons Bof qui adore l'Auvergne par contrat, vu que son patron est auvergnat, et ça lui fera un sujet de conversation bien lèche-boules pour sa redescente à la mine ?

Oui mais quand même ? Rester collée à son Casino comme une arapède sur un des jumeaux d'Hendaye ? Ha la drogue... Gross déchéance, gross malheur !!

Pardon pardon, Nathalie, je suis un horrible bonhomme, j'ai osé transformer notre sympathique journée saine et sportive en une description apocalyptique de la dépendance ! Mais tu sais ce que c'est : on a pas d'idées, on est de billet ce soir et on se dit "Le Mont-Dore, le Mont-Dore... ?" et on branche le logiciel d'écriture automatique, sans appuyer sur la touche "mettre à la corbeille les insanités". Voilà._

Merci pour les photos

lundi 27 août 2007

ManouMioule et Foutrix : l'accrobranche






Foutrix : Riche idée que d’avoir amené Hi dans ce Parc Aventures. Il se débrouille comme un chef.

Mioule : Et pendant qu’il est coincé là-haut, il ne nous abreuve pas de propositions douteuses.

Hi (pendu par un pied à une corde) : Dire que certains paient pour ça. Je ferai n’importe quoi pour me vautrer dans un fauteuil devant un bon feu de cheminée.

GPS : Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain, mais tu prendras la prochaine à gauche.

Foutrix : Mioulefritx, c’est toi qui a prêté le GPS à Hi ?

Mioulefritx : Jamais ! Hi, par curiosité, a transféré son don d’ubiquité au GPS. Comme le GPS est aveuglement fidèle et reconnaissant, il ne quitte plus son nouveau maître d’une semelle.

Mioule : Quel pied !

Foutrix : Je sens que tout cela va mal tourner. Le visage d’Hi vire écarlate.

GPS : road recalculation.

Foutrix : Hi, je t’en conjure, pour ta sauvegarde, récupère ton don d’ubiquité et sors-toi de ce mauvais pas.

Hi (violet) : Impossible. Seul le GPS peut décider de céder son don.

GPS : Drive one point five hundred meters.

Mioule : On dirait bien qu’il ne veut rien entendre.

Mioulefritx : Pourtant, que la montagne est beeeeeeeeelle.

Foutrix : Il faut trouver le talon d’Achille du GPS. Mioule, débrouille-toi pour le convaincre.

Mioulefritx : Hého, je ne m’appelle pas Cécilia.

(à suivre)

dimanche 26 août 2007

Tant-BourrinSonnet pour le conte (de mes deux)

Il était une fois un joli testicule...
Il était une fois ? Non, il était deux fois,
Car il est reconnu dans tous les fascicules
Qu'il en faut un second pour faire contrepoids.

Ce joli testicule et donc son symétrique
Qui étaient plutôt cools, genre "take it easy",
Vivaient avec un truc, sec comme un coup de trique,
Une tête de noeud, un gros méchant zizi.

Quand ils furent à bout de vivre avec ce bout,
Ils voulurent un jour le pousser dans un trou
Pour s'en débarrasser, telle était leur idée,

Mais le trou était moite et plutôt accueillant :
Zizi y prit plaisir, c'est là le fait saillant.
Quant à eux, épuisés, ils en furent vidés !


Tant-Burnin                

samedi 25 août 2007

Saoul-FifreLe lever de Rrrroulio

Le soleil déjà haut darde ses rayons presque au zénith de mes paupières encor engourdies par la touffeur nocturne. J'en soulève une et, violemment ébloui, me dis qu'il serait peut-être l'heure d'attaquer une nouvelle journée de dur labeur.

Je tends mon bras sur la droite, ma main empoigne un ... pied, oui c'est bien un pied de Margotte, qui se libère en m'en fichant un bon coup au menton et qui grommelle : "Allume la cafetière !". Oui, nous savons qu'il existe des timers ou "temporisateurs" en français ou même des cafetières programmables, mais à vrai dire, depuis notre incendie dû à un court-circuit électrique, nous débranchons tout et c'est le premier qui se lève qui rebranche la cafetière préparée la veille.

Bon, moi je me prépare un "thé des deux mouflons", mais en tant qu'ancien caféïnomane, je suis solidaire. C'est dès le matin qu'on peut vérifier qu'un couple est une association de deux différences qui campent sur leurs positions respectives : ce serait quand même plus simple de prendre la même chose, on ferait des économies d'échelle ? Ben non : le thé, Margotte le prend après le repas de midi et u-ni-que-ment. Le soir, c'est encore autre chose, elle embraye sur la gnole et là, on peut rentabiliser notre énergie et gérer le budget serré-serré : on l'achète en cubis, on la met nous-même en bouteille, elle sort les verres, je m'empare du tire-bouchon, elle coince la bouteille entre ses cuisses, j'introduis en tournant et en faisant attention de pas pousser trop loin le bouchon et j'y tire dessus aussi fort que je peux.

Et après on trinque, pendant que les enfants boivent, mais je m'aperçois que là, je suis en train de vous raconter hier soir, au bac, j'aurais eu une belle banane, c'est qu'ils aiment ça, les hors-sujet, hinhin, chouette un hors-sujet, le con, il sait pas lire et il veut le bac, je rêve non mais, pincez-mi et pincez-moi, çui-là, il entrera dans la carrière quand je n'y serai plus, pas avant !

Oui, donc : le sujet se lève, ou plutôt il se casse la margoulette sur les vêtements sales et éparpillés qui lui servent de descente de lit. Je m'assieds sur le bord du matelas un peu dans la position du penseur de Rodin, mais les deux mains sur les oreilles et en secouant la tête comme un chien de haillon arrière. Dure dure, la biture. Ya un orchestre cinq ou six phoniques qui joue dans ma tête sous les ordres d'un chef pressé de rentrer chez lui. Je finis par retrouver mes automatismes de sortie de sommeil. Mes lunettes, ma montre. Si je ne les ai pas bues, elles doivent être avec les chaussettes. Mon slip. Enfiler mon slip. La dernière fois que je suis allé aux chiottes à poils, j'ai croisé ma fille qui s'est enfuie en hurlant. Écouter Freefounette. Éviter les traumatismes aux innocents. Le laisser pendre de la main gauche. Enfiler le pied droit, puis le pied gauche, et tirer jusqu'en haut. Rajuster de la main droite. En profiter pour se gratter. Je distribue la technique sur le web en copyleft pour ce qu'elle vaut, mais elle est éprouvée et respecte le tissu.

Je me dirige vers les toilettes, enfin : je prends un cap et j'essaye de m'y tenir. Arrivé au port, je m'affale et profite que ma vessie se vide de son alcool pour repiquer un petit somme, pas vu pas pris. Je me réveille en sursaut, c'est Margotte qui essaye de casser la porte. Ne sentant pas l'odeur du café monter jusqu'à ses narines, elle a flairé l'arnaque et a décidé de s'arracher du lit, sans que cela fasse tourner au beau fixe l'aiguille du baromètre de sa bonne humeur. Elle veut rentrer mordicus. Un reste de logique lui murmure à l'oreille qu'en payant sa part du crédit elle obtient ainsi une espèce de droit à se servir de nos commodités quand elle en éprouve le besoin. Et il est difficile de lui donner tort, vu que, je jette un coup d'œil à ma tocante, je squatte l'endroit depuis 3/4 d'heure. Je déverrouille, elle me détrône et me jette dans le couloir, et prend ma place. Putsh réussi.

J'abdique et descends mettre en route la machine pour le café de Madame. Pendant que le gicleur gargouille, je mets une grande casserole sur le plus grand feu ouvert à fond, avec un peu d'eau dedans, pour gagner du temps. Je mets une cuillère de miel dans un bol, remplis ma boule de thé, et hop : l'eau bout déjà et je la verse à infuser. Lendemain de fête, héhé, il doit rester du gâteau au chocolat de Zoé, reste plus qu'à trouver où ils me l'ont caché cette fois-ci.

Ha tiens, le voilà, au dessus de l'armoire à chaussures !

J'emporte le tout sous la tonnelle. Quel calme. Un peu bruyants, ces oiseaux, non ? Hmmm, et tout ça sent bien bon ?

Je crois que je vais me laisser aller à pousser un grand Ahhhhhhhhhhhh ! de satisfaction q;^)

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