Comme nous le savons (à la lavande), je le répète assez, je n'ai rencontré la famille Tant-Bourrin qu'une seule fois, et encore, sans le petit Tant-Bourriquet, pas encore né. Ça n'a pas altéré nos rapports, puisque, comme dit le dramaturge, non, pas lui, l'autre : "Et le désir s’accroît quand l’effet se recule...", et puis j'ai eu droit à des photos, à des mails adorables, mais la chose me turlupinait.

Alors je me suis creusé la tête et je me suis souvenu de leurs airs gênés, pas à l'aise, lors de leur unique visite. Ils faisaient de grands gestes comme pour chasser les mouches devant leur visage, ils se mouchaient plus fréquemment que la normale, se tripotaient le nez d'un air ennuyé malgré mes brillantes diatribes. Bizarres.

Le texte suivant leur est dédié.

Au début, je me décapais
Tous les premiers jeudis du mois
C'était une fête, un cadeau
Pour bien savourer les sous-bois
Il faut connaître le fumier
Pour apprécier la propreté
Il faut savoir être crado
C'était une fête, un cadeau !

Refrain :

Il faut frotter, frotter, frotter
Pour enlever la saleté
Oui mais, frotter
Ça fait suer
Alors il faut se relaver
Et tout est à recommencer !

Puis je me suis débarbouillé
Le Dimanche, jour du bon dieu
C'était un devoir, un Crédo
Il ne faut pas être morveux
Dans des habits dominicaux
Pour ronger l'os du pot-au-feu
Je me récurais les naseaux
C'était un devoir, un Crédo !

Puis je me suis lavé les pieds
Le soir avant d'aller au pieu
C'était un supplice un fardeau
Où me menait ce petit jeu ?
N'en faisais-je pas un peu trop ?
La dépendance rend nerveux
J'étais un drogué du bain chaud
C'était un supplice, un fardeau !

Alors j'arrêtai brusquement
Je retrouvai ma liberté
Ce fut la joie, l'Eldorado
Je me suis plus brossé les crocs
Je me suis plus rincé le cul
Mes amis ne sont plus venus
Ma femme est partie au grand trot
Avec un laveur de carreaux

Et mes yeux se sont délavés
Sous les flots de larmes coulés