Conversation avec le lieutenant para :

- Tu parles trop bien. Nous allons voir à côté si ta langue sera aussi bien pendue. Allons.

- Bon, mais je veux d’abord vous prévenir car vous n’avez sans doute jamais rencontré d’hommes.

Ecoutez bien. Je vous tiens pour responsable de ce qui va se passer à côté, comme vous dites. Si je ne plie pas, ce ne sera rien. Simplement je vous cracherai à la figure en public le jour où ce sera possible. Mais si je plie et que je m’en sorte, que ce soit dans un an ou dans vingt, je vous tuerai, vous personnellement.

- Soignez-le, dit le lieutenant, c’est un fortiche.


Albert camus (Le premier homme – annexes-)