Nathalie la sérieuse, Nathalie l'amie fidèle, l'épouse modèle, la maman attentionnée, c'est marrant comme un blog peut colporter des réputations usurpées, et c'est hallucinant surtout de voir avec quelle naïveté nous avons tous mordu dans ce portrait angélique et sommes tous tombés dans ce panneau en trompe-l'œil !

La réalité est bien autre.

Dès son plus jeune âge, Nathalie et son jeune frère furent obligés de suivre leurs parents dans l'exercice de leur vice, de les accompagner régulièrement dans le sanctuaire de l'âpreté, la ville du Mont-Dore et son Casino maudit. Alors, bien sûr, pour camoufler leurs tendances perverses, l'alibi était facile à trouver : "Nous allons faire prendre les Eaux à la petite", disaient-ils aux voisins. "Celles du Mont-Dore, mais également celles de sa voisine La Bourboule (au Casino tout aussi réputé, bien entendu) sont souveraines dans son cas", a prescrit le Docteur...

Et voici d'indignes crapules reconverties en un tournemain en couple aimant, attentif et ne reculant devant aucun sacrifice financier quand il s'agit de la santé de ses chéris.

Plusieurs fois par an, ces irresponsables revenaient là se vautrer dans le stupre, attirés comme par un aimant. Leurs enfants les voyaient rentrer dans cet endroit au luxe clinquant et tapageur et ne les retrouvaient que le soir, les yeux brillants, surexcités, ou bien l'humeur fracassante, selon que la chance leur avait ou non souri. Dans ce dernier cas, les petits savaient que les claques et les coups pleuvraient sur eux sans aucune logique et ils se serraient dans un coin l'un contre l'autre, pour se faire oublier.

Livrés à eux-mêmes durant la journée, ils côtoyaient les "curistes" dont la conversation tournait exclusivement autour de leurs supposés gains et de leurs martingales "infaillibles".

L'esprit d'un enfant est malléable. Il aime ses parents malgré tous leurs défauts et croit qu'il n'y a pas de meilleur choix possible que ceux qu'ils ont fait. Et Nathalie, tout naturellement, dès le lendemain de son anniversaire de majorité, jour où on lui permit l'accès à ce temple de l'argent "facile", rassembla ses économies et y entra avec curiosité.

Ce qui devait arriver arriva : elle tomba vite accro à cette ambiance malsaine et factice, à ces lumières multicolores simulant la gaieté, à cette adrénaline se déchargeant par à-coups dans ses veines dans l'attente de cette "carte si délirante qu'elle n'aura plus jamais besoin d'une autre", que chantait Léonard Cohen...

Quand sur son blog elle nous avoua passer ses congés en Auvergne, je lui envoyai un mail pour lui proposer de nous rencontrer, puisque ma smala et moi étions du côté de Limoges (aucun Casino d'aucune sorte à Limoges, je tiens à le souligner). Nous aurions pu nous rencontrer à mi-chemin, par exemple à Viam, patrie du phénomène littéraire Richard Millet ? "Non non, nous sommes au Mont-Dore et si ça ne te fait rien, je n'aimerais pas avoir à m'en éloigner...", me répondit-elle en invoquant de soi-disant et diplomatiques "malaises dans les virages", comme si les chemins limousins étaient sinusoïdaux ? Bon, qu'à cela ne tienne, nous emmènerons Bof qui adore l'Auvergne par contrat, vu que son patron est auvergnat, et ça lui fera un sujet de conversation bien lèche-boules pour sa redescente à la mine ?

Oui mais quand même ? Rester collée à son Casino comme une arapède sur un des jumeaux d'Hendaye ? Ha la drogue... Gross déchéance, gross malheur !!

Pardon pardon, Nathalie, je suis un horrible bonhomme, j'ai osé transformer notre sympathique journée saine et sportive en une description apocalyptique de la dépendance ! Mais tu sais ce que c'est : on a pas d'idées, on est de billet ce soir et on se dit "Le Mont-Dore, le Mont-Dore... ?" et on branche le logiciel d'écriture automatique, sans appuyer sur la touche "mettre à la corbeille les insanités". Voilà._

Merci pour les photos