Écartons d'emblée la responsabilité de l'alcool dans mon astigmatisme chronique puisqu'il a été détecté lors de mes 14 ans et que, bon, à cet âge là, quand je voulais faire des folies de boisson, c'était du genre 2 ou 3 gouttes supplémentaires d'Antésite © dans le verre... L'astigmatisme est une déformation de l'œil qui rend les choses floues, pour autant qu'elles ne le soient déjà, voire doubles, dans les cas exemplaires tel le mien, et tels que les adorent les grands professeurs, entourés de leurs lèche-culs d'élèves, dont je fus le cobaye à mon corps défendant. Pour l'astigmatie, ce fut un ophtalmo et ses ophtalminets qui m'examinèrent, et je repartis avec une horrible paire de lunettes "de la sécurité sociale" que je ne mis jamais plus. Le ridicule ne tue pas mais il y contribue.

Oui, ma mère, veuve méritante, qui, en tout bien tout honneur, tirait le diable par la queue, m'emmenait aux visites gratuites des hôpitaux où les pauvres servaient de modèles dociles au cours des travaux pratiques supervisés par les mandarins. Une autre fois, ce fut pour mes amygdales enflammées, qui d'ailleurs, le médicament n'ayant pas fait d'effet, finirent sous le scalpel. J'étais à poil, et un gros con entrait en pérorant au milieu de ses internes tous plus visqueux les uns que les autres. On m'examinait, on me tripotait, on me posait des questions, l'air très intéressé par mes réponses, et puis on confiait à ma mère un flacon avec pipette que je devais ingurgiter selon une posologie précise. Sur le flacon, il y avait une étiquette et une suite de chiffres et de lettres écrite au stylo bille. Ma mère devait aussi signer une décharge de responsabilité, en cas d'échec du traitement ou d'effets secondaires. Si je n'étais pas en train de tester un médicament qui n'avait pas encore son AMM (Autorisation de Mise en Marché), je veux bien me prendre une douche au Zyklon B...

Bien plus tard, dûment motivés par Sylvie, une amie, JL et moi avons fait avec elle une émission sur la vivisection , le rapt de chiens pour les laboratoires, et la débilité dangereuse qu'il y a de conclure à l'innocuité d'un produit sur l'homme à partir d'expériences sur des animaux qui n'ont pas du tout le même métabolisme. À part le fait que la recherche a moins de moyens , rentabilité des grands trusts pharmaceutiques oblige, j'ai bien peur que rien n'ait changé pour les cobayes des essais "pré-cliniques". Nos amis les animaux prêtent de bon cœur leur corps à la science, et, comme d'hab quand il y a de gros intérêts financiers en jeu, vous ne verrez ni la SPA, ni notre BB nazionale y trouver rien à redire.

Après les tests sur animaux consentants, viennent les "essais cliniques controlés". Et... rémunérés . L'agrégation des lots de candidats se fait selon des règles draconiennes . Les volontaires sont des adultes responsables ou des enfants (autorisation des parents nécessaire). Tout se passe dans le respect des lois le plus strict, et on lit leurs droits aux cobayes humains avant de leur appliquer le protocole. Les "participants" se recrutent essentiellement dans la France d'en bas, chère à notre regretté Raffarin. Il est rare que des cadres supérieurs mettent leur santé en danger pour arrondir leurs fins de mois.

Outre la joie à l'idée de faire progresser la science, les "partenaires" reçoivent des indemnités ! Le progrès est net : ma mère avait juste eu la visite cadeau.