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mercredi 31 janvier 2007

Saoul-FifreFaux-billet

Bon, je pourrais vous faire des billets tout bleus ou tout verts, genre ce faux-cul de Tant-Bourrin, mais j'ai de l'éthique, moi. J'ai toujours été correct et honnête. Je suis pas du style à vous faire des promesses longues comme le bras et vous les mettre bien profond. Quand je promets, je tiens, enfoncez-vous ça dans la comprenette. Et quand je ne tiens pas à faire quelque chose, je vous promets qu'il est difficile de me le faire faire. Et de toutes façons, personne ici vous a promis rien du tout. Ya juste Manou qui nous doit encore 48363 billets de 4 lignes minimum, mais c'est par contrat, c'est différent, et pis elle a quand même obtenu de nos avocats (qu'ils soient maudits, eux et leurs maîtresses, jusqu'à la génération "écologie") une clause d'objection de conscience, il parait qu'on était obligés, que c'est inscrit dans la Déclaration des Droits de la Femme mûre...

Enfin, moi je dis que le plus important, ben, c'est la liberté, et que la seule façon de vérifier qu'on est libre, c'est de prendre sa clé et de sortir. C'est clair que c'est pas toujours aussi simple. Alors on sort, on s'essuie un peu les pieds sur le tapis-brosse du palier, et puis on rerentre. Ça nous fait une aventure à raconter, faut bien dire que ya pas grand chose d'intéressant ce soir sur les 136 chaînes.

Mais pour le blog, là, ça roule : j'ai eu beau fouiller bien comme il faut dans les boyaux de ma tête, les retourner comme une chaussette, j'ai pas trouvé une seule idée à développer, à délayer, à rallonger, histoire de faire illusion, de donner le change, et il faut que je sois raisonnable : ma liberté de scripteur s'arrête où commence mon impuissance à écrire.

Et pour le billet du jour, vous pouvez vous brosser sur le tapis du palier.

C'est une chose d'acquise, nous n'aurons plus à y revenir.

lundi 29 janvier 2007

ManouAnniversaire



Eric mourait il y a 20 ans, jour pour jour. Il m’a fallu revenir souvent sur l’événement avant d’accepter. La perte brutale de mon jeune frère n’entrait pas dans ma compréhension des choses. J’avais pourtant 25 ans.
Le temps a passé. D’autres morts. Des naissances. L'impuissance. Les joies.

Foutue belle vie.

Nous sommes bien peu de choses.
Il faudrait pourtant croire en notre potentiel, individuel et collectif.
Continuer quoiqu’il arrive, ouvrir les yeux, être curieux. Aimer autant la nouveauté que les gestes quotidiens.
Etre reconnaissant d’avoir un toit, de manger à sa faim, de n’être pas dans un pays en guerre.
Ecouter, aimer, aider, faire ce qu’on peut. Faire de son mieux.
Apprendre aux enfants à respecter la vie.
Tout a une fin, le meilleur comme le pire. A nous de garder le pire en mémoire pour avoir peut-être l’opportunité ou la faculté de l’éviter. A nous d’accueillir ou de renouveler continuellement le meilleur.

Tant-BourrinDernier testament avant la déroute

Je le sens bien, l'heure avance et l'ombre gagne sur le jour. Le temps qu'il me reste est compté. Chichement compté. Je dois prendre toutes les dispositions pour après.

Je dois rédiger ici mon testament.

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dimanche 28 janvier 2007

Saoul-FifreUn crime presque parfait

Non mais quel trou du cul je suis !

Ho mais comme il est bordé de jolies médailles !

Du cul, j'en ai toujours eu. Au propre comme au figuré. L'un n'irait pas sans l'autre ? Je ne veux pas le croire, il faut se méfier des généralisations. Dans le malheur comme dans le bonheur, il faut avoir de la chance, s'en convaincre, en être convaincu, se le répéter ad libidum, jusqu'à ce que sa libido n'en puisse plus, en une espèce de méthode Coué à l'action non prouvée (on n'a rien trouvé dans les pilules Coué), mais à l'efficacité certaine, et c'est quand même le principal. Personnellement, j'ai toujours préféré une arnaque de charlatan sans diplôme qui me remet sur pieds, à un vrai médicament sérieux, scientifique et estampillé qui me fout la chiasse, me rend allergique, me déclenche une maladie chronique et me tapisse de boutons. Chacun ses goûts.

Mon métier se résumant en fait à utiliser des machines dangereuses, contondantes, perforantes, prolongées d'accessoires en acier haute résistance, je suis devenu prudent par la force des choses. Je suis toujours concentré, réfléchi, je suis comme Coco le perroquet : je ne lâche pas le premier barreau avant d'avoir fermement saisi le suivant. Alors bon, n'ayant jamais eu d'accident, n'ayant plus jamais remis les pieds dans un hôpital depuis une amygdalectomie à l'âge de 15 ans, toute utilisation devant moi de mots comme "chute", "urgences", "fracture" induit automatiquement sur mes lèvres un petit sourire paternaliste et condescendant, puisqu'intimement persuadé que les catastrophes n'arrivent qu'aux têtes-en-l'air dotées de tendances suicidaires.

Bon ben je suis ravi de vous apprendre que mon taux de connerie a vertigineusement baissé en quelques heures, remettant en question tout un système de valeurs basé sur une loi de distribution hasardeuse aux critères abusivement optimistes.

Jeudi soir, notre chantier de couverture tirait à sa fin. Il restait à fixer sur la charpente une dernière plaque d'Everite ©. On la place bien où il faut qu'elle soit, on trace là ou il va falloir faire les trous par où vont passer les tire-fonds (grosses vis) qui fixent les plaques sur les pannes en bois. Faisant allusion à une vieille tradition qui veut qu'on boive un coup sur le toit quand la cheminée ou la couverture est finie de poser, je lance aux 3 autres présents : "Allez, quand on a terminé, je fais péter une roteuse de tisane !". Trois "Ooooouuuaiiiiiiiis !" enthousiastes me répondent et nous continuons, légèrement excités par cette perspective.

Je suis au bout de l'échelle, à environ 3,5 m de hauteur, le vide à ma droite, et je me sens pas très à l'aise. L'échelle est vieille, je n'ai pas une confiance exagérée en elle. J'ai le torse qui dépasse de la plaque, je tends la main, j'empoigne la perceuse à batterie munie de sa mèche de 6,5 mm et je fais le premier trou dans la plaque. Je suis pas "à ma main", la mèche ne coupe plus trop, je me fais chier, la journée est finie, je suis "le patron", je dis au collègue qui est sur le toit, un peu plus à l'aise : "Finis, j'y arrive pas". Et je reste là, tranquille, les yeux vers cet horizon magnifique dans le soir qui descend, tandis qu'il finit les 2 trous qu'il reste à percer...

Pour sécuriser ma position, je n'avais rien trouvé de mieux que de m'agripper à la poutre, dans le petit espace entre la poutre et l'ondulation de la plaque... Erreur ! C'est une douleur vrillante qui me fit me rendre compte que cet emplacement était situé juste à l'endroit où le copain perçait le dernier trou. Putain, j'étais le messie de retour de Palestine et, temps modernes obligent, ils étaient en train de me fixer à la croix à l'aide d'une visseuse-dévisseuse portative Wurth ©, le fournisseur des pros ! D'habitude, c'est dans les bas-fonds qu'on pousse les hauts cris, mais là c'était effectivement en haut d'une échelle. Mon hurlement souffreteux interloqua légèrement le légionnaire romain sur le toit qui ne faisait qu'obéir aux ordres, finalement, mais qui releva sa perceuse, on ne sait jamais. Je n'attendis pas qu'il recommence, et, ma main libérée, je descendis aussi précipitamment que possible jusqu'au plancher des vaches en gueulant "Oh putain, Oh putain que je suis con...". Sur le toit d'ailleurs, le tortionnaire malgré lui me renvoyait mon écho : "Mais qu'il est con, Oh putain, mais qu'il est con...", d'un air si désespéré que je me retournai aussitôt en lui lançant : "Tu n'y es pour rien, G., ce n'est absolument pas de ta faute !", tout en houspillant mon fils : "Dépêche-toi, tu m'amènes aux urgences, prends ma sacoche, un rouleau de sopalin, démerde-toi, bordel !"

Bon, je déteste "ne pas être celui qui conduit", alors évidemment, me laisser mener par un djeun's qui vient d'avoir son permis, il en a entendu de toutes les couleurs : accélère, freine, rétrograde, attention, essaye qu'on arrive vivants, tu seras gentil... Les urgences, vous savez ce que c'est : on se demande toujours pourquoi on les appelle comme ça, vu que le personnel est toujours d'un calme olympien et disparaît dans les entrailles de la structure si vous insistez pour lui faire bouger son gros cul. Et bien là, non, dès que je suis entré, une pin-up en blouse blanche s'est intéressée à mon cas, a voulu voir ma plaie, m'a dit de jeter mes 12 épaisseurs de Sopalin saturées de sang dans une poubelle qu'elle m'a montré du doigt, et qu'on allait s'occuper de moi de suite. Effectivement, aussitôt dans la salle d'attente, une infirmière m'apporta une compresse adéquate, désinfectante et anti-coulures. Et dès qu'un malade sortit, la même revint en demandant "le monsieur à la plaie", alors qu'il y avait plusieurs "patients" sans doute moins gravement atteints, mais arrivés avant moi ?

Je vous passe les détails, vérification sommaire aux urgences, diagnostic réservé, et prise de rendez-vous le lendemain avec un spécialiste. Je vous la fais courte, mais le lendemain, toute l'équipe soignante m'a laissé sur le cul par sa bonne humeur, la bonne ambiance régnante, la compétence... C'était "comme à la maison", on parlait de nos vies, de nos soucis, personne n'a essayé de me bourrer le mou, je le précise car, comme j'y ai fait allusion en début de billet, j'ai un a-priori très très négatif envers tout ce qui est médical. D'ailleurs, tout ce qu'ils m'ont prescrit comme antibiotiques, analgésiques, anti-inflammatoires, je n'y ai pas touché, mon corps est tout à fait capable de se les fabriquer tout seuls... Par contre, le côté "découpeurs de viande" et "vérificateurs d'intégrité des tendons", ils sont très forts. Un petit "moins" pour l'anesthésiste, adorable et sympathique, mais mauvais calculateur de dose, car j'ai morflé grave pendant la découpe, mais bon, comme le chirurgien opérait plus vite que son ombre, je n'ai pas souffert trop longtemps.

Résultat des courses : et ben j'ai une veine de cocu, la mèche est passée juste entre 2 tendons, et le légionnaire romain a arrêté d'appuyer avant d'atteindre un os. Contrairement à ce que l'on m'avait dit, je n'ai pas souffert quand l'effet de l'anesthésie a cessé et mes doigts ont déjà retrouvé quasi toute leur mobilité.

En toute sincérité, et n'en déplaise à Antenor, je préfère cette fin souriante que j'ai arrosé aussi sec, sans même vous attendre ni vous inviter.

J'ai juste un problème : il m'ont mis en arrêt de travail jusqu'au 23 Février ! Je suis à mon compte alors je sais pas à qui l'envoyer ? À moi-même ? Ça intéresse quelqu'un ? Un peu de blanco, et vous changez le nom ?

Le lieu du crime

L'arme du crime

La victime

samedi 27 janvier 2007

ManouDentelle combinatoire




De jour elle balaie les moutons
Enchevêtrés sur la terrasse,
Les feuilles entassées.
Elle lisse.

La lutte équilibrée du granit et du bois.

Parfois, si le matin permet
Les cimes des immeuble ensoleillées,
Si l’air est pur,
Alors elle finit son calice,
Avale la potion quantique,
Déplie les chiffres,
Et laisse ses chiffons en friche,
Ses fanfreluches à des fripons.

Sans filière attitrée
Elle sort.

vendredi 26 janvier 2007

Tant-BourrinUn peu de prospective

J'ai eu envie, pour écrire ce billet, de me livrer à un petit exercice de prospective. La blogosphère regorge de blogueurs follement talentueux qui, même s'ils s'en défendent, aspirent, dans leurs rêves les plus fous, à voir un jour leur prose publiée.

Et si les rêves devenaient réalité ? Et si la postérité finissait par jeter un regard bienveillant sur certains d'entre nous ? C'est ce que j'ai essayé d'imaginer...

Voilà, maintenant, fermez les yeux.

Rouvrez-les. Nous sommes en 2037. Nous avons tous pris un coup de vieux, certes, mais un certain nombre d'entre nous occupent le devant de la scène littéraire.

En effet, voici les meilleures ventes de livres de cette semaine de janvier 2037...

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jeudi 25 janvier 2007

Saoul-FifreUn cadeau pour la vie

Quand elle m'a fait ce cadeau-là, cela faisait plus d'un an qu'elle n'acceptait que de coucher, et qu'avec moi, cette allumeuse. Mondieumondieu comme notre monde va vite ! De mon temps, avant de se laisser mettre le doigt dans l'anus, heu, l'anneau, une fille tenait fermement à ce que le garçon lui glisse d'abord au doigt la bague ? Enfin, un peu avant mon temps, n'exagérons rien, mais on m'a raconté. Bon, dans ce cas précis, pour les grands mots, les "toujours", sa réponse était : non ! Tireli panpan larirette crac crac zieute là dessous moussaillon si ya la mousson, toujours partante et gagnante bien placée, mais pour parler sérieux, projets, promesses, serments, y avait plus personne. Laisse que je me tâte, hésitation et re-tâtage, pour vérifier.

Bon, je n'avais rien du gendre, ni du mari idéal. Rien chez moi ne semblait sécurisant. De toutes les qualités qu'on lui avait dit de rechercher chez un futur époux, je n'avais aucune. Mais j'avais tous les défauts dont on lui avait dit de se méfier.

C'était mal barré.

Et puis un jour, elle m'a peint cette aquarelle pour mon anniversaire.

J'avais calculé devant elle que, puisqu'elle était fille unique et que je venais d'une fratrie de 6, il convenait de faire la moyenne entre nous, ce qui donnait 6 + 1 = 7, que l'on divise par 2 et qui nous donne 3,5. Je voulais donc 3 enfants, ou 4, et elle avait eu l'air d'accord.

Sur le tableau, on voit bien les 3 enfants, la fille, de dos, blonde avec les couettes au premier plan, un garçon plus loin, qui fait de la trottinette, et un autre tout à droite, bien ressemblant pour qui l'a connu à cet âge. Les 3 enfants dont aucun n'est encore conçu à l'heure de la conception de ce tableau.

La vie que nous allons vivre est elle aussi bien décrite : plein d'animaux, chien, chevaux, chèvres, des arbres fruitiers, des fêtes avec de longues tablées. Le repas dessiné fait un peu "repas d'enterrement", mais depuis que je suis passé "ordonnateur de pompes guillerettes", l'ambiance en a toujours été joyeuse.

Ce paysage a environ 21 ans. Il a été sa manière de me dire :

"D'accod'ac. Je sens que ça peut marcher, qu'on peut passer à la marche suivante, enclencher la deuxième vitesse, foncer..."

On a dû mettre en route le premier lutin des collines quelques mois plus tard.

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