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mardi 29 mars 2011

AndiamoLe huitième nain

Blanche-Neige et les sept nains… Foutaise !

Après bien des recherches : j’ai enfin trouvé !

Blanche-Neige dans la forêt avait bien découvert la maisonnette abritant les nains sodomites…

Cela vous surprend ? Allons vous avez grandi ! Sept mecs qui vivent et dorment ensemble, ça ne vous semble pas suce-pets ?... Pardon, suspect ?

A moi, OUI ! Et le plus fort, c’est qu’après moult recherches, aussi opiniâtres que désintéressées, j’ai trouvé ce qu’on nous a toujours caché !

Le huitième nain ! Mais non, vous ne rêvez pas ! Ils étaient huit au départ, quand les Grimm's brothers ont écrit leurs contes à la con !

Seulement, les traducteurs se sont dégonflés !

Récapitulons, comptez avec moi :

1) Prof

2) Timide

3) Atchoum

4) Dormeur

5) Simplet

6) Joyeux

7) Grincheux

Et enfin : Péteux ! Le nain dont même Blanche-Neige avait honte….

Le huitième nain, c’était lui ! Magnanimes toujours, chez Blogbo ! C’est notre sacerdoce, notre Graal, mais aussi notre chemin de croix !

J’en ai compulsé des ouvrages, et enfin j’ai trouvé LE dessin représentant le pauvre paria, j’en ai fait une reproduction aussi fidèle que possible.

(ch'tiot crobard Andiamo 2011)

mercredi 23 mars 2011

AndiamoRoswell

4 Juillet 1947 : 2 heures du matin, un ranch paumé près de la ville de ROSWELL (Nouveau Mexique)

- Merde de merde de merde ! Vraiment, quels bons à rien ces cons de « gris », pas même foutus de piloter correctement un « strump » ! C’est ma faute, je n’aurais pas dû me shooter à la décoction de coquelicots, moi !

Mais c’est vrai que sur cette putain de planète, ils en sont gavés ! J’ai dû m’endormir, et ces nases de gris ont ENCORE fait joujou avec l’inverseur anti-gravitationnel à double pénétration axiale.

On ne peut rien leur confier de sérieux, ça va pour les corvées, vider les gogues, récurer la douche... Mais les trucs délicats : ZÉRO, triple ZÉRO même !

Putain, j’ai pris un sacré coup sur la tronche, moi ! Tous les « gris » sont morts : forcément, ils étaient à l’avant dans le poste de commande, moi bien peinard à cuver ma décoction de coquelicots dans la soute !

C’est quoi ce truc jaune qui nous tourne au-dessus ?

J’y suis : c’est un de leurs « Piper J 3 », une espèce de brouette volante, complètement archaïque, qui leur sert d’avion de reconnaissance, comme ils disent.

Vite, vite, programme de mimétisme ! Voilà, j’ai la couleur de la roche, impossible d’être aperçu.

Ils ont tout ramassé, ces cons de « Terriens ». Quand je pense qu’ils croient dur comme fer que ce sont ces ignares de « gris » qui ont construit le « strump » ! Faut être con tout de même ! S’ils savaient que les gris ne trouveraient pas leur cul, même avec une lampe électrique !

J’ai pu prendre le contrôle de celui qu’ils nomment : Général. Me voilà bien inconfortablement installé à l’avant de leur « command car », direction une vaste zone militaire dénommée : ZONE 51.

Bon… Ne pas paniquer, personne sur Alfolab ne sait où je suis, je me suis éclipsé en douce, afin de me gaver de coquelicots, substance prohibée chez nous ! D’ici à ce qu’on me retrouve, il risque de s’écouler pas mal de décennies (en temps terrestre) !

La vache ! Ils ont fait déplacer LE PRÉSIDENT en personne : Harry Truman ! Quel honneur ! Il me vient une petite idée…

Ça y est, Harry Truman, c’est moi ! Facile, trop facile, ni vu ni connu j’t’embrouille, et ce con de Général qui se met à brailler que LE Président c’est lui !

Il a fallu 4 GI pour le maîtriser, allez HOP, direction l’hôpital psychiatrique… HI HI HI.

Me voilà investi de pleins de pouvoirs, moi, c’est marrant ça ! Je vais m’amuser comme un p’tit fou ! J'vais pouvoir jouer à la guèguerre ! Chez nous, il y a belle lurette qu’il n’y a plus de conflits… Qu’est-ce qu’on s’emmerde ! Tandis qu’ici, putain, ils sont nerveux les garennes ! Pour un oui ou pour un non, c’est bourre-pifs et coups d’satons !

Leur guerre du Pacifique est terminée, tiens au fait : guerre et pacifique sont deux mots qui vont pas bien ensemble… On pourrait en faire une chanson ! J’aurais aimé y participer, deux belles explosions atomiques… Putain, le pétard ! Ils ne mégotent pas ici, il faut tout de même le reconnaitre, tu parles d'un méga barbecue !

Bon voyons, étudions… La Corée, voilà un pays où ça bouillonne, entre les « rouges » d’un coté et les bons « libéraux » de l’autre... Bon, je m’en occupe !


Ça fait déjà 15 ans (terrestre) que je suis là ! Appelez-moi JFK ! La vache, qu’est-ce qu’elle est bonne la blonde rebondie, gaulée comme un paquet de pétards ! Des rotondités partout, fessue à souhait...Pou pou pi dou !

Jackie a bien fait la gueule au début, mais bon…

Ce qu’elle n’a pas su, en 1961, lors de ma visite en France : j’ai pu m’éclipser sous les traits d’ un playboy de l’époque, qui « flirtait » avec la magnifique B B, THE morceau ! Une nuit d’enfer, ah la vache ! Cette planète est formidable, je ne veux plus partir, d’autant que nous, nous pouvons vivre indéfiniment : il nous suffit de changer de corps !

Merdum ! J’ai échoué de peu, ces putains de Russkofs se sont déballonnés devant Cuba ! Dommage, je leur avais préparé un chouette feu d’artifice…

Je les ai un tout petit peu aidés dans la conquête de leur pauvre satellite, je me suis glissé dans la peau de Von Braun, histoire de leur filer un « coup d’pouce », sinon ils en seraient encore à fabriquer des pétards !


Et voilà, ça fait 63 de leurs années que je vis sur cette planète, et franchement il y a de quoi faire, je n’ai pas le temps de m’emmerder !

Et puis le meilleur pour la fin… Je suis venu en France en juin 2008, j’occupais le corps de l’autre instruit : Georges W. Bush, le fils de son Papa. J’ai voulu terminer ce que Papa avait commencé en Irak... Putain, la boulette ! Alors j’ai rencontré en France un petit agité, excité comme une puce, et quand j’ai vu sa moitié… Euh... Je devrais dire son double, vu qu’elle est plus grande que lui, beaucoup plus grande ! J’ai sauté à pieds joints dans la carcasse du nervous garenne, et depuis... Qu’est-ce que je me marre !

Pour les conneries, je vais être honnête : il n’ y avait pas besoin de le pousser beaucoup !




Je pars pour quelques jours à Venise... C'est BIEN la retraite ! Si vous laissez des commentaires, j'y répondrai dès mon retour... Merci !

jeudi 17 mars 2011

AndiamoLa comtoise

François Barroz, bien campé sur ses jambes musclées de montagnard endurci par les années de dur labeur, scrute l’horizon. Il voit monter derrière le pic de la Belle étoile de gros cumulonimbus annonciateurs d’orages, et ici, dans cette vallée du haut Bréda, ça n’est pas bon signe.

Dans le massif de Belledonne, quand l’orage éclate, ça ne fait pas semblant !

Les blés sont mûrs, songe-t-il, je devais moissonner demain avec Etienne, qui sera là avec son mulet… Cet orage va tout foutre en l’air ! Alors, lentement, il lève les bras vers le ciel, après s’être assuré que personne ne passait sur le chemin caillouteux en contrebas.

Ses yeux se révulsent, puis il marmonne une étrange litanie. Un éclair zèbre le ciel au dessus de « Roche noire », puis, lentement, comme aspirés par eux-mêmes, les nuages menaçants se résorbent et disparaissent tout à fait.

Un petit sourire satisfait au coin des lèvres, François rentre chez lui.

En ce début du vingtième siècle, le mobilier est modeste : une grande table, deux bancs, un bahut surmonté d’une crédence dans laquelle sont rangés la vaisselle et quelques ustensiles. Dans le fond de la pièce, une porte donnant sur la chambre, chichement meublée elle aussi.

Seul « luxe », près de la grande cheminée constamment alimentée, trône une horloge : une comtoise.

Ses flancs, en bois de châtaignier, sont généreux comme ceux d’une paysanne ayant mis au monde plusieurs enfants.

Elle est couronnée comme on dit, c'est-à-dire que le sommet n’est pas plat, mais comporte un chapiteau. La sculpture qui l’orne représente un bouc, cornes torsadées comme il se doit, et les pattes antérieures descendent de chaque coté de l’horloge.

Les lourds contrepoids, eux, sont en fonte, ils représentent une pomme de pin, et le joli balancier en bronze oscille au rythme des secondes qu’il égrène.

Ce qui surprend, c’est le silence ! Aucun tic-tac n’accompagne la danse régulière du disque doré.

Cette horloge ne varie pas d’une seconde, se plaît à dire François. L’horloger qui l’a fabriquée, voici plus d’un siècle, a eu les yeux crevés… afin qu’il ne puisse en faire une semblable. Cette horloge a appartenu aux Ducs de Savoie, ajoute-t-il avec un petit sourire narquois !

Bien sûr, aujourd’hui, on dirait : « encore une légende urbaine » ! La plupart des belles horloges présentes dans les grandes villes rapportent toutes la même légende !

Dans ce village blotti dans la vallée qui domine Allevard, on apprécie beaucoup François, un grand gaillard, costaud, toujours prêt à rendre service, souriant, et vaillant comme un mulet !

A son arrivée ici, il y a maintenant une quinzaine d’années, on se méfiait un peu.

Pensez donc ! Un bel homme dans la force de l’âge… Célibataire !

Quelques jeunes filles hardies avaient bien tenté de le séduire, lors des fêtes des moissons, ou de la Saint-Jean. Peine perdue ! Il dansait bien un peu, histoire de ne pas les vexer, mais il préférait s’attabler avec quelques bûcherons, ou paysans comme lui, et discuter de cette république qui décidément n’allait pas très fort, en éclusant quelques chopines d’un blanc de pays, fort âcre et piquant à souhait !

Quand, passant sur le chemin qui longeait sa maison, il apercevait un homme rentrant des champs situés plus haut, il ne manquait jamais de l’inviter à venir prendre un « canon ».

Une étrange impression de malaise saisissait l’invité dès qu’il entrait dans la grande pièce, et tout d’abord cette grande comtoise qui n’émettait aucun tic-tac !

C’est de la très grande précision, expliquait-il, les rouages sont si finement usinés qu’ils ne font aucun bruit, ce qui ne l’empêche nullement de bien fonctionner.

En effet, quand l’œil s’attardait un peu, on remarquait que la grande aiguille sautait d’un coup sur la minute suivante…. L’horloge fonctionnait parfaitement !

Un joli matin de mai, nul ne vit François. C’était un dimanche et, chaque dimanche matin à la sortie de la messe, François rappliquait dans l’unique café du village, s’attablait, alors en compagnie de Joseph, de Pierre, de Félix ou autre, il commandait une bouteille de vin bouché, c’était toujours lui qui régalait.

- Bah ! J’n’ai point d’bonne femme qui m’bouffe mes sous, alors j’peux ben vous en faire profiter, disait-il immanquablement !

On riait de bon cœur, puis on trinquait à la bonne santé.

Donc ce dimanche-là : point de François !

On s’interroge ; on s’inquiète ; on se met en route pour son logis.

La grande pièce est meublée, rien n’y manque, le balancier de la belle comtoise oscille comme à son habitude… Dans le silence.

Les jours ont passés, François n’est jamais reparu. Les gendarmes sont « montés » depuis Allevard, ils ont interrogé les habitants, nul n’a su dire ce que François était devenu.

L’enquête a conclu à un accident.

- Bah ! Il aura voulu aller taquiner la truite, aura glissé, puis se sera noyé dans le Bréda !

Le Bréda c’est le torrent qui descend la vallée à laquelle il a donné son nom, puis va se jeter dans l’Isère, à proximité de Pontcharra, dans la riante vallée du Grésivaudan. Cette généreuse vallée circule entre les massifs de Belledonne, Chartreuse et Vercors.

Certes la mairie n’est pas bien grande, a déclaré Antoine Ruaz le maire, mais ce serait bien de récupérer l’horloge, puisque ça fait maintenant deux ans que François a disparu, ainsi elle servirait à tout le monde ! Et puis, si par hasard un héritier se présentait, on la lui rendrait !

Cette proposition fit l’unanimité. Sans perdre de temps, deux hommes forts de la commune partirent chercher la comtoise.

Ils la soulevèrent, encouragés en cela par quelques curieux venus assister au spectacle.

Bien que personne ne s’en occupât depuis deux ans, elle fonctionnait toujours !

Charles et Félix soulèvent à grand peine la belle horloge, puis la portent comme on le ferait pour un cercueil. Charles descend le perron à reculons… Soudain son pied manque une marche, il titube, perd pied, part à la renverse, n’a que le temps de s’agripper à la rambarde pour ne pas s’affaler !

La comtoise choit lourdement, le bois éclate, le balancier se décroche, émet un bruit cristallin en heurtant une marche, le boîtier contenant le mécanisme s’ouvre…

Il est vide ! Aucun rouage, aucun ressort, nulle trace de pivots ou d’axes… Rien !


Mars deux mille onze, tout en haut d’une tour de la Défense, François Barroz, P.D.G de la « Time box corporation Ltd. » regarde Paris qui s’embrase dans le couchant, un spectacle qui l’enchante, et dont il ne se lasse pas.

Dans son dos, une pendule « design », comme on dit aujourd’hui, affiche l’heure d’une manière très « digitale ». Au-dessus, juste au-dessus, une tête de bouc très stylisée, en inox brossé du plus bel effet….




Marie de cabardouche avait publié, il y a un petit moment, un billet relatif aux comtoises. Ce billet m’a inspiré cette petite histoire.

samedi 12 mars 2011

Tant-BourrinLes Blogbobandes dessinées (5)

Quand on a la main, on ne lâche pas l'affaire : voici déjà la suite des aventures de nos petits miquets de service ! Pour les retardataires, le début des aventures peut être lu , , et itou...

Le tout, je le rappelle, est réalisé sous assistance respiratoire informatique sur

Allez, on se fait un petit strip !




Saoul-Fifre : tout ça, c'est que du vent !


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Tant-Bourrin : des vers de mille étrons


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Andiamo : gagnant de l'auto


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Mam'zelle Kesskadie : intérêt à long terme


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Saoul-Fifre : Râ pas lovely


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Tant-Bourrin : c'est la chute finale


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Andiamo : rabbit ? rap it !


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Mam'zelle Kesskadie : sleeping beautyron


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mardi 8 mars 2011

Saoul-FifreÉcrire pour ne pas mollir

Il est vingt et une heures soixante huit. J'attaque ce billet sans la queue d'une idée, alors vous pensez, la tête ? Vous me demanderez l'intérêt d'une telle démarche et vous aurez raison de vous étonner, on le serait à moins. Attendez que j'envoie mon neurone en mission dans le ballot de coton qui me sert momentanément de cerveau. Ai-je peur de me faire engueuler par mes cons d'blogueurs ? Rhhhoooooooo ça se voit que vous ne les connaissez pas. Ils sont si mignons. Ils sont prêts à me remplacer, à prendre mon tour, à me souffler des sujets, et le tout avec le sourire. Il y a peu, j'ai republié un vieux texte de ya 5 ans, Tant-Bourrin a juste un peu toussé et Andiamo a su rester très digne, des gentlemen, je vous dis, non vraiment, c'est un plaisir de glander à côté d'eux, j'en connais qui ronchonneraient comme quoi c'est toujours les mêmes qui se tapent tout le boulot, mais eux non : ils ont fait l'école de Sparte et ils ont pris tous les deux "stoïcisme" en première langue. Non, pas la même année. Ils préfèreraient se faire déchiqueter les viscères par un renardeau plutôt que me faire la moindre remarque sur mon laisser-aller qui ressemble de plus en plus à du foutage de gueule.

Je vous demande à tous à genoux un peu de votre mansuétude. Oui je suis soufrifreux. Souffrançant ? Soufrier ? Souffreteux ? Enfin j'ai mal, quoi ? J'ai mal quand je prends dans la gueule les lanières de talent de notre Désordonnée . Elle est particulièrement en verve en ce moment. Elle m'inerve, si vous me permettez ce clin d'œil facile. Elle a bien fait finalement de nous couper les commentaires sous son verbe vrai. Nos mots sonnaient faux, ne pouvaient plus camoufler leur fêlure, comparés à l'évidente pureté de son scalpel aiguisé nous disséquant l'anatomie de nos hypocrisies.

Je souffre pour ces gosses portant sur leurs frêles épaules le lourd désir de génie inassouvi de leurs parents. Dieu garde, nos trois cancres assument leur moyennitude. Ils se vautrent dans la passion, peaufinent leurs mesquineries et répliquent "je gère" à toutes nos tentatives de les tirer vers l'excellence. Ils iront loin si le kérosène n'atteint pas des tarifs prohibitifs. Quelle fierté de les voir se gourrer eux aussi et mettre leurs pas dans les traces laissées par nos erreurs.

Qu'ils ne se leurrent pas, ni nous : les choix qui nous sont laissés ne sont pas si nombreux. Vas dur, vas mou, tu iras dans le trou. À tous les ages on peut sentir l'étau se resserrer, il suffit que des amis "de la classe" vous tirent leur définitive révérence sous le maigre prétexte d'un congé de mortalité. Et il faut endurer ces biographies sommaires systématiquement élogieuses dites par un mec en robe longue qui ne connait rien de rien de votre pote défunt.

Ah si ! Il semble avoir des certitudes sur la destination de cette âme en allée.

Ce pouvait être pourtant l'occasion d'écrire de bien belles choses

vendredi 4 mars 2011

AndiamoLe rapin (une enquête du commissaire Chauguise)

DRRRIIING ! La sonnerie aigrelette du biniou placé sur le bureau de Crafougnard vient de retentir. Rapide comme un crotale qui vient de jeûner six mois, Julien a saisi le manche noir du combiné.

- Allo ?

- C’est toi, Dugland ? questionne une voix enrouée à l’autre bout du fil.

Julien sait que son patron est au téléphone, non pas qu’il reconnait sa voix, car elle est trop enrouée, mais ce sobriquet « Dugland », il est le seul à le lui donner. Tout autre se ferait renvoyer dans les 22 mètres avec bourre-pif à l’appui !

- Oui patron, c’est moi…

- Bon, prend la quinze et viens me chercher, j’ai trop la crève pour prendre le bus.

- Oui patron j’arrive, mais où est-ce que vous créchez ?

- Au 40 de la rue du Mont Cenis, dans le XVIIIème, deuxième étage, porte droite… Et fait fissa... Understand, Dugland ?

- Oui patron, je connais le quartier, j’hab…

- J’m’en fous où tu crèches : rapplique dare-dare !

Toujours aussi aimable le Boss, songe Julien en embrayant un peu brutalement le six cylindres de la quinze chevaux Citroën.

Les deux étages avalés à lure-lure, Julien sonne à la porte palière de droite…

- Oui, répond une voix féminine, en même temps que s’ouvre la porte.

Julien est pétrifié ! Une adorable jeune fille le regarde. Lui reste planté dans l’encadrement.

- Entrez, Julien… Vous êtes bien Julien, n’est-ce pas ?

La jeune fille sourit : dix-huit ou dix-neuf ans, grande, brune, longs cheveux tombant sur ses épaules.

- Oui, balbutie ce dernier, je viens chercher le commissaire Chauguise.

- Papa ! Julien est là ! Vous prendrez bien un café ? Je viens justement d’en faire.

- Merci, avec plaisir.

Chauguise apparait à ce moment-là.

- Pas l’temps ! Allez Dugland, on file ! T’as cours ce matin, Juliette ?

- Oui, Papa.

- Bon, ne sois pas à la bourre… A c’soir

- A ce soir, Papa !

- C’est votre fille, patron ?

- Non ! C’est sœur Catherine Labouré, t’as pas vu la cornette ? Bon autant te mettre au parfum illico : et d’une, c’est pas du mouron pour ton s’rein ! Et deux, elle porte des robes en ardoise, afin que les crapauds dans ton genre ne puissent pas s’accrocher ! Et trois, si tu t’incrustes, on va te retrouver sous le pont au Change, avec les ribouis dans une bassine de béton ! Verstehen ?

- Ben patron, qu’est-ce qui vous prend ? Je suis correct…

- Moi aussi, j’suis correct, mais j’anticipe… Allez drive-nous au trente-six, et basta !

Tout au long du chemin Chauguise tousse et éternue !

- La vache, j’ai chopé une de ces crèves ! Habituellement, j’aime bien venir en bus, respirer la rue, regarder les gens, les p’tits métiers qui parcourent nos avenues, j’adore ça, tu comprends ? Toute cette vie, dans cette ville magnifique !

Putain le vieux devient bucolique, ce doit être la fièvre, songe Crafougnard.

Boulevard Ornano ; puis Barbès ; le Magenta ; le Sébasto… Point de sens interdits ou si peu, début années cinquante !

A fond, Crafougnard passe devant Le Châtelet, un grand calicot reproduisant le portrait de Luis Mariano dans : « le chanteur de Mexico ».

Julien entonne à tue-tête (sans le contre ut toutefois) : MEXI….IIIIIIIICOOOOOO !

- Mets-y un p’tit pain ! Tu vas affoler le bon peuple… Ils vont penser que tu viens de te coincer les joyeuses dans la portière !

Enfin le boulevard du Palais. Un « à droite » et Julien gare la quinze.

Une journée un peu morne…. Dix-sept heures.

- Hé, Dugland ! Tu m’ramènes chez moi, j’suis crevé ! J’vais aller me foutre au pieu avec quelques bons grogs et mon bada au pied du schlaff, quand j’en verrai trois : j’serai guéri… Le Docteur Négrita, y’a qu’ça d’vrai !

Guère de circulation (eh oui !) : vingt minutes plus tard, Julien gare la chignole juste au pied de l’immeuble de son patron.

- Monte, j’ai été un peu dur avec toi ce matin, tu vas boire un coup.

- Merci patron, c’est sympa.

- MMMHH….

Un peu essoufflé Chauguise arrive en tête sur le palier du second. La porte, SA porte est ouverte !

- Nom de Dieu, c’est quoi ce cirque ?

Il se précipite, entre et appelle :

- Juju, t’es là ? Allez, montre-toi !

Nos deux hommes ont fait le tour de l’appartement : une salle à manger, deux chambres, une minuscule cuisine et un cabinet de toilettes. Pas très grand le logement, mais coquet.

Chauguise d’un geste machinal a relevé son chapeau troué, reliquat d’une interpellation qui avait mal tournée !

Il est effondré… Méconnaissable.

- Il lui est arrivé quelque chose, Julien, je le sens, si je tenais le fumelard…

- Calmez-vous, patron, elle est peut-être sortie faire des courses ?

- Sans fermer la lourde ? Impossible Dugland… Impossible !

Il est là avachi sur une chaise, recroquevillé, lui, le grand Chauguise !

- Ma fillette, tu t’rends compte, Julien ? Je l’ai élevée seul ! Sa pauvre mère est morte après l’avoir mise au monde, j’me suis jamais remarié, je n’ai pas trop confiance en les gonzesses !

Le laissant geindre, Julien inspecte minutieusement les lieux. Dans la cuisine, il trouve un chiffon roulé en boule.

Il ramasse sa trouvaille, défroisse lentement le morceau de tissu qui a dû être blanc et qui maintenant est maculé de taches polychromes.

Regardez patron ! On va le porter à Couilllette… Pardon Monsieur Bourrieux, le responsable du labo. Il nous dira exactement la composition de ces taches, apparemment de peinture, mais faut voir.

- Ouais, t’as raison, Dugland !

D’un bond, Chauguise est debout !

Il va mieux, songe Julien.

- On va le secouer, afin qu’il se mette au turbin illico.

Chauguise a composé de mémoire le numéro de Bourrieux dit « Couillette » : BOTzaris 32 74….

- Couillette ? C’est Chauguise, rapplique tout d’suite au 36, ça urge !

- Mais patron, j’ai fini ma journ…

- Discute pas : il s’agit de MA fille, t’entends ? MA fille !

- Bon j’arrive.

Chemin en sens inverse, les virages sur les chapeaux de roues.

- Tu t’rends compte, Dugland : y’avait même un rapin d’la butte qui voulait qu’elle pose à loilpé pour lui ! Elle l’avait rencontré aux beaux arts : section peinture, là où elle suit des cours, elle veut « faire » dans la décoration.

- Un quoi ? A quoi ?

- Un rapin ! Un peintre, quoi ! Et à loilpé, c’est du louchébem : ça veut dire à poil ! Tu sors d’où ? De Bigounette sur Serpentine ou quoi ?

- Non patron, j’suis d’Limoges !

- Ouais, c’est du kif !

Un quart d’heure plus tard, ils sont quai des orfèvres.

Bourrieux les rejoint dix minutes plus tard. Chauguise lui tend le chiffon :

- Analyse-moi ça, Couillette, j’veux savoir exactement le genre de barbouille dont il s’agit !

Bourrieux a pris le linge, puis est entré dans son labo.

- Tout l’monde dehors ! J’veux personne dans mes mocassins quand j’bosse !

Chauguise et Crafougnard sont assis dans le couloir, le patron a allumé une « Boyard gros module » papier maïs, après avoir tendu le paquet à Julien.

- Non merci, a refusé Julien.

- Chochote, tu sais pas c’qu’est bon !

Une demi–heure et trois Boyards plus tard, « Couillette » sort de son labo, un feuillet à la main.

- Alors ? lâchent en cœur nos duettistes de la Rousse !

- Voilà : peinture « Lefranc-Bourjois », jaune de chrome ; bleu outre-mer ; vert Véronèse ; brun Van Dyck ; blanc de zinc ; et enfin : rouge vermillon ! De la barbouille à l’huile, utilisée généralement par les peintres. Pas les peintres aux balais à chiottes, non, ceux qui font des tableaux… J’peux rentrer m’pieuter, oui ?

- Oui, vas-y… Et merci, Couillette, j’te revaudrai ça !

Un chiftire de peintre ! Ben merde ! Dis donc, Dugland, après ce que je t’ai raconté dans la tire en venant, ça ne te donnerait pas des idées des fois ?

- Ben si, patron, vous pensez que le mec qui voulait peindre Juliet… votre fille, ce serait lui, qui…

- Exaquette ! Faut que je me creuse la tronche, comment il s’appelait ce connard ? Ah la vache ! Il était venu jusqu’à l’appart’ après avoir suivi Juliette, au prétexte : "je vais vous raccompagner Mademoiselle, on ne sait jamais" !... Elle est magnifique votre fille ! qu’il me disait : je voudrais la peindre Monsieur, laissez-la poser pour moi... Vous pourrez assister aux séances, si vous craignez…

Il était là geignant plus que parlant, il m’a raconté je ne sais trop quoi : son grand-père pompier, un nommé Poissonnier, je crois !

- Mais non, patron ! Excusez-moi, mais ce type a voulu vous dire que son grand-père était un peintre académique, un « pompier » comme on les nomme familièrement ! Et son nom n’est pas « Poissonnier » mais Meissonnier : Jean Louis Ernest Meissonnier !

- Ouais, c’est ça ! Chapeau, Dugland ! A Limoges, on jaspine p’têt pas l’jars, mais question barbouille t’es un costaud ! Allez on va l’retaper ce cinglé et on va l’cueillir !

- A cette heure ? C’est pas légal !

- Rien à s’couer ! Et lui, c’est légal : kidnapper une pauvre enfant ?

Chauguise a appelé Fernand son pote des RG, qui lui a communiqué l’adresse d’un certain Gérard Meissonnier. L’individu s’était fait mettre en salle de dégrisement un an auparavant, après avoir copieusement arrosé ses trente ans, et insulté une hirondelle ! (1)

- Il crèche au 17 rue Azaïs, au pied du Sactos quasiment.

C’est à fond les manivelles, que Chauguise et Crafougnard sont arrivés au pied du modeste immeuble un peu délabré, ils ont monté les trois étages menant à l’atelier de rapin, situé sous une verrière.

Sans ménagement, et d’un seul coup d’épaule, Julien a fait sauter la pauvre serrure de l’appartement. Endormie, droguée sans doute, Juliette est allongée sur un sofa miteux, drapée dans un tissu de velours grenat, et face à elle devant son chevalet : Gérard Meissonnier peignant un pot de géraniums posé sur une cimaise !

- Ah ! C’est vous, commissaire ? C’était pas la peine de défoncer la lourde : elle n’est jamais fermée ! Votre fille est une femme-fleur ! Regardez, je suis en train de la peindre.

Julien s’est précipité vers Juliette, elle dort paisiblement, sans doute le cinglé l’a t-il chloroformée ? Elle est habillée.

Dérangé certes, mais pas pervers le rapin, il ne l’a pas touchée, articule Julien qui lève les yeux vers son patron, au moment ou celui-ci décroche une droite magistrale au peintre qui s’écroule d’un coup !

- Tiens, c’est un acompte avant la douche froide qui t’attend à Charenton (2).




1) Les hirondelles étaient ce que nous appelons aujourd’hui des « ilotiers », ils roulaient sur des bicyclettes de marque « hirondelle » d’où leur surnom.

2) La ville de Charenton abritait à cette époque, un hôpital psychiatrique.

(cht'iot crobard Andiamo 2011)