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vendredi 26 septembre 2014

FrançoiseC'était pas mieux avant !

Chaque été, la TV diffuse des rétrospectives des années 60/70/80/90 (1990 déjà « historique » !) et chaque fois, ceux qui avaient 20 ans dans les années concernées essuient une larme furtive ou se déhanchent sur un rythme endiablé en déclarant « Qu’est-ce qu’on était heureux à cette époque ! Décidément, c’était mieux avant ! » Mais l’impression que « c’était mieux avant » est-elle réelle ou liée au fait que « avant », c’était il y a 10, 20, 30 ou 40 ans, bref à une époque où celui qui parle était jeune et par définition, plein d’enthousiasme et d’espérance ?

J’entends d'ici grogner un jeune « cru 2014 » : « Quelle espérance peut-on avoir, avec la guerre en Irak, en Ukraine, en Palestine, les terroristes qui gagnent du terrain, la crise économique qui n’en finit pas, la précarité… » Yesss, guy, tout ceci n’est pas riant, et j'avoue qu'on n'a pas le cœur à rire quand l'égorgement rituel devient une nouvelle arme de guerre (par parenthèse, ces groupuscules ont tout compris de la manipulation émotionnelle des peuples : ils savent que décapiter un homme dont le monde entier connaît le nom, la profession et la situation de famille terrorise davantage qu'un bombardement coûteux qui tue des centaines d'anonymes et leur assure une « visibilité dans les médias » bien supérieure).

Cela étant, jeune de 2014, tes grands-parents riaient-ils beaucoup en 1943, lorsqu’il y avait couvre-feu, exécutions et représailles après chaque acte de résistance, savates de bois en plein hiver, café à la sciure et risque de prison s’ils étaient pris la main dans le sac où gigotait le poulet acheté au marché noir ? « OK, mais c’était la guerre ! » C'est vrai, et comme chacun devrait en être persuadé, la guerre est une connerie, le meurtre massif légalisé, un traumatisme absolu pour ceux qui en reviennent comme pour ceux qui y laissent la vie ou une jambe. Alors pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté sur la discussion de « c’était mieux avant » prenons une année des sixties vouées à la douceur de vivre. 1967, par exemple, qu’on ne m’accuse pas de faire de la nostalgie soixante-huitarde.

Et là, surprise : 1967 ne fut pas spécialement une année érotique. Par contre, on y comptait deux dictatures en Europe : Franco en Espagne et Salazar au Portugal. Des dictatures pas pour rire, où on torturait, garrottait et emprisonnait dans le silence assourdissant des pays européens alentour… Deux dictatures, bientôt rejointe par une troisième : le 21 avril 1967, le coup d’État des colonels grecs installait pour sept ans une dictature si violente que la magique île de Folegandros, devenue un bagne, fut boudée par les Grecs très longtemps après les colonels tant elle leur rappelait de mauvais souvenirs.

1967 voit aussi arriver deux dictateurs africains : Eyadema au Togo et Bongo au Gabon, qui rejoignent Mobutu installé depuis 1965. Côté guerres, on a le choix, entre la guerre des six jours, brève certes, mais qui inaugure 40 ans de castagne entre Israël, Palestine et autres pays limitrophes, castagne toujours pas réglée, tu l'as vu cet été… Il y a aussi la guerre du Vietnam, longue et douloureuse, et la guerre du Biafra, qui cause des milliers de morts par armes et surtout par famine du fait du blocus imposé à ce pays. En 1967, c’est aussi l’exécution de Che Guevara commanditée par la CIA et la condamnation de son compagnon de route Régis Debray à 30 ans de prison (il en est sorti avant, heureusement). Enfin, côté environnement, le naufrage du Torrey Canyon : 30 000 tonnes de pétrole polluant 200km de côtes britanniques et autant côté français, tuant des milliers d’oiseaux et inaugurant la longue série des marées noires. Enfin, en 1967, près de 10 000 personnes mouraient sur les routes, contre moins de 4000 aujourd’hui.

1967 ne fût donc pas de tout repos, loin de là, et pourtant nous y avons survécu et même plus : quelques mois plus tard, on était en 68, début de la parenthèse magique qui ne le fût pas pour des raisons matérielles, mais parce qu’un souffle de liberté et de croyance en un monde meilleur se substituait à l’impression de blocage et d’impuissance précédente. Si 2014 semble à beaucoup si lourde, ce n’est pas tant à cause de la crise économique, des guerres, ou du bouleversement climatique, qu’à cause du sentiment d’impuissance impulsé par la pensée dominante qu’il n’y a rien à y faire et que les remèdes appliqués - austérité, autorité, sécurité - sont les seuls possibles. A cause de la corruption de ceux qui nous gouvernent et de leur pathétique incapacité à imaginer d'autres solutions que celles pour lesquelles leur cerveau technocratique a été formaté. Incapacité à imaginer qui se traduit en incapacité tout court…

Les aigris qui colportent l’idée que « les jeunes ne s’intéressent plus qu’au dernier modèle d’i-phone » ont une bien piètre opinion de leur réussite en tant que parents. Heureusement, il suffit de regarder autour de soi les jeunes qui inventent d'autres façons de vivre, partagent leur logement, leur argent, leur boulot, leur voiture, leurs informations, se mobilisent contre le traité TAFTA, le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la pêche destructrice ou le massacre contestable des bouquetins en Haute-Savoie, pour imaginer que ces jeunes pourraient bien, après la pesanteur de 2014 pas pire que celle de 1967, décider que cela suffit comme ça et suffa comme ci, et concocter un 2015 si vif, joyeux et innovant qu'il donnerait envie à la planète entière de cesser de se taper sur la gueule pour des questions de gaz, de pétrole ou de religion. C’est toute la grâce que je leur souhaite.


dimanche 21 septembre 2014

AndiamoA Brassens

Ferré, Ferrat, Brel, Brassens... Tout a été dit et fait sur eux, mais ça n'empêche pas d'en parler encore et encore, et surtout de les écouter chanter de si jolies choses. La vague "yéyé" des années soixante, un tsunami devrais-je dire, avait emporté nombre de chanteurs, que l'on croyait "indévissables" : André Claveau, Jean Sablon, Colette Renard, Philippe Clay et même Mouloudji et le beau Jean Claude Pascal (je dis ça pour vous Mesdames).

Et heureusement, Brel, Ferré, Brassens et Ferrat, ces "monuments" sont restés, alors qu'ils n'étaient pas du tout dans l'air du temps, se foutant pas mal des modes, qui ont comme tout le reste passées, mais eux ont tenu bon, et je le pense resteront toujours au top dix des meilleurs chanteurs auteurs interprètes...

Jean Ferrat lui avait rendu un bel hommage avec cette chanson : "À Brassens"



Même quand tu parles de fesses,
Et qu'elles riment avec confesse,
Ou bien pire encor,
Bardot peut aligner les siennes
Cette façon de montrer les tiennes,
Ne m'déplaît pas...



Il est des culs plus expressifs que certains visages...

J'ai choisi "Dans l'eau de la claire fontaine" Tout d'abord parce qu'elle nous rappelle les chansons de nore enfance : à la claire fontaine, le pont d'Avignon, En passant par la Lorraine ETC...

Et puis vous me connaissez un peu, l'évocation d'une jolie demoiselle se baignant nue, ne pouvait que m'inspirer, mais qui s'en plaindra ? Pas vous jolies Dames, qui aimez les hommages, et ni vous Mrssieurs pour bien d'autres raisons.

(ch'tiots crobards Andiamo)

mardi 16 septembre 2014

Tant-BourrinJ'bloguais, j'blogue plus


J'bloguais, j'blogue plus

par Tant-Bourrin



J'bloguais, j'blogue plus
J'ai pas envie
C'est l'enthousiasme
Qui a merdu

J'bloguais, j'blogue plus
C'est quoi ce vide ?
Un bout d'la toile
Qui s'est perdu

C'était hier
J'apprenais au Souf' le maintien
J'incarnais le chic parisien

C'était hier
Je cavalois sur les chemyns
Le mien haschoir au creulx d'la main

J'bloguais, j'blogue plus
J'ai pas envie
C'est l'enthousiasme
Qui a merdu

J'bloguais, j'blogue plus
C'est quoi ce vide ?
Un bout d'la toile
Qui s'est perdu

C'était hier
Les produits dérivaient sans fin
Voguant du parfum au pare-faim

C'était hier
Moi, je chantais dans mon p'tit coin
Le seul endroit où je suis bien

C'était hier
J'allais changer notre destin
Ça a fini en jus d'boudin

C'était hier
Et je bloguais avec entrain
Maintenant j'en ai plein le train

J'bloguais, j'blogue plus
J'ai pas envie
C'est l'enthousiasme
Qui a merdu

J'bloguais, j'blogue plus
C'est quoi ce vide ?
Un bout d'la toile
Qui s'est perdu




P.S. : mille excuses à Yves Simon dont je me suis permis de massacrer ici une de ses plus belles chansons. Je ne recommencerai plus, promis ! :~)
P.P.S. : non, ne commencez pas à sortir les mouchoirs. C'est justement parce que l'envie de rebloguer un chouia m'est revenue que j'ai enfin produit ce billet, dont j'avais eu l'idée il y a plusieurs mois.
P.P.P.S : Prout !

mercredi 10 septembre 2014

BlutchBlutch, s'il te plait, dessine-moi une démocratie

Avertissement:
Ne vas pas croire que je puisse être chauvin de quelque façon que ce soit. Le multiculturalisme développe un esprit critique plus ravageur, parce que mieux renseigné.
Je ne vais certainement pas te parler des tares des Suisses: leur égoïsme, leur esprit de clocher, leur peur de l'inconnu et de l'étranger, leur avarisme, leur jalousie parce que ce sont les valeurs humaines les mieux partagées dans le monde. Si tu veux savoir comment sont faits les Suisses, tu regardes ton voisin, tu lui enlèves son béret basque, son ticket de PMU, sa baguette de pain et tu as un Suisse, ou peu s'en faut. Ah si, une chose encore, à l'apéro, tu remplaces le Ricard par un ballon de blanc ou une chope de bière. Et il ne te dira pas "Mais que fait le gouvernement", parce qu'il sait qu'il ne décide de rien par lui-même.
Ce Sidi, je sens toujours une vague d'incompréhension réciproque lorsqu'on parle du droit des citoyens. Alors, depuis le temps qu'on me demande de le faire, je vais te dessiner une Démocratie à la suisse.


Première époque

Bon, là tu vas me faire ramer pour t’expliquer ça. T'imagines un peu le fossé que tu devras franchir pour te nettoyer la tête de tout le fatras d'idées à la con sur ce simple mot... Tu vas me pourrir la vie en gardant en mémoire les pratiques de la raie publique gaulliste.
Ce serait tellement plus simple si tu avais brusquement une crise d’amnésie avant d'aborder le sujet.
Démocratie est un mot à sens multiples qui est généralement défini dans un pays par la pratique des gouvernants qui sont censés être sensés, mais dont les propos n'ont souvent pas d'autre sens que le sens de ceux qui le paient, et ça n'a aucun sens commun (ni dessus, ni dessous (merci Monsieur Raymond)).

Alors, première étape : Démocratie n’est pas un gargarisme pour politocards, quoi que tu puisses en penser en écoutant leurs discours.
C’est bien intégré ?

Un peu d'histoire : je devrais commencer par la Grèce qui est, parait-il, la plus vieille démocratie du monde, mais ça reste à démontrer, car il n'est pas prouvé que les hommes du Neandertal étaient menés par un chef de meute ayant pris le pouvoir en tapant sur la tête des autres. Ils pouvaient tout aussi bien avoir choisi leur chef, le tirer au sort ou fonctionner de façon libertaire, sans chef... Donc, ne préjugeons de rien.
D'autre part, il parait qu'en Grèce, ce n’était pas le pied rapport aux métèques qui n’étaient pas concernés par le droit de vote et même que les femmes étaient aussi dans la catégorie métèques. Et puis la démocratie grecque a pris quantité de sales coups dans son histoire. Pour mémoire, les derniers en date sont :
- 1967 avec la dictature des colonels (tu ne peux pas faire confiance à des militaires, même s'ils ont deux étoiles au képi (que celui qui a dit "surtout" se dénonce...))
- Le coup d'état par les phynanciers et leurs trois larbins: le FMI, la banque européenne et le conseil de l'Europe.

Pour les femmes, il faudra en faire une abstraction si on veut parler de démocratie, parce que ça ne va pas remonter très loin si on prend ce paramètre en considération… Alors on fait comme si en considérant que l’homme est seul maître à bord après Dieu…. Et sa femme.
Pour les métèques, c'est pareil, sauf qu'à bord ou pas, il restent dans la constante de n'avoir pas droit au Chapitre...

La plus vieille démocratie ininterrompue date de sept siècles.
Son histoire commence dans des contrées inhospitalières des Alpes, au nord du massif du Gothard. Un truc du genre Monts des Carpates, mais en plus haut et sans Dracula.
Charlemagne bouffait les pissenlits par la racine depuis quatre siècles. Une grosse partie de l’Europe était sous la botte des Habsbourg, Présidents autoproclamés du Saint-empire-romain-germanique (déjà à l’époque le curé était mieux coté à l’argus que le péquenot moyen), lorsque trois croquants…. fiers montagnards décidèrent qu’ils en avaient marre de payer des impôts à un seigneur qui n’était même pas foutu de venir les voir et de taper le carton avec eux.
Donc nos trois gaillards, Arnold le mec pâle , Wa-te-faire-foutre et Werner Chauffard (historiquement connu - mais non recensés sur face de bouc - sous leurs pseudos: Arnold de Melchtal, Walter Fürst et Werner Stauffacher) décidèrent que trop c’est trop et que les baillis méritaient juste un pied au cul pour les téléporter sur Vienne. Cette Suisse primitive manquant singulièrement de banques pour être crédible, ils s'appelèrent donc les Waldstätten.


Ils décidèrent, ce 1er août 1291, que si un se trouve dans la merde, les autres viendraient à son secours.
Tu vas rire, mais ce traité d’assistance a eu plus de chance que le franco-polonais d’avant 36…

Par contre, Rodolphe de Habs’ a très mal supporté le serment qu'ils firent sur la prairie du Grütli, puisqu’il est mort peu après (mais rien ne prouve que ce soit un dégât collatéral).
Ils ont aussi décidé que y avait marre d’avoir des chefs et qu’ils n’allaient pas remplacer les baillis par des petits dictateurs locaux. Que d’or et d’argent (merci Béru) ils allaient demander leur avis aux cochons de payeurs… aux habitants concernés.
Donc voilà nos trois lascars embringués dans une rébellion « vite » mâtée par le clampin qui a remplacé Rodolphe. Heu oui, mâtée, c’est du moins ce qu’il espérait parce que la réalité est parfois rude à avaler, et pour ce qui est de vite, je te laisse juge…. Pour te donner une vague idée de la situation : tu imagines une rébellion dans la Principauté d’Andorre, et que voulant la mâter, la France se ramasse trois pliées de suite, réparties sur 97 ans.
C’est donc ce qu’ont vécu les Habsbourg avec Morgarten en 1315, Sempach en 1386 et Näfels en 1388. Après cette dernière bataille les Autrichiens jetèrent l’éponge avant d’admettre qu’il y a un accroc indélébile à leur territoire.

Dans la foulée de cette rébellion, nos trois gugusses ont aboli le servage, déclarant tous les hommes libres et égaux. Tu vois que tes révolutionnaires français n’ont rien inventé…
Première abolition de l’esclavage dans le monde : 1291.
Je me rappelle encore de la tête des gars au bistrot à Altorf quand les trois zigs leur ont dit qu'ils allaient sur le pré, là-bas, signer un pacte d'assistance mutuel...
Y avait, pour sûrs, les enthousiastes, mais aussi les pisse-froids qui renaudaient que ce sont des fous, des illuminés, des provocateurs, des suicidaires; et même, injure suprême, des utopistes qui allaient se casser la gueule vite fait...

Mais Guillaume Tell venait de le prouver, le fier paysan des Alpes, aux bras noueux et aux mollets hypertrophiés n'a pas peur d'un bailli, fut-il autrichien.



« Donner wetter * Ich werde ihm zeigen, wer ist Guillaume ** »
avait-il dit en réarmant son arbalète après avoir transpercé la pomme.

C'est ainsi que les Waldstätten ont donc décidé de renvoyer le bailli Hermann Gessler au château de Hofburg pour y faire les grands nettoyages avant l'arrivée de Sissy.

Mais que ce passait-il donc dans cet embryon de Suisse. Avec un grand nombre d’illettrés, tu n’as pas de bulletins de vote possibles, d’autant moins que Gutenberg va encore procrastiner 150 ans avant d’inventer l’imprimerie, ce faignant !
Donc le plus simple est de convoquer tout le monde sur la place du village pour une Landsgemeinde.

Comment ça marche ?

Comme ça :

Non, ce n'est pas la foire au bestiaux de Trifouilli les Ânes, pas plus qu'un concert live de Johnny. Tu viens d'assister à une réunion politique. Une sorte de Conseil des Ministres où le Président est remplacé par le peuple. Tu as tout le monde sur la place, avec, il y a peu encore, l’épée à la ceinture pour bien montrer qu'ils sont des hommes libres (oui, je sais, les femmes, c’est bien plus tard…) Les Conseillers d’État expliquent la chose à voter, ceux qui le veulent s’expriment, on remanie le texte si nécessaire et ceux qui sont pour lèvent la main droite. On compte les mains et le tour est joué. C’est le peuple qui a décidé. Les lobbyistes n’ayant pas le droit de porter l’épée, ils ne pouvaient pas entrer sur la place pour aller tenir la main des votants… Ils se sont bien rattrapés depuis avec les dépités…
Ça marchait bien parce que les cantons étaient peu peuplés (cette coutume est encore utilisée à Glaris et Appenzell Rhodes-intérieures).
C’est de cette organisation qu’est née l’idée de la démocratie directe***.
Mais comme je vais aborder un concept totalement abstrait pour un Français pure souche, je te laisse le temps de la réflexion pour ingurgiter ce qui précède…

Blutch


* traduction littérale : temps de tonnerre
** je vais lui montrer qui c'est Raoul
*** Un indice: ça ressemble à une démocratie participative, mais pas pour de rire.

jeudi 4 septembre 2014

Saoul-FifreTite chanson sans musique

Je suis un homme des cavernes
J'tue mon mammouth hebdomadaire
Çui qui veut m'confisquer l'gésier
Je lui stopp' l'envie dans l'gosier.
Nous vivons l'âg' des dents pointues,
J'suis champion du lanc'ment d'massue,
Je n'aim' pas qu'on touche à mon plat
Et je n'ai pas à dire pourquoi.
J'aim' le steak d'auroch bien saignant
Et la salad' me fait gerber.
Les légum's, c'est pour les feignants,
C'est du pré-mâché pour bébés.

Je suis un gueulard des cavernes
Et je percute un tronc creusé,
Je gratt' six bouts d'intestin grêle
Super tendus, prêts à craquer.
Je suis mon propr' impressario :
Je pouss' de grands cris gutturaux,
La tribu s'approch' en grognant,
Fascinée par tout mon boucan.
Quand j'ai fini mon numéro,
Je suis fêté comme un héros :
Tous les mecs me port'nt en triomphe
Et les seins de leurs femm's se gonfl'nt.

Je suis un homme des cavernes
Mais ma meuf ador' les essais :
J'descends lui brouter la luzerne,
C'matin, j'vous dis pas la rosée…
Ell' m'expliqu' avec un cri du cœur
Que c'est l'heur' du p'tit ramoneur
Et à pein' je lui touill' la tasse,
Jouit-hin, jouit-hé, jouit-en-josas…
Des mots, des soupirs, des murmures :
Ell' tomb', j'la ramass', ell' est mûre,
Puis ell' me vid' le narghileh,
La fumée la fait pas tousser.

C'est un' vraie femme des cavernes,
C'est à l'amour qu'ell' doit ses cernes,
Quand je bois cul sec ses tisanes,
J'ai la banan' d'un quadrumane.
Quand la lun' est rond' aux deux bouts,
Ma femm' dégag' de drôl's d'odeurs,
Je lui saut' dessus sans tiédeur,
Les jours en roug', eux, sont tabous.
Mais si, déchiqu'té au Sauternes,
Je rentre, complèt'ment saoul,
A quat' patt's, la braguett' en berne :
Ell' chang' de grott', un point, c'est tout…

(délicat ch'tiot crobard Andiamo pour Saoul-Fifre)