Je suis un homme des cavernes
J'tue mon mammouth hebdomadaire
Çui qui veut m'confisquer l'gésier
Je lui stopp' l'envie dans l'gosier.
Nous vivons l'âg' des dents pointues,
J'suis champion du lanc'ment d'massue,
Je n'aim' pas qu'on touche à mon plat
Et je n'ai pas à dire pourquoi.
J'aim' le steak d'auroch bien saignant
Et la salad' me fait gerber.
Les légum's, c'est pour les feignants,
C'est du pré-mâché pour bébés.

Je suis un gueulard des cavernes
Et je percute un tronc creusé,
Je gratt' six bouts d'intestin grêle
Super tendus, prêts à craquer.
Je suis mon propr' impressario :
Je pouss' de grands cris gutturaux,
La tribu s'approch' en grognant,
Fascinée par tout mon boucan.
Quand j'ai fini mon numéro,
Je suis fêté comme un héros :
Tous les mecs me port'nt en triomphe
Et les seins de leurs femm's se gonfl'nt.

Je suis un homme des cavernes
Mais ma meuf ador' les essais :
J'descends lui brouter la luzerne,
C'matin, j'vous dis pas la rosée…
Ell' m'expliqu' avec un cri du cœur
Que c'est l'heur' du p'tit ramoneur
Et à pein' je lui touill' la tasse,
Jouit-hin, jouit-hé, jouit-en-josas…
Des mots, des soupirs, des murmures :
Ell' tomb', j'la ramass', ell' est mûre,
Puis ell' me vid' le narghileh,
La fumée la fait pas tousser.

C'est un' vraie femme des cavernes,
C'est à l'amour qu'ell' doit ses cernes,
Quand je bois cul sec ses tisanes,
J'ai la banan' d'un quadrumane.
Quand la lun' est rond' aux deux bouts,
Ma femm' dégag' de drôl's d'odeurs,
Je lui saut' dessus sans tiédeur,
Les jours en roug', eux, sont tabous.
Mais si, déchiqu'té au Sauternes,
Je rentre, complèt'ment saoul,
A quat' patt's, la braguett' en berne :
Ell' chang' de grott', un point, c'est tout…

(délicat ch'tiot crobard Andiamo pour Saoul-Fifre)