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jeudi 28 octobre 2010

AndiamoSur les dents

Le commissaire Chauguise est sur les dents.

- Quelle grevure ! Tu t’rends compte, Crafougnard, ce salingue a remis ça !

- Euh… oui patron, c’est déjà la quatrième !

- Tu comptes bien, Dugland ! J’te d’mande pas un relevé d’comptes, mais tu pourrais te masturber un peu la matière grise, au lieu de chancetiquer d’un pied sur l’autre, comme une gnasse qu’a envie de lancebruquer !

Toujours aussi aimable avec son adjoint fraîchement sorti de l’école de police, notre commissaire divisionnaire Chauguise !

On se souvient de quelle manière, il avait résolu l’affaire de l’étrangleur du XVIIIème, et ce grâce au fécaloscope.

Il faut dire que depuis quatre mois, et ce tous les douze du mois, une femme est égorgée dans le IXème arrondissement, quartier Madeleine.

Et pas n’importe quelle femme : que des prostiputes de luxe !

Des putes en astrakan ou en vison, qui tapinent au volant de leur « Buick roadster » ou de leur « Facel Véga », souvent garées en double file rue Gaudot de Mauroy, rue Vignot, ou encore rue Tronchet… la bien nommée !

Les flics chargés de contrôler le stationnement sont coulants, moyennant une petite gâterie de temps en temps, sous la pèlerine, en cachette de Clémenceau, vite fait, bien fait ! Un furtif de portière en quelque sorte…

Ces Dames sont toujours exécutées de la même façon : la gorge tranchée au rasoir « coupe-choux », de l’oreille droite à l’oreille gauche façon « sourire Kabyle ». C’est ainsi que l’on nommait cette façon d’égorger au moment de la guerre d’Algérie !

- Tu vois, Dugland, de la manière dont il égorge ses victimes, je peux te dire que notre maniaque est un gaucher ! C’est le légiste qui ma l’a confirmé.

- Ah ! « Couillette » !

- Dis donc, Dugland, pour toi c’est « Monsieur Bourrieux » ! Non mais, en voilà des familiarités !

Crafougnard bredouille un : « s’cusez-moi, patron », puis regarde ses pompes.

- On a monté des « planques », reprend le divisionnaire, rien n’y a fait. Il est rusé le garenne ! Toutes les gagneuses du coin sont averties. Leur chiffre d’affaires est en baisse, m’a avoué Dédé la cerise, mon indic : un Julot casse-croûte qui drive trois gisquettes. Elles ne veulent plus « monter », elles ont le traczire de se faire égorger, les pauvrettes ! Sans compter que ça gâcherait leur lardeuss !

Content de sa boutade, Chauguise se fend d’un petit gloussement.

- Et puis là, sentant qu’on le surveillait, il a opéré rue de Tracy, dans le IIème, près de la porte Saint-Denis. C’est un malin c’t’enflure ! T’entends, Dugland ? Va falloir se r’muer l’fion, au lieu de garder tes pognes dans tes glaudes, à jouer au ping-pong de poche* !

- Oui, patron, justement j’ai un peu de paperasserie à la bourre, je vais y aller !

Crafougnard s’est éclipsé. Au passage, il a récupéré une liasse de paperasses.

Dans les années cinquante, il n’y avait pas encore d’appareils réduisant en filoche les documents devenus inutiles. Aussi c’est au massicot qu’on les coupaient en bandes.

Le timide adjoint s’installe sur un tabouret, puis commence à couper consciencieusement les documents.

Soudain, le commissaire entend un hurlement ! Il se précipite… Dans la pièce réservée au massicot, il aperçoit son adjoint, la main gauche en sang !

- Putain, j’me suis tranché le doigt !

Gardant son sang froid, Chauguise a sorti son mouchoir immaculé, puis a entrepris de comprimer fortement, le bout du doigt ensanglanté.

- Bordel ! Préparez tout de suite la « 15 », je l’emmène à l’hôtel Dieu, c’est l’hosto le plus proche.

A peine deux minutes plus tard, Chauguise embraye brutalement. La traction avant 15 chevaux six cylindres démarre dans un crissement de pneus, remontant le quai des Orfèvres, puis la rue de la Cité à gauche. A pleine vitesse, il entre dans la cour pavée de l’hôtel Dieu.

Le planton se précipite : Chauguise lui exhibe sa carte rayée bleu, blanc, rouge, sous le pif.

- Conduis nous aux urgences, Ducon, et fissa !

Chauguise est nerveux, bien sûr il rabroue un peu (beaucoup) son adjoint, mais il l’aime bien dans le fond.

Il tourne en rond, allumant ses clopes « boyards » papier maïs, l’une au mégot de la précédente. Il n’a même pas songé à retirer son vieux bada, sur le sommet duquel on voit nettement les deux trous, résultat d’un tir de « parabellum » neuf millimètres. Ce jour-là, il l’avait échappé belle, et depuis, ce vieux bitos, c’est son porte-bonheur.

Au bout de deux heures apparaît le chirurgien, grand tablier blanc maculé de sang, petit calot rejeté en arrière.

- Vous êtes de la famille ?

- Non, c’est mon adjoint, Docteur : je suis le commissaire divisionnaire Chauguise.

- Je vous connais, commissaire : l’affaire de l’étrangleur, c’était vous ?

- Oui, oui, balbutie Chauguise.

- Rassurez-vous, il s’en est bien tiré, juste deux phalanges de l’annulaire gauche que j’ai dû amputer, ça l’empêchera peut-être de faire une connerie ?

- ???

- Eh bien, oui : il sera un peu emmerdé pour mettre son alliance !

Les deux hommes se marrent.

Deux jours ont passés. Chauguise malgré son air bougon, est allé rendre visite à Crafougnard.

- Alors Julien, tu t’la coules douce ?

C’est bien la première fois qu’il m’appelle par mon prénom, songe Julien tout ému !

- Vous savez, patron, je préfèrerais être au trente-six !

- Je sais, môme, j’te charrie. Tiens, je t’ai apporté des clopes.

- J’fume pas, patron !

- Ouvre, Dugland.

- Oh ! Des chocolats… Merci ! Vous savez dans mon malheur j’ai eu de la chance, j’ai été opéré par le grand patron en personne le professeur Spéculos ! Les internes l’appellent : Docteur Frankenstein !

- Pourquoi ?

- C’est depuis qu’il a recousu un mec qui s’était fait trancher la gorge par une pute, alors qu’il voulait la troncher façon : j’passe par la p’tite porte ! Ça n’avait pas plu à la mesquine, le micheton s'était montré violent, alors elle a sorti un « coupe-choux » et COUIC, le sourire Kabyle ! Il paraît que le professeur Spéculos l’a recousu d’une façon si parfaite, qu’il n’y paraît plus. Mais il n’empêche que les internes l’ont baptisé du nom du Docteur Frankenstein, rapport à Boris Karloff qui ressemblait plus à un rosbif ficelé, qu’à un être humain !

Chauguise a laissé Crafougnard terminer son récit.

- Ça ne te met pas la puce à l’oreille, toi, c’t’histoire ?

Crafougnard fronce les sourcils.

- Non !... Patron, vous voulez dire que…

- Ben tiens, ça lui ferait un sacré mobile à c’t’endoffé, un p’tit air de vengeance, à ce désaxé !

Chauguise a foncé littéralement dans le bureau des administratifs. On lui a fourni le nom et l’adresse du miraculé, opéré par le professeur Spéculos il y a huit mois, le douze juillet exactement.

Le commissaire divisionnaire flanqué de Crafougnard, sorti prématurément au motif : « pour rien au monde je ne voudrais rater ça ! », roulent à tombeau ouvert, en direction de la rue Laffitte. Sans prendre le temps d’admirer, la magnifique affiche du tout nouveau film de Jacques Becker, sur laquelle figurent Jean Gabin et Jeanne Moreau : « touchez pas au grisbi », au fronton du cinéma le REX.

Car, dans le fond, c’est un peu grâce à Julien et à sa maladresse qu’en ce matin du vingt-trois mars 1954, à six heures du matin, au 14 de la rue Laffitte, le très efficace commissaire divisionnaire Chauguise, flanqué de son amputé d’adjoint et d’une escouade de flics en kébourre, frappait au domicile de Lucien Merchaud, dit le gaucher, en gueulant :

- POLICE ! Au nom de la loi, OUVREZ !



Je vous ai dégoté l'affiche... On est comme ça chez BLOGBO.


*PING-PONG de poche, pour les ceusses qui ne savent pas : c’est quand un gonze se tripote les joyeuses, et ce…. avec les mains dans les poches !

dimanche 24 octobre 2010

Saoul-FifreLe CDI de Dieu

Voilà c'est dit : le titre m'a de suite paru zarbi car il crée une incertitude ; on ne sait pas si c'est Dieu qui signe un CDI ou lui qui embauche, et pour un gars maniaco-répressif comme moi qui aime bien titiller les petites bêtes avec une plume, et ben c'est déstabilisant, surtout qu'on ne connait la réponse à cette question qu'à la toute fin du bouquin.

Et qu'il n'est pas dans mes habitudes (contrairement à Margotte) de lire la chute en premier.

Donc, comme ce n'est pas vraiment une chute, enfin, ce n'est pas vraiment comme si je révélais le nom de l'assassin ou un truc du genre, j'ai pas peur, je balance, je révèle, ben moi, pour que ça soit bien clair, j'aurais appelé le roman "Un CDI chez Dieu . Je sais, je suis un gros emmerdeur compliqué.

Au commencement était le Verbe
Et le Verbe était auprès de Dieu
Et le Verbe était Dieu

Jean-Louis Bertoni, l'auteur, connait certainement ce célèbre début de l'Évangile selon Jean. La jouissance d'utiliser le Verbe transpire de chacune de ses pages. La métaphore d'attaque du début est particulièrement expressive, avec ses lettres-graines qui ont leur vie et leur folie propres. Les valeurs importantes et les grandes philosophies sont hélas dépendantes des lettres et même Dieu s'y perd les pédales et peut connaitre un coup de déprime.

C'est pas le mauvais bougre, Dieu, mais la tache est si énorme, les prières si nombreuses à exaucer ? Le monde pète un câble, les fusibles ne sont plus assez costauds, la galère prend l'eau de toute part et ça tombe mal : Dieu a comme qui dirait un méchant coup de mou dans la corde à nœuds, là, juste au moment où il faudrait pourtant qu'il assure.

Hein, les enfants, que ce fainéant de Dieu se la coule douce ? Hou hou, criez avec moi contre lui, faites-lui honte, les petits nenfants !

Jean-Louis nous pose, et il y répond, l'éternelle question pleine d'incompréhension :

Mais s'il y a un Dieu, pourquoi laisse-t-il se perpétrer toutes ces horreurs, toutes ces guerres, pourquoi n'empêche-t-il pas les humains de se diriger tout droit vers un suicide collectif ?

Le cinquième Evangile apocryphe selon Jean-Louis est d'avis que Dieu est un peu dépassé par les évènements, qu'il voit les choses de trop haut. Que la Création, bon, c'était rigolo au début mais que sa nomination au service Gestion l'a mené à son niveau d'incompétence, comme l'explique le principe de Peter. Il aurait grand besoin d'un peu d'aide.

C'est là qu'apparait notre Héros qui d'ailleurs se nomme Harro, ça ne s'invente pas ! Je le vois comme une espèce de messie. C'est le gars tout à fait normal mais justement il a cette humanité qui manque à Dieu, qui est trop divin, trop trop, quoi ? Il a quand même une qualité hyper rare et qui manque à 99,99 % de la population terrestre : si tu lui donnes le pouvoir absolu, il ne prend pas la grosse tête mais les bonnes décisions. Il faut dire qu'il est pleinement heureux, qu'il aime la vie, la bouffe, la baise, qu'il est amoureux et que c'est réciproque.

Un vrai homme, je vous dis, bien au fait de ce que demande le peuple. Le bonheur. Et un navigateur, en plus. La mer, avec ses sacs plastiques, ses bidons, sa mousse chimique, ses poissons morts intoxiqués, ses futs radioactifs, est devenue la poubelle du monde soi-disant civilisé et l'on retrouve la pollution, dispersée par les courants, dans les endroits les plus reculés du Monde, que l'on croit protégés. Les marins ont été les premiers à prendre conscience de l'état catastrophique de la planète. Harro reprend d'ailleurs une idée de Bernard Moitessier : pour humaniser les villes, il y fait pousser des arbres aux fruits délicieux. Les habitants n'ont qu'à se baisser pour se régaler. Vous avez essayé de bouffer le fruit du platane ? Ça donne envie de tuer son prochain ? Ben c'est des platanes que nos politiques font planter le long de nos avenues !

Et on s'étonne ?

Les aventures de Harro et de sa copine bandante au possible sont passionnantes, ils sillonnent le monde, fuient la notoriété... On ne s'ennuie pas avec eux, le livre déborde d'imagination, de lucidité, de formules-chocs, d'idées pleines de finesse et surtout, et là je pense que l'on arrive à la raison première pour laquelle Françoise l'a édité, ce roman est d'un optimisme échevelé et on y respire la vie la liberté et la bonne humeur.

Une perle rare en notre époque de veilleurs de morts.

L'espérance, c'est les jambes de la tête !, comme dit Dieu.

Si vous voulez commander ce magnifique opuscule au contenu revigorant, c'est ici :

Éditions Autres Mondes

L'expédition est rapide et sérieuse. Vous avez plein d'autres livres à découvrir chez Françoise Simpère, auteur prodigue et nouvellement éditrice, qui anime aussi un blog épatant qui fait réfléchir en souriant

mercredi 20 octobre 2010

Tant-BourrinLa nuit s'est noyée

Ce billet est l'histoire d'un naufrage.

Mais à l'origine, il fût celui d'un coup de cœur. Pour une mélodie. Pour des mots. Pour une chanson.

Une chanson frêle, naïve, venue du fond des âges et d'on ne sait où. Comme un cri d'amour qui aurait survécu aux battements du cœur dans lequel elle est est née...

Cette chanson s'appelle "Black is the color (of my true love's hair)". Elle serait apparue quelque part dans les Appalaches ou en Écosse, aux alentours de 1915 ou bien avant, et il existe bien des versions différentes des paroles.

De nombreux artistes ont repris cette chanson qui est devenue un standard depuis que Nina Simone l'a fait sienne en 1959 : de Pete Seeger aux Corrs en passant par Joan Baez et bien d'autres...

Mais il est une version que j'adore entre toutes : celle qu'en fit Christy Moore, toute en délicatesse et retenue...



Et c'est pourquoi l'envie m'est venue d'essayer d'adapter cette chanson en français, sans faire de la traduction mot à mot (ce qui tuerait toute la poésie des paroles) mais en essayant toutefois de rester le plus possible dans l'esprit du texte original (ou, tout du moins, la version des paroles retenue par Christy Moore).

Mais hélas (et nous en arrivons au naufrage annoncé), j'ai voulu donner plus de corps à ma version en en enregistrant une version chantée et là... Le désastre ! Cette chanson n'est vraiment pas faite pour ma voix, si tant est qu'il existe la moindre chanson au monde qui le soit ! En fait, ce n'est pas la chanson qui n'est pas faite pour la voix, c'est ma voix qui n'est pas faite pour la chanson !

Tant pis, n'ayant plus depuis longtemps peur du ridicule, je la mets en ligne...



La nuit s'est noyée (dans ses cheveux fous)

Paroles : Tant-Bourrin / Musique : Traditionnel


Téléchargeable directement ici


La nuit s'est noyée dans ses cheveux fous
Et dans leurs flots noirs, mon cœur échoue
Qui guettait la lumière tendre d'un sourire
Le feu de ses yeux, à en mourir

Ma vie entière est entre ses mains
Mon seul horizon, mon seul chemin
Mène à la porte close de son amour
Où je frappe en vain, jour après jour

Dans ma pauvre âme brûle un mal étrange
Ce rêve de suivre le vol d'un ange
L'adorer en silence, tel est mon sort
A jamais souffrir de mille morts

La nuit s'est noyée dans ses cheveux fous
Et dans leurs flots noirs, mon cœur échoue
Qui guettait la lumière tendre d'un sourire
Le feu de ses yeux, à en mourir





Voilà pourquoi je lance un appel au secours à tous ceux et celles qui savent couiner juste (à l'inverse de moi) : si l'un ou l'une se sent d'enregistrer une version plus écoutable que la mienne, je me ferai un plaisir de la mettre en ligne sur ce billet (je peux même fournir la bande-son pour les non-guitareux ; envois à adresser à blogborygmes(at)club.fr)...

D'avance, merci pour nos oreilles ! :~)

samedi 16 octobre 2010

AndiamoL'attaché-case

Bruno traînait son ennui sur les puces de Saint-Ouen, en ce dimanche un peu frisquet de novembre.

Depuis ce qu’il appelait « le jour », plus rien ne l’intéressait vraiment.

Huit mois, huit longs mois s’étaient écoulés. Il lui arrivait fréquemment de songer à l’ordure qui avait interrompu sa vie. Il l’imaginait en train de se « murger » à nouveau, dans quelques sordides troquets, puis peinard reprendre le volant. Conduire sans permis ne devait pas beaucoup le gêner !

C’était il y a huit mois, Francine et leur petite Adèle avaient pris la route, afin de le rejoindre au Touquet et d’y passer le week-end ensemble. Il y effectuait un déplacement en vue d’installation d’éoliennes dans la région.

Oh ! Pas sur le site de la très « rupine » ville, non : l’hôtel Westminster, le casino, les nantis ayant pignon sur rue, dans celle que l’on nommait « Paris plage » auraient mis leur véto ! Mais elles étaient plutôt destinées à des villes plus « prolétaires » comme d’habitude…

C’est ce que pensait Bruno, ingénieur à EDF, en étudiant les sites de Berck, Fort-Mahon, ou encore Quent-plage, voire Le Tréport, afin d’y implanter en pleine mer les hélices tri-pales, qui serviraient entre autres à alimenter l’éclairage, les jacusis, la piscine surchauffée, les lampes à bronzer du très élégant palace… Justement !

Mais que pouvait un ingénieur, si compétent soit-il, face à des lobbies tels que E.D.F ?

Francine avait emprunté la « A16 ». A l’embranchement de Beauvais nord, une Mégane avait surgit brusquement sur sa droite. Le conducteur, faisant fi de la priorité aux véhicules circulant sur l’autoroute, avait accéléré brusquement.

Afin d’éviter la collision, Francine avait dû donner un brusque coup de volant à gauche. La petite Citroën s’était alors mise à tanguer, puis s’était retournée. La suite… L’embrasement du véhicule, ce sont deux corps calcinés que l’on avait retirés de la carcasse noircie.

Quant au chauffard : deux grammes cinq d’alcool, récidiviste. Verdict : six mois de prison avec sursis, suspension du permis pour deux ans… L’amende ? Insolvable, alors…

Les étals des brocanteurs du marché Paul Bert. Bruno s’y arrête, plus pour tromper l’ennui, que par véritable intérêt.

Il remarque un attaché-case de couleur bordeaux, en fort bel état, quasiment neuf. Devant la poignée, un antivol à six chiffres. Le mien est bien fatigué songe-t-il, ce serait l’occasion de le changer.

- Combien ?

- Pour vous, dix euros ! Mais je vous préviens, je le fais à ce prix parce que je n’ai pas réussi à l’ouvrir, le type qui me l’a vendu avait oublié la combinaison, à ce qu’il m’a dit.

- Sept euros, et je le prends.

- Huit et on n’en parle plus !

Bruno a payé et est reparti avec son joli attaché-case.

Il est venu à pied, il n’habite pas très loin, un joli appartement dans un immeuble neuf, près du carrefour Pleyel. Un quartier rénové, avec de jolis immeubles remplaçant les maisons vétustes d’autrefois. Depuis le séjour, ouvrant sur une magnifique terrasse, il aperçoit l’immense tour en forme de tronc de pyramide.

Je suis le pharaon TOUS A LA MESSE IV, disait-il à sa petite Adèle, en se plaçant le buste de face et le visage de profil, les deux bras tendus en avant, comme sur les bas reliefs égyptiens. Et voici « ma » pyramide !

Alors il lui désignait la tour Pleyel toute proche. Adèle riait aux éclats, découvrant sa jolie bouche édentée, qui avait déjà coûté deux pièces à la petite souris !

Après avoir grimpé les cinq étages, en négligeant l’ascenseur, Bruno arrive chez lui, il pose son acquisition sur le canapé et va se préparer un café.

- Ça va me réchauffer, dit-il à voix haute. Depuis « le jour », il a pris l’habitude de parler haut, ainsi il se sent un peu moins seul !

La tasse dans une main, il s’assied sur le joli canapé de cuir, que lui et Francine avaient choisi, il promène sa main libre sur la petite valise… C’est bizarre, elle est tiède !

Après avoir bu son café, la mallette sur ses genoux, il commence à faire tourner les numéros du verrouillage à combinaisons.

Bien évidemment, le couvercle ne se soulève pas.

- Huit euros foutus en l’air ! s’exclame-t-il au bout d’une demi-heure.

Puis se ravisant, il prend à nouveau l’attaché-case, et forme : 23 03 09. Un petit déclic se fait entendre, il saisit délicatement le couvercle de la mallette, celui-ci bascule sans peine.

Bruno a pâli : ces six chiffres représentent la date du « jour ». Il est littéralement assommé.

Un bon moment s’est écoulé. Il reprend lentement ses esprits, regarde l’intérieur vide de la mallette, il ne voit ni le fond, ni les cotés, car il n’y en a pas !

Par vagues successives, le vide fait place à un décor : d’abord un joli ciel d’été, parsemé de cumulus de beau temps, puis une mer d’un bleu profond, des roches rouges, des pins qui se reflètent dans l’eau transparente, le clapotis des vaguelettes se brisant sur les roches dentelées lui parvient. Une minuscule plage de sable fin est apparue à la droite des jolies roches orangées.

Bruno a reconnu Le Trayas, ce sublime coin de côte d’azur entre La Napoule et Saint-Raphaël.

Ils s’y étaient rendus tous les trois, deux ans auparavant, leur fillette était encore à la maternelle, ils avaient pris deux semaines de congés en juin.

- Ce sera la dernière fois que nous pourrons le faire, avait déclaré Bruno, ensuite Adèle entre en C.P, alors plus question de lui faire manquer l’école !

La fillette et sa mère sont à genoux sur le sable. Par moment, les vaguelettes mouillent leurs pieds. Elles construisent un château de sable. Qui de la mère ou de la fille s’amuse le plus ? Elles rient aux éclats…

Bruno sent le soleil sur sa peau, il entend la mer qui claque doucement contre les rochers, il sent l’odeur des pins surchauffés, le chant d’une cigale lui parvient, la toute première songe Bruno, il étire paresseusement son corps bronzé, se dirige vers ses deux « femmes »….

Trois jours se sont écoulés, les collègues de Bruno, employés d’EDF comme lui, commencent à s’inquiéter, son « fixe » ne répond pas, pas plus que son portable. Un collègue est passé à son domicile, la porte est verrouillée et Bruno n’a pas répondu.

Craignant un malheur, ils sont allés au commissariat, faire part de leurs craintes.

Le commissaire Branchois, flanqué d’un huissier et du lieutenant Leteil, sont allés au domicile de Bruno. Après avoir sonné et tambouriné comme des malades, ils ont demandé au concierge, détenteur du double des clés, de procéder à l’ouverture.

La pièce est parfaitement en ordre, sur la table basse face au joli canapé de cuir, une tasse vide. La marque noire au fond de la tasse, laisse présager qu’il s’agit de café.

Sur le canapé, un attaché-case bordeaux est fermé. Sous la poignée, un barillet à six chiffres. Machinalement, Branchois a essayé de l’ouvrir… En vain.

L’appartement a été exploré minutieusement : aucune trace de départ, les valises sont là, les vêtements sont en place.

Bizarre, murmure le commissaire.

- Leteil !

- Oui, commissaire ?

- Ramasse la mallette, peut-être nous apprendra-t-elle quelque chose ?

Leteil est un vieux garçon, il vit seul, depuis le décès de sa chère Maman, voici trois mois...


Daguerréotype : Andiamo.

mardi 12 octobre 2010

Saoul-FifreGentil coquelicot

Tiens, une comptine pour adultes ? Y avait longtemps... Je crois que c'est la 16 ième, si vous voulez lire ou relire les autres, vous tapez "Comptines pour adultes" dans la fenêtre de recherche, mais il en manque, elles doivent se cacher.

La pudeur, sans doute.

L'original est

Andiamo m'a fait l'immense plaisir et l'honneur d'interpréter cette bluette, ou plutôt cette "rougette", de sa voix chaude et con vainc cul. Comme je ne suis pas un rat, je vous en fais partager l'écoute (sans vous la brouiller) :

Gentil coquelicot

J'ai descendu dans vos jardins
J'ai descendu dans vos jardins
Pour y cueillir vos fruits coquins.

Juteux vos clitos, Mesdames
Juteux vos p'tits abricots.

Pour y cueillir vos fruits coquins
Pour y cueillir vos fruits coquins
Et vous y sucer le lupin.

Juteux vos clitos, Mesdames
Juteux vos p'tits abricots.

Pour vous y sucer le lupin
Pour vous y sucer le lupin
Et vous brouter le cresson nain...

Juteux vos clitos, Mesdames
Juteux vos p'tits abricots.

Pour vous brouter le cresson nain
Pour vous brouter le cresson nain
Et encor' bien d'autres larcins...

Juteux vos clitos, Mesdames
Juteux vos p'tits abricots.

Encore bien d'autres larcins
Encore bien d'autres larcins
Grivèlerie de meurt-de-faim...

Juteux vos clitos, Mesdames
Juteux vos p'tits abricots.

Grivèlerie de meurt-de-faim
Grivèlerie de meurt-de-faim
Bec fin fourré dans vos festins...

Juteux vos clitos, Mesdames
Juteux vos p'tits abricots.

Bec fin fourré dans vos festins
Bec fin fourré dans vos festins
Exquis, sucrés, friands, sanguins...

Juteux vos clitos, Mesdames
Juteux vos p'tits abricots.

Exquis, sucrés, friands, sanguins
Exquis, sucrés, friands, sanguins
Mangez, buvez votre prochain...

Juteux vos clitos, Mesdames
Juteux vos p'tits abricots.

Mangez, buvez votre prochain
Mangez, buvez votre prochain
Prêchez-vous sur le traversin...

Juteux vos clitos, Mesdames
Juteux vos p'tits abricots.

Vous prêchez sur le traversin
Vous prêchez sur le traversin
Car ceci est mon corps divin...

Juteux vos clitos, Mesdames
Juteux vos p'tits abricots.

Car ceci est mon corps divin
Car ceci est mon corps divin
Un doux fruit sans un seul pépin...

Gouteux vos clitos, Mesdames
Crémeux, vos si bons gateaux.

vendredi 8 octobre 2010

Tant-BourrinLe Blogbodico (12)

Je sais bien qu'entre Alzheimer et l'encéphalite spongiforme bovine, votre mémoire est soumise à rude épreuve, aussi l'avez-vous peut-être oublié : j'ai déjà commis onze tomes du Blogbodico, le dico qu'il est beau. J'en veux pour preuve les onze billets (oui, oui, un par tome, vous avez tout compris !) que vous pouvez aller consulter à titre de rattrapage ou de compensation des effets des maladies susnommées ici : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 et 11.

Les plus goupils parmi nos lecteurs auront compris que, si je vous parle de ça, ce n'est pas pour enchaîner sur le bulletin météo du jour mais bien pour vous présenter un douzième tome.

Et, puisqu'il est ici question de culture, je conclurai cette courte introduction par un dicton bien connu des bouseux fiers représentants de la gent agreste : "Tome douze, bonne bouse"... J'en connais qui vont attendre le tome treize avec impatience !




Arthristique : (adj.) Qui a rapport à l'art ou au sens esthétique chez le troisième, voire le quatrième âge. Les concours de patinage arthristique se terminent en général par des fractures du col du fémur.


Casse-toi-niet : (n.m. inv.) Refus de la part d'une personne de sexe féminin de céder aux avances d'un gros lourd. Pop. : veste, râteau, vent. Quand ils ne recueillent que des casse-toi-niet, les dragueurs éconduits en sont généralement réduits à se gratter la guitare.


Cure-temps : (n.m. inv.) Rémission, guérison apportée par les vertus curatives du temps qui passe. Quand on a un mauvais souvenir coincé entre deux neurones, rien de mieux qu'un cure-temps !


Entubeurculose : (n.f.) Douleur rectale à tendance infectieuse, provoquée par une politique économique et sociale inique. Au début du troisième millénaire, l'action politique de Nicolas Sarkozy provoqua tant de cas d'entubeurculose qu'il fallut faire appel au Fion Monétaire International.


LacrymOGM : (adj.) Issu de produits transgéniques et qui provoque des larmes. Lors de la dernière manifestation anti-OGM, les CRS ont utilisés des gaz lacrymOGM : les manifestants se sont mis à pleurer des larmes bleues phosphorescentes, on a pu les tracer jusqu'à leur domicile quand ils se sont enfuis.


Machine à tripoter : (n.f.) Nom parfois donné aux godemichés. Ta machine à tripoter, elle pue l'ovaire !


Multicrise : (n.f.) Succession rapprochée de crises économiques donnant à penser qu'on n'est pas sortis de la merde. - Crise asiatique, crise internet, crise des subprimes, et puis quoi encore ? - C'est vrai, c'est une multicrise éclectique !


Ordinatoire : (adj.) Qui fait office de dîner dans un milieu de geeks. Un buffet ordinatoire est généralement à base de pizza froide et de paquets de Pépito, le tout accompagné de discussions techniques sur la dernier applet pour Iphone ou sur un quelconque gadget à la mode. Syn. pour les non-geeks : purge.


Pas-tinette : (n.f.) Fait de ne trouver aucun lieu d'aisance alentours pour soulager une envie d'uriner. Antonyme : trop-tinettes. On va généralement beaucoup plus vite en pas-tinette qu'en trop-tinettes.


Raie-au-sol : (n.f.) Position d'une personne assise à même le sol. La raie-au-sol ayant tendance à comprimer le volume intestinal, elle peut provoquer des émissions fortuite de méthane, connues sous le nom d'effet à raie-au-sol. Beurk, ça schlingue ! Une vraie bombe, la raie-au-sol !


Roussethon : (n.m.) Opération caritative destinée à lutter contre la raréfaction des rousses dans la population féminine. Et pour le roussethon, qui quête ?


Teubprime : (n.f.pl.) Problèmes érectiles auxquels les acteurs des marchés financiers sont confrontés après l'effondrement des valeurs boursières. Crise des teubprimes : problèmes de couple que les teubprimes finissent immanquablement par générer. Quelle débandade, cette crise des teubprimes : les petits traders n'arrivent plus à avoir de petites raideurs !

dimanche 3 octobre 2010

AndiamoSlam (billet à 4 mains)

Dans ma Caïffa trois chiens, j’écoutais un « CD » de l’ami Georges.

Bien sûr, j’avais déjà entendu le poème d’Antoine Pol, mis en musique par MONSIEUR BRASSENS : « les passantes ». Mais ce jour-là, j’ai appuyé sur le ch’tiot bouton situé à tribord de la barre, afin de le réentendre. Et puis, comme c’était gratos, j’ai recommencé, encore et encore !

In petto je me suis dis : voilà un poème qu’il est beau ! AH ! Le beau billet que ça ferait….

Alors je me suis raclé la gorge et j’ai « slamé »… Enfin j’ai fait ce que j’ai pu ! Puis j’ai dessiné quelques Madames… Il y a même des blogueuses : Françoise et Laurence. Enfin, si elles se reconnaissent, car j’espère ne pas les avoir massacrées !

Ceci fait, encore faut-il mettre tout cela dans le blog… En pareil cas, je fais appel à TANT-BOURRIN :

- Salut mon n’veu ! (vu qu’il m’appelle onc’Andiamo) Ça te dirait de bosser un peu ?
- HEU….Ben tu sais, en ce moment j’ai pas mal de bou….
- AH ! Merci, je savais que je pouvais compter sur toi !

Alors j’envoie en vrac : quelques crobards mal cadrés, une bande son pourrie, etc.

Charge à lui de tout remettre en ordre, de monter, synchroniser et enjoliver tout ça !

Il s’en tire bien le bougre : merci à lui.

Allez : on clique ? Voilà.... Un peu de douceur en ces périodes moroses :