Saoul-Fifre

Blanche a passé l'âme à gauche ce 8 décembre 2011 et est redevenue poussière, selon sa demande, hier Mercredi.

Blanche, c'était notre Calune, commentatrice fidèle devenue billetiste puis amie. Nous lui devons, à elle et à son compagnon Billy, quelques billets et plein de chansons. Pour se rendre compte de son influence au sein de Blogbo, vous pouvez taper "Calune" dans notre fenêtre de recherche ou cliquer sur ce lien. Nous passions notre temps à la citer, à la prendre à partie, à la taquiner, à lui dédier des chansons, à elle ou à sa fille, la Calunette.

Et elle n'est plus là. Elle ne fera plus de recherches Google, elle n'écoutera plus Jean Ferrat, ne lira plus Aragon, ne crispera plus les poings en pensant à Sarko, ne regardera plus de films d'art et essai...

Elle s'appelait Blanche... Je me suis donc servi de cette mélodie pour lui faire un de ces pastiches où elle était passée maitresse. Même si Pierre Perret ne faisait pas du tout partie de son Panthéon personnel. Elle était plutôt Ferrat, Rezvani, Chelon, sans oublier les Poppies.


Blanche

(Téléchargeable directement ici)

Blanche, notre Blanche...
A peine es-tu venue
Que tu nous abandonnes
Sur un malentendu...

La confiance est de mise devant la jeunesse
Et nous comptions sur toi, question longévité
D'autant que tu n'avais rien d'une pècheresse
Ni en alcoolémie ni en trucs à fumer...
On dit : "les maladies aiment les malheureuses"
Mais là tu rayonnais, pouponnant ton bébé
Nageant dans le bonheur, tu étais amoureuse
Du papa du petit, qui lui aussi t'aimait.

Blanche, notre Blanche...
A peine es-tu venue
Que tu nous abandonnes
Sur un malentendu...

Tu m'as fait un sacré cadeau d'anniversaire
En m'annonçant, en Mars : "Le crabe m'a pincé
Les meilleurs professeurs savent pas trop quoi faire
Même l'ami Google, grimaçant, m'a glacé."
Quand la réalité devient inadmissible
On s'accroche, assommé, même au fil du hasard
Mais la flèche têtue n'a d'yeux que pour sa cible
Malgré les rémissions, la morphine et l'espoir.

Blanche, notre Blanche...
A peine es-tu venue
Que tu nous abandonnes
Sur un malentendu...

Tu as tenu le coup tant que ce fut possible
Ta fille et ton petiot, tu les a protégés
Difficile souvent de paraitre paisible
Mais tu nous régalais de ton humour léger
Un mot de toi, un rire, et puis c'était la fête
On savait, oui mais on préférait se leurrer
De nuit, tu as filé, un peu comme en cachette
Et nous restons ici, démunis, à pleurer.

Blanche, notre Blanche...
A peine es-tu venue
Que tu nous abandonnes
Va, Blanche... On te salue.


Tant-Bourrin

Il y a quelques jours, l'aube ne s'est pas levée. Ou plutôt, devrais-je dire, le simulateur d'aube, qui m'assure des réveils en douceur depuis bien des années sans jamais faillir, ne s'est pas déclenché, ce qui m'a valu un réveil tardif avec une heure de retard.

Etrange, me suis-je dit : après vérification, tout était bien réglé pour fonctionner et, d'ailleurs, le très infime grésillement de l'appareil indiquait bien qu'il était en phase de fonctionnement. Ampoule grillée ?

Toujours est-il que je partis ce jour-là bosser avec ce sombre pressentiment qui s'insinuait insidieusement en moi : Blanche n'était plus.

C'est presque sans surprise que j'en reçus la triste confirmation quelques heures plus tard via un mail de Saoul-Fifre.

Bien sûr on savait le dénouement inévitable, bien sûr ses chairs meurtries par le crabe la martyrisaient depuis des mois, bien sûr c'était sûrement mieux que cet océan de souffrance que les soins palliatifs peinaient à endiguer, bien sûr... Mais putain, qu'est-ce que ça a fait mal !

Blanche, c'est un vent d'énergie, de subtilité et d'humour qui s'est mis à souffler sur Blogbo en janvier 2007, lorsqu'elle a posé son premier commentaire sur ce billet. Quatre années ou presque d'une fidélité indéfectible, qui mit beaucoup d'essence dans le moteur poussif de notre créativité déclinante. Quatre années qui la virent se joindre à nous pour quelques billets que je ne peux aujourd'hui plus lire où écouter sans qu'un rideau mouillé ne tombe sur mes yeux...

Et puis vint cet été et le choc, quand je la revis au pique-nique Blogbo. Les ravages du mal étaient déjà visibles. Tout, d'un seul coup, se déchirait : les rires, les pensées, les cœurs...

Dans les semaines qui ont suivi, malgré la douleur, malgré ses secondes qui devenaient si précieuses, elle a tenu à continuer à échanger par mails, jusqu'au bout.

Elle m'y a conté la douleur, la nausée, l'horreur de la chimiothérapie et son refus final de poursuivre le traitement pour profiter du peu de temps qu'il lui restait.

Quand elle me parlait de Blogbo et que je lui confiais en retour que, pour le coup, je n'avais plus aucune envie d'écrire, elle me répondit :

Mais j'espère que ce que tu m'écris là, c'est seulement sous le coup de l'émotion. Quand je serai partie, ce sera pareil qu'avant, hein. Il y aura toujours des lecteurs, des gens qui seront heureux de passer sur blogbo et de s'y marrer, le matin au début de leur journée de boulot plus ou moins tristounette, enfin quoi, la vie continuera - comme dit Saoul-Fifre (et sûrement d'autres avant lui ;-)) : "la mort, c'est la vie !" C'est si vrai... Je fais tous les efforts possibles pour convaincre Billy de tout faire pour conserver sa bonne humeur, sa joie de vivre, et être heureux, même "après", pour que les enfants puissent grandir en ayant ce droit, pour que mon absence ne les empêche surtout pas de rigoler et de croquer la vie à belles dents ! Je sais bien que ce ne sera pas facile, mais j'ai besoin de penser qu'ils pourront continuer à vivre heureux, et le reste du monde avec - blogbo par exemple.
J'espère donc que, ne serait-ce que pour me faire plaisir, tu continueras à bloguer dans la légèreté, l'insouciance et la bonne humeur qui font le sel de Blogbo - sans déconner, si tu savais ce que mon arrivée par hasard sur votre blog m'a apporté... des amis comme une vraie famille, plein de belles choses, de chansons, de rires, de ce qui fait la vie belle ! Toutes ces journées de boulot pénibles que j'ai supportées grâce au billet du matin..."
[nb : j'ai remplacé les vrais prénoms par leur pseudo sur Blogbo]

Puis elle enchaînait sur des choses plus légères, demandait des nouvelles de la famille, du prochain billet, plaisantait sur tout (pour ne pas pleurer, je le crains).

Et puis vinrent ses tous derniers messages :

Un petit coup de mou qui s'accélère (non, s'il te plaît, ne me demande pas ce que c'est que du mou qui s'accélère... :-§)

Après avoir finement détecté que mon dernier billet lui était dédié ("Dis donc tu m'as gâtée, pour ce tour de billet ! On le croirait tricoté pour moi, sans blague..."), elle me conta l'arrivée prochaine du poêle dans la maison :

Je me demande si Gisèle ne pourrait pas faire un petit feu avec son ustensile, là, vu qu'il commence à faire frisquet ? Concours de circonstances, le gars mandaté par Leroy-Merlin pour nous installer un poêle arrive tout droit ici dans l'heure... quand je disais que je rêvais de le voir installé de mon vivant, misère, je ne pensais pas rater d'un cheveu, ce serait quand même dommage ! :-\

Et ce tout dernier message se concluait par ses quelques mots :

Allez, on croise les métacarpes et on y croit ! :-)

C'est toute Blanche qui est résumée dans cet ultime smiley final.

Aujourd'hui, je la pleure comme la pleurent tous ceux qui ont eu la chance de la connaître, et je pense très fort à Billy, à la Calunette et au petit Bilune...

Mais je ne peux m'empêcher d'imaginer, après avoir constaté, à mon retour, le soir, que l'ampoule n'était pas grillée et que le simulateur d'aube fonctionnait parfaitement, que Blanche a voulu m'adresser un ultime clin d’œil en mettant à mal mon esprit scientifique et qu'elle rirait bien de me voir aujourd'hui verser dans ces croyances, elle dont le rationalisme était à toute épreuve : "voyons, gros nigaud, tu savais que j'étais depuis peu dans le coma, que la fin était imminente, tu guettais juste le moindre incident pour y voir un signe, alors qu'en temps ordinaires tu n'y aurais même pas prêté attention !"

Oui, je sais, Blanche, c'est con. Mais punaise, qu'est-ce que j'ai envie d'y croire quand même !


Manou

Il m'a fallu lire plusieurs fois ton mail du 8 décembre, pour comprendre ton départ.

Plus tard, Saoul-Fifre m'a précisé que tu étais depuis un moment déjà en prise avec le crabe.


Il y a justement une dizaine de jours, je pensais à toi. Je me disais qu'il fallait que je t'écrive. Et tu vois, ce geste fut remis à plus tard, comme le sont tant de gestes destinés à ceux qui nous importent. Tu vois, c'est même toi qui as écrit la première...


La première image qui me vient, quand je pense à toi, est un ciel de nuit étoilé.

La seconde image, celle de ton visage au soleil, dans la cour d'une maison, chez Saoul-Fifre, à Saint Léo.

Je me souviens parfaitement de ce week-end que le Souf et Anne ont permis. Nous avons parlé photos et choses de la vie. Je me rappelle d'une jeune femme entière, naturelle, exigeante et curieuse.


Le dernier message que j'ai de toi, avant celui du 8 décembre, date de septembre 2011. Depuis nous n'avons plus échangé ni mots, ni photos.

Tu écrivais ceci : "J'espère qu'on aura l'occasion de se revoir un jour ! : ) ".

A bientôt, Blanche.


La Poule



Françoise

Pendant deux ans, je ne savais pas qui était Blanche, mais je lisais les commentaires de Calune sur Blogborygmes, comme un souffle de vie et d’humour. De tendresse aussi, transparaissant à travers les lignes. Pudique. Et puis il y a eu ce superbe billet , racontant comment, de Rezvani à Bilune, une série d’événements irrésistibles avaient conduit Calune vers Billy, et donné vie à leur magnifique petit garçon. Ce jour-là, sans l’avoir jamais vue, elle est devenue pour moi une fille réelle, débordant d’un tel bonheur que j’en avais été très émue, comme tous ceux qui ont lu ce billet, je crois.

L’été dernier à Meudon, lors du pique-nique Blogbo, Blanche était déjà malade, mais ni elle ni personne n’en a parlé. J’avoue m’être sentie tiraillée entre l’envie de la serrer dans mes bras et la discrétion qu’imposait son silence. J’ai admiré qu’elle ose affronter seule le cancer, à mains nues, en sachant qu’il finirait par gagner, tout en me demandant si j’avais bien fait de ne rien dire…

J’ai très souvent pensé à elle ces derniers mois. En lisant les commentaires qu’elle laissait sur tel ou tel billet, j’espérais un mieux, un répit dans la maladie. Ce n’était pas le cas, hélas… mais l’humour et l’énergie de ses derniers commentaires sont les mêmes que ceux qu’elle manifestait avant d’être malade. Le cancer a emporté Blanche trop tôt, bien trop tôt. Mais comme le sourire du chat de Cheshire, l’humour et la tendresse de Calune flotteront toujours dans l’air et dans nos cœurs.


Andiamo

Je viens de lire dans « l’interface » les jolis mots de : Françoise, Manou, La Poule, Saoul-Fifre, et Tant-Bourrin

Je ne voulais pas écrire, je ne sais pas bien faire ça, trop de pudeur sous des allures « d’affranchi ».

Je ne sais pas pleurer non plus, tant mieux ou tant pis, je ne sais. Mais, lorsque au cours du pique-nique « Blogbo », je t’ai vu, Blanche - Blanche la bien nommée hélas !

Pour la première fois depuis bien longtemps j’ai eu du mal à déglutir, la grosse boule au fond de ma gorge sans doute.

Et puis j’ai vu Billy et votre « Bilune », le premier bébé Blogbo, quel enfant magnifique ! Allons Blanche, tu laisses à ceux que tu aimes ce dernier et magnifique cadeau. Un petit garçon débordant d’énergie, que j’ai eu le plaisir de tenir par les mains pour lui faire faire quelques pas. Tu laisses aussi à ce petit garçon une "Calunette", sa grande sœur, et à ces deux enfants un Papa attentionné.

Blanche aimait la mer et les bateaux, elle me l’avait écrit dans un de ses commentaires en 2009.


Le lundi 4 mai 2009 à 09:30, par calune
Ah, tes bateaux ! Et cette façon que tu as de tracer les flots...
M'enfin c'est pas sympa de me redonner envie de vacances là tout de suite. :-s


Pour toi Blanche ces deux dessins :

- Le premier la mer que tu aimais tant !



- Le second, ce Clipper, le "CUTTY SARK", magnifique voilier. Qu'il t'accompagne au cours de ton long voyage...


(ch'tiots crobards Andiamo)