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lundi 7 octobre 2019

FrançoiseDieu et la queue.

DIEU ET LA QUEUE (avant la prochaine manif sur les retraites)

Dans la droite ligne de la précédente chronique sur l’ornithorynque, poursuivons l’étude des démêlés de Dieu avec le monde, ce qu’on pourrait appeler l’angoisse de la création.

Or donc, Dieu examinait quelques-unes de ses créatures. Il était assez fier du kangourou avec sa poche sur le ventre et ses testicules en cuir fin et décida de ne l’implanter qu’en Australie, Tasmanie et îles voisines, rien que pour faire chier et rendre jaloux les autres humains. Dieu avait compris avant tout le monde- normal puisqu'il était là avant tout le monde- la force du dicton « diviser pour régner ». Mais zappé le fait qu’en créant ensuite l’Homme à son image, il exposait l’univers à une application exponentielle de ce principe belliqueux pouvant mener à la Guerre des Etoiles. On a beau être divin on ne prévoit pas toujours tout…

Le Créateur saisit entre ses augustes mains un de ces macropodidés- nom de famille du kangourou, signifiant « grand pied »- et le posa sur son établi où il se cassa illico la figure. "Y a quelque chose qui cloche là-dedans, j’y retourne immédiatement » chantonna Dieu en notant dans son carnet de croquis : « Penser à inventer Boris Vian ».

La réflexion divine fût courte mais bonne : il suffisait de doter le kangourou d’une queue suffisamment vigoureuse pour équilibrer l’animal, qui s’en servirait comme d’un trépied en posture statique, et d’un balancier pour la course, et de lui donner cette ineffable expression intellectuelle qui réjouit les âmes innocentes. « La queue, voilà le secret ! » se dit Dieu à lui-même car il créait dans la solitude de son atelier et ne supportait pas qu’on le dérangeât. Adam et Eve jouaient à Dieu sait quoi (mais il ne le dira pas) dans le jardin d’Eden, tandis que le créateur peaufinait ses bestioles : eh oui, contrairement à une idée reçue, l’Univers et ses accessoires ont demandé moult évolutions, degré de cuissons différents et réflexions sur les couleurs avant d’être.



Dieu saisit ensuite le Castor qui avait une bonne tête avec ses dents du bonheur, et pris d’une inspiration soudaine lui offrit une queue en forme de raquette, idéale pour tasser la glaise avec les brindilles, ce qui incita illico le rongeur à construire ses barrages et terriers en s’aidant de ladite queue, preuve que si la fonction crée l’organe, l’inverse existe aussi.

Pour le cochon, dans lequel tout est bon, la queue ne posait aucun problème existentiel au Créateur qui se doutait que l’homme trouverait un moyen de la cuisiner et effectivement Dieu goûta et il dit que cela était bon. Même si une recette totalisant près de 1000Kcal par portion avoisine le péché mortel…



Par mesure de rétorsion face à un animal dont l'universalité menaçait de le concurrencer, le créateur le dota cependant d’une queue en tire-bouchon extrêmement énervante car totalement inutile dans cette fonction d’ouvre bouteilles, je ne sais si vous avez essayé, mais CA NE MARCHE PAS ! Il restait sur l’établi moult modèles de queues : queue en panache pour l’écureuil roux européen, queue en éventail du paon… Dieu bricola quelques instants, puis, n’y tenant plus, appela Eve. « Regarde, Eve, j’ai créé un animal très rigolo, je l’ai appelé le chien. – Rigolo, pourquoi ? interrogea Eve que le regard du caniche n’émouvait guère. –Tu vas voir : je le caresse, comme ça, et hop ! Il remue la queue. Je viens de créer une fonction totalement inutile, une queue qui remue quand l’animal est content : c’est unique, n’est-ce pas ? –Je n’en suis pas sûre, répliqua Eve avec un sourire si mystérieux que Dieu s’empressa de noter dans son carnet de croquis : « Inventer Mona Lisa. »

dimanche 27 janvier 2019

AndiamoLa déforestation.

Vous n'imaginez pas (moi non plus) les ravages occasionnés à cause de la déforestation. Les orangs-outans de Bornéo, les Koalas des forêts australiennes, les pandas Chinois, les gorilles du Congo Kinshasa... Etc... Etc.

Mais le plus grave, le plus alarmant, le plus déchirant, c'est sans contestation la disparition du MORPION, le Morback, le pou du pubis !

Et tout ça à cause de l'épilation , le maillot, le ticket de métro assassin, finie la grande motte, le triangle des Bermudes, le persil dépassant du cabas, la chicorée frisée, la broussaille féérique, la pelouse magique, le tablier de forgeron. Qu'aurait été "le con d'Irène" de ce bon Monsieur Aragon, sans cette touffe de noir Jésus chantée pas Léo Ferré ?

Idem concernant le tableau de Gustave Courbet "L'origine du monde" , vous imaginez une savonnette en lieu et place du superbe buisson ?

Et enfin que serait la chanson de Saoul-Fifre, sans ce bouquet où s'accrochent nos rêves les plus fous ?

On ne chantera plus le "De profundis morpionibus" :

Un jour de fête comme Sainte Thérèse...

à Sainte Gudule disait la messe.

Elle ressentit subitement

Un énorme chatouillement

Six cents mille poux de forte taille

Sur son vieux con livraient bataille

à un nombre égal de morpions

Armés chacun d'un poil de con...

Et bien voilà, plus de poils, plus de morpions, plus de morpions plus de batailles : C.Q.F.D.

Cette information, je la dois à l'un des deux toubibs qui officient chaque matin sur R.T.L, habituellement ils m'apprennent à tour de rôle, comment je dois manger, boire, dormir, et baiser ! Mais ce matin là, pour une fois, je dis bien pour une fois, je me suis marré, Comme quoi il ne faut jamais désespérer, même des cons.

vendredi 6 juillet 2018

AndiamoHou les cornes !

En cette période de (grosse) chaleur si on parlait de bêtes à cornes... Les escargots ? Afin de narguer les footeux je pourrais dire comme certains sur le terrain ! Mais ça n'est pas mon genre, pas de ça chez moi.

"Les escargots meurent debout" avait écrit le regretté Francis Blanche, dans les années soixante, c'était le titre d'une pièce écrite par luiu même et z'en personne, yes Madame.

Plus modestement j'ai commis ce qui suit histoire de se détendre un peu, et puis ce sont les vacances n'est il pas ?

Je m’appelle Herma… Meuh non pas Emma comme cette pauvre héroïne de Monsieur Gustave, moi c’est HERMA, Herma Phrodite, mi-figue, mi-raisin, mi-fille, mi-gamin, tantôt bique, tantôt bouc, je connais les impatiences du mâle, et les langueurs de la femelle, un jour Papa, un autre Maman, il y a belle burette que nous les gastéropodes avons résolu l’épineux problème du mariage pour tous !

Je m’accommode de tout ou presque, beurre à l’aïl, sauce piquante, on me trempe dans l’huile, on me trempe dans l’eau, je suis toujours un escargot tout chaud, les petits me chantent de jolies chansons :

- Escargot d’Bourgogne,

- Montre moi tes cornes

Je sais que ce blog fourmille de "grosses tronches", qui pourrait me dire si la force de Coriolis s'applique pour les escargots ? Dans l'hémisphère nord les spirales de nos coquilles s'enroulent dans le sens des aiguilles d'une montre, s'enroulent elles dans le sens contraire dans l'hémisphère sud ? Un escargot ça n'est pas très véloce et franchement je n'aurai pas le temps d'aller vérifier !

Un truc me chiffonne, quand vous dites " hou les cornes ", c’est joli des cornes, vous avez vu les nôtres ? Tendrement enlacées quand nous faisons l’amour, chez nous le geste amoureux c’est langueur et tendresse, pas le coït brutal façon araignée qui bouffe son mâle après l’étreinte… Pouah !

Nous avons fait nôtre le proverbe italien : "che va piano va sano, e va lontane " depuis des millions d’années nous sommes là, je n’irai pas à la facilité en disant : " nous en avons bavé " d’autres ont donné dans cette banalité, mais point chez Blogbo, où comme le souligne Célestine en parlant de Saoul-Fifre et moi : "vous êtes des poètes" !

samedi 30 juin 2018

celestineQuestion existentielle, subsidiaire et plantigrade

A la piscine, après sa baignade,

est-ce qu’un ours mouillé

a le droit d’emprunter

la sortie de « sec ours » ?

lundi 17 juillet 2017

AndiamoAvant.

- Comment tu as dit qu'elle s'appelait cette grosse bête ? Un rhino féroce ?

- Mais non un rhinocéros !

- C'est rosse parce que c'est méchant, et si c'est méchant c'est féroce, c'est bien kèskejedisais...

- Ce que je disais !

- Et celle là avec son grand cou c'est une rivache ?

- Non une girafe.

- Et l'autre avec sa cinquième patte devant, c'est un éfélant.

- NAN, un éléphant, et puis ça n'est pas une patte mais une trompe.

- Une trompe, pour tromper qui ? Et ça bouffait quoi toutes ces bestioles ?

- De l'herbe, des feuilles...

- Comme dans mes cahiers ?

- Mais non des feuilles qui poussaient dans les arbres.

- C'est quoi un arbre ?

- Ecoute Lucie, va jouer dehors, mais pas longtemps, n'oublie pas ton respirateur, ainsi que ta combinaison antiradiations...

(ch'tiot crobard Andiamo, l'aînée de mes p'tites fillottes)

mardi 6 juin 2017

AndiamoLa corrida

Je me souviens que notre amie "La Poule " n'aimait : Ni Brel, ni Ferré, ni Ferrat, Cabrel non plus, Brassens je ne me souviens plus, Et Chelon je n'en parle même pas ! Ah les empoignades avec Calune, une inconditionnelle de Chelon, elles nous faisaient bien marrer, et elles aussi se marraient bien.

Je rejoins La Poule pour Cabrel, je ne l'aime pas non plus, tant pis pour ses fans.

Toutefois au milieu de toutes ces chansons, une m'a emballé "LA CORRIDA" ...



J'ai assisté une fois à une corrida, et j'ai eu la même impression que Cabrel, lorsque le taureau est entré dans l'arène, il pensait s'amuser, et puis sont venues les banderilles, ça ne suffisait pas, le taureau était encore bien trop fougueux, alors sont venus les picadores, avec leurs lances, au bon endroit afin de saigner la bête, l'affaiblir, avant qu'arrive le danseur en ballerines...

Pauvre bête elle saignait comme un goret, avouez que pour un taureau c'est descendre bien bas, ce jour là le taureau ne voulait pas mourir, le torero était sans doute trop maladroit pour porter l'estocade fatale, et bien ils ont abattu la bête au révolver !!! AUTHENTIQUE ! C'était en 1963 à Andorra la Vella.

Ce serait trop simple de s'arrêter sur ces images pourries, la corrida c'est aussi autre chose, des milliers d'aficionados...

Me reviennent en mémoire ces paroles d'une chanson interprété pa Dalida intitulée "El Cordobès"

Puis vînt l'instant de ton premier combat

L'ombre et la lumière dansaient sous tes pas...

Tolède, Barcelone, Séville, Linarès,

Que le chemin fut long Manuel Bénitez.

Avant qu'on ne t'appelle "El Cordobès".

Alors j'ai cherché sur internet qui était vraiment "El Cordobès", comme beaucoup de toreros, il était issu d'un milieu très pauvre, comme le chantait Jean Ferrat :

Allons laissez moi rire

Quand le toro s'avance

Ce n'est pas par plaisir que le torero danse

C'est que l'Espagne a trop d'enfants pour les nourrir

Qu'il faut parfois choisir

La faim ou le toro.

Il n'était pas trop apprécié des "puristes", pensez donc, un jour il a même enfourché un taureau, à la manière d'un cheval, s'en servant de monture ! D'ailleurs il disait : "Je ne torrée pas, je fais des trucs avec le taureau" !

Son "truc" favori était "« El salto de la rana » (« le saut de la grenouille »). Il se mettait à genoux devant le taureau, lui présentant sa muleta par un côté, puis il sautait en l’air, se retournait pendant son saut, et présentait alors la muleta de l’autre côté !

Sur la vidéo on voit très bien ce saut peu académique. A 77 ans il est redescendu dans l'arène et a torée encore, incroyable ! Souplesse, maestria, tout était encore là !

Je ne cherche pas à convaincre, ni à désapprouver, la tauromachie est l'affaire de chacun, en Espagne cela fait partie de leur culture la plus profonde.

Le soleil, les clameurs, le défi d'un homme de 70 kilos face à une bête de 500 kilos, et bien il faut tout de même avoir les cojones bien accrochées !

Enfin je lève mon verre de Xérès à Manuel Bénitèz "El Cordobès" et à Manuel Rodriguez Sanchez "Manolete" mort à Linarès, encorné par le taureau "Islero" en 1947, la corne lui avait sectionné l'artère fémorale, il n'avait pas survécu.

(Ch'tiots crobards Andiamo pour Blogbo)

lundi 1 mai 2017

BlutchUne vie de chien

Girobus : En voilà un qui n’a pas usurpé son blase…

C’était un clébard comme on ne peut plus en faire . Bâtard de souche Bouvier appenzellois, il n’acceptait aucune contrainte, aucune restriction à sa liberté de mouvement, et pourtant... ce n’était pas mon chien.

Déjà petit il se fit une belle réputation de mauvais coucheur lorsque sa maîtresse voulu le caser chez-elle pour faire sa virée en ville. Quelle ne fut pas sa surprise de voir Girobus rappliquer à la terrasse du troquet où elle s’appliquait à refaire le monde.

Au retour dans ses pénates, elle comprit la chose et sa douleur : Girobus avait bouffé le bas de la porte en chêne (SVP) pour se barrer par le trou. Forte de cette expérience, la patronne à Girobus choisit prudemment de le laisser libre de ses mouvements.

La vie de ce chien fut ainsi émaillée de petites aventures particulières. Puisqu’il fit deux fois l’objet d’un article dans les journaux locaux, je les reproduis ici :

Impartial, le 5 mai 1987

Girobus le chien de la marge

Il y a les petits roquets mondains, l’espèce canine de concours ou de performances. Les gardiens ou les cabots. Et puis, il y a Girobus, le chien barjo, cleptomane et clochard. Girobus fait du stop (mais il est prudent), il va à l’apéro et prend le bus tout seul. Tellement assimilé à l’humain qu’il l’a imité. Cessons tout mystère, Girobus est devenu le personnage de la vieille ville de N. Si vous le saluez, vous êtes du coin…

Girobus a tout d’abord été gagné comme lot dans une foire. Déposé à la SPA, il a été recueilli par celle qui partagea sa vie. D’emblée le chien fit des siennes.

« Tout petit, il piquait des crises d’épilepsie, raconte sa patronne, __et ne supportait pas de rester enfermé. Il a démoli plus d’une porte pour fuguer. Il hurlait. Combien de fois je l’ai retrouvé au poste de police, à la SPA. Amendes pour vagabondages, blâmes, regards inquisiteurs des voisins et des « amis des bêtes ». Girobus m’a fait passer pour une irresponsable. Mais je savais que c’était sa nature, et qu’il ne vivrait pas autrement que sans laisse. » __ Petit apparté : Routinier des arrestations gendarmistiques, Girobus apprit à feinter les gabelous et, dès lors, ne fut plus jamais trainé au poste de police…

Girobus donc entamé sa vie de chien sans laisse au vu et au su de tout le monde. On a commencé à le repérer dans les trams et les bus, où il faisait des courses incessantes pour dire bonjour aux patents de sa propriétaire. Mêmes navettes épisodiques de V. en ville quand il n’y descend pas à pied, par la route des gorges.

La vieille ville reste son lieu privilégié, son quartier-général. Pistée chez les commerçants et les restaurateurs, où le chien s’assure des repas de Mardi-Gras. Chapardeur aussi : croquant son butin sur un coin de verdure.

Autre habitude : l’apéro. Son ex-patron l’y emmenait chaque jour sur le coup de midi. Depuis, dès que les cloches sonnent, Girobus, où qu’il soit, devient fou. L’heure c’est l’heure et il galope au bistrot. Mais le chien n’a pas que des amis, parce qu’il lève la patte sur les robes exposées devant les boutiques, ou ne paie pas ses courses en bus. Habitant V., il a son pied à terre en ville, chez une de ses fans. Il exaspère au plus au point quelques agents de police, d’autant plus qu’il ne s’affiche jamais avec ses maîtres.

Que penser d’un tel personnage ? Quel rapports les habitués du quartier entretiennent avec ce chien ?

Chiens à visages humains

Chat et chien ont gagné depuis longtemps leur certificat d’humanité, commente M.O.Gonzeth, ethnologue, Ils ont leurs médecins, leur psychiatre, leur hôtel, leur cimetière, leurs bijoux pour les plus aisés d’entre eux. Chiens de luxe ou chiens aportifs, végétariens ou carnivores, ils sont ce que leurs maîtres désirent qu’ils soient. Girobus n’échappe pas à la règle : c’est le chien de la marge, le hors norme : il s’est singularisé tout petit déjà. C’est l’emblème d’une communauté qui se sent à part, qui cultive la différence.

Dans la vieille ville, on retrouve un esprit de village : on aime se reconnaître et se saluer. Connaître Girobus, c’est intégrer cet esprit. Girobus, c’est une manière d’humaniser la ville.

Mieux encore, on laisse faire à Girobus ce qu’on admettrait pas qu’un autre chien fasse sans réprimande. Son impertinence fait rire. Lever la patte sur un sac à commissions, renifler une chienne en laisse. Il casse le jeu de l’ordre. On le gâte de mille particularités. Tua F. qui loge souvent Girobus, repère fréquemment des gens en train de lui acheter des pâtés de viande, Girobue est reconnu comme le fétiche d’une manière d’être, d’un mode de vie de plus en plus difficile à maintenir.

Girobus a été mis sur un pied d’égalité, pour ne pas dire d’humanité. Humanité dont le privilège suprême sera de choisir sa mort, selon sa maîtresse. Girobus a maintenant 15 ans, il souffre d’asthme. Mais je suis sûre que quand ça n’ira vraiment plus, il se laissera probablement mourir. C.Ry

Le samedi 15 juin 1991, à 9h15, Girobus traversait le miroir.

5 jours après, L’Express titrait sur ses manchettes* :

  • Affichette en format A2 servant d’accroche pour le journal

Avec un aticle en pages intérieures.

V. / le plus indépendant des chiens du canton est mort.

Il est libre Girobus.

Ne le cherchez plus : il est mort. Finis les petits billets glissés dans son collier, finies les balades en bus ou en tram, finie la tournée des bistrots de la vieille ville de N. Girobus est mort. Le plus indépendant des chiens du canton a rendu son état civil de bâtard mâtiné d’appenzellois samedi : une attaque, une chute dans l’escalier pentu de son port d’attache de V, la piqûre. Ce malin aura mis 17 ans tout juste pour ronger le seul lien qu’il ait jamais eu, avec la vie, et trouver l’absolue liberté d’une interminable virée dans les souvenirs de ceux qui l’ont aimé.

Est ce d’avoir commencé sa vie comme lot dans une foire que Girobus a tiré son intarissable soif de liberté ? Quand sa maîtresse a fondu pour lui dans un refuge de la SPA, il avait trois mois et demi et, déjà, un seul rêve : sortir seul, fût-ce au prix de ronger une porte en chêne.

- Au début, il m’a vraiment fait passé pour une irresponsable, mais j’avais compris que c’était un chien qui voulait vivre libre, sans laisse ! J’ai du payer pas mal d’amendes pour vagabondage et puis la police locale a fini par le tolérer : il ne nuisait à rien, ni à personne.

Girobus habitait alors N. ses premières errances, anarchiques se muèrent très vite en un circuit gastronomique aux étapes multiples : le café du Cerf, son lieu de prédilection, le Marché, la droguerie où l’attendait un biscuit, la boucherie Margot et la chevaline, le café du Cardinal… il entrait, choisissait une chaise libre, s’y asseyait….

Tendre avec les autres animaux – n’avait-il pas une nuit réveillé sa patronne avec, entre les dents, un chaton qui réclamait son biberon ? - Intelligent – il a réussi, entre autres, à empêcher un bébé de dégringoler une rampe d’escalier – Girobus a rendu sa dernière visite en ville il y a trois ans.

- Il restait de plus en plus longtemps en ville et se reposait dans la cave d’un ami avant de remonter. Un jour, il a croisé un couple d’ami de V. et les a suivis jusqu’au parking. Le couple prit l’ascenseur et retrouva Girobus assis derrière leur voiture. Il n’est jamais redescendu.

Il avait un penchant pour les poubelles de V. et sa patronne faisait la tournée du village tous les mercredis matin pour réparer les dégâts.

- Girobus n’aura essuyé que deux plaintes au procureur dans toute sa vie de chien libre : les deux déposées coup sur coup par le gendarme du lieu qui pourtant le connaissait bien. (Deux PV annulés par le juge avec un grand sourire pour ce cabot exceptionnel.)

Mais Girobus n’en a cure, les hommes, que son mode de vie faisait rêver, l’on déjà érigé en mythe. Mi.M

N'allez surtout pas dire que je ne me suis pas foulé en recopiant ces articles de presse car c'est pluss ardu que de les écrire soi-même...

Blutch, témoin d'une vie de chien

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