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mardi 20 décembre 2011

La PouleL'envers du décor

planche-poule-envers-du-decor

Cliquez sur l'image pour voir la planche dans un nouvel onglet
puis zoomez en cliquant dessus pour la voir en vraie grandeur.

jeudi 15 septembre 2011

Saoul-FifreLes canassons

Je m'aperçois avec stupéfaction, mon cher Tant-Bourrin, que je ne prends pas assez souvent la peine de te parler de mes branquignols d'équidés, tes congénères, en quelque sorte.

Au départ, l'Esprit "Cheval", c'était plutôt ma belle famille, des gens zarbis toujours au grand galop le long des longues plages camarguaises, dans des raidillons de garrigues ou à l'ombre des traverses forestières limousines. Le père de Margotte connaissait par cœur la généalogie de tous les pur-sang arabes du monde, mis bas ou prêts à naître mais ce mec plus qu'ultra ne possédait qu'une petite jument née sous la tente d'un bédoin, au milieu d'un désert de la corne arabique.

Pour la petite histoire, cette Djeïda fut donnée à Jacques Chirac, alors ministre de l'industrie, par Sadam Hussein, pour marquer poliment le coup après un modeste achat de quelques centrales nucléaires françaises. Elle qui rêvait d'intégrer le musée du Président, à Sarran, fut confiée au haras de Pompadour, puis prit sa retraite chez nous, quelques années plus tard. Destinée en dégringolade.

Perso, même s'il m'est arrivé de monter, jeune, dans un haras, et plus tard de prendre quelques leçons avec Margotte et son père, je me suis toujours méfié de ces véhicules au déplacement aléatoire et au klaxon intempestif. Et si l'on m'incitait en insistant à grimper dessus, je n'ai jamais poussé ma monture au delà du trot enlevé.

Et très sincèrement, aujourd'hui comme depuis toujours, si je dois faire quelques kilomètres, je préfère encore prendre le vélo. Vous l'avez compris, le meilleur ami de l'Homme n'est pas celui de Saoul-Fifre, il n'a pas accès à mon mur Facebook, il n'a pas l'adresse de mon blog et je le laisse debout dehors au lieu de lui proposer une anisette à l'ombre dans un fauteuil.

Ceci dit, à force, des liens se tissent. Un beau soir, un ami monta à la ferme avec un van et dedans ce van il y avait la jument de sa copine (de ch'val !). Il fixa tout seul le prix de la pension, nous topâmes là et il lâcha la jument dans une clôture que j'avais. Puis ce fut la fille d'une amie qui nous emmena son champion de concours incomplet, puisqu'il refusait la rivière, ce trouillard. Et ainsi je devins aubergiste pour chevaux, en une sorte de glissement progressif.

Même si le cheval est un bestiau éminemment stoïque aux intempéries, il lui faut un abri, ça rassure sa proprio. Oui je dis "sa" car le proprio du cheval est toujours une fille, vous allez pouvoir briller dans les afters parisiens avec ce scoop. Dans les débuts d'une liaison, son compagnon la suit en trottinant d'un air énamouré, lui porte la selle, les sacs de grains, l'écoute des heures lui réciter le carnet de santé de "Roudoudou", ses coliques, tous les soucis et tout le plaisir que lui a donné son "Pioupiou" ou son "Dindin" chéri. Certains copains poussent l'abnégation jusqu'à les accompagner en VTT dans leur tour en colline.

Et puis, assez rapidement, la proprio vient toute seule.

Faut dire que son hongre "Nadier" est un véritable despote qu'elle seule peut supporter. Il est gâté-pourri et n'obéit à aucun ordre. Quand par hasard elle réussit à l'engager dans le chemin qui mène à la colline, "Nadier" ne tarde pas à exiger le divorce et le couple revient en deux paquets : le hongre au petit trot, tout fier d'avoir échappé à la ballade, et sa maitresse un quart d'heure plus tard, toute courbaturée de sa chute.

L'Amour monstre existe aussi en version zoophile.

J'en ai visité, des "clubs", des "ranches", des "écuries"... Des quadrillages de paddocks minuscules équipés d'un abri de deux mètres sur deux... Le pauvre cheval solitaire regarde à distance soigneuse ses voisins équins, dans la cellule d'à-côté. Il a essayé de s'en rapprocher mais une bonne décharge électrique l'a dissuadé de recommencer. Il déprime sec en plein cagnard et il est bien trop claustro pour aller dans l'abri. Il s'ennuie d'une force que vous ne pouvez imaginer. Et c'est souvent sur demande de sa patronne, qui a peur que les autres vilains chevaux fassent du mal à son gros poussin, qu'on le condamne ainsi à l'isolement sensoriel total.

Les mustangs vivent libres, en troupeau, avec une vie sociale dense et une hiérarchie stricte, garante de paix et de sécurité pour tous. Ils sont affectifs, tactiles, joueurs. Ces comédiens en herbe s'amusent à s'impressionner en lançant des ruades spectaculaires, à distance de sécurité, puis ils se mettent tête-bêche et se chassent mutuellement les mouches avec leurs queues, en un soixante-neuf plus utilitaire que coquin. Ils s'embrassent, se reniflent, se lèchent, se frottent contre l'autre et, à intervalles réguliers, se lancent des défis et démarrent de folles courses-poursuites.

Jamais je n'accepterai cette mode des boxes et des mini-paddocks individuels, ça me choque profondément. Chez nous, les chevaux vivent en troupeau. Quand un nouveau pensionnaire arrive, il y a présentation aux résidents. Selon son caractère, il va frimer, être agressif, ou cool, a priori. Il y a certes un risque la première journée et nous restons là pour intervenir au cas où. Je touche du bois, mais nous n'avons jamais eu de gros problèmes avec ce système basé sur la confiance.

Un jour un bourrin est arrivé (il y a des branques aussi chez les bêtes). Il a mordu assez profondément un des autres, le troupeau était tout désemparé. Non mais vous avez vu ce voyou ? Il mord !! Mais qui a donc pu faire son éducation ? Dans quelle époque vivons-nous ?

Ils l'ont boycotté. Mais pas qu'un peu ! Dès que l'autre mal élevé s'approchait, il y avait esquive et fuite vers les copains. Un cheval qui mord ? Non mais je rêve ? En un rien de temps, il y eut le troupeau solidaire d'un côté, et "Dents d'la merde", seul, à l'amende, puni, sans amis, de l'autre côté. Il se mit à déprimer et sa proprio partit essayer autre part.

Le vrai chef démontre sa supériorité, certes, mais tout en préservant l'avenir de la relation et l'indispensable cohésion du groupe.

Là nous avons une petite tribu de punks à crinières qui fonctionne super et l'ambiance est bonne. Mais régulièrement, je vois débarquer des filles qui voudraient bien leur-petit-paddock-personnel-à-elles. Je leur explique gentiment comment aime, vit, s'exprime et s'intègre un cheval et si elle ne capte pas bien, pour cause de tunnel ou autre, je lui montre tout aussi gentiment la sortie.

Car ce respect sans condition de la nature profonde du cheval porte ses fruits.

Nous n'avons pas de chevaux cherchant à s'échapper, comme n'importe quel prisonnier lambda. Et si l'un passe les fils, par hasard, il tourne autour du parc, pressé qu'on lui rouvre, pour retrouver les copains.

Le véto vient rarement, et pourtant la moyenne d'age est de haut niveau.

Quand nous rentrons dans le parc, chacun remue des épaules pour se faire cajoler en premier.

Et, morceau de sucre sur le seau de granulés, quel beau cadeau que le spectacle de ces galopades impromptues dont l'un donne le départ, sur un coup de tête, juste pour célébrer la joie d'être ensemble et pour se dégourdir les paturons.

Tu vois, Tant-Bourrin, tu n'as aucune crainte à avoir : si tu viens ici (et que tu ne mords pas), tu seras bien traité.

mercredi 10 mars 2010

Saoul-FifreLa traite des blanches

Oui, si on avait des Saanen , je pourrais faire ce mauvais jeu de mot mais là, avec nos vieilles alpino-nubiennes dont on peut compter les os, je vais plutôt parler de "traite des planches". Question d'étique. Les chèvres, ça a toujours eu cette dégaine de squelette qui pisse le lait. On a beau doubler les rations de foin, les laisser manger la "soupade" d'herbe le soir quand on les rentre, on entend leurs osselets qui cliquètent sous la peau, et tout le profit part dans les mamelles.

Ah ça, ya du monde au balcon ! Le chirurgien esthétique est passé par là, ou quoi ? C'est beau, c'est fier, comme dirait Bof, mais comme elles sont à quatre pattes, leurs pis trainent par terre, que leurs petits sont obligés de se coucher sur le dos pour pouvoir téter ! Et que bientôt va falloir y faire un nœud pour leur-z-y remonter un peu les trayons ! Quoique gonflés comme ils sont, ça va pas être commode. Pauvre d'eux, ya qu'à les voir stressés, tendus, revendicatifs, prêts à exploser, pour se dire qu'en période de crise on a vraiment du mal à joindre les deux bouts !

Cette année c'est la cata. On a du lait mammiteux, on a des orphelins, on a une mère qu'a perdu ses petits... Ben oui, ya pas de mot pour qualifier cette horreur ! T'as perdu ton mec, t'es veuve, t'as perdu ta mère, t'es orphelin, mais t'as perdu ton enfant ?? T'es rien ! Allez allez, ne restez pas là, vous gênez la circulation ! La langue française, si riche, n'a pas prévu votre cas. Allez je rédige illico ("d'abord", en patois limousin francisé) une requête à l'Académie, en leur proposant les néologismes lacrymère et lacrypère.

Du coup, c'est simple : on trait la lacrymère (qui braille tout ce qu'elle sait) et on donne son lait aux orphelins (qui chialent tout ce qu'ils peuvent). Comme ça les fait taire, c'est magique ? Le vieux bouc venant de mourir, il conviendrait aussi de consoler ses veuves, qui sont également ses filles, mais la veuve pleure peu. Elle souffre en silence, l'œil sec et retrouve son entrain rapidement.

L'heure de la traite est un moment consensuel merveilleux. Hop un petit morceau de pain rassis en remerciement pour le don futur de son lait car la chèvre sait que le pain frais est indigeste. Mes deux mains viennent se poser avec naturel sur ses rondeurs à la peau douce avec seul un petit tressaillement de sa part comme réaction. Assia a besoin d'être traite avec la même évidence que j'ai besoin de son lait : nous sommes faits pour nous entendre. Mes doigts pressés de faire jaillir les jets mousseux l'empoignent, appuient alternativement sur les deux mamelles et le lait gicle en continu dans le seau. Chaque main remonte au cœur du pis chercher le lait et l'accompagne dans sa descente vers la sortie. Le lait a le désir de s'échapper et je l'encourage de mes doigts. Le seau se gorge sur un rythme binaire et Assia me bredouille les yeux renversés un truc mi-prière mi-complainte, moitié encore, moitié plus fort. Désolé ma belle mais plus une goutte ne veut sortir, et le seau est plein. Encore un peu de ce délicieux pain rassis ?

Vite, il me faut amener ma récolte aux trois petits cabris avant que le lait ne refroidisse. Je transvase dans un biberon et le plus dégourdi attrape la tétine au vol. Les deux autres tentent de le plaquer. Prises vicieuses, coups de boule, aucune technique virile ne les rebute. Hey le bout lui a échappé et un autre le remplace. Le rythme se maintient et le niveau de lait baisse à vue d'œil dans le bibe. Top chrono, je crois bien que le record a été battu. Je recharge et essaye d'avantager celui qui n'a rien eu. Il a compris qu'il fallait struggler pour sa life et met les bouchées doubles. Il tient fort la tétine et ne donne pas l'impression d'être disposé à la lâcher. Les deux autres me tètent les doigts pour tromper le temps. Ah le plaisir ineffable de se faire tailler une pipe au petit doigt par un chevreau vorace ! Anne elle-même m'a confié un jour sous le sceau du secret n'être pas insensible aux fantaisies buccales de ses bicous. Elle savait la confiance absolue qu'elle pouvait m'accorder pour ce qui est de garder le silence au sujet de ses pratiques zoophiles. Je recharge et recharge encore les biberons, j'alterne en fonction des motivations, j'ai bien l'impression que chacun a eu son compte, ils ne font plus que chipoter avec le téton caoutchouteux.

C'est pas croyable d'aimer ça à ce point ! De vrais drogués de la tétée. Ils tueraient leurs frères pour une dose !

Que c'est lait, mon dieu que c'est lait.

mardi 18 août 2009

AndiamoFaisons plaisir à CALUNE

Voici un copié-collé du commentaire que notre chère CALUNE a laissé sur mon dernier billet :

3. Le vendredi 7 août 2009 à 10:14, par calune
Pourquoi, pourquoi, pourquoi tant de haine ?
Ça faisait longtemps que quelqu'un n'était pas mort, tiens (et 2 d'un coup)...
Tu nous feras une histoire un jour où à la fin, ils vécurent heureux et eurent plein de bouchànourrirs ?? :-)

Soucieux de satisfaire notre lectorat et en plein accord avec moi-même, j’ai voulu satisfaire à sa requête SLURP, SLURP, (lèche-bottes blues), en souhaitant chère Mââââme que cette bluette vous satisfera.



ROMANCE

La saison dernière, il l’avait vue, se reposant au bord de l’étang, superbe dans son beau maillot de bain vert, le regard un peu hautain. De temps en temps, elle faisait entendre son doux chant.

Immédiatement, il en était tombé amoureux, il avait bien essayé de l’approcher, entamer la conversation, mais elle, imperturbable, ne l’avait même pas remarqué : dédaigneuse…

Alors il s’en était éloigné comme à regrets.

Un soir, il l’avait vue avec un autre, tendrement enlacés, il pensait alors "emboîtés", il savait bien que le terme était un peu vulgaire, mais la rage et le dépit l’emportaient, la fureur même. Comme il aurait aimé en finir avec ce gros connard ! Qui, au passage, avait su la séduire, LUI…

Les mauvais jours sont arrivés, les apparitions de la belle se sont faites plus rares, alors il est resté chez lui, passant l’hiver cloîtré, reclus, amer et dépité.

Aux premiers rayons du soleil, il s'en était retourné au bord de l’étang, en inspectant les moindres recoins, guettant sa belle.

Enfin, un bel après-midi, alors qu’il somnolait à l’ombre d’un grand saule, les jambes baignant dans l’eau, il entendit un doux chant, reconnaissable entre mille : c’était ELLE. Enfin elle était revenue !

Sans hésiter, il plongea. L’eau un peu fraîche le fit frissonner. Il nagea comme un fou, guidé par le chant de son amour, comme autrefois les navigateurs imprudents attirés par la mélopée des sirènes.

Il accosta près d’elle, son cœur battait à tout rompre, allait-elle le rejeter comme l’an passé ?

Elle portait toujours son joli maillot vert, ses longues jambes fuselées négligemment repliées, la tête relevée lui donnait ce petit air un peu hautain qui l’intimidait toujours. Un petit rétablissement l’amena à hauteur de sa princesse, il pouvait voir sa gorge délicate se gonfler légèrement au rythme de sa respiration.

Une vague de désir l’envahit : il fallait séduire celle qui lui faisait perdre le sommeil. Courageusement, il la fixa intensément, faisant passer tout son amour au travers de son regard.

Cette fois, elle ne détourna pas la tête, elle le fixa droit dans les yeux, il vit briller des petits points d’or au fond de son iris, son cœur bondissait dans sa poitrine, alors à son tour il entama un chant d’amour, leurs regards se croisèrent puis se fondirent en un seul.

Ce soir, en me promenant au bord de l’étang, j’ai vu deux grenouilles qui faisaient gentiment l’amour.



Cliquez sur ce lien : cette chanson fut interprétée par EILEEN en 1965.

AH ! On savait écrire de beaux textes en ce temps-là ! Pas comme ces jeunes d'aujourd'hui qui grrrmble heu treush biteurneur humm Grasp !

lundi 20 juillet 2009

Saoul-FifreLe chat qui avait deux noms

Qui veut adopter un animal de compagnie se doit d'intégrer le fait qu'une bête est dotée d'une sexualité et que ses parents lui ont pris l'option "reproductible" à la naissance.

Certains ne s'en doutent absolument pas, ou l'oublient délibérément, c'est le genre sidéré qu'un tamagotchi meure après une semaine de jeûne aquatique dans le désert, même pour eux, si vous voulez ? Ils ont une vague idée que les parents, les enfants, ça a une sorte de rapport éloigné avec les démangeaisons qu'ils éprouvent parfois entre les jambes, mais c'est pas clair dans leur esprit. C'est pas leur faute, ils n'ont aimé aucun de leurs profs de SVT et pour être franc, les autres matières ne les emballaient pas non plus.

Il y a le crâne et le cerveau, mais le second n'est pas forcément dans le premier.

Notre ancienne chienne Jade, par exemple, nous pondait ses 13 chiots tous les ans recta à la Toussaint. Je les aurais laissés vivre, et vous autres auriez fait itou avec sa descendance, en une décennie les "Jadistes" auraient pris le pouvoir sur terre.

Devenons adultes, merde. Alors les égoïstes doublés de malins choisissent des mâles, suivant en cela le principe éternel "Surveillez vos poules, je lâche mon coq". C'est plus réfléchi, certes, mais aussi nullos que le débile qui s'aperçoit que son chat "Hulk" est en fait une femelle, le jour où il lui ramène sa portée de 10, un par un et par le cou.

Cette famille du village était dans ce cas de figure. Ambiance "Lorsque le chaton parait...". Quand les parents demandent à leurs nains ce qu'ils veulent faire plus tard, 67 % répondent "représentant en chatons". Les gosses adorent "donner" des chatons. T'imagines, comme si c'était un cadeau ? Moi, si un adulte essayait de me refiler sa boule de poils miteux, déjà, je lui demanderais si il fournit les 15 ans de boites de Ronron avec, mais je m'enquerrais surtout de l'âge auquel il compte leur faire éclater le crâne contre un pilier de pont ? Il me semble que plus jeunes ils sont, les stars de calendrier du facteur, mieux c'est pour souffrir moins ?

Toujours est-il que nous venions de perdre Fouinette et qu'après avoir laissé passer une période décente de deuil (on ne s'inscrit pas sur Meetic le lendemain de son veuvage), les appels à une nouvelle adoption se faisaient pressants, dans le clan des gamins. Et ça y allait la traite des petits chats, au collège ! Le marché semblait porteur, en hausse de demande régulière, surtout autour du produit "à choisir sous la mère, tu verras, ils sont kro mignos".

L'heure du sevrage venu, je montai donc les enfants au village choisir un adorable chaton tellement rouquin qu'on aurait pu l'appeler Dany, d'autant plus qu'il a de suite adoré se faire tripoter par les petits n'enfants. Mais au repas du soir, ce fut Le Tcha qui fut voté par le consistoire familial, à l'unanimité moins l'opposition farouche de Zoé qui souhaitait à toute force l'appeler Malcolm, on a jamais su pourquoi, ce devait être le prénom d'un obscur badboy de l'époque, dans une confidentielle série américaine. Le combat fut rude, mais aussi l'occasion de lui apprendre les rudiments de la démocratie et la nécessité de se plier aux diktats de la majorité, pour qu'elle en arrive à l'appeler Le Tcha, comme nous autres.

Ils avaient choisi un mâle, bien sûr. J'avais tiqué, tout d'abord, pour ensuite m'aligner sur la position cynique du "pas toujours les mêmes"; un peu aux autres d'assumer des fornications dont auxquelles ils n'auront connu que les inconvénients. Cela développe le sens des responsabilités, chez les êtres moraux qui en sont pourvus d'origine en tout cas, car je me souviens que nous avions pris la décision de faire couper les cordons de la bourse à l'animal dès que les conditions physiologiques nécessaires selon le véto seraient réunies.

Quelques mois de maturation, je crois.

Nos motivations étaient aussi que le mâle court la gueuse, parfois très loin, et même coupé, si l'on en croit les aventures du Ronronnator à Sérafine . Avons nous un peu trop tardé à y porter le fer ? C'est ce qui arriva, en pleine période de chasse. Le Tcha disparut, et vu les viandards aux alentours, qui considèrent les chats "harets" comme des concurrents, des ennemis, des voleurs de gibier, des prédateurs sans scrupules qui chassent illégalement la nuit avec des yeux à infra-rouges, nous avons assez vite abandonné les recherches, après avoir laissé bien sûr description, nom et adresse à la SPA et dans les mairies.

Quelques mois plus tard, le téléphone sonne. Je reconnais la voix : c'est la femme du dépité (il n'a pas été réélu) européen Vert qui habite à 5 km à vol d'oiseau. Ah, t'as recueilli un chat rouquin ? Ben on arrive tout de suite !

Zoé veut venir avec moi, on prend des photos du Tcha pour comparer, et on démarre. Ils l'ont installé dans le garage, il est terrorisé, affamé, couvert de blessures dont la plus grave est sans conteste son œil crevé. Il est répugnant, maigre, méfiant de tout, de tous. Est-ce notre Tcha ? Heu, ben, vu sous cet angle, heu... ? On ose même pas s'en approcher de peur de se prendre un coup de griffe. C'est que le traumatisé n'a pas l'air d'avoir la maitrise de toutes les facultés que nous lui connaissions. Bon, ces braves écolos professionnels chez qui nous sommes ont fait ce que leur dictait leur conscience. Ils ont recueilli l'orphelin, l'ont nourri, dessoiffé, recherché ses maitres qu'ils subodoraient éplorés, les ont trouvés, là on sent qu'ils aimeraient passer la main, l'esprit allégé par le sentiment du devoir accompli.

Je laisse donc tomber du bout des lèvres que oui, vu de près par un presbyte, ça y ressemble et qu'à part le fait qu'il soit rouquin, il y a bien une chance sur 1 milliard pour que ce soit notre Tcha préféré. Zoé opine, mais vraiment le notre avait plus de prestance, cette serpillère n'est pas valorisante pour un sou. Nous poussons le grabataire dégueu dans une boite à chaussure et nous en allons, non sans une cordiale et réciproque distribution de remerciements hypocrites.

Chez nous, la présentation à la chienne avec qui il a été élevé, et avec qui il s'entendait à la perfection, se passe on ne peut mieux. C'est un signe. On le brosse doucement pour comparer son pelage avec les photos, ben justement, ya pas photo : cette spirale sur le flanc droit est très caractéristique, et elle se retrouve sur la vraie bête comme sur la bête virtuelle de la photo.

Une vraie empreinte digitale de félin !

Notre religion est faite : notre Tcha est ressuscité d'entre les morts et revenu à la maison ! Hosannah au plus haut des cieux !

C'est là que Zoé, nous révélant ainsi les virages machiavéliques que pouvait adopter sa réflexion, décide de prendre sa revanche sur une mise en minorité qu'elle n'avait jamais avalée, en fait. La vengeance est un plat bien meilleur, glacé.

"Non c'est pas lui, il ne lui ressemble pas du tout !", nous assène t-elle.

"Ben c'est un peu normal qu'il ait changé, il est plus vieux de plusieurs mois, il a dû se battre, avoir froid, faim, marcher longtemps... Mais la spirale, c'est exactement la même."

"Non non, rien à voir, c'est un autre chat. Le petit Tcha est mort." Elle pleure, contrefaisant Adjani qu'elle ne connait pas.

"Celui-là, le nouveau, on n'a qu'à l'appeler Malcolm !"

Le Tcha

Malcolm (mon œil)

Alors Zoé l'appelle "Malcolm", et les autres, "Le Tcha".

Son stage de survie en milieu hostile ne l'a pas rendu plus dégourdi. Plus exactement, il est con qu'il en peut plus, ce chat.

Mettons ça sur le dos d'un conflit d'identités schyzophrènoïde et ne cherchons pas plus loin.

mardi 3 février 2009

AndiamoRencontre du troisième (sale) type

- Ho Pascal ! Allez viens on va s’en j’ter un.

Midi, attablés à la terrasse du café "Les Platanes", Francis, en compagnie de Fernand et Milou, vient d’interpeller le paysan en bleu de travail, casquette délavée rejetée en arrière, croquenots crottés aux pieds.

- Putain con, c’est pas de refus, fait’na chalor a far badar tots los luserts e tots los picataus dau païs, la suor me devala dins la jôtas dau cuôl ! (1)

Tous se marrent de bon cœur.

- Oh Gaston ! Une mominette pour le gamin !

Le patron arrive et en profite pour remettre la tournée aux trois autres.

- Té Pascal, tu ne les as pas revus tes Martiens ?

L’interpellé rosit.

- Fas cagua, Francis, arrête, HO ! Vous n’allez pas m’emmerder toute l’existence avé cette histoire, j’aurais bien voulu vous y voir moi, quand l’espèce de gros limbert gris est descendu de son engin bizarroïde, j’en suis encore tout estranciné !

Deux ans plus tôt, alors que Pascal travaillait à sa vigne, coupant les sarments, binant les pieds...

- Cette vigne, ça t’occupe toute l’année, le sécateur ça te bouffe les pognes, grommelait-il, et ces cons de Parigots, qui z’y comprennent rien ! Leur putain de pinard, ils le font venir de partout. Toi, tu t’escagasses pour une poignée d’olives, et encore pas bien grosses les olives. Au cul de l’âne, il les sentirait pas passer !

Il est là à parler tout seul, comme souvent, il sourit même en voyant dans sa tête les olives au cul de l’âne !

Puis, petit à petit, il prend conscience d’une présence. Il se retourne et là, sur le chemin, à quelques mètres de lui, il voit un truc bizarre, de la taille d’une très grosse voiture, de couleur grise. Aucun reflets : cette chose semble absorber la lumière. Il ne l'a pas entendu arriver. A côté, une créature, un peu plus petite que Pascal, son "visage" ressemble un peu à celui d’un lézard, il est gris lui aussi, mais légèrement brillant, comme si il portait une combinaison très fine et parfaitement ajustée à son corps.

Le "visage" de cette chose n’exprime aucun sentiments. Lentement, elle lève un petit objet, de couleur orangée, le dirige vers Pascal, avant qu’il ait pu comprendre quoi que ce soit, il se sent tout engourdi, comme paralysé, un peu "vapé"… Puis plus rien, le black-out… Le trou de mémoire.

Quand il reprend conscience, le soleil est déjà bas sur l’horizon. Pascal se secoue, comme un chien qui sort de l’eau, se frotte les yeux, sa bouche est sèche, râpeuse, lentement ses idées se rassemblent.

- Voyons, je suis arrivé vers deux heures, il regarde le soleil : ben il est cinq heures environ, qu’est-ce qu’il m’est arrivé ? Le boulot n’a pas avancé !

Il a parlé à voix haute comme à son habitude.

Quand il rentre au village : une vieille église, son campanile en fer forgé, la place et ses platanes centenaires, marché le Samedi et le Mercredi, le reste du temps la pétanque, LE café du village au nom très original, "Les Platanes", et les piliers, attablés, là.

- Ho Pascal ! Qu’est-ce qui t’arrive ? On dirait un hanneton qui a pris un coup d’béret !

- Oh fan, je suis tout ensuqué, si j’vous raconte, vous allez vous foutre de ma gueule ! Oh, Gaston, une mominette !… Non, un grand pastaga ! J’ai une de ces soifs !

A peine servi, Pascal écluse son godet cul sec.

- Peuchère, tu vas nous avaler la Durance, et l’Ubaye avec !

Pascal enchaîne :

- Si vous saviez : y’a un Martien ou je ne sais quoi, qui a atterri dans ma vigne !

- Tu es sûr que tu n’as pas un peu chargé sur le rosé ce midi ? Depuis que la Vivette elle est au cimetière, il me semble que tu leur vois souvent le cul aux bouteilles, à défaut de voir celui des femmes, lui répond Milou d'un air goguenard.

Sans relever la boutade, Pascal continue.

- Eh bé voilà : j’étais dans ma vigne, là-haut, au mas de Bouffaréo, il était deux heures, quand tout à coup, j’ai senti une présence…

Les trois autres écoutent, attentifs.

- Je me suis retourné et j’ai vu un engin de la taille d’un gros 4x4, à coté y’avait une chose… Un truc, c’était pas humain !

- Le pastaga, lâche Milou !

- Te vas ‘massar un pastisson, grand colhon (2) ! Si tu continues, je sais bien ce que j’ai vu, fan ! Puis après, j’sais plus bien, c’est vague, je me suis "récupéré" trois heures plus tard, ensuqué, comme après une cuite, j’avais pas bu nom de Dieu ! Juste un verre ou deux en mangeant, pas de quoi retourner un mulet !

- Eh bé Pascal, tu vas finir avec un entonnoir sur la tête, lâche Fernand, tout en montrant sa bouche édentée.

- Mais non, j’suis pas fada, fan de chichourle, tu m’prends pour un colhon !

Pascal se lève, un peu furieux :

- Bon, j’préfère aller soigner mes chèvres, elles sont moins bêtasses que vous !

- Oh, tu veux mes bottes ? s’esclaffe Fernand.

- Coulhon vaï ! rétorque Pascal.

Le lendemain, comme chaque soir, après la journée, on se retrouve aux "Platanes". Francis tient le journal.

Ouvert devant lui, "La Provence", il commente les évènements :

- Vé ! Encore une disparition, ça commence à en faire un paquet ! Une femme, cette fois, du coté de Pélissanne, putain con t’as eu chaud, toi, Pascal, ce doit être ton "Martien" qui fait le coup, mais t’es trop vieux, ça ne lui aura pas plu ! Te seis mas ‘na meschanta carna (3), dans l’fond c’est mieux pour toi.

Tous se marrent, et on remet la tournée.

Après l’adiussiat rituel, Pascal rentre chez lui, la maison est bien vide depuis la disparition de Vivette, il suspend sa veste de bleu au crochet près de la cheminée, puis se dirige vers l’escalier de la cave, allume la petite ampoule poussiéreuse pendue au plafond, et se dirige vers le grand congélateur, soulève le couvercle.

Dans la pénombre, et combiné au froid du congélo, le jeu de lumière fait légèrement briller sa peau aux reflets un peu argentés, sa main plonge dans le bac et en remonte un bras, un peu grassouillet, la peau est douce et nacrée, assurément celui d'une femme, ce soir Pascal mangera de la daube.



Un grand merci pour ANNE qui m’a traduit en langue d’OC les quelques phrases qui émaillent ce petit billet, encore MERCI.

En voici la traduction :

(1) Il fait une chaleur à faire bailler tous les lézards et les pics-verts du pays : la sueur me desend entre les fesses !

(2) Tu vas ramasser une tarte grand couillon.

(3) Tu n’es qu’une mauvaise carne.

samedi 6 septembre 2008

Tant-BourrinComme des bêtes...

J'ai eu envie, ces derniers jours, de rendre un petit hommage timide à quelques artistes... Alors je me suis installé devant mon Photoshop, et voici le résultat (pour lequel je réclame votre indulgence : je ne suis pas graphiste de métier !)...

En espérant juste que cela vous donnera envie de chanter comme des bêtes ! :~)


J'étais vraiment vraiment bien plus heureux
Bien plus heureux avant quand j'étais cheval

(Jacques Brel)


Je suis une mouche
Posée sur sa bouche
Elle était nue
On aurait cru le paradis
Tant elle était jolie

(Michel Polnareff)


Dans la jungle, terrible jungle
Le lion est mort ce soir
Et les hommes tranquille s'endorment
Le lion est mort ce soir

(Henri Salvador)


I am the eggman
They are the eggmen
I am the walrus
Goo goo g' joob

(John Lennon)


C'est à travers de larges grilles
Que les femelles du canton
Contemplaient un puissant gorille
Sans souci du qu'en-dira-t-on ;
Avec impudeur, ces commères
Lorgnaient même un endroit précis
Que rigoureusement ma mère
M'a défendu dénommer ici...
Gare au gorille !

(Georges Brassens)

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