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dimanche 30 mars 2008

BofMon coté primaire

Septembre 68, quatre mois avant des pavés avaient volé, et moi dans ma blouse neuve je découvrais le goudron de la cour de l'école. Ma sœur m'avait précédé, j'y retrouvais un copain, c'est pas moi qui aurait chialé comme la Marie-Christine. En fait l'école c'était bien, sauf que fallait se lever tôt, même en section enfantine.

On y allait à pied, un kilomètre et demi, trois grosses côtes à grimper. Le village était petit, l'école pas très remplie, les deux maitresses se répartissaient les six classes. On apprenait des trucs bizarres, comme mettre dans le bon ordre des bouts de papier avec des groupes de lettres dessus. J'avais pas compris le jeu, mais mon voisin si, alors je copiais sur lui. On avait aussi un cahier d'écriture, des pages entières de a ou b à écrire proprement, buvard plumier et encrier, j'étais pas très doué, ça n'a pas beaucoup changé.

Le reste du temps c'était tranquille, on collait des nouilles sur des feuilles de papier en écoutant les plus grands réciter leur table de multiplication, on chantait "colchique dans les près", on découpait des trucs en piquant tout autour, et on en attendait les récrés.



Un matin, une dame en blanc est venue, on s'est tous retrouvé en slip, à défiler devant elle, qu'elle nous colle un timbre sur le torse après nous avoir toisé, pesé et contrôlé les yeux. On l'a gardé deux jours, le timbre, pas la dame, avant de le décoller pour voir ce qu'y avait dessous. Mon voisin, après ça, il est parti pendant quelques années dans une autre campagne, à respirer du bon air dans un sanatorium. J'avais plus personne pour m'aider à ranger les bouts de papier, mais c'était pas grave. Une amie de mon oncle m'avait offert un Akim. Akim, c'était géant, sauf que juste regarder les images, c'était pas suffisant, alors en deux mois j'ai appris à lire avec Akim, Rita, Jim, Kar, Zig et Ming.

Ensuite j'ai eu une voisine, Anne. J'aimais bien Anne, mais je préférais Béatrice qui, elle, ne pensait qu'à Pascal. Toutes les filles d'ailleurs ne pensaient qu'à Pascal, l'enfoiré. Ça va pas toujours comme on veut en section enfantine. Plus tard non plus d'ailleurs, mais on apprend quelques combines.

Aux récrés, on faisait des batailles, les petits montés sur le dos des plus grands. Mon cheval était coriace et j'étais un teigneux, on gagnait presque tout. Sauf qu'un jour le cheval a trébuché, et je me suis niqué une arcade sur le goudron, la maitresse a dit que stop, fini la plaisanterie. Restait plus qu'à jouer à chat perché, avec les filles...

Alléluia, un jour on a eu un ballon, ça tombait bien, dans la cour y avait deux grands portails face à face, deux buts magnifiques, pas exactement la même taille, mais ça le faisait quand même. C'est comme ça qu'on a pu laisser les filles à leur histoire de chat.

Le midi, y avait cantine. Avec la cantinière, tous les jours c'était soupe en premier. Moi, j'aimais bien la soupe, les brocolis, et les carottes râpées, ah non, pas les carottes râpées, et les betteraves non plus. Le boudin, et le ragout, les tomates farcies, le pot au feu, les pommes au four, ça j'adorais. Et les grandes plaques de flan alsa pistache, vanille, ou chocolat, tu faisais une petite entaille dans ta part qu'à la fin ça faisait une grande crevasse. Après, c'était moins drôle, à tour de rôle on faisait la vaisselle, même nous les garçons, pas préparés à ces activités.

Deux trois fois dans l'année, un type passait avec un projecteur, et de grandes boîtes avec des films dedans. On allait voir ça dans la salle des plus grands. Le début toujours c'était chiant, des trucs de volcan, de fonds marins, ou des balades dans des villes qu'on connaissait même pas, remplies de statues ou de monuments bizarres. On nous gardait le meilleur pour la fin : Laurel et Hardy, Charlot mais j'aimais moins, et parfois quelques dessins animés.

Avant chaque départ en vacances, fallait venir avec une feuille de papier de papier de verre, et aussi de la cire. Plus tu pourrissais ton bureau, plus tu frottais longtemps, ça s'appelle la justice immanente.

Mon école, mon père ma mère l'ont fréquentée, mes grands-parents et arrières-grands-parents aussi.

J'y suis repassé l'an passé, de regroupement pédagogique en normes plus aux normes, elle fermera à la fin de l'année.


vendredi 28 mars 2008

AndiamoMon métro à moi

A la demande générale de Pousse-Manette, je vais tenter d'évoquer le temps béni, où lorsque l'on prenait le métro, on se sentait envahi par un immense sentiment de sécurité ! Je ne parle pas de la maintenance qui est, et a toujours été au top.

Incroyable, non ? Et pourtant, que voulez-vous qu'il arrive de fâcheux, dans un endroit où aucune voiture ne risque de faire une embardée, et vienne vous percuter ? Un lieu dans lequel il ne pleut jamais ? Un endroit où la température est constante ? Un moyen de transport dont les conducteurs, nous affirme-t-on, subissent des tests extrêmement rigoureux.

Je prends très souvent le métro avec mes petites-filles, et ça n'est pas dangereux, ni "craignos", quoi qu'en pensent certains.

J'avais quatorze ans, certif en poche, le seul diplôme d'enseignement général que j'ai décroché, plus tard un C.A.P. d'ajusteur, heureux temps où, avec si peu, on pouvait vivre et bien vivre. Bien sûr, beaucoup d'heures en atelier, mais l'atelier ça n'est pas le bagne, je m'y suis parfois bien marré. De plus, j'aimais beaucoup mon boulot.

Mais revenons à mes quatorze ans, après le certif, on avait choisi pour moi mon orientation professionnelle : vu que t'es gaulé comme un Ninas mal roulé, tu seras comptable, c'est un boulot pas trop physique, et ça devrait te convenir, alea jacta est !

Un matin, ma mère m'accompagne rue Martel (pour les bouseux, c'est dans le Xème arrondissement de Paris) afin de concourir pour entrer dans ce prestigieux établissement (Hum - Hum) qui formait des comptables à la chaîne, ça n'était pas H.E.C. non plus, loin s'en faut.

Départ à sept heures de Drancy, le bus 151 jusqu'à la porte de Pantin. Les bus qui desservaient la banlieue en 1954 étaient encore des vieux Renault TN 4F, le chauffeur placé à l'avant, dans une petite cabine entièrement fermée, siège enveloppant, un énorme volant en bois, vitesses au plancher.

Tout petit, j'adorais me placer tout à l'avant, juste derrière la cabine, et de là, je pouvais observer le chauffeur, cravate et casquette, veste et pantalon gris. Parfois, les vitesses craquaient, la boîte à crabots sans doute, dont ces antiquités étaient équipées, il fallait impérativement faire un double débrayage pour rétrograder, et un double pédalage pour "monter" les vitesses, pas de synchrones dans ces antiques boîtes.

Ces bus étaient également munis d'une plate-forme, à laquelle immanquablement s'accrochait un flic. Képi vissé sur le crâne, pélerine volant au vent, les deux pieds sur la marche, agrippé aux montants qui soutenaient le toit, presque Superman, avec la pélerine virevoltant autour de lui !

Enfin : le receveur, celui qui, à l'aide d'une grosse boîte en aluminium, en appui sur son ventre, d'un coup de manivelle magistral, oblitérait les tickets, qu'il avait préalablement insérés dans la machine. Plus tard, j'appelais cet engin une "terouette" en référence au bruit qu'elle produisait.

Fabuleuse, cette plate-forme, quel dommage de les avoir supprimées ! Dangereuse ? Pas plus que de laisser des mômes de dix-neuf ans, conduire des voitures de 200 chevaux et plus !

J'avais un copain qui ne pouvait s'empêcher d'invectiver les cyclistes que le bus dépassaient, un jour, on double une femme d'un certain âge qui peinait sur son vélo, Il lui crie :

- Alors mèmère, ça mousse ?

Et la mémé, sans se départir, lui répond :

- Assez pour t'raser les moustaches, p'tit con !

Inutile de préciser que tous les voyageurs présents se sont bien marrés, mais pas mon pote.

Les habitués, qui matin et soir, embarquaient au même endroit, à la même heure, ainsi vers les 17h30 à l'arrêt Cartier Bresson, celui qui desservait l'usine Bourjois : tu sais, le parfumeur ! Une volière, une vingtaine de femmes envahissaient le bus, entraînant dans leur sillage des parfums de : violettes, roses, oeillets, verveine, enfin, tout ce que cette vieille Dame qu'est la société Bourjois met en : parfums, poudres, crêmes et mascaras.

Parfois, le receveur dansait sur la plate-forme avec l'une d'elles, on était loin de ce que l'on appelle aujourd'hui les incivilités (tu verrais la gueule de l'incivilité parfois), mais ne croyez pas que j'enjolive, il est toujours joli, le temps passé, Monsieur Brassens l'a chanté, je sais.

Après vingt ou vingt-cinq minutes de trajet, nous arrivons à la porte de Pantin. A droite, les abattoirs de la Villette. Ils étaient immenses ces abattoirs, reliant la Porte de la Villette à la porte de Pantin. Le matin, on y voyait des maquignons, descendant de leur bétaillère, bâton à la main, blouse noire à mi-cuisses, chapeau de feutre cabossé sur le sommet du crâne, à travers les montants à claire-voie des camions, on apercevait : des moutons, des vaches ou des cochons. Spectacle insolite que ces animaux en plein Paris !

La bouche de métro, une volée de marches descendues à toute vitesse, sur notre gauche, un immense plan du métro, à la verticale, juste dessous à l'horizontale, un immense clavier, truffé de petits boutons.

Quelle direction prendre ? Il suffisait d'appuyer sur le bouton correspondant à la station à laquelle on désirait se rendre, miracle : l'itinéraire s'affichait sur le plan, grâce à des petites lampes qui jalonnaient le parcours, c'était bien, c'était chouette, pourquoi ça s'est fait la mallette ?

Ma mère sort les tickets, petits rectangles de papier d'un jaune pisseux (autrefois, bus et métro n'avaient pas les mêmes tickets), les tend au poinçonneur, assis dans une petite guérite, placée avant le portillon automatique, actionné par un vérin. Cette porte se fermait automatiquement avant l'arrivée d'une rame, combien ont couru pour passer juste avant la fermeture !

Tout d'abord le remugle, propre au métro Parisien, une odeur unique, identifiable entre toutes, indéfinissable...

Les quais goudronnés noirs, avec les huit dessinés à l'eau additionnée d'un désinfectant, les lampes éclairant la station, je les ai vues être remplacées par des néons, sur cette ligne, la 5, je pense en 1954 ou 55. Ces ampoules, les mêmes que dans les voitures, possédaient un filament en "zig-zag" semblable à un profil de filetage.

La faîence blanche sur les murs, les encadrés en faîence marron, destinés à recevoir "les réclames" : les frères Ripolin, coiffés de leurs canotiers, les blouses blanches, le suivant écrivant sur le dos du précédent ; la vache "Monsavon" de Savignac, sous les pis la savonnette ; et puis aussi : "halte là qui vive" ?... Saponite la bonne lessive ! ; le livreur de pinard, fouillasse à l'est, des kils de pinard à la main "Nicolas, fines bouteilles" ; la belle Gitane, dansant dans les volutes de fumée bleue, vantant les cigarettes du même nom...

Et puis aussi la belle affiche du film de Jacques Becker : "touchez pas au grisbi". Enfin, un peu plus tard, en 1955, j'ai vu la très mystérieuse affiche du film de Clouzot : "les diaboliques", sur laquelle il était spécifié que les portes du cinéma seraient fermées, dès le début du film ! Les spectateurs étaient priés de ne pas révéler la fin ! Mystère, mystère...

La rame surgit, une "Sprague-Thomson", il y a un certain moment qu'on l'entendait : crissement des bogies au passage des aiguillages, frottement des patins sur le rail d'alimentation électrique, voitures brinqueballantes, de couleur verte, un vert foncé, les esthètes diront : "vert Véronèse", moi je dirai plutôt : crade. Puis LA voiture rouge, celle des premières classes, sièges en molesquine, contre : lattes de bois pour les secondes, aucune importance, pas de places assises aux heures de pointe !

La fermeture des portes est assurée par des vérins fonctionnant à l'air comprimé, dégueulant d'huile, actionnés grâce à l'intervention d'un préposé, placé dans la voiture de tête. Parfois, pour faire hâter les gens, il actionnait légèrement les vérins. "Tchiss, tchiss", faisait l'air comprimé en s'échappant.

J'aimais beaucoup me placer dans la voiture de tête : ainsi, je pouvais admirer le machiniste, actionnant une manette munie d'une poignée, un potentiomètre sans doute, qui permettait de réguler le moteur électrique, propulsant la motrice. Tout au long du trajet, le bruit est infernal, secoués comme des pruniers, mais bon... Nous avions l'habitude, là aussi des réclames dans les voitures : la petite fille, levant les bras au ciel, alors qu'un toutou noir, se tire avec sa tartine de confitures Bannier.

Dans les tunnels, les affiches rectangulaires : DUBO, DUBON, DUBONNET. Elles ont longtemps persistées. Arrivés gare de l'Est, nous remontons enfin. Descente du boulevard de Strasbourg, nous coupons le boulevard Magenta, puis prenons la rue de la Fidelité à droite. A l'époque, il y avait un cinéma de quartier : le Fidelio, il n'y passait que des films Arabes, existe-t-il toujours aujourd'hui ?

Nous remontons ensuite une partie de la rue de Paradis. Elle regorgeait de boutiques dont la spécialité était, et, est sans doute toujours la cristallerie, la faïence, la porcelaine, mais que du haut de gamme !

A quatorze ans, rien à foutre de la vaisselle, je préférais, un peu plus tard, vers quinze ou seize ans passer dans la rue Jarry toute proche, pour voir les putes. Trop jeune, trop petit, pour qu'elles s'intéressent à moi, mais bon, l'oeil a ses raisons... Avec mes copains de classe, parfois, on y passait, regardant plus les pavés que les filles. Ah, la timidité... J'voudrais ben, mais j'ose point !

Nous arrivons enfin rue Martel : au bout l'école, ma mère me laisse entrer, petit bisou, le "bonne chance" d'usage.

- Je viendrai te chercher ce soir. Tiens, prends tout de même des tickets de métro et de bus, on ne sait jamais...

La journée se passe plutôt bien, j'appris deux semaines plus tard que j'étais reçu au concours d'entrée (grandes vacances sereines en perspective). Le soir, quand je suis sorti, personne ne m'attendait. Je patiente un quart d'heure, puis je commence à remonter lentement en direction de la gare de l'Est.

Pas fier, quatorze ans, petit pour mon âge, j'attends encore un peu devant la bouche de métro, puis ne voyant personne, je m'engage.

Bien sûr, j'avais déjà pris le métro, mais jamais seul, aussi je ne faisais pas trop attention et, tout à coup, je me suis senti "grand", il fallait que je montre que j'en étais capable.

En arrivant à la maison, je demande à ma mère si elle n'avait rien oublié ?

- Non, non je l'ai fait exprès, il faut bien que tu te débrouilles seul. Tu ne penses tout de même pas, que je vais t'accompagner tous les jours à l'école ?

Et bien voilà : petit, pas bien gros, mais une bonne leçon tout de même ! J'ai emprunté cette ligne pendant deux ans, sans la moindre anicroche, ni agression d'aucune sorte, c'était sans doute des années difficiles, j'ai vu que très rarement des gens faire la manche.

Que s'est-il passé depuis ? Nous sommes constamment sollicités, je n'ose pas rentrer par les transports en commun, passé vingt-deux heures, les bus et les rames de métro sont bien plus belles qu'autrefois, mais à tout prendre, je préférais mon tortillard, pas confortable certes, mais oh combien sécurisant.

La rue Martel ? Je me suis fait jeter au bout de deux ans, on refaisait le métro en classe, j'explique : le premier de la rangée se tourne vers le fond de la classe, fait semblant d'appuyer sur un bouton, en faisant PCHITT, PCHITT (l'air comprimé). Toute la rangée imite la fermeture des portes, ça donne : KLANG ! KLONG ! VLAN ! Ensuite, on saute sur place très rapidement en décollant son cul du banc. Important : ne pas omettre d'émettre un WONWONWONWON, imitant au mieux la rame ! Tout ça, avec une main en l'air, comme pour tenir une poignée imaginaire !

Très marrant, mais pas au goût des profs, surtout celui de Français, et en plus il tenait absolument à nous faire jouer une scène du Cid ! Non mais tu me vois déclarant ma flamme à une Chimène adipeuse, boutonneuse, jouée par mon pote Polo, car les classes n'étaient pas mixtes, mon bon Monsieur ! Ah la vache, je pleurais de rire, j'pouvais pas, alors à chaque fois : la lourde. Ils ont fini par me filer mon blot.

La comptabilité n'a pas perdu grand'chose et moi non plus. J'ai préféré me mesurer avec l'acier, les machines-outils, la mécanique de précision, et je ne l'ai jamais regretté.



dessin Andiamo

mercredi 26 mars 2008

Saoul-FifreTombe heu la neige

Mes pas crissent sur la mince couche de neige tombée pendant la nuit. Nous sommes ce lundi 24 Mars 2008 au matin, en Provence. Mon regard ahuri fait un travelling panoramique et mes yeux glissent sur ces arbres de Pâques pailletés de lumière, décorés de myriades de micro-guirlandes scintillant le long des branches sous les timides lueurs de l'aube.

Le rêve est joli, je n'ai jamais vu tomber ici de flocons à cette époque de l'année, je ne vais pas tarder à me réveiller complètement. J'allais justement, encore un peu ensuqué d'hier soir, jeter un œil et déposer une pensée sur le tumulus de Julie.

Là est la seule explication rationnelle à cette neige hors-saison incongrue. L'autre en haut, là, aurait eu l'élégante attention de recouvrir Julie de ce linceul de dentelle immaculée, pour son dernier voyage ? La Nature a de ces délicatesses...

Oui Julie la mascotte des Blogbos Warriors nous a quitté Samedi après-midi. Margotte lui a ouvert la porte pour sa promenade vespérale quotidienne, l'a vu filer vers ses lieux d'aisance, hé oui, elle se soulage toujours au même endroit, et puis elle s'est grattée contre un pin, comme d'hab', et puis Margotte l'a vue tousser deux ou trois fois, s'allonger par terre, et quand elle est repassée par là un moment plus tard, a été intriguée par l'immobilité de la bestiole. Ce flegme tout britannique étant en fait de la rigidité cadavérique.

Julie n'est plus ! Vive Julie ! Ainsi que m'a condoléancé Manou.

Qu'elle continue à vivre dans nos cœurs comme dans notre bannière de blog fut la consolation de cet ignoble Tant-Bourrin mais il ne put s'empêcher de poser une option sur un des jambons !

Les mots d'affection et de solidarité dans l'épreuve que m'envoyèrent Lorent et Andiamo furent sobres et leur ton sincère. Il est simplement regrettable que le masque social d'Andiamo n'ait guère résisté longtemps à l'envie pressante de sortir une connerie et qu'il se soit laissé aller à me joindre ce désolant fichier jipeg :

Dommage, vraiment.

Ce billet avait commencé avec une certaine tenue esthétique mais là je me sens rigoureusement incapable de remonter la pente : elle est trop savonneuse. Allez-y faites ce que vous voulez, moi j'abandonne, ça part en couilles j'en ai rien à foutre, en biberine ? Et pourquoi pas ? Ne vous gênez plus, tenez, cliquez si ça vous amuse, ou alors là dessus carrément, n'ayez pas peur, ça peut pas être pire, et puis merde, ya Calune qui m'a aussi envoyé ce truc , une jeune femme très fine, Calune, foncez-y vous allez vous marrer et n'ayez aucun souci, Julie ne se retournera pas dans sa tombe : les pierres sont bien trop lourdes.

Oui car ici, nous n'enterrons pas nos animaux familiers, de peur de voir leur sépulture fraîchement creusée attirer des renards ou des chiens gratteurs, par l'odeur alléchés. Nous leur organisons un enrochement de première classe, avec recouvrement du trou par de grosses pierres inébranlables.

La sérénité vous est garantie pour l'éternité par la maison Blogbiol, N° 1 sur le crénal des croque-cochonnes.

La famille souhaitant honorer la mémoire de Julie dans la plus grande simplicité, n'envoyez ni fleurs ni épluchures.

Merci.

lundi 24 mars 2008

ManouDu dépouillement et de la prière (Courrier international n°907)





Des sites d'information de la presse iranienne s'étonnaient dernièrement du soudain remplacement du chef de la police de la province de Téhéran. Le général Reza Zarei, fidèle du président Mahmoud Ahmadinejad, n'avait pourtant pas manqué de zèle. Depuis le durcissement des lois morales, il y a un an, ce gardien de la révolution multipliait les arrestations, notamment de femmes et d'étudiants, faisant activement régner la 'moralité' dans la capitale iranienne. Mais, voilà, le chef de la police lui-même a été arrêté en compagnie de six prostituées à qui il avait demandé de se déshabiller pour prier, comme le révélaient mardi 10 mars les très sérieux sites Farda News et Gooya News. L'ayatollah Mahmoud Hachemi Chahroudi, chef du pouvoir judiciaire iranien, a ordonné il y a trois semaines l'arrestation du général, court-circuitant le procureur de Téhéran Said Mortazavi, un proche de Zarei. La presse, soumise à l'autorité de ce même procureur, a pudiquement tu ce scandale embarrassant. Le sulfureux général a été libéré sous caution trois jours après son arrestation. A la veille des élections du 14 mars, l'affaire illustrait bien les tensions entre conservateurs, les religieux comme l'ayatollah Chahroudi cherchant à discréditer le camp des proches du président iranien.


Dans un tout autre registre, je vous conseille ce billet.

samedi 22 mars 2008

Tant-BourrinLa soupe

- Rends-toi, Graisseron, tu n’as aucune chance ! Rends-toi et tout va bien se passer ! Nous ne te ferons auc…
- Jamais !

La voix du Commissaire Lecarchaire, portée par un mégaphone, avait été brusquement interrompue par la réponse du forcené qui avait claqué dans l’air. Et, accessoirement, par le coup de feu qui avait également claqué au même instant et avait fait exploser le rétroviseur de la voiture derrière laquelle le Commissaire était accroupi.

En se débarrassant des débris de verre dans ses cheveux, Lecarchaire se demandait que faire. Oui, comment agir face à un tel coup de folie d’un homme pourtant jusque-là sans éclat ?

Toutes les informations qui lui avaient été transmises sur celui-ci, alors qu’il roulait, sirène hurlante, vers le siège social de Tartichou & Fils, lui avaient décrit un être falot et sans consistance, expert-comptable au sein de cette entreprise depuis près de trente ans, transparent, pas revendicatif pour un sou, timide et renfermé. Qu’est-ce qui avait donc pu le pousser à péter ainsi un câble, à débarquer dans sa boîte avec un fusil et à tirer dans le tas ?

La clé de l’énigme lui échappait et il lui fallait la trouver vite, Lecarchaire le sentait bien. Oui, qu’est-ce qui avait bien pu se passer dans la tête d’Anselme Graisseron ?

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jeudi 20 mars 2008

BofKamasoutra culinaire


Chez La poule avant hier c'était boudin. M'en est venue une idée de billet, et c'est tant mieux, je craignais de congeler le lectorat à force de récit québécois.

Depuis la nuit des temps, la pomme et le boudin ont uni leur destin pour substanter les affamés, les gourmets, et même certaines gallinacées.

Comme tout bon couple qui se respecte, pour briser la monotonie de la monogamie, ils ont tenté d'élaborer différents modes d'accouplement, réveillant ainsi nos papilles par d'audacieuses acrobaties culinaires. Certaines vous sont sans doute connues, comme l'union dans une poêle brûlante, en quelque sorte le missionnaire du boudin/pomme. Ou en levrette express, dans le sifflement aigu de la cocotte-minute.

Mais aujourd'hui, foin de ces amours convenues ! Aujourd'hui, cheminons de concert sur le chemin du tantrisme culinaire.

Tout d'abord, épluchons quelques pommes, à choisir suivant affinités, une petite note acidulée ne gâchera rien, au contraire. On les coupe en quartiers, pour les caraméliser ensuite dans un mélange beurre et sucre. Joliment disposés en rosace au fond d'un moule à tarte, on recouvre d'une pâte brisée, avant de cuire environ 15mn à 190°C. Oui, vous venez de faire une tarte Tatin, et le plus dur est derrière vous.

Maintenant, il vous faut du boudin. La simplicité apparente du produit cachant en fait d'énormes disparités gustatives suivant l'endroit où vous l'achèterez, je vous invite à une exceptionnelle vigilance. N'hésitez pas à tuer le boucher si vous n'êtes pas satisfaits : avec le boudin, on plaisante pas.

Ce boudin vous allez le poêler, et là deux options vont s'offrir: le couper en rondelles (très délicat) qu'on dispose sur la rosace, ou l'éclater complètement (ça défoule), pour pouvoir en tartiner votre Tatin démoulée juste tiède. Ayé, c'est déjà fini, facile non ?



Normalement, vous devriez subir quelques regards inquiets le jour où vous présenterez ça à vos invités. Mais ensuite, ils (exceptés ceux qui prétexteront un régime spécifique, une lâcheté gustative congénitale ou une solidarité sans faille avec le mouvement de libération de la pomme) en reprendront, je vous le garantis.

mardi 18 mars 2008

AndiamoL'effet papillon

Depuis quinze jours les chaînes de télévision, les stations radios, les journaux, internet, tout ce qui touchait de près ou de loin à l'information, suivaient, minute par minute, l'actualité brûlante en ce début de juillet 2030.

Aurons-nous la guerre ? Le Kamtchatka territoire indépendant depuis 2025, menaçait de balancer tous ses missiles à têtes nucléaires sur les Etats-Unis et ses alliés, si ces derniers continuaient à soutenir la Sibérie orientale, indépendante elle aussi, sur laquelle le Kamtchatka, en raison de sa situation géographique, réclamait l'annexion.

Et puis, fin Août, le président du Kamtchatka (élu avec 98,5% des voix) ! Avait fait brusquement volte-face, on murmurait à titre officieux que la Chine aurait menacé le président Ralliouchine des pires sévices, si ce dernier ne se calmait pas.

Le calme était revenu, et pour longtemps. Un matin, on avait retrouvé le bouillant et très démocratique président Ralliouchine, pendu dans sa datcha, située dans la banlieue de Petropavslovsk-Kamcatskij, la capitale !

Rodolphe Mézières, planté devant l'affiche en 3D 4x3, lisait la pub de la très sérieuse agence "RETRO-TEMPO" : de la reine Margot à Mao, rien n'est impossible pour RETRO-TEMPO ! Un peu débile, leur slogan qui proposait pour 2000 "Mondos" seulement un voyage dans le passé (le Mondo était devenu la monnaie internationale officielle en 2014, après le crack de Wall Street, tous les pays l'avaient adopté, sauf bien sûr ceux en voie de développement qui avaient été écartés, trop pauvres pour partager le gâteau, comme d'habitude !). Quant aux Suisses : ils n'étaient ni pour ni contre, bien au contraire !

Deux mois plus tôt, Rodolphe avait gagné 2000 Mondos au grand jeu Internet-Bol, l'animateur demandait le nom de la capitale du Kamtchatka et, bizarrement, il venait tout juste de l'écrire à l'ancienne sur une feuille de papier, aussi avait-il été le premier à faire courir ses doigts sur le clavier : Petropavslovsk-Kamcatskij, et avait gagné, devançant de deux centièmes de seconde son plus proche concurrent.

Ayant pris rendez-vous via Internet, Rodolphe se rendit dans l'immeuble cossu de l'avenue d'Iena, qui abritait les luxueux bureaux et laboratoires de Rétro-Tempo. Là, une hôtesse genre "top-modèle", tailleur bleu pétrole, escarpins assortis, décolleté vertigineux, l'accueillit, sourire "Ultra-Brite" sur ses dents carnassières.

-Bonjour Monsieur, vous désirez ?

-Euh...Bonjour Mademoiselle, je suis Monsieur Mézières, j'ai rendez-vous aujourd'hui avec Monsieur Dampierre.

L'hôtesse coiffée de son casque-micro, manipula un minuscule interrupteur placé à son poignet.

-Monsieur Dampierre ? Pouvez-vous venir un instant, votre rendez-vous vient d'arriver, merci.

Un homme d'une quarantaine d'années s'avança, main tendue, sourire éclatant sur un visage légèrement hâlé, poignée de main virile : Monsieur Mézières ?

-Oui

-Si vous voulez bien me suivre...

Après s'être calé dans un profond fauteuil, Rodolphe, un peu gêné, expliqua à son interlocuteur que son fantasme absolu serait de voir Marilyn Monroe, pouvoir respirer son parfum, juste humer le numéro 5 de Chanel laissé dans son sillage !

Dampierre sourit : je vous comprends parfaitement Monsieur Mézières, moi-même, voyez-vous...

- Ah bon vous aussi ? Et les voilà partis à se rappeler : 7 ans de réflexion, Bus-Stop, Comment épouser un millionnaire, The misfits, etc, etc.

Monsieur Mézières, rien de plus facile, nous pouvons parfaitement satisfaire votre désir, toutefois, vous devrez nous laisser un petit délai : juste le temps de nous assurer que votre petit séjour dans le passé, ne risque pas, et ce en aucune manière, d'influer sur l'avenir. Le fameux "effet papillon".

L'effet papillon ? interrogea Rodolphe. Dampierre lui sourit, puis calmement lui expliqua : un battement d'aile de papillon au Chili, peut-il provoquer une tornade au Texas ? Cela vous fait sourire Monsieur Mézières, mais écoutez ceci :

A cause d'un embouteillage, une voiture dut s'arrêter.

A cause du passager qui se trouvait à bord, un homme s'approcha.

A cause de sa haine pour l'homme qui se trouvait à bord, l'homme sortit un pistolet de sa poche, et tira.

A cause de la mort du passager, un pays entra en guerre contre un autre pays.

A cause des alliances internationales de ces deux pays, le continent s'embrasa.

A cause de l'importance du continent sur la scène mondiale, la terre entière bascula dans la guerre.

Tout cela au départ, à cause d'un embouteillage !

Comme vous l'avez compris Monsieur Mézières, ça s'est passé le 28 Juin 1914 à Sarajevo, Gravilo Princip venait d'assassiner François-Ferdinand, héritier de l'empire Austro-Hongrois, cet assassinat a déclenché la guerre de 14-18.

Un embouteillage, Monsieur Mézières, un simple embouteillage, vous comprenez maintenant notre prudence, il nous FAUT prendre toutes les précautions possibles et imaginables avant votre "télé-portation".

Deux semaines plus tard, Rodolphe reçut dans sa boîte à mails, un message lui donnant rendez-vous pour le lendemain. Munissez-vous de votre carte de crédit, était-il mentionné à la fin du message !

Même accueil que précédemment, sauf que l'hôtesse avait troqué son tailleur bleu pétrole, pour une tenue hyper sexy : pull jersey beige moulant, ne cachant pas grand-chose de son anatomie, micro-jupe brun de madère, et enfin bottes cuissardes en box-calf, assorties au pull complétaient la tenue de la jeune femme.

Rodolphe, après avoir acquitté la totalité de son "transfert", fut conduit dans la partie laboratoire de l'établissement, cette pièce était située au sixième et dernier sous-sol de l'immeuble. Serré contre l'hôtesse dans l'étroit ascenseur, il louchait sans vergogne sur les courbes généreuses de la bimbo.

L'ascenseur s'immobilisa, la jeune femme sortit la première, large sourire à l'adresse de Rodolphe, puis elle s'engouffra dans l'étroite cabine et disparut.

Dans la grande salle aux murs en inox "brossés", étaient présents : Monsieur Dampierre, portant une blouse blanche, ainsi qu'un assistant habillé de blanc également, le long du mur une rangée d'ordinateurs, au centre de la pièce un grand fauteuil métallique.

L'assistant conduisit Mézières jusqu'à une cabine d'essayage placée dans un des coins de la pièce : "Monsieur Mézières, je vous prie de vous changer, vous trouverez dans cette cabine les vêtements que nous vous avons préparés, quand vous serez prêt, venez nous rejoindre s'il vous plaît".

Voilà un "machino" plus vrai que nature ! s'écria Dampierre en voyant arriver Rodolphe dans sa combinaison grise, avec dans le dos écrit en lettres rouges : 20th Century Fox.

Vous allez être heureux, Monsieur Mézières ! Nous allons vous transporter à Hollywood, dans les studios de la 20th Century Fox, sur le tournage de "Sept ans de réflexion" ! Vous assisterez à la "mise en boîte" de la scène culte sur la bouche de métro !

Alors Monsieur Mézières, heureux ?

-Ah oui alors, plus que ça même, c'est comment dire... WAOUH !

Mais je vous rappelle que vous ne devrez toucher à rien, ne pas vous faire remarquer, on vous a habillé en "machino", vous passerez inaperçu, votre séjour sera bref, cinq minutes à peine, mais de grâce pas d'incidents, l'effet "papillon" n'oubliez pas !

Dites voir, s'il se produisait une panne de courant interroge le futur "voyageur" ? Aucun risque, cher Monsieur, nous sommes alimentés par deux groupes électrogènes, eux-mêmes fonctionnant grâce à une pile à combustible, autonomie totale, allons détendez-vous, tout ira bien. Et puis une fois le processus enclenché, tout est automatiquement géré par notre batterie de supers ordinateurs, connectés entre eux. Si, par le plus grand des hasards, l'un d'eux tombait en panne, les autres le relairaient, et puis que voulez-vous qui arrive de fâcheux ? Nous sommes bien protégés au sixième sous-sol. Allez, keep cool, comme on dit en Auvergne, ah ah ah !

Rodolphe n'en mène pas large, malgré les efforts de Dampierre pour détendre l'athmosphère. Ce dernier s'affaire sur le clavier, l'assistant, lui, est aux manettes.

Léger bourdonnement, une petite sensation d'apesanteur, l'odeur d'ozone qui lui pique légèrement les narines, sensation de vertige...

Soudain, Rodolphe plisse les yeux, un énorme projecteur l'aveugle, il porte la main à son front, pour en faire une visière. Et là, au milieu du plateau, il aperçoit son idole, elle est debout sur une grille, un énorme ventilo est placé dessous, le courant d'air soulève sa jolie robe blanche. Marilyn a beaucoup de mal à retenir le tissu qui virevolte dans tous les sens, elle rit de bon coeur : "Oh my God" ! lâche-t-elle à tout instant.

Calé dans un fauteuil de toile, Billy Wilder observe la scène. A coté de la belle Marilyn, Tom Ewell sourit, l'air goguenard, les caméras ne tournent pas encore, une répétition en somme. La jolie blonde sort de son décolleté un Kleenex et s'essuie les yeux, le courant d'air lui a fait couler une petite larme.

Action ! hurle Wilder. Marilyn lâche le petit mouchoir, celui-ci, porté par le courant d'air, atterrit aux pieds de Rodolphe, il hésite un instant, puis n'y tenant plus, il se baisse, le ramasse et le glisse rapidement dans sa poche.

Le parfum de Marilyn, porté par l'air brassé grâce au ventilo, vient réjouir l'odorat du faux machino, il s'en gave les fosses nasales, quel spectacle ! La robe blanche se soulevant, découvrant les jambes de Norma Jean, le numéro 5 lui parvenant en pleine face,et puis ce plus qu'il serre dans sa main, le petit mouchoir de papier qui a essuyé une larme de Marilyn, peut-être sera-t-il imprégné de SON parfum ?

Sans transition, l'ôdeur d'ozone remplace le numéro 5, la désagréable sensation d'apesanteur, les légers picotements, puis Rodolphe se retrouve dans le labo, il est vide, personne pour l'accueillir, il descend du fauteuil métallique, appelle : oh ! il y a quelqu'un ? Personne, sa voix résonne contre les murs en inox.

Il se dirige vers le petit ascenseur, appuie sur le bouton d'appel, rien ne se produit. Alors il emprunte l'escalier. Merde, songe-t-il, 2000 Mondos, bonjour la technique !

Il traverse le hall, vide lui aussi, l'hôtesse n'y est plus, pourtant mon "voyage" n'a duré que cinq minutes, songe-t-il, que s'est-il passé ?

Il se retrouve sur l'avenue... Le chaos, des immeubles en ruines, les voitures enchevêtrées, des cadavres jonchent les trottoirs, façades noircies...Rodolphe se dirige vers la place de l'Etoile, même spectacle de désolation.

Puis il commence à descendre les Champs Elysées, un homme hagard surgit du Drugstore Publicis, des boîtes de conserves plein les bras, putain de Ralliouchine grommelle-t-il !

Il l'a fait, songe Rodolphe, il l'a fait, comment est-ce-possible ? Pourtant il est mort : PENDU !

Alors, il plonge la main dans la poche de la combinaison grise, sort le petit Kleenex, le porte à son visage, identifie immédiatement la fragance : Numéro 5 de CHANEL.



dessin Andiamo 2008

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