Blogborygmes

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 29 juin 2009

Saoul-FifreLe bon score des pipes

Issu d'un milieu paysan, j'ai toujours eu pour le sport l'œil noir du toro pour le torero. Ces feignants qui éprouvent le besoin d'aller se fatiguer après le boulot, ah y z'auraient remué 500 ballots d'foin comm' vous m'voyez là, on les verrait pas faire leur joguingue en pyjama fluo, c'moi qui vous l'dit !

N'ayant, ni mes parents ni moi, jamais eu la télé, je ne connus jamais non plus la tentation du sport en chambre, devant petit écran, une bière à la main en train de hurler mes encouragements à de vraies brutes musculeuses, au risque d'être filmé à mon insu et de faire la joie du public de Vidéo-gag, toute ma honte bue. Ah si ! Un Dimanche nous avions été invités à une "partie de jardin" pour les 40 ans d'un ami, barbecue/tonneau de rouge/piscine/pétanque, très chouette, nonon les parisiens, vous ne pouvez pas connaitre, c'est dommage peut-être mais c'est comme ça... quand vers la fin de l'après-midi je sentis un brouhaha, une ambiance fébrile s'emparer des éléments mâles présents. Dans le soir descendant, au lieu de s'extasier sur la chemise de nuit rougeoyante dont se drapait le soleil exténué, ils s'activaient, sortaient un grand écran par la fenêtre, alignaient des chaises devant ; nous concoctaient-ils un petit visionnage impromptu d'un de ces films mythiques que l'on peut revoir à l'infini sans se lasser ? Je m'en enquis et lus dans le regard ébahi, ahuri, abasourdi, stupéfié, statufié de mon ami toute la profondeur de mon excentricité et de mon marginalisme :

-"Quoi ? Tu ne sais pas que c'est ce soir la finale de la Coupe du monde ??"

- "Heu, tu n'es pas loin d'avoir raison... un jour je me souviens d'être allé au stade voir mon frère ainé qui jouait au rugby, j'avais 9 ans...". Je m'enfonçais, je sentais bien qu'il ne m'inviterait jamais plus : nous étions en 1998 et c'est la France qui gagna, je me suis dépêché d'oublier contre qui. Ce fut le seul match de foot que j'ai regardé du début à la fin. Vous mettrez à mon crédit moral que je n'en ai pas profité pour aller draguer leurs femmes pendant ce temps, je ne me valorise pas de ces facilités-là.

La notion même de sport, de sportifs me bloque. Les sportifs professionnels bien sûr : ils se sont spécialisés très jeunes, en faisant l'impasse sur tout le reste, sur tout ce qui fait la vie, la culture, la philo, la conscience politique. La bêtise abyssale (ça fait longtemps qu'on n'y a plus pied) d'une Laure Manaudou peut faire très peur, débouchant sans prévenir au coin d'une interview ! Les exceptions en sont d'autant plus sympathiques : le fin Rocheteau, le touche-à-tout Eric Cantona ou le réjouissant Yannick Noah

Mens sana in corpore sano tant que vous voulez, le corps est un outil dont il faut prendre soin, il ne faut pas qu'il rouille, que les tuyauteries se bouchent ou que le moteur cale. J'ai toujours été actif (un peu moins ces temps-ci), à crapahuter dans les bois, monter aux arbres, nager dans les étangs, pédalouiller sur les chemins vicinaux. Mais bon, c'est la vie toute simple, ça, ce n'est pas du sport, c'est juste ne pas rester scotché sur son fauteuil ?

Par contre, à l'école : cours d'Education Physique ! Tout de suite les grands mots. Des exercices complètement déconnectés du réel, que l'on devait exécuter sous les regards goguenards des autres, aux ordres glapis d'un petit fuhrer de gymnase qui ne considérait sa matière que sous le signe de la compétition, dans le but primitif de classer les élèves en "bons" (à caresser, à encenser, à tripoter, à embrasser sur la bouche, à féliciter, raviravi comme si le prof était le véritable auteur des exploits en question), et en "mauvais" (à humilier, à insulter, à ridiculiser, à livrer tout crus aux moqueries sadiques, à vouer aux enfers avec tous les autres résidus de fausse-couche d'intellos de merde).

Ah j'ai souffert, vous pouvez pas comprendre. Tout ce qui était gymnastique, athlétisme, j'étais nul. Mais pas le nul basique, sympathique, cossard, mot d'excuse de la maman et tout ? Le vrai beau nul de compétition, là oui, je les battais tous : j'étais le meilleur des nuls. À pas savoir faire une roulade. À ne pas toujours arriver à sauter le 0,90 en hauteur. Le dernier 15 mètres derrière les autres au 100 mètres, bien sûr, toujours.

Alors les sports d'équipe, là c'était encore autre chose. Plus pathologique. Le prof comprenait vite ma haine viscérale de tout ce qui est groupe, troupeau, horde, meute. En foot, on me mettait arrière, c'était bien, arrière. Je discutais avec le goal (le goal s'ennuie souvent), un peu inquiet quand même car il connaissait le niveau suprême que j'avais atteint dans l'art de l'esquive, quand arrivait le ballon. Un mauvais coup est si vite attrapé, avec ces couillons de jeunes bisons fonçant sans réfléchir, à la poursuite d'une obsession bien de leur âge : aller aux buts.

Les sports à 2, j'étais un peu meilleur, voire bon. Je ne sais pas pourquoi cette notion de se confronter, de se mesurer, à la loyale, les yeux dans les yeux, me plaisait. Un de mes profs était fan de lutte gréco-romaine et avait réussi à nous transmettre le virus. Je n'était pas bon, mais ça me plaisait, y avait du mieux. Le ping-pong aussi, c'est un jeu, ça doit m'évoquer les Dames ou les Echecs, enfin un truc de musclés du cerveau.

J'aime bien la confrontation, mais à 2. Dès qu'on est plus de 4..., vous connaissez la suite du poème. J'ai fait des milliers de kilomètres en vélo mais je ne me suis jamais intéressé aux champions cyclistes, ni au Tour de France. J'ai fait quelques courses mais toujours contre un pote, 1 contre 1 et que le meilleur gagne. J'ai eu mon époque tennis, également. j'aimais bien jouer à deux contre un fronton. Très physique. Plusieurs années de karaté, aussi. Moins que Poussin Rose, mais quand même ! En kayak ou en canoë mono place. Toujours mono place. La dernière fois où je suis monté dans un bi-place, je me suis engueulé avec le copain. La nage aussi. Quel est le plus rapide des 2 ? Il faut bien le savoir, merde ? Ce jour là, après une course de 1 km dans le Grand Lac du Parc des Expositions à Bordeaux, j'ai bien failli être le vainqueur ET le survivant, mais il me restait assez d'énergie pour aller sauver mon pôte épuisé qui se noyait, les pieds pris dans les algues, à quelques brasses de l'arrivée.

C'est contre soi-même que l'on se bat. Toujours.

Mais la grâce est de trouver chez l'adversaire le visage d'un ami.

samedi 27 juin 2009

AndiamoMauvaises blagues

Il y a des jours comme ça on l'on se sent non pas orphelin, car ces deux personnages étaient bien plus jeunes que moi, alors je vais dire amputé.

Le premier: une bête de scène, un musicien exceptionnel, une originalité, un style n'appartenant qu'à lui.

La seconde, avait enchanté mes années soixante-dix, blonde flamboyante, sourire lumineux, et gaulée comme une princesse de légende !

J'ai désiré entre deux billets me recueillir un petit instant, j'ai gribouillé ces deux portraits, je n'ai pas eu trop le temps de m' y attarder, de peaufiner, mais bon, l'intention y est, et n'est-ce pas ce qui compte ?

Tout d'abord, place à la musique.



C'est un bien mauvais thriller que tu nous a fait là !



Tu sais Madame : aujourd'hui tu n'es pas drôle du tout, mais alors pas du tout.

Dessins Andiamo pour Blogbo.

Samedi 27 / 06 /09 :

P-S : ce matin je rajoute ceci :

Ne pensez pas que je cautionne l'homme Michael Jackson, je rends simplement hommage au musicien... Qu'on se le dise !

jeudi 25 juin 2009

Mam'zelle KesskadieUn après-midi de Juin

Le président américain a tué une mouche en plein durant une entrevue. De la détermination dans son regard, la moue intransigeante, il avait signé son arrêt de mort.

ok. Si la une des journaux c'est ce meurtre en direct, me direz-vous, où s'en va l'Amérique ?

Simple à répondre, au centre d'achats. Tant que les américains dépensent, ils s'abstiennent de penser. S'ils s'arrêtaient de dépenser, heu... mieux vaux qu'ils ne s'arrêtent pas et que leur président trucide les insectes.

Ce qui m'amène à mon sujet principal : la température.

Comme vous l'avez deviné, il a commencé à faire assez chaud pour qu'on sue zici. Sachez, cher peuple de l'univers, que l'américain du nord au nord, donc, vers la zone québécoise, a une obsession dans sa vie : l'hiver garder la chaleur en dedans, l'été, la garder en dehors de sa cabane.

Or, rien n'est plus insidieux que la température extérieure. Même si on ne l'invite pas à souper, elle se présente quand même derechef. Sachant cela depuis qu'il est en âge d'aller à l'extérieur, soit, depuis son tendre berceau, le québécois hiberne ou hiverne, et l'été, va au centre d'achats et climatise.

Deux méthodes : la première, l'air climatisé central. Moyennant des dollars par poignées, une petite machine souffle de l'air froid à travers les conduits d'air , air qui est chaud l'hiver. tout baigne, surtout si on a une piscine. Si vous survolez le québec, vous serez ébahis de voir les lacs et les forêts entre les cités, et les piscines dans les dites cités. Seules les pauvres divorcées sans chum de revenu plus moyen que certain n'en ont pas.

Alors, la pauvre divorcée est obligée d'installer dans sa fenêtre un climatiseur portatif.

Moi, donc, j'ai retrouvé le climatiseur et l'ai sorti de sa cachette. Ensuite, j'ai porté la chose jusque dans la fenêtre. Jusque là, tout va. Ensuite, c'est là que le bât blesse, il faut ajouter une panneau, un plexiglas, enfin quelque chose pour combler l'espace en haut du climatiseur.

Pour ma part, je vous dirais que j'ai toujours détesté bricoler. Déjà, dans ma tendre enfance, mon professeur s'assurait de ne pas mettre à l'avant ma production. Un jour béni de mon secondaire, le professeur d'art plastique a passé en revue les travaux en donnant un commentaire à chaque. Sauf au mien. Après une longue minute de silence, elle a passé au suivant. Ce qu'on appelle un long moment de solitude et pour elle et pour moi. La solitude à deux...c'est long.

Bon, revenons à nos bricolages. J'ai réquisitionné mon fils. Je dois avouer que je suis toujours abasourdie de voir que ce fils réussit à être un gars, plus malhabile que moi et sans espoir de progrès. Mon fils est le seul gars que je connais à qui il faut que je mette un fusil derrière l'oreille si jolie pour qu'il apprenne à conduire son scooter.

Seule sa sœur a pitié de lui et me supplie de le laisser tranquille, mais c'est qu'elle est presqu'en âge de conduire et espère que lui, ne le sera jamais.

Bref, ça fait dur. Traduction : c'est laid. Mais frais. En fait, j'eus un mouvement de désespoir quand j'ai appuyé sur le bouton on et que le truc n'a pas démarré. Désespoir vite consolé quand j'ai branché ladite machine à la prise électrique.

Moralité : l'Amérique est fraîche, laide quand elle n'est pas riche, mais branchée.

Tout baigne.

P.S. aujourd'hui, c'est la St-Jean, fête nationale des québécois.

mardi 23 juin 2009

AndiamoLes gardiens de l'Iroise

Une petite musique pour accompagner...



L’Iroise, un bien joli nom, ça ressemble un peu à turquoise, cette jolie pierre précieuse bleue.

L’Iroise, c’est la mer qui borde le Finistère, là où finit la terre à la pointe ouest de la Bretagne… BREIZH en breton, une langue rude et belle à l’image des femmes et des hommes qui la peuplent.

La pierre, les rochers, les récifs parsèment cette mer, d’un bleu profond, sans cesse en mouvement, belle et dangereuse à la fois, comme les femmes des légendes Bretonnes. Ces côtes sont si redoutables que les marins les plus expérimentés, les plus aguerris, s’en méfient bien plus que de la peste ! Certains lieux portent des noms engageants, ainsi : la baie des trépassés…

Au XIXème siècle, l’état Français entreprit de construire des phares, afin de sécuriser au mieux ces endroits meurtriers. Imaginez les tempêtes effroyables, les courants violents, les vents que rien n’arrêtent et qui viennent terminer leur course sur ces côtes déchiquetées, mais combien magnifiques.

La tâche ne fut pas aisée, plusieurs années étaient nécessaires à l’érection d’un seul phare, les conditions météo particulièrement difficiles. Il aura fallu des bâtisseurs courageux et ô combien téméraires pour mener à bien pareilles entreprises.

Un petit hommage (on ne fait pas QUE dans la gaudriole cheu nous ) ! C’est bien la moindre chose qu’on leur doit.

Alors j’ai illustré du mieux que j’ai pu quelques uns de ces "bastions", de ces gardiens infatigables, hommage aussi aux hommes qui veillaient sans cesse sur leur fonctionnement, vivant en reclus pendant deux semaines minimum. Il est arrivé au cours de tempête mémorables, que certains gardiens soient restés plus de trente jours, se rationnant au maximum pour survivre, mais chaque nuit la lanterne s’allumait, le devoir jusqu’au bout !

Mis en place en 1806, le service des phares et balises est chargé de l’entretien des "gardiens" de nos côtes. Les employés de ce service distinguaient deux sortes de phares :

- Les paradis : les phares construits à terre.

- Les enfers : ceux construits en pleine mer.


Tout d’abord un ch’tiot crobard de l’endroit, afin de mieux situer l’emplacement de ces petits chefs d’œuvre, eh oui ! Car bâtir dans de telles conditions n’aura pas été une partie de plaisir.



LE FOUR :

LE FOUR : un enfer.

Phare donjon, bâti au large de la presqu’île de Saint-Laurent, sur la commune de Prospoder, il balise le chenal du FOUR, passage entre la MANCHE et la MER D’IROISE, un endroit où les courants sont particulièrement violents.

Les conditions d’accostage au moment de la relève, tous les quinze jours, étaient extrêmement dangereuses. Ainsi, en décembre 1978, cette manœuvre coûta la vie à deux hommes.

En septembre 1993, après AR-MEN, LA JUMENT, et LES PIERRES NOIRES, il était automatisé.



LA JUMENT :

LA JUMENT : un enfer.

Erigé entre 1904 et 1911 sur le récif d’AR GAZEC (la jument en breton), ce phare a été rendu célèbre grâce au film de Philippe Lioret "L’équipier", avec Sandrine Bonnaire, Philippe Torreton, et Grégori Derangère, excellent film au demeurant qui donne un aperçu de ce qu’était la vie "à bord" d’un phare de pleine mer.

Le phare de la jument fut construit grâce au legs de Charles Eugène Potron, à la suite du naufrage du Drummond Castle en 1896, un paquebot Anglais.

Ce naufrage coûta la vie à 297 personnes, on ne recueillit que trois survivants !



LES PIERRES NOIRES :

LES PIERRES NOIRES : un enfer.

Situé à la pointe St Mathieu, sur la commune du Conquet, construit entre 1867 et 1871, en pleine mer.

Jakez Riou, dernier gardien dira au micro de France Inter en 1992

- Aujourd’hui, mon phare a le cœur sec, c’est comme si on lui avait mis un cœur artificiel, quand j’ai fermé la porte, je n’ai pas honte de le dire… J’ai chialé !



AR-MEN :

AR-MEN… La pierre en breton, construit entre 1867 et1881, c’est sans aucun doute le plus mythique et le plus éprouvant, surnommé : l’enfer des enfers ! Par les employés des phares et balises.

Au cours des violentes tempêtes fréquentes dans cet endroit, les coups de boutoir des éléments déchaînés faisaient trembler la bâtisse, décrochant tout ce qui était suspendu !

Les conditions étaient si effroyables qu’il n’était pas rare que les gardiens restent plus de quinze jours en garde de la bâtisse, tant les conditions d’accostage étaient périlleuses.

Situé sur la zone de récifs qui s’étend sur 13 miles à l’ouest de l’île de Sein, zone excessivement dangereuse, près de la BAIE DES TREPASSES, engageante appellation n’est-ce-pas ?

Pas moins de quatorze années ont été nécessaires à son édification tant les conditions étaient difficiles.



LA VIEILLE :

LA VIEILLE : un enfer.

Il y a un peu plus d'un an, j'avais raconté une petite histoire, dont l'action se déroulait dans ce phare ô combien mythique : la vieille

Ce phare fut construit entre : 1882 et 1887, de forme carrée, le haut de la tour crénelé, sa silhouette est reconnaissable entre mille.

Assis sur le rocher de GORLEBELLA (la roche la plus éloignée en breton) un enfer aussi bien sûr !

Avant-dernier phare Français a avoir été automatisé, les gardiens en place refusèrent le relève en 1995 en signe de protestation.

cht'iots crobards : Andiamo, pour Blogbo.

dimanche 21 juin 2009

Tant-BourrinMille excuses !

... ou plutôt trente, c'est bien assez !

Autant l'avouer tout de suite : pas de billet aujourd'hui, je n'ai rien de prêt sous la main. En revanche, j'ai quelques justificatifs au choix, vous n'avez qu'à choisir celui que vous préférez.

Si je n'ai pas pu préparer de billet digne de ce nom, c'est parce que...

  1. ... j'ai complètement oublié, c'est ballot !
     
  2. ... halte aux cadences infernales !
     
  3. ... je suis un peu surchargé en ce moment : mon agenda est aussi plein que le Souf' un soir de cuite.
     
  4. ... ma frange me tombe sur les yeux, je n'y vois plus rien.
     
  5. ... je suis très fatigué en ce moment et je n'arrive pas à me concentrer sur ce que
     
  6. ... trop de billets tue les billets.
     
  7. ... je travaille plus pour gagner plus (mais ça ne marche pas trop d'ailleurs)
     
  8. ... j'avais une réunion des Champomiques Anonymes.
     
  9. ... je sors d'une séance de manucure et mon vernis à ongles n'est pas sec : je ne peux pas taper sur le clavier.
     
  10. ... j'essaie d'arrêter de fumer (la moquette).
     
  11. ... je n'ai pas été payé depuis deux mois : que Blogbo S.A. Inc. me paye mon salaire en retard et on en reparlera !
     
  12. ... il y a un temps pour tout : le temps de mon prochain billet devrait advenir aux alentours du 24 septembre 2037.
     
  13. ... j'aime flâner sur les grands boulevards, y'a tant de choses, tant de choses, tant de choses à voir...
     
  14. ... j'ai chopé la grippe porcine en lisant des revues cochonnes.
     
  15. ... la touch "" d mon clavir n march plus, c'st assz g^nant j trouv.
     
  16. ... je préfère faire des pièces de deux euros, c'est plus facile à écouler.
     
  17. ... un Airbus A330 s'est écrasé sur mon immeuble.
     
  18. ... j'ai passé plusieurs heures à parcourir l'intégralité de ce site.
     
  19. ... je n'ai pas fini de m'épiler les aisselles. Et après, il me reste les poils des oreilles à enlever.
     
  20. ... je m'autocensure : j'ai peur que Sarkozy et ses sbires surveillent ce que j'écris.
     
  21. ... j4appren,d à taper( abec tous le's doihgts sur l;e cklavier' maiqs jr ne suis paq encore au poi,nt;
     
  22. ... j'ai un puzzle de 14000 pièces à finir (une reproduction d'un monochrome bleu de Klein).
     
  23. ... mon clavier est parti en vacances dans sa villa corse.
     
  24. ... j'ai commencé mon entraînement de farniente en prévision de mes congés.
     
  25. ... j'avais de l'épandage de lisier à faire sur trois hectares de terrain (excuse aimablement prêtée par Saoul-Fifre)
     
  26. ... j'ai une tendinite des deux poignets compliquée d'une luxation de l'épaule trois-quarts vrillée avec coup de pied à la lune.
     
  27. ... mon *connasse* ordinateur a été *bordel* infecté par le virus informatique Gilles_de_la_Tourette et *grosse pute* je tiens à la tenue de mes billets *salope*
     
  28. ... vanité, tout est vanité ! A quoi bon ?
     
  29. ... j'ai passé trop de temps à écrire ces excuses.
     
  30. ... je n'avais pas envie et je me contrefous royalement des lecteurs.
     

vendredi 19 juin 2009

Saoul-FifreLe sujet qui fâche

Dans le style, c'est un must. Si on veut mettre à jour les tendances fâchisantes (sic) de quelqu'un, il est bien pratique d'avoir un simple prénom tel que "Dieudonné" à avancer dans une conversation.

Dans le genre provocateur, on peut difficilement trouver mieux.

Il a toujours été comme ça, il a toujours aimé frapper fort. Pendant 6 ans, avec son génial acolyte Elie Semoun, ils ont dynamité, pulvérisé toutes les formes de racisme. Le racisme étant une petite bête difficile à extirper de l'âme humaine, c'est sans doute par l'humour et le tournage en ridicule que l'on y arrive le mieux. Et sûrement pas en lui opposant un racisme équivalent en face, ce qui alimente la machine en carburant.

Cohen et Bokassa , par exemple, un petit bijou d'écriture qui assimile les conflits de soi-disant adultes à des embrouilles de gosses en récréation, met bien le doigt sur les sources du racisme : un manque de dialogue, une crispation autour des valeurs de sa communauté que l'on pare d'une supposée supériorité, une faiblesse de l'imagination et de l'espoir qui empêche de croire dans un monde meilleur.

Elie et Dieudonné se séparèrent en bons termes, chacun préférant poursuivre une carrière solo. Quand on en parle à Elie, celui-ci plaisante en précisant que c'était Dieudo le plus rapiat, le plus accro des deux aux royalties. Dieudo a eu son propre théâtre, La main d'or, très tôt, en 90, sa propre maison d'édition, etc... Je suis d'avis que ce côté "fils d'expert-comptable", fier de sa réussite artistique et conscient de son talent, explique assez bien la façon dont il a réagi aux attaques mettant sa carrière en danger.

Après avoir quitté Elie, il se lance dans la politique en se présentant contre le FN et sa candidate Marie-France Stirbois, à Dreux, aux législatives de 1997, où il fera un score honnête de 7,74 %. Il ne quittera plus l'arène politique, et la plupart des observateurs diront qu'il se "droitise" de plus en plus. Il votera pourtant José Bové au premier tour des présidentielles de 2007 (celui-ci récusera cette embarrassante recrue) et Ségolène Royal au deuxième tour (j'imagine qu'elle ne lui a pas prêté son micro non plus).

Parallèlement, il continue de nous régaler de ses sketchs hilarants. La fine équipe du 11 date de 2003. Quel talent, quelle intelligence et quel courage ! Car quel autre humoriste osera ainsi s'attaquer de front aux terroristes religieux, les déboulonner d'une aussi efficace estocade ?

Quand il met en scène un inquiétant roitelet africain, qui d'autre pourrait se permettre une telle gifle sans se faire traiter de sale colonisateur ? Dieudo est le meilleur car il n'hésite devant aucune énormité, qu'il est toujours profond et qu'il a refusé une bonne fois pour toutes le rire huhu de salon, bien consensuel qui ne vexera personne. Là, au débotté, sans réfléchir, je ne vois que Bénureau et Timsit pour jouer dans la même cour.

Et puis il y a eu l'affaire Fogiel qui a tout fait basculer. Affaire Fogiel où il n'y a eu que Fogiel de condamné, d'ailleurs. On dit que tout est parti de là, la décrépitude de Dieudonné, tout ça, ce qui est faux.

Tout a basculé en l'an 2000, quand Dieudonné a demandé au Centre National de la Cinématographie une avance sur recettes pour tourner le film-phare de sa lutte contre l'esclavage, "Le code noir". Et que le CNC a refusé, alléguant que l'esclavage n'était pas un sujet de film, alors qu'il avait déjà soutenu plusieurs films sur la Shoah et que les films sur l'esclavagisme, si l'on excepte "Autant en emporte le vent", n'encombrent pas nos écrans, c'est une évidence.

La paranoïa anti-sioniste de Dieudo a commencé ici, son délire de persécution vient du fait qu'il a vécu ce refus comme venant d'un "lobby sioniste" qui voudrait se réserver une espèce de monopole de l'horreur, avec la Shoah. Perso je ne connais pas les membres de la commission d'attribution de l'époque et je ne me prononcerai donc pas. Toujours est-il que le ton de Dieudo monte, se fait de moins en moins subtil, attire l'attention d'associations comme la LDH, la LICRA, l'UEJF, le Consistoire, etc et qu'ils ne le lâcheront plus, enchainant procès sur procès. Les cathos de l'AGRIF s'y mettront eux aussi. Finalement, les seuls à ne pas trop bouger, et il y aurait eu pourtant matière à fatwa, avec sa peu respectueuse "Fine équipe du 11", ce sont les musulmans. Voici des alliés tout trouvés, et, comme par hasard, ils ont en commun la critique de la politique d'Israël.

Jusqu'à fin 2003, jusqu'à l'affaire Fogiel et son sketch vraiment baclé sur un coin de table et pas drôle pour un sou , Dieudo était reçu à la télé, il était même réputé comme un bon client pour les talk-shows. De ce jour, il fut pestiféré, Ardisson l'invita une dernière fois pour lui signifier qu'il était grillé. Les copains jusque là solidaires (Elie, Djamel, Dany Boon, Gad Elmaleh, Alain Chabat, Guy Bedos...) s'éloigneront. Ses nouveaux amis sont tous pro-palestiniens et n'apprécient pas du tout l'axe du bien américano-sioniste, c'est le moins qu'on puisse dire.

Tout s'est passé très vite, il est le dos au mur. Il ne peut pas revenir en arrière, dans ses années de gauche utopique. Il est persona non grata dans les médias. Le bétar attaque son spectacle de Lyon (il y aura une blessée), son concert de l'Olympia aura lieu dans la rue, les directeurs de salles prennent peur et annulent ses dates. La tactique de ses ennemis est claire : ils le frappent au porte-feuille.

Il réagira en se cherchant des soutiens et par là, un public. C'est l'escalade et la découverte par ses anciens fans d'un parcours politique particulièrement chaotique et bizarroïde qui ne peut s'expliquer que par une idée-maitresse de vengeance supplantant toutes les autres : la meilleure défense c'est l'attaque. Les médias le boycottent, il va donc se faire sa pub sur leurs dos, en étant toujours au cœur de l'actualité, créant la surprise, causant le scandale.

Il se rapproche du FN, s'invite à une fête Bleu-Blanc-Rouge. Le Grand Timonier borgne se méfie de cet ancien adversaire soudain tout sourire qui va défendre un de ses lieutenants, Bruno Gollnisch, mais il se laissera séduire. Dieudo fricote avec Les Ogres, se lie avec Alain Soral et même avec le sulfureux Kémi Séba. Toujours à la recherche du "coup de pub" qui lui ouvrira les colonnes des journaux ou les écrans qui le rejettent, il convainc Jean-Marie Le pen d'être le parrain de sa fille et c'est l'abbé intégriste Philippe Laguérie qui la baptise. Hurlements généraux qui semblent mettre Dieudo aux anges qu'on parle de lui.

Apothéose de cette campagne de communication, il fait monter Faurisson le négationniste sur la scène du Zénith. Pourquoi ? Parce que c'est un monstre. Parce qu'il représente un tabou majeur à envoyer bouler. Pour s'amuser. Pour emmerder ceux qui l'ont emmerdé.

Et là il vient de monter avec d'autres branques une liste anti-sioniste. Qu'est-ce que ça peut bien avoir à faire avec l'Europe ? Ce n'est pas un peu restrictif comme programme ? Et un peu antisémite sur les bords ?

Non non, c'est juste pour faire chier. Ça fait très "ambiance de cour de récré". La boucle est bouclée. Dieudonné s'est transformé en un des personnages dont il se moquait avec Elie Semoun dans "Cohen et Bokassa".

Nananè-reu, on a fait 6,35 % à Gen-neu-villiers, c'est bien fait pour votreu gueu-leu !!

Moi je dis que si la commission du CNC avait accordé son avance sur recettes au "Code Noir", on en serait pas là.

mercredi 17 juin 2009

AndiamoLe marché

Sur la petite place, au lever de l’aurore.
Le marché rit, joyeux, bruyant, multicolore….

Ces vers d’Albert Samain, nous les avons tous appris à l’école primaire. Enfin, quand je dis "tous", je pense aux vieux enfants de ma génération. C’était ce que nous appelions une récitation et, bien entendu, il fallait l’apprendre "par cœur".

Cette récitation m’est revenue récemment alors que je me promenais un joli matin, jour de marché, à Mers-les Bains, charmante station balnéaire aux grandes maisons un peu désuètes, plantées le long du littoral Picard, à deux pas du Tréport.

Et ces images de déballages, d'étals, ces senteurs de fruits et de fleurs, ont fait ressurgir des souvenirs, un parfum d’enfance, lorsque j’habitais à (je n’ai pas écrit SUR) Drancy (il faut être NAZE, aujourd’hui on entend des professionnels de la jactance dire, j’étais SUR Bordeaux, ou SUR Roubaix, on est SUR leurs sœurs, ou leurs femmes à ces cons, mais on est DANS une ville… Non mais !)

J’avais six ans environ lorsque j’ai commencé à accompagner ma mère au marché de Drancy. Il était immense, tout en longueur, il s’allongeait comme ça le long du trottoir. Les étals : des grandes planches posées sur des tréteaux bancals et, par-dessus, tendues sur des tiges métalliques fichées dans le sol, des toiles goudronnées, le tout prêté par la municipalité Drancéenne.

Cet agencement était mis en place dès potron-minet par les employés municipaux, et démonté à partir de midi tapant, le marché ne traînait pas tout l’après-midi, d’ailleurs les ménagères faisaient leurs courses très tôt, je pense que c’était une génération de lève-tôt, pas de téloche à l’époque, alors on se couchait quasiment "comme les poules" et on se levait de même !

Donc ma mère, pas très grande ni très épaisse, mais robuste, vaillante et, comme on disait : "elle n’avait pas les deux pieds dans le même sabot", se levait de bonne heure afin d’être au marché pour sept heures et demie environ.

- C’est de bonne heure que l’on trouve les meilleurs produits, sinon tu n’as que les rogatons, et c’était vrai pour la viande, le poisson et les fruits, elle avait l’œil !

Les beaux fruits placés devant, bien rangés, afin d’attirer le chaland, et derrière cette "devanture" : les DAUBES, les fruits talés. Alors elle choisissait elle-même ses fruits et légumes, sous l’œil un peu agacé des commerçants, mais comme elle disait :

- Je n’ai jamais acheté un poisson sans lui regarder l’œil !

Ses premiers achats effectués, elle rentrait à la maison, avec le pain frais pour la maisonnée.

HUUUMMM ! Le café au lait ou le chocolat, avec du pain croustillant, et du beurre largement étalé...

Ensuite elle repartait, afin d’acheter les produits d’entretien et autres. Je l’accompagnais. Elle marchait vite. Pour la suivre, je trottinais, lui tenant la main, je sentais son alliance. Alors elle me parlait du coût de la vie, je ne comprenais pas grand chose, sauf qu’il y avait des riches (elle disait des gros, va savoir pourquoi ?), et des trimards, qu’on n'allait pas loin avec un billet d’mille, elle parlait des anciens francs, ceux d’avant 1958, un euro cinquante environ, mais ça ne veut pas dire grand-chose aujourd’hui, à l’époque c’était beaucoup et peu à la fois, mille balles quand tu as trimé une semaine pour gagner cinq ou six de ces grands billets bleus, et qu’ils partent aussi vite, c’est peu, mais quand il fallait les gagner, c’étaient beaucoup d’efforts.

Et puis on arrivait au marché, un monde, une autre planète, les commerçants qui interpellent le chaland :

- Par ici la ménagère, on va faire des affaires !

Les allusions un peu coquines, que je ne comprenais pas mais qui faisaient sourire ma mère.

- Touchez mon poireau ma p’tite dame ! Voyez comme il est frais ! Et ma carotte ? Elle n’est pas jolie ma carotte ?

Le tripier l’air goguenard :

- Prenez vot’ pied Madame ! Il voulait parler des pieds de veaux présent sur l’étalage, évidemment.

Devant l’étal des produits d’entretien, mille parfums flottaient, je les respirais avec bonheur : la rose, la violette, le savon de Marseille (sans emballage), tout ça me chatouillait les narines et immanquablement… AAAAA - ATCHOUM !

La vendeuse, une vraie réclame pour ses produits de beauté ! Maquillée comme une bagnole volée, Pinder serait passé par là sûr qu’il lui aurait dit :

- Toi le clown, je t’engage illico !

Pour la toilette : savon de Marseille, pour les shampooings : savon de Marseille, rinçage à l’eau vinaigrée, pour la lessive : savon de Marseille, que ma mère coupait en fines lamelles avant de les jeter dans la grande lessiveuse posée sur un "tire-gaz" au beau milieu de la cuisine.

Défense de s’approcher de la marmite infernale, et ma mère nous racontait d’horribles histoires d’enfants défigurés par l’eau bouillante d’une lessiveuse, autour de laquelle des garnements jouaient sans faire attention.

Bien sûr, ces histoires épouvantables étaient destinées à nous tenir éloignés du chaudron bouillonnant, et de son "champignon" planté au beau milieu de la lessiveuse et qui à intervalles réguliers rejetait en bouillons fumants l’eau savonneuse, en émettant des borborygmes (TAIN j’ai réussi à le placer) !

Après les produits d’entretien, on continuait notre chemin, nous frayant un chemin parmi la foule très dense, un véritable slalom ! Je faisais attention de ne pas prendre un coup de cabas dans la tronche, quand on est minot on est juste à la bonne hauteur !

On arrivait devant le marchand de ballons, magnifiques ces ballons, énormes, multicolores, dansant dans la brise, à l’époque ils étaient gonflés à l’hydrogène, vachement dangereux l’hydrogène, une saloperie de gaz très inflammable, aujourd’hui c’est interdit, l’hélium l’a remplacé et c’est tant mieux !

Enfin, ces jolis ballons, je ne faisais que les regarder, car "les sous" devaient servir à n’acheter QUE des choses utiles !

A propos des sous, ma grand-mère comptait encore en sous ! Pour les djeuns : le sou était une division du franc, ceci avant la seconde guerre.

Vingt sous égalaient UN franc, un linvé en argot, le laranqué pour deux francs, et enfin la THUNE pour cent sous soit cinq francs.

Plus loin : le tireur de cartes, debout derrière une toute petite table assez haute, étalé devant lui des brêmes bien mystérieuses pour un gamin. Je m’y arrêtais quelques secondes, émerveillé par ces dessins dignes des meilleurs images d’Epinal, j’ai appris bien plus tard qu’on les appelait : des LAMES, et que c’étaient des tarots de Marseille, un coin du mystère était tombé !

Bon, allez, on ne traîne pas ! Et pis tout ça c’est des conneries, moi j’y crois pas. Alors on continuait…

Et les camelots ? Il n’y en a plus des camelots, tu sais les mecs qui te vendent des tas de trucs qui ne servent à rien, mais avec leur baratin tu te demandes comment tu as pu vivre sans ce bidule GENIAL, qui remplace le beurre, l'éponge diabolique qui te brique une vaisselle en deux temps trois mouvements, ou l'outil infernal remailleur de bas, autrefois les femmes remaillaient les bas filés, car les neufs coûtaient trop cher !

En un clin d'oeil, le gus te réparait une patate commack !

Evidemment les ménagères soucieuses d’économiser, achetaient le bidule, arrivé à la cambuse, peau d’ balle pour faire fonctionner l’bouzin... Une arnaque !

Les produits détachants, le camelot s’aspergeait d’un tas de saloperies : mayonnaise, encre, sauce tomates, etc. Un coup de produit miracle et HOP ! Sa limace retrouvait la blancheur immaculée, la robe de la sainte vierge ? Une serpillère à coté !

Mais l’un des plus costauds qu’il m’ait été donné d’entendre commençait sa harangue comme ceci :

Il tenait un superbe chrono Suisse dans sa main.

- Ce chrono je ne vous le vendrai pas mille francs.

- Ni cinq cents francs.

- Ni deux cents, ni même cent francs !

- Et ce pour deux raisons :

- La première : parce qu’il est à moi, et que je ne désire pas le vendre !

- La seconde c’est que je suis là pour vous vous vendre…

Et s’en suivait un discours interminable sur la valeur des pierres à briquet qu’il allait brader à la cantonade.

Près du marché couvert, là où après la guerre se tenaient parfois des expositions, des photos prises dans les camps de la mort et qui m’impressionnaient tant, il n’y avait guère de psychologie à l’époque, tu prenais ces photos atroces en pleine gueule, et tu devais t’arranger avec.

Près de ce hall se tenait le marchand de poissons rouges. Il ne les vendait pas cher, ces poiscailles. Le type qui tenait l’étal avait dû se ramasser un éclat d’obus sur la tronche au cours de la guerre, car il était salement amoché, c’était ce qu’on appelait une gueule cassée !

Il existait même des billets de la loterie nationale qui s’appelaient "les gueules cassées", on ne faisait pas dans le politiquement correct à l’époque, on appelait un chat, un chat.

Là aussi, j’aurais bien aimé en rapporter un de poisson, d’autant plus facile que, pour les transporter, il donnait un sac plastique, rempli de flotte fermé par un cordon coulissant. La bestiole ballotait pas mal dans cet aquarium de fortune, et sûr qu’elle devait avoir la gerbe ! Mais ça ressemble à quoi une gerbe de poiscaille ?

Même réponse que pour les ballons : dépenser de l’argent pour une bestiole qui sera crevée dans deux jours… Pas question !

Et voilà encore une jolie page de psychologie destinée aux enfants, on n’ en était pas traumatisés pour autant, et puis elle avait raison, combien de ces poissons ont finis sous les dents de Minet quand ils étaient crevés ? Rien ne se perdait dans ces années là, et Charlot le greffier se régalait de tout, mais pas de RONRON, tu penses acheter de la bouffe pour les chiens ou les chats, ils bouffaient ce que tu ne pouvais pas mâcher c’est tout, et ils vivaient bien vieux : ma première chienne, baptisée "Titou", a vécu dix-huit ans ! C’était une chienne de raceS. J’ai mis un « S » à race parce qu’elle en avait une demi-douzaine à l’aise de races, et je pense qu'elle avait été croisée avec une bordure de trottoir.

Plus tard sont arrivés les "TOUT à CENT FRANCS", anciens les francs bien sûr ! Pour vous donner une idée de la valeur des cent balles années 54 ou 55, c’était à peine le prix d’une place dans les beaux cinoches, car au Moulin Rouge de Drancy les places étaient beaucoup moins chères, les films moins terribles aussi, mais quand tu as treize ou quatorze ans HEIN ?

Dans ces déballages, il y avait de tout, de la râpe à fromage au petits jouets en plastique, en passant par le rouleau à pâtisserie. Tout le monde y trouvait son bonheur, il m’arrivait de sacrifier Zorro ou Tarzan pour un avion en plastoque (déjà les avions !).

Puis, chargée comme un mulet, ma mère rentrait. Je ne lui donnais plus la main : elles étaient cisaillées par les anses des cabas. En rentrant, elle se mettait au fourneau, il arrivait une fois l’an environ que mon père fasse la cuisine !

C’était toujours la même recette : polenta avec chipolatas. Le bazar quand il avait terminé ! Ma mère et ma sœur qui se tapaient la vaisselle, tu penses le Raymond Oliver de banlieue ne touchait pas l’évier.

Puis nous passions à table, repas amélioré du dimanche. Nous écoutions "le grenier de Montmartre" à la T.S.F, une émission de chansonniers, Messieurs Edmond Meunier, Raymond Souplex (qui deviendra plus tard le fameux inspecteur Bourrel) ou encore Jean Amadou, Robert Rocca, et son complice Jacques Grello.

Puis, le repas terminé, on se retrouvait avec les copains de ma rue pour une séance au cinoche de quartier, le premier rang, banquettes de bois, le cou levé pour voir l’écran (nous n’avions pas encore de problèmes de cervicales) et nous suivions les aventures de Laurel et Hardy, de Zorro ou de Tarzan.

En tout cas ça avait été une bien belle journée.


Ce joli dessin je l'avais acheté à un copain dessinateur, illustrateur de grand talent : BILL MARSHALL, si toutefois il désire que je le retire, je le ferai.

1 2 >