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jeudi 27 novembre 2014

FrançoiseLa vie devant soi ?

"Il ne restait jamais sur la même île plus d'un mois ou deux... Toutes les fois qu'un imbécile lui demandait "Tu fais quoi dans la vie, le môme ?" il savait qu'il était temps de déguerpir, et sans traîner. C'est une drôle de question d’ailleurs, tu fais quoi dans la vie? Vous l'a-t-on déjà posée? C'est une question qui vous donne la réelle impression que le seul fait de vivre ne suffit pas ; elle met la vie en minorité, si l'on peut dire, la relègue au deuxième rang, comme si ce n'était pas assez d'être vivant, comme s'il fallait encore payer un tribut". (Romain Gary, "le Grec")



Il y a des textes, comme ça, qui vous parlent. Qui me parlent en tout cas. Romain Gary aurait eu cent ans cette année, on n'en a pas assez parlé, célébration des deux guerres obligent. Pourtant, être né un 8 mai, comme l'armistice de 45, et en 1914 comme la "der des der", ça s'appelle un destin, non ? Qu'il s'appelle Romain Gary, Emile Ajar ou Shatan Bogat, c'est toujours une écriture magnifique et simple dont aucune phrase n'est superflue.

Il a raison, Gary. "Tu fais quoi dans la vie ?" ça vous réduit à votre métier, votre travail. Ça gomme de la vie ceux qui n'en ont pas. Je me souviens de la réponse d'un petit africain sur une affiche à qui un blanc demandait "Qu'est-ce que tu voudrais être quand tu seras grand ?" et qui répondait : "Être vivant !"

Il parlait de vie biologique, bien sûr, normal quand on vit sur un continent où un enfant sur trois meurt avant l'âge de cinq ans. Mais ici même, l'essentiel n'est-il pas d'être et de se sentir vivant ?


samedi 22 novembre 2014

AndiamoBri... Collage

Une paire de ciseaux, un peu de colle, une feuille de paier, et une imprimante...

Voilà c'est tout !!

lundi 17 novembre 2014

BlutchBlutch, s’il te plaît, dessine-moi une démocratie ! (phase quatre de la trilogie)

Pour les parties précédentes, c’est par , et là itou...


Les Suisses décident, ils votent, c’est bien joli tout ça, mais comment votent-ils (et non pour qui vos tétons) ?
Il faut savoir que le droit de vote est personnel et intransmissible. Le vote par procuration est expressément interdit.

- Ouais, mais si t’es pas là le jour du vote….

- Je n’en fous comme de l’an quarante, puisque j’ai 3 à 5 semaines pour voter.

- ...

Les citoyens reçoivent par la poste le matériel de vote.
Pour illustrer le propos, le 30 novembre il y aura trois initiatives constitutionnelles à voter.

A) L’interdiction des forfaits fiscaux pour les riches étrangers.

B) Halte à la surpopulation étrangère (je vous ai déjà dit que les Suisses sont aussi cons que tous les autres…).

C) Sauver l’or de la Suisse.


Le matos :


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1- L’enveloppe à double usage dans laquelle il y a :

2- La carte de vote à usage unique

3- L’enveloppe de vote

4- Le bulletin de vote (ou les listes électorales)

5- Une brochure (40 pages dans ce cas précis)

6- Une mise en garde des erreurs à ne pas commettre.


5- La brochure :

- Elle donne l’article de loi à voter.
- La situation légale actuelle et les changements que ça amènerait.
- Le point de vue des autorités.
- Les arguments des auteurs de l’initiative.
Après avoir ingurgité les divers argumentaires et au besoin vérifié sur Internet les consignes de vote des différents partis, on remplit….

4- Le bulletin de vote. NB : il faut être capable de faire des croix pour exercer ses droits civiques. Et on l’enfourne dans l’enveloppe de vote (3) qui sera collée.

2- La carte de vote à usage unique doit être remplie et signée.



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Elle sera remise dans l’enveloppe (1) avec l’adresse de la commune bien visible.
L’enveloppe de vote rejoindra la carte de vote pour lui faire des papouilles dans le dos.

L’enveloppe 1, dûment scellée et affranchie rejoindra son bureau de vote par la grâce des PTT.
Le jour du vote, l’enveloppe 1 est décachetée, la carte de vote contrôlée et si le votant n’a pas entre temps été privé de ses droits civiques, ni ravalé son extrait de naissance, l’enveloppe de vote (toujours scellée) finira son périple dans l’urne. Elle sera dépouillée en même temps que celles des autres votants qui eux se seront gelé les miches (un 30 novembre j’t’explique un peu…) pour aller arpenter en personne le bureau de vote.

L’initiative Constitutionnelle :
Avec le Référendum, les citoyens peuvent dire non à une loi. Avec l’Initiative, ils peuvent imposer une loi dont les autorités ne voudraient pas.

Un exemple :
La première initiative qui fut acceptée par le peuple en 1893.
Lancée par la SPA, elle visait à interdire l’abattage d’animaux sans les avoir étourdis au préalable.
Elle visait les rites d’abattage qui saignaient à blanc des animaux conscients. La SPA réclamait un étourdissement de la bête afin qu’elle en souffre moins.

Les partisans de la viande kascher avaient renaudé sec pour défendre leurs pratiques ancestrales. Toutes fois, pour que celles-ci restent légales, elles sont pratiquées sur des animaux inconscients. la Torah doit, depuis lors, accepter que l’animal ne se sente pas mourir.
Par la suite, les musulmans ont du aussi se plier à cette loi et elle ne fait, depuis lors, l’objet d’aucune contestation. Le peuple a majoritairement voté pour cette loi, la cause est entendue et tous marchandages de son application sont impossibles.
Vox populi, vox dei (comme un copain un peu snob à Caton l’ancien le disait en latin pour monter sa culture.)

La seule façon de supprimer cette obligation d’étourdissement serait de repasser par un vote populaire et avec le racisme ambiant, ça ne serait pas gagné d’avance….
Donc il n’y a ni Juifs, ni Musulmans dans les rues de Suisse pour réclamer la libre pratique de leurs rites barbares, parce qu'ils savent que ça ne servirait à RIEN.

Comment peut-on initiativer en Suisse ?

Si tu as une idée lumineuse pour une nouvelle loi, tu te fais un brouillon que tu soumets à la Chancellerie fédérale qui avalisera ou non la forme juridique de l’initiative. Il ne s’agit pas là de censure, mais de respect de la forme légale et de sa conformité avec la constitution.
Fort de l’aval des juristes, tu passes à la collecte des signatures. Il te faudra en récolter 100'000 en 18 mois pour qu’elle soit acceptée. Chaque signature sera vérifiée par le contrôle des habitants de chaque commune.
Après validation des signatures, le parlement va en débattre. Il pourra l’accepter, la refuser ou proposer un contre-projet.
Ensuite, c’est le peuple qui décide, à la double majorité, puisqu’il s’agit de modifier la constitution.
Il faut en effet une majorité de votants sur le décompte fédéral, mais il faut aussi une majorité de cantons acceptants dans chaque décompte cantonal. Pour cette deuxième majorité, un canton de 50'000 habitants pèse autant que Zurich avec 1,4 millions.
Dans l’esprit du législateur, il s’agit de garder une cohérence sur l’ensemble du territoire ; éviter les clivages ville-campagne.

Juste pour le plaisir du taux de fréquentation :

Une photo du Conseil National en session (Le Nouvelliste)


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Si plus de la moitié des Conseillers sont absents, aucun vote ne peut avoir lieu.

J'ai écrit ce triptyque à quatre faces (tu as déjà entendu parler d'un quadriptyque, toi?) pour tenter de monter qu'il est possible de faire mieux que ce que Charlot nous a légué comme régime politique et pour ce qui concerne les droits des citoyens. Ce qui ne veut absolument pas dire que les Suisses savent s'en servir à bon escient. La plus belle bagnole du monde ne te mènera nulle part si tu ne sais pas la conduire.

La 4ème République qui fut renversée par le coup d’État de Charlot était beaucoup plus démocratique que ce qui en a suivi. Son principal défaut tenait dans le fait que le gouvernement n'était pas élu pour toute la législature. Il pouvait donc être renversé à tous moments, rendant la France ingouvernable. C'est sur ce point que de Gaulle a agit pour la renverser. Mais globalement, la France y a beaucoup perdu. Mitterrand a voulu réintroduire la proportionnelle à l'assemblée nationale. En bonne logique, le Pen y fut élu et ce fut considéré comme une honte. D'où un rétropédalage dès la législature suivante...
Mais n'est-ce pas une honte de voir un parti rassemblant 30% des votes exprimés détenir une majorité absolue au parlement?

Blutch

mardi 11 novembre 2014

AndiamoCanaletto

Un dimanche matin pluvieux, frisquet, venteux, un jour d'automne normal à Paris, les feuilles des platanes qui ombragent les quais n'en finissent pas de tournoyer, saloperies gluantes qui collent aux semelles.

Ses pas l'entraînent rue de Rivoli, puis tout naturellement devant les guichets du Louvre. Un petit tour au musée, pourquoi pas ? Après tout, il n'y pleut pas, et puis aller admirer Francesco Guardi, ou Canaletto, c'est toujours un bonheur.

Il est moitié Rital, moitié Parigot, Rémy, est-ce pour cela que Venise le fascine tant ? Plusieurs fois déjà il y est allé, toujours cette bizarre impression d'y être "chez lui", à la fois tétanisé par tant de beauté et, paradoxalement, les venelles (calletti), les petits canaux (rii), ainsi que les petites places (campielli) lui semblent familiers.

Il se rend directement dans la salle où est exposé le tableau de Canaletto : "Le môle vu du bassin San Marco".

Il s'assied sur la banquette tendue de velours pourpre, une banquette sans dossier, et se plonge dans le décor du XVIIIème siècle, les yeux rivés sur la toile. Il entend toussoter, il n'y a pas prêté attention, mais à côté de lui une jeune femme très brune regarde également la peinture.

- Fascinant, n'est ce pas ? hasarde t-il en tournant la tête.

- C'est ce que je ressens également.

La voix est chaude et profonde à la fois, le visage fin, aux traits réguliers, et des yeux noirs comme le jais, contrastent avec sa peau étrangement pâle.

Ils restent là un moment sans parler, puis se lèvent ensemble.

- Je vais aller dire bonjour à Francesco Guardi, articule la jeune femme, sinon il va être jaloux, et sait-on jamais ? Un mauvais sort est si vite arrivé ! En disant cela elle sourit, dévoilant une dentition à rendre jaloux l'orthodontiste le plus confirmé !

- J'y allais aussi... Alors ça ! bredouille t-il.

Face à "Santa Maria de la Salute", ils restent muets un moment. Rémy s'aperçoit qu'une larme coule sur la joue de la jeune femme. Il fouille dans sa poche, sort un paquet de mouchoirs papier et lui en tend un.

- Merci...

Sa voix est devenue un murmure.

- Cette toile vous émeut visiblement.

- Des souvenirs...

Le son est imperceptible.

- Je vous offre un café ?

Rémy vient de prononcer cette invitation comme on lance une bouteille à la mer, il est fasciné, la grâce, la beauté de cette femme, son émoi devant la peinture l'ont perturbé, et puis elle est tellement étrange.

- Avec plaisir, sourit-elle, et toujours ce sourire désarmant.

Ils coupent la rue de Rivoli, rue de Valois, les colonnes de Buren sont là tout à côté, dit la jeune femme.

- Ah non merci ! C'est l'autre illuminé en col Mao, l'attardé soixante-huitard qui a fait coller ces horreurs, ah non merci !

- Vous ne les aimez pas ? Moi non plus !

Ils se regardent et éclatent de rire.

- Je me présente, dit Rémy en se pliant en deux et faisant mine de balayer le sol d'un chapeau imaginaire, singeant D'Artagnan : "Rémy de la Musardière, de l'étau du fond de l'atelier"

- Et moi c'est Simone de Beau Lavoir !

Devant son air étonné, elle se fend d'un sourire.

- Mais non, je m'appelle Capucine !

- Waouh joli et pas commun !

- Merci mon Prince.

Ils arrivent dans une brasserie, commandent deux cafés. C'est alors que Capucine sort de son sac un genre de rouleau , le pose au creux de sa main, le rouleau se détend, apparaît une sorte d'écran, d'étranges signes se dessinent, la jeune femme regarde, un sourire naît sur ses lèvres.

- C'est quoi ce truc ? demande Rémy.

- Un nouvel "IPHONE", il sera commercialisé d'ici six mois, j'ai été choisie avec quelques autres, afin de le tester au quotidien, c'est révolutionnaire, vous verrez plus tard.

- Et ces signes bizarres ?

- Signes bizarres ? Mes amis de Calcutta vont être ravis, quand je leur dirai que le sanskrit ce ne sont que des signes bizarres !

- Vous parlez et écrivez le sanskrit ?

- Non, en fait je fais ça pour épater mes copains.

- Excusez-moi, je suis idiot !

- Mais non !

En disant cela, elle pose sa main sur celle de Rémy, leurs têtes se rapprochent pour un long et doux baiser.

Ensuite c'est la promenade main dans la main, quai du Louvre, le Pont Neuf, la Fontaine Saint Michel...

- Vite, jetons une pièce, ça porte bonheur !

- Regarde Capucine, elle est à sec cette fontaine, et puis c'est pas la fontaine de Trévi !

- Dommage, j'aurais bien fait comme Anita Ekberg !

- Tu es bien plus belle qu'Anita Ekberg, lui dit-il en l'embrassant devant les deux dragons médusés.

Ils flânent un peu chez Gibert jeune, cherchant des souvenirs dans les vieux bouquins scolaires, puis chez Boulinier, des milliers de B.D !

- J'adore la B.D, déclare Rémy, et toi ?

- Ouais, comme ça...

La nuit tombe tôt en ce mois d'octobre, ils se regardent, s'embrassent encore. Ce qu'il y a de chouette à Paris, c'est que personne ne fait gaffe à toi ! De plus, tu as vraiment peu de chance de rencontrer une connaissance, l'anonymat complet, et ça c'est chouette !

- On va manger quelque part ? propose Rémy.

Un bistrot rue Saint-Benoît près de Saint-Germain-des-prés.

- Il ne paye pas de mine comme ça, mais la cuisine est excellente, j'y viens souvent, déclare Rémy, c'est un peu ma cantine en quelque sorte !

La nuit magnifique dans le studio de Rémy, rue Saint-Jacques.

Ils ne se quittent pratiquement plus, elle lui a dit faire des photos de mode pour différents magazines..

- Des photos de charme ? a demandé Rémy.

- Bien sûr, afin d'exciter des vieux cochons comme toi, ils ont ri et roulé sur le lit...

Tu aimerais aller à Venise ? A demandé Rémy un dimanche matin, après le petit déjeuner préparé par ses soins. Capucine a levé la tête de son Iphone bizarre, toujours couvert de signes cabalistiques.

- Tu dis vrai ?

- Oui, bien sûr namour...

Elle a passé ses bras autour de son cou, et puis...

Rémy est passé à sa banque, a soldé son compte épargne logement, quelques milliers d'euros, puis a retenu sur internet une jolie chambre avec vue sur le canal Grande, un superbe hôtel. Le voyage, l'hôtel, les repas, bien sûr ça coûte un œil, mais à quoi serviraient ses yeux s'il ne voyait plus sa Capucine ?

Ils ont embarqué à Roissy, le survol des Alpes autrichiennes en avril, la neige sur les sommets, puis la plongée sur Venise. Un taxi jusqu'à Tronchetto, un joli canot automobile "Riva" en acajou, l'arrivée devant l'hôtel "Rialto Venezia", entre deux colonnes peintes en torsades à la mode vénitienne, vue imprenable sur le ponte Rialto...

Une trattoria sympa dans une stradina, entre un Maschera negozio (magasin de masques), et une panetteria.

La longue promenade le long du canal grande, les somptueuses façades des palaci vénitiens, les fresques mondialement connues, une Marie Brizard rafraîchie à la glace pilée, sirotée à une terrasse. La soirée est extraordinairement douce pour un mois d'avril, quand le vent ne souffle pas du nord, ce vent qui se gèle sur les Dolomiti, avant de fondre sur Vénézia.

Le retour à l'hôtel, le "buona notte" du réceptionniste, et la folie de leurs corps enfin dénudés.

Capucine s'est approchée du balcon, elle est nue accoudée à la balustrade. Venise ne dort jamais. Il est certain que quelques passants éméchés vont se rincer l'œil songe Rémy, mais bah ! Après tout "ils" verront ce que je touche !

Capucine est splendide. Nue, elle n'est pas impudique, sa beauté lui sert de parure.

Sur les draps froissés Rémy avise le petit rouleau que Capucine consulte régulièrement, il le saisit, plus par curiosité que pour espionner son aimée.

Le rouleau se détend et l'écran apparaît, toujours ces mêmes signes bizarres, du sanskrit a-t-elle dit, pourtant il se souvient avoir vu des textes en sanskrit sur internet, alors qu'un jour la curiosité l'avait piqué. Et ces signes là ne ressemble aucunement à du sanskrit, machinalement il effleure l'écran du bout de l'index, il ressent un léger picotement.

- NOOON ! Capucine a hurlé ! Ne touche pas, NOOOon ! C'est le dernier mot que Capucine a crié, tandis qu'elle disparaît, se volatilisant en des milliers de bulles multicolores, laissant derrière elle le parfum un peu âcre de la capucine...


(ch'tiot crobard Andiamo)

jeudi 6 novembre 2014

BlutchBlutch, s’il te plaît, dessine-moi une démocratie ! (phase trois)

Pour les ceusses qui ont loupé les premières strophes, c’est par que ça commence, avec une escale bien méritée ici
Et pour les autres qui pourraient trouver l'article longuet, il peut se lire en plusieurs épisodes.

Note de bas de page dans le préambule :
Cette fois, il faudra repasser pour des photos. Le seul truc marrant que j’ai trouvé est un article de la Tribune de Lausanne, qui est à l’opposé de ce que les pisse-copies de la presse française en avait rapporté.


Troisième époque

Nous en étions restés aux élus et à la représentation proportionnelle.
Oui, je sais, en France ça fait tache. « Proportionnelle » ressemble à un gros mot, un truc machiavélique. D’aucuns disent une autoroute pour les fascistes.
En quoi la « Liberté », « l’Égalité » et la « Fraternité » peuvent-elles autoriser qui que ce soit à museler les 16% de Français qui votent FN…
Le scandale ne serait pas de voir 16% de députés FN. Il est dans le fait que les partis sensément démocratiques ne donnent pas d’espoirs au peuple au point de voir 16% des électeurs séduits par le racisme et la xénophobie.
Ceci dit, je ne vois pas de programme politique ni de fonctionnement foncièrement différent entre le FN et l’UMP. Il en faut du self-contrôle pour ne pas aller zigouiller la Morano lorsqu’elle dit (et venant d’elle, c’est sans humour, même à la con) qu’un député doit obéir aux vœux du président. C’est drôle, mais dans ce cas, je peine à entendre le mot « président ». Ça résonne dans ma tête comme « Duce », « Caudillo » ou « Führer ».
Quant aux socialistes…. Au vu de leurs dernières prouesses faut aimer la beaufitude franchouillarde…. Alors s’il fallait émettre des critères moraux, il y a bien peu d’élus qui le resteraient… Entre Collard et Valls, je ne vois pas plus de différences qu’entre Marine Copé et Jean-François le Pen.

La particularité suisse est que le vrai patron, le seul qui puisse dire « JE VEUX », c’est le peuple. Les élus sont des larbins, et plus tu montes dans les rangs, et plus ce sont des larbins.
J’explique :
Les élus dans les législatifs sont là pour pondre des lois qui correspondent à la volonté du peuple.
Les exécutifs, comme leur nom l’indique, sont là pour exécuter les ordres reçus et non pour les donner.
Dans les communes, ces élus élisent le Maire et son équipe.
Dans les cantons (= départements), ils élisent le Conseil d’état. (C'est parfois un vote au suffrage universel)
Sur le plan national, ils élisent le Conseil fédéral (sept ministres).
Ces élus-là sont les larbins des assemblées législatives dont ils sont issus.
Le Président de la Suisse est un des 7 ministres, il est élu pour une année afin de faire plaisir aux Présidents étrangers qui se croient importants sous la tonne de chaînes et de médailles diverses dont ils se sont affublés.

Le décalage est magistral lorsqu’un Napoléon de pacotille rencontre un ancien président de la confédération.

En lisant les comptes rendus du Point et de la Tribune de Lausanne, j’ai furieusement eu l’impression qu’ils ne parlaient pas du même événement. Le garde-à-vous des folliculaires du Point (et je me suis épargné le Figaro) est impressionnant de fauxcuserie.
Le Malfaisant s’est ramassé une gifle par Adolf Ogi en voulant donner une leçon de démocratie à la Suisse, le con...

Il s’est fait moucher comme un sale gamin.
Ce que les médias français (excepté Médiapart) n’ont pas eu les couilles de relater.

Revenons à nos moutons.

L’année du Président de la Suisse commence en décembre deux ans avant son sacre…
Tout se joue lorsqu’il faut choisir le vice-président. Une fois nommé à ce poste, le prochain mois de décembre qui lui tombe dessus le verra automatiquement élu président. Ce mois sera le plus important, puisqu’il va passer de fêtes en consécrations diverses et variées afin de lui rendre les honneurs qui lui sont du. C’est un peu comme des funérailles, mais avec la possibilité de trinquer avec le mort.
Durant l’année de son règne, il va non seulement devoir faire son boulot de ministre, mais en plus inaugurer des chrysanthèmes jusqu’à plus soif… A chaque visite d’État, c’est lui qui se colle la corvée de G.O. de la politique suisse. Inutile de dire que dès le mois de mars, il ne pense plus qu’à Noël et la joie de refiler la patate chaude au suivant...
Donc, à l’inverse de la France, la Suisse garde ses ministres pour toute la législature et plus si affinités, mais elle change de président comme de chemise.

Malgré (ou à cause) de toutes ses différences, la Suisse est un pays qui fonctionne bien (disons bien moins mal que la France…). La TVA est à 8% et le taux de chômage est en recul, à 3 (trois) %.

Donc je résume :
Tout en haut de la pyramide du pouvoir, il y a : Le peuple
En dessous, les assemblées législatives.
En dessous encore : les organes exécutifs (Maires, Conseils d’Etat, Conseil fédéral (ministres))
Le Président de la Suisse étant le porte-parole du Conseil fédéral, on peut estimer qu’il est à son service…

Dans un pays où une ministre est limogée pour avoir osé réclamer du fric pour faire son boulot, j’admets que ça parait complètement surréaliste. Mais il y a pire dans le meilleur….

Si tu imagines qu’en Suisse n’importe quel illuminé peut arriver avec un papier maculé de graffitis en disant aux dépités : « Eh oh les serpillières, il faut voter ça fissa fissa », tu raccroches illico et tu vas commencer en douceur par une première leçon de démocratie chez les ayatollahs. Le politocard qui fait ça en Suisse déclenche une crise générale d’hilarité. Et faire rire un banquier, ce n’est pas gagné d’avance….

Je commence par la fin pour vous expliquer le pourquoi du comment de la procédure.
Toute loi votée en Suisse, qu’elle soit communale, cantonale ou fédérale est soumise au référendum facultatif. Oui, en Suisse, c’est le peuple qui décide d’un référendum, pas Haroun el Poussah, ni Iznogoud qui peut aller faire la Valls ailleurs et à l’envers.

Donc pour tenter d’éviter de se ramasser une pliée électorale à chaque fois (ce n’est pas que le ridicule tue en politique (t’imagines l’hécatombe qu’il y aurait en France….)), on consulte avant. Tiens, là aussi, je sens comme du mou dans les rotules si tu compares aux "consultations" élyséennes...
Je l’ai déjà dit, les Suisses savent compter et la votation d’un référendum coûte plusieurs millions (en francs suisses, donc pratiquement autant d’Euros), alors on évite si c’est possible.

Pour ça, il y a un processus bien rôdé :
S’il apparaît à un ministre qu’il faut une loi sur la couleur des boutons de braguette dans la fonction publique (Eh, rigole pas, j’ai vu en France des lois encore plus con que ça… et je n’ose même pas évoquer celles des USA), la question de son opportunité va être posée aux deux chambres du parlement fédéral, qui peut refuser d’entrer en matière, prétextant qu’il faut tout de même un espace de liberté pour les fonctionnaires. Auquel cas, la loi ne se fera pas.

S’ils décident que ce sera une liberté surveillée, les juristes vont prioritairement regarder si par le plus grand des hasards, il n’y a pas déjà une loi sur ce sujet. Si oui, elle sera mise en regard de ce que voudrait le ministre et s’il accepte de laisser tomber au vu de la différence infime de couleur que ça amènerait. Tout ça en tenant compte des frais engendrés par les cousettes qui seraient réquisitionnées pour le remplacement des boutons.

Imaginons la totale : La loi se fera…… enfin, c'est seulement peut-être parce que là, il faut la préparer.

1° Les juristes vont établir un projet de loi qui sera une base de travail. Ce projet doit inclure toutes les lois qui devraient être modifiées ou abrogées pour que le droit reste cohérent. (Tu parles de coups de balais à faire dans les lois françaises…. Au premier déblaiement, il faudra y aller au tracto-pelle !)

2° Ce projet va être présenté, en procédure de consultations, à toutes les associations qui seraient concernées, les syndicats, les groupes de députés de chaque chambre, les responsables des administrations, les églises et les partis politiques.

3° Chaque groupe va faire des remarques en stipulant ce qui voudrait et ce qu’il ne pourrait pas admettre.

4° Le projet repart au Conseil fédéral et son troupeau de juristes. Ils vont remodeler le projet pour éviter des refus catégoriques.

5° Retour dans la procédure de consultations.
On peut avoir là un problème de veto opposé.
Imagine que le syndicat des fonctionnaires gays exige des boutons roses et que la conférence des Évêques de Suisse s’y oppose fermement. Y a comme un problème... Chaque groupe pouvant lancer un référendum. Alors on va tenter de raisonner chaque partie, expliquer aux Évêques qu’avec le rabat de tissu, on ne voit presque pas les boutons, on va aussi demander aux fonctionnaires gays s’ils ne pourraient pas se contenter d’avoir des slips roses et de garder les boutons de braguette anthracites. Bref, ça va marchander ferme.

6° Après avoir gommé les plus grosses divergences, le projet va au Conseil national (l’Assemblée nationale). Et là, les députés vont remodeler le projet à leur convenance, en tentant de ne pas provoquer de veto. Admettons qu’ils ont admis que le premier bouton peut être rose, mais pas les autres (oui, le compromis helvétique est une institution sacrée, même s’il n’a rien à voir avec des fiançailles).

7° Lorsqu’ils sont parvenus à voter un texte (il faut parfois des années), ce texte passe au Conseil des États (le Sénat, mais, chose bizarre, il est élu par le peuple à raison de deux conseillers par canton).
Si d’aventure ce conseil décide de ne pas autoriser ce bouton rose, le texte repart au Conseil national, et ce jusqu’à ce que les deux Conseils soient d’accords sur le même texte, à la virgule près. Là encore, ça peut prendre des années. Admettons alors qu’ils arrivent à la conclusion que le bouton rose est tolérable, mais après demande écrite motivée.
Le vote de cette loi inclus toute les modifications ou abrogations nécessaires dans la législation en vigueur. Impossible donc, après le vote, de trouver un article qui stipule que les boutons de braguette des fonctionnaires doivent être gris, noir ou bleu.

8° Ce texte, voté par les deux chambres, va entrer dans le délai référendaire de trois mois.
Chaque habitant de la Suisse peut lancer un référendum. Il faut être au bénéfice de ses droits civiques pour le signer.

9° Mettons dans le cas d’espèce que la ligue des droits de l’homme trouve discriminatoire de devoir demander l’autorisation d’avoir un bouton rose à sa braguette. Elle rédige un référendum, dans des termes juridiques qui seront avalisés par le service juridique fédéral. La collecte des signatures peut alors commencer.

10° Si dans ce laps de temps 50 000 Suisses ont signé le référendum, il y aura un vote populaire à la majorité des votes exprimés.

11° Les autorités concernées doivent éditer une brochure explicative avec les textes de lois touchés, le point de vue des autorités et celui des référendaires. (Ce dernier texte est soumis à approbation par les référendaires, il ne peut donc pas être tendancieux).

12° Si le peuple dit non, la loi est enterrée et personne ne va démissionner. Le gouvernement ne sera pas renversé pour autant (je vous rappelle qu’il est élu par le parlement pour une législature complète). Et le Président de la Confédération continuera sereinement à inaugurer des chrysanthèmes…

13° Si le ministre insiste pour avoir son règlement sur les boutons de braguette, il reformera une demande une bonne dizaine d’années plus tard en tenant compte du vote sanction du peuple et en cherchant un autre compromis. Mais comme la durée moyenne de fonction au Conseil Fédéral est de 12 ans, il y a peu de risques de récidive.

En Suisse, il y a des lois qui ont mis 50 ans avant d’être adoptées. Ce fut long, mais ce fut l’expression de la volonté populaire.
Il ne faut pas imaginer que les lobbys restent de marbre, mais si en France il suffit de corrompre quelques personnages influents, en Suisse, il faut tromper plus de la moitié des électeurs. Ils y arrivent parfois bien sûr, et même trop souvent à mon goût… :-).
Exemple avec le refus d’une caisse maladie unique en Suisse.
La lenteur est la principale caractéristique de la politique suisse.
Même si ce sont les ritals qui disent : Chi va piano va sano e chi va sano va lontano…*
(Les mauvaises langues rajoutent : ma non arriva mai** :-D)

* Qui va doucement va sainement et qui va sainement va longtemps. ** Mais n’arrive jamais.

Cette procédure implique de facto que ce sont les citoyens suisses qui votent leurs impôts.
L’impôt sur le revenu, qui est progressif, est la recette fiscale la plus importante.
La TVA est à 8% pour le taux plein. Avec ça, les comptes de la Suisse sont moins pires que ceux de la France. Peut-être est-ce aussi dû au taux de chômage de 3%...
La prospérité de la Suisse et son niveau de vie élevé ne sont pas (quoi que puisse prétendre tous les Sarkopen de la planète) handicapés par le taux de 23,8% de population étrangère en Suisse (selon l’administration fédérale), soit quatre fois plus qu’en France avec ses 5,8% (selon l’INSEE).

Le peuple doit voter très bientôt sur l’abolition des forfaits fiscaux octroyés aux 5600 étrangers qui se sont établis en Suisse pour échapper au fisc. Charles Aznavour tire déjà la gueule (comme une épéclée de sportifs français) et Schumacher le fera dès qu’il retouchera terre, eux qui ont largement abusé de ce système immonde.

Pour la prochaine : l’initiative constitutionnelle, le référendum obligatoire et la façon de voter des Suisses.

Blutch

samedi 1 novembre 2014

FrançoiseÊtes-vous toujours amoureux ?

Sous ce titre quelque peu anxiogène, un test proposé aux couples dans « Psychologies » d'octobre. Quatre résultats possibles : « vous êtes toujours amoureux », « l'amour s'est éloigné », « le désir s'est estompé», « vous ronronnez dans la tendresse ». Je m'attends à un résultat tournant autour du désir estompé, remplacé par la tendresse ronronnante, c'est ce que prédisent les magazines quand on se fréquente plus de 20 ans. Eh bien pas du tout ! Comme souvent dans ce genre de tests, j'ai deux colonnes également majoritaires et non pas une seule car je suis un animal complexe. Deux résultats péremptoires et oxymoriques : « vous êtes toujours amoureux » et « l'amour s'est éloigné »... Paradoxal ? Pas du tout !

Le désir, objet de mes réflexions depuis qu'à l'âge de 16 ans j'ai ressenti l'émotion viscérale que peut inspirer une mèche de cheveux sur la nuque d'un garçon, le désir, donc, est au départ de nature très sexuelle. Le sexe est le ciment de l'amour débutant, ciment très mouillé comme il se doit. Mais comme j'aime le dire aux éplorés qui m'écrivent « après X années, ce n'est plus comme au premier jour », pour que l'amour devienne solide, c'est comme pour une maison : le ciment doit sécher. Autrement dit, le sexe cesse de dominer la relation. Pas pour être remplacé par la routine et l'ennui, la tendresse ou les charentaises, mais par un désir nourri des instants partagés, les affinités intellectuelles ô combien importantes, des affinités affectives qui inspirent l'envie de s'embrasser, se toucher, se regarder et se dire des mots doux... de l'admiration que l'on éprouve pour Untel, ou Untel, Unetelle et Autretel(le) si l'on n'est pas exclusif, et enfin de l'énergie très particulière qui fait qu'on ne s'ennuie pas ensemble, énergie de vie constitutive de la libido au sens Freudien du terme et non pas énergie purement sexuelle, truc dans le machin.

« Certes, mais le sexe, c'est bon », rétorqueront certains. Ô que oui ! A condition qu'il soit mû par ce désir multiforme, faute de quoi les gestes deviennent monotones et les rencontres « on dîne, on baise » ennuyeuses. Il existe une routine des amants quand leurs mains s'approchent et qu'on peut prédire à peu près sûrement où elles vont se promener, comment elles soulèveront le pull, retrousseront la jupe, etc... Rien de plus déprimant que de se dire, face à un amant potentiel « j'ai l'impression d'avoir déjà vu le film. » D'où la tentation de s'adonner à des pratiques diverses et variées pour booster le désir, ce qui retarde la fatale échéance mais ne la supprime pas, car on se lasse aussi du plus sophistiqué des vibromasseurs (vibre, ô mon frère!), des cordelettes, masques, gels en tous genres pour tous genres et autres objets du marketing sexuel qui fait ses choux gras de la confusion entre excitation et désir. En revanche, il m'est arrivé -et il vous est sûrement arrivé- d'être à nouveau troublée par quelqu'un sur un geste, un mot ou une attitude dont cette personne n'avait parfois même pas conscience... Sans doute suis-je cérébrale, mais l'organe sexuel le plus important n'est-il pas le cerveau ?

Plus que dans la passion, existe dans l'amitié ce partage d'univers, d'intérêts, d'admiration souvent, de rigolade toujours qui permet de se réjouir ensemble, et si les corps le désirent, de jouir ensemble. D'où ma préférence depuis toujours pour des relations où l'amitié nourrit le désir et le désir embellit l'amitié. L'amour, en couple ou multiple, a besoin de décoller les étiquettes et de voir dans l'autre un amour, un amant, un ami, un camarade de jeux, bien loin de la cristallisation passionnelle chère à Stendhal, qui commence fort mais finit mal... en général. Heureux ceux pour qui la routine devient rituel, faite de « private joke », de lieux privilégiés et d'habitudes complices.

« Ne te trompe pas d'ennemis ma chérie, fit doucement Madeleine. La vie est répétitive par nature. Chaque jour, tu te douches tu manges, tu te couches. Or tu aimes toujours manger, te doucher et t'endormir, ou disons que cela ne te pèse pas. Ce qui pourrait être ennui ou routine est devenu rituel familier. Si quelque chose ou quelqu'un te semble mortellement routinier, cherche ce que signifie cet ennui, sinon tu tourneras en rond et tu te diras que plus rien d'essentiel ne peut t'arriver. » (« Jouer au monde, roman publié en 2012, que j'ai commencé à écrire en 1992, c'est dire si j'y ai réfléchi).

Et la seconde réponse du test : « L'amour s'est éloigné » ? Comment expliques-tu ça, après cette longue dithyrambe sur l'amour solide ? Justement, par l'éloignement. Le nez collé sur un tableau, même magnifique, on finit par ne plus le voir, on a les yeux flous et les larmes qui picotent à force de fixer le même endroit. Mais il suffit de prendre du recul pour que l'image se fasse à nouveau nette et qu'on redécouvre l'intérêt du tableau et même parfois de nouveaux angles insoupçonnés, simplement parce qu'on aura modifié l'éclairage. L'amour qui s'éloigne, au profit de l'individu, permet à chacun de reconquérir un territoire personnel sans lequel il n'a plus tout à fait l'impression d'exister. « La grande escroquerie du couple, c'est de ne pas révéler qu'en s'unissant, chacun s'est amputé d'une part de lui-même et n'aura de cesse de la retrouver.... Tout être humain n'a qu'une obsession : se sentir exister, l'ego est mille fois plus puissant que l'amour. » (« Ce qui trouble Lola », même dans mes écrits érotiques, je philosophe!)

Ainsi, l'éloignement de l'amour est paradoxalement un gage de sa durabilité, et c'est dans ce subtil équilibre entre énergie du désir et autonomie individuelle que se cimentent l'amour ou les amours.