Blogborygmes

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dimanche 31 août 2008

CassandrePetite histoire Zen

« Je suis la pierre au milieu du jardin »
Pense le moine.
Rien ne bouge.
Le monde est vivant tout autour.

Le moine regarde la pierre,
Et le sable autour,
Et le mur autour.

Cela fait des années qu'il attend cet instant.
Il n'a plus rien dedans.
Il regarde la pierre
Et devient la pierre.

Bien installé dans son non-moi,
Il n'est plus qu'une abstraction.
Il sourit heureux d'être arrivé à cet état de perfection.
Il a finalement réussi à maîtriser l'animal.
A rejeter le bien et le mal.

« Je suis la pierre »
Répète le moine, en souriant.

L'air est léger,
Le printemps doit être là,
Mais il ne s'en soucie pas.

Quand tout à coup,
Descendant du ciel,
Une fragile petite merveille.
Un minuscule papillon blanc
Volette de-ci, de-là.

« Je suis la pierre »
Répète le moine.

Le papillon innocent
Frôle le moine,
Mais il ne s'en soucie pas.
Il cherche sans doute une fleur.
Volette encore quelques instants.
Hésite entre pierre et sable.

Puis se pose sur la pierre.

« Je suis la pierre »
Dit le moine
Et il sent le papillon sur lui

« Pourquoi est-il là ? »
Pense le moine.

Et le moine regarde fixement le papillon.

Et le papillon est là.

« Pourquoi est-elle là ? »
Pense le moine.

Et le papillon transforme ses jolies ailes,
En un délicat kimono de soie
Qui glisse doucement sur le sable du jardin.

« Je suis la p... »
N'arrive plus à penser le moine,
En regardant désespérément cette charmante jeune fille nue,
Qui se tient, debout, dans le soleil
Sur la pierre du jardin.

Plus rien n'arrive au cerveau du moine

Lorsqu'il entend la jeune fille lui dire :
« Mon tendre amour, tu ne te souviens pas de moi ? »

Ce matin-là,
L'on vit sortir du monastère Zen
Un moine qui arrachait ses vêtements
En hurlant :

« Je ne suis pas la Pierre,
Je ne suis pas la Pierre »

Nul ne sait ce qu'il advint du papillon.


vendredi 29 août 2008

Tant-BourrinP'tit pet dans un string

La rentrée approche et avec elle l'heure des bonnes résolutions, comme celle de donner une certaine tenue à ce blog. Et d'ailleurs, histoire de mettre tout de suite en pratique ces bonnes intentions et de se montrer, en sus, original d'une façon plus qu'échevelée, j'ai décidé de vous annoncer cela en chanson.

Bien sûr, les plus croulants défraichis décrépis âgés d'entre vous reconnaîtront aisément la mélodie de "Puppet on a string", chanson victorieuse du concours de l'Eurovision 1967, sur laquelle j'ai adapté quelques paroles sophistiquées de mon cru.

Je devine déjà que les pisse-vinaigre diront que je n'ai pas la voix de Sandie Shaw, mais bon, vous n'avez qu'à vous dire que c'est une reprise interprétée par Sandwich Chaud et ça sera marre...




"P'tit pet dans un string"
interprété par Tant-Bourrin

(musqiue : Bill Martin & Phil Coult / Paroles : Tant-Bourrin)


Moi, je veux prendre votre coeur de lecteur pour cible
Et faire vibrer de la sorte votre corde sensible
Comme un p'tit pet dans un string

On sait bien que pour vous Blogborygmes
C'est d'l'humour caca popo
Mais on va changer de paradigme
Faire un nouveau Blogbo
Plus fin et plus gracieux
Un putain de truc classieux

Moi, je veux prendre votre coeur de lecteur pour cible
Et faire vibrer de la sorte votre corde sensible
Comme un p'tit pet dans un string

C'est fini les histoires de fesses
Et de prouts-prouts dans les gogues
Désormais c'est la délicatesse
Qui règnera sur le blog
On va parler de nous
Dans le guide du bon goût

Moi, je veux prendre votre coeur de lecteur pour cible
Et faire vibrer de la sorte votre corde sensible
Comme un p'tit pet dans un string

Moi, je veux prendre votre coeur de lecteur pour cible
Et faire vibrer de la sorte votre corde sensible
Comme un p'tit pet dans un string

Comme un p'tit pet dans un... string

mardi 26 août 2008

Saoul-FifreLa course libre

Vous pouvez fouiller, vous ne la trouverez pas dans la liste des disciplines olympiques. On préfère se la garder pour nous. Et puis ce serait compliqué : la péña jouerait "La coupo santo" à la place de "la Marseillaise", ça ferait un gros scandale, et puis on voudrait nous imposer un arbitre alors que l'animateur qui crie dans son micro " Ho, je coupe le chrono, je le rallumerai quand vous serez calmés", ben ça nous suffit largement. Et puis je sais bien que nos bious, ils accepteraient pas d'aller plus loin que Saint-Jean-du-Gard ?

Alors à Pékin ???

Non oubliez ces conneries, le décalage horaire c'est mauvais pour les manaudous, alors vous imaginez, pour les manades ? On va rester par chez nous, et si vous voulez goûter à ce spectacle d'un autre monde, il vous faudra descendre en Terre de Provence.

Ha ne commencez pas à m'énerver et à confondre avec les vaches landaises, le toro-piscine ou bien même, tant que vous y êtes, avec Intervilles ? Vu que Tex et Philippe Corti remplaçant Guy Lux et Léon Zitrone, comme évolution, c'est un peu l'Homo Sapiens qui remonte dans son arbre, non ?

Et ne confondez pas non plus avec les autres bouchers-charcutiers bovins, là, les déguisés, les travelos à costumes fluos flashies qui se prennent pour des artistes venant faire admirer leurs vrilles fouettées sur pointes, en soi-disant petits rats de corrida noirs de poil, alors que leur justaucorps bariolé n'est que l'équivalent hypocrite du tablier de coton blanc du tueur d'abattoir (matador, en castillan).

Le toro espagnol de combat rentre pour la première et la dernière fois dans le cercle de son destin. Lui si habitué au silence des nuits andalouses, il est tétanisé par les hurlements sanguinaires des spectateurs. Même s'il y "gagne", fait rarissime, il sera abattu. À sa deuxième corrida, ayant un peu appris des sombres projets que l'Hombré nourrit à son encontre, il serait bien trop dangereux. Même puceau du combat, le toro fait déjà peur a l'Hombré qui lui envoie d'abord ses picadors pour l'affaiblir et commencer à le vider de son sang, par précaution préventive. Ensuite seulement se présente à lui le toréro qui connaît la vue basse du toro et sa tendance à foncer sans réfléchir, droit devant lui. Il lui suffit de ne jamais se trouver derrière la cape couleur de sang au moment dangereux et tout le reste est mascarade, frime et surtout totale absence de fair-play.

Le taureau camarguais, lui, est l'alpha et l'oméga, la raison d'être, le noyau de cristallisation, la fierté et l'honneur de la Nacioun Gardiano. À l'exact inverse du toro espagnol, le Biou est sélectionné, entraîné pour la course. Chaque manade, élevage camarguais de chevaux et de vaches, possède son arène et jeunes gars et taurillons y font leur apprentissage ensemble, pour ensuite, s'ils en ont le talent, grimper les marches de la notoriété et devenir taureau-vedette ou compétiteur du Trophée des As.

Chaque biou rentre dans l'arène muni de ses attributs :

- La cocarde, rouge, fixée entre les cornes.

- Les glands, blancs, chacun sur une corne.

- Et les ficelles, qui font de nombreux tours à la base des cornes et qui demandent de nombreux coups de crochets avant de daigner glisser par terre.

Les raseteurs, aidés des "tourneurs", doivent les leur prendre avec une sorte de peigne fixé au bout des doigts, le crochet. Mais plus facile à dire qu'à faire car le taureau est en pleine forme et s'entraîne depuis son plus jeune âge. Et on ne fait courir que les plus vifs, les plus barricadiers, ceux qui ne freinent pas sur la planche.

En plus le public d'aficionados réserve généralement ses reproches aux "tenues blanches" :

- Laissez-le prendre son élan !

- Ne le poursuivez pas ! Jusqu'à pousser de grands cris de rage si le raseteur essaye de surprendre le taureau. Un beau raset doit être franc et loyal. L'homme attaque sur le côté, mais sous le regard du "cocardier", qui démarre aussi sec après lui dans le but évident de faire sa fête à cet effronté osant l'affronter. Les 2 rôles sont clairs : l'homme doit lui piquer un des attributs et l'animal cherche à l'embrocher, à tout le moins, l'en empêcher. Les 2 coureurs étant à touche-touche, on se demande comment il n'y a pas plus d'accidents.

La règle est claire cependant : l'attention, l'intérêt, la compassion portée au taureau est de commune mesure avec celle due aux humains. Si un raseteur se rend compte que le taureau porte une blessure, il doit en avertir immédiatement le président de course, qui avertit le manadier-propriétaire qui jugera s'il convient de faire cesser la course et de faire intervenir un véto.

Le cocardier est fier. Il a conscience de participer à un spectacle, un art, d'être un sportif de haut niveau. La plupart du temps, dès sa prestation finie, dès qu'il a entendu la musique de fin, il se retourne vers la porte de son toril, l'air de dire "Ho, vous êtes sourds, elle s'ouvre, cette porte ?", et il rentre chez lui, dans ses immenses marais camarguais où lui et les siens vivent libres et tranquilles.

Même si le taureau est un peu faible, un poil endormi, le public sera plein de mansuétude envers lui : "Ô le pauvre, il serait plus à sa place dans une course de l'Avenir (de débutants)". Le raseteur court quand même un peu pour l'argent :

- Et 2 euros de plus de la part de René, le sympathique serveur du Bar de la Poste, à Mouriès.

- Et 10 !!! euros de plus, de la part de notre grand ami Marius Roucas, conseiller municipal chargé des festivités.

- La deuxième ficelle est montée à 320 euros ! Il ne reste plus qu'une minute. Boulégan, coullègues !

Le cocardier, même s'il reçoit des récompenses (qui vont dans la poche de son manadier), court en premier lieu pour l'honneur et pour notre plaisir.

Les spectateurs, qui ont l'afecioun pèr la bouvino, lui en savent gré et lui conservent dans leur cœur la meilleure place, celle réservée aux passionnés, celle qui domine la contre-piste, devant, à l'ombre, la mieux située...

Ils ont la fé di biou.

Quelques images ici , ici et ici , pour que vous vous rendiez un peu mieux compte, bande de parisiens.

dimanche 24 août 2008

AndiamoL'auto du proprio

Je vous en ai parlé de mon proprio, dans un billet intitulé "mon p'tit monde". Il était pingre au-delà de l'imaginable, mais il possédait une AUTO, si, si, elle couchait dans le garage, situé juste sous notre salle à manger.

Sa voiture, c'était une Renault Vivasix, limousine de 1931, de couleur noire. Elle ressemblait beaucoup à la bagnole d'Al Carbone, dans "les fous du volant".

Il ne la sortait guère, pour ainsi dire jamais, mais quand, par grand beau temps, il ouvrait les portes métalliques du garage, retirait les nombreuses et très usagées couvertures couvrant la relique, aidé de son fils, un grand costaud, ils poussaient le carrosse dans la rue, cette rue dans laquelle il ne passait jamais de bagnoles, c'était l'évènement !

Tous les mômes du quartier radinaient, admirant la calandre chromée, les marche-pieds caoutchoutés. Il ouvrait grand les portières, aérant les sièges en velours marron. Nous regardions, sans oser toucher, l'immense volant en bakélite noire, les multiples cadrans du tableau de bord.

Et lui, il roulait sa caisse, nous expliquant le levier de vitesses, trois pour la marche avant, une pour la marche "recul", le compteur étalonné jusqu'à 110 km/heure !

Cent dix à l'heure, t'imagines Paulo ? A c'te vitesse là, on s'rait à Marseille en... En... Heu... En moins de deux !

Mais là où ça devenait un rite, la grand'messe, le rituel du vin versé dans le ciboire, c'était le moment où il procédait au remplissage du réservoir !

Il n'allait pas à la pompe faire le plein, non, il avait dans son garage un jerrican plein du malodorant liquide.

Je pense qu'il devait user d'une combine pour se procurer du carburant à bas prix, radin comme il l'était, je le subodore.

Nous les gamins, nous étions priés de reculer, l'essence est très volatile, et particulièrement "flammable", disait-il, je ne voudrais pas refaire le coup de Jeanne d'Arc !

Tu penses, on était vachement impressionnés. Courageux, le père "la goutte" (j'sais pas comment il se démerdait, mais il avait en permanence une fuite au tarbouif !). Manipuler un jerrican d'essence ? Vu le cinoche qu'il nous faisait, c'était kif-kif "le salaire de la peur". Plus tard, quand j'ai vu le film, j'ai fait le rapprochement.

Mais ça n'était pas tout : le rituel n'était pas achevé, il sortait un grand entonnoir métallique, bien protégé dans son sac, puis un béret hors d'usage !

Il enfilait l'entonnoir dans le réservoir, garnissait celui-ci avec le béret, qui servait de filtre. Attention, pas de saloperies dans mon auto ! Que du clean, de la first quality, du bon pétrole, garanti première pression à froid !

Le fiston tenait l'entonnoir : "tiens ton entonnoir toujours droit" ! Et le vieux versait délicatement, religieusement, le précieux liquide ambré, le nectar, l'hydromel, sans en perdre une seule goutte !

J'aimais bien étant gamin renifler cette odeur, sans doute parce qu'elle était rare à l'époque. Aujourd'hui, elle me ferait plutôt gerber.

Puis, le rite accompli, le bouchon du réservoir méticuleusement refermé, il rangeait les accessoires, ressortait du garage en tenant sur son ventre un lourd paquet : la batterie.

Cette batterie était débranchée, après chaque usage, puis une journée avant la mise en service de la Vivasix, il la mettait en charge, il ne fallait surtout pas qu'elle s'abimât, d'où ce luxe de précautions.

Après avoir remis la précieuse batterie en place et rebranché les cosses, il faisait le tour de la vénérable, refermait les portières, s'installait au volant, alors son fils ouvrait le grand coffre de la Renault, et en sortait : "LA MANIVELLE" , heureux conducteurs d'aujourd'hui, qui n'avez pas connu ce bout de ferraille tordu, qui vous a pété plus de poignets qu'un curé peut en bénir !

Le fiston introduit l'embout de la manivelle au travers du pare-chocs, puis dans : la "dent de loup", située en bout du vilebrequin, et tourne lentement, plusieurs fois, ceci afin de dégommer le moteur, car après un aussi long repos, la mécanique est un peu coincée... Un peu comme votre dos le matin, vous les vieux !

Puis il adresse un signe de tête au Paternel, retire le morceau de ferraille, alors le père "la goutte" tire sur le démarreur (ces anciennes voitures ne possédaient pas de Neiman), une petite clé de contact, puis on actionnait une tirette : le démarreur.

Le six cylindres tousse, visage tendu et angoissé du père machin, nouvel essai : le moteur hoquète, pétarade, nous on applaudit, le vieux transpire, bouche ouverte, toc, toc, les gouttes de son nez sur le volant, il s'essuie le pif d'un revers de la main, retire sur le démarreur, la batterie tient bon, deux ou trois : pouf, pouf, et ça part !

On trépigne de joie, on gueule, on vocifère, le héros exulte, il se redresse, accélère doucement, le vaillant six-cylindres tourne rond.

Il sort enfin de la bagnole, un large sourire édenté éclaire sa face d'oiseau de nuit, il est content, pépère !

Alors pour se récompenser, il fera le tour du pâté de maisons, pas plus, il ne faut pas gaspiller l'essence.

Qu'est-ce que j'aurais aimé faire un tour dans cette auto, même le tour du quartier ! Mais penses-tu, il ne me l'a jamais proposé. Je ne le lui ai jamais demandé non plus, trop timide, et puis ma mère m'aurait passé un sérieux savon, si elle avait appris que j'avais demandé quelque chose à ce vieux grippe-sous !

Enfin, avant de la remiser, pour de longs mois, dans le garage, grand nettoyage à la "NENETTE". Tous les plus de quarante ans connaissent cet accessoire merveilleux, ça ressemble à un "O'CEDAR", un peu comme la coupe de cheveux de certaines que je connais !

Cette "nénette" était imprégnée d'un produit lustrant, on la passait sur la carrosserie, et là : miracle ! La peinture brillait...

Ah ! Comme c'était beau, le père "la goutte" prenait du recul, admirait son chef-d'oeuvre, petite bave de satisfaction aux commissures des lèvres, puis opération inverse : retirer la batterie, et rentrer la belle auto dans son dortoir, "à la main", pour ne pas envahir le saint des saints avec de nocives fumées d'échappement, coupables de ternir la belle "Ripolinée".

Ensuite, il la couvrait de ses antiques couvertures, comme on le ferait pour un crack après un steeple-chase. Alors la belle endormie pouvait se reposer un long moment, avant que son Prince Charmant ne vienne, de quelques gouttes bien morveuses, la tirer de son sommeil.


vendredi 22 août 2008

Tant-BourrinProvidence

Ce soir, ma page restait blanche. Obstinément blanche. D'une blancheur comme on n'en voit que dans les spots de publicité pour les lessives. Bref, je n'avais pas la moindre idée de billet pour le blog.

Alors j'ai décidé de tout laisser en plan, de sortir prendre l'air et de marcher sans but dans les rues de la ville, en espérant que la Providence, ma belle Providence, dealeuse d'imprévu qui surgit quand on ne l'attend pas, viendrait semer ses graines de hasard sur le bitume et me fournirait matière à écrire quelques lignes.

Ami lecteur, puisque tu lis ce billet, tu te doutes bien que j'ai été exaucé. Mais je l'ai été de bien sombre façon. Et "sombre" est en vérité un bien pâle qualificatif : il faudrait forger de toutes pièces de nouveaux adjectifs pour décrire les abysses terrifiants de l'âme humaine dans lesquels je me suis, bien malgré moi, trouvé plongé ce soir.

Peut-être avez-vous entendu les toutes dernières informations et frémi en apprenant ce crime horrible, stigmate hélas presque banal d'une société en pleine déliquescence : un quidam, père de famille apparemment sans histoire, lardé sauvagement d'une dizaine de coups de couteau en pleine rue.

Eh bien la Providence a voulu que je passe à proximité du lieu du crime quelques minutes à peine après que celui-ci ait eu lieu. On n'a pas tous les jours l'occasion de se retrouver ainsi aux premières loges d'un fait divers sanglant mais, croyez-moi, je me serais bien volontiers passé du spectacle.

La police venait à peine d'arriver sur les lieux, commençait à établir un périmètre de sécurité et invitait sans trop de ménagement les badauds, dont je faisais tristement partie, à s'éloigner.

Ce que je fis, bien sûr. Mais un épais brouillard noirâtre descendait déjà sur mes pensées. Car j'avais eu le temps, l'espace d'une seconde, d'une infime mais pourtant interminable seconde, d'entr'apercevoir le corps de la victime, baignant dans le marigot de son propre sang.

Un homme banal, dans la trentaine, déjà livide, le visage tordu par l'épouvante et la douleur qui avaient dû accompagner ses derniers instants.

Un homme qui avait dû aimer et être aimé, un homme qui avait ri, pleuré, rêvé, désiré, un homme pétri, comme tous les autres, dans cet étrange magma d'émois, de doutes, de souffrances... Réduit subitement à l'état de charogne sur le trottoir désespéré d'une rue blafarde parce qu'un autre homme en a décidé ainsi dans la folie destructrice de son âme.

J'ai traversé les rues, les yeux rougis, jusqu'à mon domicile sans ne plus pouvoir détacher mon esprit de cette image obsédante, comme marquée au fer rouge dans mes circonvolutions cérébrales. Ce visage tordu que je verrai encore jusqu'à ma mort. Et cette question qui me hantera encore longtemps : pourquoi, pourquoi cette haine déferlante, pourquoi cette furie mortifère ? Oui, pourquoi ?

Je sais hélas que la question restera à jamais sans réponse, car il faudrait pour cela pouvoir sonder l'âme humaine et en traduire les tréfonds bestiaux en langage humain. Peine perdue.

Mon dieu, pourquoi n'ai-je pas eu l'inspiration ce soir et ne suis-je pas resté tranquillement chez moi ? Cela m'aurait évité tout ce tourment...




Basile Gallipec sourit en relisant le texte de son billet, avant de le mettre en ligne sur son blog. Assurément un texte bien accrocheur sur un sujet brûlant d'actualité qui lui vaudrait quelques dizaines de commentaires et lui permettrait d'accroître encore son audience.

Car Basile ne rêvait que d'une chose : que son blog devienne l'un des plus couru et que Roubantin, son pseudonyme, brille au firmament de la blogeoisie. Et pour cela, il lui fallait écrire, écrire, écrire, un billet par jour au moins, que l'inspiration soit là ou pas.

Basile s'étira, se leva. Une bonne chose de faite ! Il allait pouvoir se coucher la paix dans l'âme. Mais auparavant, il lui restait une chose à faire.

Il ramassa sa gabardine qu'il avait jetée négligemment sur le parquet en revenant de sa promenade nocturne et plongea la main dans la poche de celle-ci.

Il en ressortit un couteau ensanglanté.

Et, portant les lèvres sur la lame rougie pour y déposer un baiser, il murmura : "et maintenant, je vais te nettoyer, ma Providence, ma belle Providence"...

mercredi 20 août 2008

Mam'zelle KesskadieMénopause-café

Quels sont les symptômes de la ménopause chez la femme ?

Ne quittez pas immédiatement, le billet deviendra intéressant dans deux lignes.

Entre autres choses, l'insomnie et les variations d'humeur vers le maussade.

Or, bien qu'encore très jeune, je souffre de symptômes pré-ménopause. Donc, je pleure pour un rien, pour trois fois rien, et encore pour rien, et je ne dors pas. Ça me fait du temps supplémentaires pour verser des larmes. Que la nature est bien faite !

Le matin, donc, j’enligne le café comme la bouée essentielle à ma journée. Je mouds les grains avant de faire le café, c’est ben meilleur de même, et surtout, pour être dans ma philosophie de vie, j’ai rien qu’une vie à vivre, autant la compliquer un peu.

Je mets donc les grains dans la moulin à café et j’appuie sur le bouton.

Rien.

Seul mon acouphène siffle dans mon oreille endormie.

J’ouvre le couvert, je vois que le déclancheur est sale. Une lumière s’allume faiblement dans mon esprit. La dernière fois que j’ai nettoyé la chose avec un cure-dents, je n’avais pas enlevé les grains. Où avait été le problème ? Ah oui. Les lames se sont remises en marche et le broyeur n’ayant pas de couvert, les grains sont partis dans les airs et le plancher fut couvert de grains de café.

La solution ? Je regarde les grains à travers mes paupières mi-closes…..

Vous voyez le tableau ? La bonne femme en jaquette de flanalette qui date de la première grossesse (on se souvient que son aîné est majeur et vacciné), les yeux petits et rouges, le teint blafard, le cheveu pas reposé lui non plus, debout dans la cuisine en vacillant légèrement dû au manque de café et de sommeil, qui regarde son moulin à café d’un air dubitatif.

Il y a une solution, laquelle…. La lumière clignote dans ma tête, signe que le neurone de service va s’éteindre bientôt. Ah oui ! Débrancher le moulin avant de nettoyer.

Dire que ça a son diplôme universitaire et que ça vote !

Bof, tant qu’il y aura du café, il y aura de l’espoir.

En parlant de café, j’ai espoir d’en arrêter la consommation.

Je suis allée aux aliments naturels, voir s’il n’existe pas une patch, style nicorette pour la cigarette, là, ça serait Caféirette. Ben non. Y a du café biologique, organique, équitable, importé, moulu, décaféiné, vert, brun, noir, mais pas de patches.

Il faut boire un truc cher style tisane, accompagné d’un autre truc très aussi cher, pour se défaire de la caféine.

Et pourquoi arrêter ?

Parce que il paraît que c’est pas bon pour les types thyroîdiens, dont je fais partie, les gens qui ont des problèmes d’hypoglycémie, dont je fais partie, les gens du groupe sanguin O-, dont je fais partie, que ça flushe tous les bons enzymes de notre corps, que ça augmente les chaleurs de pré-ménopause, etc.

Le seul avantage, voyez-vous, c’est qu’on encourage l’économie tiers-mondiale en achetant équitable… Vous me connaissez, quand il s’agit de faire une bonne action…

Ok, charité bien ordonnée commence par soi-même.

Bref, c’est mon dernier sac de café en grains.

Si je faisais une diète à la place ??? Ah oui, j’en fais déjà une….

J’aimerais ça arrêter de fumer à la place, mais je ne fume pas.

Si j’arrêtais de mémérer ? Que je ne dise que l’essentiel et rien d’autre ?

Ben là, je prendrais du café, mais toute seule, personne avec qui jaser.

Bof, il me reste du café pour au moins une semaine, d’ici là, ou j’ai trouvé une raison de ne pas arrêter, ou j’ai trouvé la motivation pour le faire.

À suivre…

lundi 18 août 2008

Saoul-FifreJe l'jure

Hauts Elfes !

Ô Élite des lecteurs !

Par respect pour vous dont la pertinence des commentaires n'a d'égale que l'acuité de vos analyses, il est temps pour nous d'arrêter de vous beurrer des mouillettes et de vous les tremper dans les œufs-coque de vos fondements.

L'heure de la franchise a sonné, éclatante comme sur le parvis de Notre Dame, ou humblement, dans la plus discrète des chapelles oubliées. La vérité a ses exigences de clarté et se rit des grilles et des serrures verrouillées. Il arrive un moment, nécessaire et constructif, où les obstacles doivent voler en éclat devant l'exigence du vraiment vrai et ce moment est là, accroupi à nos pieds, bavant comme un crapaud fidèle.

Nous ne pouvons taire plus longtemps cette bulle de pulsion qui nous sature insidieusement, gonflant la moindre de nos veinules, nous mettant la pression, cherchant une sortie par où s'exprimer. La chasse à toutes les hypocrisies est lancée, nulle trêve ne saura être exigée tant que l'hallali n'aura pas sonné sur la comédie épuisée de toutes nos grimaces.

Vous avez gagné le droit, par votre constance, d'obtenir de nous les certitudes consolantes qui conforteront et donneront de la densité à votre tendance naïve à faire confiance a priori et à n'importe qui. Démêler ensemble les nœuds que nous avons laissé se créer entre le solide câble véridique et les malingres fils mités de la fausseté, s'entortillant à leur gré tous azimuts, peut-on rêver plus noble but ?

Juge sainement celui qui a en main, probatoires, les comptes-rendus exacts de faits réels, éprouvés, marqués du sceau de la justesse, et non des interprétations tendancieuses, viciées par le subjectivisme le moins mathématique qui soit. Fuyons la poésie déliquescente, voire délictueuse, qui noie sous un brouillamini mystificateur la réalité réunifiante et vise à vider de leur substance des choses pourtant dûment tirées au clair.

Exactitude ! En ton nom je vous fais la promesse à tous, ici et maintenant de ne rien vous celer, rien camoufler, oublier l'idée même du mensonge, vous accueillir au cœur même de notre véridicité afin que vos yeux se dessillent sous les ciseaux de notre sincérité retrouvée.

Mais là, il est deux heures moins cinq du matin et, si vous le permettez, j'aimerais bien aller me coucher.

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