Dernière citation des vacances





Je ne résisterai pas au plaisir de conclure mon exposé littéraire en citant un extrait d’un ouvrage contemporain impérissable et assez révélateur de la verve épique du style des jeunes auteurs modernes. Le livre s’appelle Entre le ciel et l’enfer, et l’auteur, Julio Iglésias, si j’en juge par la qualité littéraire, a pu se faire aider par un étudiant, voire un professeur de lettres françaises. C’est à la page 195, le chapitre intitulé : « Le pan de ma chemise qui dépassait ». Après avoir raconté dans un chapitre précédent la couleur de ses chaussures, l’auteur nous révèle maintenant que chaque matin il s’habille.

« Je passe d’abord ma chemise que je boutonne de haut en bas, puis mon pantalon(…) Je ne porte pas de ceinture, je n’en ai pas besoin. J’ajuste mon pantalon avec ma chemise par–dessus. C’est ainsi que je me peigne. Je sais que je ne dois pas tout de suite rentrer ma chemise dans mon pantalon c’est pour ça que je la laisse dépasser le temps de mettre ma cravate. Je porte des cravates toutes simples, de couleur sombre, unie, en soie. Mon pantalon est une sorte de seconde peau que je dois enfiler. C’est là le point commun avec les toreros … Il faut en effet que je tortille, qu’on tire sur le pantalon jusqu’à ce qu’il colle à moi comme une seconde peau. Je mets également mon gilet en le boutonnant lentement. et j’ai besoin qu’il me fasse un peu mal et qu’il me serre… Lorsque habillé, je me regarde dans la glace, généralement de profil, il m’arrive parfois de pousser un grand cri de satisfaction : - Ahhhhhhhhhh ! »

Pierre Desproges (vivons heureux en attendant la mort)