Tout commence quand on fête ses 50 ans. N'essayez pas d'y échapper, les conjoints, amis, font des surprises partys pour être certains que vous allez fêter ça. Les mécréants. Ça continue avec des pertes de mémoire. Des lunettes de lecture. Des questions style : "avez-vous votre carte de rabais de l'âge d'or ?" On recommence à trouver les petits bébés intéressants, surtout qu'on ne peut plus en avoir. Notre fille nous demande de ne pas sortir à tel bar et tel bistrot, parce qu'elle y va. De toute façon, on pourrait pas y aller, parce que fiston est parti avec notre auto. On est cassée comme lorsqu'on était étudiant au Cegep parce que nos enfants sont étudiants au Cegep, et ce n'est plus seulement que nos boucles d'oreilles qui disparaissent des tiroirs, mais aussi les condoms. Bof, de toute façon, ça nous tente moins qu'avant.

Bref, arrive le moment pénible, mais auquel on s'habitue, de la visite médicale. Les questions changent aussi avec le temps. Notre principale préoccupation n'est plus ce qui se passe en bas du nombril, mais en plus bas : nos genoux font mal, y a des orteils qui ne rentrent plus dans les souliers. Et v'là tit pas que des tests s'ajoutent :

La mammographie.

Chanceuse que je suis, cette année, il a oublié les tites bouteilles pour le dépistage du cancer du colon dont je vous épargne la procédure.

LA MAMMOGRAPHIE : cours d'introduction aux procédures avec histoire de cas, la mienne.

Gardons en tête, ici, que ce que les hommes remarquent en premier chez moi c'est :
1. si je ne suis pas visible et qu'ils ne sont pas sourds, mon rire.
2. si je suis visible, ce n'est pas mes yeux, mais le triple D qui s'ajoute au descriptif de ma pointure du soutif. Les lettres devraient être: YATVLP. je vous laisse compléter l'acronyme.

Le test débute le matin par les précautions à prendre : pas de déodorant, pas de poudre, pas de parfum. La journée va être longue pour mes collègues, mon rendez-vous est à 15:00. Et innocente comme je le suis, j'ai un dîner de copines ergo. j'aurais donc dû réserver dans un resto végétarien qui sent l'encens ou dans une pataterie, question de masquer les odeurs ! Mais non : au St-Hubert. On va être six.

Simonac.

Une chose à la fois : ce qu'on va mettre pour la journée mémorable. Je prends quelque chose qui ne me fera pas trop suer. Non, pas de robes, mais une jupe, on n'oublie pas qu'on va enlever le haut. Tiens, il y a longtemps que j'ai pas mis cette jolie petite blouse blanche.

Pertes de mémoire, vous dis-je, je m'en vais manger au resto : St-Hubert, sauce, blouse blanche, YATVLP.

J'arrive donc plus tôt pour m'assurer d'une table décente. J'ai bien fait, elle veut squezeer six femmes matures autour d'une table qui sans être minuscule, nous permettrait d'apprécier l'épilation faciale de chacune sans mettre de lunettes de lecture. On se souvient que si je ne suis pas à jeun pour le test, j'ai omis une partie de la routine matinale qui maintient les liens sociaux j'ai nommé : le déodorant. Vous en doutez ? Ciel, vous n'avez pas eu d'ados rébarbatifs à la douche assis à côté de vous dans l'auto par une belle journée chaude récemment ? Eh bien, sachez que j'ai failli ne plus en avoir, une chance que sa porte était barrée, il a échappé à l'expulsion.

Donc, St-Hub, blouse blanche, déo zéro, et cinq copines, dont la nouvelle ergo qui se joint à l'équipe. Précaution première : la bavette. N'écoutant que mon orgueil, je déploie élégamment mon châle sur le devant de ma personne, c'est fou ce qu'il fait frais dans un St-Hub ! Tout le monde travaille, on n'a que une heure pour manger, donc pas trop le temps d'empester, tout va bien.

Deuxième étape : la mammographie. Se rendre à l'hôpital à temps. Difficile d'oublier, je ne pense qu'à ça. Je trouve un stationnement, je me rends au troisième étage. Zut, pas de mammographie. Un service de dialyse je crois, la physiothérapie et l'ergothérapie. Étant ergothérapeute de profession, je supplie le ciel en l'interpellant, crisse ! Pourvu que personne que je connais ne me sente, je veux dire, me voie !

Doutes, suspicions et inquiétudes dévorantes : auquel des deux hôpitaux de notre belle région, hôpitaux qui portent le même nom pour ne pas faire de chicanes entre les médecins et créer un sentiment d'appartenance aux deux endroits pour le personnel médical et pour confondre la population, auquel des deux services, m'interrogeais-je dans le doute et la sueur dont l'aisselle non préservée me titstaillait la narine et la préoccupation, devais-je présenter mon YATVLP ?

Un long moment de solitude, il me reste cinq minutes pour éclaircir le malentendu, faire 15 minutes de route, 15 minutes de stationnement si je me suis méprise, le tout , dans la joie, la bonne humeur et sans déo.

La dame aux renseignement, après un long moment où elle tourna le dos à ma personne, se retourna, je ne sais si c'est pour s'enquérir de la provenance de l'effluve douteuse ou pour reprendre son devoir, déploie sa science en m'indiquant que c'est au deuxième étage. Heureuse femme qui est derrière sa vitre, se protège des voleurs de sacoche, des virus de grippe et des odeurs de la clientèle.

Arrivons donc aux faits et au deuxième étage. Moment de suspense. Je tends ma feuille, tremblante et à bout de bras à la secrétaire en espérant que je suis à la bonne place. Mais oui ! Tout n'est pas perdu !

Joie de courte durée, le temps de suivre les tites flèches blanches sur le plancher qui m'amène à une porte fermée, mais avec une pancarte qui donne la marche à suivre.

1. Déposer la requête dans la boîte ici présente. tchek.

2. Se déshabiller. on va attendre un peu pour le tchek.

3. Mettre la jaquette ouverture dans le dos. (Heu... je suis bien au service de mammographie. Me semble qu'ils prennent la radio par en avant ???) On va attendre pour le tchek pour celui-là aussi, j'cré ben.

4. Si ce n'est pas déjà fait, enlever toute trace de poudre, de déodorant ou de parfum à l'aide de débarbouillets fournies dans la salle de jaquettes. bon, ils ne disent pas de traces de sueur, mais je ne veux pas avoir la mort par suffocation de la technicienne sur la conscience, pour ne pas dire, sur la poitrine, je vais tchéquer là aussi. Par contre, avoir su, simonac, je ne me serais pas privée ainsi que mon entourage, du confort moderne toute la journée !

5. Revenir s'assoir et remplir le formulaire. Pas de problèmes, on va faire ça.

Salle de déshabillage, jaquettes, je choisis la jolie mauve. Petite salle de déshabillage, on size fit all, et c'est pas mon size fit all. Mais bon, on fait avec. Petite jaquette mauve.. oups ! Ne prenez pas la tite jaquette mauve, ni fushia. Elles deviennent transparentes au lavage, et ciel qu'elles sont lavées souvent ! Donc, je rajoute jaquette bleue standard par dessus, et je sors pour remplir le questionnaire. Tchek.

Une page de; Avez-vous ... écrit avec des caractères aussi grands et gros que ceux des bouteille de pilules. NOTE À L'ADMINISTRATION DE L'HÔPITAL: Les mammmographies s' adressent principalement aux femmes qui portent des lunettes de lecture et qui ont des pertes de mémoire, qui vous dit qu'elles ont pensé les mettre dans leurs sacoches après avoir lu un menu de ST -Hub? han bon, une chance que j'en ai trois paires, j'en ai trouvé une.

Ensuite, on attend, dans l'angoisse et en jaquette bleue.

La technicienne apparait et dit notre nom. Ici, on a le choix de faire semblant que c'est pas à notre personne qu'elle s'adresse et que nous sommes assises en jaquette par hasard et pour lire un roman, on peut faire semblant de chercher nos lunettes dans la sacoche (penser à les enlever de dessus de notre tête avant) ou dire: Bbbbbbon jour.

Soyons brave et qu'on en finisse.

Première étape: enlever la jaquette. Me semblait aussi que par en arrière....

Deuxième étape: Elle prends deux petits cercles autocollants, verts, du genre que l'on mets autour des trous de feuille de cartable pour ne pas que la feuille se déchire sur l'anneau et nous les tends.

Malheureuse, non! ce n'est pas pour mettre sur votre feuille de questions que vous lui avez tendues. c'est pour les mettre sur vos mamelons, question que le radiologiste sache où ils se trouvent sur la radio.

Un long moment de solitude pendant que la technicienne lit votre questionnaire, et que vous attendez debout, en jupe, torse nu, avec les mamelons décorés en verts. Avez-vous déjà eu peur de la caméra cachée ?

Vient le moment fatidique de l'examen. Imaginez une tablette en stainless steel, hauteur de la poitrine. La technicienne va essayer de faire fitter votre tablette sur la tablette.

Première étape. Levez le bras en l'air, l'autre comme ça. Ensuite, elle s'empare d'un sein à la fois et l'installe. En la voyant soulever ma masse, j'eus la pensée : j'espère qu'elle a eu son PDSB (programme de déplacements sécuritaires, bref, de déplacer les poids pesants). Il s'agit également de coller le plus la tablette avec notre corps, de tourner notre tête à l'est, de regarder au nord, de placer nos pieds vers le sud (j'exagère, mais je vous jure, c'est l'impression qu'on a). Voilààaàaàaàaàaàaà. Et elle fait descendre le presse-toton. Ici, plusieurs légendes urbaines circulent. du moins, je croyais que c'était des légendes.... mais c'est vrai qu'ils squeezent l'appendice en espérant en faire une galette. je pense que c'est une procédure subventionnée par les chirurgiens esthétiques, question de recruter de la clientèle post tests. Par contre, ça ne fait pas mal. le plus dur, c'est de ne pas rire en pensant à vos copines qui sont moins nanties que vous et qui vont se faire étirer la petite chose sans avoir rien à étirer.

Et oups, indications de ne pas respirer, on prend la radio.

Quand elle a donné la dernière instruction, j'étais déjà en hyperventilation. Heureusement que la presse à toton me tenait solidement debout, je me serais écroulée.

Et on recommence pour l'autre côté. et on remets ça pour en faire une en angle. Et on finalise avec l'autre côté en angle.

C'est tout!

Vraiment pas de quoi en faire un plat, encore moins, un paragraphe de dissertation. :-)

À la prochaine!

P.S. : YATVLP c'est l'acronyme de Y AS TU VU LA PAIRE ? Et ça se dit quand on me paye un café! loll