Tout d'abord : j'ai planté mon ordi !

Un vilain virus m'a tout infesté. Je ne peux plus ouvrir mes documents. Pourtant je vous avais préparé une ou deux bluettes bien romantiques !

Alors je suis allé puiser dans un vieux (très vieux) billet écrit par T-B et sur lequel j'avais laissé un commentaire.

Copié-collé, retour dans l'interface Blogbo, petites retouches et voilà !




J'ai fait la connaissance des tripous il y a fort longtemps !

J'étais en vacances pour quelques jours en Auvergne, invité par une tante... Mais non une vraie tante, je vous vois venir ! La soeur de ma mère !

Etaient également présents : sa fille âgée de dix-sept ans et un cousin à peine plus âgé. A l'époque j'affichais vingt-cinq balais au compteur.

Un soir, comme nous rentrions après une virée, je pousse la porte de la cuisine, et alors... L'indicible, l'horreur, la pestilence, bonjour la fragrance !

Je m'inquiète : kestufècuire? M'enquièrès-je.

- Des tripous, me répond la joviale.

- Des quoi ?

- Des T.R.I.P.O.U.S., mijotés spécialement à l'intention de ton oncle par un ami.

Un ami ? Ah la vache ! S'ils n'avaient pas été copains, qu'est-ce qu'il lui aurait concocté le vachard !

Je pense que le tonton lui avait fait une vacherie au poteau, genre j'te chourre ta gonzesse, un croc aux pattes bien dégueu. Il avait la rancune tenace le revanchard !

Lui refiler une charogne pareille : c'était pas chrétien !

On passe à table, le cordon bleu nous apporte la caisse du chat ! Et commence à servir les portions.

D'autor la cousine décline :

- Pas question que j'bouffe de la merde !

Le cousin sournois prétexte une gerbe imminente, consécutive à un trop plein de glaces aux fraises. Tu parles ! Le pingre, il n'aurait jamais allongé un fifrelin pour casquer un cornet, même à une boule ! M'enfin!

Il n'en restait qu'un : ma pomme ! Invité j'étais : je ne pouvais pas refuser ! Pas correct, déplacé, incongru. Ah putain ! Fallait y passer.

Je suis plutôt du genre morfale, un vrai tout-à-l'égout, j'bouffe de tout, au moins je goûte, pas chochote sur la tortore. Mais là : se taper une couche-culotte genre celle du matin (les ceusses qu'ont des chiarres comprendront), jamais j'avais fait.

J'attaque : narines fermées, apnée grande profondeur, j'enfourne, je mâche.

Ah saloperie ! J'étais en train de bouffer la baballe du chien ! J'avais une solide mâchoire, de bonnes chailles, mais trop c'est trop ! Je n'en pouvais plus ! Et la Marie-Besnard qui me guettait, attendant une reconnaissance, un satisfecit, un MMMMMHH j'en redemande ! Moi, la tronche tordue, j'moufte pas.

Fayot sans doute, cireur de pompes : jamais !

Je pensais à la rue Loriston : ils n'avaient jamais testé les tripous, les raffinés des aveux spontanés, les princes du hammam, les accros de la baignoire, les adorateurs de la gégène ! Sinon ils les auraient ajoutés à leur panoplie!

Tu imagines : le mec à table, en fond sonore un disque de Balavoine, posé devant lui, une bonne assiette de tripous, et enfin en guise de dessert : la lecture intégrale du discours de Malraux lors de l'entrée au Panthéon des cendres de Jean Moulin !

Sûr, au bout d'un quart d'heure, il t'avoue le meurtre d'Henri IV, la prise de la Bastille, les attentats du onze septembre, et même l'attaque de Pearl Harbor !

J'attaquais la seconde bouchée, quand tout à coup : le flash ! L'éclair de lucidité, le soir j'avais rencard avec une petite ligotée la veille, dans une boîte de Saint-Nectaire.

Je vous arrête tout de suite : ça n'est pas parce qu'elle était de Saint-Nectaire, que son clapoir refoulait le claquos, Hein ?

Ah la vache ! La pelle assassine, que j'allais lui rouler, l'haleine de cow-boy, la gamelle putride, j'pouvais pas lui faire ça ! Les tripous allaient me casser la cabane, sûr.

Elle va me j'ter, pensais-je ! Me larguer ! Elle va me demander si j'ai bouffé mes chaussettes avant de venir !

Lâchement j'ai battu en retraite, mis les pouces, déposé les armes...

Aveyronnaises, Aveyronnais : je connais un peu votre région, elle est magnifique il est vrai, mais de grâce : NO TRIPOUS... ADISHATZ !