Tout était en déséquilibre.

Les arbres descendaient comme des pluies de flèches et les cascades s’élançaient à l’assaut des hauteurs. Les nues formaient un tapis moelleux, éthéré, vaporeux, d’une blancheur nacrée tandis qu’un étrange ciel fait de pics et de creux ocre, bleus et bruns semblait suspendu à rien par une magie inquiétante. Ajoutant à mon trouble, les objets se déplaçaient sur cette surface comme des mouches sur un plafond, aimantés par une force inconnue.

Tout était en déséquilibre et au fin fond de mon vestibule cela s’entrechoquait rudement : le marteau battait froid sur l’enclume et l’étrier se faisait des nœuds autour de la cochlée.

Le haut était en bas et le bas était en haut.

C’est quand j’ai pris conscience que mon œsophage était plus bas que mon estomac que j’ai vomi tout mon quatre-heures, qui est sorti de ma bouche en longs filaments verdâtres pour baptiser le cockpit.

Je me souviendrais longtemps de mon baptême de l’air.