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lundi 16 avril 2007

Saoul-FifreMaja Neskovic

Nous n'avons toujours pas la télé, mais des bienfaiteurs de l'humanité s'appliquent à envoyer à Dailymotion ou Youtube des images qui leur ont plu. C'est comme ça que j'ai connu "Arrêt sur images". Et Maja.

Si vous ne connaissez pas, vous avez la dénonciation de mensonges , vous avez la mesure de l'intérêt des différentes chaînes en fonction des sujets , ou bien la mise en évidence, a minima, de l'incompétence , la légèreté, pour ne pas dire moins, de la vérification des sources ou un reportage bidon et puis ma préférée, mais c'est subjectif : la difficulté à agir concrètement contre les dérives du football

Je suis sous son charme. Cette fille s'amuse, c'est palpable à l'écran. Elle est libre, elle est à cent lieues des lèche-boules carriéristes et brandit bien haut l'honneur de la profession de journaliste. Ado, journaliste a été un des métiers que j'ai envisagé de faire. J'avais même la possibilité de me faire pistonner, mais j'ai vite compris que leur style et leurs idées intéressaient leur rédacteur en chef dans la mesure où ils ne remettaient pas en question le système ni les intérêts des annonceurs. Restait la presse libre, sans publicité, Le Canard, Charlie-Hebdo, Que Choisir, on a vite fait le tour et les places sont rares. De toutes façons, je ne voulais pas me spécialiser.

Et puis il y a ces îlots de fraîcheur au milieu du système. Je ne connais pas France 5, mais j'imagine qu'ils vivent de la pub ? Tant que l'émission de Daniel Schneidermann fera de l'audience, lui et ses reporters pourront continuer de faire grincer des dents. Avec cette épée de Damoclès suspendue au dessus de leur contrat, qui leur donne cet air réveillé, fier, brillant, car ils ne se bousculent pas pour aller à la soupe et se contentent de nous parler des faits, cachés, occultés par les images floues que l'on nous tend.

Ces décryptages iconoclastes me ravissent, ces mises au point, ces retours vers le passé, à la recherche des contradictions si révélatrices de la duplicité de nos politiques, c'est de la belle ouvrage !

Les caméras sont partout, selon la main qui les tient, elles nous bourrent le mou, ne nous montrent que le bon côté, mais si l'on change l'angle d'attaque, si on filme les instants "off", ceux où la garde est baissée, où la maîtrise de soi craque, le spectateur, qui n'est pas l'imbécile heureux que tous les médias semblent persuadés qu'il est, se met à comprendre les évidences. Il suffit de les lui montrer.

vous avez tout un Arrêt sur images. Bon, si vous voulez Maja, il faut attendre un peu la fin de l'émission, c'est toujours comme ça que ça se passe, Maja, c'est un peu l'apothéose de l'émission. Et celui qui a dit "...de l'émission de sperme", il sort, on est correct avec Maja, s'il vous plaît ?

Les autres intervenants attitrés, Perrine Dutreil, David Abiker, Sébastien Bohler etc... sont également passionnants, mais la star, rayonnante, époustouflante, c'est Maja.

Mais certains préfèrent quand même Ioulia Kapoustina et je crois deviner leurs raisons profondes.

mardi 10 avril 2007

Saoul-FifreTempus fugit

Le temps s'enfuit, le pleutre. Drôle d'expression. De quoi, de qui peut bien avoir peur le temps ?

De ne pas avoir le temps ?
De la vitesse, qui pourrait le raccourcir, selon Einstein ?
De se faire remonter par une machine ?
Que l'on colporte des légendes sur ses siècles ?
Que les couleurs du passé "passent" au soleil et tournent sépia ?
Que le magazine Actuel soit mort de trop d'anachronisme ?
De ce chien grondant après son kros nosse ?

De tous ces fugitifs fugaces et fébriles qui le talonnent sans se douter une seconde que le temps ne se rattrape pas.

Non, le temps ne craint rien. Ni de se faire dépasser, ni de se faire étaler d'un croche-pied dans la poussière, son pas est sûr, solide, et toutes nos petites agitations zélées, nos fougues, nos soi-disant urgences, ne lui tirent qu'un demi-sourire ironique.

Ce temps qui fuyait comme du sable sec et fin, de doigts écartés, n'était que la métaphore de ma propre fuite, faisant suite et corps à celle de mes parents. Nous avons fui la ferme trop isolée pour le village, le village pour la ville, la ville pour le village, le village pour le bâteau, un continent pour un autre, qu'on nous disait le nôtre, mais que nous n'avions jamais vu, de mémoire d'ancêtres, et où personne ne nous a reconnu.

Nous avons fui la mort, tout en sachant pertinemment qu'on ne lui échappe pas, que, sans hâter le pas, elle ramène son épaule à votre épaule et que son calme vous gagne, à jamais.

Peu importait. La mort ne s'attend pas bras ballants. Tant que je me sentais bouillonner d'un peu de vie, je filais dans mes nuages, me cacher au delà de l'horizon, derrière la courbure de la terre. Mes démons à mes trousses, j'avais beau les prendre à contre-pied, m'en ébrouer, ils me serraient en ricanant, m'obligeant à repartir, précipiter l'allure, sans reprendre haleine...

Je faisais tout avec brusquerie, dans la boulimie. Avec l'impatience d'arriver au bout du tunnel avant que le train ne te roule dessus, de préférence ? Je mordais dans le présent sans retenue, je courrais en tous sens, quadrillant les possibles, avec en tous lieux ces formes haineuses du passé qui s'agrippaient à mes paupières et me criaient :

- "Cours, cours, devant est autre chose, devant est différent, pédale de toutes tes forces : le pire est déjà advenu."

Et puis les battements de mon cœur, rythmés par le tempo furioso de mes pas, me firent m'accrocher à ce rocher.

Et j'y appris patiemment que le temps pouvait être immobile.

Enfin : presque immobile...

mercredi 4 avril 2007

Tant-BourrinUn peu de réclame

Qui ne s'est jamais exclamé, face à un spot publicitaire particulièrement lourd (pléonasme !) : "non, là, vraiment, ils nous prennent pour des cons" ? Qui n'a jamais maudit cette engeance que sont les publicitaires, ces gras manipulateurs de clichés aussi éculés que leurs pensées moisies et qui ont le culot de vouloir de se faire passer pour les créatifs d'aujourd'hui, pour ne pas dire des artistes ? Qui ne rêverait pas de tirer la chasse d'eau pour envoyer cette fiente commerciale fétide dans les égouts de la sous-pensée ? Bref, qui n'a pas légèrement les nerfs face à ce fléau moderne qu'est la publicité ?

Moderne ? Vraiment ? J'ai voulu m'en assurer et je suis aller ressortir du tiroir quelques vieux magazines de l'entre-deux-guerres... Le résultat est édifiant : les margoulins étaient déjà là. Les moyens mis en oeuvre étaient certes mille fois plus réduits qu'aujourd'hui, les techniques publicitaires étaient plus naïves et balbutiantes, mais tout était déjà là en germe !

Voyez plutôt le petit échantillon que je vous propose, tout chaud sorti de mon scanner...




Ouah ! Du thé "rationnel" ! Impressionnant !... Excusez-moi, je consulte mon dictionnaire. "Rationnel : fondé sur la raison, sur le raisonnement - qui peut être expliqué par la raison". Mmmm, un thé qui peut être expliqué par la raison : on touche d'entrée au sublime. Les publicitaires qui disent n'importe quoi et utilisent n'importe quel mot dans n'importe quel sens n'ont finalement rien inventé : les auteurs de réclames l'avaient fait bien avant eux.




Tiens, encore nos amis d'Yxa, avec un produit pour vous, Mesdames. Allez, encore une cuillerée de placenta pour raffermir vos seins ! Non ? Ce que vous êtes chochottes !...




Le sirop de Deschiens ? Hem, évidemment, les références culturelles ont un peu évolué depuis l'époque, parce que je ne suis pas convaincu qu'un tel nom serait très vendeur aujourd'hui !... Et puis un sirop à l'hémoglobine, à part chez les jeunes gothiques lookés vampires, je doute que cela puisse avoir encore un franc succès. Le seul qui apprécierait ce sirop, c'est Sarkozy : "formation de la jeunesse", ça laisse songeur !




La vieille technique de la peur de l'exclusion : "si t'as pas le bidule Machin, alors t'es ringard". Et l'esprit grégaire de l'homme étant ce qu'il est, le client se rue sur le bidule Machin. Eh bien, voilà l'ancêtre de la technique : l'intérieur n'est pas complet sans une bonne vieille machine à coudre ! Autres temps, autres moeurs : il n'y a sûrement plus beaucoup d'intérieurs complets de nos jours...




L'argument santé, voilà ce qui fait vendre ! Le yaourt qui fait du bien à l'intérieur, le plein de vitalité, les croquettes bonnes pour le poil, c'est top ! Là aussi, rien de nouveau sous le soleil : la réclame ci-dessus prouve que l'on savait déjà vendre des produits sous le sceau de la santé il y a quatre-vingts ans ! Ça fait rêver, non ? Ou cauchemarder, plutôt !




Autre argument commercial qui fait vendre : l'argument minceur. Là non plus, rien de neuf : nos grands-parents disposaient déjà de produits miracles. Une tâche de graisse sur la belle robe ? Hop, une pilule Chatelguyon-Mathivat dans la machine à laver et le tour est joué !




Pour ce qui est de l'idée de mettre en scène d'enfants dans les publicités, désolé de faire de la peine aux gros beaufs des agences de pub, mais les vrais créatifs, c'étaient leurs ancêtres de l'époque de la réclame. Voyez plutôt...




Le message du type "payez, on s'occupe de tout le reste" n'est pas plus neuf que les autres. Regardez donc cette réclame septuagénaire et dites-moi si vous n'enverriez pas rapidement une lettre pour le bien-être de votre fifille adorée, hein ?




En résumé, la publicité est la digne fille de la réclame : ça fait plus d'un siècle qu'on cherche à nous refourguer n'importe quelle sorte de merde en la faisant passer pour de l'or. Et quand je dis "merde", il s'agit d'un mot bien senti. Matez donc plutôt la pub suivante. Oui, c'est bien une publicité : à l'époque, il n'y avait apparemment aucune obligation d'apposer le terme "publi-reportage" en préambule de ce qui ressemblait à un article comme les autres !... C'est en tout cas que l'on pourrait appeler une subtile recherche de débouchés !