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vendredi 7 septembre 2007

Tant-BourrinL'esprit rugby

Cette fois, ça y est : la Coupe du monde de rugby commence aujourd'hui. Préparez-vous à bouffer du ballon ovale pendant un bon mois et demi.

Alors, plutôt que de subir passivement l'événement, pourquoi n'en profiteriez-vous pas pour participer à la fête en pensant rugby, en agissant rugby, en respirant rugby, bref en vivant rugby ? Et quel meilleur terrain de jeu que le bureau pour insuffler un peu de cet esprit rugby qui va déferler sur la France dans les semaines à venir ?

Allez, voici quelques conseils, suivez le guide !

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lundi 3 septembre 2007

Saoul-FifreP.S.F.

Tenez, puisque vous avez été sages hier, vous pouvez ranger vos livres et vos cahiers dans vos pupitres et je vais vous proposer un jeu qui devrait plaire à Calune au minimum. Affichez Google ou votre moteur de recherche préféré et tapez "sans frontières" dans la petite fenêtre, entre guillemets si vous voulez, ça ne fait pas une grosse différence.

Héhé, onze secondes plus tard : 2 360 000 liens !! 'djudju, le concept semble porteur !

Allez, allez, on copie le nom des associations qui prétendent ne pas avoir de frontières ? Bon, c'est mon jour de bonté, ça me perdra, trop d'altruisme tue le truisme, je vais le faire à votre place :

Reporters Sans Frontières

Médecins Sans Frontières

Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières

Films Sans Frontières

Avocats Sans Frontières

Education Sans Frontières

Clowns Sans Frontières

Ingénieurs Sans Frontières

Terre Sans Frontières

Études Sans Frontières

Télécoms Sans Frontières

Sport Sans Frontières

Juristes Sans Frontières

Ateliers Sans Frontières

Aviation Sans Frontières

Haïku Sans Frontières

Marins Sans Frontières

Communications Sans Frontières

Patrimoine Sans Frontières

Secouristes Sans Frontières

Architectes Sans Frontières

Pompiers Sans Frontières

Amarrages Sans Frontières

Enfants Sans Frontières

Mode Sans Frontières

Vacances Musicales Sans Frontières

Voiles Sans Frontières

Guides Sans Frontières

Électriciens Sans Frontières

Épargne Sans Frontières

Armes Sans Frontières

Mathématiques Sans Frontières

Études Sans Frontières

Amis Sans Frontières

Roulards Sans Frontières

Savoir Sans Frontières

Accueil Espoir Sans Frontières

Parents Sans Frontières

Homéopathes Sans Frontières

Vigne Sans Frontières

Élevage Sans Frontières

Lévriers Sans Frontières

Orques Sans Frontières

Kangourous Sans Frontières

Gabriel Sans Frontières

Coach Sans Frontières

Chocolat Sans Frontières

Handicap Sans Frontières

Gynécologie Sans Frontières

Hydraulique Sans Frontières

Église Sans Frontières

Autistes Sans Frontières

Prisonniers Sans Frontières

Bon vous avez compris le principe ? Vous prenez n'importe quel mot et vous mettez "Sans Frontières" devant et ça fait bien, ouvert, généreux, smart, beaubeau, durable, global, conscientisé... Restez soft, cependant : ne choisissez pas "Frontières Sans Frontières", comme nom, là ça va trop se voir que vous vous foutez de leur gueule... Première étape indispensable avant de demander des subventions à l'Europe, que ce soit bien clair, si votre association n'a pas "Sans Frontières" dans son intitulé, vous ne les obtiendrez pas ! Il ne vous resterait plus qu'à postuler à Ridicule Sans Frontière ou à Dans le cul Sans Frontières voire à On te l'avait pourtant dit connard Sans Frontières.

Bon, vous avez déclaré dans les formes et à la Préfecture votre petite association Loi 1901, vous l'avez appelée Femmes Sans Frontières, c'est excellent ça, coco : les femmes vont se sentir concernées et, s'il y a des femmes, croyez-en ma vieille expérience de briscard, les hommes ne vont pas tarder à y mettre le nez et y jeter un œil. Vous encaissez les cotises. Fort de vos membres durs à la tâche et toujours sur la brèche, vous demandez de l'aide autour de vous, au maire, au député, au restaurant gastronomique du coin, vous montez des dossiers en ratissant large au niveau des motivations : bonheur universel... en Europe en général... pour les femmes en particulier, et par rebond, les enfants, les hommes, les personnes âgées... Sur les moyens que vous comptez employer, restez vague et précis, vous êtes jeunes, la formulation vous étonne, mais tout le système fonctionne comme ça, vous verrez, on s'y fait très bien.

Quand la subvention débarque, vous l'avez calculée pour qu'elle vous permette d'embaucher 3 permanents de noms différents, vous, votre femme et votre fille déjà mariée, et c'est là que le flou de la loi pas trop nymique est bien pratique. Pour une bonne nouvelle, c'en est une, et si vous ne l'arrosez pas en compagnie de quelques bénévoles sur le champ (et au champ'), vous n'arroserez jamais rien et ça va se savoir que vous êtes un rat. Faites un beau discours où vous leur insufflerez la nécessité de s'ouvrir et de transmettre la grande idée Femmes Sans Frontières au monde entier, par le biais de partenariats avec "Femmes battues comme plâtre", "Femmes des années 80", "Femmes affamées", "Les femmes et les enfants par dessus bord", "Femmes fameuses", "Poussons les femmes" etc... Laissez les généreusement s'occuper des actions, de la communication, du lobbying, de la formation des cadres, en leur faisant pleinement confiance. Réservez vous la gestion, la comptabilité et la trésorerie, en priant pour que la réciproque soit vraie.

Vos soucis d'argent devraient être assez rapidement derrière vous et la relation avec votre banquier redevenir chaleureuse.

Je vous raconte tout ça, mais moi, les groupes, les associations, j'y connais rien, je suis misanthrope, je m'engueulerais de suite sur des détails avec mes associés loyaux 1901, je supporterais pas qu'on achète du whisky bas de gamme pour le "pot de l'amitié" qui clôture traditionnellement l'assemblée générale, mais je mordrais également ceux qui y mélangeraient du jus de fruit... Vous voyez, ils trouveraient dare dare un article dans les statuts pour me virer ?

Non, ya qu'une assoce qui me tenterait bien, mais je crois pas qu'elle existe, c'est Pays Sans Frontières.

Tiens : j'ai lu une nouvelle qui m'a fait plaisir , Ils ont créé une super région européenne qui regroupe Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, la Ligurie, le Piémont et la Vallée d'Aoste ! Ça c'est de la logique territoriale : le patois est le même, quand nos amis piémontais nous emmènent à Vinadio, nous comprenons très bien les habitants, nous qui ne parlons pas du tout italien...

Vive l'Eurorégion Alpes-Méditerranée, petite marche vers La terre n'est qu'un seul pays !

vendredi 31 août 2007

Saoul-FifreLes perdrix noires

Matin et soir, les perdreaux viennent se dessoiffer à mon abreuvoir siphoïde, coude à coude avec les gallines.

La basse-cour est une communauté de bonne composition : ce n'est qu'intra-muros que ces Capoulets et Montaigus à plumes passent leurs journées en luttes intestines, en mini-révolutions, en guerres pichrocholines pour des motifs aussi futiles qu'un peu de rab de grain ou qu'une aubade trop poussée. Avec les esstrangés, palombes, faisans et autres oiseaux sauvages, ils sont d'une rare bravitude. Les deux mondes parallèles se côtoient sans jalousie. Nul n'envisage la moindre petite parade sexuelle avec ces compatriotes par trop exotiques, faisant pourtant partie de la même vaste famille aviaire. Nul ne leur pleure égoïstement les quelques grains oubliés de la dernière distribution. Pas de méfiance ni de revendications potentales envers ces cousins éloignés. Partageurs du même territoire, mais trop différents, la conscience politique ne s'applique plus.

Comme chez les humains dénués d'imagination.

Comme chez mes copains ploucs, par exemple, qui sont capables des pires crasses entre eux, pour acheter un hectare convoité ou parce que le voisin arrive à tirer quelques centimes supplémentaires sur le prix de son foin... La jalousie est un sport de proximité. Elle jette tous ses feux entre presqu'égaux, entre situations comparables. Mais un jour où je citais devant un de mes incultes cultivateurs le salaire mensuel de quelques capitaines d'industrie, qu'un journal venait de publier, cet hébété ne m'a tout simplement PAS CRU ! Les nouvelles fraîches, il les obtenait en discutant le bout de gras en bout de raie de labour, ou au bord d'un canal d'arrosage, mais le journal, hein ?

Enfin : oui, il en faut pour allumer le feu...

Je crois savoir pourquoi mes poules acceptent si facilement, sans sourciller, que des sauvages viennent boire leur eau et manger leur pain. Il s'agit tout simplement de rapports de force. Ces oiseaux de passage sont amenés par un vent de liberté. Leurs yeux brillent de la fierté de gagner leur croûte au quotidien, de dormir sous la pluie, de connaître le gel, de dominer leur territoire à la virtuosité de leurs ailes. Ma volaille domestiquée sent aussi que cette vie à la dure fait que le conflit ne tournerait pas à leur avantage.

Une tourterelle n'est pas du tout l'oiseau de paix symbole des amoureux qui roucoulent. Elle est capable de crever les yeux de son frère pour garder la possession d'un beau nid bien placé, mais si une autre espèce ose s'attaquer à un individu de l'espèce pigeon, fut-il un rapace, la communauté entière prend son vol et fait une démonstration de force solidaire jusqu'à ce que le trouble-fête aille voir ailleurs si ils y sont.

Les êtres humains aussi ont cette tendance à être doux aux puissants, à rejoindre la majorité pour se sentir moins seul. D'où l'importance des sondages. Si je vote pour celui qui est en tête, j'ai plus de chance de gagner et moins de risque de passer pour un con. Là aussi : carence d'imagination. Voter pour ses idées, pour un autre monde ? Encore faudrait-il avoir des idées, et d'autres projets que celui d'être homogène avec le troupeau ?

La conscience politique du con égoïste, l'analyse de situation, l'expression d'opinions générales, se fait sentir d'abord au niveau local, voire intime : comment me dégotter une prime que mon voisin de bureau n'aura pas, comment me draguer une petite mignonne sans que ma femme me rende la pareille, sourire au Maire en lui glissant son enveloppe, adapter son discours à l'interlocuteur... et puis en deuxième lieu, envers les faibles. L'injustice de la disparité des revenus et de l'énormité de certains salaires fera charitablement cligner l'œil du con, mais il réservera sa violence verbale pour fustiger la classe inférieure. Il a réussi à trouver plus malheureux que lui, plus attaqué, plus pauvre, plus marginal, c'est l'hallali ! Le coupable, c'est l'immigré qu'est même pas français, c'est ce feignant de chômeur, c'est cette salope de mère célibataire qui truste les allocations !

Ho non, c'est pas le gars qui spécule sur le prix du Dollar avec l'argent qu'il s'est contenté de recueillir dans une succession, c'est pas celui dont le gagne-pain est de vendre ces machins qui arrachent les jambes des enfants en explosant, non plus le banquier qui rachète un titre de gauche pour que la Pensée Unique accouche sur le papier d'un Discours Unique bien consensuel !

Je marche le plus silencieusement possible, mais dès que mon nez dépasse au coin du bâtiment, mes perdreaux, l'œil et l'oreille toujours aux aguets, s'envolent d'un seul mouvement vers la colline, dans un grand frou-frou de plumes agitées. Mes poules lèvent un œil et le bec, étonnées de ce départ précipité.

Quelles mouches ont donc piqué ces fougueux perdreaux ? N'étaient-ils pas bien, à l'ombre, à boire un coup avec nous ? Et là, c'est juste le patron qui venait nous nourrir ?

Laissez béton, la volaille, vous pouvez pas comprendre : ils préfèrent crever de faim et de soif que de perdre leur liberté. Ils ont filé s'enivrer d'essences d'herbes de garrigue. Ils sont là-haut. Déjà vous n'êtes plus pour eux que des points insignifiants.

samedi 14 juillet 2007

Saoul-FifrePoisson

Allez un petit dessin :

Je suis nul en dessin, mais j'ai toujours aimé laissé courir mon stylo sur du papier. Ça me destressait pendant les cours, je recherchais des formes, en fait j'évitais au maximum de réfléchir pendant que je dessinais, je visais le "poème graphique", le truc qui sort naturellement, qui pouvait éventuellement me révéler quelque chose sur mes profondeurs. Mais je ne me suis jamais crû aucun talent d'artiste. Ce sont des choses qui se ressentent : je savais que je n'avais pas "l'œil". Je n'avais pas cette capacité à traduire le monde en images.

Au début des années 70, la société ABC (vous savez écrire, donc vous savez dessiner) inondait les journaux de ses pubs pour des cours de dessin par correspondance. J'avais demandé à ma mère de m'inscrire, nous avions demandé les tarifs, une représentante était venue à la maison et ma mère, toute gênée, avait répondu que ce n'était pas dans ses moyens. Et je voyais cette nana d'ABC faire son boulot, c'est à dire culpabiliser ma mère à donf en lui disant qu'elle était en train de briser dans l'œuf la carrière de son petit génie potentiel (moi, si vous suivez bien). Grand moment de cynisme et de sadisme social. Il paraît que les gens en contact avec le public se font de plus en plus agresser. C'est bien triste, mais des fois, ils le cherchent, aussi ?

J'ai plus de penchant pour la construction, la vision 3D, les formes... J'ai dû dessiner des dizaines de plans de maisons, toutes baroques, pour finalement revenir à l'humilité, la seule attitude vraie, l'intégration dans le paysage, l'adaptation au climat, à la tradition, une sorte de fondu enchaîné entre l'architectural et l'humain, quand il s'est agi de construire la nôtre.

Je préfère manier la terre, les idées, les mots, tripatouiller, prendre le monde à pleines mains, quoi ? On peut croire à cette analogie, à cet air de famille entre la peinture et l'écriture. Il y a une "mise à plat" dans les 2 cas, le volume de la réalité se résume à 2 dimensions ? Je pense qu'elle n'est qu'apparente. Pour le lecteur, la page n'est que le support de sa reécriture. Les phrases ne sont pas des objets, le lecteur les parcourt, son imagination se met en marche et recrée un monde tel qu'il est suggéré dans le livre avec ses rues, ses personnages. La planéité de la page se boursoufle, les idées lui donnent de l'épaisseur, le livre est un vrai truchement pour appréhender le vrai monde réel bien joufflu.

La toile, elle, est un objet à part entière. Elle émeut, elle évoque, elle fascine, elle crée autour d'elle une épaisseur de sentiments, mais l'œil revient toujours se poser sur cette surface plane, le monde est bien écrasé, dans les limites d'un cadre. L'image est finie, rangée, suspendue.

Mais il arrive qu'on se dispute pour un poisson , hein ?

mardi 26 juin 2007

Saoul-FifreMon Maître-Étalon

Je suis né avec Brassens. En 1956, il était déjà célèbre, il avait percé, il avait déjà acheté l'impasse Florimont pour la confier à Jeanne et à Marcel. Cette maison où il aura passé 22 ans, qu'il a finalement léguée à Gibraltar, son roc-secrétaire, et qui est encore aujourd'hui fleurie régulièrement par des admirateurs. Gibraltar, ancien inspecteur des impôts que Brassens a débauché pour qu'il s'occupe de ses affaires. Gibraltar qui plaçait tout l'argent de Brassens sur un compte du Trésor Public, où l'état n'avait qu'à se servir pour récupérer les contributions dues ! Ha on est loin de "la liberté de penser" de Pagny ou de "la Suisse, oui mais plutôt la Belgique, pour pouvoir demander ensuite la nationalité monégasque..." de notre Jauni de moins en moins national ?

Brassens qui changeait régulièrement de DS, et qui donnait les "vieilles" à ses copains. Brassens qui passait son temps à écrire des 2 ièmes de pochette pour pousser ses amis dans le métier, à Pierre Dudan, à Pierre Louki, à Boris Vian, à Anne Sylvestre, à Pierre Barouh... Sa porte qui s'ouvrait pour des conseils, des coups de pouce. Philippe Chatel, Maxime Le Forestier, Renaud, lui doivent, je pense, le goût d'écrire et de chanter. Brassens qui distribuait des guitares "de chez Jacques Favino" (le luthier dont les œuvres ornent les pochettes de ses vinyles) comme d'autres des bonbons.

Car Brassens n'est pas qu'un excellent musicien doublé d'un parolier miraculeux. C'est un homme complet, d'un humanisme profond, qui a fait réfléchir et se poser des questions à toute une génération en désarroi. Il nous a initié à la poésie sous-jacente à toutes choses, il nous a appris à apprivoiser la Faucheuse, à nous en moquer, à lui envoyer une "patte-croche au bas de son dos", il nous a introduit dans le monde des sentiments.

Un des premiers chocs reçu de sa part est certainement "Le parapluie". Ce moment magique d'intimité, cette parenthèse intemporelle d'une tendre densité, la perfection de l'écriture, le vocabulaire recherché, délicieusement suranné, ces mots à moitié oubliés, rimant richement, rescousse, frimousse... tout Brassens est là, et la question est posée :

Comment fait-il, quel est son truc ?

Une passion, c'est ça : c'est une question dont on veut à toute force la réponse. Pourquoi ? Parce que. Alors j'ai écouté, j'ai chanté, je connaissais tous les textes de Brassens par cœur, et je béais d'admiration. Chez Brassens, il y a une idée, ou une élégance, ou un clin d'œil culturel par vers. C'est un festival et on se demande : "comment est-ce possible ?", et la réponse est somme toute simple. Brassens bossait beaucoup. Brassens ne faisait que ça. Brassens ne dormait que 5 heures par nuit. Brassens a beaucoup lu de poètes, il les a étudiés, les a décortiqués, pour lui aussi, humblement, "trouver la formule". Et quand il dit, dans la célèbre interview tricéphale Brassens-Brel-Ferré, qu'il n'est qu'un artisan-parolier, je pense qu'il est sincère, que ce n'est pas un accès de fausse-modestie. Brassens n'est pas pour autant un modeste, il sait parfaitement qu'il compte au nombre des paroliers d'exception, il a assez sué pour le savoir, et son public, dithyrambique, en est la preuve, mais c'est avant tout un homme honnête, et son succès lui donne des devoirs : être au niveau des aspirations qu'il soulève. "La marguerite", par exemple, un de ses textes à la légèreté fascinante, semble née d'un souffle d'air inspiré, il virevolte et se pose chez nous, pour nous, venant on ne sait d'où, de quelle amphore à génies... Et bien cette petite ritournelle qui nous parait toute naturelle est lourde, lourde, chargée de longs jours de ratures, de fausses routes, de recommencements, pour que les mots se mêlent en phrases, qu'ils coulent et rebondissent joyeusement de vers en vers, pour que le texte soit pétri de musique et que la musique exprime le jus des idées... Cent fois sur le métier... Edison parlait lui aussi du 1 % de génie et des 99 % de transpiration.

Brassens a simplement su assez tôt qu'il voulait écrire des chansons et en vivre. C'est ce qu'il faisait, d'arrache-pied, tandis qu'il "glandait" officiellement chez sa tante Antoinette, ou qu'il vivait aux frais de Jeanne, sa maîtresse, ou qu'il jouait les pique-assiettes chez ses potes plus intégrés. C'est de cette époque de vaches maigres que sont sorties ses plus jolies mélodies et ses textes les plus purs.

Et nous on rame, à cent coudées au dessous de cet oiseau migrateur qui a fendu l'Espace de la chanson française comme une étoile filante. Et on bave. Et on souffre de ce torticolis persistant dû à notre nuque trop longtemps inclinée, nos yeux fixant les auteurs inaccessibles.

Il est mort il y a plus de 25 ans, mais de temps en temps un mec malin exhume un truc inédit. Dans son intégrale (merci Anne !), on peut entendre Georges Lafaye lui extorquer une leçon d'écriture :

Ça ne se refuse pas, un cours de chanson par Brassens ! Et on continue d'apprendre...

vendredi 15 juin 2007

Tant-BourrinRedorez votre blason

Certains lecteurs m'ont fait part de quelques menues difficultés apparues dans leur vie professionnelle depuis qu'ils ont essayé, en suivant mes préceptes, d'introduire un peu de tribalisme au bureau.

Hélas, il faut s'y faire : l'étroitesse d'esprit de certains chefs de service n'a d'égale que leur peur de l'innovation.

Pour le coup, vous voici en fâcheuse posture, ostracisé par vos collègue, assis sur un siège éjectable que votre hiérarchie ne va pas tarder à mettre en branle.

Aïe, aïe, aïe ! Que faire ?

Pas de panique : Blogborygmes assure le service après vente de ses billets et je vais vous dispenser ici quelques conseils pour redorer votre blason.

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mardi 12 juin 2007

Tant-BourrinLes bons trucs de Tant-Bourrin (5)

Cela fait un bon bout de temps que je ne suis pas venu vous délivrer ici un de mes célèbres bons trucs (* * * *) destinés à vous aider à alimenter votre blog sans effort.

Cette fois-ci encore, je vous propose d'écrire de façon quasi-automatique de ravissants petits poèmes légèrement ésotériques, limite surréalistes, qui vous feront passer auprès des neuneus qui vous lisent pour un(e) grand(e) poète(sse) méconnu(e).

La méthode que je vous propose est simple. Choisissez tout d'abord un poème de départ qui fournira la trame de votre oeuvre. Pour illustrer mon propos, j'ai choisi ici "Il pleut doucement sur la ville" de Paul Verlaine :



       Il pleure dans mon coeur
       Comme il pleut sur la ville,
       Quelle est cette langueur
       Qui pénètre mon coeur ?

       Ô bruit doux de la pluie
       Par terre et sur les toits !
       Pour un coeur qui s'ennuie
       Ô le chant de la pluie !

       Il pleure sans raison
       Dans ce coeur qui s'écoeure.
       Quoi ! nulle trahison ?
       Ce deuil est sans raison.

       C'est bien la pire peine
       De ne savoir pourquoi,
       Sans amour et sans haine,
       Mon coeur a tant de peine !



Choisissez ensuite un second texte sans rapport aucun avec le poème. Par exemple, le décret n°55-1175 du 31 août 1955 pris pour l'application de la loi du 1er août 1905 sur la répression des fraudes, en ce qui concerne les pâtes alimentaires (publié au Journal Officiel le 4 septembre 1955).

C'est fait ? Alors maintenant, dressez la liste, dans l'ordre d'apparition dans le texte, de tous les substantifs. Cela nous donne ici :

Réserve
Dérogation
Application
Article
Loi
Dénomination
Pâte
Produits
Emploi
Pétrissage
Fermentation
Semoule
Blé
Eau
Traitement
Tréfilage
Laminage
Séchage
Aspect
Usager
etc.

Voilà, le plus dur est fait ! Il ne vous reste plus qu'à remplacer maintenant dans le poème original tous les substantifs par ceux de la liste que vous venez d'établir dans l'ordre d'apparition... et à admirer le résultat !



       Il pleure dans ma réserve
       Comme il pleut sur la dérogation,
       Quelle est cette application
       Qui pénètre mon article ?

       Ô loi douce de la dénomination
       Par terre et sur les pâtes !
       Pour un produit qui s'ennuie
       Ô l'emploi du pétrissage !

       Il pleure sans fermentation
       Dans cette semoule qui s'écoeure.
       Quoi ! nul blé ?
       Cette eau est sans traitement.

       C'est bien le pire tréfilage
       De ne savoir pourquoi,
       Sans laminage et sans séchage,
       Mon aspect a tant d'usagers !



Magnifique, non ?

A noter que les puristes pourront compléter le processus en procédant de même avec les adjectifs et avec les verbes, mais là, j'ai la flemme.

Allez, pour finir, je vous donne d'autre illustrations, toujours créées à partir du même poèmes de départ...



Avec une sublime chanson de Lorie...

       Il pleure dans mon besoin
       Comme il pleut sur l'amour,
       Quel est ce bisou
       Qui pénètre mon câlin ?

       Ô jour doux du coeur
       Par terre et sur les fêtes !
       Pour un bras qui s'ennuie
       Ô le signe de la tête !

       Il pleure sans clin d'oeil
       Dans cette romance qui s'écoeure.
       Quoi ! nul sens ?
       Cette envie est sans yeux.

       C'est bien le pire besoin
       De ne savoir pourquoi,
       Sans bisou et sans câlin,
       Mon jour a tant de besoins !



Avec la fameuse lettre de Guy Môquet...

       Il pleure dans ma maman
       Comme il pleut sur mon frère,
       Quel est ce papa
       Qui pénètre ma maman ?

       Ô coeur doux de la mort
       Par terre et sur les choses !
       Pour un frère qui s'ennuie
       Ô les affaires du jour !

       Il pleure sans papa
       Dans cette maman qui s'écoeure.
       Quoi ! nulle peine ?
       Cette voie est sans adieu.

       C'est bien le pire ami
       De ne savoir pourquoi,
       Sans frère et sans homme,
       Ma vie a tant de regrets !



Avec un article de Wikipédia pris au hasard...

       Il pleure dans ma blennorragie
       Comme il pleut sur la gonorrhée,
       Quelle est cette chaudepisse
       Qui pénètre ma chtouille ?

       Ô maladie douce de l'infection
       Par terre et sur les organes !
       Pour un gonocoque qui s'ennuie
       Ô le pus de l'urétrite !

       Il pleure sans apparition
       Dans ce germe qui s'écoeure.
       Quoi ! nul antibiotique ?
       Cette gonococcie est sans raison.

       C'est bien la pire précaution
       De ne savoir pourquoi,
       Sans épidémie et sans déclin,
       Ma gonococcie a tant de public !



Voilà, je pense que vous avez compris la méthode et êtes convaincus de sa redoutable efficacité. Vous allez désormais pouvoir remplir des billets par douzaines sans vous fatiguer tout en passant pour un grand poète...

Merci qui ?

Merci Blogborygmes !

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