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mardi 27 septembre 2005

Saoul-FifreMembres actifs

Une brebis écartée de son troupeau est terrifiée, déboussolée. Elle fera des pattes et des pattes pour rejoindre les copines, se jettera contre des barbelés, dans un roncier, mais se calmera illico dès qu'elle aura retrouvé son groupe, sa famille, son nid, sa ruche, son clan, sa harde, son poulailler, sa compagnie, sa horde, sa meute... Sur ce plan là, l'Humain n'a pas vraiment innové. On nous parle de station debout, symbole de son individualité, mais quand il est tout seul, le bonhomme a la frousse. Quand il a une opinion, une obsession, il n'a qu'un hâte, c'est de se trouver un secrétaire, un trésorier, dans le meilleur des cas, quelques membres, de monter une association loi 1901 et de courir la déclarer à la sous-préfecture la plus proche !

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vendredi 12 août 2005

Tant-BourrinIl faut compter sur les chansons

Dans la série "Tant-Bourrin se pose des questions métaphysiques à la con", il y en a une belle qui m'est venue à l'esprit tantôt : vu qu'il existe pas mal de titres de chansons contenant des chiffres et des nombres, jusqu'à combien peut-on compter en alignant des titres de chansons ? Et question subsidiaire : quel est le pourcentage des nombres compris entre 1 et 100 qui sont présents dans au moins un titre de chanson ?

Reconnaissez que là, j'ai fait fort : c'est typiquement la question débile qui prend la tête à donf, on se creuse le ciboulot, on parcourt toutes les pochettes de vinyles et de CD que l'on a chez soi, on demande à ses amis, on gogolise sur le net. Bref, on se prend le chou pour des crétineries. Mais je crois que je suis assez doué pour ça.

Vu qu'il n'y a pas, à ma connaissance, de base exhaustive (et librement accessible !) de toutes les chansons existantes, j'ai décidé unilatéralement (après tout, ce sont MES conneries) de limiter le champ d'investigation aux chansons francophones, interprétées par des artistes ayant acquis un minimum de notoriété (je ne vais pas vous sortir une chanson de Gaston Chabichou ou de Glwadys Boudin).

Allez, les règles étant fixées, sur quels résultats pariez-vous ? Pour ma part, avant de commencer, j'aurais parié à vue de nez sur 23 pour la première question et environ 40% pour la seconde...

Les jeux sont faits ? Rien ne va plus ! Voici les résultats de mes investigations...

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mardi 2 août 2005

Tant-BourrinPour maigrir, faites de l'Aveyron

Dans un billet récent, je vous indiquais que, lors de mes pérégrinations estivales et provinciales, j'avais pu me livrer à d'intéressantes observations ethnologiques. Je vais ici vous faire part d'une partie de celles-ci, concernant les coutumes alimentaires aveyronnaises.

Je me focaliserai plus spécifiquement sur deux des bases du bien manger en Aveyron : les tripous et les échaudés. Oui, je sais : rien que les noms, ça fait peur, mais attendez donc la suite, vous n'en avez pas fini de vos émotions.


Les tripous

Le plat aveyronnais par excellence, casse-croûte du matin des peuplades indigènes, mais également plat de résistance à midi, petite collation l'après-midi, plat de résistance le soir. Bref, près de 80% des apports nutritifs chez l'Aveyronnais moyen.

Les tripous sont essentiellement constitués de panse de veau garnie de fraises coupées et assaisonnées. Je vous devine faisant la moue devant votre écran. Attendez, il faut que je vous précise : les fraises ne sont pas les fruits rouges auxquels vous pensez, il s'agit de fraises de veau, c'est-à-dire la membrane qui enveloppe les intestins de l'animal. Voilà, cette fois, vous pouvez vraiment faire la moue à bon escient.

Le tout fait ensuite l'objet d'une préparation chimique assez lourde et complexe (les usines de tripous sont classées Seveso II) qui lui confère une jolie teinte verdâtre relativement originale.

Quand on vous sert une bonne assiette de tripous, prenez votre temps, essayez de vous imprégner du moindre détail, profitez de cette expérience unique (unique, car il fort probable qu'on ne vous y reprendra plus). Admirez le remarquable camaïeu de verts. Respirez à pleins poumons le subtil fumet (qui donne à penser que les bouts d'intestin ne font l'objet d'aucun nettoyage entre l'abattage du veau et l'arrivée dans l'assiette). Testez du bout de votre fourchette la résistance surprenante de la texture spongiforme. Hmmmm, vous voilà prêts pour le suicide la première bouchée.

En aucune façon il ne faut raconter la fin d'un film. Aussi ne vous dévoilerai-je pas l'extraordinaire palette d'émotions qui se bousculent au portillon dès la mise en bouche du premier morceau, je préfère vous laisser découvrir cela par vous-même.

Tout au plus vous ferai-je part d'une ultime observation que j'ai pu faire : une ingurgitation et une régurgitation ne modifient en rien ni la couleur, ni l'odeur des tripous. Je suppose qu'il en est de même pour le goût, mais là, je n'ai pas eu la force de tester.


Les échaudés

Après les tripous, une petite gâterie : les échaudés, qui sont des petits gâteaux dont la recette, très ancienne, remonte au Moyen-Âge, ce qui ne nous rajeunit pas.

Les échaudés sont constitués d'une pâte parfumée à l'anis, mise en forme de triangle, pochée à l'eau bouillante puis cuite à four très chaud. A l'arrivée, un petit gâteau d'aspect fort sympathique et appétissant qui, après le traumatisme des tripous, vous réconcilie quelque peu avec les moeurs culinaires aveyronnaises.

Passons à la dégustation. Fermez les yeux pour mieux savourer. Plongez la main dans le paquet d'échaudés. Portez-en un à la bouche et croquez. Heu... là, vous ouvrez les yeux et vous ressortez de la bouche le caillou que vous avez dû prendre par mégarde. Mais non, ça a bien la forme d'un échaudé, la couleur d'un échaudé, ça doit donc être un échaudé. Bigre, plutôt coriaces, les gâteaux !

Essayez de nouveau en tâchant de trouver l'effet de levier maximal dans votre mâchoire. Gnnnnnnn.... non, ça résiste. Essayez alors de casser l'échaudé en dehors de votre bouche, cognez-le contre un mur, essayez de le couper avec une paire de ciseaux, avec un couteau, avec le hachoir à viande. Rien. Nada. Peut-être un grand coup de marteau ? Après avoir constaté que la table sur laquelle reposait l'échaudé est moins résistante aux coups de marteau que l'échaudé lui-même, lancez-vous dans des expériences de physique : essayez de ramollir l'échaudé dans de l'eau. Au bout d'une heure, vous constaterez à votre grand désespoir que le coefficient d'absorption de l'échaudé est très proche de zéro.

Vous sentant habité par une rage décuplée, revenez à la première méthode : mettez l'échaudé en bouche et mordez, mordez, mordez, MORDEZ !

CRAAA-AAAC !!!

Enfin ! Dans une nuée de débris divers giclant tout alentours, l'échaudé vient de céder sous vos dents. Soupir de soulagement. Vous regardez alors le bout d'échaudé qu'il vous reste entre vos doigts. L'échaudé est intact.

Et là, vous comprenez votre erreur : ce que vous avez pris pour la rupture de l'échaudé n'était en fait que l'explosion d'une dizaine de vos dents et d'une partie de votre mâchoire.

Les historiens attestent de l'existence de l'échaudé depuis l'an 1200 environ. Ce qu'ils ne précisent pas, c'est que ce sont les mêmes échaudés qui sont en circulation depuis lors : personne n'a jamais réussi à en manger un seul.


Conclusion

Messieurs et Mesdames qui cherchez à faire un régime, une destination de rêve : l'Aveyron. Une semaine là-bas à manger tripes et boyaux (et à vomir tripes et boyaux) et à sucer des cailloux, c'est dix kilos de moins assurés. Attention toutefois : l'abus d'Aveyron peut être dangereux pour la santé.

dimanche 24 juillet 2005

Saoul-FifreAvec le temps

Il y a encore quelques mois, ma tribu n'avait qu'un petit forfait internet ridicule qui nous suffisait juste à relever les mails et à aller sur 2/3 sites en faisant vachement attention à vite-vite déconnecter, pour ne pas le dépasser. Tant-bourrin, par contre, est un surfeur patenté, vieil habitué des forums et des newsgroups, où il adore aller, sans forcément être un interventionniste acharné...

L'autre jour, nous parlions (par mails) des critiques de chansons à la Matthieu que je trouve amusantes. Tant bourrin me répond que oui, c'est sûr, mais qu'on peut prendre n'importe quel texte poétique et faire rire avec en le prenant au premier degré. Et me raconte que "Marcellus 55" (pseudo de Matthieu sur les forums) était un habitué de ces analyses de textes brillantes et qu'il s'était même attaqué à "Avec le temps", de Léo Ferré ! Je lui répond que "waw ! C'est bien la preuve que Matthieu est dans le second degré, non ?", et Tant bourrin me répond avec son flegme britannique et son air de ne pas y toucher : "Sûrement ! Quoi que..." et il m'envoie ce lien pour que je me fasse ma propre opinion.

Et effectivement, s'il y a de la dérision dans les propos de Matthieu, elle est soigneusement cachée et fortement pince sans rire ! Petit florilège (je rappelle que Matthieu parle de "avec le temps", de Ferré) :

Ce texte est à l'émotion ce que s'arracher un poil de nez pour pleurer est aux larmes : du frelaté.
la platitude des paroles
ce n'est pas parce qu'un texte ne veut rien dire qu'il est poétique. Cette chanson est, à mon avis, un ensemble de mots, mis ensemble pour faire joli, mais qui n'ont aucune relation entre eux. De plus, je ne souhaite pas casser le rêve que certains trouvent dans cette poésie. Mais la poésie me semble cruellement absente de cette chanson, remplacée par une bouillie intellectuelle.

J'ai écrit quelque part sur ce blog "ma" définition de la poésie. Ce n'est que la mienne. En gros, la poésie est quelque chose qui "sort" du poète. Il n'y a pas de ratures, pas de censure, pas d'auto-analyse, pas de réflexion, pas de distance, pas de regrets. Le poète doit respecter et ne pas essayer de modifier la poésie qui sort de lui. Il n'en est que le truchement. Le poète est humble : la poésie ne lui appartient pas. Le poète est porté par la poésie, et non l'inverse. Il est inspiré.

Selon cette définition, je ne peux pas dire si "Avec le temps" est un poème. Seul Ferré le pourrait, et Ferré est mort. Selon Stan Cuesta (Léo Ferré, chez Librio) la chanson aurait été écrite en 2 heures. Si c'est exact, je lui donne son brevet de poésie. Un texte pareil écrit d'une seule traite est une poésie. Et là, je m'inscris en faux contre Matthieu : la poésie se moque des explications, des significations, de la syntaxe. Le poète se moque de la critique, il peut répondre "adressez-vous au génie de la lampe ! Allez vous plaindre au feu, au don, aux muses..." La poésie est au peuple. Le poète peut, après coup, une fois redescendu du nuage où il s'est laissé aller à l'écriture automatique, avoir un regard, une opinion sur ce qu'il a écrit, mais au même titre que n'importe qui, en simple spectateur. Le poète est un réceptacle de création, comme la mère, de son bébé. Elle dit, nous disons : mon bébé, son bébé... Mais en est-elle propriétaire ?

Le poème est donc à lui-même et à tout le monde, comme un bébé de mots... et c'est particulièrement vrai pour "Avec le temps", que le public s'est approprié d'une manière compulsive. Ferré était d'ailleurs jaloux du succès de son enfant. Il aurait aimé se la garder pour lui tout seul, se la jouer le soir sur sa guitare, mais trop tard ! L'enfant avait pris son envol et son indépendance !

Le poème est à chacun. Il est aussi à Matthieu, qui a parfaitement le droit de le renier, pour plein de raisons complexes, parce qu'il ranime la mémoire triste d'une muse ou d'un museau ?

Contrairement à un autre débat sur "Fernand" de Brel, où une analyse a été menée, vers à vers, les échanges ont de suite viré aux insultes, pour discuter de "Avec le temps". Et pourtant, Matthieu demandait avec insistance qu'on lui "explique"... Comme je l'ai dit plus haut, il n'y a pas UN sens, mais autant de sens que d'auditeurs, et quelquefois même aucun sens C;-! ... Mais je veux bien parler de COMMENT je ressens ce texte.

Avec le temps...
avec le temps, va, tout s'en va

Moi je dis avec Matthieu que "c'est ben vrai" ! C'est d'ailleurs scientifique que la mémoire ne s'arrange pas en vieillissant. Nous avons d'ailleurs là un début d'explication du succès rencontré : 100 % des français sont d'accord et c'est même un de leur soucis principal.

on oublie le visage et l'on oublie la voix
le cœur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien

Matthieu fait semblant de croire que le cœur s'est arrêté de battre réellement. Pas du tout, M. n'est pas si con ! Il connaît parfaitement la métaphore poétique de l'amoureux qui a le cœur qui bat. Là, donc, le poème dit l'inverse : l'amoureux a oublié le visage et la voix de l'être aimé, son cœur ne bat plus à son souvenir et le poème dit qu'il ne faut pas se rebeller contre cette déliquescence des sentiments. Il faut savoir faire son deuil, on ne peut pas être et avoir été, il faut passer à la page suivante. Moi je dis que c'est chiadément bien torché et que Ferré ne vole pas ses royalties.

l'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie

Là aussi, Matthieu cherche à se faire passer pour plus bête qu'il n'est (quoi que..., dirait Tant bourrin dB-). Au cours d'une dispute, Jules claque la porte et part sous la pluie en tee-shirt, et Matthieu enfile son manteau, sort la voiture du garage, attache sa ceinture de sécurité et démarre à sa recherche ??? Non non non, j'y crois pas. Matthieu, il sort en tee-shirt lui aussi. C'est un vrai sanguin, Matthieu.

l'autre qu'on devinait au détour d'un regard
entre les mots, entre les lignes et sous le fard
d'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit

Les 2 premiers vers trouvent grâce aux yeux de Matthieu. C'est vrai qu'ils ont de la gueule. Moi, pour écrire comme ça, je donnerais, je sais pas..., mes actions du blog, tiens ! En disant "Un serment de pute ? Je vois pas, là.", Matthieu n'était pas loin de comprendre, pourtant : oui, on peut dire que la nana se fait traiter de pute. Poétiquement, allusivement, mais l'idée est bien celle-ci : c'est une menteuse (son regard se détourne), mais l'autre, qui a oublié d'être con, il voit clair dans son jeu et il sait bien que ses promesses ne sont que des promesses et que ce n'est pas chez sa mère qu'elle va passer sa nuit (la salope).

avec le temps tout s'évanouit

Oui, avec le temps, tout (même moi, même Matthieu, même les anecdotes, les trahisons, les serments qui se sont révélés être mensongers...) s'évanouit dans la mémoire infidèle des êtres humains. Dans le sens "disparaît", bien sûr ! C'est un peu comme quand on dit "celui-ci, je le vomis...". Ça veut pas dire "je l'avale d'abord, et je le recrache ensuite". Les mots ont plusieurs sens, Matthieu ?

mêm' les plus chouett's souv'nirs ça t'a un' de ces gueules
à la gal'rie j'farfouille dans les rayons d'la mort

Alors, là, Matthieu, le jeu de mot avec "La foir' fouille", ça vient comme un cheveu sur la soupe ? Où elle est la démonstration que la poésie est absente de ce texte ? Tu dérapes, tu changes de sujet, la pente devient savonneuse ? La chaîne de magasins n'existait pas encore d'ailleurs, à l'époque, par contre, le verbe farfouiller, oui.. Ces 2 vers, je les trouve toujours aussi tip-top que les autres. Le poème essaye de faire ressentir que les souvenirs, avec le temps, se déforment comme se décharne un crâne ou un squelette. Le poète plonge dans ses souvenirs et ne trouve que des lambeaux, des traces... Le souvenir à moitié oublié de la plus belle des filles a indubitablement une sale gueule ! Des métaphores comme celle-ci, je tire mon chapeau.

le samedi soir quand la tendresse s'en va tout' seule

Là, Matthieu fait une allusion au film de cul de Canal +. Nonobstant le fait qu'à l'époque de la chanson, il n'y avait qu'une seule chaîne, je trouve cette lecture fine. Samedi soir après l'turbin, à l'époque, c'était la soirée libre : on picolait, on remplissait son devoir conjugal, et si on était solitaire, on fouillait dans les rayons d'la mort, à la recherche (bredouille) de chouettes souvenirs, et on finissait, en désespoir de cause (et non en des espèces de squares), par une bonne branlette. Alors, "quand la tendresse s'en va toute seule", ce serait la métaphore poétique du geyser de sperme ? Je laisse à Matthieu la responsabilité de ses intuitions-force...

l'autre à qui l'on croyait pour un rhume, pour un rien
l'autre à qui l'on donnait du vent et des bijoux
pour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous
devant quoi l'on s'traînait comme traînent les chiens

Le 1er vers ne m'évoque pas grand chose, Laurent B. avait l'air de bien le sentir, il y voyait une allusion à la médecine. On pourrait alors le comprendre comme ceci : l'autre est toujours l'ex, et elle le chouchoutait, le soignait. Elle avait des avis autorisés et définitifs sur la maladie. Nous en avons tous connu, de ces spécialistes des tisanes, des inhalations, des petites pilules homéo... Pris dans ce sens, la syntaxe ne me choque pas (je crois que c'était ce qui gênait Matthieu) : l'autre à qui l'on croyait (en qui l'on avait confiance), pour un rhume (lorsque l'on avait un rhume), pour un rien (des petits riens)... Le 2ième vers parle de bijoux (cadeaux bien palpables et monnayables) et de "vent", qui représente à mon avis tous les autres cadeaux immatériels (les mots doux, les sourires, les soupirs...). "Devant quoi" au lieu de "devant qui" pose un problème à Matthieu mais ne m'en pose personnellement pas : devant quoi se traînent les chiens ? Devant la déité, la déitude que nous représentons pour eux ? Est-ce qu'un chien s'arrête à de tels soucis de genre ? Un chien se traîne, rampe, devant "ÇA"...

on oublie les passions et l'on oublie les voix
qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid

Encore des conseils de santé qui confirment l'interprétation précédente : la dernière épouse de Ferré était du genre "mama italienne", on dira que c'était son style de femme et que l'ex dont il parle était aussi du genre "protectrice". En tout cas, tout ça est bien émouvant et visiblement vécu, la faim, le froid sont bien des soucis de pauvres, mais tout ça est bien loin, avec le temps, va, les ennuis d'argent s'éloignent...

et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu

Rien de bizarroïde là-dedans. L'escroquerie intellectuelle dont parle Matthieu, c'est juste celle de parler de chevaux alors qu'on a juste vu "Crin-blanc" à la télé ? Quelqu'un du forum dit qu'un cheval fourbu a de l'écume blanche sur la peau, et Matthieu le remercie car il a appris quelque chose aujourd'hui. En fait, si un des sens de fourbu est en effet "fatigué", quand on parle d'un cheval fourbu, il s'agit d'une vraie maladie des sabots, "la fourbure", qu'attrapent quasiment tous les vieux chevaux. Et si ses poils étaient foncés, en vieillissant, ils... blanchissent !

et l'on se sent glacé dans un lit de hasard

Ce vers également me semble évident et lumineux. Matthieu nous demande de le suivre aux Galeries Lafayette où on le voit avec stupéfaction acheter un lit et le ramener sur son dos dans un chez lui sans chauffage (alors que nous aurions plutôt acheté un radiateur électrique), mais on sent surtout qu'il rame à donf depuis quelques vers pour tenter de nous faire rigoler avec ce qui est sans doute LA chanson émouvante du siècle. Moi, rien que l'idée d'un "lit de hasard", ça me glace. Tout le monde a compris (sauf Matthieu ?) que le vers parle d'un coup sans lendemain, tiré vite fait-bien fait dans un hôtel, avec une inconnue (une groupie ?)... Faire l'amour sans Amour, sans sentiments, ça manque de chaleur, ça refroidit le poète, et moi, je comprend le poète.

et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
et l'on se sent floué par les années perdues- alors vraiment
avec le temps on n'aime plus

Matthieu n'a rien trouvé de précis à reprocher aux derniers vers, mais c'est juste que selon lui, la cause est entendue, vu qu'il a bien fait son boulot d'humoriste. Mais les définitions sont tenaces et elles sont précises : l'ironie IMPLIQUE que le lecteur sache qu'il s'agit bien d'ironie. Quand Desproges raconte que Brassens lui a téléphoné pour lui dire "J'aime bien ce que vous faites" et que Desproges affirme lui avoir répondu "Moi aussi, j'aime bien ce que je fais", il n'y a aucune ambiguïté. Tout le monde éclate de rire.

mardi 19 juillet 2005

Saoul-FifreMais, mais, mais, pas rimé...

L'été dernier, à Limoges, en fouinant dans le stock d'un bouquiniste de la rue de la boucherie (juste à côté des "petits ventres", un resto extra que je recommande vigoureusement), j'ai dégotté "Les murs ont la parole", une compilation apparemment exhaustive des graffiti de mai 68.

Il est spécifié sur la dernière feuille que "Ce volume a été achevé d'imprimer sur les presses d'Aubin, à Ligugé, le 20 JUIN 1968, pour le compte de Claude Tchou, éditeur à Paris", mais sans mentionner de dépôt légal. C'était vraiment la chienlit ! d:l> . Bientôt 40 ans plus tard, il nous reste bien sûr des formules mythiques, mais ont-elles été prophétiques, nous ont-elles apporté quelque chose, aidé à vivre, à comprendre, à nous battre ?

"Il est interdit d'interdire", "Ne vous emmerdez plus, emmerdez les autres", par exemple, ne sont que des jeux de mots, des sons suivis de leur écho. Ils ne peuvent être les phares dont notre obscurantisme aurait bien besoin.

"Les murs ont des oreilles. Vos oreilles ont des murs" est derechef d'actualité, lui. Avec Sarko à la barre, la grande centralisation de tous les fichiers informatiques nous pend au nez. De toutes façons, les grands fichiers nationaux existent et il suffit de les consulter séparément. Si vous avez été victime d'attentat ou autre, votre nom va sortir lors de la recherche informatique. Votre compte est bon, le temps qu'ils s'aperçoivent que vous étiez la victime...

"Penser ensemble, non. Pousser ensemble, oui". Intéressant. Pas de pensée unique, non, mais si on pousse sans avoir un peu pensé avant, on risque de faire un gros caca ?

"La liberté, c'est le droit au silence". J'aime bien celle-là. Matthieu nous fait remarquer que même pendant les minutes de silence en hommage aux victimes, TF1 nous passe de la musique ! C'est un peu pour ça qu'il vaut mieux lire (graffiti, tracts, journaux, blogs...) qu'écouter ou regarder (films, assemblées générales, discours au petit personnel, débats, chroniques audios...). Quand la phrase écrite est bonne, on peut lever la tête, la retourner dans tous les sens, des heures, si l'on veut : la critique, la re-création est possible... Quand on rabaissera nos yeux, la phrase suivante sera toujours là, attendant sagement la fin de notre réflexion LIBRE. On ne peut pas à la fois écouter un discours, regarder la télé, ET réfléchir. Choisis ton camp, camarade ! Le silence, ou la tchatche...

"Les gens qui ont peur seront avec nous si nous restons forts". Voilà un citoyen, qui, malgré son sans doute jeune âge, avait déjà tout compris sur les rapports de force, piliers de la société pourrie. Il voulait juste être calife à la place du calife. Allez, proposez des noms comme auteur possible de ce beau tag ! Geismar ? July ?

"Attention : les arrivistes et ambitieux peuvent se travestir en prenant un masque << socialard >>". Pas faux d8^D

"Un bon maître nous en aurons un dès que chacun sera le sien". Bravo ! Ça c'est un programme ! Plus de partis, plus de profs, plus de chefs, et on y verra plus clair.

"Camarades, vous enculez les mouches". Mais je reconnais honnêtement que vous ne leur faites aucun mal avec vos toutes petites bites.

"Vive la cité unie vers Cythère !". Et pas de portes aux chambres !

"Espèce de salaud, tu pourrais au moins laver ton mur !". Là on sent bien la conscience politique révolutionnaire constructive du message, mais bon, cet âge est sans piété et songe surtout à la rigolade ?

"Attention ! Pompidou nous double à gauche !" Et "Va l'décrocher" qui nous double sur notre droite ! Halala, ces écolos récupérateurs !

"Un flic dort en chacun de nous : il faut le tuer". Un des meilleurs conseils du bouquin. Et qui ne parait pas difficile à mettre en œuvre : tuer un flic pendant son sommeil ? Hé bien, essayez, pour voir ?!?!

"Bourgeois ! Parvenus qui tirent l'échelle après eux et ne veulent pas laisser monter le peuple !" Ha, une citation de mon chéri Victor Hugo, qui était graphée à la Sorbonne, dans le hall du Grand Amphi. À tout seigneur, tout honneur.

Et puis...

"Sous les pavés, la plage !"

Aphorisme complètement battu en brèche par le concept de Paris-Plage : ce sont les pavés qui sont sous le sable !!!

jeudi 7 juillet 2005

Tant-BourrinLes voies présidentielles

Il m'arrive parfois de me poser, comme ça, des questions à la con. L'autre jour, il y en a une, particulièrement sans intérêt, qui m'est venue en tête (ne me demandez pas pourquoi) : tous les Présidents de la République française décédés ont-ils donné leur nom à une voie de Paris ? Question à la con, mais qui, du fait d'un fonctionnement interne que je maudis, m'a tourné en tête jusqu'à ce que je me décide à vérifier par moi-même.

A ma décharge, il me semble me rappeler (merci aux lecteurs ou lectrices qui le savent de confirmer ou d'infirmer la chose) que l'argument "les Présidents morts ont tous eu droit, sans exception, à leur rue dans Paris" avait été avancé, il y a quelque temps, quand la bataille avait fait rage autour du rebaptême d'une partie du quai du Louvre en quai François Mitterrand.

Eh bien, on nous a menti : il y a des oubliés de l'histoire ! En voici la preuve, en balayant les 22 Présidents dans l'ordre chronologique...

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mardi 28 juin 2005

Tant-BourrinLa banane dans tous ses états

"Qu'est-ce que je vais bien pouvoir raconter sur le blog ?"

Voilà ce que je me demandais encore ce matin au petit déj', désespéré de ne pas mener une vie aussi trépidante que celle de Saoul-Fifre...

Et puis, tout à coup, mon regard se porta sur le fruit que j'avais en main et que j'avais commencé à engloutir négligemment. Une banane ! Voilà, je le tiens mon sujet : je vais faire une causerie sur la banane ! La banane, sa vie, son oeuvre ! Et en voiture Simone !

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