Epanouie comme Mort en Algérie
Par Saoul-Fifre, lundi 19 novembre 2007 à 00:03 :: Saint Thèse, priez pour nous :: #866 :: rss
- "Note, Rabia : mon bateau arrive demain à 13 heures à Oran. Il faut vraiment que Ahmed et votre copain douanier y soient pour me faire passer vu que les ordis à mon avis, j'ai pas le droit de les importer ?"
- "Inch' Allah..."
- "Et puis le lendemain, c'est mon frère, ses enfants et les miens qui atterrissent à la Sénia à 17 heures..."
- "Inch' Allah..."
- "Bon là j'aurai la voiture vide et il suffira de louer un taxi un peu grand et ça ira..."
- "Inch' Allah...". Rabia répétait sa litanie "Si Dieu veut" pour m'expliquer poliment "Mais qui es-tu, pour connaître l'avenir, nous sommes des marionnettes entre les mains du Très-Haut, Gloire à lui, tu seras là où tu dis s'il le veut bien."
Et le plus beau, c'est que nous en avons eu une preuve éclatante. Non, personne n'est mort, mais ma sœur devait arriver par l'avion Paris-Alger. Ils lui ont fait enregistrer ses bagages et au moment de l'embarquement, lui ont dit "qu'en raison d'un arrêt de travail d'une certaine catégorie de personnel, le vol était annulé !"
Mektoub. Va-z-y va-z-y, fais des projets, si Allah y veut pas que t'ailles en Algérie, t'iras pas. Et ne chiale pas : cet avion y devait s'écraser, t'as eu du pot qu'y ait eu grève !
Le rapport à la mort en Algérie est un peu déstabilisant pour un Européen habitué au "tout sécuritaire". Et puis on s'y fait assez vite. La manière de conduire...
En France, sur une 4 voies, chacun reste sur sa file. Là non : si tu veux doubler, tu demandes le passage en klaxonnant. C'est rigolo alors tu prends vite le pli. Aux ronds-points, le code est le même que chez nous, mais personne ne le respecte, celui qui a le plus gros culot passe. Sur les 2 voies, par contre, elles sont assez larges pour pouvoir doubler dans n'importe quelles conditions, virages, haut de côte, un coup de klaxon magique et les 2 voitures s'écartent et te laissent passer. Ou pas. Il y a quand même beaucoup de tôles froissées. Ou alors elles sont particulièrement susceptibles.
Je me souviens aussi de ces grappes de jeunes accrochées au flanc de la falaise qui fait face au port d'Oran. Sur des escarpements leur permettant juste de s'asseoir sur le rocher, les pieds dans le vide, un faux mouvement et ils se retrouvent écrasés 80 mètres plus bas, ils passent l'après-midi à regarder passagers et véhicules monter dans le "bateau pour la France". Cette absence de vertige me semblait teintée de désespoir.
Et puis ya "les terros". La mort qui rode et qui peut frapper n'importe quand. Les filles kidnappées et emmenées dans la montagne pour "servir" après un simulacre de mariage. Les bergers égorgés pour l'exemple, pour apprendre le silence aux autres. Le peuple sent revenir les sombres années 90, malgré les gages donnés aux barbus : la 3ième plus grande mosquée du monde arabe promise à Alger, un premier ministre choisi parmi les leurs, une politique de pardon pour tous ceux qui déposent les armes...
Mais c'est considéré comme insuffisant : C'est bien Bouteflika qui était la cible du groupe Al-Qaeda au Maghreb, ce 6 septembre 2007 à Batna.
Attentat qui a donné 22 fois la mort et fait plus de 100 blessés.
Commentaires
1. Le lundi 19 novembre 2007 à 06:11, par Tant-Bourrin
2. Le lundi 19 novembre 2007 à 07:27, par antenor
3. Le lundi 19 novembre 2007 à 08:31, par calune
4. Le lundi 19 novembre 2007 à 09:22, par lorent
5. Le lundi 19 novembre 2007 à 09:26, par manou
6. Le lundi 19 novembre 2007 à 13:17, par Epictete
7. Le lundi 19 novembre 2007 à 14:10, par nathalie
8. Le lundi 19 novembre 2007 à 14:11, par mamascha
9. Le lundi 19 novembre 2007 à 15:15, par Frenchmat
10. Le lundi 19 novembre 2007 à 15:24, par Saoulfifre
11. Le lundi 19 novembre 2007 à 15:42, par Tietie007
12. Le lundi 19 novembre 2007 à 16:47, par Andiamo
13. Le mardi 20 novembre 2007 à 01:40, par Cassandre
14. Le mardi 20 novembre 2007 à 22:50, par Saoulfifre
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