Un petit texte que j'avais écrit pour les impromptus littéraires. Je recycle ? Ouaip et alors ?

PAUAUAUL ! Où te caches tu encore ? Allons viens, je n'ai pas terminé ta culotte, il me faut encore un essayage.

- NAN ! J'en veux pas de ta culotte courte ! Je veux un futal, un rider, un bémol, un falzar, un pantalon ! Je serai le seul à faire sa communion en culotte courte, j'vais avoir l'air tartignole avec mes cannes de passereau ! Tiens deux stylos à bille dans une lessiveuse, voilà de quoi j'aurai l'air ...

- Paul on ne discute pas, ce sera culotte courte c'est tout, il me reste deux jours, alors tu te ramènes fissa, sinon tu vas te prendre une poignée de phalanges sur le groin !

Le 7 Juin 1950, Paul aura onze ans, l'âge de la communion solennelle, en ces années là, c'était l'occasion de réunir la famille, le ban et l'arrière ban. Paul recevra sa première montre, ainsi que quelques billets "pour faire le jeune homme", comme on lui dira en lui remettant le bifton d'un sacotin (mille francs anciens,, cherchez pas, vous n'avez pas connu).

Tout ça c'est chouette dans la tête frisée de Paul, la montre, les biftons, le stylo avec plume en or, mais cette saloperie de culotte courte à son âge, ça non !

Dimanche, LE jour de la communion, l'église de Drancy pleine à craquer, on chante "veni creator", les hommes le chapeau à la main, les femmes petit bibi sur le sommet du crâne, on a fait des efforts de toilette.

Enfin le cortège des communiantes et communiants sort de la sacristie, en rang deux par deux, les garçons et les filles tiennent un cierge dans la main droite.

Les filles ne portent pas encore l'aube, c'est à celle qui arborera la robe la plus jolie, de véritables petites mariées diront certains. Les garçons eux portent leur premier costume, veste bleu marine, pantalon gris, et le brassard noué en croix sur le bras droit.

Paul est le plus petit, pas bien grand ni gros, pour ses onze ans, aussi marche t-il en tête, les regards se fixent sur lui, les mâchoires s'affaissent, certains pouffent, des bouches s'arrondissent en cul de poule...

Paul en tête, sourire narquois sur ses lèvres, avance droit comme un "I", le cierge brandi comme un étandard, en slip, veste bleue, socquettes et souliers vernis !