Lorsque je ne suis pas perdu dans les nombreuses activités que je pratique dans mon antre qui, d’aucune vous le dira, vaut le détour. J’ai décidé de me lancer dans l’art…

Fort du principe qui veut que ce soit l’art qui est difficile et non sa critique, j’ai décidé de commencer léger en pratiquant… la critique.

Une amie m’avait transmis des photos prises dans une galerie. Peintre elle-même, elle avait quelques réticences devant ces œuvres. Ne voulant pas la laisser dans un désarroi culturel intense, je me suis aussitôt dévoué pour lui expliquer la démarche du maître et la justification (je peux le dire) spirituelle de l’œuvre. Généreux par nature, je vous livre du même coup et en multi pack les œuvres et mon interprétation de la pensée du Maître.

les photos sont de Marie K.

Il y a dans cette œuvre une recherche du flagrant dans la discrétion. L’ombre de cette toile nous révèle la condition tragique des petites mains de la couture industrielle recroquevillées sur leur machine Singer à pédale (comme le montre la photo surexposée ci-dessous). Cette vision sociale est renforcée par l’exposition de ces peintures dans une ancienne friche industrielle. Ce contexte, caché dans ce camaïeu de rouge, rend évidente toute la violence sociale du capitalisme. L’absence de cadre donne une notion transcendantale du dénuement de ces victimes.

Deuxième expression en mode écarlate :

Cette oeuvre, d’une dimension de 2 m par 1,5 m environ, était à vendre au prix dérisoire de 3'500 euros Dérisoire oui, car il y a eu une très forte inflation sur le prix du pigment rouge.....(Eh la garance se fait rare...). Ce prix reflète très incomplètement l’intensité de la réflexion de l’artiste, son angoisse de la toile blanche et son besoin d’expression picturale concrète dans le respect de la pensée transgénérationnelle engendrée par le besoin essentiel de démontrer le courant culturel monochronimique et patataphysicien….

Dans l’art, il faut juste savoir comment faire passer un riche pour le dernier des ploucs s'il n'est pas sensible à cette forme d'expression graphique, très supérieure dans l'intériorité émotionnelle qu'elle produit lorsqu'on entre en osmose avec la pensée profonde de l'artiste au moment de réaliser ce chef-d'oeuvre unique dans l'art consommé qu'il a pour affiner le grain de la toile afin d'en faire une image sublimée de la multitude face à l'unité essentielle représentée par celui qui plonge son regard au plus profond de cette oeuvre magistrale. Le spectateur initié aux finesses de cette expression picturale majeure y verra, derrière la vision de monochromie à laquelle le béotien s'arrêtera, tout le cheminement spirituel et métaphysique de la genèse à l’apocalypse de la société de consommation.

Il est important d'insister sur la spiritualité intrinsèque de ces peintures carmin et leurs mises en corrélation avec l'oeuvre noire. Il y a là la quintessence de la pensée standhalienne qui s'exprime dans l'opposition mesurée de ces deux couleurs qui se côtoient à distance (mesurée au millimètre près par l'artiste lors de l'accrochage), conséquemment sans se mêler, imageant par là même la dualité du vice et de la vertu. Nous sommes ici dans la révélation aveuglante du conflit social qui oppose l’anarchie au socialisme structuré sur un fond de décadence capitalistique représenté par cette friche. Si l'on étudie ces peintures sous l'angle de la psychologie comportementaliste on arrive à la conclusion rude dans son évidence que l’acheteur potentiel est pris pour un con.

L'important n'est plus ce qui se produit, mais la façon de le vendre... Cette forme d’art s’adresse en priorité à une clientèle aisée dont la richesse parait s'opposer à l'intelligence et au raisonnement... heureusement.

Heu…. Finalement j’en viens à me demander si vraiment l’art est plus difficile que la critique car ces croûtes seraient tout autres si je vous avais expliqué la longueur des poils du rouleau et l’incompétence de l’artiste pour l'art du nettoyage de pinceaux qui a provoqué une auréole noirâtre sur la première toile. J'en arrive donc à croire que la critique semble parfois être plus méritoire que l’art…

Blutch.

Prochaine critique :

Christo ou l’art consommé d’emballer les monuments à défaut de pouvoir emballer le public.

En avant première, je peux vous révéler que son expression artistique lui est venue après avoir travaillé durant 20 ans comme ravaleur de façade dans le BTP.