Tout le monde sait maintenant que je parle à Dieu, que même, c’est un pote terrible.

Pour les ceusses qui en doutent encore...

http://blogborygmes.free.fr/blog/index.php/2015/01/19/1739-a-la-bande-a-blognot

C’est probablement pour ça qu’un jour….

- Nolutch !

- ….

- Nolutch, j’te cause !

- Oh putain voilà que j’entends des voix et en plus y doit être bourré le type pour estropier pareillement mon nom. Et puis il est où le zigoto, y a personne ici….

- D’abord, tu restes poli parce que :

1° Je ne suis pas bourré, comme tu dis.

2° Tu devrais t’appeler Noé comme ton lointain ancêtre.

3° Si tu ne me vois pas, c’est parce que je suis Dieu.

4° Si je t’appelle, c’est que j’ai besoin de toi.

- Bon, si j’ai bien compris, je finirai mon sudoku plus tard….

- Nolutch, j’ai un problème avec l’humanité et j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes. Je sais que j’avais promis à ton ancêtre de ne pas récidiver le coup du déluge, mais franchement ça va trop loin. Il y a trop de monde, les humains deviennent de plus en plus inhumains, les dirigeants sont de plus en plus tarés et ne pensent qu’à dépouiller les peuples.

ils sont revenus à l’ère du veau d’or. Même qu’il lui ont donné un nom : Dollar... alors j’ai décidé de faire table rase de cette humanité, avant que des fous de Moi s’occupent à faire ce travail à la bombe… Et bien oui, je n’aime pas que des abrutis prennent des décisions à ma place. Voilà!

Je te charge de construire une arche comme ton aïeul, mais un peu plus grande car il te faudra aller plus loin que le mont Ararat puisque le seigneur du lieu est complètement zinzin.

Tu as 6 mois pour la faire avant que j’envoie la pluie.

Les six mois écoulés, il se met déjà à pleuviner lorsque Dieu regarde du côté de chez moi, je balaie tranquillos ma cour en sifflotant.

- Nolutch ! Je t’ai demandé de me construire une arche pour la sauvegarde des espèces et tu n’as rien fait. Qu’est-ce à dire !

- Excuse moi Dieu, mais ce n’est pas aussi simple que pour la première fois. Tu penses bien que je n’ai pu aller dans une forêt privée pour y couper les arbres qu’il me fallait. Maintenant, il faut passer commande et verser des arrhes. J’ai eu beau expliquer que bientôt l’argent ne servira à plus rien, scieur ne voulait rien entendre.

J’ai tenté d’obtenir un prêt à la banque du lieu, mais je n’avais pas les garanties suffisantes pour un remboursement ; et je peux t’assurer que ça n’a pas rassuré le banquier que je lui dise que les banques disparaîtront bientôt.

Toutes ces démarches ont mis la puce à l’oreille du Maire qui a exigé un dépôt de plan pour faire une construction dans ma cour. Je lui ai dis que c’est juste le temps de construire le bateau et après il partira. Et bien ça n’a pas simplifié les choses. Il a transmis le dossier à la DDE qui a exigé un plan de transport pour l’arche, de ma cour à la mer. Ils m’ont pris pour un fou lorsque je leur ai dit que ce sera la mer qui viendra à l’arche et ils ont refermé le dossier rageusement. Encore heureux qu’ils ne m’aient pas enfermé comme dément.

Les voisins ont fait circuler des pétitions contre la construction de cette arche :

Une parce que ça ferait du bruit.

Une autre parce qu’il ne faut pas défigurer les forets.

Une autre encore à cause de la circulation des camions dans le village.

Mon voisin a fait opposition car l’arche lui ferait de l’ombre sur sa terrasse.

J’ai du prendre un architecte car la surface de planchers dépasse 175 m². Celui-ci exige des calculs de résistance faits par un ingénieur naval. J’ai eu beau lui expliquer que Dieu s’en charge, il n’avait pas confiance. Je viens de recevoir une lettre de la DDE disant qu’il manquait des pièces au dossier et qu’ils exigent une étude d’impact environnemental.

Pour ne pas perdre de temps, j’ai fait les démarches pour avoir un couple de chaque espèce animale, mais là encore c’est compliqué. Pour les puces, les cafards, les morpions, ça ne posent pas de problèmes, mais il y a des espèces protégées par la loi et ça n’a servi à rien que je leur dise que c’est pour leur survie que j’ai besoin d’un couple de chaque espèce. Quant aux espèces sauvages, je dois posséder un permis spécial qui exige des études vétérinaires. Je me suis inscrit à la faculté, mais il y a 5 ans d’attente à cause de Numérus Clausus. Ils n’ont pas su me dire pourquoi il fallait l’avis de ce Romain, mais qu’il n’y a pas à charrier, car c’est le règlement.

La SPA a voulu voir les plans de l’arche et elle a estimé qu’il n’y avait pas assez de place pour que les bêtes s’y sentent bien. Brigitte Bardot a lancé une pétition mondiale contre la détention des bébés phoques.

L’URSSAF m’a demandé comment je comptais payer les charges sociales. Les syndicats ont exigé le respect des 35 heures et 75 % du personnel en CDI. Comment tu fais pour leur expliquer qu’un CDI à 6 mois de la fin du Monde, c’est un peu illusoire… Et puis tiens, le rabbin est venu me dire qu’il est exclu de travailler le samedi à deux pas de la synagogue. L’Imam m’a menacé d’une Fatwa si je faisais du bruit à l’heure des prières, et pour le vendredi, pas question de travailler. Comme le curé était déjà venu me dire que dimanche est le jour du Seigneur…. Il n’a même pas voulu comprendre que c’est un travail pour Toi, SON Seigneur.

Voilà où j’en suis, j’attends les conclusions de l’étude d’impact de ces travaux sur l’équilibre des biotopes naturels et la protection des zones humides.

Je dois encore proposer un plan de reboisement pour être autorisé à faire les abattages nécessaires à la construction de l’arche.

Avec les élections qui se profilent et la nécessité pour les nouvelles équipes gouvernementales de revoir entièrement les dossiers je ne peux raisonnablement pas m’attendre à avoir toutes les autorisations nécessaires avant 12 à 15 ans.

Alors qu’il s'était mis à pleuvoir à gros bouillons. inondant déjà ma cour, le ciel s’est brusquement éclairci, laissant place à un Soleil si chaud que l’eau disparu bien vite de mes pavés. Je me suis alors écrié :

- Dieu, tu renonces donc à détruire l’humanité ?

- Non, mais plus besoin d’un déluge, l’administration y parviendra toute seule.

Pour rendre à Césaria ce qui n’est pas forcément à Evora, c’est la libre interprétation d’une petite histoire racontée par une petite sœur des pauvres dans une réunion de patronage.