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samedi 30 septembre 2017

AndiamoMiroir, mon beau miroir.

Anselme Boutefeu se lève après avoir d'un geste sec mit fin au TÛÛÛÛÛT exaspérant de son réveil.

Il s'étire, baîlle bruyamment, sort du lit à regrets, enfile ses vieilles pantoufles, vieilles mais si confortables !

Après le passage obligé au pipiroom, il traîne les pieds vers la salle de bain, douche et rasage, sa gueule un peu vieillissante dans le miroir, lui fait exécuter une moue dubitative. Il ouvre la porte de la petite armoire, en sort la bombe de mousse à raser, se regarde à nouveau dans le miroir...

Il a un recul, juste là, au dessus de son épaule gauche, un visage de femme, brusquement il se retourne un peu effrayé... Personne, nobody, nada ! Il regarde à nouveau dans le miroir du lavabo, le visage est toujours là, un sourire à la Joconde au coin des lèvres. Instinctivement il saisit une serviette et frotte le miroir, le sourire n'a pas disparu, la femme non plus...

C'est quoi ce "truc" pense t-il ? Il s'approche scrute les traits de ce visage, jeune, des grands yeux verts, cheveux blonds mi-longs, et ce sourire qui découvre à peine de jolies quenottes...

Je n'ai pourtant pas piccolé hier, et puis merde je laisse tomber, je vais aller me faire un jus costaud j'dois pas avoir les gobilles en face des trous.

Un quart d'heure plus tard, retour à la salle de bain, coup d'œil hésitant au miroir, miroir mon beau miroir ! La "Joconde" est toujours là. La mousse sur ses joues et le cou, le passage du rasoir mécanique, il n'a jamais pu supporter le rasoir électrique, c'est tout de même chiant ce bordel, d'abord t'es qui toi ? Bien évidemment le miroir ne répond pas, et puis on n'est pas dans un conte des frères Grimm !

Il s'approche du miroir, le scrute attentivement, la stupeur passée il se concentre et fouille dans ses souvenirs, je l'ai vu quelque part, une p'tite gueule d'amour pareille ça ne s'oublie pas, instinctivement il passe son index sur le miroir, j'suis con tout de même, et il sourit de son geste.

Je sais ! (comme Gabin) j'ai croisé le regard de cette femme hier, elle est montée dans mon wagon, à la station Place de Clichy sur la ligne 13, elle est descendue à Varenne, 5 ou 6 stations plus loin, nos regards ne se sont pas quittés, j'étais fasciné, quand elle est descendue entraînant avec elle un parfum léger : Vétiver de Guerlain. Cette eau de toilette il la connait bien, son épouse l'affectionnait également. Une ombre triste passe dans ses yeux, sa chère et tendre repose dans un petit cimetière du Lauragais, SON terroirrrrrr comme elle disait, roulant les "R" pour le faire rire.

Une journée ordinaire, employé dans une compagnie d'assurances "La musaraigne" dont le siège est installé dans le très chic VII ème arrondissement, avec la Tour Eiffel en ligne de mire depuis son bureau, il y a pire comme vue.

Le soir retour, arrêt Porte de Saint Ouen, un petit F3 sur le boulevard Bessières, les très anciens HLM de Paris. Il l'aime bien son quartier, très vivant comme il dit, et puis l'hôpital Bichat n'est pas loin, on ne sait jamais. En y regardant bien, le cimetière de Montmartre non plus, ajoutent ses collègues en ricanant.

Après une émission insipide à la télé, du style "la vie des pipeules vue à travers le trou d'une serrure" il est allé se coucher non sans être passé à la salle de bain pour un ultime brossage de dents. Elle est là, même sourire, même regard intense, ce qui est curieux songe t-il c'est qu'elle n'apparaît que dans ce miroir ! Dans la journée au bureau, il se rend deux ou trois fois aux toilettes, dans le miroir placé au dessus du lavabo "elle" n'apparaît pas, pas plus que dans la psyché de notre chambre, il dit encore notre en songeant à Lucette son épouse.

Un sommeil agité, hanté par le visage de la jolie femme le matin dans le miroir, elle est toujours là...

- Mais tu cherches quoi à la fin Proserpine ? C'est décidé il l'appellera Proserpine, t'as d'beaux yeux tu sais ? Lui articule t-il à 2 centimètres du miroir, pourquoi tu ne me réponds pas : "embrassez moi" j'ai une haleine de cow boy peut-être ? Sûr M'Dame, dans le grand ouest on n'a pas beaucoup d'hygiène, ouaip M'Dame, sûr Il se marre de ses propres conneries, puis part afin d'attraper la diligence de la ligne treize !

Les jours se suivent et toujours Proserpine dans le miroir, il a bien essayé d'en parler à Robert son pote, il a enveloppé l'histoire : "si un matin tu voyais un visage de femme près du tien dans ton miroir, tu ferais quoi" ?



- J'arrêterais le treize degrés de déménageur !!!

Ce soir là Anselme se brosse les dents avant de se coucher, il en a marre de ce visage qui ne bouge pas, qui le fixe, avec il faut bien le dire l'air de se foutre un peu de sa gueule, alors pris d'un accès de rage il frappe le miroir d'un énorme coup de poing, la glace vole en éclats et une tache rouge inonde sa main entaillée. Un pansement compressif, un quart d'heure plus tard l'hémorragie est endiguée. retour devant le lavabo, la jolie brune a disparue.

- Bon j'en suis quitte pour un nouveau miroir.... Euh tout compte fait je vais attendre un peu.

Le métro Porte de Saint Ouen, un gros pansement à la main droite, juste un peu gênant pour martyriser le clavier de l'ordi. La rame arrive à la station Place de Clichy, et freine très brutalement, heureusement à cette heure les "usagers" sont serrés comme des sardines, et ne risquent guère de chuter, le freinage est brutal, la rame s'immobilise, pratiquement en bout de quai. Au bout de cinq minutes les portes s'ouvrent enfin, les voyageurs à moitié asphyxiés descendent, des hommes des femmes détournent la tête, certaines et certains manquent s'évanouir. Anselme se penche à son tour, là entre les bogies, le corps d'une femme, blonde, ses cheveux mi longs en corolle autour de sa tête, deux grands yeux verts ouverts semblent dire : pourquoi ?

lundi 6 mars 2017

AndiamoLe pantalon de Paul.

Un petit texte que j'avais écrit pour les impromptus littéraires. Je recycle ? Ouaip et alors ?

PAUAUAUL ! Où te caches tu encore ? Allons viens, je n'ai pas terminé ta culotte, il me faut encore un essayage.

- NAN ! J'en veux pas de ta culotte courte ! Je veux un futal, un rider, un bémol, un falzar, un pantalon ! Je serai le seul à faire sa communion en culotte courte, j'vais avoir l'air tartignole avec mes cannes de passereau ! Tiens deux stylos à bille dans une lessiveuse, voilà de quoi j'aurai l'air ...

- Paul on ne discute pas, ce sera culotte courte c'est tout, il me reste deux jours, alors tu te ramènes fissa, sinon tu vas te prendre une poignée de phalanges sur le groin !

Le 7 Juin 1950, Paul aura onze ans, l'âge de la communion solennelle, en ces années là, c'était l'occasion de réunir la famille, le ban et l'arrière ban. Paul recevra sa première montre, ainsi que quelques billets "pour faire le jeune homme", comme on lui dira en lui remettant le bifton d'un sacotin (mille francs anciens,, cherchez pas, vous n'avez pas connu).

Tout ça c'est chouette dans la tête frisée de Paul, la montre, les biftons, le stylo avec plume en or, mais cette saloperie de culotte courte à son âge, ça non !

Dimanche, LE jour de la communion, l'église de Drancy pleine à craquer, on chante "veni creator", les hommes le chapeau à la main, les femmes petit bibi sur le sommet du crâne, on a fait des efforts de toilette.

Enfin le cortège des communiantes et communiants sort de la sacristie, en rang deux par deux, les garçons et les filles tiennent un cierge dans la main droite.

Les filles ne portent pas encore l'aube, c'est à celle qui arborera la robe la plus jolie, de véritables petites mariées diront certains. Les garçons eux portent leur premier costume, veste bleu marine, pantalon gris, et le brassard noué en croix sur le bras droit.

Paul est le plus petit, pas bien grand ni gros, pour ses onze ans, aussi marche t-il en tête, les regards se fixent sur lui, les mâchoires s'affaissent, certains pouffent, des bouches s'arrondissent en cul de poule...

Paul en tête, sourire narquois sur ses lèvres, avance droit comme un "I", le cierge brandi comme un étandard, en slip, veste bleue, socquettes et souliers vernis !

lundi 13 juin 2016

AndiamoC'était quand ?

Je t'ai rencontré par hasard, su' l'pont des arts, c'était une petite journée d'hiver, une journée au petit vent aigre.

On s'est regardés, tu m'as embrassé, ton baiser était chaud, et me promettait une éternité.

Nous sommes partis le long des quais, bras dessous dessus ou dessus dessous... Je ne sais plus, qu'importe c'était ton bras. Notre Dame face à nous, sa façade blanche, et devant elle cette estrade... Incongrue, laide et déplacée, je ne l'ai pas remarquée il n'y avait que toi, toi, et ton léger parfum, toi, ton regard si profond qu'il m'a fait voyager...

Pourquoi ? Pourquoi vouloir prolonger l'éphémère ?

Je suis resté, seul... Je navigue arrêté, la magie c'est furtif, la magie ça tient à un rien, une étincelle, un mot, une place, un pont, ensuite... Plus rien.

C'était quand ? Il y a une heure, un jour, un mois, un siècle, c'était hier...



Le Pont des Arts, le premier, celui chanté par l'ami Georges.

(ch'tiots crobards Andiamo)

dimanche 17 janvier 2016

AndiamoDeux cents ans...

Deux cents ans !

Et si je vous offrais 200 ans de vie au lieu de nos médiocres 80 de moyenne ?

J'ai entendu il y a peu à la radio que le plus sérieusement du monde un jour peut-être, nous pourrions vivre 200 ans en moyenne !

Alors je suis parti à rêver, 200 balais... Que vais je en faire ? Tout d'abord cela implique qu'à 76 ans (mon âge) je serai comme un homme de 35, en pleine possession de mes moyens bien sûr !

En même temps à 76 ans mon âge actuel, mes enfants volent de leurs propres ailes depuis belle burette ! Alors que fait on ? Est ce qu'on vivra avec le même conjoint, ou la même conjointe encore 120 ans ? Ne me regardez pas comme ça ! C'est long 200 ans ! Et si à 80 ans on a la forme physique d'un adulte dans la force de l'âge, forcément que nous voudrons aller voir si l'herbe n'est pas plus verte ailleurs !

On pourra se permettre d'avoir plusieurs vies, les différences d'âge seront sans grande importance, j'explique :

Si à 80 ans vous en paraissez 35, un homme ou une femme de 20 ans de moins que vous c'est à dire de 60 ans en paraître en fait 7 de moins (simple règle de trois) et là tout devient possible, on ne vous appellera plus des "cougars", quelle horreur ce terme, car enfin ça ne choque personne qu'un vieux sorte avec une jeunette, par contre qu'une femme d'âge mûr sorte avec un mec de 20 ans son cadet et ça devient scandaleux !

Il n'y a pas que le côté couple qui sera à revisiter, nous travaillerons beaucoup plus longtemps également, jusqu'à 120 ou 130 ans ? Peut-être... Nous aurons aussi plusieurs carrières : lamineur de nouilles chez Panzani, marchand de glaces en terre Adélie, testeur de matelas chez "Simmons" (pub gratos, il faut que je change le mien justement... Hein M'sieur Simmons ?) Alors nous verrons sans doute nos arrières arrières petits enfants, putain la tribu ! Réunion de famille samedi soir au Bataclan, euh non tout compte fait pas là ! Jé déconne vous me connaissez !

On retrouvera des vieux potes : "Tiens ça fait bien six présidents de la République qu'on ne s'est pas vus" ! On ira faire du sport avec nos enfants et petits enfants, j'ai beaucoup skié avec mes premiers petits enfants, j'ai été Papi à 41 ans ! Mais hélas pour la dernière fournée, je ne peux plus aller skier avec eux, et ça m'emmerde copieusement !

Non mais vous rendez vous compte ? Je pourrai dire à mes arrières arrières petits enfants : "j'ai vu Jacques Brel, Léo Ferré, Sammy Davis Junior, Gilbert Bécaud, et même Cloclo sur scène ! Sans oublier : Tant-Bourrin; Saoul-Fifre; Françoise; Célestine et même Blutch" !

- Euh... Dis donc Papounet c'est qui tous ces dinosaures ?

Ah cruelle jeunesse ! Malgré le prolongement de nos pauvres vies, nous resterons toujours aux yeux des jeunes "des vieux croûtons" !!

(Cht'iot crobard Andiamo)

jeudi 7 janvier 2016

celestineLes âges de la vie

Variations autour d'une lampe...

Baby sitter

Allez, dodo, petit gouzi gouzi , papa et maman vont bientôt rentrer, enfin, s’ils se souviennent qu’ils m’ont payée pour supporter tes vagissements, changer tes couches dégoûtantes, et éponger ton vomi sur la lampe de chevet…parce que là, quand même, ils exagèrent, je vais leur faire le tarif de nuit, non mais qu’est-ce qu’ils foutent ? Ah enfin, j’entends marcher, ça doit être eux !


***

Terreurs nocturnes

Mamaaaaan !!! laisse la lumière allumée, j’ai peur !!! Mamaaaan, pourquoi t’es pas là ? Maman ? C’est toi qui marche dehors ? Maman, t’es sûre que t’as bien fermé la porte ? J'entends des bruits bizarres! Reviens maman, s’il te plaît…Mamaaaaan ! J’ai peuuuurrr !!

-(Bon sang, ce gosse regarde trop la télé)...Tais toi et dors!!!


***

Lendemain de teuf

Wow !!Chuis déchiré, grave ! Chais pas pourquoi j’ai bu hier soir, chais même plus c'que j'ai bu...oh la la ! j’ai un mal de crâne…Il est pas tard !à peine quatorze heures trente du mat ! J’vais dormir encore une heure ou deux…J’entends marcher dehors, ça c’est ma daronne, elle va encore me dire que j’ai le bac à la fin du mois, et que chuis un feignant…Grounf ! J’ai mal à la tête et cette lampe qui m’explose les yeux, il est où l’interrupteur , VDM* !


***

Agence immobilière

Vous allez vous plaire, dans cette maison, monsieur, madame, c'est moi qui vous le dis !

-Oh, regarde chéri, ici, là, nous ferons le salon, nous mettrons le canapé, la petite lampe rose, on va être bien… -Oui, l’endroit est très calme, remarquablement bien placé! Vous n’entendrez pas un chat marcher dehors à partir de huit heures du soir. Il vous suffira de bien fermer les doubles vitrages ! (J'ai bien fait de choisir un jour de grève des trams pour vendre cette baraque invendable...)


***

Cinq à sept

-Alors, heureuse ?

-Oh oui, bien sûr, mais tu dois partir maintenant, mon amour. Il est tard…

-Attends, encore un peu, laisse-moi te regarder, tu es si belle à la lueur de la lampe…

-Ciel, tu n’entends rien ? Oh mon dieu, des pas dans le jardin…Vite, sauve-toi, c’est lui, j’aperçois son Audi derrière les volets clos, il a un revolver, méfie-toi !


***

Absence

J'entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard. Ma lampe seule veille... je ne sais pas si j’aurai la force de tendre le bras pour l'éteindre cette lampe…de toutes façons, personne ne vient jamais me voir…Tiens la porte s’ouvre. Bonjour Madame !

-Mais papa, c’est moi, Madeleine, ta fille…

VDM * = Vie de Merde.

lundi 29 décembre 2014

AndiamoLe Père Noyel aime le Lagavulin

Il est passé ce con ! A la bourre mais il est passé, si, si (pas l'impératrice un peu chtarpée).

Je l'ai vu dans ma piaule, le pif cramoisi, le bénard descendu, laissant apparaître sa panse plus que rebondie, il s'est pris les ribouis dans les Gobelins, et s'est vautré vilain entre le Godin et le vase de nuit !

J'ai frotté le briquet (chez moi il n'y a pas l'électricouille de mes deux cités) et j'ai allumé la candella.

- Tain ! Késtufoulà ?

- Je livre, kimarépondu !

- T'es à la bourre (et bourré en plus).

- C'est encore la faute du Père Fouettard, il m 'a entraîné dans une virée infernale, et on a un peu lichtronné, mais moi tu m'connais habituellement je ne bois pas !

- En attendant il ne t'a pas pincé le tarbouif pour te faire écluser, t'as trouvé le chemin tout seul. C'est Noëlla qui va être contente !

- Bof ! Noëlla, elle s'est tirée avec un barbu...

- Un islamiste ?

- Nan ! Un éleveur de "culs noirs" dans le sud, un écolo façon José Bové, troupeau de chèvres, culs noirs, mulet pour tirer l'araire, une terre ingrate, en pleine moisson même les piafs crêvent de faim. On se lave avec une poignée de sable, et concernant les cagouinsses j'te raconte pas, quand tu lui demandes : "où sont les gogues" ? Il te répond : "t'as qu'à suivre les mouches" !

- Dis voir Nono, tu l'as un peu cherché ? Déjà il y a quelques années, tu t'étais torché, et t'avais fait n'importe nawoique ! Comme livrer des sex toys aux sœurs de la charité de la rue du Bac, ou des "Rumiskubs" aux petits aveugles ! Bon c'est pas le tout : tu m'as apporté quoi ?

- Ça, a t-il déclaré en extirpant de sa hotte une bouteille de "LAGAVULIN" certifiée 16 ans d'âge. (pub gratos, mais si monsieur Lagavulin veut m'envoyer une boutanche c'est pas de refus)

- Bon il te sera beaucoup pardonné mon Nono, et si on lui faisait une bise à ce Jacquot hein, KESTENDIT ?

Alors c'est pas une bise qu'on lui a fait au kilbut', mais une véritable pelle de voyou, et si vos cadeaux ne sont pas encore arrivés, c'est que ce brave Nono est en train de cuver quelque part le long du quai de la Marne, entre deux guitounes Quechua, sur le canal Saint Martin, pas loin du bassin de la Villette.

(ch'tiot crobard Andiamo)

samedi 5 octobre 2013

AndiamoLa vie passionnée et passionnante de Jésus

Ce soir, je vous emmène au théâtre AMAR HIGNI.

Les décors sont de Roger Hardt, et les djellabas de Donald Cardwell.

Nous sommes en l'an vingt (à la louche hein ?) de notre ère, dans un pauvre squat de Nazareth.

Une pièce pauvrement meublée, le père nommé Joseph sous-traite pour un menuisier richissime ALI KHEHA.

La mère se prénomme Marie, elle est femme au foyer, elle veille sur l'éducation de son fils Jésus qui, à vingt balais, n'a toujours pas quitté le foyer familial, un "Tanguy" dirait-on aujourd'hui...


- Jésus !

- Oui, M'Man ?

- Ne joue pas avec les clous de Papa, c'est dangereux ! Et toi Joseph, si tu ne laissais pas tout traîner... Ah j'te jure, c'est la croix et la bannière pour te faire entendre quelque chose ! Et pis tu sais, mon bébé, j'veux pas qu'tu joues avec ce vaurien de Judas, il est toujours là à épier avec son regard en dessous, il vendrait Père et Mère pour quelques deniers...

- Des nouveaux ou anciens deniers, M'Man ?

- C'est ça, fais l'malin ! Et pis c'est quoi ces façons Jésus ? Il paraît que tu as viré Ben Soussan du temple, ainsi que Monsieur Serfati, l'un parce qu'il vendait des merguez dans le temple et l'autre parce qu'il faisait le bonneteau, ça te regarde tout ça ? Tu sais, mon Jésus, ça finira mal, crois ta mère ! C'est comme l'aut' jour sur le lac de Tibériade, mercredi après-midi, tu marchais sur des cailloux légèrement recouverts par la flotte, et tu as fait croire à tout le centre aéré que tu marchais sur l'eau ! Tu te prends pour Mosché ? Lui, il a écarté les bras, et hop ! La mer rouge s'est ouverte en deux !

- Tu sais M'Man, ce jour-là, y'avait un coefficient de marée exceptionnel ! Alors le miracle, hein ? C'est con comme la Lune... C'est le cas de le dire.

- Et tu blasphèmes en plus ! Tu ne l'emporteras pas au paradis, mon Jésus !

- Jésus !

- Oui, P'pa ?

- Qu'est ce que tu fous ? Tu m'as encore piqué deux planches, tu les fixes l'une sur l'autre à l'aide des clous, pour faire quoi j'te d'mande ?

- Une machine volante, P'Pa !

- Une machine volante, deux planches en croix ? Autant croire qu'un jour tu monteras au ciel avec ta pauvre mère ! Et pis ta bande de douze... J'me d'mande un peu, Pierre, Paul, Jacques et les autres : une bande de vauriens ! Tiens, ce Paul, il paraît qu'il fait le pitre ?

- Non P'pa, il a écrit une épitre, une lettre si tu préfères, aux Corinthiens...

- Aux quoi ?

- Aux Corinthiens ! Des Hellènes si tu préfères...

- J'en ai connu une d'Hellène, qu'est ce qu'elle était belle ! Mais revenons à toi. Tu vois, ta mère et moi, on se disait que tu devrais plutôt fréquenter le petit Pompon, le fils de Pilate : voilà un garçon bien propret, toujours en train de se laver les mains, tu devrais prendre exemple. Encore une chose : tu as fait beaucoup de peine à Madame Lazare, tu as ressuscité son mari alors qu'elle venait de toucher l'assurance-vie de son pauvre époux. 762 sesterces tout de même ! C'est le G.A.N. (Groupement des Araméens Nantis) qui doit être content, le bonheur des Huns fait le malheur des autres, comme on dira beaucoup plus tard. Et pis pendant que tu es debout, ferme donc la fenêtre, y'a ENCORE un pigeon posé sur l'appui, j'ai pas envie qu'il refasse un môme à ta mère !


(ch'tiot crobard Andiamo)

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