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jeudi 5 décembre 2019

AndiamoElle s'appelait Sarah...

La petite Sarah était née il y a... PFIUUUU… C’était exactement l’année - si ma mémoire est Bonn (comme on dit outre-Rhin) et elle l’est ! - l’année où la récolte des châtaignes fût si abondante, qu’on en distribua même aux pauvres ! Car habituellement on ne donne qu’aux riches ! De mémoire d’ovaires peints, on n’avait jamais vu ça !

La famille Fouchtra habitait à la fin du village… Ou au début, tout dépend d’où vous venez. J’ai toujours pensé que c’était con de déterminer l’entrée ou la fin d’un village. A moins d’habiter un bled qui se termine en trou du cul de lazor (cul de sac pour les puristes, y’en a je le sais), je ne vois pas bien comment on pourrait décider, arbitrairement et réciproquement, du début ou de la fin.

En tout cas, c’était une pauvre masure, faite de bouses de vaches en guise de murs, et de paille tressée en guise de toit. Le père Fouchtra labourait et la mère Fouchtra mastiquait : elle était employée chez un vitrier (j’en vois qui rigolent, toujours l’esprit à la gaudriole, nos commentateurs et commentatrices). Ce bonhomme était un besogneux, lutineur de grande classe, ne lésinant jamais sur le devoir conjugal, une épée de plumard, pouvait-on dire.

- Ch’est gratis, autant qu’j’en profite... Cha alors ! répétait-il à la cantonade !

La mère Fouchtra, une luronne, ne crachait pas non plus sur le guignol, et à force de taquiner l’animal, elle se retrouva engrossée de belle manière.

La gestation dura vingt-deux mois, y’avait toujours kékechose à faire ! Et point moyen de trouver le temps de se poser pour mettre bas, expliquait-elle dans son langage un peu rustre à ses voisines, curieuses, intriguées, de la voir trimballer pareille « devanture » aussi longtemps !

- Point besoin de le nourrir tant qu’il est là, disait-elle en tapotant son bide démesurément arrondi, dévoilant dans un large sourire, le désert de sa bouche, dans laquelle s’emmerdaient encore quelques chicots bien noirs.

Enfin, la délivrance arriva le neuf octobre. Ce beau matin, la mère Fouchtra n’avait rien de spécial à faire. Il faisait un temps de chien, la tempête soufflait en rafales violentes sur la chaîne des Puys, père Fouchtra, désœuvré, commençait à loucher de façon lubrique sur sa femme…

- Ch’vas encore y passer ! songeait-elle en voyant son vieux tomber les bretelles.

C’est alors que la première douleur la tordit littéralement ! Elle s’allongea sur le sol et accoucha comme une bête, à même la terre battue !

Se penchant au-dessus de sa femme, père Fouchtra s’exclama :

- Crévindiou, chè une fumelle ! J’aurions préférence pour un garçu, ma ché une fumelle… Tant pire ! Ch’fra avec…

- Au lieu d’raconter des conneries, prends ton « Laguiole » et coupe moé ch’cordon !

- Ché vré cha ! Coupe z’y chon cordon, che me les chèle moé !

La voix provenait de la fillette nouvellement née ! Médusés les deux péquenots reluquaient leur progéniture.

- Cha alors, elle cause, articula père Fouchtra.

- Dis point d’conneries mon homme, articula la nouvelle maman.

- Ch’t’assure la mère que ch’en dis point !

C’était tout de même invraisemblable, une nouvelle née qui parlait !

Comme elle était née un dix octobre, on la baptisa Sarah du nom de la sainte du jour.

Tout le village venait voir et surtout entendre le phénomène. Des journalistes de « La Montagne », très sérieux journal du centre de la France, étaient même venus, crayons et calepins en main, afin de noter les mots et phrases proférés par la petite Sarah.

- Ché vous ches cons d’journaleux ? Interrogeait la petite depuis son berceau, fabriqué à partir d’un vieux tonneau coupé dans le sens de la longueur par son bricoleur de paternel.

- Ça alors, ne cessaient de répéter les visiteurs, ça alors !

- Eh oui ! Elle répète tout ch’qu’elle a entendu dans le ventre de cha mère… expliquait le père pas peu fier.

A la une du canard, Gravillon Jolieflaque (un ancêtre de Pierre Bellemare) avait écrit un article, dans lequel il relatait les exploits verbaux de la petite paysanne. Le journal avait triplé son tirage durant plusieurs jours !

Tout se déroula pour le mieux jusqu’au jour où... Félicien, le colporteur qui passait par ces montagnes une fois l’an, tirant sa carriole à bras, remplie d'un fouillis invraisemblable : lacets, rubans, boutons, œillets, ciseaux de couturière, aiguilles, quelques jolies pièces de dentelles qui serviraient à parer les robes que les femmes confectionnaient pour les cérémonies. Enfin toutes sortes d’objets bien utiles que l’on ne fabriquait pas soi-même.

Donc ce Félicien ayant appris, comme tout un chacun, l’évènement incroyable que représentait la petite Sarah, se rendit d’un bon pas jusqu’au pauvre logis des heureux parents.

La nuit tombait, étendant son ombre inquiétante sur la verdoyante vallée (c’est beau, n’est-il pas ?)

Toc, toc, toc… Il tira la chevillette et la bobinette chût !... Ou le contraire, démerdez-vous !

Le père Fouchtra ouvrit…

- Chalut Félichien, quel bon vent t’amène ?

A ce moment précis une petite voix monta du demi tonneau

- Félichien, tu « m’arranges » bien mieux que mon connard de père Fouchtra !

- Tais-toi donc, chale mioche ! Hurla la mère Fouchtra, se précipitant vers le berceau, et appliquant derechef sa main sur la bouche un peu trop bavarde.

- Chalop, tu m’as donc fait les cornes, fumelard ! S’écria père Fouchtra.

Saisissant son esclop, il en asséna un vilain coup sur la tronche du colporteur, dont la cervelle en profita pour prendre son indépendance !

Les gendarmes montèrent, puis emmenèrent père Fouchtra, menottes aux poignets, jusqu’à Riom. Le jugement intervînt quelques mois plus tard. A l’époque la bascule à Charlot n’avait guère le temps de rouiller. Père Fouchtra fût condamné à être raccourci, et la sentence exécutée quelques semaines plus tard !

Quant à Gravillon Jolieflaque (toujours ancêtre de Pierre Bellemare), il écrivit un superbe article, relatant l’incroyable évènement. Depuis la naissance de la petite Sarah, jusqu’à l' éxécution de son pauvre papa.

Il conclut son article par cette phrase : « AINSI PARLAIT SARAH FOUCHTRA »

dimanche 12 mai 2019

AndiamoComme quoi.

J'ai parcouru votre scénario d'un derrière distrait, vous mettez en vrac : Une voiture américaine, qui est loin de valoir celle de Monsieur Dhéry

- La belle américaine vous voulez dire ?

- Ben oui, pas la belle de Cadix !

Vous ajoutez à cela un petit nerveux, bricolant la belle américaine sur l'air de "la danza" de Rossini.

- Je voulais faire du comique de situation...

- La vôtre de situation me paraît bien compromise... Tenez autant essayer de faire rire avec une histoire sous l'occupation, deux corniauds fuyant en zone libre, ou encore se faire poiler le public avec un Rabbin, tenez pourquoi ne pas adapter une pièce de ce bon Monsieur Victor Hugo en pastiche hilarant ?

Vous pensez peut-être engager un jour Monsieur Bourvil ou Monsieur Yves Montand ? On peut en vous lisant imaginer l'impensable, tenez pourquoi n'épouseriez vous pas une Reine de beauté, Madame Michèle Morgan par exemple ? J'espère que pour votre avenir vous avez un plan "B"...Monsieur ? Rappelez moi votre nom ?

- Oury, Monsieur le producteur, Gérard Oury.

Cette scène se déroulait le 4 juillet 1961, dans le bureau d'un célèbre producteur, dont je tairai le nom, par pudeur, et pour le repos de son âme.

lundi 11 février 2019

AndiamoL'imbécile, le philosophe et la Lune.

Un sage méditait assis sur un banc fort accueillant au fond de son jardin. Un endroit propre à la béatitude, songeait ce philosophe tout empli de sa suffisance.

Cet homme regardait la Lune en cet instant précis, une Lune brillante, pleine, bien ronde, resplendissante dans ce ciel noir comme l'encre de Chine qui servait à ce vieux sage pour mener à bien ses exercices de calligraphie.

Passe un imbécile... Enfin, celui que tout le monde dans ce petit village taxait "d'imbécile" !

Pensez donc, il occupait un petit emploi de fonctionnaire, passait le plus clair de son temps à la pêche, adroit comme pas un pour ferrer une jolie truite, quelques collets par çi, par là, les restaurants du coin ne boudaient pas les fruits de ses braconnages.

Passe donc l'imbécile, le sage l'interpelle et lui montre la Lune, l'imbécile sourire béat aux lèvres regarde le doigt du sage, qui aussitôt se moque de lui. Dès le lendemain, tout le village serait au courant : "Quand le sage montre la Lune, l'imbécile regarde le doigt", cette formule a fait le tour du globe... Et même plusieurs fois !

Mais, car il y a un MAIS, ce que le sage n'a jamais su et pour cause, c'est que tournant le dos à sa propre demeure, il n'avait pas vu ce que l'imbécile regardait au bout du doigt de notre philosophe.

Le doigt se trouvant à hauteur de l'une des fenêtres de la maison, notre imbécile heureux apercevait une toute autre Lune ! Celle de la jolie, et jeune épouse de notre philosophe connard et cornard !

Mais ça l'histoire ne l'a jamais raconté !



Quand le sage montre la Lune...,



L'imbécile la regarde !

(ch'tiots crobards Andiamo)

jeudi 7 février 2019

AndiamoUn fromage.

Maître corbeau sur un arbre perché

Tenait en son bec un fromage...

Dis voir Juan della Fuente, quel fromage ? Car enfin dans un pays qui compte près de 350 fromages différents (c'est pour cela qu'il est si difficile à diriger disait le grand Charles), et sur tous ces fromages tu n'es pas fichu d'en citer un seul ? Jeannot je te le dis tout net : "sur ce coup là tu ne t'es pas foulé"!

Allez mon Jeannot on va la refaire ta fable, mais à ma façon !

Maître corbeau perché, et l'air austère

Tenait dans son clapoir un Munster

Renart le goupil affamé et fauché

Radoche, voyant là une occase de jaffer.

Ciao mon noir et joli corback

Est-ce toi que j'ai vu à la Star Ac' ?

Tu as bluffé Lio, et même Manoukian

Près de toi Enrico c'est un gnan gnan !

L'emplumé, flatté, comblé, ne se sent plus pisser

Il claque du bec, rote un coup, et laisse tomber

Le Munster Alsacien, au fumet prometteur

Qui choit dans la gueule de Renart le flatteur

Merci noiraud, bien beau mais pas finaud

J'te laisse trois frites chourrées au Mac Do

La prochaine fois si tu n'veux pas qu'on te déplume

Va tenter ta chance à la roue de la fortune...

vendredi 7 septembre 2018

AndiamoLa piscine (sans Romy ni Alain).

Augustin s'était soudainement pris d'un goût irraisonné pour la natation, bien qu'ayant emménagé depuis une dizaine d'années dans cette résidence au pays de Nostradamus, résidence avec piscine s'il vous plaît, il n'avait guère fréquenté "la bassine" comme il la nommait de façon péjorative.

Et puis soudain, d'un coup d'un seul, il s'était mis à honorer de façon très assidue le bassin mis à leur disposition, allant jusqu'à effectuer quelques longueurs ! Cela devait sans doute le tonifier, car Augustin dès qu'il avait réintégré ses pénates, présentait sous son slip de bain années soixante, une protubérance que seule Germaine son épouse était en mesure de calmer, bref le couple était aux anges.

Ô bien sûr ils faisaient encore l'amour auparavant, comme un rituel, le samedi entre le J.T et le plus grand cabaret du monde, il avait coutume de dire mi goguenard mi sérieux :"le chapiteau est dressé, la représentation peut commencer".

Toutefois Germaine n'était pas dupe, elle avait remarqué que son Augustin de mari se prenait pour une otarie, depuis l'arrivée de la blondasse du rez de chaussée. Une grand belle femme, on dirait pour employer un langage d' aujourd'hui une MILF, qui chaque après midi ou presque, prenait ses quartiers sur les dalles surchauffées qui encadraient "la bassine".

Une grande serviette éponge chamarrée négligemment jetée sur le sol, elle commençait son effeuillage, vite fait l'effeuillage, car sous sa fine robe à bretelles elle ne portait qu'un slip "à minima", ses seins arrogants pointaient fièrement, alors elle s'étirait voluptueusement, s'agenouillait, puis se passait longuement de la crème sur le corps, insistant sur ses seins superbes, ses doigts caressants faisant jaillir les pointes brunes.

Augustin n'en perdait pas une miette, prenant bien soin de se baigner avant l'arrivée de la naïade, car nous connaissons tous les effets néfastes de l'eau froide sur la libido !

Quand la belle blonde s'étendait sur le ventre, Augustin rentrait chez lui, une serviette nouée autour des reins afin de dissimuler son émoi.

Alors c'était la fête, Germaine était ravie, Augustin redevenait son lion superbe et généreux. Ils offrirent même à la Dame du rez de chaussée fraîchement débarquée, une boîte de chocolats, pas de ces boîtes achetées au tabac du coin, que nenni, une boîte de chez "Jean Trogneux" le célèbre chocolatier, ayant pignon sur rue en la belle ville d'Amiens, elle ne sut jamais pourquoi, et ne le demanda point !

(ch'tiot crobard Andiamo)

samedi 21 avril 2018

AndiamoLe jardinier amoureux.

Sept Mai 1968, le soleil est déjà haut dans le ciel, Jean comme chaque matin a préparé le déjeuner pour "sa" Catherine, café noir, une grande tasse, deux toasts grillés, pas plus, et confiture d'oranges amères...

Délicatement il pousse la porte de la chambre, celle de Gilles leur fils, un grand garçon de 25 ans qui s'est marié l'an passé. Depuis la maladie de Catherine ils font chambre à part, elle dort très mal et c'est elle qui a tenu à occuper la chambre de leur fils "afin de ne pas te déranger mon chéri" a t-elle dit à son mari.

Jean a posé le plateau sur le bout du lit, puis a délicatement ouvert la fenêtre ,et poussé les volets de bois, afin de laisser entrer le généreux soleil.

- Catherine, c'est le room service, café noir et toasts grillés.

Un faible gémissement, Catherine a ouvert les yeux, autrefois si bleus et si pétillants, ils sont vides aujourd'hui, son corps autrefois magnifique est décharné, il a de l'appétit ce putain de crabe songe l'homme qui s'efforce de sourire.

Jean a aidé sa femme à s'asseoir, a bien calé les oreillers, puis a allumé le petit transistor "Sanyo", il n'est question que de facultés occupées, Jussieu, Nanterre...

Geismar, Marchais, Séguy, Krivine, et même un rouquin une grande gueule, un certain Cohn-Bendit vocifèrent à qui mieux mieux.

La grève s'étend de jour en jour, telle une immense pieuvre, Bien sûr Jean suit les évènements, il travaille dans une banque, celle qui n'a d'agricole que le nom ! Et d'ici à ce qu'elle suive le mouvement il n'y a qu'un pas !

Jean loue les services d'une voisine dévouée pour surveiller sa femme durant la journée, et dès que Madame Louise arrive, il s'éclipse.

Les bus, le métro, les trains, les aéroports, tout se bloque, la France est paralysée, Paris méconnaissable, au quartier latin ce sont des affrontements sans fin.

Puis un jour la banque se met en grève illimitée, Jean ne part plus le matin bien sûr, ça n'est pas plus mal, pense t-il avec amertume, ainsi je serai avec Catherine, quand viendra le moment.

Le moment est arrivé deux jours plus tard, Lorsque Madame Louise est entrée dans la maison précédée de son jovial BON... JOUR lancé à la cantonade, elle a trouvé un homme effondré au pied du lit, Catherine était partie.

Le mari de Louise est ingénieur des ponts et chaussées, ils habitent un peu plus loin sur le boulevard de la République, il est venu voir Jean, afin de lui apporter son soutien.

- Je pense mon cher voisin que vous allez avoir les pires difficultés à faire inhumer votre épouse, car je suis passé ce matin même devant les pompes funèbres, et j'y ai vu un immense calicot : PFG en grêve.

- Vous savez Claude, je m'en doutais a murmuré Jean, aussi ai-je pensé à une solution provisoire, je vais enterrer ma Cathy dans notre jardin devant la maison, sous le parterre de roses Baccaras qu'elle affectionnait tant, je ne vous demande pas de m'aider, je ne veux pas vous compromettre, et lorsque tout rentrera dans l'ordre, je la ferai inhumer au cimetière, je ne vous demande que votre discrétion.

- Cela va sans dire, ont déclaré d'un seul élan, ses voisins.

Resté seul, Jean est perplexe, comment habiller "sa" Catherine ? C'est alors qu'il aperçoit séchant sur les fils d'étendage de Madame Pichon leur acariâtre voisine, une magnifique robe d'organdi blanche, celle que portait sa fille pour son mariage quelques jours auparavant. Catherine et Nathalie faisaient la même taille songe Jean...

Précautionneusement, Jean a déterré les jolis rosiers, puis a creusé un trou profond, Cathy est superbe dans cette robe blanche, ses longs cheveux noirs étalés autour de son visage en soulignent les traits si fins, le tube de rouge à lèvres qu'il a retrouvé dans le tiroir de la coiffeuse de sa femme, un rouge qu'il lui avait offert juste avant la naissance de Gilles, et qu'elle conservait en souvenir. Jean l' a maquillée, ce rouge cerise lui sied à merveille, teint de porcelaine, cheveux de jais, ma petite Blanche Neige a t-il murmuré avant de replier le drap brodé qui lui servira de linceul. Ce matin Jean bine amoureusement ses rosiers, des Baccaras souligne t-il avec une certaine fierté ! Il y a deux jours, il a reçu confirmation que sa jolie maison de banlieue allait être rasée, au motif : "installation d'un giratoire au carrefour du boulevard de la République, et de l'avenue De Lattre de Tassigny".

Ah putain cette "giratomanie" des pouvoirs publics Français, à chaque habitant "son rond point " ! Les responsables du projet sont les instruits de la DDE, et le maître d'œuvre c'est Claude son voisin. Un soir Jean a invité ses charmants voisins pour un apéro, il est dix neuf heures, Louise et Claude sonnent, Jean leur ouvre la porte, sur la table basse, whisky, du Lagavulin s'il vous plaît, du Martini, du jaune comme il se doit ,et même une bouteille de "punt e mes" .

Les apéros ont été servis et Jean commence à bredouiller, d'un geste de la main, Claude l'interrompt.

- Louise et moi nous "savons", ne vous en faites pas, Catherine reposera en paix pour l'éternité sous ses baccaras.

Les années ont succédé aux années, le giratoire est toujours là, avec en son centre un magnifique massif de roses, les habitants de la charmante petite ville l'ont baptisé eux mêmes, et l'appellent "le rond point Baccara".

dimanche 4 mars 2018

AndiamoLune de sang.

Le grand château niché sur un piton rocheux dans la chaîne des Carpathes, la cérémonie a été grandiose, on avait convoqué le ban et l'arrière ban, ainsi que tous les habitants du village. Pensez donc Monsieur le Comte vient d'épouser la douce Adeline en la chapelle de sa magnifique demeure, le chapelain a célébré l'union des époux.

La grande cape noire aux revers rouges de Monsieur le Comte, tranche sur le blanc immaculé de la robe d'organdi à longue traîne de la jeune épousée, lui grand et mince, elle plus petite, un joli visage à la peau très pâle, diaphane, un teint de porcelaine comme il est décrit dans les romans à l'eau de rose, du genre "Arlequin" !

Le soir après un somptueux repas servi sur de longues tables couvertes de nappes blanches, les convives se retrouvent dans la grande salle d'apparat, des violoniste Tziganes animent le bal, Polkas, Mazurkas, Valses, les longues plaintes des violons ajoutent à la magie de l'instant. Des laquais empressés veillent à ce que rien ne manque, notamment les chandelles dans les candélabres d'argent, il faut que ça brille a dit Monsieur le Comte, et ça étincelle ! A en juger par les petites flammes qui brillent dans les yeux des invités, du marquis au plus humble paysan, chacun a fait honneur au maître de maison, et sorti pour l'occasion ses plus beaux atours.

La lune est apparue au-dessus du "Nagy-Bihar" le sommet le plus élevé, c'est une pleine lune bien rousse, comme la chevelure abondante de la belle Adeline. La clarté lunaire éclabousse de rouge les sommets enneigés de cette chaîne magnifique coiffée des neiges de l'hiver.

Un à un les couples un peu fatigués se sont retirés, les plus éloignés sont invités à demeurer au château, a profiter de l'hospitalité de Monsieur le Comte.

Le couple nouvellement uni est resté jusqu'à la fin, Monsieur le Comte tenant à veiller à ce que nul ne manquât de rien, ah ! Il sait recevoir Monsieur le Comte...

La grande salle est vide, les musiciens ont joué une valse, une dernière danse pour Monsieur le Comte et la toute nouvelle Comtesse, une valse lente de Monsieur Frédéric Chopin, la douce Adeline ne quitte pas son époux des yeux, ce dernier l'embrasse tendrement dans le cou.

Les dernières mesures meurent sur la chanterelle, Monsieur le Comte fouille dans sa poche, en tire une poignée de pièces d'or qu'il lance aux musiciens, ceux ci se courbent littéralement en deux afin de remercier leur généreux donateur.

Lentement les nouveaux épousés ont gagné leur chambre, la timide Adeline n'ose porter le regard sur son époux, qui lentement a fait glisser sa cape celle ci s'étale à ses pieds, corolle rouge et noire.

- Notre lune de miel commence mon amour a murmuré la douce mariée.

- Tout se passera bien cher amour, ne vous faites point de mauvais sang, et sachez Comtesse Dracula, puisque c'est ainsi que vous vous nommez désormais, sachez belle épouse que commence notre lune de sang !

La Lune de sang est un phénomène rarissime, car il nécessite la conjonction de deux phénomènes, une Lune pleine (au plus près de la Terre) et une éclipse solaire. Depuis 1900 il n'y a eu que cinq Lunes de sang !

(Photo N.A.S.A)

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