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lundi 14 septembre 2009

AndiamoLe rêve américain




Pour commencer cette très jolie chanson de : Philippe Labro pour les paroles, de J. halliday et de E. Bouad pour la musique.


L’Amérique ? Elle m’a fait rêver quand j’étais gamin. Ouais, j’vous entends : "c’était il y a fort longtemps". Il n’empêche que je rêvais de ce pays fabuleux. Pour un gamin, les cow-boys, les gratte-ciels, les G.I. qui étaient venus nous délivrer, avec dans leurs musettes des chewing-gums, du chocolat, et pour les adultes des Lucky Strike, c’était quelque chose, car après cette saloperie d’occupation il n'y avait que dalle, le moindre morceau de tissu était une aubaine, force était aux ménagères de savoir coudre et tricoter, faire bouillir la marmite avec pas grand-chose, ils me font marrer avec leurs conseils : "dépensez moins, consommez plus".

Elles étaient bien obligées ces femmes de dépenser moins, vu que leurs époux pour la plupart, du moins dans mon quartier, gagnaient une poignée de fifrelins après des semaines de soixante heures !

Alors, le rêve américain, on allait le cueillir au cinoche, avec en fond sonore les musiques des grands orchestres américains : Count Basie, Glen Miller, ou encore Duke Ellington… The Duke !

J'ai toujours aimé les B.D., étant gamin. C'était Tarzan et les beaux dessins de Burne Hogarth, Mandrake le magicien dessiné par Phil Davis, la fantôme du Bengale et le serment du crâne, sous la plume et le pinceau de Lee Falk.

C'est sans doute pour cela que j'ai toujours aimé dessiner, bien plus modestement que ces maîtres bien sûr !

BUICK 1948 "convertible"

Mon Amérique à moi ce sont ces belles tires, avec des chromes partout, des voitures qui donnaient envie de les posséder, Cadillac, Buick, Pontiac, Chrysler… avec des pédales larges comme des couvercles de lessiveuses ! Avouons que ça a de la gueule. Ça me fait doucement marrer, la taxe carbone, quand je pense que ces endoffés de donneurs de leçons se déplacent en jets privés, le moindre trajet et ce sont cinq ou six mille litres de pétrole qui sont brulés, et moi on va me culpabiliser avec mes cinq litres au cent ? Eh bien non : rien à foutre, ils veulent du fric, un impôt déguisé, mais le doyen, il n’est pas né de la dernière hausse des carburants.

Harley-Davidson Sporster 1961.

Mon Amérique à moi, c’étaient ces belles motos, chevauchées par les HELL’S ANGELS, c’était aussi "l’équipée sauvage", le beau film en noir et blanc de Lazlo Benedek avec Marlon Brando.

Du haut de nos chevaux, nous regardions les fumées (Yves Simon)

Les beaux Westerns de Henry Hattaway ou de John Ford, les cow-boys justiciers sous les traits de Gary Cooper, de John Wayne, les "méchants" Jack Palance ou Edward G. Robinson, que n’avons-nous hurlé dans nos p’tits cinoches ? Assis sur les banquettes de bois, applaudissant à l’arrivée de la cavalerie qui venait délivrer les courageux pionniers, chariots en cercle, cernés par les farouches Apaches ou autres Cherokees !

Si tu veux de moi
Pour t’accompagner au bout des jours
Laisse-moi venir près de toi
Sur le grand chariot de bois et de toile.

Une jolie chanson interprétée par Pétula Clark dans les années soixante, ces bringuebalants chariots qui emportaient les courageux pionniers, plus à l’ouest comme aurait dit le professeur Tournesol ! Ils affrontaient mille dangers et sortaient toujours victorieux des épreuves, le "happy end était de rigueur" !

Et les cruels indiens ? Longtemps j’ai cru que c’étaient des sauvages sanguinaires ! Il faut dire que les films de l’époque ne leur faisaient pas de cadeaux ! Ils massacraient les femmes et les enfants, scalpaient à coups d’Opinel ravageur, fourbes et menteurs, voilà comme on nous les présentaient.

Jusqu’au jour où j’ai vu "la flèche brisée", avec Jeff Chandler, enfin un indien au grand cœur.

CUTTY SARK

L'évasion, c'était également ces grands voiliers, les Clippers, ces navires fins comme des lévriers, rapides, plus de neuf noeuds à l’heure (mieux que la Marie du port) et qui reliaient l’Europe à la côte ouest des Etats-Unis en doublant le cap Horn, certains reliaient l’Australie à la Californie, également la côte ouest des Etats-Unis, à la côte est, avant la mise en place du grand cheval de fer. D’origine britannique, ils furent copiés par les Américains.

Ils faisaient rêver ces magnifiques trois mâts, non ? Je vous ai dessiné l’un des plus fameux : le CUTTY SARK.

Hollywood ! L’antre de Merlin, la magie du cinoche, les blondes langoureuses, les rousses incendiaires, la belle Ava Gardner : le plus bel animal du monde, l’avait-on surnommée, qui l’a vue dans la "Comtesse aux pieds nus" ou dans "Mogambo" ne l’oubliera jamais, c’est mon cas ! Il y avait d’quoi titiller l’imaginaire ! Elles étaient intouchables, pas de presse PIPEULE, on ne savait rien de leur vie privée, auréolée de mystère, elles passaient sur nos pauvres écrans carrés, telles les fées de mes contes d’enfant.

Allez je n’ai pas résisté un ch’tiot crobard de la belle brune

A Drancy, se dressaient cinq tours : les quatorze étages, ce furent les premiers "gratte-ciels" construits en France, ils jouxtaient les bâtiments où les Juifs furent emprisonnés avant leur déportation durant l'occupation, la cité de la muette, qui abrita après guerre, un régiment de gardes mobiles.

Nous qui habitions dans des quartiers dits pavillonnaires, nous les enviions, tu penses crêcher tout en haut… Quelle chance ! Nous ne savions pas que, quelques années plus tard, ces mêmes cités deviendraient des enfers ! Mais minots, New-York nous émerveillait, tu penses.

Pour terminer, le mont Rushmore, un hommage grandiose des U.S.A, à ses grands présidents, Georges Washington, Thomas Jefferson, Théodore Roosevelt, Abraham Lincoln, qui ont fait ce que l’Amérique aurait dû rester : une machine à rêves.

Ch'tiots crobards : Andiamo pour Blogbo.

Après autant de boulot, je pars en vacances en pays Bigouden, je l'ai bien mérité n'est-ce pas ?

Si vous commentez, je vous répondrai dès mon retour.

Merci à toutes et tous.

vendredi 12 juin 2009

Saoul-FifreIl court, le furet (comptine pour adulte 14)

Cette après-midi, réminiscence inconsciente ou redécouverte fortuite en solitaire, j'ai trouvé la contrepèterie cachée dans "Il court, il court, le furet", et comme il y a longtemps que je ne vous avais pas fait de comptine pour adulte je me suis dit comme ça : "Soufifrounet, sois bon avec le Grand Lectorat, il te le rendra au centuple."

Bon, j'ai fait une petite vérification google et c'est entendu, je ne revendique en aucune façon une quelconque primauté d'inventeur : "il fourre, il fourre le curé" entre guillemets, ça nous sort la bagatelle de 146 pages !! J'arrive un peu après la bataille, quoi ?

Mais comme personne n'a écrit la comptine complète, et que la version dite "originale" est un peu mièvre, votre serviteur, toujours sur la brèche, s'y est employé d'arrache-doigt (saloperie de clavier).

Je sais, je sais qu'Andiamo n'aime pas qu'on tape toujours sur les mêmes, à savoir les catholiques, mais il reconnaitra que l'actualité nous y pousse, avec le scandale récent dans l'église irlandaise.

Il fourre, il fourre, le curé
les messieurs et les mesdames
Il fourre, il fourre, le curé
les enfants de chœur aussi

Il a percé par ici
Il rapacera par là

Il bourre, il bourre, le curé
Le bout du curé, Mesdames
Il cure, il cure le bourré
Le cul du bourré joli.

Il a blessé par ici
Il rechassera par là

Comptine d'origine

lundi 1 juin 2009

AndiamoA.D.N.

Lesconil, port de pêche en pays Bigouden, près de la pointe de Penmarc’h, un pays magnifique et rude à l’image de ses hommes, marins courageux et durs à la tâche.

Début mars, le temps est gris, il pleut à seaux, la mer est mauvaise, le printemps approche, mais il y a en cette saison parfois de sérieux "coups de tabac".

Cédric Le Gall, bien campé dans ses bottes jaunes, surveille l’embarquement, tout en prenant sa part de labeur. C’est le début de la pêche à la langoustine, plusieurs heures pour atteindre "la grande vasière", lieu de prédilection de ces crustacés.

La "Morgane" est un solide chalutier, construit en bois de pêche aux chantiers de Léchiagat. A son bord cinq hommes :

- Cédric le "bosco" ou maître de manœuvre, on pourrait dire : le capitaine.

- Le maître coq, chargé des repas, matelot, en dehors du service.

- Et trois hommes affectés à la manœuvre, aux treuils, et au relevage de la pochée.

Parmi ces hommes, Yvon Le Mennec et Julien Trouadec, Julien un enfant de la D.A.S.S, élevé au Guilvinec, tout proche, abandonné à la naissance, d’une mère ayant accouché sous X.

Quelques années plus tôt, Yvon et lui avaient jeté leur dévolu sur la même jeune fille, la douce Marie. Le Mennec, l’avait emporté, dans cette "joute", puis l’avait épousée tout naturellement une dizaine d’années plus tôt.

Pourtant Julien et elle avaient beaucoup de choses en commun : tout d’abord et surtout, une enfant de la D.AS.S, elle aussi, née de mère inconnue, comme lui, ça aurait dû les rapprocher, mais Marie en avait décidé autrement, peut-être un peu pour ne pas avoir son propre reflet devant elle chaque jour.

Certains signes ne trompaient pas : Julien se rendait bien compte que la douce Marie n’était pas heureuse, plusieurs fois il avait constaté qu’elle portait sur le visage des traces de coups. "Je me suis cognée", bredouillait-elle en guise de justification.

Les 220 chevaux du diésel arrachent sans peine le chalutier, qui après un large virage prend la direction de la pleine mer.

Cédric le Gall est à la barre, à coté de lui, la V.H.S est allumée. Les pêcheurs, nombreux dans le secteur, restent en contact permanent, il y va de leur sécurité, toutefois le canal 16, lui n’est utilisé qu’en cas de danger, il sert notamment à envoyer les S.O.S en cas de besoin.

Pas moins de trois heures de route avant d’atteindre la zone de pêche, l’équipage en profite pour se reposer, car ils se sont levés à 3 heures ce matin pour appareiller, un petit roupillon avant d’attaquer les hostilités !

Ils font entièrement confiance à leur capitaine. Il saura éviter l'Ynizan, ces rochers à fleur d’eau situés face au port.

Huit heures, la mer est forte, le vent d’ouest s’est renforcé, ça ne va pas être une promenade de santé songe Le Gall, la "Morgane" est sur zone : la grande vasière un plateau situé au sud des îles Glénan, en cet endroit de mars à juin, on pêchera les demoiselles, nom affectueux que l’on donne aux langoustines par ici.

Yvon et Julien sont à la manœuvre des treuils, Yvon a bu, comme à son habitude, s’il n’était pas un cousin de son épouse, il y a belle lurette que Le Gall l’aurait renvoyé.

Le treuil, c’est une manœuvre délicate, de là dépend toute la pêche. Des chaluts qui s’emmêlent et ça peut être la catastrophe, surtout par des mers comme aujourd’hui.

- Ça ira ? interroge Cédric en regardant Yvon.

L’interpellé tourne la tête.

- Pourquoi qu’tu veux qu’ça va pas ? Torr-penn !

Les chaluts sont mis à la mer, le travail des matelots préposés à la manœuvre des treuils est prépondérant, c’est à eux de "sentir" si le treuil n’accroche pas.

Il n’est pas rare même à notre époque que des carcasses d’avions datant de la dernière guerre se prennent dans les filets ou, pire, des mines encore actives. A la moindre tension anormale des funes (câbles qui retiennent les chaluts), il faut relâcher, car un câble qui se rompt et ce sont les torons d’acier qui tournoient d’un coup à une vitesse fulgurante et sont capables de décapiter son homme en moins de temps qu’il ne faut pour le dire !

Soudain le treuil d'Yvon semble avoir des difficultés, alors il abandonne un moment son poste, chose que l’on ne doit JAMAIS faire, mais est-ce son état d’ébriété ?

Toujours est-il qu’il se penche, au même moment une déferlante s’abat sur le tribord de la "Morgane", Yvon chancelle, perd l’équilibre et bascule, il reste accroché au plat-bord.

Julien a tout vu, mais il ne bouge pas. Dans sa tête, le sourire de Marie. Il ne la mérite pas, songe-t-il. Deux ou trois secondes s’écoulent, puis il quitte son treuil lui aussi et se dirige vers Yvon. Une autre grosse vague, Julien se cramponne, ferme les yeux. Quand il les ouvre de nouveau, Yvon a disparu !

Julien se penche, la mer bouillonne, pas de trace de son co-équipier, il regarde un peu plus loin et le voit. Il est retenu à la grosse chaîne qui assure le parallélisme entre les deux chaluts, son corps est ballotté, sans cesse sa tête poussée par les vagues heurte la manille d’acier qui relie les morceaux de chaîne, on distingue une large plaie au niveau du temporal droit.

Vite ! Il faut avant tout remonter la pochée, laisser les chaluts comme ça, c’est trop dangereux par une mer démontée, il suffirait que les chaluts s’emmêlent et la Morgane pourrait chavirer. Une par une, les pochées sont remontées, les nœuds de cul desserrés, ce sont eux qui assurent la fermeture du filet, la pêche est là sur le pont.

Le corps d’Yvon à moitié recouvert de poissons et de langoustines, le spectacle est morbide.

Alors deux hommes plus le capitaine se chargent d’emporter le corps, ils l’allongent sur sa couchette et le recouvre d’une couverture grise, un petit signe de croix, puis ils remontent.

Julien est déprimé, Le Gall a posé la main sur son dos :

- Ne culpabilise pas Juju, Yvon n’était pas dans son état normal, c’est moi le coupable, je n’aurais pas dû le laisser à la manœuvre vu l’état dans lequel il se trouvait.

Il n’empêche que dans son for intérieur Julien se sent responsable : qui sait si sans ces quelques secondes d’hésitation il ne lui aurait pas sauvé la vie… Qui sait ?

Rentrés à terre, il a fallu apprendre la nouvelle à Marie, elle ne s’est pas effondrée, juste un peu le regard voilé.

Marie est de santé fragile, elle est venue au monde avec un seul rein, et encore pas bien gaillard le rein. Avec Yvon, ils n’ont pas eu d’enfants. Dans son état, ça n’aurait pas été prudent. Est-ce pour cela que son mari s’était mis à boire puis à la frapper ?

De toute façon, il est trop tard pour ce genre de question.

La vie a repris, comme le dit la formule consacrée, la pêche aux "demoiselles" a été bonne. Presque chaque jour Julien rend visite à Marie. Elle apprécie sa compagnie. Quant à lui, son lourd secret est un peu difficile à porter, un seul regard de la douce… Il oublie tout.

Et puis un matin, Marie ne se sent pas bien, elle est fiévreuse, le médecin diagnostique un problème rénal, il faut l’envoyer de toute urgence à Rennes. Ces derniers temps, il a fallu rapprocher les séances de dialyses, ce qui n’empêchait nullement Marie d’avoir constamment une petite fièvre.

Ton rein est fichu ma pauvre petite, lui avait déclaré le médecin qui la connaissait depuis de nombreuses années, il va falloir sérieusement envisager une transplantation… Seulement trouver un donneur compatible, ça n'est pas une mince affaire !

Dès qu’il a appris la mauvaise nouvelle, Julien sans l’ombre d’une hésitation s’est porté volontaire. Il est là ce lundi dans la chambre, aux murs bleus de l’hôpital de Rennes, il tient la main de Marie.

-Je ne peux pas te demander ça Julien, c’est trop risqué !

- Ce qui serait risqué ce serait de ne pas le faire… Je t’aime Marie, depuis toujours, tu le sais bien, laisse-moi te faire ce cadeau. D’ailleurs, avant de venir te voir, j’ai pris rendez-vous afin de faire tous les tests de compatibilité.

Marie l’enlace et dépose un baiser sur ses lèvres, Julien se sent fondre.

- Je t’aime moi aussi, lui dit-elle, si je ne t’ai pas choisi il y a dix ans…

- CHUUUT, Julien a posé son doigt sur ses lèvres, je ne veux pas savoir, ce qui compte c’est aujourd’hui, et ce que nous allons faire : te sauver !

Julien est revenu, il a passé la journée au CHU de Rennes, radios, prises de sang, scanner, le diable et son train comme l’on dit !

Il en a profité pour aller rendre visite à sa malade préférée, ils se sont longuement embrassés.

- Nous serons fixés dans quelques jours, je reviendrai, je croise les doigts pour que nous soyons compatibles, ce serait une telle joie.

- Tu es trop gentil Julien, a-t-elle murmuré avant de se rendormir.

Une semaine plus tard, Julien revient à l’hôpital, n’y tenant plus il se rend directement au bureau de la responsable de l’étage, avant même d’aller voir Marie.

- Monsieur Trouadec, votre sœur a bien de la chance d’avoir un frère tel que vous ! L’opération va pouvoir avoir lieu, vous êtes parfaitement compatibles, et ça n’est pas toujours le cas entre frères et sœurs !

- Ma… Ma sœur ?

- Ben oui ! Madame Marie Le Mennec, c’est son nom de femme, n’est-ce-pas ? Mais vous me faites marcher Monsieur Trouadec, en tout cas les analyses A.D.N sont formelles et elles ne se trompent jamais… ELLES : Marie Le Mennec est votre demi-sœur, vous avez Papa ou Maman en commun ?

Dessin : Andiamo 2009 pour Blogbo.

vendredi 22 mai 2009

AndiamoDeux pour un

C'est le pont de l'ASCENSION, vous êtes partis vous aérez les éponges, et vous avez bien raison !

J'avais préparé une histoire, un peu sombre comme d'hab', et puis je me suis ressaisi : pourquoi ne pas poster deux bluettes, HEIN ?

Deux petites nouvelles bien courtes, mais n'est-ce pas un avant-goût de vacances, ce long pont de l'ascension ? Les prémices du long farniente qui vous attend prochainement.

Voyez-vous, ce que je trouve injuste, c'est que maintenant que je suis retraité : je n'ai plus de vacances !


1 : SERAPHINE

Eperdu d'amour, Anselme, son gros pavé noué autour du cou, s'avance jusqu'à l'extrême bord du canal.

Il fait nuit, c'est l'automne, le faible halo du bec de gaz, situé bien trop loin, de l'autre coté du canal, ne dispense qu'une très faible lueur.

Dans ses yeux humides lui revient l'image de Séraphine, celle qu'il avait tant aimée, celle qui venait de le quitter. Un sanglot l'agite. Tiburce, l'infâme Tiburce, lui a ravi son aimée.

Tiburce, SON contrôleur fiscal, celui qui trois mois plus tôt, lui avait dépêché un contrôle fiscal, provoquant sa ruine !

Anselme s'avance encore, la pointe des pieds dans le vide, l'odeur putride du canal lui parvient aux narines.

Ah ! Mourir dans une crasse pareille, quelle fin ! songe-t-il.

Le buste penché en avant, Anselme bascule....

SPLATCH ! Dans la gadoue, Anselme se débat dans la gadoue, il tempête, hurle, vocifère.

Pour cause de réfections, quelques jours plus tôt on avait fermé les écluses, puis asséché l'endroit qu'Anselme avait choisi pour mettre fin à ses jours. Cet endroit, Séraphine l’aimait beaucoup : quasiment chaque soir, Anselme et elle venaient s’y promener, son doux regard croisait le sien… Comme ils étaient heureux alors.

- Séraphine ici !

Sur le bord du même canal, un gros adipeux prénommé Tiburce, contrôleur fiscal de son état, promène sa chienne Labrador, un amour de toutou.


2 : POURQUOI ?

Pourquoi ? Pour qui ? Avez-vous tué tous ces hommes ? Interroge le juge Larrieux.

Pour toute réponse, debout dans le box des accusés, l’homme sort de sa poche une petite photo en noir et blanc, un peu froissée, un peu écornée … Le long séjour en préventive sans doute.

La photo circule de main en main, puis finit dans celle du président, il ajuste ses lunettes, éloigne légèrement la petite photographie, cherche le meilleur éclairage, Son visage pâlit soudain, son menton s’affaisse…

Fran… Françoise murmure-t-il !

lundi 22 septembre 2008

Saoul-FifreComptines pour adultes (13)

D'habitude, c'est Tant-Bourrin qui s'y colle. Nul rôle pré-défini entre nous là dessous, ce doit être chez lui une préférence pour ce genre de sujet scabreux et nauséabond, bien que je ne crache pas sur une petite cacaterie de temps en temps. Mais la preuve par le texte est là, notre TB national a souvent trouvé "matière" à inspiration dans ses plus basses œuvres. Si vous n'êtes pas bégueules, vous pouvez vous replonger dans ses productions les moins ragoûtantes ici ou , dans ses appétissants produits dérivés beurk et wrouar ou ses chansons merdiques !

Pour ma part, désirant amener une certaine atmosphère de solidarité en ce blog, et sentant dans ce sujet un air d'actualité grâce à la délicate Christine Angot nous racontant par le menu dans son dernier incunable comment son gynécologue préféré spécule à lui introduire son spéculum perso dans le fondement de son culte, je me suis lancé dans cette aventure moderne, d'autant qu'il y avait longtemps que je ne vous avais point moulé une petite "Comptine pour adultes"

Voici donc, sur un rythme staccato, une Marche des rois un peu scacato sur les bords et même au centre.

De bon matin
J'ai pris ton arrière-train
Devant l'express de six heures trente qua-atre
De bon matin
J'ai pris ton arrière-train
Quelle cohue au guichet sous tes reins !

Venait d'abord
Ce qui tient au corps
Des mets bien gras sous une sauce brunâ-âtre
Venait d'abord
Ce qui tient au corps
Dans ce tunnel, voulant sortir dehors !

Puis dare-dare
Tartar' des plus bizarres
Venaient les plats de la veille en mélan-ange
Puis dare-dare
Tartar' des plus bizarres
De la purée formant un gros cigare !

Mais, droit devant
Vient un mécréant
Qui prend ses aises, occupe toute la pla-ace
Mais, droit devant
Vient un mécréant
Jouant les empêcheurs de chier gaiement !

Chacun restant
Ferme dans son élan
La catastrophe était inévita-able
Chacun restant
Ferme dans son élan
L'explosion fit un bruit assourdissant !

Comme un typhon
Du sol au plafond
Tout se couvrit de merde avec enthousia-asme
Comme un typhon
Du sol au plafond
Tout fut crépi d'un bel enduit marron !

mercredi 27 février 2008

AndiamoConte pour grands z'enfants

Ah, mortecouille ! s'écria le Chevalier de Castelniquon, en prenant connaissance du parchemin que lui tendait son Seigneur et maître le Sire de la Morvelle, un ultimatum Messire ? Un ultimatum de ce foiruteux Marquis de l'Aiguillette, ce félon justement empêché de l'aiguillette ! Un rire gras accompagna cette boutade. Comment ce chiasseur ose-t-il menacer sa Seigneurie ? S'attaquer à ses biens ? Forts modestes au demeurant !

Que nenni, je le pourfendrai, l'estoquerai, frappant du plat et de la pointe, l'embrochant comme vulgaire volaille ! Donnez-moi Messire quelques vaillants porte-hallebardes, quelques braves archers, et nous vous ramènerons ce faquin, ce tire-laine, ce pousse-cailloux.

Allons, Chevalier, calmez vos ardeurs, tempéra de la Morvelle, et gardez l'icelles pour guerroyer, ne jetez pas la tronçonneuse après l'escalier (ça ne veut strictement rien dire, et de surcroît : anachronisme)

Si fait, mon Seigneur, je vais de ce pas quérir mes braves, et disposer les chariots en cercle.

Ah la belle âme, le preux Chevalier, prêt au sacrifice suprême pour l'honneur de son Seigneur ! Qui aujourd'hui serait prêt à offrir sa vie pour son bien-aimé Président ? Levez la main que j'vous compte, attention je n'ai que dix doigts, 1, 2, 3, 4..7, ça va j'aurai assez de doigts, ouf j'ai eu peur !

De Castelniquon recula pour ne point tourner poulaines devant son Seigneur, puis se rendit en salle des gardes.

Quelques gaillards étaient attablés, buvant, à même les pichets, une horrible piquette qui faisait des centenaires à ne plus que savoir en faire, si elle ne leur tournait pas la tête ! Mais où j'ai trouvé ça moi ?

Mordiou, ventre saint-gris, ah ça ! Foin des beuveries, z'allez l'ver vot'cul, et z'allez m'briquer c'te turne, ça r'naude grave, exécution ! Vous voyez, 7 ou 8 siècles plus tard, le langage vernaculaire usité dans les chambrées n'a guère évolué, si ce n'est qu'à la fin de la phrase il s'est enrichi d'un DEDIEU !

A l'heure où blanchit la campagne, ils partirent cinq cents, mais point de prompts renforts, les foireux, les couards, les chie-en-braies, les trembloteux du pourpoint, caltés ! volatilisés ! terrés en quelque obscur vallon !

Quand de Castelniquon arriva en vue de l'austère château du Marquis de l'Aiguillette, il se retourna pour la première fois depuis son départ, stupéfaction ! Ils n'étaient pas trois mille en arrivant à bon port, mais une poignée, cinq hommes en tout !

Rien que des sourds (on dirait aujourd'hui mal-entendants, ça n'améliore pas leur audition hélas, je dis cela car avant une intervention, j'étais myope comme une taupe, mes carreaux auraient pu servir de hublots au commandant Cousteau, j'étais atteint d'une déficience oculaire assez conséquente ! Moi, je disais tout simplement "je vois clair comme un tas d'sable", c'est la même chose et au moins ça fait marrer), aucun d'eux n'avait compris ce qu'on lui demandait, ils avaient suivis, connement.

Que faire se demanda Castelniquon ? Demi-tour ? Fort importun, je ne suis point un couard, un fielleux, un chie-en-chausses, guerroyer certes, à un contre dix passe encore, mais un contre cent ? N'est-ce point trucidement ? TRUCIDEMENT ? Un péché mortel !

Mortel qu'il était le péché, la vache ! Rôtir dans les flammes de l'enfer, se faire sodomiser par des diablotins montés comme des bourricots ! Se faire enfourcher les joyeuses par des incubes en mal de mignardises, émasculé par des trolls sodomites ! Ah foutre non, et pour la première fois de sa vie le Chevalier de Castelniquon se mit à réfléchir.

Soyons rusé, gambergea-t-il, soyons chattemite comme un vieux prélat, entrons dans la place, en douceur, demandons asile, les lois de la Chevalerie obligent à l'hospitalité, un petit rictus de satisfaction lui tordit la bouche sous son heaume... Et puis j'aviserai.

Oh là du pont-levis ! Je suis le Chevalier de Castelniquon, flanqué de quelques-uns de ses preux, baissez le pont-levis, levez la herse, rambutez les merchandeaux, caratez la chandouille, débigoisez les paloins (tout et n'importe quoi).

Dans l'horrible cliquetis des chaînes, la lourde herse se leva, tandis que le pont-levis s'abaissait lourdement.

Suivi de ses soudards, Castelniquon pénétra dans la cour du château, les palefreniers se précipitèrent afin de conduire les montures de nos héros aux écuries. Le Chevalier se rendit aussitôt aux appartements du Marquis, petite courbette : "Marquis, je vous salue bien bas, mon maître le Seigneur de la Morvelle, vous adresse par ma modeste personne son plus profond respect".

Fort bien Chevalier, asseyez vous séant à cette table en ma compagnie et celle de Dame Frénégonde, ma Mie, et partagez notre frugal repas.

Ah mordiou, enfer et damnation, la donzelle et néanmoins épouse du Marquis était la plus sublime des créatures que l'on eût vu : la belle jouvencelle, pâle aux yeux clairs sous son haut hennin, ses mains gracieuses posées devant elle, comme deux papillons. Jamais le Chevalier n'avait vu si belle personne.

Ah le porc ! songea le preux, une si belle épouse donnée à pareil pourceau, autant filer une framboise à un âne, de la marmelade aux sangliers, des poulardes aux chacals, et enfin une bien nichonnée à un manchot ! Quel gâchis !

En guise de frugal repas, les hommes s'empiffrèrent comme des gorets, burent comme des éclusiers, rotèrent comme manants en indigestion ! Puis vînt l'heure de se séparer, le Marquis fit donner une chambre au Chevalier, et chacun rentra dans ses appartements, l'invité remarqua que la Marquise faisait chambre à part.

S'étant couché, le Chevalier ne trouva point le sommeil, il songeait à sa mission, et surtout à la belle Dame. Sanguin de nature, les tourments de la chair commençaient à l'assaillir. Il se leva, sortit de sa chambre, longea le froid et obscur corridor (les corridors sont toujours froids et obscurs, z'avez remarqué vous aussi ?), puis s'arrêta devant l'huis de Dame de l'Aiguillette, il gratta doucement le bois de la lourde porte, cette dernière s'ouvrit immédiatement, surprenant l'audacieux.

Une poigne vigoureuse l'attira violemment sans qu'il put se défendre, aussitôt des lèvres se collèrent aux siennes, tudieu quelle fougue que cette donzelle songea l'écornifleur.

Prestement l'impatient ôta ses vêtements, puis flamberge au vent il se jeta sur la fluette Marquise, lui formulant moultes promesses : j'vas t'casser les pattes arrières, te péter la charnière, t'éclater les vergetures, te gamahucher jusqu'à tant que tu louches, fumelle lubrique, j'vas t'curer les douves !

Et l'autre qui bafouillait OOOOOOH voui, mon beau coq de combat, mon taureau fougueux, viens que j'te casse une canne, j'vais t'faire une tabellionnade (aujourd'hui on dirait une cravate de notaire), je vais te ravager l'entresol, te décalcifier l'boutoir, te dégorger le tournebout à grelots, tu ne sauras même plus comment tu t'appelles !

Castelniquon exhibant ses virils attributs lui demandait les yeux exorbités : et dans ton pays, les canards y-z'ont-y un bec comme ça ? J'vais t'accrocher aux tentures, te faire bouffer les bois d'lit, sûr j'vais t'mettre à la tête d'une grosse affaire, comme une carpette que j'vais t'rendre à l'autre empêché du kangourou (ouais, je sais, mais j'anticipe, et puis merde c'est moi qui raconte) ! Tu vas t'en souvenir de mon olifant à crinière, je suis Verseau ascendant recto, et je vais te le prouver séant, j'vas te r'tourner le fondement comme une vieille paire de chausses !

ENCOOOORE, OUIIII je suis ta CHOOOOSE. Ah ! elle avait l'extase explosive la délaissée du calbute !

Au matin, nos deux amants anéantis par leurs nocturnes exploits constatèrent les dégâts. Les bois du lit avaient rendus l'âme, le lourd baldaquin tendu de serge rouge gisait au sol ! La grande tapisserie qui ornait le mur, pendait lamentablement, la déchaînée l'avait arrachée sous les assauts intempestifs et combien titanesques de Castelniquon !

Un désastre, Pearl-Harbor, Hiroshima, Waterloo, La Motte-Picquet-Grenelle. Ah pute vierge ! S'écria l'ex-flamboyant Chevalier (je dis l'ex, car il n'était plus du tout flamboyant), fini le marteau-piqueur, la perceuse à percussion. Le burineur des esseulées, le fourrageur des basses fosses, ratatiné, recroquevillé le bulot, larvaire qu'il était, pas même un soupçon d'arrogance ! Espongé par la sangsue Marquisienne, vidé comme une outre après quinze jours passés dans le Ténéré !

Reluquant la petite chose toute fripée pendouillant devant elle, Dame Frénégonde éclata de rire, un rire ENORME, apte à réveiller le château tout entier !

Ce qu'il parvint à faire d'ailleurs. On court, on se précipite, on s'interroge, on se bouscule... Tout à coup le Marquis de l'Aiguillette fait irruption dans la chambre de sa Mie !

Ah foutre ! Que faites vous Chevalier, mantule au vent ? Sans vos braies, et devant Dame Frénégonde ma juste épouse ? Ne me dites pas que vous attendez le coche de treize heures !

Certes non, balbutia le coupable, c'est qu'ayant entendu vot'Dame s'esclaffer, je me suis précipité craignant que quelque malmeneur de vertu se soit introduit dans sa chambrette.

Alors le Marquis partit d'un grand rire, imité en cela par son épouse : allons Chevalier, ne vous troublez point, tout ceci n'était que mise en scène, la Marquise comme vous avez pu le constater possède fort bon appétit, et fait grande consommation de jouvenceaux. Toutefois vous méritez un satisfecit : jamais encore pareil tournoi amoureux n'avait retenti dans ces murs. Le sus nommé baissait la tête rouge de confusion.

Euh, pour le baldaquin, Messire, je paierai, j'ai un cousin qui vend de la serge, je le remplacerai, je vous le promets, à moins que vous ne préfériez un bon de cretonne ?

Ne vous excusez pas mon bon : vous êtes une épée de plumard Chevalier, un sabre de pucier, un épieu de traversin, une hallebarde de sommier !

Tout le monde connaît mes faiblesses, aussi voulant conserver Dame Frénégonde près de moi, je vous retiens, vous serez le prisonnier de la Marquise, à ce titre je vous nomme "Grand pourfendeur de conins" !

Oublieux de sa mission, pour les beaux yeux (et le reste) de Dame Frénégonde, de Castelniquon, le pieux Chevalier resta l'invité du Marquis.

La Marquise et le Chevalier ne se marièrent jamais, et pour cause, mais ils eurent beaucoup d'enfants, pour la plus grande joie du Marquis.


"Et dans ton pays, les canards y-z'ont-y un bec comme ça ?"


   Dessin Andiamo 2008

dimanche 19 août 2007

Saoul-FifreComptines pour adultes (12)

Ce n'est pas la première ni la dernière, et les autres comptines pour adultes sont here , par ici , par là , ici là-bas là aussi ici itou tout là-bas même là et clique aussi là-dessus

Pour se rafraîchir la mémoire avec les paroles et l'air originaux, c'est là que ça se passe

Il était un petit saty-re
Il était un petit saty-re
Qui n'était ja-ja-jamais fatigué
Qui n'était ja-ja-jamais fatigué
Allez, allez...

Refrain :
Allez, allez, au boulot
Montre-nous qu't'es pas un rigolo
Allez, allez, p'tit saoulaud
N'aies pas peur de nous en faire en trop !

Il introduit son long zob lar-ge
Il introduit son long zob lar-ge
Dans sa mèr' qui-qui-qui l'faisait téter
Dans sa mèr' qui-qui-qui l'faisait téter
Du lait, du lait...

Refrain

Au bout de 5 à 6 semai-nes
Au bout de 5 à 6 semai-nes
L'envie lui vint-vint-vint d's'émanciper
L'envie lui vint-vint-vint d's'émanciper
Ah mais, ah mais ?

Refrain

On tira z-à la courte bi-te
On tira z-à la courte bi-te
Pour savoir qui-qui le f'rait décharger
Pour savoir qui-qui le f'rait décharger
Allez, allez...

Refrain

Le sort tomba sur la plus chau-de
Le sort tomba sur la plus chau-de
Et son vit fut-fut-fut vite vidé
Et son vit fut-fut-fut vite vidé
Allez, allez...

Refrain

Elle demanda du rab' de sau-ce
Elle demanda du rab' de sau-ce
Et s'jeta sur-sur le garde-manger
Et s'jeta sur-sur le garde-manger
Allez, allez...

Refrain

Ses lèvres le ragaillardi-rent
Ses lèvres le ragaillardi-rent
Et ses gross's couill's-couill's-couill's se remplissaient
Et ses gross's couill's-couill's-couill's se remplissaient
Olé, olé...

Refrain

Il fit ainsi le tour du mon-de
Il fit ainsi le tour du mon-de
Sans débander-der-der ni s'reposer
Sans débander-der-der ni s'reposer
Holalala...

Refrain

Quand on le mit dedans son cer-cueil
Quand on le mit dedans son cer-cueil
Le couvercl'on-cl'on cl'on ne put fermer
Le couvercl'on-cl'on cl'on ne put fermer
Comment qu'on fait ?

Refrain : T'as fait, t'as fait ton boulot
T'arrête de faire ton rigolo
Faut bien qu'on fass' notre boulot
Et que l'on te le coupe au couteau !

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