C'était jour de congé et Dudu se baladait dans le centre-ville, l'œil a l'affut d'une proie féminine à sa convenance. Il en repéra une et l'aborda à l'aide d'une de ces phrases toutes faites censées le rendre automatiquement sympathique. Le sourire craquant avec lequel il prononça les mots emporta l'adhésion de la fille et elle accepta de le suivre et de boire un verre avec lui. Là, il lui raconta le baratin qu'il finissait par connaitre par cœur, à force de le sortir à d'autres. Marié avec deux enfants, il affirma pourtant avec aplomb à la petite qu'il était célibataire et qu'il recherchait une liaison sérieuse et stable. C'est pas joli de mentir mais classique. Pas méfiante pour deux shekels, cette déclaration du séducteur de trottoir prononcée avec conviction fut suffisante à la nana pour qu'elle le suive aussitôt sous une cage d'escalier proche où elle lui donna ce à quoi leurs corps aspiraient : un rapport sexuel complet qui les satisfit tous les deux.

Bon, ça c'est fait. Hélas, elle apprit dans les jours qui suivirent qu'il lui avait raconté bobard sur bobard. Le mensonge qui lui resta le plus sur l'estomac, bizarrement, fut cette adoption d'un faux prénom. Le soi-disant Dudu (diminutif de David) s'appelait en réalité Sabbar et était israélien, certes, mais d'origine arabe. Et sa compagne de plaisirs interlopes et fugaces, juive, vous l'avez deviné.

Elle porta plainte contre lui et les juges israéliens tombèrent d'accord que l'attitude de ce monsieur avait manqué totalement d'élégance et le condamnèrent à 18 mois ferme pour viol. Ben oui, quoi, pourquoi pas pour viol ? C'est sexuel, alors l'abus de confiance simple leur a semblé un peu léger. Il fallait marquer le coup, aussi : que tous ces arabes comprennent bien une fois pour toutes que nos filles ne sont pas des sacs pour leur foutre !

Bon, je suis bien certain que la même situation dans un pays musulman, inversée, ne doit pas être trop agréable non plus à vivre. Avec les résurgences de plus en plus à la mode de la Loi du Talion, le dragueur de supermarché risque fort d'y perdre les oreilles et la queue, sous le couteau moraliste d'un religieux intransigeant.

Mais la résistance s'organise contre ces religions qui s'interposent au milieu du bonheur de deux personnes. Je me souviens de Jaffa, ce film magnifique, sélection officielle au Festival de Cannes 2009, qui aborde le sujet des mariages mixtes. En Israël, seul est reconnu le mariage religieux. Récemment (2010), a été enfin accepté le principe d'un mariage civil entre deux conjoints se déclarant sans religion (abandonnant donc la leur s'ils en avaient une). Et heureusement, la transcription officielle d'un mariage célébré à l'étranger n'importe comment est possible. C'est l'option qu'envisageaient les deux amoureux du film, aller à Chypre pour se marier, mais je ne veux pas non plus déflorer l'histoire.

Il paraitrait aussi, nouvelle rassurante si elle s'avérait, que dans la diaspora, le nombre d'unions mixtes atteindrait les 50 % ! Connaissant la difficulté en France de trouver des responsables religieux d'accord pour célébrer des unions œcuménistes (curés et pasteurs sont d'accord généralement), j'imagine qu'il s'agit surtout de mariages civils ou de concubinages. Certains même vivent leur amour dans le secret et dans la honte. Nous connaissons un couple juif/catho avec enfants, semblant assez solide mais en union libre. L'officialisation, l'accord des familles, etc... parait une épreuve insurmontable à tout le monde. On se fait plein d'ennemis en suivant une autre route que les braves gens. Faisons simple et n'abordons plus le sujet qui fâche .

J'en connais un qui va bicher en découvrant que je n'ai pas tapé sur les catholiques, pour une fois.