J'espère que ce billet n'attirera pas d'ennuis à votre blog, car les révélations qu'il contient sont de nature à déranger pas mal de monde. Cependant, lorsque l'on voit et qu'on entend certaines choses, il est impossible de ne pas en parler.

J'ai rencontré B... il y a une dizaine d'années, il avait à peu près mon âge et travaillait à St Laurent en Guyane. Il était remarquablement cultivé, c'était un passionné d'Histoire lui aussi, et nous avons tout de suite sympathisé. Il savait tout sur la guerre des Gaules et était capable de me décrire à quelques kilomètres près par quel chemin et dans quels villages les armées romaines étaient passées, et où avaient eu lieu les affrontements. La conversation était passionnante et dura une soirée entière. Il me parla de sa famille. Pendant l'occupation, son père avait été maire d'un village dont je ne citerai pas le nom, près de Vichy, et avait conservé son mandat jusqu'à à sa mort dans les années 80. Le médecin avait conclu à un arrêt cardiaque, mais plus tard il avait fini par l'avouer à B..., les vomissements qui avaient suivi son dernier repas qu'il avait pris avec des inconnus, lui avaient fait suspecter un empoisonnement. Peu avant sa mort, le vieux maire avait fait part à sa famille des révélations qu'il comptait faire aux médias, concernant la conduite de François Mitterrand pendant l'occupation.

Voulant en savoir plus, j'interrogeai B... qui m'avoua que l'affaire était très grave puisque sont père détenait des preuves écrites de la participation de Mitterrand à la déportation et à la mort de nombreuses personnes. Je n'ignorais rien du passé Vichyssois de l'ancien président, et me remémorai les phrases accusatrices d'Elkabach, lui reprochant d'avoir travaillé dans une administration où l'on fichait les juifs, et du silence gêné de son interlocuteur face à ces accusations. Mitterrand avait travaillé au commissariat général aux prisonniers. S'il avait été décoré de la Francisque, c'est bien qu'il y avait effectué son travail avec zèle, mais de là à faire déporter des gens, l'affaire était énorme. Je savais que Mitterrand n'avait pas abandonné ses méthodes cagoulardes, beaucoup de gens mouillés dans ses "affaires" avaient disparu de façon très suspecte, et leurs bureaux avaient été "nettoyés"peu après, j'avais d'ailleurs vu là dessus des dossiers qui étaient édifiants.

Ici aussi, les bureaux de la mairie où avait travaillé le père de B... furent cambriolés juste après sa mort. Voulant en savoir plus, son fils avait interrogé tous les collaborateurs de son père, mais en vain. L'Omerta régnait dans les bureaux. Il prit son courage à deux mains et décida d'aller lui-même fouiller dans ce qui restait des archives de la mairie, et constata que tout ce qui concernait la période de l'occupation avait disparu. Mais son manège avait été repéré, et dès ce jour, des gendarmes firent les plantons nuit et jour devant la mairie, ne laissant plus personne approcher. Peu après, ce fut au tour de l'appartement de B... d'être cambriolé, ses papiers avaient été fouillés, mais rien n'avait été volé. Peu de temps après, B... ne tarda pas à s'apercevoir qu'il était surveillé. Des inconnus interrogeaient ses voisins, des véhicules bizarres stationnaient devant chez lui. Mais ne se décourageant pas, il reprit son enquête et eut confirmation par un ami de son père que l'affaire était sérieuse, mais qu'il valait mieux ne pas trop s'y intéresser. C'était plus fort que lui, B... voulait savoir pourquoi son père était mort et s'acharna. Il ne tarda pas à recevoir des lettres anonymes, de plus en plus menaçantes.Le harcèlement fut tel qu'il décida de déménager.

J'aurais voulu en savoir plus, mais il était tard. J'avais à traverser la frontière le lendemain aux aurores et devais me coucher tôt, je dus donc rester sur ma faim et quittai mon ami. J'avoue avoir eu du mal à dormir, cette nuit là : toutes ces révélations s'aggloméraient dans mon esprit avec une logique implacable. Je savais que Mitterrand était indirectement responsable de la torture en Algérie, puisque c'était lui, garde des sceaux qui avait abdiqué ses pouvoirs en faveur de l"armée. Il avait d'ailleurs approuvé directement l'exécution de 32 Algériens et avait carrément ordonné l'élimination de Ben M'hidi, le héros de l'indépendance Algérienne, et qui plus est, ancien résistant. Alors Papon-Mitterrand, même combat ? D'autre part beaucoup de gens dans l'entourage immédiat de Mitterrand avaient été retrouvés "suicidés" dans des conditions plus que douteuses : Guézou, impliqué directement dans l'affaires des écoutes de l'Elysée, retrouvé pendu; Grossouvre "suicidé" avec 2 balles dans le crâne et son bureau nettoyé; Bérégovoy avec une balle rentrée par le haut du crâne, et auquel on avait subtilisé son carnet d'adresse, mais tout ceci, je l'avais lu ou regardé à la télé. Là, c'était autrement plus impressionnant, j'avais face à moi un témoin direct, quelqu'un qui avait vu, quelqu'un qui savait. Mais il me manquait un détail, Il me fallait en savoir plus, B... en avait trop dit ou pas assez. J'allais quitter la Guyane pour plusieurs mois et ne reverrais probablement jamais B... Il me fallait des noms, des lieux et des détails supplémentaires pour me faire une opinion. Je décidai donc de me lever une heure plus tôt et d'avoir une dernière conversation avec lui.

Le lendemain, nous déjeunâmes ensemble et je pus reprendre mon interrogatoire. B... me raconta qu'il avait fini par renoncer à son enquête et qu'il s'était décidé à oublier tout cela mais qu'il recevait toujours des lettres anonymes. Un jour, il faillit avoir un accident mortel : la durite de freins de sa voiture avait été retrouvée percée alors que le véhicule venait d'être révisé la veille, il soupçonnait le garagiste. Effrayé, il avait décidé de déménager à nouveau. Dans sa conversation, je saisis une phrase qui me révéla enfin la clef de l'énigme. Il me dit : "Il m'a fallu attendre la mort de Mitterrand pour qu'on me fiche enfin la paix !" Dans ces mots je reconnus les structures d'un délire paranoïde : je compris que notre ami B... était vraiment dérangé et que c'était sa durite à lui, qui avait pété.

Et vous, à quel moment l'avez-vous compris?