Mon dernier billet traitant d'un sujet ô combien délicat, j'ai pris la précaution de bien m'informer avant d'écrire n'importe quoi afin ne pas me laisser aller à des pulsions compassionnelles. En surfant sur internet, je suis tombé sur une interview d'Alain Soral qui donnait son avis sur le sujet et dont le discours m'était apparu assez intéressant. Ce monsieur un peu speedé au demeurant, mais semblant animé d'une très vive intelligence, je décidai de visionner plusieurs autres de ses films : dans l'un d'eux, j'appris ô surprise, qu'il semblait adhérer aux thèses négationnistes de M. Faurisson. Je savais que Dieudonné avait lui aussi beaucoup de sympathie pour ce dernier, et pour cause... Mais là, cela faisait deux cas, c'en était trop pour l'historien en herbe que j'étais. Même si je n'y croyais pas, je me devais au moins d'écouter le discours de ce Faurisson, au moins pour me faire une opinion. Je vous rassure de suite, son discours est loin de m'avoir convaincu car il n'apporte pour moi aucune preuve et quand bien même il y en aurait, que m'importe après tout que les prisonniers des camps aient été gazés ou fusillés, ils ont été tués, c'est pour moi l'essentiel.

Le même jour, j'apprends que Sarko 1er qui n'en rate pas une, se met à crier haut et fort qu'après une telle affaire, il faut légiferer : dorénavant seront punis de prison tous les internautes coupables d'avoir consulté des sites qui prônent la violence et l'antisémitisme. Santa Madre de Dios, heureusement que personne ne m'avait vu !

Avec mon insouciance habituelle, je continuai mes vagabondages internautiques surfant de youtube à Facebook en passant par quelques blogs plus ou moins recommandables... Et soudain, en consultant Facebook, un frisson me traverse le corps, tous mes poils se hérissent en même temps lorsque je découvre avec stupeur que mon nom figure en toute lettres, au vu et au su de tous les internautes annonçant que le docteur Scoot a consulté les clips de Faurisson et de Soral ! J'étais dénoncé ! Qu'allait-il m'arriver, fallait-il appeler un avocat ou fuir à l'étranger, ou alors changer de nom, je connaissais un bon chirurgien esthétique qui en le payant bien pourrait rendre mon visage méconnaissable ? J'allais être honni de tous mes amis et même mes enfants se détourneraient de moi, me reniant devant leurs camarades de classe... Je restai donc enfermé chez moi pendant plusieurs jours, dans l'état de prostration que vous pouvez imaginer, d'autant que malgré tous mes efforts pour effacer les traces de mon crime, mon nom réapparaissait aussitôt sur Facebook "le docteur Scoot a consulté..."

Durant ces jours de solitude extrême, chaque coup de sonnette, chaque sirène de police me faisaient craindre l'arrivée des gendarmes devant ma porte, j'en faisais des cauchemars, me réveillant en sursaut la nuit en criant "non, non, ne m'enlevez pas mes enfants, je suis innocent !"

Les journées passées enfermé étant très longues, l'ignorant que je suis eut le temps de se renseigner sur tout ce qui existait en matière de privation de liberté de penser dans notre pays : une loi affirmait que le génocide était arménien et non pas Algérien, et encore moins vendéen. Une autre loi affirmait que la colonisation était positive. Une autre encore définissait avec restriction la notion de crime contre l'humanité ! Avec de telles lois je ne pourrai donc plus m'adonner à ma passion d'historien.

Soudain, je fus pris d'une crise de révolte et sortis à moitié nu dans la rue en hurlant des propos incohérents "Mort aux flics, laissez moi penser, vive Platon et vive la dialectique !"

Voila ce qui m'est arrivé monsieur le commissaire, c'est pour cela qu'on m'a arrêté à moitié nu dans la rue ce matin.