(lecture préalable des chapitres I, II, III, IV, V, VI et VII conseillée - Test de connaissances optionnel)

Où le Chevalier de Tant-Bourrin pète le feu

XIIIème siècle après Jésus-Christ - Quelque part dans le Royaume de France

L'étrange équipage cheminait sur la route empoussiérée. En tête, le Chevalier Hippobert-Canasson de Tant-Bourrin, son aura, naguère flamboyante, passablement éteinte et dans les chaussettes. Derrière lui, son fidèle écuyer Saoul-Fifre, arborant haut, sur sa bourrique miteuse, son aura de mouches ensorcelées par d'étranges senteurs.

Si le Chevalier de Tant-Bourrin avait si pâle figure, c'est qu'il se remettait mal de sa récente déconvenue amoureuse. Sa Calcinée du Grozosieau, la douce Dame de ses pensées, avait fait montre à son égard d'une froideur qui lui avait brisé le coeur et lui avait fourni matière à ruminer (et, accessoirement, matière fécale à nettoyer).

Le Chevalier poussa un léger soupir de force huit sur l'échelle de Beaufort.

- Ah, Saoul-Fifre, sy tu savois comme je souffrois en la mienne asme ! La mienne Chevalerescque vie n'ayoit plus aulcun sens, puysque n'ayois plus noble Dame à quy dédier les miennes gloryeuses vyctoires...
- Bah, tant que vous ayesz la santé !
...répondit l'écuyer en se grattant mollement les fesses, les yeux encore voilés du petit roupillon qu'il venait de faire à dos de bourrique et qui lui avait permis de cuver un peu sa vinasse.

- Que me parlois-tu de santé, gros rustaud ? Ne comprenois-tu poinct que ma noble queste n'ayoit désormays mie sens ? Je n'ayois plus qu'à me retirer en un quelconcque monastère et mener vye contemplatyve.

Lire la suite