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jeudi 20 novembre 2008

AndiamoLe couteau suisse

La semelle de ses "High Rock" fait rouler un caillou, un limbert effarouché se faufile sous un rocher bordant le chemin emprunté par Georges.

De temps en temps, l'homme s'essuie le visage avec le dos de la main, le soleil cogne déjà fort en ce début de juin, sur le plateau Ardêchois près de Saint Remèze, entre Vallon-Pont d'Arc et Bourg-Saint-Andéol, une région encore sauvage pour qui se donne la peine de quitter les bords de l'Ardêche, surpeuplés au moment des vacances.

Georges est parti tôt le matin, sans dire précisément où il comptait se rendre, son petit secret en somme.

Il s'est mis en tête d'explorer "le fond du diable", c'est ainsi que les vieux du crû nomment cet aven, situé en aval de "la grotte de la Madeleine", une grotte aux concrétions magnifiques, attirant chaque années des milliers de touristes.

Quelques téméraires ont bien tenté de l'explorer, ils ont dû renoncer : un goulet très étroit interdit toute nouvelle progression !

Toutefois, certains spéléos ont mentionné qu'il existait peut-être un autre accès, situé plus haut, un petit boyau creusé par la rivière en des temps reculés. Comme cela se produit fréquemment, le cours d'eau érode lentement le fond de son lit, ce dernier s'effondre, et la rivière se fraye un autre chemin en contrebas.

Qui sait si, en explorant cet ancien passage, Georges ne réussirait pas à "contourner" le goulet et peut-être découvrir une nouvelle grotte, une salle magnifique, lui donnant son nom : "la grotte Mignot" !

Comme il y a "la grotte Chauvet" ou "l'aven Armand", du nom de leurs inventeurs.

Georges s'arrête à l'ombre d'un micocoulier, après avoir mis bas son sac à dos, qui commence sérieusement à le faire transpirer ! En tire une gourde et s'octroie une rasade d'eau bien fraîche, quelques abricots secs, deux biscuits "de soldat".

Le temps d'admirer le paysage : une garrigue sèche comme un coup de trique sur un sol calcaire, le chant des cigales, le grand ciel bleu aux portes de la Provence, et un charme envoûtant pour qui aime ces espaces où la moindre flaque d'eau est une providence.

Un coup de reins, le voilà debout. D'un mouvement souple il réajuste son sac à dos, puis se remet en route.

Je ne dois plus être bien loin maintenant, songe-t-il. Une petite demi-heure après s'être reposé, il s'arrête, inspecte les lieux, se dirige sans hésiter vers un amas de rochers.

Voilà, c'est ici, dit-il à haute voix, d'un ton guilleret. Quatre cornières scellées dans le sol, un méchant grillage rongé par la rouille, censé prévenir les chutes éventuelles... Dérisoire !

Pas très prudent de s'aventurer seul dans un gouffre, surtout sans avoir prévenu quiconque.

La gloire, ça ne se partage pas ! Vingt-cinq ans que Georges fait de la spéléo, initié par son père. Son fils ne s'intéresse qu'au tennis, bah ! A chacun son "trip", comme dit le fiston !

Sac à terre, une goulée d'eau avant d'attaquer les hostilités, il est en pleine force de l'âge notre Casteret ardêchois, quarante ans aux vendanges, toutes ses dents, des muscles bien entraînés, un moral d'enfer !

Après s'être assuré de la solidité des cornières, Georges y fixe un mousqueton, attache solidement une corde, le fond n'est pas très loin, neuf ou dix mètres tout au plus, alors il installe son système "auto-bloquant", et néglige la cordelette comportant un noeud type "Machard". Ce noeud assure la sécurité en cas de défaillance du système auto-bloquant ou d'une maladresse de la part de l'utilisateur, il se bloque dès que la corde se tend.

Bof ! Pour neuf mètres de descente, pas la peine, songe-t-il. Il installe son baudrier, accroche le mousqueton, s'assure une dernière fois de la solidité de l'ancrage, s'approche du trou, puis commence le descente, lente, sans à-coups, Georges est parfaitement décontracté, la lumière qui filtre à travers l'ouverture suffit amplement à sa progression, inutile d'allumer la lampe frontale (économiser les accus au maximum).

Tout se passe bien, cette descente en rappel n'est qu'une formalité, d'autant que le puits s'élargit au fur et à mesure de la descente.

Je ne dois plus être bien loin du fond, déclare-t-il à haute voix. Parler quand il est seul, il le fait souvent, surpris parfois par ses proches, il se fait gentiment charrier.

- Ouais ben au moins j'me réponds pas des conneries, leur rétorque-t-il !

Sous son pied gauche, il sent quelque chose : le fond, tout le monde descend ! Hurle-t-il, puis d'un geste sûr, il retire le mousqueton retenant le baudrier, sa main gauche s'enroule autour de la corde, dans un geste machinal, il tire sur la corde pour en éprouver la solidité.

Soudain, il sent le sol se dérober sous ses pieds, une douleur fulgurante dans l'épaule gauche, un craquement, l'humérus s'est déboîté, l'extrêmité supérieure est sortie de son logement, retenue à la scapula par les tendons, la corde enroulée à son poignet gauche s'est tendue, lui bloquant la circulation, en bas un bruit d'éboulis.

Georges a mis quelques minutes à récupérer, après le flash, il s'est évanoui, quand il émerge il ressent la douleur, horrible, lancinante, les tendons étirés au maximum, son front se couvre de sueur froide, il grimace, avec d'infinies précautions, chaque muscle de son corps semblant relié directement à son épaule, il lève le bras droit, lentement sa main se porte en direction de sa lampe frontale...

Clic ! la lumière a jailli de son casque, alors lentement il baisse la tête, le fond est là, un mètre cinquante ou deux mètres tout au plus, il comprend ce qui s'est passé : ce qu'il avait pris pour le fond, n'était qu'un surplomb ! Il a cédé sous son poids, et maintenant l'homme pend dans le vide comme une araignée au bout de son fil, mais une araignée de quatre-vingts kilos avec tout son barda.

A l'aide de son bras valide, il tente d'attraper la corde, pouvoir soulager son bras gauche, il lève l'épaule droite, tend la main, étire son bras en direction de la corde, le mouvement lui imprime une légère rotation, un hurlement lui arrache la poitrine, la douleur est si intense qu'il s'évanouit de nouveau.

Lentement Georges reprend conscience, sa main gauche est totalement engourdie, la corde enroulée autour de son poignet fait office de garot.

Si ça dure trop longtemps, ce sera la gangrène assurée songe-t-il, puis l'amputation. A cette seule évocation, il frissonne.

Une heure s'est écoulée depuis l'effondrement de la corniche... Un an, un siècle, il ne sent plus sa main gauche, comme anesthésiée par l'exsanguination.

Réfléchir, tenter d'oublier la douleur, se concentrer sur LA solution. Au prix d'un douloureux effort, Georges baisse la tête, le faisceau de la lampe s'étale à un mètre cinquante plus bas, il voit le sol de la grotte, proche, très proche, un saut pareil ça n'est pas un problème pour lui.

Trancher la corde : c'est LA solution, après je pourrai me débrouiller, la corde est là, j'ai du matos, un bras valide, ça va l' faire, ouais ça va l' faire !

Lentement il lève son bras valide, atteint le haut de son sac à dos, sent au bout de son doigt la pochette dans laquelle il glisse toujours son couteau Suisse, tire le zip en grimaçant de douleur, son pouce et son index explorent la pochette... RIEN ! Elle est vide !

Tout à coup un éclair ! Il revoit la scène : il est prêt à partir, son sac sur le dos, il est sept heures, il entend depuis l'entrée :

- Merde, de merde, putain d'lacet !

Georges a reconnu la voix de Raphaël, son fils.

- On se calme, on reste poli !

- Ouais j'suis déjà à la bourre, cette saloperie de lacet qui fait des noeuds, j'ai un match de tennis dans une heure ! j' y s'rai pas merde !

Georges se dirige vers l'entrée, son fils est là, assis sur les marches menant aux chambres.

- Fais voir ça.

Il a pris la tennis.

- Un joli sac de noeuds, déclare-t-il, prends mon couteau Suisse dans la pochette tout en haut du sac. Dans le même temps, il s'est tourné, présentant "l'Eastpack" à son fiston, ce dernier ouvre la pochette, sort le couteau, bascule le poinçon, et entreprend de desserrer le noeud récalcitrant. Quelques "merde" plus tard, le noeud enfin desserré, il remet le couteau dans le sac.

Le con ! Merde de merde, où il l'a collé ce putain de couteau ?

Il a hurlé, de rage et de douleur à la fois, puis le calme est revenu, il a encore essayé d'atteindre d'autres pochettes... Trop éloignées, sa main droite dans d'ultimes efforts s'est portée vers la corde, l'atroce douleur l'a fait renoncer.

Les heures se sont écoulées, il a repensé à ce bouquin de Stephen King, "Jessica".

Une femme menottée aux montants d'un lit métallique, une fantaisie voulue par son mari, ce dernier gisant sur le parquet, terrassé par une crise cardiaque, survenue au moment de l'orgasme ! Bien sûr, cette charmante saynète se déroulait dans un lieu complètement isolé.

Un rire nerveux a agité Georges lorsqu'il a hurlé : "appelez-moi JESSICA ! JESSICA " !

Après des heures d'efforts, après mille douleurs, après s'être de nouveau évanoui, s'être pissé sur lui, il a renoncé.

Quand on l'a retrouvé quelques semaines plus tard, le bras était toujours accroché à la corde, le corps gisait plus bas, il s'était détaché, la putréfaction sans doute.

Quelques jours après l'enterrement, Raphaël a ouvert le joli "Eastpack" gris et rouge, il a trouvé, dans la pochette tout en bas sur le côté gauche, le couteau suisse. Il se souvenait parfaitement l'avoir rangé là, après l'épisode de la tennis et, curieusement, le bas du sac était tout griffé.

dimanche 2 novembre 2008

AndiamoSailing

Quand j'ai posté la mer, au mois d'octobre, j'ai lu un commentaire rédigé par BOF (pour ne pas le nommer). Dans ce com. il me disait : "doyen (c'est ainsi qu'il me nomme), fais juste une illustration de "SAILING" du grand ROD.

Je lui avais répondu : why not ?...

Alors j'ai sorti l'encre de Chine, la plume à dessin, les pinceaux, des encres de couleur (très peu), et HOP au boulot !

Cliquons sur le bouton, et rêvons.... Si mes p'tits crobards sont capables de vous transporter !




I am sailing, I am sailing,
Home again' cross the sea
I am sailing, stormy waters,
To be near you, to be free



I am flying, I am flying,
Like a bird' cross the sky,
I am flying, passing high clouds,
To be with you, to be free.



Can you hear me, can you hear me,
Thro' the dark night, for away,
I am dying, forever trying,
To be with you, who can say.



Can you hear me, can you hear me, can you hear me,
Thro' the dark night, for away,
I am dying, forever trying,
To be with you, who can say.



We are sailing, we are sailing,
Home again' cross the sea,
We are sailing stormy weaters,
To be near you to be free.



Oh lord, to be near you, to be free,
Oh lord, to be near you, to be free,
Oh lord.


BON VENT MONSIEUR ERIC TABARLY !